Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675 Christiaan Huygens editie Johannes Bosscha jr. logo_huyg_01 logo_kb___01 Dit bestand biedt, behoudens een aantal hierna te noemen ingrepen, een diplomatische weergave van Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675 van Christiaan Huygens, in een editie van Johannes Bosscha jr. uit 1897. De aanvullingen en verbeteringen op pagina 616-624 zijn niet doorgevoerd in de lopende tekst. Op verscheidene plaatsen in de tekst staan accolades die meerdere regels overspannen. Omdat wij dergelijke accolades in deze digitale versie niet goed kunnen weergeven, worden op elke betreffende regel de accolades herhaald. Ook de woorden die eromheen staan worden om misverstanden te voorkomen op iedere regel herhaald. p. 20: noot 5 heeft in de lopende tekst geen nootverwijzingsnummer. In deze digitale editie is de noot onderaan de pagina geplaatst. p. 164: noot a heeft in de lopende tekst geen nootverwijzingsnummer. In deze digitale editie is de noot onderaan brief 1878 geplaatst. p. *25 (na p. 558): de grote uitklapkaart wordt voor de leesbaarheid nogmaals aangeboden in een aanklikbare noot. 4, 6 1, 3, 6, 7, 9, 11, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26 560, 626 28 huyg003oeuv07_01 DBNL-TEI 1 2010 dbnl yes exemplaar universiteitsbibliotheek Leiden, signatuur: 1049 A 7 Christiaan Huygens, Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669 (ed. Johannes Bosscha jr.). Martinus Nijhoff, Den Haag 1897 Wijze van coderen: standaard Nederlands Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675 Christiaan Huygens Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675 Christiaan Huygens 2010-06-01 MG colofon toegevoegd Verantwoording Dit tekstbestand is gebaseerd op een bestand van de Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren (https://www.dbnl.org) Bron: Christiaan Huygens, Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669 (ed. Johannes Bosscha jr.). Martinus Nijhoff, Den Haag 1897 Zie: https://www.dbnl.org/tekst/huyg003oeuv07_01/colofon.php In dit bestand zijn twee typen markeringen opgenomen: paginanummering en illustraties met onderschriften. Deze zijn te onderscheiden van de rest van de tekst door middel van accolades: {==13==} {>>pagina-aanduiding<<} {==Figuur. 1: Onderschrift van de afbeelding.==} {>>afbeelding<<} {==I==} {>>pagina-aanduiding<<} OEUVRES COMPLÈTES DE CHRISTIAAN HUYGENS. {==II==} {>>pagina-aanduiding<<} EXEMPLAIRE offert par les Directeurs de la SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES à la Société ‘Maatschappij der nederlandsche Letterkunde’ à Leide. Imprimerie de Joh. ENSCHEDÉ & Fils, Harlem. {==III==} {>>pagina-aanduiding<<} OEUVRES COMPLÈTES DE CHRISTIAAN HUYGENS PUBLIÉES PAR LA SOCIETÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES TOME SEPTIÈME CORRESPONDANCE 1670-1675 LA HAYE MARTINUS NIJHOFF 1897 {==V==} {>>pagina-aanduiding<<} CORRESPONDANCE 1670-1675. {==*2==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding Edelinck eques Sculp. Christiaan Huygens.==} {>>afbeelding<<} {==1==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1792. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 6 janvier 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1793. Monsieur J'espere que vous ayez receu toutes les miennes 1), que ie vous ay escrites de puis vostre derniere 2), et ie ne doubte point, que vous n'ayez vû les 2 livres que i'ay depuis peu envoyez à Monsieur Justel, pour vous en donner la lecture, ascavoir de Messieurs Barrow 3) et Wallis. 4), le dernier ayant esté derechef provoqué par M. Hobbs 5) sur la matiere de Quadratura, duplicatione etc. luy a desia respondu par vn inprimé d'une seule page 6), y ruinant le fondement sur lequel Monsieur Hobbs bastit sa replique à Monsieur Wallis. Ie ne scay, s'il vaut la {==2==} {>>pagina-aanduiding<<} peine de vous envoyer ces papiers là, et non plus, si ie dois continuer de vous donner l'ennuy de la lecture de nos Transactions Philosophiques. Il fait icy un froid extraordinaire, ce qui m'oblige d'estre court pour cete fois, mais tousiours sans faintise Monsieur Vostre tres humble serviteur Oldenburg. A Londres le 27. decembre 1667 7). A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem à la Bibliotheque du Roy à 34 Paris. No 1793. Christiaan Huygens à H. Olenburg. 22 janvier 1670. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 1). Elle est la réponse aux Nos. 1773, 1779, 1783 et 1792. H. Oldenburg y répondit par le No. 1794. A Paris ce 22 janvier 1670. Monsieur Je crois avoir receu toutes les vostres, qui sont de l' 11 novembre, du 29 du mesme et du 27 decembre et je suis honteux de ce qu'il y en a tant, a qui je doibs response. mais l'incommoditè que j'ay eue pendant ce grand froid et quelques affaires survenues du depuis me peuuent excuser en partie. Il y a quelque temps que par le moyen de Monsieur Justel j'ay eu le traitè de Dioptrique de Monsieur Barrow 2), qui fait voir egalement le scavoir et l'ingenuitè de son autheur, mais {==3==} {>>pagina-aanduiding<<} quoy qu'il semble avoir espuisè toute cette matiere vous verrez quelque jour que ce que j'en ay escrit est encore tout different. La difficultè qu'il a trouuee au probleme d'Alhazen touchant le point de reflexion aura fait que la solution que je vous en ay envoiée 3) luy aura pleu sans doute, si tant y a que vous la luy ayez communiquée. Pour ce qui est du Locus Imaginis, j'ose dire qu'il n'a pas bien rencontrè, et la difficultè qu'il se forme luy mesme a la fin, devroit l'en avoir adverty: faites moy scavoir s'il vous plait ce que vos Messieurs en jugent 4). Si par occasion vous pouuiez m'envoier un echantillon du verre de Lambeth 5), comme vous avez la bontè de m'offrir j'en serois fort aise, car a faute de trouuer icy de la matiere comme il faut, j'ay fait cesser le travail. J'ay fort considerè la machine de Monsieur Wren 6) et je croy que par son moyen on pourroit tailler des verres hyperboliques, mais que malaisement on leur donneroit la figure assez juste pour servir d'objectifs aux lunettes d'approche, scachant quelle perfection est requise pour cela par la difficultè qu'on a de former les verres spheriques dont la figure est si avantageuse au travail. Je ne scay ce qu'il aura trouuè par l'essay, mais je doute si on peut seulement bien doucir un verre qui ne touche contre la forme qu'en une ligne, ainsi que fait son hyperbole. Au reste la theorie de ces 2 fuzeaux, qui se perfectionnent l'un l'autre me paroit tout a fait ingenieuse et subtile. Le livre de Monsieur Wallis n'est pas encore arrivè 7) a ce que m'a dit Monsieur Justel depuis 2 jours. Il m'a prestè le petit traictè de Monsieur Boile 8) du repos absolu en l'opinion du quel je n'ay point eu de peine a entrer, parce que j'avois desia la mesme. Seulement je n'oserois pas me fier tout a fait a ce qu'il {==4==} {>>pagina-aanduiding<<} dit du changement des taches dans de certaines pierres dures 9), et il faudroit en cela des attestations tres authentiques et bien verifiées. Nos voiageurs pour l'Essay des Longitudes en Orient et Occident 10) ne sont pas encore partis, mais ce sera dans un mois d'icy. Il y a peu de raison de douter du succes apres que la chose a si bien reussi dans le dernier voiage 11) de Monsieur de Beaufort 12) en Candie, ou l'on a trouuè la Longitude, de plusieurs lieux de la mer mediterrannée, toute la mesme en allant qu'en venant: Et mesme redressè la route ou les pilotes s'estoient mescontez, croiants qu'ils alloient prendre terre en Catalogne, lors qu'ils n'estoient pas encore passez Toulon. Mais dans de vòiages de long cours les erreurs estant plus grandes, l'on verra aussi plus clairement l'utilitè de cette invention. Et il vaudroit bien la peine que chez vous aussi on en fit de nouuelles espreuues. Le Longitudinaire 13), du quel on vous a escrit de Rouen, nous a proposè son invention fondée sur le mouuement de la Lune, mais il en scauoit moins que d'autres qui ont avancè cy devant le mesme moyen. Je n'ay rien entendu de l'horologe dans le vuide, mais seulement j'ay vu la description de celuy qui s'enferme dans une bouteille ou vaisseau de verre, ou il n'y avoit rien d'admirable; car l'air ne s'en ostoit point. Et je le crois assez difficile, parce qu'a moins que le vaisseau ne soit hermetiquement fermè l'air trouuera a la fin quelque entree. Je ne doute pas que Monsieur Boile ne ferme de cette maniere ses tuyaux ou il met de l'eau, ce que pourtant je seray bien aise de scavoir au vray. Ne cessez pas je vous prie de m'envoier vos Transactions, que vous devez croire que je lis avec plaisir comme je vous l'ay assurè cy devant 14). Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresaffectionnè serviteur Hugens de Zulichem. {==5==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1794. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 10 février 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1793. A Londres le 31 Janvier 1670. Monsieur, Puis que vous le voulez ainsi, ie charge encore cete lettre de l'inprime, que voicy 1). Ce semble estre vn autre Horrox qui a calculé 2) dans ce Journal les principaux Phenomenes du Ciel, qui se pourront observer en Angleterre cete annee. Il seroit à souhaiter, qu'on fit le mesme en d'autres païs, et qu'on s'entrecommunicât les Observations, faitez auec soin et exactitude. Je trouue par la vostre du 22 janvier que quoy que Monsieur Barrow a doctement escrit des Optiques, nous verrons pourtant vn jour, que ce que vous en auez escrit est encore tout different. On tient icy, qu'il a bien fait, mais qu'il y a bien de reste à adjouster; et c'est ce qu'on attend de vous, qui auez medité et travaillé beaucoup d'annees sur cete matiere. Ne tenez donc pas le monde scavant dans vne trop longue attente, et considerez que vous pourriez estre prevenu, ou au moins associé de quelcun, comme vous l'auez esté en d'autres sujets. {==6==} {>>pagina-aanduiding<<} Monsieur Wren vous saluë, estant bien aise que vous auez si bien consideré sa Machine, que d'y trouuer la mesme difficulté, quant à la prattique, qu'il y trouue luy mesme; ce qui pourtant ne l'empeschera pas, qu'il n'en face quelque essay, si les occupations publiques, où il est presentement engagé, le luy permettent. Quand vous aurez receu le livre de Monsieur Wallis De Motu, et la fueille, qui refute de nouueau la Quadrature de Hobbs, vous nous en direz vostre sentiment, de l'un et de l'autre. Le bon homme Hobbes, ne trouvant point d'approbateur de ce qu'il a fait, dans ce païs icy, il fait appel (dans la dedicace de sa derniere piece sur ce sujet au Prince de Toscane) aux Estrangers, et de peur d'y manquer de mesme, il en fait à la posterité. Nous sommes bien aises, que vostre Horologe à pendule dans le dernier voyage en Candie, a si bien reussi que de vous donner sujet de ne doubter quasi pas de son succes dans de voiages de long cours, où les erreurs sont plus grandes. Je ne scay pas, si nos Curieux icy en feront de nouuelles espreuues, veu principalement qu'il y a des personnes intelligentes icy, qui pensent que toutes les manieres iusques icy conuës et employées par d'autres ne sont pas capables de tenir la machine dans vne situation perpendiculaire; outre qu'ils ont trouué par des observations, soigneusement faites, que l'Air a vne telle influence sur le Pendule, qu'elle le fera parfois aller ⅛ d'une heure plus viste ou plus lentement en un seul iour; auquel defaut ils croyent pouuoir trouuer remede, quoy qu'ils fassent encor scrupule de s'en expliquer à nous. Monsieur Boyle est fort vostre serviteur, et dit, que pour fermer ses tuyaux où il met de l'eau, il se sert du meilleur ciment qu'il peut faire, n'ayant pas besoin en ce cas là de les fermer hermetiquement. Quant à ce qu'il a fait inprimer du changement des tasches dans de certaines pierres dures, il assure de l'auoir fait bonâ side, et que Monsieur Hook, entre autres, l'auoit vû, et mesme designé les tasches diversement placées en divers temps; laissant neantmoins au lecteur la liberté de le croire, ou de ne le croire pas. Je demeure Monsieur Vostre treshumble et tresaffectionné serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à 36 β Paris. {==7==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1795. Fr. Vernon 1) à H. Oldenburg. 25 février 1670. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 2). Sir Paris, Feb. 25. 1670. It is not alwaies that I am slow, sometimes I can make quick returnes and keepe Pace with your nimblenesse. Though is you finde I have beene soe this last winter imputed in part to the vehemency of the weather, wherein there was noe pleasure in any sort of Action. Partly to the barrennesse & suspension of businesse, and partly if you please to Idlenesse which to mee is very natural and is very apt to take advantages of all opportunities to bee quiett. Yet however I am not soe averse from writing but that whenever any matter of consequence presents it selfe & worthy of a particular intention you shall perceive I will rouse up my diligence & satisfie your curiosity in its Season. Yours of the 7/17 came to my hands the 13th currt for wich I am oblidged & humbly thanke you for that newes & those kind, & welcome advertisements it containes of new treatises coming abroad which to mee is very gratefull. I cannot make you any great requitall with what comes from hence There not beeing such a fertility of Pieces of Science, as of those which concerne humaine life & morall transactions among which the latest are Les Revolutions d'Angleterre. Les Plaidoyers 3) de Monsieur Patru 4). A small Panegyrike to the {==8==} {>>pagina-aanduiding<<} King of Monsieur Boyleau 5) & a new little Piece 6) of La motthe le Vayer 7). Monsieur Picart as I have writt you before hopes to compleat his observations about the measure of the earth. This summer Monsieur Mariotte intends to make an answer 8) to Monsieur Pecquet 9) about the subject & seat of Vision which hee will shortly send into England & hee is likewise about a greater worke which will containe the Doctrine of Motion 10). Where hee will examine the manner & force of impulse, the nature of the medium through wich bodies passe, & whether a bullet at the first instant of explosion passe through a Little space of Vacuum according to Galileo's Opinion the contrary to which hee hopes to demonstrate & then besides concerning the acceleration of moved bodies soe that hee hopes to declare the whole Doctrine of Motion with newer Principles & clearer demonstrations then yet hath beene done. Monsieur Roberval Prints nothing butt discourseth much & is a very plausible speaker & of acute reasonning. Monsieur Beuvot 11) is about a great spheare of stone which is to be sett up in the Tuilleries which will bee 12 foot diameter butt not to turne round butt to stand fixt like a massive ornament. The Royal Academie for their Physicall Exercises have beene considering the nature of cold & for their Mathematical after having examined the nature of Weight & causes of gravity & stated it according to the most probable discoveries they are passed on to treat de vi percussionis upon which subject they are at Pre- {==9==} {>>pagina-aanduiding<<} sent. This morning Signor Cassini gave mee the honour of a visitt; his health (God bee thanked) is flourishing & now hee intends to reassume his observations to which the unkindnesse of the Weather made a very sharpe resistance. Particularly this Eclypse 12) in March hee intends most particularly to observe butt here hee supposeth it will bee small, & lesse discernable then with you in England, & yet lesse then which Monsieur Gregorie 13) in Scotland to whom I write to intreat the concurrence of his observation to the end that, by comparing, the truth may better come too bee regulated: the same favour hee desires from your Academists in England the exactnesse of whose observations hee hopes will extreamly contribute to the correcting of his. In the meane time his Ephemerides 14) lie not dormant, butt within a moneths time hee told mee hee hoped to have them publisht: as for his other invention about Apogees & excentricities 15), that will not bee digested soe suddainly for hee tells mee it depends upon the orders & determinations of Monsieur Colbert upon whom all the motions of the Royal Academie are to bee calculated; for the measure of their times are sett by him. Monsieur Huygens....... 16) On Saturday last February 22th about 11 of the clock in the morning there came one from Monsieur Huygens to mee who told mee if it were my convenience that Monsieur Huygens desired to speake with mee. I made answer that I had severall times beene to waite upon him since I had heard of his sicknesse butt because the Porter at the gate had told mee that his sicknesse was very violent & that his Physitians had ordered him rest & that hee spoke with nobody, for that reason I had abstaind butt that I should not faile in the afternoone to waite upon him. At three a clock I came thither, I found him a bed his head raysed very high & only his servant in the Roome. After I had made my first compliment & was sett downe by his bed side his servant hee commanded to retire & when wee were alone hee turned to mee & having begun with a preface of civility, which expresst more esteeme & affection then I could deserve, hee said, I saw the condition hee was in which was none of the most lively, that his weaknesse & palenesse did sufficiently declare how great a destruction his sicknesse had wrought in his health & vigour & that though all was bad, which I saw, yet there was something worse {==10==} {>>pagina-aanduiding<<} which the eye could not perceive nor sense discover, which was a great dejection in his vital spirits, an incredible want of sleep, which neither hee, nor those who counceld & assisted him in his sicknesse knew how to remedie & that hee did not know what the end of these things would bee, butt his fancy was ready enough to suggest the worst, & as hee knew himselfe borne to mortality soe his thoughts were apt enough to presage that this was the time. In which however hee was very ready to resigne himselfe to Gods dispose. I here put in betweene his discourse, & said, It was good at all times to live in a resignation to Gods decrees & the determinations of his providence, & that every minute, for every man though never soe healthy might bee the minute of mortality, & Period of his dayes, butt that I presumed the youth in wich hee was & the usefulnesse & consequence a Person of his Parts, & application might bee of to the world, were strong arguments to persuade, that hee might live many & happy yeares, & that God would not sett up soe great a light meerly to extinguish it: hee waved this compliment of mine (as hee calld it) with an oblidging civility & went on with his discourse, saying what ever your affection & love (for wich I thanke you) may speake for my advantage yet it is visible enough that I am mortall and I know not how neare to the very Point of Death, which because I would not willingly bee surprised by it was therefore that I sent for you to the end that while my memorie & strength serve mee for any such Purposes I may communicate something of my mind unto you & leave something in your hands, (wherein I desire your fidelity & a carefull execution & accomplishment of what J shall request at your hands with an earnestnesse which doth not imply doubting because I have made choyse of you among many friends which I have to consigne this trust to your care & integrity butt because you may see by the solemnesse of my intreaty the concerne & Interest which I have in the disposall of these Papers which J shall consigne to your hands) & thereupon hee reacht out his hand to his breeches which lay upon the bed & tooke out from his Pocquet a little Pacquet sealed & told mee in this Pacquet there are 12 Propositions which concerne the Doctrine of Motion with their demonstrations; the anagrams of wich 17) I have formerly sent into England to my Lord Brouncard 18) (a person concerning whom for his great witt & iudgment in Mathematiques J have a long time conceived a very high opinion). I sent them in those disguised caracters because it was agreed on between us, & iudged by the Royal Society as the most proper way of Proposing those secrets. I give this Pacquet to you sealed because if it please God that I recover you shall restore it to mee againe in the same fashion that I deliver it to you but if I die then the seale you shall breake open & the coppy of the Propositions you shall give to Monsieur Galois Secretarie of the Royall Academie here, {==11==} {>>pagina-aanduiding<<} the demonstrations there is noe necessity hee should transcribe. There is one Proposition amongst the rest wich Possibly those in England will not iudge sufficiently demonstrated butt the demonstration of that, I have given fully & at large in some other Papers which I have left in Monsieur Carcavi's hands. This was what hee said to mee as concerning the sealed Pacquet. Next hee gave mee a Printed sheet de Parheliis 19). I dont know said hee whether or noe this bee gone into England. If it bee not Pray bee pleased to send this to Monsieur Oldenbourg with my thankes for the great care & paines hee hath taken to send mee the Transactions. Next hee tooke up another bundle of Papers wich hee had laid premeditately on the bed & taking them up in his hands hee studied & consulted some little time with in himselfe whether hee should call for a candle & seale them in my Presence or noe butt having paused a little while noe said hee those I will not seale I will give you them as they are. I referre myself to your faithfulnesse not to shew them to any body before my death which when you heare of you may read them your selfe & then seale them up & send them into England by a sure conveyance to the Royall Society. I asked him to whom in the Royall Society. hee said hee sent them to the Society in generall, butt Putt principally to my Lord Broncard whom hee said hee knew to have a very cleare insight into the Doctrine of Motion & whom (hee was well assured) did understand those Points by what hee had seene by him already & hee hoped that for his sake & upon his request hee would digest those Papers which were confusedly written & which hee had not time to finish soe that if hee iudged them worthy of the world the world might bee the better for them. These Papers containe some propositions about motion rough cast & in their first draught & on the Paper which wraps them up is written on the outside de Motu per impulsum. This was all hee spoke as concerning his manuscript hee gave to mee & after that I fell into a discourse concerning his sicknesse, concerning what hee tooke, hee complained much of the ignorance, of the timidity, of the Galenical methods & prescriptions with which they administer Physick in these Parts. then said hee Oh if Doctor Willis were here I believe I should recover butt these People have not a right conception of Physick & yet the Ablest 20) of them are about mee & they doe their best. Then hee fell into a discourse concerning the Royal Society in England wich hee said was an assembly of the Choisest Witts in Christendome & of the finest Parts: hee said hee chose rather to depositt those little labours of his which God had blesst & those pledges which to him were dearest {==12==} {>>pagina-aanduiding<<} of any thing in this world, in their hands sooner then in any else. Sooner then of those into whose Society hee was here incorporated & from whom hee had received all demonstrations of a most affectionate civilitie because hee judged the Seat of Science to bee fixed there & that the members of it did embrace & promote Philosophy not for interest, not through ambition or a vanity of excelling others not through fancy or a variable curiosity, butt out of naturall principles of generosity, inclination to Learning & a sincere Respect & love for the truth, wich made him Judge that their constitution would bee theresore more durable because their designes & aimes were soe honourable & that God almighty would give a great stability & blessing to their Labours because hee had inspired them with soe Worthy desires. Whereas hee said hee did foresee the dissolution of this academie because it was mixt with tinctures of Envy because it was supported upon suppositions of profitt because it wholly depended upon the Humour of a Prince & the favour of a minister, either of wich coming toe relent in their Passions the whole frame & Project of their assembly cometh to Perdition. There hee proceeded to name severall of the Royal Society for whom hee expresst a singular esteeme the Bishop of Sarisbury 21) Doctor Wren, Mister Hooke hee termd a man, of a Vast invention & the Bishop of Chester 22) of a most elevated Judgement & a most profound witt, you Mister Oldenbourg and all the whole Society in generall for a most chearfull & unanimous agreement & harmony in the advancing of knowledge without which hee said it was impossible for the most selected body or the most chosen witts long to subsist. Here hee fell into a digression concerning their Judgement about some things wich hee had written & hee said you had intimated to him as if one of the Society in his experiments made about Pendulums had iudged them variable & subject to the alterations of Weather 23). this Person hee conjectured to bee Mister Mercator. however, hee said notwithstanding the great ability & capacity of that Person who made those experiments hee durst assure him that a Pendulum was a machine the equality of whose motions one might safely relye upon & if it did not appeare soe to him the defect was either in the Artificer who made it or else that this Pendulum was without a cyclois wich corrects its anomalies or else hee said hee did not Putt weight enough & that hee repeated againe I believe in England they doe not hang weight enough to their Pendulums & soe the air governes their motions butt the great secret to master the air is to hang weight enough & use a cyclois of which the severall experiences of the Pendulums here in Paris have soe convinced mee that of that I make noe longer doubt. This is the summe of what hee then discourst & of wich I promised to bee a most {==13==} {>>pagina-aanduiding<<} exact observer & a most punctuall Executor. his last farewell was to have his humble respects & most sincere affections recommended to the Royal Society, wich in his name I make bold to present. I shall adde nothing farther concerning him. To-night or to-morrow I intend to visitt him and I hope the change of Weather (for our frost now begins to breake) to may conduce to his recovery. Monsieur Picart makes a particular request to you & I in his behalfe which is that you will bee pleased upon this brasse line where you will find a circle at one end & a scratch at the other to marke the ½ foot of London for this is the ½ foot of Paris Pray Lett it bee done with the greatest exactnesse & markt below the scratch with a scratch parallel to it. I recommend it to you I know you will take care to have it done in its perfection & to send it by the first conveyance. Monsieur Justel our worthy friend kisseth your hands & sends you a paper of seedes with Monsieur Quintinies 24) Letter all wich the bearer hereof I hope will bring safe to your hands. To Mister Hooke I have written two Letters to & in one I desired an account concerning Cashou wich is champt soe much in India what It was, how prepared, & from what towne of the Indies it doth come butt as yet I have not beene so happy as to receive any one title from him although I doe not question butt the letters are come safe to his hands for I have answers to others of the same date. Pray give him a word or two concerning this & aske if hee resolves to bee more Idle then I. Sir you see I am not often troublesome butt when I am I am very troublesome. Pray bee pleased to accept the well meaning & excuse the tediousnesse of Deare Sir Your oblidgd friend & obedient servant Francis Vernon. Sir the duke of Orleans is reconcild to the King & Last night hee was brought to St. Germaines by Monsieur Colbert. {==14==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1796. A. Vallot 1) à [Christiaan Huygens]. 17 mars 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Ce 17 Mars 1670. Si jauois receu le memoire a paris que ie viens de recepuoir ie naurois pas manque daller voir Monsieur Huguens de la part de Roy et parler par Monsieur Hujin mais nayant point este aduerti ie parleray au Roy pour auoir la permission daller a paris pour macquitter de cette commission et pour auoir lhonneur de vous voir et vous assurer que ie suis vostre Humble serviteur Vallot. No 1797. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 10 avril 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 10 Avril 1670. Cellecy ne sert que d'enveloppe à l'enclose 1) du Frere de Moggershil qu'ayant veue je ne croy pas qu'il faille vous mander des nouvelles, ny courir sur son marché. Selon vostre derniere 2) al Signor Padre vous estes à Paris depuis Lundy 3) au Soir; dont nous sommes icy tres aises, veu par les dernieres du Frere qu'il luy tardoit beaucoup de vous voir arriver. Selon le dernier avis de Charras 4) nous avons {==15==} {>>pagina-aanduiding<<} subject d'esperer sa guerison, s'il y avoit moyen de le transporter icy sans doubte cela y contribueroit beaucoup. Nous attendons de scavoir ce que vous aurez resolu la dessus ensemble par le prochain ordinaire. Vous scavez que Monsieur Romf m'avoit envoyé une Carte de Rome par un Gentilhomme Suisse qu'il m'a mandé estre party de Paris depuis le 4e Mars. Mais comme il ne paroist pas et que vraysemblablement ma Carte est eclipsee j'ay prié Monsieur Romf il y a quinze jours de m'achepter une autre estampe de la mesme Carte et de me l'envoyer par la voye du Sieur Verstraten marchand d'icy qui doibt arriver la semaine prochaine. Le dict Sieur Romf qui maintenant in amore est totus selon toute apparence aura oublié ma commission, c'est pourquoy je vous prie en ce cas de m'achepter une semblable carte et de payer a Monsieur Romf ce qu'il a debourssé pour l'autre si Domino Christiano 5) lequel j'en avois prié ne l'a point fait, je vous le rendray punctuellement. Don Sebastiano 6) partit Lundy apres disner. La soeur et le beaufrere 7) avec les soeurs de Leu l'allerent conduire, je dis luy et le cher Frere 8). Elles sont au desespoir à cause de certains Hemistiches Latins que le dit Frere auroit escrit aux vitres de sa chambre insinuant aux dites soeurs quoy qu'Enigmatiquement un voyage d'Italie dont il pourroit avoir formé le dessein. J'en seray esclaircy plus avant. le cher Anton ou Toton en a pris copie pour les faire interpreter a Monsieur du Tour et cela estant fait elles prendront leurs mesures pour la pleurerie. Je salue de tout mon coeur nostre bon Frere malade. Adieu. A Monsieur Monsieur Louis Huygens de Zuylichem a Paris. {==16==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1798. G. Mouton à Christiaan Huygens. 10 avril 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Lyon le 10 d'Avril 1670. Monsieur Quoy que je n'aye l'honneur, destre conneu de vous, J'ay neantmoins pris la liberté de vous escrire, pour vous témoigner l'estime que j'ay toujours fait de vostre merite, & de vostre erudition, depuis que vous vous estes fait connoistre par vos oeuvres, qui vous ont acquis la reputation d'un des plus illustres personnages de ce siecle. Ce n'est pas d'Aujourdhuy que jen ay eu la volonté, & mesmes je vous ay une fois escrit 1), pour avoir le bien d'estre eclaircy de quelque doubte que j'avois sur la construction de vos pendules; Mais nayant eu le bonheur, que je m'estois promis de recevoir vostre response 2), soit que mon insussisance en ait esté l'obstacle, ou que par malheur ma lettre ne vous eut pas esté randue, J'ay demeuré dans le Respect & le silence jusques icy. Or maintenant que Dieu ma fait la grace d'achever de mettre aujour un petit opuscule, que javois commencé il y a longtemps, & que mes Amis mont obligé quasi malgré moy, de faire imprimer 3), Jay creu quil estoit de mon devoir, d'en faire part a une personne si eclairé comme vous estes, non que je l'estime digne de vostre attention, puis qu'il est infiniment au dessous de vos belles connoissances & ainsi j'ay du deplaisir Monsieur de ne vous pouvoir presenter qu'une chose qui vous sera asseurement inutile, mais aussy j'ay suject de me rejouir, que par ce moyen je vous donneray une marque des sentiments avec lesquels je vous honore, vous suppliant de l'aggreer comme un témoignage de la sincerité avec laquelle il vous est presente Monsieur par Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Gabriel Mouton prestre a St. Paul de Lyon. Pour M. Hughens. {==17==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1799. Constantyn Huygens, père, à M. Thevenot. 11 avril 1670. Une copie se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. A la Haye le 11e Avril 1670. Monsieur, Je vous rens graces tres humbles de l'honneur que vous faictes à mon pauvre malade, en daignant vous souvenir et vous soucier de Luy a si grande distance. dans le chagrin et la grande inquietude que me donne son mal, ce m'est une consolation particuliere de veoir que tant d'honestes gens s'intressent en sa Santé. Jl me mande 1) que de tous costez on luy offre de ces retraictes de Campagne; et ie Luy envoijay votre lettre hier 2), afin qu'il voye, que s'il choisit ce que vous appellez vostre Hermitage ce ne sera pas contrectatio rei alienae, invito Domino. J'espere que le bon Dieu le remettra en estat de vous venir remercier icy de tant de civilité. Car son frere 3) qui m'a escrit du 5e de Lisle qu'il faisoit estat d'arriver le 7e a Paris a ordre de nous L'amener, des qu'on le jugera capable de supporter la fatigue du voyage, tout le monde jugeant que l'air natal Luy fera du bien et ie croy, Monsieur, que vous serez assez de ce sentiment. Le Sieur Charas, Apothicaire de Monsieur frere du Roy, et auteur de ce Traicté de la vipere 4) que nos scavans estiment tant icij, me console plus que tout autre, en m'asseurant qu'il luij a trouvé le pouls fort Egal et tranquille par ou, au moins, on peut conclurre que ce n'est pas le coeur qui souffre. Jl faut attendre comme il plaira à Dieu d'en disposer. On peut bien juger Monsieur, que la perte d'un si digne enfant me seroit tres-sensible; mais, en considerant mon aage, et le peu de temps, que j'en puis jouir, il me semble que le monde y perdroit encor plus que moij, comme ie le {==18==} {>>pagina-aanduiding<<} crois capable de produire encor bien des choses que seroit domage de veoir perir avec Luy dans la fleur de son aage. Cecij est trop long, pour le sujet mais c'est un pere qui parle, et des plus tendres. Vous aurez bien la bonté d'excuser sa foiblesse si vous continuez comme je vous en supplie, de le croire tousjours Monsieur No 1800. J.G. Pardies à Christiaan Huygens. 12 avril 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur Je n'aurois pas la hardiesse de vous escrire si je n'estois en quelque façon obligé de le faire pour vous offrir un petit ouvrage 1) que je vous dois presenter comme une reconnoissance. Je scay que parmy vos vastes connoissances vous avez une science parfaite du mouvement. cét ouvrage en traitte et peut-estre que la beauté de ce sujet vous portera à le lire avec moins de degoust, non obstant les defauts que vous y rencontrerez. Je ne croy rien dire dans ce discours qui vous soit inconnu et je ne doute point que si nous pouvions voir le livre que vous nous avez fait esperer sur ce sujet, nous ne vissions toutes les regles de percussions parfaitement démonstrées. Je ne pretens point m'ingerer à vouloir me mettre à la traverse et beaucoup moins ay-je voulu vous prevenir, je connois trop bien la petitesse de mon esprit et la grandeur du vostre pour oser seulement me commettre en comparaison. je m'estimerois seulement trop honoré si vous reconnoissiez que je me suis tant soit peu approché de vos pansées: que si au contraire vous trouvez, que je me suis eloigné de vous et de la verité, je prendray en tres bonne part si vous me faites la grace de m'en avertir, et je recevray de vous avec toute sorte de soumission la correction qu'il vous plairra de m'en faire. Cepandant je vous prie d'agréer {==19==} {>>pagina-aanduiding<<} ce petit homage que je rens à vostre capacité en vous presentant cet ouvrage et en me disant Monsieur, Vostre treshumble et tressobeissant serviteur Pardies de la Compagnie de Jesus. A Bordeaux 12 Avril 1670. A Monsieur Monsieur Huygens A Paris. No 1801. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 17 avril 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 17 Avril 1670. Il Signor Padre partit avanthier pour Sevenbergen d'où il sera de retour dimanche prochain. Ayant esté tout le matin jusques à midy aupres de Son Altesse avec le Conseil, et estant pressé de partir il n'eut pas le temps de respondre à vostre lettre 1) qui nous depeint au vif l'estat du pauvre Frere 2). Le mesme jour que mon Pere la receut je fus incontinent chercher Liebergen pour la Consulte que vous desirez d'avoir de Luy. Mais par malheur il estoit party pour Rotterdam ou il est obligé d'aller de temps en temps pour assister le Bourgemaistre Prins 3), qui semble aussi d'avoir plus de confiance en Luy qu'en touts les medecins de sa ville. Hier à midy pourtant il revint et promit de me faire avoir ce que je desirois mais non pas dans l'estendue qu'il faudroit à cause du peu de temps et de l'accablement de ses affaires. Tellement que j'attends la dite Consulte de moment à autre pour vous l'envoyer. il dit d'entendre fort bien la maladie du frere et que de necessité il faut qu'il garde un regime fort exact, et qu'a faute de cela il y auroit de grands {==20==} {>>pagina-aanduiding<<} inconvenients à craindre. Il conseille encore tres-fort qu'on tasche de le faire venir icy par touts moyens possibles, ne doubtant aucunement que la respiration de l'air d'Hollande qu'il suppose luy estre beaucoup plus utile que celuy d'aucun autre païs dans l'indisposition presente, ensemble avec les soins qu'il pourroit luy rendre de pres, ne soyent capables de restablir sa santé. Estant sur le lieu vous pouvez mieux juger de toutes choses, mais ayant veu qu'il a encore la force de faire des tours par la chambre, et de se tenir à table, nous croyons icy touts qu'il en auroit assez pour se faire transporter à petites journees jusques à Gand, ou nous l'irions prendre avec la Jachte dont le Capitaine dit qu'elle peut aller jusques la. Tout le monde et surtout le parentage conseille cela et m'ont prie de vous le recommander serieusement. Depuis la date de vostre derniere le temps est beaucoup raddoucy icy, apparemment il en sera de mesme ou vous estes et de cela nous devons esperer d'entendre quelque amendement de nostre pauvre malade, dont le mal me cause de grandes inquietudes, le cherissant comme j'ay tousjours fait. Monsieur Chieze doibt estre à Paris depuis Lundy ou mardy passé si il a fait aucune diligence, et sur ce fondement je luy escris cette enclose que je vous prie de luy delivrer. Depuis vostre depart j'ay receu par le Sieur d'Axelhoven 4) qui se trouve estre le fils de Monsieur Veglin Le Plan de Rome que j'avois prié Monsieur Romf de m'achepter, et dont je vous ay prié de m'achepter un autre Estampe dans la croyance ou j'estois que la premiere se pourroit estre esgarée, maintenant j'ay receu cette premiere, mais suis bien loing de mon compte. Car au lieu de cette Carte qu'a le Beaufrere de Moggershil que j'avois mandee et attendois, je viens de recevoir un malheureux plan beaucoup plus petit que l'autre, ou il n'y a que les grandes Esglises et les principaulx palais mais le tout si mal fait qu'on n'y connoist que peu de chose, en somme pour mon usage je n'en donnerois pas deux sols. Ce n'est pourtant pas la faulte de Monsieur Romf qui apparemment n'a veu que ce plan icy, et point l'autre. Il se trouve pour ma confusion que l'un et l'autre a esté fait soubs le Pape Alessandro et l'autheur ou l'imprimeur dit que c'est un Preludio d'una altra Pianta in forma assai maggiore qu'il avoit dessein de faire imprimer qui sera la bonne 6) du beaufrere. J'escris a Monsieur Chieze pour me la vouloir chercher en suitte de qu'il a eu la bonté de me promettre, je vous 5) {==21==} {>>pagina-aanduiding<<} prie seulement de dire á Monsieur Romf qu'il ne m'envoye pas cette seconde Estampe que j'avois mandee en cas qu'il ne l'ait point fait desja et de rendre a Monsieur Chieze ce que pourra avoir cousté une Carte de Rome et un Donatus 7) qu'il a promis de me chercher à Paris. Voycy qu'apres avoir bien attendu le Sieur Liebergen m'apporte une consulte en verité bien maigre, et dont les excuses font la moitjé, mais il dit qu'il luy a esté impossible de s'estendre d'avantage faute de temps, allant partir tout à l'heure pour Rotterdam. Il me dit encore que par haste il a oublié d'y mettre que le Frere feroit bien de prendre quelques jours durant le matin deux onces de Sirop de violette dans une quantité convenable d'eau bouillie avec de l'orge (Gerst) que cela luy refraischira les entrailles et detrempera cette humeur atrabiliaire. Mardy prochain je luy feray voir ce que vous manderez de la disposition du cher Frere des que les lettres seront venues afin qu'il aye plus de loisir de dire ses sentiments. Il y a un ordre imprimé et affiché par tout portant défense a touts officiers au service de Messieurs les Estats d'Hollande de s'absenter de leurs Garnisons durant le temps de trois mois; et cassant et annullant toute sorte de congés que Messieurs les Gecommitteerde Raden pourroyent avoir donné ou donner à l'avenir. tellement que les suppliants seront obliges de s'adresser pour cela aux Estats mesmes 8). Mademoiselle Silver-Croon 9) a ce qu'on dit pour certain se marie avec le Seigneur de Cralingen 10) que vous connoissez. Je vous prie de feliciter Monsieur Romf de ma part sur son mariage. J'ay demandé encor a Monsieur Liebergen pourquoy il n'avoit pas mis par escrit le moyen d'accommoder le laict qu'il touche en passant, mais il dit que premier que de pouvoir faire cela il fant de necessite que les vaches soyent aux champs, et secondement qu'il ne croit pas que le laict des vaches de France y soit propre comme celuy des nostres. Ne manquez pas s'il vous plait mes baisemains a mon Frere. Mon Pere n'a pas envoyé avec Monsieur Chieze le bassin et l'aiguiere 11) par ce qu'il esperoit que le Frere le viendroit prendre icy luy mesme comme nous croyons qu'il devroit faire pour sa santé, le pouvant aucunement, mais s'il n'y peut pas resouldre et qu'il le desire, cela s'envoyera par la premiere occasion qui s'offrira. {==22==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1802. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. Appendice au No. 1802. 17 avril 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Je n'ay pas voulu mettre dans ma lettre que le bon frere peut estre voudra voir que Liebergen dit que son mal est Melancholia Hypochondrica vera et mera, et que s'il ne se donne garde de manger de choses nuisibles et sur tout qui pourroyent encor eschauffer d'avantage cette humeur atrabiliaire, ce mal facilement pourroit luy attacquer la cervelle et y causer le dernier desordre, a quoy je ne puis songer sans m'affliger au dernier point. Prions dieu de destourner cela. No 1803. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 2 mai 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A La Haye le 2de May 1670. J'ay eu la joye que vous pouvez croire d'entendre que le bon frere n'est pas empiré depuis le dernier avis que nous en avons eu; le terme que vous luy donnez de trois mois pour le restablissement de sa santé me semble pourtant bien long dans cette saison icy et il faut esperer qu'il en pourra rabattre quelque chose. Le Donatus 1) à 8 livres, argent de France, beau comme vous dites qu'il est, ne me semble pas d'un prix fort excessif et vous me ferez plaisir de me l'achepter si vous ne l'avez fait desja. Si la Carte de Rome se trouve aussi j'en serois tres-aise et vous prie de la chercher avec un peu de soin, comme aussi de considerer s'il n'y a pas quelque autre chose de semblable ou dissemblable nature qui me duiroit soit de livres, de cartes ou semblables bagatelles. vous scavez que don Christiano 2) m'a envoyé un Estat de l'Europe en quatre petits volumes, mais cet estat qui ne contient que des noms, encor qu'il soit d'un usage considerable n'est pourtant que fort maigre et je voudrois avoir un Estat de la France comme vous scavez qu'on en a fait quasi {==23==} {>>pagina-aanduiding<<} touts les ans. Ce que vous deboursserez pour moy je vous le renvoyeray incontinent en de l'or dans les pacquets. S'il ne se trouve point de Carte de Rome a Paris je prieray le Cousin de Willem 3) de m'en achepter en Italie en cas qu'il y aille, de quoy vous serez mieux informé que nous autres, je vous prie de me mander quelles mesures il prend. Il est arrive un accidant tres funeste a Monsieur Cauw 4) baillif de Fliffingue, lequel s'estant embarqué à la dite ville pour Anvers avec sa femme la pauvre Mi Campen 4), deux autres personnes depuis peu mariées dont le mary s'appelle van der Graef, et deux prestres; le batteau se renversa je ne scay comment proche d'Anvers et se noyerent Madame Cauw, ces deux jeunes mariés et les deux Prestres. Tout cela avec de longues miseres et des circonstances fort tragiques dont on ne scait pas encore le detail. Joffrouw Ide 5) n'amende pas beaucoup et le medecin mesme n'a pas la meilleure opinion de sa maladie, elle souffre de grandes colicques depuis quelques jours mesme durant ses bon jours et cela la met fort bas. Moggershil est à Amsterdam avec le Schouth et son frere. Adio mes recommandations au cher frere malade. A Monsieur Monsieur Louis Huygens de Zulichem a Paris. No 1804. Constantyn Huygens, père, à H. de Beringhen. [mai 1670]. Une copie se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. Monsieur Pour cesser de vous importuner comme j'ay trop faict par ma derniere et comme j'ay enuie de faire à toutes les fois que j'ay l'honneur de vous entretenir je vous sup- {==24==} {>>pagina-aanduiding<<} plie de partager avec Monsieur de Nielle dans la reconnoissance que je luij envoye et que je vous doibs à tous deux de la faveur qu'il vous a pleu me procurer aupres de luij. Dans ce gros pacquet 1) je paye de mon Cuiure le bel or 2) dont il vient de me regaler. Mais j'espere qu'il voudra gouster la raison que ie Luij en rends, à quoij, Monsieur vous pouvez beaucoup contribuer, en suitte du jour que vous me faictes veoir pour la continuation de ce commerce musical. Je vous rens treshumbles graces de l'interest que vous daignez prendre dans la santé de mon pauvre fils. Les dernieres Lettres de son Cadet 3) me donnent Lieu d'esperer, que sa jeunesse pourra surmonter le mal. Il me semble que se seroit domage de veoir cest esprit estouffé au millieu de sa coursse; et ie dis tousjours, que le monde ij perdroit plus que moij, qui n'en puis guere jouïr. On taschera de l'accoustumer peu à peu à quelque changement d'Air, pour en suitte trouver moyen de le transporter en celuij de la patrie, que tout le monde juge Luij pouvoir faire du bien. En attendant ie le recommande à vos bontez. et ensemble le pere, qui passera tousiours par devant notaire et tesmoings quand il vous plaira qu'il est comme d'ancieneté, et mourra Monsieur P.d. 4) Je ne sçaij, Monsieur si jamais il y aura moijen de vous reconcilier auec vos amis. si à ceste descente du Roij vers les Pais bas, vous leur refusez l'honneur d'une visite, songez y meurement, car nous sommes gens implacables quand on nous offense 5). {==25==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1805. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 8 mai 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 8 May 1670. Ces mauvaises nouvelles du mal opiniatre du bon et cher Frere me mettent au desespoir et d'autant plus que ce remede du bain sembloit nous promettre quelque chose de bon. Il me tarde bien d'entendre si celuy du Laict de femme aura fait quelque effet et s'il aura pû se resoudre à le prendre. Je fus hier chercher la Cousine Dorp pour scavoir au vray comment elle s'estoit trouvée du Scheijmelck 1) que vous alliez essayer selon vostre derniere en suivant le conseil du Sieur Liebergen. Elle me dit que l'Esté passé elle en avoit pris par compasgnie plustost que par necessité ensemble avec les Demoiselles Tromp, mais qu'elle avoit trouvé que les uns le prennent avec succes et les autres au contraire selon la force et la bonté des estomachs a ce qu'elle croid. Mademoiselle Tromp l'aisnée qui l'a fort bon s'en trouva tres bien et point chargée du tout. La Cousine Dorp au contraire qui l'a débile en sentit une grande pesanteur dans l'estomach meslée de colicque, sur tout avant qu'elle eust appris qu'apres l'avoir pris il faut se remuer et faire de l'exercice et non pas se coucher ou s'endormir. Mademoiselle Tromp la seconde et le Cousin Arent van Dorp ne le purent pas prendre avec succes non plus faute de le pouvoir digerer et furent obligés d'en laisser la l'usage. La quantité que beuvoit Mademoiselle Tromp estoit celle d'un verre à biere ordinaire. Tout ce que dessus me fait apprehender que l'estomach de mon frere 2) ne pourra pas fournir à la concoction de ce laict qui en effect n'est que du beurre un pue plus liquide que celuy que lon mange. J'ay plus d'opinion du laict de femme et croy qu'il fera plus de bien a nostre cher malade s'il peut ou s'il a pû s'y resouldre. Les exemples du succes de ce remede sont infinys à ce que l'on dit, celuy que je puis alleguer est d'un Advocat d'icy que je voy touts les jours par les rues et que ce laict a guery et tiré de la derniere extenuation delaissé qu'il estoit de touts les medecins. Plaise à dieu qu'il en puisse faire autant au bon frere ou du moins luy rendre les forces qu'il faut pour l'acheminer vers icy on on le desire tant. Mais quand il plairoit à dieu d'en ordonner autrement je scay qu'il a l'ame assez grande pour se resouldre avec courage au passage qui mene à la vie dans laquelle dieu rejoindra les membres et les parties de nostre famille que de temps en temps il en a retranchées et voudra en retrancher encore pour les reunir dans l'heureuse eternité. J'espere pourtant tousjours le meilleur {==26==} {>>pagina-aanduiding<<} (s'il peut y avoir quelque chose de meilleur que d'estre dans la beatitude de bonne heure) et me flatte encore de ce que la pluspart des medecins de par là esperent la guerison, il faut apres tout se ranger a ce que le destin en ordonnera. Dans ma derniere à Monsieur Chieze je l'ay fort pressé de m'envoyer sa Carte de Rome et croy qu'il le fera. S'il vous l'addresse je vous prie de l'envoyer à la premiere occasion. Je ne croy pas que vous ayez trouvé la mesme Carte à Paris parce que par le dernier ordinaire vous ne m'en avez rien dit. Adieu mes recommandations au cher frere que Dieu veuille nous conserver. A Monsieur Monsieur Louis Huygens de Zulichem à Paris. No 1806. Lodewijk Huygens à Constantyn Huygens, frère. [mai 1670]. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Mon Frere 1) m'a dit le 13e Maij 1670. Que le changement qu'on a fait aux Pendules de mer 1. consiste en ce qu'on en a osté les chainettes 2) à cause de l'embaras. 2. Qu'on esloigne la Pendule de l'horologe de 2. poulces afin qu'elle soit moins sujette à toucher. 3. On la suspend simplement entre les 2 {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} 3) sans autre bride au dessous. 4. Il faut que les {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} soyent d'un cuivre bien fort à cause de la pesanteur de la pendule qui doibt 5. Estre de ½ ℔ ou de ¾. 6. Le poids qu'on attache au bas de la boëte est environ de 80 ou 100 ℔. Le Poids de l'horologe de 14. ou 15. 7. Il faut que la boule à la quelle l'horologe est suspendue soit le moins esloignée qu'il se peut de l'horologe, comme aussi de l'endroit ou elle est attachee vers en haut. Nota. Monsieur Richer a mandé que durant une tempeste il a mis une petite boule sur l'horologe, qui estoit bien 2. minutes avant que de tomber, ce qui marque assez le peu de bransle que souffrent ces horologes. {==27==} {>>pagina-aanduiding<<} La Voye Normand 4) fort entendu a ces essaijs sur mer mais Fripon. Il n'avoit rien observé au premier voijage qu'il fit, quoij qu'il eust mandé merveilles, mais en suite il fut en Candie auec Monsieur de Beaufort et alors il fit de fort bonnes observations dont on a les relations 5). Mon Frere luij fit avoir alors 3. cens escus de Monsieur Colbert pour une 3e expedition, mais au bout de quelque temps il luij escrivit que la plus part de cet argent estoit mangé et qu'il luij en faudroit d'auantage, bien qu'il eut fait marché à cela, etc. de sorte qu'on l'a laissé la n'en pouvant tirer raison, et on a employé depuis Monsieur Richer qui est à present en mer pour aller aux Indes d'occident 6). No 1807. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 22 mai 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 22 May 1670. Apres vostre derniere escrite vous aurez receu les avis et les consultes touchant le Schey-melck 1), et le cher Frere en aura repris apparemment l'usage, esperons qu'il luy fera du bien. Il me tarde bien d'en entendre le succes et ensemble la suitte de ces changements notables de l'appetit et de l'evacuation qui luy sont revenus d'eux mesmes. Il me semble qu'il y a lieu d'en attendre quelque chose de bon pourveu que cet Appetit ne soit vitieux et procedant d'une mauvaise cause, et que, ces selles naturelles qui se sont entresuivies de si pres ne degenerent en un flux de ventre comme il en vient parfois a de personnes fort extenuées comme vous dites qu'est le pauvre Frere. Ce que vous dites de l'amour qui luy reste pour la vie, je puis bien le luy pardonner en l'aage ou il est et remply de pensees pour de beaux desseins qu'il pourroit executer si Dieu luy allongeoit ses jours. Mais qu'estant en l'estat ou il se trouve, dans lequel il devroit comme envisager de pres l'immortalité, il s'amuse a la controverter comme une question problematique pour et contre, c'est ce qu'en verité j'ay appris avec beaucoup d'affliction. Il me semble que cela ne marque pas une creance comme il faut aux paroles du grand Maistre qui nous a enseigné ce qu'il falloit croire touchant l'estat de l'ame apres cette {==28==} {>>pagina-aanduiding<<} vie et son immortalité. Car de s'en vouloir arrester a aucune opinion formée à force de raisonner, ou d'esplucher les raisonnements d'hommes faits comme nous, c'est s'y prendre d'une maniere et d'un biais mal propres pour nous conduire ou il faut estre; les enseignements que le Seigneur, et ceux qui l'avoyent veu et ouy, nous ont laissé sur ce subjet, confirmant et garantissant leur dire par leur mort et par leur miracles, nous doivent bien estre d'un autre poix. En verité vous devez avoir grand soing d'empescher qu'il ne s'esgare du bon chemin et par vos discours propres et par ceux de bons amys que vous pourriez aposter expres pour ce subject afin de le mettre sur ces discours quasi aliud agendo, puis qu'il semble avoir peur de la veue des ministres. Si l'affaire presse je feray comme vous desirez que mon Pere vous en escrive, mais jusques à present je n'ay pas trouvé a propos de luy en rien dire ny à aucun autre. Je scay bien que cela luy causeroit de la douleur comme il m'en cause en verité. La perte du bon frere me cuiroit bien d'avantage si nous venions à le perdre dans ces sentiments. Dieu aura pitié de luy et ne souffrira pas que nous en facions duplicem jacturam. Pour le Donatus, puis que celuy que vous croyez de m'envoyer et que je desirois d'avoir pour la belle reliure vous est eschappé ainsi que vous avez mandé a ma Soeur, ne prenez plus de peine a m'en chercher un, j'en ay trouvé un icy dans une vente publicque à leyde, ou il a este vendu fort cher. Puis que la Carte ne se trouve pas, patience, j'espere que Monsieur Chieze m'envoyera la sienne s'il a receu mes lettres, autrement par le moyen du Cousin de Willem on pourroit tout avoir, je vous prie de me dire par quelle voye on peut luy faire tenir des lettres. Je voudrois vous envoyer des desseins pour le frere, mais je n'en ay pas encore le moyen ny l'occasion, en attendant j'envoye ce petit portrait en miniature que j'ay arraché le mieux que j'ay pû de la boeste ou il estoit collé. Je vous prie d'avoir soing qu'il ne se gaste et de me le renvoyer a quelque temps d'icy ou de le rapporter vous mesme, il n'y a point de haste. L'on croid pour certain que demain on mettra fin a l'affaire de Monsieur le Prince pour ce qui est de sa seance dans le Conseil d'estat avec une voix concluante, non obstant toutes les machinations de certaines personnes que vous pouvez deviner, pour le contraire. La Tante de St. Annelant reviendra demain d'Oorschot ou elle a este consulter le maistre 2) sur le subject de sa veue. Cet Oracle a respondu que pour ce qui est de l'oeil dont elle ne voyoit pas il y a desja long temps, il n'y a point de remede, mais qu'il croid de guerir l'autre qui empire comme vous scavez de temps en temps, mais que ce ne peut estre que quand la cataracte qui s'y forme sera assez forte pour y pouvoir toucher, c'est à dire quand elle ne verra plus du tout. {==29==} {>>pagina-aanduiding<<} Adieu mes baisemains à mon bon frere. L'on dit que Monsieur de Monmorency comment a t il nom celuy qui est veuf de mademoiselle Mierop fait l'amour à madame de Sterrenbourg 3), au moins il y est fort assidu A Monsieur Monsieur Louis Huygens de Zulichem a Paris. No 1808. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 29 mai 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 29 May 1670. Mon Pere estant allé saire un tour à Sevenhuysen 1) pour voir secouer les oiseaux des arbres, en compagnie avec Monsieur d'Isola 2) j'ay parlé à Monsieur Liebergen par son ordre pour scavoir son jugement touchant le changement survenu dans la maladie de mon frere. Il dit, que supposé que ces selles et ce laschement de ventre naturel ne luy ayent point fait perdre ny de ses forces ny de son appetit comme vous dites qu'ils n'ont point fait, on n'en doibt attendre que de bons effets, la nature commençant à surmonter et à se rendre maistresse de cette mauvaise humeur, que pour ce qui est de l'emotion febrile qui accompagna cette crise il ne faut pas s'en mettre beaucoup en peine, estant chose fort ordinaire que ces sortes d'humeurs estants agitees par un essort de la nature donnent une petite fiebure qui passe. Il trouve aussi bon qu'on continue de donner de temps en temps des lavements au frere, touchant la qualité desquels il dit qu'il faut se remettre à la prudence des medecins de par de là, mais qu'il croid que les plus simples comme ceux qui sont faits de laist et un peu de sucre ou de miel sont les meilleurs en cette occasion sans y mesler aucune decoction d'herbes ou autres ingredients. Voila tout ce que j'ay pû tirer de luy apres qu'il a veu dans vostre lettre l'estat de la maladie du bon et cher frere. {==30==} {>>pagina-aanduiding<<} Je croy que mon Pere vous aura mandé que l'affaire de l'introduction de Monsieur le Prince au Conseil d'Estat 3) a passé dans l'Hollande avec bien de la façon, et soubs de petites modifications qui ne sont pas de grande importance comme de ne pouvoir donner sa voix dans des affaires qui le touchent luy mesme, qui touchent ses parents jusqu'au quatriesme degré, et qui concernent les charges et impositions des Provinces ou il a des terres et des biens. Je vous prie de me mander par quelle voye lon peut escrire au Cousin de Willem 4), ne doubtant pas qu'il ne vous ait laissé des addresses pour cela. Je voudrois escrire aussi à Chieze mais je ne scay pas ou il faut le chercher en Bourgogne ou bien à Orange. Si vous luy escrivez je vous prie de luy faire souvenir de m'envoyer la petite carte de Rome qu'il a et qu'il m'a promis de m'envoyer si le malheureux Pedone qui en devoit apporter d'autres de Rome, n'estoit de retour a Orange lors que luy y arriveroit. La Cousine Ide 5) n'empire point et commence a regaigner quelque appetit. Le Cadet 6) de ses freres est encore a Oorschot pour se faire guerir des coups que luy ont donne les paisans, et se trouve obligé de faire la Cour au Signor Fey tout de mesme comme feroit un pauvre diable qui à peine auroit dequoy le payer. Vous scavez apparemment que l'Advocat Fiscal Strijen 7) est decede d'une maladie de peu de jours. Messieurs les Estat ont mis par provision en sa place l'Advocat Limburg 8). ce neef limburgh qui a tant fait enrager nostre Bisschop 9) lequel sera mal edifié de cette dignité nouvelle de son cousin. Il est à Amsterdam ou se vend presentement le Cabinet tant renommé de Reinst 10). Le Receveur de Monnickeland 11) mande que celuy de Zuylichem est malade a l'extremité. {==31==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1809. D. Cassini à Christiaan Huygens. mai 1670. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens. Observatio Domini Cassini. Parisis 1670 1). Saturnus die 12 Maij hora 3. matutina. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Paulo maior obscuritas erat ad a quam ad b puto ob umbram globi in annulum tractus tenuissimus vmbrosus erat ab a in b quem exactè ob loci incommoditatem notare non potui. {==32==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1810. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 4 juin 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 4 Juin 1670. Les signes d'amendement du frere 1) nous resjouissent comme vous pouvez vous figurer, le beau temps qu'il fait touts les jours y contribuera beaucoup. Si vous lisez tousjours nos lettres devant luy la mienne 2) vous doit bien avoir embarrassé je seray plus sur mes gardes à l'avenir. Quand vous ne voudrez plus du petit portrait 3) par delà je vous prie de me le renvoyer seulement, la boeste que j'y ay faite est assez bonne pour ce chef d'oeuvre. Je cherche quelque porteur pour envoyer au frere de plus grands desseins mais il ne s'en offre point, la saison des marchands estant passée. Je ne negligeray pas la premiere occasion que je trouveray pour satisfaire a sa curiosité, je voudrois avoir quelque chose de meilleur que je n'ay pour le regaler. Je vous prie encore de me dire quel moyen il y a de faire tenir des lettres à D. Sebastiano et au Cousin de Willem en Italie. Je voudrois scavoir du dernier entre autres choses si le grand Vocabulaire della Crusca 4) se rimprime 5) à Florence comme Romf manda il y a quelque temps. J'en ay trouvé un à vendre a Amsterdam, mais comme ils en demandent beaucoup d'argent, scavoir 18 ℔ de nostre monnoye, je serois bien ayse comme je dis de scavoir s'il se rimprime pour l'avoir a meilleur marché et plus complet. Samedy dernier Son Altesse prit possession de sa nouvelle place au Conseil d'Estat, avanthier toutes les provinces, chascune en particulier furent le complimenter sur cette promotion. La resolution des Estats Generaulx porte que quand il aura atteint l'aage de 22 ans on deliberera si le service de l'Estat requerra qu'on le fasse Capitaine et Admiral general, mais avec beaucoup de precautions pour l'esloigner des esperances de pouvoir estre Gouverneur d'aucune province, io sto a vedere come andara. {==33==} {>>pagina-aanduiding<<} Mon beaufrere 3) est de retour 4) depuis environ 15 jours, bon garçon tout a fait, mais sombre comme il estoit avant que de partir. Monsieur de Wassenaer 5) semblablement revint avanthier de son Envoy extraordinaire vers le Roy, ou lon dit qu'il a este receu assez froidement. Madame de la Lecque 6) avec Mademoiselle de Waddingsveen 7) ont esté saluer la Reine a l'Isle et se louent fort de l'acceuil qu'on leur a fait. Mademoiselle Silvercroon 8) eut sa premiere annonce dimanche passé, vous scavez qu'elle se marie avec le jeune Cralingen 9), beaufrere du Baron. Je croy que lundy prochain j'iray à Amsterdam avec ma femme et la Signora Constantia 10) sa soeur, pour sept ou huit jours, nous ferons vos compliments. Je vous avois prié de me chercher un estat de la France 11) contenant le Gouvernement, et la Police de ce Royaume et non pas les simples noms des Seigneurs et des Officiers comme nous donne celuy que le bon frere m'a fait avoir, et dont je voudrois fort scavoir le prix pour le remboursser. Mademoiselle Pauw 7) a gaigné son proces 12) contre van Hoven 13) au Grand Conseil. Monsieur Cassini ou quelque autre Italien de connoissance pourroit vous dire si le dictionaire della Crusca s'imprime, je vous prie de le scavoir s'il se peut et de me le mander par le premier ordinaire par ce que je ne scaurois empescher longtemps que l'exemplaire que j'ay trouvé a Amsterdam ne se vende. Quelque peu que vous soyez amateur de la peinture ne verrez vous pas les desseins de Monsieur Jabach? 14) {==34==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1811. G. Mouton à Christiaan Huygens. 16 juin 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A lyon le 16 Juin 1670. Monsieur Cest avec un extreme deplaisir, que J'ay appris la nouvelle de vostre indisposition par celle qu'il a pleu a Monsieur vostre frere mescrire de vostre part 1). J'ay veu pareillement l'accueil obligeant avec lequel vous avez receu un ouvrage 2) si imparfait que le mien, lequel vous avez bien daigné parcourir, nonobstant vostre incommodité, ce qui n'est pas un petit temoignage de vos bontez. Le titre de vostre livre 3), dont vous mavez fait part avec une affection si cordiale, est tres excellent au jugement du Reverend Pere Bertet 4), a qui je lay fait voir suivant vos ordres, & je ne doubte point, qu'il ne soit encor plus ravissant, lors qu'il paroistra dans l'Esclat & la majesté de ses belles demonstrations: Mais il est necessaire, que vous teniez autant que vous pourrez vostre esprit dans la tranquillité & sans application, depeur d'interesser davantage vostre santé, qui est extremement chere a tous ceux, qui ont connoissance de vostre merite & vertu. Plaise a la divine bonté de vous la fortisier de bien en mieux. Je le desire passionnement, & suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur G. Mouton. A Monsieur Monsieur Christian Huijgen de Zuijlichem A Paris. {==35==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1812. Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens 1). 10 juillet 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 10 Juillet 1670. Don Christiano je me resjouis comme vous pouvez croire des bonnes apparences de vostre guerison dont j'infere qu'il y en a de vous revoir bien tost apres une secousse si rude. Il Signor Padre ne m'a point laissé en repos touts les apres souppers de la semaine passée, que je ne vous eusse desseigné sur le dos du Crocheteur qui vous ayda a monter l'escalier de vostre chambre. Maintenant il veut que je vous fasse dans le carosse avec vostre bonnet de nuit et des lunettes vertes sur le nez à coste de la Cousine Cojet 2). La premiere histoire va cy jointe, je croy qu'a Zuylichem je feray l'autre. Adio Fratello carissimo. No 1813. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. Appendice I au No. 1812. 10 juillet 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. J'ay parlé al Signor Padre touchant vostre dépense chez le frere sans en tirer rien de positif. il a dit tantost qu'il falloit luy dire qu'on auroit soin de reconnoistre cela, tantost qu'il n'estoit pas tant desraisonnable qu'estant a son ayse comme il est il logeast un frere venu expres pour l'assister, et enfin s'est estendu eloquemment sur sa necessité presente, le mauvais payement de touts costés &c. {==36==} {>>pagina-aanduiding<<} Pour le bassin 1) je ne voy pas qu'il fasse dessein de le luy remettre s'il ne vient le prendre luy mesme. Je croy que le meilleur pour l'un et pour l'autre de ces choses sera que vous le persuadiez de venir le plus tost qu'il se pourra aucunement. No 1814. Constantyn Huygens, père, à Lodewijk Huygens. Appendice II au No. 1812. 10 juillet 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. N'auriez vous pas l'esprit entre vous deux de faire sous-sentir omnipotenti, par vostre Monsieur Perrault ou autres, que ceste maladie est de si grand fraix, que le Roy pourroit avoir la bonté de vous soulager de quelque subside. d'autres auroyent bien soing de procurer adroitement telles choses. No 1815. Constantyn Huygens, frère, à Lodewijk Huygens. 14 août 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A la Haye le 14 d'Aoust 1670. La semaine passée je revins icy de Zuylichem avec ma femme, des affaires de pardelà il ne vaut pas la peine d'escrire puisque vous estes sur vostre retour. Il y a longtemps que je n'ay point eu de vos Lettres, et cellecy ne sert proprement que pour accompagner en l'absence del Signor Padre ces deux incloses du beaufrere et de la Cousine Dorp 1). Ledit Signor Padre est avec Monsieur Beaumont 2) à Geertrui- {==37==} {>>pagina-aanduiding<<} denberg pour des affaires de Son Altesse 3) et devoit aussi aller a Roosendael; il estoit desja party avant que nous fussions de retour de Zuylichem. A son arrivee nous delibererons quand on pourra faire partir la Jachte pour vous aller prendre à Gand. Il se pourroit que ma femme et moy viendrions aussi a vostre rencontre avec le reste, mais je ne scay comme tout ce monde sur tout avec la valettaille pourra tenir dans ce petit basteau. J'espere que vous m'aurez achepte cette 3e partie de Don Pietre della valle 4) comme je vous ay desja recommandé par deux fois et le fais encore. Je vous prie de m'achepter aussi Le Familles Romaines 5) de Fulvius Ursinus 6) avec les additions 7) du Sieur Patin 8) qui a fait imprimer de livre. Il est en Folio et traitte des medailles consulaires, escrit si je ne me trompe en Latin. Si vous n'en trouvez point de relié, je vous prie d'en apporter un en blanc. Si vous avez encor une lettre de Change du Beaufrere je vous prie de prendre la dessus l'argent que vous serez obligé de deboursser pour moy; je le luy rendray aussi tost icy. Si non, il faudra que vous me fassez credit jusques a nostre entrevue. Adieu. Salut au cher frere, nous nous verrons bien tost 9). {==38==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1816. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 30 septembre 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1819. A Londres le 20 Septembre 1670. Monsieur, Ayant sceu, que vous auiez si bien recouvert vostre santé, que d'estre en estat de visiter vostre païs, i'ay voulu embrasser cete occasion d'un estudiant Polonois, qui va repasser en Hollande, que de vous tesmoigner la joye, que i'ay parmi quantité d'autres, de vostre reconvalescence, souhaitant de tout mon coeur, qu'elle s'affermisse de plus en plus pour vostre contentement propre, et pour le bien des belles sciences. Vous trouuerez cellecy accompagnee d'un present de Monsieur Wallis, asscavoir de la seconde partie de son Tractatus Geometricus de motu 1), qu'il m'a desiré de vous envoyer. Je ne doubte pas que vous n'ayez vû les Leçons Geometriques de Monsieur Barrow, dont i'envoiay à Monsieur Justel vn Exemplaire au mois de Juillet dernier 2), qu'il aura sans doubte fait voir aux personnes capables d'en juger; ou vous trouuerez quelque chose, dans la Leçon XI, qui vous touche 3). Vous aurez sceu, sans doubte, que Monsieur Hevelius a observé la nouuelle {==39==} {>>pagina-aanduiding<<} Estoile aupres du bec du Cygne, aussi bien que le Chartreux de Dyon 4); comme aussi qu'il a fait l'observation de la phase presente de Saturne, par le moyen du Telescope, que ie luy avois envoyé d'icy 5), de 50 pieds. Monsieur Hook l'a faite de mesme le 16. de ce mois (celle de Hevelius ayant esté faite le 26. Aoust) laquelle ne s'accorde pas mal auec l'autre. Je croy, que l'une et l'autre s'inprimera dans les Transactions d'Octobre 6), que ie vous envoieray, pour en Juger. A present ie vous envoie auec ledit livre de Monsieur Wallis, les Experiences Nouuelles 7) de Monsieur Boyle touchant la Respiration, dont on inprimera la suite devant la fin du mois courant. Le mesme a aussi publié, depuis peu, plusieurs petit Traités 8) joints ensemble dans vn mesme livre, touchant l'Histoire des Qualitez particulieres, les Qualitez Cosmiques (qui dependent de la Constitution de l'Univers) la temperature des Regions soubterraines et soubmarines, et le Fonds de la mer; tout en Anglois. Et vn autre de la Societé Royale, appellé Monsieur Wray, a fait inprimer le Catalogus Plantarum Angliae in quo praeter Synonyma necessaria, facultates quoque summatim traduntur, vna cum Observationibus et Experimentis Novis Medicis et Physicis. C'est tout ce [que] i'ay à vous mander de nouuelles Philosophiques de ce païs-cy: Esperant que, quand vostre santé le permettra, vous nous ferez scauoir ce qui se passe de telles matieres au païs ou vous estez astheur; ce quoy faifant vous obligerez particulierement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur H. Oldenburg. Je vous prie, quand vous me faitez l'honeur de m'escrire par la poste, d'addresser vos lettres pour moy, de cete maniere; A Monsieur Monsieur Grubendol à Londres. {==40==} {>>pagina-aanduiding<<} Rien que cela, et tout me sera rendu plus surement, que si vous vous serviez de mon nom propre. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, A la Haye. Auec vn pacquet. Par amy. No 1817. Christiaan Huygens à H. Oldenburg 15 octobre 1670. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. II. Oldenburg y répondit par le No. 1820. A la Haye ce 15 Octobre 1670. Monsieur Celle cy vous sera rendue par Monsieur Morhovius 1) et luy servira d'introduction aupres de vous, si vous l'agreez. Il est Professeur dans l'Academie de Kiel en Holstein, scavant dans les belles lettres, bon Poete et amateur de la Philosophie telle que la pratique vostre Illustre Société Royale et a ce que j'ay peu comprendre, son voiage en Angleterre n'est a autre sin que d'apprendre a connoistre des personnes qui font tant parler d'eux dans le monde. Vous avez sceu Monsieur ma maladie peu moins que mortelle, et n'aurez pas estè estonnè de n'avoir rien receu de ma part pendant un si long temps 2). J'ay creu que pour changer d'air et pour me reposer de toute sorte d'affaires, je ne pouuois mieux faire que d'aller faire quelque séjour dans le pais natal ce qui en effect m'a bien reussi et il ne s'en faut guere que je n'aye repris mes premieres forces. Je sens mesme quelque tentation d'accompagner mon Pere dans le voiage 3) qu'il va faire en vos quartiers avec Monsieur le Prince d'Orange, mais dans la saison ou nous sommes j'apprehende que la fatigue seroit trop grande pour un reconvalescent comme moy. {==41==} {>>pagina-aanduiding<<} Cependant je vous prie de ne me point laisser ignorer ce qui se fait de nouueau parmy vos Messieurs de la Societè et de m'envoier les Transactions dont les dernieres que j'ay veus sont celles ou vous avez inserè mon petit traitè des Parelies 2). Je vous en suis obligè, par ce que cela fera qu'il sera examinè par plus de personnes. Je vis devant que partir de Paris, la seconde partie du livre de Monsieur Wallis de motu, mais n'osay en aucune maniere en entreprendre la lecture, le croyant rempli des calculs tres longs et difficiles. Il vint accompagnè d'un autre traitè de geometrie d'un de vos Messieurs 3), dont j'eus bien de la peine aussi a m'abstenir mais j'avois estè trop mal traitè par ma maladie pour oser contrevenir aux defenses des medecins. Je vous baise les mains et suis de tout mon coeur Monsieur Vostre treshumble serviteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur Oldenburg, Secretaire de la Societè Royale au Pal mail A Londres. No 1818. Brunetti à Christiaan Huygens. 24 octobre 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris le 24 Octobre 1670. Monsieur Je ne sçaurois laisser passer l'occasion qui me se presente du porteur de ce billet sans vous asseurer de mes treshumbles respects et du desir tres particulier que {==42==} {>>pagina-aanduiding<<} i'auray d'executer vos commandemens quant il vous plaira m'en honnorer, ainsy que ie vous en suplie du plus profond de mon coeur. Le Gentilhomme qui vous presenterà ce billet est de nostre Ville de Florence. Jl est sorti du pays et de la Cour de Rome dans le dessein de voir le pays et de chercher quelque condition qui luy fust plus agreable que le seiour du pays d'ou il vient et ou la fortune n'a pas voulu luy estre plus favorable que le mauvais destin qui l'a fait naistre auec peu de substance. ainsy Monsieur sçachant iusqu'a quel point vous avez la bonté de m'honnorer de vos faueurs ie prens la liberté de vous suplier d'honnorer de vostre assistance, de vostre conseil, et de vostre protection le dit Gentilhomme qui est une tres honneste personne et d'un fort bon naturel. Jl sçait bien escrire, et seroit propre aupres de quelque riche Marchand, ou bien en quelque secreterie. Vous disant cepandant qu'il a servi l'espace de deux ans a Rome de Gentilhomme et de maistre d'hostel Monseigneur le Cardinal Acquaviva 1), ainsy pour avoir soin d'une maison il seroit propre aussy. Enfin ie vous suplie faire pour luy ce qu'on pourrà pour le soulager de l'estat ou il est presentement, soit en luy faisant avoir employ a la Haye ou de le recommander a quelqu'un de vos Amis d'Amsterdam; Cepandant Monsieur ie vous demande mille pardons de la liberté que ie prens auec vostre bonté, vous supliant qu'en cas vous vouliez m'honnorer de vos commandemens vous adressiez vos lettres en la rüe Dauphine a l'hostel de Bordeaux a Paris. Je suis Monsieur avec tout le respect et l'estime imaginable Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur l'Abbé Brunetti. {==43==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1819. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 31 octobre 1670. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 1). La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1816. H. Oldenburg y répondit par le No. 1820. A la Haye ce dernier Octobre 1670. Monsieur Je m'estois donné l'honneur de vous escrire 2) peu de jours auparavant que de recevoir la vostre, qui m'a esté rendue par l'Estudiant Polonois avec le excellent livre de Monsieur Wallis. Monsieur Morhovius estoit porteur de la mienne, qui m'avoit prié de lui procurer vostre connoissance. Je vous rends graces tres humbles de vostre conjouissance et bons souhaits en ce qui regarde le heureux retablissement de ma santé, a la quelle Dieu mercy, il ne manque plus gueres. La peur que j'ay de retomber, apres un avertissement aussi fort qu'a esté ce dernier, est cause, que je n'oserois encore retourner aux speculations de Geometrie et toutefois il m'a esté impossible de ne pas feuilleter ce nouveau Traité de Monsieur Wallis, ou il y a des choses d'un subtilité merveilleuse, et qui font voir la force et l'universalité de sa methode. Je ne scay comment il ose se proposer des problemes aussi difficiles et desesperez, qu'est celuy du centre de gravité de la spirale, le quel cependant, il semble avoir demeslé heureusement. Je dis qu'il me le semble, parce qu'a dire la verité, je n'entens pas encore clairement sa demonstration, et le consulterois volontiers sur quelques passages obscurs, que j'y ay trouvez, mais je le differe, jusques a ce qu'il me soit permis d'estudier avec plus d'attention; et peut estre aussi qu'alors j'y verray plus clair, et me satisferay moy mesme. Pour le livre de Monsieur Barrow je l'ay veu a Paris, et j'y ay remarqué un endroit ou il est parle de moy a l'occasion de la dimension du cercle 3), mais je n'avois garde alors d'examiner ce que c'est qu'il pretend avoir adjouté a ce que j'en ay trouvé. En partant de Paris, je ne scavois pas que Monsieur Hevelius avoit observé la nouvelle estoile du cigne, mais seulement qu'elle avoit esté decouverte par ce Chartreux de Dijon 4). Il n'y a rien de meilleur pour verifier des observations comme celle la que d'en avoir de deux endroits differents. J'observay Saturne avec ma [longue] lunette de 22 pieds peu devant que partir de France, ayant trouvé moyen de m'en servir sans sortir de ma chambre, et remarquay sa figure tres conforme a ce qu'elle devoit estre suivant mon hypothese; c'est a dire les anses fort {==44==} {>>pagina-aanduiding<<} estrecies, en sorte que leur ouverture ne paroissoit plus qu'obscurement 5). Je seray bien aise de voir dans vostre prochain Journal l'observation de Monsieur Hook et celle de Hevelius, auec la lunette de 50 pieds, de la quelle pourtant il me souvient que vous m'avez mandé 6) qu'elle n'estoit gueres bonne pour la lune, et non pas pour Saturne. Les experiences de Monsieur Boile 7) touchant la respiration sont tres belles, et je souhaite fort d'en voir la suite que vous promettez. Il me semble que cette matiere merite extresmement d'estre examinée, et que sur tout il faudroit faire des experiences pour trouver la qualité et la quantité de la partie de l'air, qui sert a la nourriture des animaux, et comment elle se communique au sang. Je n'ay pas veu les autres petits traitez de Monsieur Boile, dont vous m'apprenez les sujects; je les auray par le moyen de mon Pere, lors qu'il sera passé chez vous. Il part demain avec Monsieur le Prince d'Orange. Je croy que vous aurez veu les observations 8) de Monsieur Kercring 9) et le traité de Insectis 10) de Monsieur Swammerdam 11), qui est tout ce que j'ay icy trouvé de nouveau en matiere de Physique. {==45==} {>>pagina-aanduiding<<} J'ay esté voir dernierement a Amsterdam ce Monsieur de Swammerdam qui relevoit de maladie, mais ne laissa pas de me montrer tout ce qu'il a amassé de curieux touchant les Insectes, ou il y a des choses estonnantes, et qui n'ont jamais este sceues auparavant. Nous avons icy depuis quelques jours Monsieur de Monceaux 12) gentilhomme de condition, et mon voisin a Paris, qui a voiagé au Levant ces dernieres années, et a fait des remarques très curieuses partout il a esté, principalement en ce qui regarde les bastimens et ruines antiques, dont il a raporté une quantité incroiable de desseins, qu'il m'a fait veoir a Paris, meritant d'être publiez, et le seront un de ces jours. Maintenant ayant envie de passer en Angleterre, il m'a prié que je luy enseignasse ou il pourroit faire tenir quelques lettres de consequence qu'il attend de chez luij, pour les trouver a Londres a son arrivée, sur quoy j'ay pris la liberté Monsieur de vous indiquer, ne doutant pas que vous ne sissiez volontiers ce plaisir a une personne de son merite. de sorte que je luy ay dit, qu'il sist mettre sur le couvert des lettres qu'on luy envoiera, vostre adresse de Monsieur Grubendol, et luy ay enseigné vostre demeure, afin qu'aussitost il pust les aller prendre. Si vous avez avec cela la bonté de le faire connoistre a Monsieur Wren, je ne doute pas que vous ne fassiez plaisir a l'un et a l'autre, puis qu'ils se plaisent tous deux a l'architecture ou ce pelerin est fort scavant. Vous m'aviez fait esperer des eschantillons de verre pour des lunettes, qu'on sait chez vous 13); je vous prieray lors que Mon Pere sera arrivé 14) de luy indiquer ou il en puisse avoir. Je vous baise les mains, et suis a jamais Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Hugens de Zulichem. {==46==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1820. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 novembre 1670. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos. 1817 et 1819. Chr. Huygens y répondit le 7 novembre 1671. Monsieur J'ay bien receu la faveur de vos deux lettres, l'une du 15. Octobre par la main de Monsieur Morhovius, amateur de la philosophie Experimentelle; l'autre, du dernier Octobre, vn jour devant l'arrivee de Monsieur vostre Pere, que i'estois tres-aise de voir icy, et quantité d'autres personnes auec moy. J'ay mené ce professeur d'Holstein 1) à nostre Assemblee 2), où il racconta l'experience, qu'il auoit veuë à Amsterdam, d'une certaine maniere de rompre vn verre par la force de la voix humaine, surpassant d'une octave le ton du verre qui se doit rompre 3). On l'essayera icy à la premiere commodité, quoyque la chose nous vienne si bien attestée, qu'il n'y ait presque point de lieu de doubter de sa verité. Vous auez tres bien fait de ne vous auoir pas hazardé a voyager dans cete saison, estant si ieune convalescant, quoyque nous eussions esté ravis de vous voir, si l'estat de vostre santé l'eut permis. Et ie croy, que vos Medecins vous blameront fort de ce que vous feuilletez des traitez, comme ceux de Monsieur Wallis et Monsieur Barrow, qui demandent vne singuliere attention. le premier de ces deux personnes scavantes combat à present à Oxford auec vne sievre quarte, qui le traite rudement, a ce que ie viens d'entendre par sa lettre. Il vous salüe tres affectueusement, et dit, qu'il ne doubte pas, que vous ne vous satisfassiez vous mesme touchant son probleme du Centre de gravité de la Spirale; adjoustant avec cela, que la chose est embarassante, et demande application, et la lecture reiterée. On fait astheur imprimer icy les figures de Saturne comme elles ont apparuës a Monsieur Hevelius, et à Monsieur Hook 4); dont ie vous envoieray vne copie, quand elles seront achevees d'inprimer. Il me souvient bien, que ie vous ay dit cydevant, que nous ne pouuions rien affirmer precisement de la Lunette de 50 pieds pour Saturne, par ce que nous ne l'auions examinée sur ce planete que legerement et à la haste, et dans vn meschant tube; mais non pas, que ie sache, qu'elle n'estoit bonne que pour la Lune 5). {==47==} {>>pagina-aanduiding<<} Celle-cy viendra accompagnée de la seconde partie des Experiences de Monsieur Boyle touchant la Respiration 6), qui ne vous desplairont pas, ie croy. Je pense, que Monsieur vostre Pere aura soin de vous envoyer ses autres petits traitez, dont ie fis mention dans ma precedente 7), comme aussi de quelques echantillons de verre pour des lunettes, qu'on fait icy à Lambeth auec approbation. j'ay desia receu deux assez gros pacquets de lettres, pour Monsieur de Monceaux 8), mais non pas auec l'addresse de Monsieur Grubendol, comme vous la luy auiezdonnée, et comme ie l'eusse souhaitée, mais auec celle de mon nom. Je ne manqueray pas de le servir icy à mon possible, et particulierement de le faire conoistre a Monsieur Wren, qui sera bien aise de l'entretenir sur le sujet de l'Architecture de la Perse etc. Je ne scay pas, Monsieur, si vous conoissez vn certain Docteur Leibnitzius 9) à Mayence, qui est conseiller de cet Electeur, mais auec cela se mesle fort de la philosophie, principalement des speculations de la nature et des proprietez du mouuement. Il pretend d'auoir trouué les principes mesmes des regles du mouuement, que les autres dit il, n'ont données que simplement, sans demonstrations a priori. Doubtant fort, si vous auez rien vû de luy sur ce sujet, ie vous feray part de ce qu'il m'a depuis peu envoyé dans vne lettre sur cete matiere ce que ie vous donneray dans ses propres paroles 10); Je ne doubte nullement, Monsieur, que ie ne vous aye lassé aussi bien que moy mesme. Cependant, puisque le sujet est important a toute la physique, et mesme l'autheur semble auoir examiné tout ce qu'on a publié la dessus, i'ay crû, que vous seriez bien aise de voir ses meditations, vû principalement qu'elles divertissent l'esprit plustost que de le gener. Si vostre santé vous le permet de communiquer vos pensees sur le tout, ce pourra estre vne occasion d'esclaircir la matiere d'avantage. Mais ie ne presse rien; ie vous assure seulement, que ie suis du meilleur de mon coeur Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur H. Oldenburg. A Londres le 8 de Novembre 1670. {==48==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1821. C.W. Leibnitz à H. Oldenburg. Appendice au No. 1820. novembre 1670. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Meditationes meas de primis abstractisque motus rationibus conceperam superiori anno, cum Clarissimus Mauritius, JCtus Kileniensis ostendisset mihi in transactionibus vestris Ingeniosissimorum Virorum Hugenii Wrennique 1) cogitata de rationibus motuum. Ea cum primum vidi, dixi mihi ea phaenomena vera videri, sed primas abstractasque motuum rationes longé alias necessario esse; phaenomena autem haec sane admiratione digna, (si modo accuratâ experientiâ comprobata fuerint) oriri ex statu Mundi; in Vacuo autem aut medio quiescente omnia longé alia esse, prorsus ut gravitas, motusque in gravibus acceleratio, non innata corporum vi, sed externis insensibilibusque causis contingunt. Mox igitur sumpto calamo, et scribendi impetu simul, coepi exarare quae dudum ea de re conceperam; quorum summa huc redit. Longé alias esse motus veras regulas quàm apparent; plaeraque enim moveri insensibiliter, quae quiescere videntur; plaeraque quae videntur unum corpus, non esse nisi congeriem plurium; sensus nostros nunquam mendaces, plaerumque tamen dissimulatores esse. Corporis veré quiscentis nullam resistentiam ac reactionem esse posse; imo, nullam massam, quantumcunque magnam, plané quiescentem, esse reverâ unum Ens unumve Corpus, sed constitutum in statu, ut sic dicam, materiae primae, levissimo cujuscunque rei impulsu disjeci posse. Non esse consentaneum primis motuum regulis, ut absolute Anguli incidentiae et Reflexionis sint aequales; alias longé ejus rei causas subesse: multa alia id genus theorematum in phaenomenum potius numero habenda, quorum de principiis causisque ita apparendi inquirendum sit, tantum abest ut ipsa sint pro principiis agnoscenda. Sed ut ad rem propius accedam; In ratione eorum quae apparent, ex liquidissimis notionibus Corporis, magnitudine, figura, et mobilitate, reddenda, nihil me torsit magis quam partium in toto, aut plurium totorum inter se cohaesio, cujus species sunt durities, mollities, tenacitas, slexilitas, fragilitas, friabilitas pluraque aliae tactus qualitates, quas vulgò secundas vocant. Agnoscebam facilé, necessaria esse aliquam in rebus cohaesionem ad oeconomiam rerum; sed vnde ea sieret, exputare mecum non poteram. Plaerique Philosophi tanti momenti rem ne tetigerunt quidem. ipse Cartesius cum varia corpuscula et ex eorum collisu ramenta facta supponit, non reddit rationem, cur ista corpuscula consistant nec ad quem- {==49==} {>>pagina-aanduiding<<} libet impulsum divellant. Nec densitas ad rationem resistentiae reddendam sufficit. Cum enim densitas vulgo desiniatur multum materiae in parvo spatio; quiescentis autem nulla sit actio (omnis enim actio corporis est motus) quid poterit summa densitas massae quiescentis ad perforationem impediendam. Gassendus videtur vidisse difficultatem, igitur, ut atomos suas connecteret, hamos atque vncos commentus est; sed ubi jam ipsarum atomarum, ipsorum hamorum consistentia et durities explicanda est, confugiendum est ipsi ad voluntatem Creatoris: perpetuo igitur ad continendas atomos miraculo opus esset. Cartesius qui nihil insecabile admittit, sed gradus quosdam duritiei ac tenacitatis in rebus statuit, causam tamen, quod Ego sciam, reddit nullam. Hobbius consistentiam seu cohaesionem in rebus velut quiddam ἄῤῥητον assumpsit. Unde statuit, fluidum durumque aeque esse homogenea atque ipsum Vacuum; et alibi definit durum, (ac recte quidem) quod sit corpus, cujus pars moveri non potest sensibiliter nisi moto toto, et addit, ex molli fieri durum tali partium subtili motu, ut partes simul omnes impingenti resistant. At qualis sit ille motus, neque ipse, neque quisquam alius hactenus explicuit. Nil attinet recensere, quae Ego hujus rei explicandae causa sim commentus: ad extremum visus mihi sum in rationem quandam facilem et universalem incidisse. Nempe recte Contigua definiuntur, quorum termini sunt simul et continua, quorum termini sunt unum. Quarum igitur termini unum sunt, ea connexa ac sibi cohaerentia sunt, quamdiu perdurat terminorum unitas. Sed quomodo effici potest, ut duorum corporum termini sint unum; et quomodo rursus ex uno eoque indivisibili (termini enim rerum indivisibiles sunt) possunt fieri duo, ad res tum connectendas tum dissolvendas. Haec pendent ex subtilissima contemplatione de natura Puncti seu Indivisibilium, ex qua plaeraque ut sic dicam, miracula in rebus naturalibus oriuntur. Statuo igitur: Quaecunque ita moventur, ut unum in alterius locum subire conetur, ea, durante conatu, inter se cohaerent. Conatus enim, ut recté observat Hobbius, est initium motus, seu id in motu, quod in linea punctum. Si igitur unum conatur intrare in locum alterius, alterumque (ne detur penetratio dimensionum) ex eo expellere, sequitur, ut primo momento temporis jam sit in primo puncto loci, quem intrat, extremo puncto suo ingressu: Sed eodem primo momento alterum, quod expellendum, nondum est egressum: duo igitur puncta seu extremitates corporis expellentis et impulsi se penetrant (datur enim punctorum, non corporum, penetratio) et proinde unum sunt. Admirabilis profecto est natura punctorum; quanquam enim punctum non sit divisibile in partes positas extra partes, est tamen divisibile in partes antea non positas extra partes, seu in partes antea se penetrantes. Angulus enim nil aliud est, quam puncti sectio: Et doctrina de Angulis non est alia, quam doctrina de quantitatibus Puncti. Sed ut in viam redeam: Si quod totum ita moveatur, ut pars vna alteram expellat loco suo, et in eum subeat, eo ipso cohaerebunt eae partes, non absoluté quidem, sed dum ingruat fortior motus. Finge, columnam moveri lineâ rectâ in longitudinem, co- {==50==} {>>pagina-aanduiding<<} haerebunt sibi partes ejus in longitudinem; sed neque in latitudinem neque in profunditatem. Unde si quid ingruat vel occurrat fortiore motu, secundum longitudinem, id secare poterit columnam secundum longitudinem in duas partes, et abripere secum quam tangit, reliquam praetervehi sinet. At si quid ingruat in latitudinem vel profunditatem, id si debiliore motu ingruit, simul abripietur, motu tamen totius eminuto; seu aequali, faciet cessare connexionem columnae et utrumque quiescet reductum in arenam siue calcem (cum corpora quiescentia nihil aliud sint quam mera puncta sine unione, sine lineis, sine superficiebus, nisi spatii cui nisunt;) si fortiore, non avellet partem columnae quam quiescenti abstulisset, differentiâ celeritatum, sed auferet totum; unde reliquum columnae non perget (ut prius, cum in longitudinem divideretur) sed sequetur. Obscuriuscula haec sunt, nec nisi figuris illustrabilia, certa tamen, et si quis rem attenté expendat, necessaria. Nec possibilis est alia ratio solida connexionis in rebus, nisi Entibus Incorporalibus evocatis, perpetuoque extra ordinem concursu alligatis. Caeterum ex his, primo adspectu parvis, multa et magna deduci queunt. Primo enim, demonstrare possum, dari aliquod spatium, vacuum corporibus: deinde, dari tempus, vacuum motibus, seu, impossibile esse ut omnia sint plena; impossibile item, ut datus aliquis motus rectus sit semper generatus ab alio motu in omnem retro aeternitatem; nec posse mundum, ut nunc est, Entibus incorporalibus carere aut caruisse. quae una propositio, concessa etiam possibilitate processûs in infinitum (cujus impugnatione potissimum pugnari vulgo pro Deo solet) à me, ut spero, demonstrata, nulli Euclideae, certitudine, cedet; et, ubi primum se detexit, majori me gaudio imbuit, quam si Quadraturam Circuli aut Perennem motum invenissem. Conabor aliquando distincte omnia explicare 2). Interim, ut hypotheseos meae gustum aliquem nunc habeas, paucis hac vice dicam, Eam in Circulatione Aetheris cum Luce seu sole circa Terram, Circulationi Terrae contraria, consistere; ex qua Gravitatem, Elaterem, Magnetis verticitatem; et ex his, omnes rerum, quas vocant, antipathias et sympathias, solutiones et praecipitationes, fermentationes, et reactiones derivo, usque adeo ut credam, admirandos omnes et extraordinarios naturae effectus huic Aetheris motui deberi; nec jam amplius stupendum esse musculorum, arcûs, pulveris pyrii, venenorum vim; cum non particularis rei, quam nos Agentem credimus, virtute, sed ipsius systematis laborantis nisu, actiones tam vehementes exerceantur. Hactenus Leibnitzius. {==51==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1822. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. [décembre 1670]. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1819. Chr. Huygens y répondit le 7 novembre 1671. Monsieur Le porteur de celle-cy me donne la commodité de vous faire mes baisemains et de vous prier d'accepter des papiers annexes, où vous trouuerez quelques observations des Anses de Saturne 1), qui vous donneront occasion de faire reflexion sur vostre systeme de ce planete. J'esperois de vous envoyer par le mesme, quelques nouueaux traités de Monsieur Boyle, touchant la merveilleuse rarefaction de l'Air, mesme sans chaleur, comme aussi touchant la duration de sa force elastique etc. 2). Mais l'inprimeur ayant tardé plus long temps que ie ne croyois, ie pourray vous faire tenir cela par les mains de Monsieur vostre pere, auec quelque bonne piece de verre pour vn telescope. Dans les Transactions de ce mois 3) on fera inprimer l'observation de Monsieur Hevel de Transitu Lunae super Venerem l'11me d'Octobre 1670, ce qui a esté observé aussi par vn Astronome Anglois, qui sera prié de nous la donner pareillement pour le faire inprimer le mois apres 4). C'est tout ce que i'ay à vous dire à present, sinon que Monsieur Boyle et Monsieur Moray vous saluent tres affectueusement, et que ie suis Monsieur Vostre treshumble & tresobeissant Seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem à la Haye. {==52==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1823. Christiaan Huygens à J. de Witt. 1670. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens. De motu corporum reflexoa⁾ sive de Percussione. Hypotheses. 1. Si corpora duo aequalia ac perfectè dura aequali velocitate lata sibi mutuo directè occurrant utrumque eadem qua advenit celeritate in contrariam partem reflecti. 2. Si corpus majus occurrat minori quiescenti aliquam ei celeritatem dare eoque de sua celeritate aliquid amittere. 3. Motum omnem et quietem corporum relatione quadam ad alia corpora considerari quae tanquam quiescentia spectantur, etsi forte alii motui communi et haec et illae obnoxia sint. Ideoque si quis navi vectus in ea globulos duos in se mutuo impellat eorum celeritates post occursum eodem modo se habituras partium navis respectu ac si stante navi, ijdem motus contigissent. Haec enim cum ex ipsa motus natura sequuntur, tum vero et experientia comprobantur siquidem nullis corporum motibus intra navem factis cognosci potest utrum quiescat navis an motu aequabili progrediatur. Nec magis ex motibus supra Terra contingentibus colligere licet utrum immobilis sit an moveatur diurno annuoque motu ut multis probat Galileus in dialogis de mundi Systemate. Propositio I. Si corpus durum occurrat corpori sibi aequali quiescenti omnem quam habebat celeritatem in hoc transferet ipsumque a contactu immotum manebit. Intelligatur quispiam navigio vectus secundum ripam fluminis sustinere manibus suis E, F 1), corpora aequalia filis suspensa A et B. Adductisque aequaliter manibus efficere ut corpora moveantur versus se mutuo motu aequabili, A quidem celeritate AK, B vero celeritate BK, nimirum partium navis respectu, atque ita sibi occurrant in K puncto. Ipsa vero navis feratur interea celeritate KB dextram versus. Patet itaque globulum B quem in navi moveri fecimus celeritate BK sinistrorsum plane immobilem mansisse respectu ripae aut hominis in ripa consistentis quum navis pergat pari celeritate in partem dextram. Globulum vero A, qui in navi movebatur celeritate AK dextrorsum, jam duplo celerius, hoc est tota {==53==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} celeritate AB dextram versus moveri, ejusdem hominis, ripae consistentis, respectu. Qui proinde si manibus suis G et H prehendisse ponatur manus socii navigantis E F quas admodum diximus motas simulque capita filorum quibus pendent globuli A, B, apparet ejus manum H immotam stetisse, G vero versus illam accessisse ac proinde globum B ab A eodem modo impelli debere ac si ipsum B immotum mansisset eique impegisset A celeritate AB. Atqui respectu navigantis, cum globuli A et B aequali uterque celeritate sibi occurrant necessario post occursum aequalibus rursum celeritatibus recedent ejusdem navigantis et partium navis respectub⁾, nempe globulus B celeritate KB dextram versus et A celeritate KA sinistrorsum. Sed et navis ipsa dextrorsum fertur celeritate KB. Itaque globus B respectu ripae hominisque in ea stantis dextrorsum movetur post occursum celeritate ipsius KB dupla, seu celeritate AB. Globus vero A motus omnis expers manet eodem respectu siquidem in navi eandem celeritatem habet sinistrorsum qua navis procedit in partem dextram. Itaque ostendimus in ripa stanti globulumque A in quiescentem B adigenti celeritate AB omnem hanc transferri in ipsum B simulque A ad quietem redigi, quod erat propositum. a) Dedi horum apographum Do. de Witt. 1670 [Huygens]. b) Hypothesis 3. [Huygens]. {==54==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1824. Christiaan Huygens à [du Hamel?]. 4 février 1671. La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A la Haye ce 4 Fevrier 1671. Monsieur Je vous rends graces tres humbles des observations que vous m'avez fait avoir 1) de nos voiageurs 2). Il est vray qu'elles ne respondent nullement a ce que j'en avois attendu, mais elles ne me font point desesperer pour cela de l'utilitè des Pendules sur mer, puisque le mauvais succes de cette fois, a ce que je puis juger, procede plus de la nonchalance des observateurs que du deffaut des Horologes. Je ne scaurois croire si non que l'agitation de la mer ait abbatu Monsieur Richer peu accoustumé a cette fatigue, ou bien que l'air marin fasse generalement quelque mauvaise impression sur l'esprit des gens, car sans cela je ne puis concevoir pourquoy il a si mal a propos, et sans raison, abandonnè l'essay pour lequel il estoit envoyè. Il scavoit premierement, ou devoit scavoir, qu'en adjoutant un peu de plomb aux contrepoids durant la tempeste, cela pouvoit empescher les horologes de s'arrester, en donnant aux pendules des vibrations un peu plus amples. Mais ne l'ayant pas fait, ne devoit il pas, lors que l'une des deux s'arrestoit, avoir soin de la remettre en mouvement et l'accorder sur l'autre au lieu d'attendre, comme il a fait, 10 ou 12 heures apres, que cellecy s'arrestast aussi? L'on a 2 horologes pour eviter cet inconvenient; parce que ne pouvant guere arriver qu'elles s'arrestent toutes deux en mesme temps, il est aisè de faire en sorte qu'il y en reste tousjours une en mouvement. Et l'on peut bien prendre cette peine pendant que dure la grande emotion de la mer, car en d'autres temps on a assez eu d'experiences que les horologes ne s'arrestent point, ayant mesme resistè plus d'une fois aux plus grandes tempestes. Mais supposè que dans ces mouvements extraordinaires il n'y eust pas moien de les empescher de s'arrester ni l'une ni l'autre, encore ne faloit il pas pour cela abandonner les observations qui se pouvoient faire dans la suite du voiage et au retour; et il y a un article exprès dans les instructions que j'ay donnees, ou j'ay montrè 3) comment on se peut servir utilement des horologes, mesme apres que par quelque hazard elles ont discontinuè toutes d'aller. Mais je vois que, bien loin d'y avoir egard, on les a si entierement negligees, apres le deuxieme accident arrivè qu'on les a laissè se gaster et ruiner, faute de mettre un peu d'huile aux genoux qui les tiennent attachées. Car Monsieur Richer {==55==} {>>pagina-aanduiding<<} m'escrit lui mesme 4) que ça estè la cause de ce que les boules sont sorties de leurs boëtes, et les horologes, comme je me l'imagine, tombees à terre, ce qu'en tout cas il falloit prevenir en les ostant d'ou elles estoient suspendues. Enfin Monsieur je vois qu'on s'est fort peu appliquè a bien faire reussir cette experience, et qu'il n'est pas tant necessaire de chercher du remede a mieux faire aller les pendules, qu'a envoier avec elles des personnes qui en ayent meilleur soin. Je voudrois bien scavoir comment Monsieur Richer a contentè Messieurs de nostre Assemblée en faisant son raport, et ce qu'il peut avoir respondu si d'avanture on luy a fait des objections semblables a celles que je viens de mettre. Lesquelles je vous prie de lui communiquer, parce que n'ayant que les mesmes choses à lui mander, j'ayme mieux ne lui point escrire que de l'ennuier et moy mesme aussi en les repetant encore une fois. J'apprehende que vous ne l'ayez desia estè par cette longue lettre. No 1825. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 7 avril 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit le 7 novembre 1671. A londres le 28 Mars 1671. Monsieur, Il n'y a que peu de iours, que ie baillay à vn certain Monsieur Kempe 1), de Koningsberg, vn petit pacquet pour vous, ou il y auoit le Nomb. 67. des Transactions 2). Dans ma lettre, qui l'accompagnoit 3), ie vous promis de vous envoyer, par vne autre commodité, vn petit discours de Monsieur Boyle touchant l'admirable Rarefaction de l'Air 4); de la quelle promesse ie m'acquitte presentement, auec les baisemains de son Autheur. La personne, qui vous porte cecy, est de Bremen, dont le principal estude est le Droit civil, mais qui auec cela aime fort la moderne maniere de philosopher, quoy qu'il n'y ait fait que des petits commencements. Il a passe son hyver icy, apprenant l'Anglois, et s'informant de l'Estat du pais, et faisant estat de passer de la Hollande (où il auoit estudié au Droit l'espace de 3. ou 4. ans) en France, pour s'y rendre maistre de cete langue là, et pour voir le beau monde. C'est vn tres honeste homme et de grande industrie, fidelle au dernier point en des choses, dont on le charge. S'il vous peut servir dans son {==56==} {>>pagina-aanduiding<<} chemin, ou à Paris, vous n'auez qu'à le luy commander franchement; il s'en acquitera, au possible, à vostre satisfaction. Au reste; il faut que ie vous fasse scauoir, que i'ay receu depuis peu de Mayence la moitié d'vn petit traité, fait par Monsieur Leibnitz, Conseiller de cet Electeur là, qui porte le titre; ‘Hypothesis Physica Nova; quâ Phaenomenûm Naturae plaerorumque Causae ab vnico quodam Universali motu, in Globo nostro supposito, neque Tychonicis neque Copernicanis aspernando, repetuntur 5).’ Il a dedié ce discours à la Societe Royale, qui le fera examiner par quelques vns de ses membres 6). Il ne semble pas vn Esprit du commun, mais qui ait esplusché ce que les grands hommes, anciens et modernes ont commenté sur la Nature, et trouvant bien de difficultez qui restent, travaillé d'y satisfaire. Je ne vous scaurois pas dire comment il y ait reussi; i'oseray pourtant affirmer, que ses pensees meritent d'estre considerées. Entre autres choses il fait des Reflexions sur les Regles du mouuement, comme elles ont esté posées par vous et Monsieur Wren; dont ie vous donneray cet eschantillon; Supersunt nonnulla etiam in motibus vulgaribus phaenomena, primâ specie contemnenda, at solutu difficilia, si acutius introspicias. E.g. Cur Dura duris impacta resiliant; cur quaedam Flexa se tantâ vi restituant; cur, si Ingeniosissimorum virorum Hugenij Wrennique Experimenta vniversalia sunt, corpus impactum quiescenti, quasi permutatione factâ, ipsum in ejus loco consistat, motum verò suum in alterum transferat: Talia enim, et multa alia id genus, abstractis motuum rationibus (nisi Globi nostri Oeconomia accedit) consentanea non sunt. Et dans vne autre place: Hugenii Wrennique Phaenomena, si comperta sunt, causam eorum ex Hypothesi mea reddere, difficile non est. Car il semble de juger que ny vous ny Monsieur Wren ayez assigné les causes de ces Phaenomenes, que vous auez considerez en establissant vos regles. C'est à vous astheur, d'en juger, et de bien examiner les meditations de ce nouveau Philosophe. Il vous sera facile d'en faire venir de Mayence, si vostre santé le permet de vous appliquer à ces estudes là, dont ie souhaite fort l'entier accomplissement, comme Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur H. Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem á la Haye. {==57==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1826. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 14 avril 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. d'Arnhem ce 14 Avril 1671. Voicy ma responce a Monsieur Perraut 1) que j'espere qu'elle arrivera assez tost pour estre portée a la poste. Je le croiois parti de Paris il y a longtemps supposé qu'il se fust resolu au voiage, mais je ne suis pas marry maintenant de ce retardement puis que ma commission 2) me retient plus long temps que je n'avois fait estat. Je pars d'icy demain et seray a la Haye dans 2 ou 3 jours, parce qu'il ne nous reste qu'a visiter le Rhin en descendant. Je vous conjure cependant de ne vous en aller point a Zulichem, tant que je ne sois de retour parce que peut estre ce bon Monsieur Perraut arriveroit sans trouver ni l'un ni l'autre de nous deux, ce qui seroit chose fort honteuse. Je suis bien aise que la fievre du frere de Zeelhem n'ait point eu d'autre suite. Adieu je ne respons pas aux autres points de vostre lettre, parce que nous nous verrons dans peu. Si Monsieur Perraut arrivoit pendant mon absence, vous pourrez le loger dans ma chambre comme vous dites, mais s'il n'y a pas encore d'apparence qu'il Signor Padre revienne bientost 3) il seroit mieux de luy donner son appartement. Myn Heer Myn Heer L. Huygens, ten huijse van de Heer van Zuijlichem In 's Graven Hage. cito cito. {==58==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1827. J. Hudde à Christiaan Huygens. 21 avril 1671. La lettre se trouve à Leiden, Epistolae Huddenii. Amsterdam 21 April 1671. Mijn Heer Noch verwagt ik 't resterende van de lantmeeter Geelkerke 1), als mede 't beloofde van de Secretaris Nieuwstat 2). ik zouw uEd. in bedenking geven oft niet goet zou zijn dat Vincentius eens te paart op 't spoedigste derwaarts ging om het een en 't ander te halen, dewijl 't anders misschien te lang verwagt zal worden. Hier op zal ik uEds. oordeel verwagten. Dit nevensgaande is een copy van 't caartje van IJseloort: ik heb zo weynig tijt gehat en 't zo onlanx gekregen, dat ik de peijlinge daar niet bij heb konnen teijkenen. maar dewijl uEd. daarvan ook perfecte notitie gehouden heeft, zo heb ik 't te minder noodig geoordeelt. Jk ben bezig aangaande 't beleggen van de bewuste attestatien, en zal voorts maken, zoveel 't mij mogelijk is, dat alles wat ik heb aangenomen, op 't spoedigste klaer is. Eindigend, zal ik blijven Mijn Heer UEds. dienstw. Dienaar J. Hudde. No 1828. J. Hudde à Christiaan Huygens. 22 mai 1671. La lettre se trouve à Leiden, Epistolae Huddenii. Mijn Heer 'K heb ter regter tijd de Copyen van 't verbaal 1) en 't advijs 2) nevens uEds. aangenaamen, en 11 ducatons met nog twe copijen van Caartjens, ontfangen. {==59==} {>>pagina-aanduiding<<} Vergeeft me dat ik niet eerder heb geantwoort. 'k ben een poos van huijs en zonderling belet, en nu eenige daagen gantsch niet wel maar bij nagt en dag van koortsen gequelt geweest. Voor eerst dan heb ik uEZg.L te bedanken voor de aangenoomen moeijte, als mede voor 't copiëren van die 2 Caartjens, 't geen ik uEd. niet gevergt zou hebben, maar was mijn meening en versoek het door een ander te willen laten doen. Ik ben beschaamt dat uEd. zo veel moeijte voor mij doet, en niet min verlegen met die 10 gesondene ducatons; inderdaad ten behoort zo niet, zal uEd. de moeijte op zig hebben geladen en de schade noch voor zijn rekening nemen, ik beken zo ik hier in toestond dat ik mij zelfs van geen onredelijkheid zou konnen verschoonen en derhalven verzoek ik zeer vriendelijk (want tusschen ons God lof en komt 'et immers op 10 Ducatons niet aan) dat uEd. mij van mijn resterende portie als die ontfangen zal mogen zijn, zoveel minder gelieve te zenden. Uw antwoord aan den Raatpensionaris bevalt mij wonderlijk wel 3): maar wie hem daar van iets gezeijt mag hebben, weet ik niet. 't naast dat ik gissen kan, zo moet hij 't hebben uijt de mond van d'Heer van Beuningen met wien ik, lang voor onse reijs, gelijk ik uEd. ook geseijt heb, aangaande het bedammen van de IJsel eens gesproken heb, om te weten of die aangelegen provincie dat buijten kennisse van d'andere wel zouden konnen en vermogen te doen. Ik heb aan de Secretaris Nieustat Copij van 't verbaal gezonden zonder de Caarten, maar heb nog geen antwoord. of ik hem van 't abuys van de opgegeven maat onderregt heb, weet ik niet wel. 't eerst dat ik weder occasie vind om aan hem te schrijven of bij hem te wezen, hoop ik hem daar van te onderregten. Eindigende zal ik blijven Mijn Heer UEds. dienstwilligen dienaar J. Hudde. met zeer grooten haast den 22 may 1671. Amst. ik vind uijt het leven van verscheijde menschen op wiens lijf alhier te Amsterdam lijfrenten zijn verkoft inde jaren 1687 4), 88, 89 &c. een geheel andere ordre als die Engelsman 5) ons heeft opgegeven. Wanneer ik volkomen klaar zal zijn, zal ze uEd. communiceren. Wenschte ook wel te weten wat nieuwe concepten de Raatpensionaris dienaangaande 6) hadde, zo ze communicabel zijn. Mijn Heer Mijn Heer Christiaan Huygens van Zuilichem pt. in 's Gravenhage. {==60==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1829. Christiaan Huygens et J. Hudde aux Etats Généraux des Provinces Unies. mai 1671. La pièce se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. Elle a été imprimée dans les Resolutien 1). Verbael gemaeckt by Johan Hudde, ende Christiaen Huygens van Zuilichem, Gecommitteerden van de Hoogh Mog. Heeren Staten Generael der Vereenigde Nederlanden, op de inspectie van de Neder-Rhijn en IJssel. Achtervolgende haer Hoogh Mog. Resolutie Commissoriael van date den achthienden Martii laetstleden, reflectif op die van den seventhienden December {==61==} {>>pagina-aanduiding<<} des voorleden Jaers, bij welcke wy versocht werden, de moeyte te willen nemen, om ons met de eerste gelegentheyt, te vervoegen ter bequaemster plaetsen, ende aldaer te nemen soodanige kennisse als wy souden van nooden hebben, om haer Hoogh Mog. nopende 't verdiepen van de Rivieren de Neder-Rhijn en IJssel, met den gevolge ende aenkleven van dien, te konnen dienen van onse nadere consideratien en advis. Soo hebben wy ons reysvaerdich gemaeckt op den seven-en-twintichsten Maert, ons oordeels de eerste bequame tijdt die wy met vrucht konden besteden, gemerckt de Kribben in gemelte Rivieren sich doen eerst begonden te ontdecken; Ende is dien-volgende op dien selven dagh de Heer Huygens vertrocken uyt den Haege op Amstelredam, van waer wy des anderen daeghs gesaementlijck over Utrecht onse reyse op Aernem namen, daer wy den negen-en-twintighsten 's avonts aenquamen, ende aldaer tot ons hebbende geassumeert den Landmeeter Geelkercke, en sijn Soon, om ons in de te doene peylingen en meetingen te assisteren, vertrocken wy weder op den een-en-dertighsten (hebbende de voorgaende dagh op de wederkomste van gemelte Landtmeter, die tot Zutphen was, genootsaeckt geweest te moeten wachten) ende nemende onsen wegh over Emmericq, dewijl die op Schenkenschans noch niet wel te gebruycken was, sijn wy op den eersten April op de middagh aen gemelte Schans aenghekomen, ende aldaer verbleven tot den sevenden dito, in welcken tijdt wy de volgende observatien, metingen, ende peylingen in onse tegenwoordigheyt hebben doen doen, ofte selfs gedaen hebben, zijnde, geduyrende die ses dagen de supersicie van 't Rijn-water 27 voeten 8 duym (twee duym alleen minder of meerder) onder de bovenkant van de Lijst boven het Wapen van sijn Hoogheyt de Prince van Orange, staende aen de Water-poort tot Schenkeschans, ende volghens rapporten ende eygen ondervindingh, zijnde op de grootste ondieptens in den Neder-Rhijn noch 3½ voet, en in den IJssel 3 voeten Waters, alles gelijck ook het volgende, gereeckent nae Rhijn-landsche maet. Voor eerst dan ondersochten en bevonden wy dat de superficie van 't Rhijn-water aen de Boterdijck omtrent de Tolkamer 2 duym hooger was, als de superficie van de Wael, ende verstonden alhier uyt verscheyde Persoonen, dat by het hooghste Water van voorleden Winter de superficies van den Neder-Rhijn aldaer aen de Tolkamer ontrent een span lengte hooger geweest was als die van de Wael; Ende uyt den mont van den Commandeur van Schenkenschans, als mede noch andere, dat dit verschil dicht aen de Schans, namentlijck inde Grachten, daer het Rhijn-water invloeyde, niet veel minder was geweest als een gantsche voet, seggende dit selfs alsoo te hebben gesien ende bevonden; Wy peylden aldaer oock op ontrent twee roeden van 't Landt de diepte van de Wael ende Rhijn, beginnende daer de Boterdijck op zijn smalst is, ende eyndigende wat beneden de Tolkamer, makende een lenghte van omtrent 100 roeden, en bevonden in de Wael 3½, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 11½, 11, 13, 8, 7, 6, 6, 7, 8, 9, 10, 9, 8, 10, 10½; Ende daartegens over in de Neder-Rhijn 7½, 7½, 8, 8, 9, 9, 9, 9, 9, 9½, 9, 8, 8, 9, 11, 12, 11, 8, 9, 7, 11, {==62==} {>>pagina-aanduiding<<} 11, 8, 8, 7. voeten Waters: bevonden oock aldaer in de breedte van de Rivier 9, 8, 7, 6, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. voet Waters, alles als op de nevensgaende groote Paskaerte 2) bij de Letters F.E. noch distincter gesien kan worden. Daer naer ondersochten wy 't verschil van de superficies van den Boven-Rhijn 175 roeden onder de Luysbos, ende die van den Neder-Rhijn bij 't Sluysken, ende bevonden met moy ende stil weer, dat aldaer de superficies van den Boven-Rhijn 2 voet en 9 duym hooger was als die van den Neder-Rhijn, dat dese twee plaetsen in de rechte linie 559 roeden, ende door 't midden van de Rivieren metende, ontrent van den anderen laegen 1500 roeden: ende dat derhalven aldaer op 1500 roeden doen ter tijdt 2 voet en 9 duym vervals was; Voorts sagen wy, dat daer de Luysbos gestaen heeft, door 't hooge Water van den voorleden Winter een groot gat ingebroocken was, langh 90 roeden, en breet ontrent voor in de Mondt 45, en binnenwaerts 22 roeden, diep ontrent voor in de Mondt 7 binnenwaerts 11, 12, en 13, voeten. Dat den Dijck niet alleen hier, maer oock wederzijdts nevens het gat op veel plaetsen wegh-gespoelt was: dat het Landt wel 150 roeden seer deerlijck, en soo gelooft wiert irreparabel met Sant overstort was; Bevonden oock door metinge, dat alhier de hooghte van de Gront boven de superficies van de Neder-Rhijn by 't Sluysken was ontrent 10½ voeten, tusschen de letters C. en B. en ontrent 11½ voet tusschen de letters D. en B. op de geseyde Pas-kaerte. Voorts dat het Water in de leeghte, beginnende van B. en eyndigende in A, hooger was als de superficies van 't Neder-Rhijn Water, bij A. 5 voeten 4 duym, 3 voeten 6 duym en 3 voeten: namentlijck ter plaetse als de selve getallen op de gemelte Kaerte geteeckent staen. Dat dit ingebroocken gat op 't dichste noch afgelegen was van de gemelte leeghte 117 roeden, zijnde de lenghte tusschen D. en B. Ende de gantsche leeghte tot in den Neder-Rhijn toe, namentlijck van B. tot A. langh was 398 roeden; Dat vorders in den Rhijn by d'uytwateringh van 't Sluysken op twee roeden van 't Landt nae boven was 7 en 8, en na onderen 8 voeten Waters, op een veel grooter lenghte als den Rhijn daer breet was. Dat van daer recht nae overen was tot op de helft van de Rivier 8 a 7 voeten, en dan voorts 6, 5, 4, 3, en 2. voeten Waters. Dat de Boven-Rhijn ontrent dit gemelte gat op 2 roeden van 't Landt had 17, 18, 19, en 20. voet Waters. Daer na maten wy de wijtte van den Boven-Rhijn, ontrent 120 roeden, beneden 't voorschreve ingebroocken gat beginnende, ende winckelhakigh op de Wal, ende bevonden de selve aldaer tot op het Middel-sant wijt 95 roeden, ende diep 20, 18, 19, 20, 18, 20, 18, 20, 18, 16, 16, 16, 14, 13, 9, 8, 8, 7, 7, 3½, voeten. Voeren oock tusschen de vervallen Staten Kribbe op Salm-oort ende 't Middelsant deur, maer vonden daer seer weynigh Waters, namentlijck 3, 2½, 2, en minder voeten, sulcks dat wel haest dese deurtocht staet geheel te verlanden. {==63==} {>>pagina-aanduiding<<} Van gelijcken peylden wy de wijtte van de Mondt van de Wael, omtrent rechthoekigh van 't nieuwe Schep-hooft na overen, ende bevonden aldaer 24, 30, 26, 22, 22, 22, 22, 20, 18, 18, 18, 16, 16, 12, 11, 11, 11, 8, 7, 6, 5, 4, 3. voeten Waters. Insgelijcks maten wy de kortste distantie tusschen 't oude Schep-hooft ende d'over-zijde, bevindende de selve wijt 73½ roeden, ende diep 17, 13, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26, 20, 12, 4. voeten. Peylden ook van 't gemelte ingebroocken gat by de Luysbos, tot aen de Mont van 't nieuwe Canael langhs 't af-breeckende Schoor, ende bevonden omtrent 3 roeden van de Wal, 17, 20, 18, 20, 18, 20, 14, 12, 16, 20, 16, 18, 9, 10, 12, 14, 16, 18, 16, 20, 17, 19, 18, 18, 20, 20, 18, 16, 16, 15, 14, 14. voeten waters. Maten oock de minste breette van de Mont van 't nieuwe Canael, beginnende van 't uytterste en naeste punt van't Hooft, ende bevonden deselve 43½ roede, ende by de Veerhut vonden wy 't selve Canael wijt 31 roeden, gelijck dit oock omtrent de eenparige wijtte van 't geseyde Canael is, maer de Mont van 't oude Canael daerse op 't naeuwste was, vonden wij niet wijder als ontrent 4½ roeden. Vorders aengaende de peylingen van 't nieuwe en oude Canael, als mede die tusschen het nieuwe en oude Schep-hooft, gelijck oock die voor het Tolhuys, en tusschen het Tolhuys en 't Canael gedaen zijn, sullen ons refereren tot de Pas-kaerte, alwaer de ghevonden dieptens op haer plaetsen aengheteeckent, ende alderbest ghesien sullen konnen werden. Maer staet hier te noteren, dat van 't eynde van 't nieuwe Schep-hoost tot op de lenghte van ontrent de veertigh roeden langhs het selfde Hooft aen de zijde van 't nieuwe Canael gevonden is, op 't minste 42 voeten, ende aen d'andere zijde alleen 24, 22, 18, 13, 11, 9, 7, 4. voeten waters, waerdoor 't gemelde Schep-hooft dan niet weynigh onderstut en gestijft wordt. Wy observeerden ook dat in de Mont van 't nieuwe Canael, voor aen by 't punt van 't Schep-hooft het water met wel een half voet vervals weder te rugge en in de Waal quam vallen. Doch dat dit gedetermineert was in een spatium van ontrent 3 roeden in 't vierkant, soodanigh dat 't geen buyten dit spatium was, het nieuwe Canael in ende niet weder daer uyt quam dryven. Ende onse observatien vergelijckende met die van den Jaere sesthien-hondert acht-en-tsestigh, gedaen bij de Lantmeeter Joannes Dou 3), op ordre van de Gecommitteerden van haer Edele Groot Mog. in de Maenden van Junij en Julij, {==64==} {>>pagina-aanduiding<<} zijnde alsdoen 't water 3½ Rhijnlandtsche voet hooger; Soo vinden wy dat 't zedert dien tijdt, het aen de Spijkse zijde, even boven de Luysbos, beginnende tot aen het nieuwe Canael afgenomen is 6, 7, 8, 9, 10. ende op 't meest by de Letter C. ontrent de 12 roeden, en langs 't nieuw Canael tot den uyteynde toe van de Mondt af beginnende 7, 6, 5, en 4. roeden. Dat in tegendeel het oude Canael meer als de helft inde Mondt verenght is, namentlijck daerse op 't naeuwste doemaels noch wijt was 10 roeden, isse nu niet meer als 4½ bevonden. Dat aende Duffelwaertse zijde in de bocht, beginnende even boven 't Vossegat, oock wel drie ende meer roeden door malkanderen afgenomen zijn; ende de Sanden daer tegensover in tegendeel seer aengegroeyt, sulcks dat de Mondt van de Waal, daerse op 't naeuwste is, namentlijck tegen over 't oude Schep-hooft 't zedert wel 3 roeden is verwijt, hoewel de dieptens aldaer niet seer en sijn verandert, maer ontrent in staet gebleven. Doch dat het nieuwe Canael 't zedert veel dieper, ende insonderheyt aende zijde van 't Schep-hooft geworden was: namentlijck, van 20 tot 20 roeden Canaelswaert in, tot op de distantie van 220 roeden, als volght, aende zijde van 't Schephooft 4, 11, 16, 15, 14, 9, 10, 5, 3 1, 5, 3. voeten in 't midden 4, 3, 4, 6, 2, 5, 1, 1, 1, 0, 1, 1. voeten. Aen de Spijkse-zijde 4, 5, 2, 2, 4, 1, 0, 2, 0. 2, 1, 1. voeten. Doch op 240 roeden tot het begin van 't Canael bij de Veerhut, zijnde ontrent noch 30 roeden, alleen 1 voet (door een geslagen) ondieper, ende oversulcks dat door een gerekent 't gansche Canael 't zedert den Jare sesthien hondert acht-entsestigh ontrent 3½ voet verdiept is. Voorts dat een weynigh beneden de Canalen tusschen d'eerste Kribbe, daer al 't water van beyde de Canalen passeren moet, zijnde aldaer de Rivier wijt in de kortste distantie ontrent 42 roeden, weynigh verandering t'zedert den Jaere sestien hondert acht-en-tsestigh is voorgevallen, als alleenlijck dat het in 't midden wat ondieper en nae de Kribbe wat dieper is geworden. Voorts staet hier oock te noteren, dat so men onse observatien met die van den Jaere sesthien hondert twee-en-veertigh, gedaen, bij Gecommitteerden van de Staten van Hollandt confereert, men bevinden sal, dat de Neder-Rhijn in dien tijdt ten aensien van de ondiepste plaetsen is verhooght 2½ voet, ende de Wael gebleven in een en de selve staet: want in 't Verbael van gemelte Gecommitteerden blijckt, dat haer peylingen zijn gedaen op den twaelfden October, zijnde de bovenkant van de Lijst, staende boven 't Waepen van Sijn Hoogheyt aen de Rhijn-Poort van Schenckenschans, uyt het water 31 voet 2 duym Rhijnlandtsche maet, ende is derhalven 't water doenmaels lager geweest als by ons 3½ voet, even soo veel alsser ten tijde van onse observatien water was op de ondiepste plaetsen vanden Neder-Rhijn, sulcks dat de Neder-Rhijn dan even soo veel ten aensien van d'ondiepste plaetsen t'zedert verhooght is, alsser op den twaelfden October des {==65==} {>>pagina-aanduiding<<} Jaers sesthien hondert twee-en-veertigh waters op d'ondiepste plaetsen van den Neder-Rhijn gevonden wierdt, nu blijckt uyt d'Attestatien by 't gemelte Verbael, datter doenmaels noch 2½ voet waters is geweest; 't blijckt oock uyt die Attestatien dat de Waal doen ter tijdt 2 voet waters meer hadde als den Neder-Rhijn, ende uyt onse informatien, datse nu ontrent 4½; voet waters meer heeft, waer uyt dan oock volght dat de Wael t'zedert den jare sesthien hondert twee-en-veertigh, ten aensien van de ondiepste plaetsen gebleven is in een en de selve stant. Ende uyt een Verbael d'Anno sesthien hondert acht en dertigh by Gecommitteerden van Dordrecht, Amstelredam, Rotterdam, Goude en Alckmaer gehouden, blijckt dat doen ter tijdt op d'ondiepste plaetsen den IJssel soo veel waters hadde, als de Neder-Rhijn; Ende uyt onse informatien en experimenten, datse nu ten aensien van de ondiepste plaetsen ontrent een half voet ondieper is als den Neder-Rhijn; Ende dien-volgende dat t'zedert den Jare sesthien hondert acht en dertich, den IJssel is verhooght ten aensien van d'ondiepste plaetsen ontrent drie voeten. Op den sevenden April vertrocken wy weder van Schenckenschans, den Neder-Rhyn af. op Aernem, van waer wy des anderen ende volgende dagen IJsseloort ende den IJssel tot Wye toe besichtichden: komende op den derthienden wederom tot Aernem, alwaer wy bleven tot den vyfthienden, om met de Landtmeter onse observatien in Pas-kaerten te helpen brenghen, 't welck gedaen zijnde, meter onse observatien in Pas-kaerten te helpen brenghen, 't welck gedaen zijnde, vertrocken's namiddaghs van Aernem den Rhyn af, en sliepen dien nacht te Reenen, van waer wy den sesthienden vertrocken, ende noch 'savondts laet in de Voor-Stadt van Utrecht quamen. Wy sullen dan beginnen met onse observatien op den Neder-Rhyn, en voor af segghen, dat dewyl het water niet ghebleven is op een selve diepte, maer geduyrende dese ses dagen nu wat gevallen, dan weder wat gewassen is, wy 't best hebben geoordeelt de peylinghe alsoo te reduceren, gelijck of 't water in die tijdt niet gewassen of gevallen ware, maer gebleven ghelijck 't was als wy onse observatien ontrent Schenckenschans deden, als wanneer het water aen de peyl-pael van Aernem stont aen de 4¼ voeten. Voor eerst dan aengaende d'ondieptens die de voornaemste, voorleden Jaers geweest zijn, ontrent het Tolhuys aen den Kool-heuvel op den Bessem, aen den Doornwaert, by Reenen tot Wiel inde veertich garden, tot Wijck te Duyrstede, tot Beusecum, tot Kuylenburgh, tot Eversteyn, ende even boven de Vaert zijnder sommige van verbetert, ende sommige verslimmert. Ende soo d'observatien van eenighe Schippers in Augusto des voorleden Jaers gedaen, goedt zijn, soo soude de grondt van sommighe deser ondieptens, t'zedert wel een halve voet verhooght moeten zijn, want die observatien brengen mede, dat de Drempel in de Vaertse Sluys, (na een middelmatich water ten aensien van de ebbe en vloet) doemaels lager was, als de gront van de grootste ondieptens {==66==} {>>pagina-aanduiding<<} omtrent 2 voeten, ende wy hebbense nu bevonden omtrent 2½ voet lager; Dit wordt oock bekrachticht door het seggen van de Schippers die ons voerden, welcke seeckerlick seyden te weten, datter voor twee jaren vry meer waters op stroom was, als de mercken aen de peyl-pael voor Aernem aenwesen, en datter nu wel ontrent een span minder was; Wy hebben oock bevonden, doen 't water aende gheseyde peyl-pael stont op 4¼ voet, zijnde yeder van dese voeten, omtrent 11⅕ Rijnlandtsche duymen, datter doen maer 3½ voet Rijnlandts op stroom, of op de grootste ondieptens was, ende dienvolgende omtrent 6 duymen minder alsser aen de peyl-pael aengewesen wierdt. Voorts zijn dese ondieptens selden langer als een steen worp, ende de grondt zandich, uytghenomen die bij 't Tolhuys, die verre de slimste is, soo ten aensien van sijn lenghte, als van sijn grondt, die grind is, men vindt d'ondieptens meest, daer de Rivier 't wijtste en onbekript is. Aengaende de enghtens van de Neder-Rhijn, de considerabelste hebben wy ghevonden aen de Kerssendijck, aen des Landtschaps grooten Gelderswaart, alwaer tusschen twee kribben maer onghevaer 22 roeden, ende tusschen een andere kribbe en het hooge zant 19 roeden wijtte is. Ende even onder den mondt van den IJssel legghender twee, daer maer 13½ roeden distantie tusschen beyde is gelaten, zijnde niet het ⅓ van de wijtte, die de Rivier aldaer heeft. Beneden het Varrese-gat leydt oock een Krib van de Graaf van Kuylenburgh, wel ontrent halver wegh den Rhyn, recht in 't Vaerwater, blyvende alleen tusschen dese, en noch een ander de distantie van veerthien roeden. En even boven 't Veer van de Wiel leggender verscheyden, ons oordeels seer qualick ende schadelick, onder anderen een die de ¾ van de Rivier beslaet, latende alleenlick 13½ roede openinghs. Tegen over Hekeren vinden wy oock een lange Kribbe, noch geheel onder, uyt-ghenomen in de Neck, en lagh recht in 't Vaerwater. Wy hebben oock twee seer schadelijcke Zantbergen in den Neder-Rhyn gevonden, namentlick d'een even onder Aernem, ende d'ander even boven Reenen, maer d'Aernemse is verre de slimste. De Schippers wisten ons by dese occasie te segghen, dat de Reense Zantbergh, namentlick die even onder Reenen leydt, nu ontrent naer haer gissing acht jaren geleden bekribt, en tusschen beyde met Rijshout besteken was, zijnde doen ter tijdt daer groote ondiepte 4), ende nu in tegendeel op 't minste 7 voeten waters. Voorts hebben wy den Neder-Rhyn beneden Aernem vry beter, ende in 't generael daer men de Rivieren, soo wel Neder-Rhyn, als IJssel, niet diep genoegh zijnde, wederzydts met matige Kribben heeft voorsien, het best bevonden. Overgaende tot den IJssel, soo sullen we onsen aenvangh nemen met IJssel- {==67==} {>>pagina-aanduiding<<} Oort, doch kort ende klaerheyts-halven, ons desen aengaende refereren aen het Paskaertje daer van gemaeckt ende hier nevens-gaende onder Num. 1. De considerabelste ondieptens hebben wy ghevonden bij de Kribbe van Vrouw van Wetten, by de Mont van den IJssel, alwaer harde grindige gront en maer ontrent drie voeten waters was. Even beneden Deventer, als mede bij 't Dorp Welzem, insgelijcks by Veessen, als noch op verscheyde andere plaetsen was ontrent drie en een half voet waters, ende hebben niet minder in den IJssel als drie voeten waters bevonden, op die tijdt alsser ontrent 3¼ voet in den Neder-Rhyn was, sulcks dat den IJssel t'zedert het verleden Jaer doen het een voet scheelde, of is verbetert, of soo veel niet verslimmert als den Neder-Rhyn, welck laetste licht is te gelooven, insonderheydt soo men herinnert, t' geen hier boven van de verhoogingh van de grondt van den Rhyn geseyt is. Vorder aengaende dese ondieptens van den IJssel, die vallen meest alle seer kort, en dickwils geen steen worp langh, haer grondt is meest welzant, ende daerom verloopense ook gedurigh, die in de Mondt van den IJssel, is wel de slimste, soo ten aensien van de meeste ondiepte, als ten aensien van haer grondt die grindich is. Belangende de Kribben die zijn op den IJssel in veel grooter getal, en noch onsatsoenlijcker, als op den Neder-Rhyn, van IJssel-oort tot Doesburgh zijnder ontrent 150, van Doesburgh tot Zutphen 140, ende van Zutphen tot Deventer niet verre van de hondert, laten voor de stroom op verscheyde plaetsen niet meer als negen of thien roeden, onder anderen zijnder twee ontrent een quartier-uyrs boven 't Huys te Nieuwerbeeck, Eescheder ende Zinderse Kribbe ghenaemt, daer de Rivier 33 roeden wijt is, ende alleen een openingh gelaten is van ses roeden, waer van de gelegentheyt vertoont werdt in het Kaertjen onder Num: 2; En staet te noteren dat in een Verbael d'Anno sesthien hondert acht en dertich al geklaecht wordt, dat men hier ontrent de Rivier soodanigh met Kribben hadt benaeuwt, datter niet boven de ses roeden distantie tusschen beyde gelaten was. Daer worden oock al mede ghevonden eenige schadelijcke Zantbergen en hooge Zantschoren, die de Rivier noodtsaeckelijck met Zant bestorten, en alsoo de grondt verhoogen moeten. Wy hebben ook gemeten met seer stil water 't verval van de Rivier in de bocht boven Doesburgh, waer van het Kaertjen hier nevens gaet onder Num: 3. ende bevonden dat de superficies van 't Rivier-water by A. alleen ses duym hooger was als de superficies bij B. dat van A. tot B. in de rechte lijn was 232 roeden, en dat de grondt aldaer door een gereeckent, wel ontrent thien voeten boven de superficies van 't water in B. was, dat van A. tot B. de Rivier langhs ontrent was 1800 roeden, sulcks dat alhier op 1800 roeden niet meer als ses duym vervals op dit jegenwoordighe water ghevonden is. {==68==} {>>pagina-aanduiding<<} Eyntelick hebben wy oock ondersocht, wat vervals den IJssel in Zee toe wel mochte hebben. Voor eerst dan van IJsseloort af tot aen de Zuyder-zee, de Rivier langs is ontrent 31600 Rhynlandtsche roeden; Op 1800 Rhynlandtsche roeden is gevonden ses duym vervals inde bocht even boven Doesburgh, als hier vooren is gesecht; Soo men dan supponeert dat dit het middelmatich verval is van den geheelen IJssel, soo soude het gheheele verval van IJssel-oort tot de Zee toe een weynich minder zijn als negen Rhynlandtsche voeten, te weten op een selvige hooghte van water, 't welck nu op d'ondiepste plaetsen van den IJssel noch was drie voeten, ende aen de peyl tot Aernem en Schenckenschans, als hier vooren geseydt is; maer staet te noteren, dat daer wy de snelte van de kours van den IJssel gemeten hebben, nerghens de Rivier soo traegh liep, gelijck wy op noch twee andere plaetsen in den IJssel d'een hooger d'ander laeger als dese gedaen hebben, zulcks dat het wel waerschynelick is, dat dit verval wat meerder sal zijn, als negen Rhynlandtsche voeten. Ten anderen, soo blijckt by de nevens-gaende Attestatien dat in den Jare sesthien hondert negen en tsestigh, doen het water op het laeghste was, ende het Neder-Rhyn-water wel een gantsche voet wassen moest, eer 't de mondt van den IJssel in kost komen; Ende op welcken tijdt geen water in den IJssel quam geduyrende den tijdt van drie a vier maenden als alleen uyt Beecken, ende tusschen de Wye, Deventer ende Zutphen, by het laeghste water op de ondiepste plaetsen niet meer ghevonden wierdt als een halve voet waters, als doen door een harde storm uyt den Noordt-Westen (by welck noodt Weer, Mastenbroeck oock quam door te breecken) het water voor Deventer opgestouwt wierdt ses voeten hooger als 't even voor dien storm gheweest was, ende dattet doemaels voor de Stadt Kampen vloeyde wel thien a elf voeten hooger als ordinaris, zijnde aldaer 't verschil van 't hooghste en laeghste water bij stil Weder buyten springh, en by kleyn water van de Rivier ontrent een half voet, gelijck 't oock is voor de Mondt van den IJssel. Maer dewyle 't nu seecker is, dat het water niet hooger opghestouwt kan werden als dat water is 't welk de opstouwingh veroorsaeckt, soo volght uyt dese voorgaende observatien, dat het verval tusschen Deventer en Kampen niet grooter kan zijn boven d'ordinaris vloedt voor Kampen als vyf voeten, ofte liever boven het middel van het ordinaris hooghste en laeghste water 5¼ voet, te weten de Rivier zijnde als op dien tijdt, ende hebbende niet meer als een ½ voet op stroom. Soo men nu supponeert dat de grootste ondiepte ontrent Deventer, van die en dese tijdt over-een-komt, soo soude 't verval (namentlick de Rivier in die staet ghebracht zijnde, als op welcke de voorgaende calculatie is ghemaeckt, namentlick hebbende noch drie voet strooms diepte) van Deventer tot Kampen toe, bedragen op 't meest 7¾ voeten, aenghesien het verval van Deventer tot {==69==} {>>pagina-aanduiding<<} hier toe te vooren was 5¼ voet, waer by nu komen noch 2¼ voet voor het verschil van de voorsz drie voet ende de halve voet; waer nae 't verval van de gantsche Rivier berekent zijnde, soude voor het geheel verval komen ontrent de 15½ voet. Maer gemerckt het seecker ende gewis is gelijck het voor Wijck te Duyrstede op dien selven tijdt oock is ghebeurt daer 't water vier voet op stoude, dat de vloedt het Rivier-water voor de Stadt Deventer sijn loop heeft doen veranderen, namentlick opwaerts aen, soo moeter op die tijdt doen het water voor Deventer ses voeten opgestouwt wierdt, contrarie verval geweest zijn, namentlick nae de Zee-kant toe het hoochste water, ende dien-volghende moet dit bovenstaende verval van vijfthien en een half voet te veel zijn. Gemerckt nu 15½ voet te veel is, ende na alle apparentie de voorgaende ghevonden 9 voeten te weynich, soo sal de helft van de som van dese twee, namentlick 12¼ voet niet veel van de waerheydt afdwalen konnen, te meer dewyl ons mondelingh van verscheyde geseydt is, dat doen ter tijdt voor Zutphen het water oock 4 voeten hoogher, als te vooren was, door dien storm opgeset wierdt, ende acht voeten voor Wye, drie uyren beneden Deventer, waer uyt de calculatie oock ghemaeckt zijnde, het vry wel met de voorgaende komt te accorderen. Dit wordt ook bekrachticht met verscheyde over-een-stemmende metingen gedaen by diversche Landtmeters en andere Persoonen, haer dies verstaende in den Jare sesthien hondert een en tsestich door ordre van de Regieringe van Utrecht, by welcke ondervonden ende gebleecken is, dat de superficies van 't Peyl-water binnen Utrecht doenmaels drie voeten vervals hadde, op ofte boven een ordinaris Somer-vloedt, in de Rivier de Eem, ten eynde de Pynborger-Grift, zijnde 't verschil van 't hooghste en laeghste water aldaer ontrent een a een en een half voet. Vorders dat in den Jare sesthien hondert negen en tsestich doen de Lecq boven de Vaert maer ontrent ¾ voet strooms diepte hadde, doenmaels het selve Stadts water, 't welck door de Vaertse Sluysen by ebbe in de Leck liep, vervallen was tot een en een half voet beneden de voorsz Stadts-Peyl, alles volgens de Stichtse Maet. Waer uyt dan blyckt dat de superficies van 't water van de Lecq by de Vaert doemaels hooger was, als die van een ordinaris vloedt op d'Eem een en een half voet, ofte liever boven het midden van een ordinarie hooghste en laeghste water 2¼ voet Stichtse maet, dat is in Rynlandts 1 voet 10 duym Hier by doende voor soo veel er nu op stroom meerder water is, als doen 2 voet 9 duym Ende noch voor 't verhoogen van de grondt van den NederRhyn, ten aensien van de ondiepste plaetsen als hier vooren is aengewesen 6 duym _____ _____ Soo komter te samen 5 voet 1 duym {==70==} {>>pagina-aanduiding<<} Die de superficies van de Lecq, by de Vaert tegenwoordieh hooger soude zijn, als de superficies van de Eem genomen op het middel, tusschen het ordinarie hooghste en laeghste water. Dewyl nu van IJssel-oort tot aen de Zuyder-Zee voor Kampen, even veel vervals moet zijn, als van IJssel-oort tot voor de Eem in de Zuyder-Zee, ende hebbende voor 't eerste verval gevonden 12¼ voeten, soo men dan hier af-treckt dese 5 voet een duym voor 't verval van de Lecq bij de Vaert tot in of voor d'Eem, soo souder noch blyven 7 voeten twee duym voor 't verval tusschen de Vaert en IJssel-oort. Ende ghemerckt nu van de Vaert tot IJssel-oort ontrent is 9 Duytsche mylen, ende van IJssel-oort tot de Zuyder-Zee ontrent 15, soo blijckt dat volghens dese Reeckeningh op den Neder-Rhyn van IJssel-oort tot de Vaert toe, op gelijcke spacien wat minder verval soude zijn als op den IJssel, want als 15 mylen geven 12¼ voeten vervals, soo geven negen mijlen 7⅓ voet, 't geen oock vry wel accordeert. Want dat den IJssel van IJssel-oort af tot de Zuyder-Zee toe, niet veel meer vervals kan hebben als den Neder-Rhyn van IJssel-oort af tot Rotterdam toe, is hier uyt af te meten, namentlick, dat IJssel-oort van de Zuyder-Zee af gelegen is ruym 15 Duytsche mijlen, ende van 't eynde van de Maes ontrent achthien mylen, de Riviere langhs te meten, doch dat van Rotterdam at tot aen Zee, zijnde ontrent drie mylen, maer weynich vervals kan wesen van wegen de groote wijtte van de Rivier, zijnde voorts seecker, dat het water even hoogh moet wesen aen de Mondt van de Maes, en aen die van den IJssel in de Zuyder-Zee. Oock werdt dit bekrachticht met een experientie ghenomen in den Jare sesthien hondert negen en tsestich, doen door een geweldige harde storm uyt den NoordWest negen en tsestich, doen door een geweldige harde storm uyt den NoordWest ten Westen (die 't hooghste water soo wel voor Rotterdam en gevolghlick in den Neder-Rhyn als op den IJssel veroorsaeckt) en op welcken tijdt Mastenbroek inbrack, ende de Rivieren de Neder-Rhyn ende den IJssel geen een voet strooms diepte en hadden, want doenmaels is geobserveert, dat voor Wijck te Duyrstede, als mede voor Zutphen, elck van IJssel-oort ontrent ses mylen af gelegen, 't water oock even veel, namentlick 4 voeten hooger opgestouwt is geworden. Daer zijn oock noch andere observatien hier nevens-gaende, van de middelmatige en hooghste vloeden voor Kampen en Rotterdam geobserveert, waer uyt 't selsde oock bevesticht soude konnen werden, maer die wy kortheyts-halve onaengeroert sullen laten. Hebbende aldus aengewesen het seer apparente verval van den IJssel ende Neder-Rhyn; Soo sullen wy 'er noch alleen met een woordt bydoen 't verval van den Waal, en seggen, dat het selve verval, met 5) het verval van den Neder-Rhyn, ten {==71==} {>>pagina-aanduiding<<} aensien van haer begin en eynde noodtsakelijk een-selvich moet zijn, ghemerckt sij een begin ende eynde hebben; En oock in haer lichaem niet veel verschillen konnen, dewylse ontrent van een lenghte zijn: doch dat hier ontrent wel eenigh verschil kan vallen, ten aensien dat de grondt op d'een dat plaets wat hooger na proportie kan zijn als op een ander, maer dat dit eyndelick weer over 't geheel ghecompenseert moet werden, dat is daer 't verval op d'eene plaets wat grooter is, daer sal 't op een ander weer wat kleynder zijn, ende eyndelick over 't geheel op een uytkomen moeten. Den sesthienden April 'savondt laet in de Voor-stadt van Utrecht (ghelijck hier vooren geseyt is) gekomen zijnde, scheyden wy des anderen daeghs ende vertrocken yeder sijns weeghs nae Huys, blyvende vorder afwachten de Kaertjens, die de Landtmeter hadt aengenomen op 't spoedichste gereet te maecken, ende ons dan toe te senden, onderwylen beleyden t' Amsterdam eenige noodige verklaringen van verscheyde Schippers op den IJssel, Neder-Rhyn, als elders varende; Ende den ses en twintichsten dito de ghemelte Kaertjens hebbende ontfanghen, ons Verbael ende Advis op 't Papier ghebracht, zijn wy op den dertichsten in den Hage weder bij malkanderen gekomen, ende alles geconfereert en oversien hebbende op den...May 1671 tot het rapport bij haer Ho. Mog. geadmitteert. Was onderteeckent, J. Hudde, Chr. Huijgens. No 1830. J. Hudde et Christiaan Huygens aux Etats Généraux. mai 1671. La pièce se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. Elle a été imprimée dans les Resolutien 1). Advis aengaende het beneficieren van den Neder-Rhijn ende IJssel. Den tegenwoordigen toestant der Rivieren den Rhijn en de IJssel, zijnde soodanigh als by ons nevens-gaende Verbael 2) is vertoont, al eer wy aen haer Hoogh Mog. voordragen 't geene ons oordeels met de meeste vrucht en apparentie {==72==} {>>pagina-aanduiding<<} van succes tot verbeteringh der selve Rivieren soude mogen werden by der handt genomen, soo dunckt ons noodigh te examineren seecker Concepten, dien-aengaende hier te vooren in consideratie genomen, met aenmerkinge van 't geene wy daer in voor of nadelich achten, op dat alsoo blijcken moge waerom wy deselve ondienstiger als andere hebben gheoordeelt. Voor eerst dan, wat aengaet de doorsnydinge van het Spyck tusschen de plaetse genaemt den Luysbos ende het Sluysken beneden het Tolhuys, soo is er eenige advantagie die wy daer in te gemoet sien, dat door dit middel eenige ondiepten, die van Schenckenschans af tot aen het Tolhuys sich bevinden, ende meest hart en grintigh zijn, souden werden voor by gegaen; Doch dewijl een weinich verder, te weten ontrent Seventer aen de Koolheuvel bij nae gelijke ondiepte, al-hoe-wel niet grintich wert bevonden, ende voorts meenige andere doorgaens op den IJssel en Neder-Rhijn, soo soude het ons bedunkens weinigh helpen, of de voorseide eerste ondiepten al wierden ontgaen; Wat het verval aengaet, 't geen tusschen de voornoemde plaetsen den Luysbosch ende het Sluysken werdt bevonden, 't selve is considerabel, als zijnde by ons gemeten tot twee voet ende negen duym 3), doch soo en is daer van dat voordeel niet te verwachten, 't welck men sich soude mogen inbeelden, te weten, dat het water in den Neder-Rhijn en IJssel daer door soo veel soude verhoogen als dit verval importeert: want het seecker is, dat het over de gantsche lenghte der Rivieren nederwaerts, als een groot stuck weeghs den BovenRhijn opwaerts moet werden verdeelt, lopende tot niet, daer sich de Rivieren in Zee ontlossen, gelijck sulcks door vaste reden soude konnen betoont werden, soo dat naeuwelijcks twee a drie duym waters selfs aen het Sluysken soude gewonnen werden, en hoe verder neerwaerts op de Rivieren hoe minder. Voorts soude dese doorsnydingh niet als met seer groote kosten, en langen tijdt konnen geschieden, aengemerckt de lenghte en breette van het te maecken Canael, de hooghte des Landts 't welck door te graven is, en dat het selve soude daer toe moeten ingekocht worden, dewijl het des Churfursten Gront is, want naer uytwijsen der Kaerte, soo soude de lenghte zijn van ontrent 420 roeden, indien men al het ingebroocken gat aen den Luysbos te bate nam; En wat aengaet de breette, die soude ons oordeels wel van dertich roeden behooren te zijn, gelijck tegenwoordigh die van het nieuwe Canael bevonden werdt, want indien men alleen een enge doorsnydinge bestont te maecken, op hope dat die van selfs verwyden soude, 't selve soude strecken tot verder bederf der Neder-Rhyn, dewyle het Zandt in het Canael af-breeckende, van daer in de voorsz Riviere soude werden ghevoert, ende sich aldaer neder-setten, gelijck sulcks ongetwyffelt door het afnemende Schaer des tegenwoordigen nieuwe Canaels alreeds te veel is geschiet. De hooghte nu des door te graven Lants, daer de selve op 't minste is, als aen {==73==} {>>pagina-aanduiding<<} de zyde van het Sluysken, is bevonden drie voeten verheven boven de superficies van het Neder-Rhyn-water, ten tyde van onse inspectie, ende voorts drie en een half voet, vyf voet vier duym, en wel hondert tsestich roeden weeghs tot thien voet feven duym, of indien men het ingebroocken gat aen den Luysbos wilde continueren, soo souden wel ghelijcke hondert tsestich roeden ter hooghte van els en een half voet gevonden worden; Soo dat om in 't gros een over-slagh van kosten te maecken, die alleen den arbeydt van het door-graven soude komen te bedragen, indien men doorgaens over de gehele 420 roeden de hoogte des Landts nam op seven voeten, en noch seven voeten voor de diepte die beneden de superficies van het Neder-Rhyn-water soude behooren gegraven te werden; Ende de wijtte der doorsnyding tot dertigh roeden, soo komt dit op 176400 schachten Aerde, 't welck gerekent wert op soo veel Guldens, waer en boven dan noch de kanten ten weder-zyden van het Canael soude berouw-aerdt werden, om voor af-breecken bevrydt te zijn, 't welck op soo een lenghte mede al veel soude komen t'importeren. Genomen nu dese door-gravinge al gedaen waer, soo soude naer ons ghevoelen noch seer onseecker zijn, of de gewenschte verbeteringh der bewuste Rivieren daer uyt soude volgen: gemerckt de ondiepte der selve voornamentlick voort komt uyt de verhoogingh der gronden selfs, welcke zedert het Jaer sesthien hondert twee en veertigh bevonden werdt in den IJssel van drie voet, en in den Neder-Rhyn van twee en een half voet, gelijck sulcks in ons Verbael klaerlick werdt bewesen, want of men al meer waters in de Mondt van den Neder-Rhijn tracht te doen in-vloeijen, soo kan hier door swaerlick ghe-effectueert, dat het twee voet of meer hooger werde doorgaens op den Neder-Rhyn ende IJssel, 't welck nochtans tot verbetering deser Rivieren vereyscht werdt; En dese difficulteyt heeft niet alleen plaets in het concept van de voorsz door-gravinge, maer oock in alle andere die niet anders als de verdeelinge des waters aen den ingang der Rivieren tot oogmerck hebben. Van dese sullen wy nu vervolgens considereren seeckere doorsnydingh van den Dijck aen Schenckenschans, genaemt de Boterdijck. Om dese ten besten in 't werck te stellen, soo soude men moeten wechgraven het stuck van desen Dijck beginnende ontrent den midwegen tusschen d'eerste Reduyt ende de Tol-kamer, ende eyndigende eenige roeden beneden de selve Tol-kamer, alwaer het Landt schuyns door-ghesneden soude moeten werden, volghens de streckinge des Neder-Rhyns aldaer; Doch alvoorens dese doorsnydinge te voltrecken, soo moesten beyde de Canalen het oude ende nieuwe toe-gedamt werden, op dat het water aen de zijde van den Neder-Rhyn leeger werdende, als dat van de Wael aen d'ander zyde van den Boterdijck, het selve voor eerst met een groot verval in den Neder-Rhyn quam te schieten, waer door mogelyck de ondiepten van daer af naer het Tol-huys eenichsints souden wegh genomen werden. Het voornaemste voordeel van dese doorsnydinghe soude ontstaen uyt de strec- {==74==} {>>pagina-aanduiding<<} kinge, en bocht der Rivieren aen en ontrent dese plaetse, welcke uyt de over-geleverde Kaerte kan bemerckt werden, want naer uytwysinge der selve, soo soude als dan den Mondt van den Neder-Rhyn by na even soo wel gheleghen zijn, als die van de Wael, om het water tot sich te trecken: Werdende oock bequame diepte ter weder-zyden den Dijck in beyde de Rivieren bevonden, gelijck die in de Kaerte zijn aengeteeckent; Ende wat belanght de kosten, ende tijt tot de selve doorsnydinge noodich, die souden mede seer weynich zijn, in comparatie van die tot de door-gravinge aen den Luijs-bos souden werden vereyscht. Doch wederom is hier tegens te considereren; Eerstelick dat het Landt achter de Schans aengroeyende, ende eyndigende ontrent de plaetse daer de doorsnydinge beginnen soude, te vreesen staet dat het selve metter tijdt tot voor de te maecken openinge soude schieten, ende de selve benaeuwen, even als nu geschiet aen het oude Canael, door het aenwassende Landt daer even boven leggende. Ten anderen, dat de sterckte des strooms, en voornaemste diepte van de Wael aen de Duffelsche zyde wesende, veel licht geen genoeghsame kracht van water door dese openingh in den Neder-Rhyn soude komen. Ten derden, dat dit middel niet wel uytvallende, de saecken niet sonder veel moeyten ende kosten in den voorigen standt soude konnen ghebracht werden. Eyndelick, dat de tegenwoordige beyde Canalen toe-gestopt werdende, al het water van den Rhyn als dan tegen het Landt aen de Duffelsche zijde, tusschen 't Veer-huys en 't Huys te Bylandt soude aenkomen, 't welck nu ten deele door de voorsz Canalen wert geintercipieert, soo dat het voornoemde Landt alreedts seer afnemende noch veel meer te lyden soude hebben, en daer over onghetwyffelt klachten en oppositien vallen van wegen den heer Churfurst, dien het toebehoordt. Men heeft oock voorgeslagen van de nieuwe Schep-kribbe aen Schenckenschans hooger op te halen en watervry te maecken, op dat meerder scheuringe in het Canael mochte veroorsaeckt werden, en daer door de ondiepte aen des selfs eynde wech-genomen; Maer aengesien de voorschreve Schep-kribbe alreedts redelijcke hooghte heeft, als zijnde wel ontrent twee voet boven water, ten tyde van onse inspectie, welcke op middelbaer Somer-water is geschiet, behalven ontrent te midwegen, daer ettelijcke roeden lenghte wat ingesoncken en beschadicht is, 't welck sal dienen gerepareert te werden; soo dunckt ons weynigh voordeels te sullen ontstaen uyt der selver meerder verhoogingh; Waer by te considereren is, dat dese Kribbe aldus verhoogt zijnde, des te beswaerlijcker de kracht des strooms soude wederstaen, ghemerckt de groote diepte van 44 voeten, die voor aen de punt tegenwoordich is bevonden. Dese Concepten aldus ge-examineert hebbende, ende om de by-gebrachte redenen niet aennemelick bevonden, soo souden wy raedtsamer achten de middelen hier nae-volghende in 't werck te stellen, zijnde van opinie, dat indien door de selve de verhoopte verbetering der Rivieren niet konde werden erlanght, dat het alsdan mede te vergeefs soude zijn eenighe der voorgaende t'appliceren. {==75==} {>>pagina-aanduiding<<} Het eerste dan en van 't welcke ons beduncken, men behoorde te beginnen is het wech-graven van de hoeck Landts gelegen aen de Mondt des nieuwen Canaels, volgens de linie die in onse Kaerte is aengewesen, waer door het water van de Boven-Rhyn, met veel meerder drift het Canael soude invloeyen, en min geneghen zijn om aen de zyde des Schep-Hoofts weder uyt te storten naer de Wael, gelijck nu ten deele geschiet. Wy hebben bevonden dat zedert eenighe Jaren herwaerts desen hoeck merckelick is afghebroocken, ende daer door de situatie des Schep-Hoofts ende des Canaels veel verbetert gheworden, voor soo veel den aenloop des waters belanght, zijnde het Canael mede tot een genochsame wijtte gekomen, soo dat den voorschreven hoeck wech-ghenomen zijnde, geen voordeeligher situatie voor den Mont des Neder-Rhyns te wenschen schijnt. Ten tweeden, soo sal het afnemende Schaer van boven den Luys-bosch beginnende, tot aen 't eynde van 't nieuwe Canael voor verder af-braeck moeten worden bevrydt, soo met kleyne bolderkens langhs henen te leggen, als door het berouw-aerden van 't selve Schaer, naer dat het wat schuyns afghesteecken waer, daer het tegenwoordigh gantsch steyl is; Want dit niet geschiedende, soo werdt noodtsaeckelick al het Zandt, dat van dese kant afspoelt in het Canael gevoert, en aen des selfs eynde, Lammer-stroom vindende, soo set het sich aldaer neder, ende veroorsaekt de ondiepten, die van daer af tot aen het Tol-huys, ende noch verder bevonden werden. Ten derden, om dese ondiepten soo veel mogelick is te verminderen (indien men vondt dat de sterckte des strooms, 't selve niet genoegh konde effectueren) soo soude konnen ordre gegeven werden, dat soo haest de selve door eenigh extraordinaris laegh water quamen bloot te leggen, men als dan het Zandt en Grindt daer uytgraven en wech-voeren soude, ghelijck sulcks de naest-voorgaende twee a drie Jaeren seer wel hadde konnen geschieden. Behalven al 't voorseyde sal ten hooghsten noodigh zijn, indien men den Neder-Rhyn, en voornamentlick den IJssel wil conserveren, andere ordre als voor desen niet alleen op de Zandt-bergen ende hooge Schooren, maer oock insonderheydt op het Kribben in de voorsz Rivieren te stellen, zijnde ons oordeels de meeste ruine der selve, uyt het onmatich Kribben voortgekomen waer door de stroomen te seer benaeuwt en opgestopt werden, en te gelijck kromte veroorsaeckt daer te vooren geene en was, 't welck meerder lenghte en by gevolgh trager stroom moet causeren, dewyl het verval van de gantsche Rivier het selfde blijft, behalven dat het af-brekende Zandt de Rivieren noodtsaeckelick verhooght. Bij voorgaende Placcaten van de Jaren sesthien-hondert-twee-en-tsestigh en... 4) {==76==} {>>pagina-aanduiding<<} is toegestaen, tot op een derde-deel van de wijtte der Rivieren ten wederzijden te mogen Kribben: doch alsoo op sommighe plaetsen daer de Rivieren weynigh breette hebben, de selve te seer benaeuwt werden door het afnemen van de twee derde parten (want wy verscheyde Kribben, tot sulcke en meerder lenghte recht tegen over den anderen hebben vinden leggen) soo soude naer ons gevoelen beter zijn, de wijtte te bepalen die tusschen de Hoofden der Kribben moest open gelaten werden, in dier voegen, dat oock op soo veer na geene Kribben voor-by malkanderen souden mogen uytsteecken, 't welck naer de linie langhs henen het midden der stroomen loopende, soude werden gedetermineert, op dat alsoo te gelijck een vryen loop aen de selve gegeven werde, ende aen de Schepen een vry Vaerwater. Dese breette nu soude ons oordeels op den Neder-Rhyn boven IJssel-oort, ontrent van 30 roeden behooren te zijn, ende van daer neder waerts op den Rhyn van 25 roeden, en op den IJssel van 20 roeden, ende soude te gelijck dienen geordonneert te werden, alle Kribben die tegenwoordigh binnen de voorschreve limiten sich niet en bevinden, soo verre als de selve excederen af te houwe. Dit alles aldus uytgewerkt zijnde, soude naer alle apparentie strecken tot groote verbeteringh en beneficie der gemelte Rivieren, dan of men echter bevondt, dat daer mede het gewenschte effect niet genoeghsaem wierde erlangt, soo soude men als dan dese krachtiger remedie konnen in 't werck stellen, namentlick van door benaeuwinge van de Wael-stroom aen Schenckenschans, 't zij met een Kribbe te leggen teghen over het oude Schep-Hooft, ofte eene uyt te steken van de punt van het Zandt (teghens over het nieuwe Schep-Hooft) het water op te stouwen ende te verhoogen, waer door het dan in meerder quantiteyt en hooger als nu, door het nieuwe Canael in den Neder-Rhyn soude invloeijen; Doch om als dan te voor-komen de al te groote diepte, die tusschen de twee Hoofden sekerlick soude ontstaen, soo soude noodich zijn de grondt tusschen beyde voor uytscheuringhe te bevryden, door het sincken van eenige oude Schepen met steen of grindt gevult, of andere diergelijcke maniere. Ende en kan dese opstouwinge des waters niet gheapprehendeert werden dangereus te zijn voor de Wael-stroom, dewyl men de Hoofden of Kribben die ten dien eynde souden geleght werden niet verder behoefde uyt te steecken, als tot dat het gedesireerde effect daer uyt gevolght waer, ende men in allen geval van de selve altijdts meester soude zijn, om die naer wel-gevallen te verkorten. Dit is dus verre 't gene bij ons wert geoordeelt te konnen gedaen werden tot beneficieringe en verbeteringe der twee Rivieren, voor soo veel gesupponeert werdt, {==77==} {>>pagina-aanduiding<<} dat men den IJssel even soo wel als den Neder-Rhyn in forme van loopende Rivieren soude willen maintineren. Doch sulcks niet vereyscht werdende, gelijck wy niet en gelooven dat eenighe noodtsaeckelijckheydt daer in is gelegen; En voorts geconsidereert het tegenwoordige groote verloop van den IJssel door de verhooginge der gronden op de ondiepten, te weten van drie voet zedert de laeste negen en twintich Jaren, en dat dit veel licht niet als met lanckheydt van tijdt verholpen, en in den ouden stant sal konnen ghebraght werden, door schueringhe van sterke stroom, by de voorsz middelen daer in te brenghen, daer-en-boven oock gelet op de difficulteyt van het besnoeyen en verbieden der onmatighe Kribben, die dickmaels door conniventie en andersints werden getollereert; Soo wert by ons noch dit volghende Concept voor-ghestelt, door welckers middel den IJssel soude niet alleen navigabel werden, maer oock t'allen tyden ghenoeghsaeme diepte behouden tot de noodige bescherminge deser Landen, ende met eenen oock den Neder-Rhyn meerder water verkrygen als hy tegenwoordigh heeft. Dit bestaet hier in dat men den IJssel tot een stil-staende water soude maken, tot ettelijcke plaetsen Dammen daer in leggende, tusschen de welcke het water tot de gedesireerde hooghte soude werden opgehouden, doch daer over heen-vloeyende wanneer het hooger gewassen waer, als bij Wintertijden ende anders. Dese Dammen souden in als maer vier behoeven te zijn, en souden bequamelijcken aen de Steden van Doesburgh, Zutphen, Deventer ende Hattem, of daer ontrent geleght werden, van waer af nederwaerts genoeghsame diepte op den IJssel werdt bevonden. Ter selver plaetsen soude mede Schut-sluysen gemaeckt moeten werden om de doorvaert niet te beletten, ende souden dese Sluysen best ter zyden de Rivier, 't zy in of aen de voorschreve Steden, soo om de beschermingh der Dammen, minder kosten, beter waerneminge, als gemacks en geriefshalven geleght werden. Tegen yeder defer Sluysen, soude maer ontrent twee a drie voet waters komen te staen, alsoo het gantsche verval der Riviere van IJssel-oort tot Hattem toe, naer onse beste overslagh niet boven de negen a thien voeten is, dienvolgens souden de selve met middelmatige kosten konnen gebouwt werden; Ende is te weten, dat al-hoe-wel de eerste ende bovenste deser Sluysen aen Doesburg wort geordineert, nochtans het water daer boven naer IJssel-oort toe mede soude verhooght werden, want van wegen het verval dat tegenwoordigh tusschen dese beyde plaetsen werdt bevonden, soo soude het water als dan aen den Dam ende Sluyse tot Doesburgh twee a drie voeten hooger staen, als het daer nu is. Jae soude selfs noch hooger den Neder-Rhyn op, te weten tusschen IJssel-oort en Schenckenschans, mede meerder water als voor henen hier door moeten ontstaen, sulcks volgende uyt de verhooging des Rhyns tot Aernhem, als vermeerdert zijnde met al het water 't welck nu den IJssel ten deele valt. Waet uyt dan ook blijckt de merckelijke verbeteringe van den gantschen Neder-Rhyn, die hier uyt soude te verwachten staen, sonder dat naederhand eenigh {==78==} {>>pagina-aanduiding<<} different meer soude konnen vallen, aengaende de verdeelinge des waters aen IJssel-oort; Wat aengaet nu de verversinge des selfs in den IJssel, die en soude niet alleen by alle hooge wateren gebeuren, maer oock gedurigh altijdt, door middel van de minder Rivieren die tot Doesburgh, Zutphen en Deventer, in den IJssel sich ontlasten, en dat met groot verval, namentlick en respective den ouden IJssel, de Berckel ende Schipbeeck, tot welckers uytwateringh de voorschreve Sluysen doorgaens voor soo veel noodigh souden open gehouden worden. Het is waer dat door dit middel de Wael van sijn overvloedigh water niet en werdt ontlast, 't welck anders mede een considerabel point is, aengesien den overlast die alle de aengelegene bedijckte Landen, en meeste Steden daer door gevoelen, doch men soude hier in noch altijdt konnen voorsien door het benaeuwen van de Wael aen Schenckenschans, op de manniere hier te vooren verklaert. Was onderteeckent, J. Hudde. Chr. Huijgens. No 1831. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 2 juillet 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 2 juillet 1671. Je vous suis bien obligé de ce que vous avez pris vous mesme la peine de me faire scavoir l'estat de vostre santé, qui n'estant pas encore meilleure qu'elle est, j'apprehende que cela vous fasse mal d'escrire des lettres. Le frere Louis ou pendant son absence le frere de Moggershill ne manqueront pas de m'en informer ainsi que je l'en ay priè. Je luy ay fait scavoir mon arrivée 1) en cette ville dés la semaine passée et assurement il vous aura communiquè ma lettre. Je n'ay pas encore eu occasion de m'informer pleinement de ce qui est de l'histoire de Mezeraye 2), mais un de mes amis qui le voit souvent a sa maison de campagne icy pres, m'a promis qu'il scaura de luy mesme ce qu'il faut attendre de la nouuelle impression de son histoire. Pour ce qui est du prix de celle qu'il y a je le scauray des libraires la premiere fois que j'yray au Palais. J'y fus hier au matin, mais vostre paquet ne me fut rendu que l'apresdinée. {==79==} {>>pagina-aanduiding<<} Je vous conseille de ne vous pas trop haster avec les vins Emetiques a vouloir chasser vostre fievre. Vous avez assez vu que ce remede ne vous a pas fait grand chose jusqu'icy. Le vomissement peut estre provoquè par des medecines moins violentes, à mon avis et celuy des medecins d'icy. Je crois cependant que c'est bon signe que l'appetit vous revient et j'espere que vous scaurez assez le moderer dorenavant comme piscator ictus. J'ay esté voir le bastiment de nostre observatoire qui est desia a toute sa hauteur, et on y a commencè a faire les voutes. Il paroit fort beau et magnifique. L'on m'a donné une salle dans ce logis icy 3) outre le logement que j'y avois, de sorte que j'y seray un peu plus a mon aise que je n'ay esté. Adieu. Je baise les mains à Madame de Zelem, que je plains de tout mon coeur, car vostre fievre ayant passé le Solstice pourroit peutestre demeurer jusqu'a l'Equinoxe, quod Deus avertat. No 1832. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 9 juillet 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 9 juillet 1671. Selon ce que m'escrit le frere de Moggershil vous devez desia estre de retour a la Haye. Et peut estre il Signor Padre aussi, ou du moins en chemin dont je croy plustost le dernier, a cause de la lenteur des Affaires Angloises, et ainsi je ne luy escris point cette fois. J'ay quelque regret de n'estre point a la Haye pour le recevoir, mais aussi si j'eusse attendu jusques là 1) et puis encore quelque temps qu'il auroit voulu me retenir aupres de luy, on y auroit peut estre trouvè a redire icy. J'ay aussi appris avec joye par la lettre du frere susdit que la fievre du Sieur de Zeelhem commencoit a le quiter, et qu'il se trouuoit bien des promenades qu'il faisoit tous les jours en carosse. bien heureux d'en estre quite devant l'automne. Mandez moy je vous prie ce que vous pourrez avoir appris touchant les affaires de Romf, s'il sollicite encore pour estre a Monsieur le Prince ou s'il aura quelque employ de la part de l'Estat. On ne l'attend pas encore chez luy de retour dans un mois. Mon logement est augmentè de la salle basse que vous scavez, de la quelle je {==80==} {>>pagina-aanduiding<<} pretens faire un petit appartement assez joly, comme vous verrez par le plan que j'en envoyeray au frere de Moggershil. En arrivant icy je trouuay que Monsieur de Carcavy 2) et son fils 3) m'avoient faict un fort meschant tour. Je ne scay s'il vous souuient que lors que je partis ce garçon me pria que je luy vendisse ma calesche. J'en demanday 100 escus, les quels n'ayant voulu donner nostre marchè demeura imparfait, et je serray les coussins et les rideaux dans mon cabinet, dont j'emportay la clef. Ces Messieurs en mon absence ont pris la calesche, l'ont trocquée contre une autre, et pour avoir ces coussins et rideaux ont ouuert la porte du cabinet qui estoit fermée a verrou par dedans. Admirez l'insolence. Je croy qu'ils pensoyent que je ne reviendrois point. Maintenant ils ne scavent que faire, car j'ay promis que je m'en plaindray a Monsieur Colbert, et je n'y manqueray pas. On l'attend icy apres demain, avec toute la Cour, le Roy s'estant hastè de revenir a cause de la maladie du petit Duc d'Anjou 4), qui a ce que l'on dit se meurt. Il y a 4 jours que nostre bon Monsieur de Monceaux 5) il Pelegrino passa le mesme pas dont j'ay mandè plus de circonstances au beaufrere. N'entendez vous point parler d'avantage de nostre affaire de l'IJssel? 6) cela est admirable qu'apres que d'estre employez au service de Messieurs et avoir pris tant de peine, on nous laisse là sans remerciement ni sans payer le reste de ce qui nous est du. Je crois qu'il faudra que j'en escrive a Monsieur Hudde 7). A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. No 1833. Christiaan Huygens à ?. 9 juillet 1671. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. 9 juillet 1671. Ayant veu la construction des moulins de Versaille pour elever l'eau, qui sont de la meilleure invention pour cet effect que l'on puisse pratiquer, j'ay remarquè {==81==} {>>pagina-aanduiding<<} pour les perfectionner 1o. qu'on pourroit les faire sans cette queue qui sert a les tourner [au] vent qui est desagreable a la vue. au lieu de la quelle a nos moulins d'hollande il y a une invention en dedans du moulin au plus haut estage par la quelle ce mouuement se fait, qui n'est qu'un moulinet qu'on tourne a la main attachè aux poutres du toict et une corde qui l'enveloppe la quelle on attache avec un crochet qu'elle a au bout a quelqu'un des.... 1) qui sont au nombre de 16 fichez dans le cercle immobile sur lequel le toit roule. 2o. que pour faire tourner le toict plus facilement il seroit bon de se servir encore de la maniere d'Hollande, qui est que sur le cercle de bois immobile que je viens de dire ils ajustent un autre cercle qui contient 24 roulleaux en sa circonference, lequel cercle ne tient ni a celuy qui est au dessous et immobile, ni au toict. mais le toict roule sur ce cercle qui alors avance aussi mais seulement la moitie autant que le cercle du toit comme l'on voit plus facilement par cette figure. Il y a de plus un autre cercle de bois qui environne par dehors ce cercle mobile et celuy du toict pour les tenir dans leur place, et dans ce cercle {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} exterieur il y a 2 rangs de rouleaux horizontaux contre l'un defquels tourne le cercle mobile aux rouleaux, et contre l'autre le cercle du toict. 3o. qu'il faut percer les godets de cuivre d'un petit trou dans le fond, ce qui fera que le moulin commencera d'aller avec moins de vent qu'il ne scauroit faire a cetheur que les godets demeurent pleins d'eau quand le moulin cesse d'aller, ce qui apporte un tres grand poids a la chaine. Et il ne faut pas apprchender que l'eau des godets s'ecoulera par ces trous, parce qu'elle coule de l'un dans l'autre, et ainsi il ne s'en perd rien. Il y aura encore cet avantage que les godets s'empliront plus facilement en descendant dans l'eau qu'ils ne font maintenant par ce que l'air en sortiroit par les trous susdits. {==82==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1834. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 17 juillet 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 27 juillet 1671. La lettre pour mon Pere que je vous envoie peut estre le trouuera a la Haye puis qu'une dame a qui je portay hier une lettre de sa part me dit qu'on luy avoit mandè de Londres que Monsieur de Zulichem estoit party 1). Je vous prie informez vous chez Leers 2) le libraire s'il scait quelque adresse a Rouen pour me faire tenir mes deux quaisses que j'ay laisse dans ma chambre, et ayez la bontè de me les envoier. Il me pria de luy envoier des Comedies ou autres pieces nouuelles, a quoy vous pouuez luy dire que je ne manqueray pas lors qu'il s'en rencontrera. Si par hazard vous faites quelque voyage a Amsterdam, je vous recommande de voir Monsieur Blaeuw 3) et de scavoir de luy quand j'auray mes deux paires de globes de la nouuelle impression, que j'attens il y a plus de 7 a 8 mois, et mesme je luy en ay encore escrit peu de jours devant mon depart. Il semble qu'il se mocque. Monsieur Picard que vous auez veu icy, s'en va faire un voyage en Dannemarck pour quelques observations 4) dont nous avons besoin, qu'il fera dans l'Isle de Huena ou estoit l'Uranibourg de Ticho Brahé. Il vous ira saluer en passant et je vous prie de le tenir pour recommandè si vous pouuez le servir en quelque chose. J'ay trouuè icy une nouuelle invention de voiture 5) par les rues, qui est fort en vogue; ce sont des chaises pour un homme seul mises sur deux roues, et avec certains ressors par dessous que les gens qui les mesnent sont obligez par serment de ne laisser voir a personne. Ces brouettes sont bien commodes et j'en ay fait l'essay. On n'en paye qu'un escu pour tout un jour. Je ne scay si les inventeurs ne {==83==} {>>pagina-aanduiding<<} les ont point communiquees a Monsieur de Gent, mais peut estre ils y ont adjoutè quelque chose du depuis pour les perfectionner et adoucir, tant y a qu'on ne voit autre chose dans les rues. Envoiez je vous prie l'enclose 6) a M. Constantin. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. No 1835. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 23 juillet 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 23 Juillet 1671. Vostre lettre 1) me fut rendue hier seulement c'est a dire 2 jours apres que j'eus receu celles du beaufrere 1) et du frere de Zeelhem 1) qui sont venues dans le pacquet de Romf. Je crois qu'ils les envoient chez Vastric 2), et vous pouuez vous servir de la mesme adresse puis qu'on en reçoit les lettres plus fraiches, &c. Lors qu'on m'apporta la vostre la Cousine de la Ferté 3) avec Madame sa mere 4), et sa soeur 5) estoient icy dans ma chambre ou je leur donnay a disner, pour leur espargner la peine de s'en retourner a leur quartier, car il faut que vous scachiez qu'elles vienent demeurer dans le nostre, à la rue de Richelieu, ou elles s'occupent depuis le matin jusqu'au soir a ranger leur meubles dans la maison nouuelle. Elle a une porte pour entrer dans le jardin du palais Royal, et estant proche d'icy j'en tireray cette commoditè que de pouuoir rendre des visites plus frequentes a ces beautez et mesme a pied. Je leur lus ce que vous me dites de Mademoiselle Julie, et le conseil que vous luy avez donnè fut trouuè fort bon. Madame de la Fertè attend vostre lettre pour la semaine prochaine suivant ce que vous luy promettez. Son mary est tousjours en Normandie et luy laisse le choix si elle y veut {==84==} {>>pagina-aanduiding<<} aller cet estè ou non, de sorte que je crois qu'il n'en sera rien. Mon proces avec nos gens de ceans 6) n'est pas encore fini. J'en ay fait l'histoire a Monsieur Colbert desia l'autre semaine, ce que je ne scay comment jay oubliè de vous mander. Il m'avoit receu avec grand tesmoignage de joye, et estoit en fort bonne humeur, jusques a ce que j'eusse entamè cette matiere, dont il montra avoir grand deplaisir, et me promit qu'il s'en informeroit. Apres que je fus parti il appella Monsieur Perraut, et apres quelque invective contre ce meschant procedè, il luy ordonna de veoir comment l'affaire s'estoit passée, et qu'il taschast de l'accommoder en sorte que je fusse fatisfait, et que s'il ne pouuoit, qu'alors luy mesme parleroit. Il apprehende que si nous en venons a une rupture ouverte cela ne soit de grand prejudice a nostre Academie ce qui fait que par respect a luy j'evite tant que je puis de faire de l'esclat. Je pretens que le jeune Carcavy me laisse la calesche qu'il a trocquée contre la mienne qui a mon avis ne vaut pas d'avantage quoyqu'il soutiene le contraire. A moins de cela je le menace que je me plaindray a Monsieur Colbert. Tout cela se negocie par Monsieur Perraut, et par Madame de Carcavy car je ne l'ay pas encore voulu voir, quoy que de temps en temps il m'envoie des ambassadeurs. Il n'a estè icy que deux jours, et logè hors de ceans. maintenant il est a S. Germain d'ou il ne reviendra que lundy a ce que son envoiè vient de me dire presentement, avec beaucoup de complimens de sa part. Il faudra alors que la calesche saute car je veux qu'il en passe par la. Lors que je parlay au vieux Carcavy de cet affaire il eust l'effronterie de dire qu'il ne s'en estoit point meslè, et de donner le dementi a ceux qui disoient le contraire, quoyque sa femme, et du depuis aussi le fils ayent avouè qu'il y estoit present. Je crois au reste m'estre desia vengè en partie d'avoir fait scavoir la chose a Monsieur Colbert ce qui me garantira en mesme temps des mauuais offices qu'il pourroit me rendre aupres de luy. Je vous ay escrit par ma precedente que Monsieur Picard devoit vous aller veoir. Ne luy dites rien de cette affaire qui luy est inconnue. Il partit hier a matin. Je suis tres aise de la guerison du frere de Zeelhem et l'exhorterois a s'y maintenir par la bonne diete, si vous ne m'aviez averti que chez luy venter caret auribus. Je ne luy escris pas par ce que je ne me suis pas encore informè de ce qu'il desire scavoir touchant le livre de Mezeray 7). Pour ce qui est des 1000 escus pour le prix du distiche a mettre devant le Louvre, qu'il scache et le Signor Padre aussi que c'est franche bourde, de laquelle je crois que l'autheur doit avoir du plaisir voyant comme tous les Poetes donnent dedans, et s'efforcent d'attraper ces mille escus imaginaires. J'ay eu une ample relation par le frère de Moggershil 8) du festin marin du Capitaine, et voudrois en avoir estè. dans son affaire avec l'horologer il y aura un {==85==} {>>pagina-aanduiding<<} peu d'injustice s'il ne paye les 250 ℔ puis que l'horologe va fort bien. la faute estoit auparavant en ce que le poids demeuroit serrè dans la boëte et ne descendoit pas librement, ce que j'ay remediè moy mesme. Un cadeau ou deux de moins le sortìroit de cette affaire. L'on travaille maintenant dans ma salle basse pour me l'accommoder, j'en ay fait oster le quarreaux pour y mettre des planches, puis j'en feray un apartement suivant le dessein quod vide apud dominum de Moggershil. Faites mes baisemains a ma soeur de Zeelhem. hier un Levertie 9), que je fis faire suivant sa recepte fut trouuè fort bon. je suis marry de l'accident de sa simarre de satin blanc. No 1836. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 30 juillet 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 30 Juillet 1671. Suivant ce que vous me mandez 1) vous devez maintenant estre a Zuylichem avec toute la famille. Je ne vois pas pourquoy le frère de Zeelhem auroit de la repugnance à ce voyage puisque c'est le vray temps a cetheure d'estre a la Campagne et que la Haye est deserte. l'air aussi y est tres bon pour un reconvalescant comme luy. Il n'y a que ces petis animaux que la belle soeur haït si fort qui font un peu de peine a ceux qui n'y sont pas accoustumez, sed nos haec novimus esse nihil. Je vous remercie du soin de mes quaisses. 2) vous n'aurez pas manquè de marquer au marchand de Rotterdam mon adresse, mais vous pourriez avoir fait la mesme faute qui estoit a la superscription de vostre derniere lettre de mettre la rue Vivonne au lieu de Viviene, et en ce cas il faudroit en faire avertir le marchand de Rouën. J'auray soin de ce que j'ay promis au Sieur Leers 2). J'ay trouué en arrivant icy un livre nouveau qui a assez de vogue et qui est maintenant defendu. Le titre est Le comte de Gabalis, ou entretiens jur les sciences secrettes 3). Je ne sçay s'il n'est pas encore en Hollande. Le dessein semble {==86==} {>>pagina-aanduiding<<} estre de se mocquer des visions Cabalistiques. Et on le trouve bien escrit et d'une maniere agreable. Dites je vous prie au frère de Zeelhem que je me suis informé touchant l'Histoire de Mezeray 4), qu'elle est rare et chere ne coustant pas moins de 150 ℔. Et un libraire qui en a une de grand papier en demande 200 ℔. pour ce qui est d'une nouuelle edition ils me disent que cela n'est pas encore prest d'estre fait. Depuis ce que je vous ay mandé touchant les brouettes 5) j'en ay voulu faire l'experience plus a loisir et m'en suis servi une apres disneé entiere. Mais je trouue que la voiture est bien ennuieuse, parce que cela avance lentement, et sur tout quand il est question de monter, comme vous scavez qu'il y a icy de tels endroits. Pour response a vos questions, voicy ce qu'il y a. l'on entre dans ces chaises par devant. ceux qui les tirent vont un pas lent, selon ce que je viens de dire et la traisnent apres eux. la douceur n'est pas egale a celle du carosse et sur tout il y a des secousses importunes de costè, quoyqu'ils ayent taschè d'y pourveoir en faisant comme des petits matelats pour s'appuier contre. Les Inventeurs asseurement ont un privilege, et Monsieur le Duc d'Anguien 6) participe au profit. Il y a le tiers de l'escu pour luy, le tiers pour l'homme qui mesne, et le tiers qui reste pour l'inventeur. A Amsterdam cela pourroit servir, mais le peuple ne le souffriroit pas. icy l'on ne fait difficultè de rien. Je trouve admirable cet enlevement du Major a 10 heures du matin. Cela ne s'est encore point pratiquè. Ceans Mademoiselle Janneton 7), autrement la Presidente, s'est mariée la nuict passée, avec un Monsieur Inselin qui paroit assez honnest homme, mais a ce que j'apprens la derniere consommation ne s'est point encore ensuivie. Le jeune Carcavy estant venu icy a cette occasion, m'a estè voir ce matin, excusant le mieux qu'il a pu l'enlevement des coussins &c. 8) et m'assurant quand je luy en representois un peu fortement l'infamie, qu'il ne s'en estoit point meslè, et que c'estoit le pere. au reste il se sousmet a me faire reparation en me laissant sa calesche a ce que Monsieur Perraut la fera estimer en deduisant mes 100 escus. de sorte que nostre proces va finir bientost. Ils ne scavent pas que Monsieur Colbert en a connoissance. {==87==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous ne me dites pas si vous avez envoiè ma lettre a la Cousine Constancia 9) et ne parlez que de celle pour mon Pere. Vous ne tenez pas promesse a Madame de la Fertè 10). No 1837. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 1er août 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll.Huygens. Chr. Huygens y répondit le 7 novembre 1671. Monsieura⁾ Ayant sceu de Monsieur vostre Pere que vous estiez de retour à Paris en bonne santé, et une si bonne occasion, comme celle de Monsieur Vernon 1), s'offrant pour vous saluër et pour vous feliciter de vostre reconvalescence, i'ay cru de ne la devoir pas negliger. Vous scaurez donc, Monsieur, que tous vos amis icy, dont il y a grand nombre, se rejouissent extremement de ce que vous vous portez si bien que de pouuoir retourner à la philosophie, et se promettent quelque chose extraordinaire de vos estudes renforcez par une vigueur renouvellee de corps et {==88==} {>>pagina-aanduiding<<} d'esprit. Nous attendons aussi de Messieurs vos colleges plusieurs choses considerables, que l'on nous a fait esperer il y a quelque temps, particulierement la mesure de la terre, l'Anatomie de plusieurs Animaux et la description de quelques Plantes. Vostre Academie, jouissant de toutes les assistances necessaires à executer, fera voir au monde, sans doubte, la force des Esprits Clairvoians, et combien de choses belles et utiles ils peuvent produire. Quant à la Societé Royale, Elle ne s'assemble point à present, ayant commencé sa vocation 2) qu'elle a accoustumé de faire dans cete saison. Sans cela, Elle persiste à faire des Experiences autant qu'Elle peut. On espere de pouvoir travailler mieux cy-apres. Quelques uns de ses membres ont depuis peu fait imprimer quelques livres nouveaux: Monsieur Boyle, de l'Estrange rarefaction de l'Air &c. 3). Et de l'Utilité de la Philosophie Experimentelle le 2e volume 4); meditant à present sa response aux objections que Monsieur More 5) a faitez contre quelques unes de ses Experiences; comme aussi un Traité joly et bien philosophique {==89==} {>>pagina-aanduiding<<} touchant les pierres precieuses 6). Monsieur Wallis, quoyque malade de la fievre quarte, a achevé la derniere partie de Son Traite de Motu et Mechanice 7), qui sortira de la presse au premier iour. Monsieur Lower a adjousté a son livre de motu Cordis et Sanguinis, un petit discours de Origine Catharri 8). Monsieur Willis fait astheur imprimer deux Traitez, l'un de Anima Brutorum 9), l'autre de Morbis Capitis 10). Monsieur Mercator quelque chose des logarithmes 11). De plus, ie ne veux pas vous celer, Monsieur, que i'ay communiqué 12) (ce que ie crois n'avoir pas fait contre vostre gré) la construction du Probleme d'Alhaxen (que vous nous envoiatez, il y a quelque temps, imprimée de vostre nouvelle facon) 13) a Monsieur Slusius, qui m'a respondu la dessus bien amplement, et qui semble avoir envie de conferer avec vous sur cete matiere, come vous verrez par la suite, Il dit donc dans sa premiere lettre du 22 novembre 1670 14); Alhazeni problematis constructionem, a Viro Nobissimo ad vos transmissam ut vidi, protinus eandem esse cum meâ suspicabar; at inspectis adversariis meis, non leve discrimen reperi, ut mox videbis. Ne quid tamen dissimulem, cum Domini Hugenii constructionem ad calculos revocarem, eandem omninó mecum Analysin secutum deprehendi; sed cum ex illa duae nascantur effectiones, utraque per hy- {==90==} {>>pagina-aanduiding<<} perbolam circa asymptotos, ille unam, ego alteram, uti faciliorem selegeram. Evidens est autem, nil aliud quaeri hoc problemate (si illud ad terminos meré Geometricos revocemus) nisi, in dato circulo (cujus centrum A, radius AP) punctum aliquod ut P, à quo ductis, ad puncta data EB, inaequaliter a centro A distantia, rectis PE, PB, recta AP producta bisecet angulum EPB. Quod quidem varios casus recipit. Vel enim normalis ex A in rectam EB, nimirum AO, cadit inter E et B, vel ultra B. Si ultra, vel rectangulum EOB aequale est quadrato AO, vel majus, vel minus. De casu aequalitatis videbimus infra: nunc veró tres alios casus eadem feré constructione complectimur. Per tria puncta AEB transeat circulus, ad cujus circumferentiam producatur AO in D: ac, siquidem punctum O cadat inter E et B, recta AO versus O producenda erit; sin ultra B, sitque rectangulum EOB majus quadrato AO, producenda erit versus A: At si rectangulum quadrato minus fuerit, circulus in ipso puncto D, rectam AO secabit. Tum ducta AX parallela EB secante circulum {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} datum in N; fiat, ut rectangulum DAO ad quadratum AN, ita ½ AX ad AH, quae sumenda erit versus X, si O cadat inter E et B, aut rectangulum EOB minus sit 4dto OA, aut ex parte contraria, si sit majus. Ponatur nunc OQ aequalis AH (in directum EB primo et 2do casu, 3to autem versus E). Tum fiant proportionales XA, NA, HK, sumenda omni casu versus X; sectaque AO in V, ut sit eadem ratio KA ad AV, quae AD ad AX; jungatur KV ac producatur donec occurrat rectae QM, parallelae OA {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {==91==} {>>pagina-aanduiding<<} indefinite productae, in puncto L; erunt omni casu KL ad QL asymptoti hyperbolae, quae per punctum O descripta, proposito satissaciet: hoc tantum discrimine, quod 1o et 2o casu hyperbola per O, problema solvet in speculo convexo, sectio vero ei opposita in concavo: At 3o casu contrà, hyperbola per O serviet concavo, ejus opposita convexo. Atque id quidem, cum punctum V cadit inter A et O; nam si ultra O caderet, unica hyperbola inter easdem QL, KL descripta tam speculo convexo quam concavo satisfaceret. Caeterum si V caderet in ipsum punctum O, problema tunc planum esset, et ipsae rectae LQ, LK illud absolverent. Unde patet, problematis hujus dari casus infinitos, qui per locum planum solvi possunt, quò magis veniâ digni videntur ii, qui illud per eundem locum universe solvi posse censuerunt, quòd ipsis aliquoties calculus feliciter cecidisset. Nulla enim dari potest trium punctorum AEB positio (de casu aequalitatis rectanguli EOB et quadrati OA mox videbimus), quae non admittat circulum aliquem ex centro A describendum, ad cujus circumferentiam Problema per locum planum solvi queat. Hujus autem circuli radius si tanti est, ita invenietur. In 1o et 2o casu superioris constructionis fiat ut quadratum AX una cum duplo rectangulo OAD, ad duplum quadratum AD, ita quadratum AO ad quadratum AN, erit AN radius quaesitus: at in 3o casu, faciendum est ut quadratum AX minus 2plo rectangulo OAD, ad duplum quadratum AD, ita quadratum AO ad quadratum AN. Construendus nunc superest alius casus, aequalitatis nempe rectanguli EOB et quadrati AO, sive in quo circulus per puncta A, B, E descriptus tangit rectam AO. Rectè autem monuit Clarissimus Hugenius 15), hoc casu describendam esse parabolam. Quod tamen non ita intelligendum, quasi per hyperbolam solvi non possit, cum et hyperbolam et ellipsin imò infinitas (si quis methodo nostrâ uti velit) admittat: sed quod parabolam quoque recipiat, quam alii casus respuunt. Eadem ratione temperandum est quod ait, constructionem suam omni casu quo Problema solidum est, locum habere; intelligit enim, levi mutatione inveniri hyperbolam quae proposito serviat; quod casus, à nobis superius constructos cum ejus constructione comparanti planum fiet. Ut autem ad casum Aequalitatis redeam, et ne quid temere {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} asseruisse videar, ecce Tibi non unam, sed duas parabolas, ac praeterea hyperbolas appositas quae propositum absolvunt. Sint ut prius puncta data EB, circulus e centro A, ac alius per 3 puncta AEB, cujus tangens sit AO centrum D; ductâ diametro NADX, fiant tres proportionales XA, NA, ZA, cujus dimidium sit AL; fiant iterum tres proportionales 2 OA, NA, IA, cujus {==92==} {>>pagina-aanduiding<<} dimidium sit KA, et perficiatur rectangulum LAOV; productaque LV in S, donec VS sit tertia proportionalis ipsarum AI, OV; axe SL, latere recto AI, vertice S, describatur parabola; haec enim circulum secabit in punctis PP quaesitis. Tantundem faciet alia, si perfecto rectangulo DAKL 16), et producta KC in T, ita ut CT sit tertia proportionalis ipsarum AZ, DC; describatur circa axem TK, vertice T, latere recto ZA; occurret enim circulo in iisdem punctis PP. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Facilior adhuc est constructio per sectiones oppositas; factis enim, ut prius, tribus proportionalibus XA, NA, ZA, demittatur ZI normalis, tertia proportionalis duplae AO et AN: erit itaque ZI major ZA, cum 2pla AO minor sit XA: tum in puncto I, inclinentur utrinque angulo semi-recto ad lineam IZ, rectae IQ, IM, et ab utraque parte indefinite producantur. Demum circa illas tanquam asymptotos describatur per A hyperbola, et alia ipsi opposita; haec enim satisfaciet problemati in speculo convexo, illa in concavo. Cum vero, ut ostendimus, ZI semper major sit recta ZA, recta IM nunquam transibit per A. Non dabitur itaque casus, quo ex hac constructione velut in praecedentibus, Problema per ipsas asymptotos solvi possit. Et tamen hoc quoque aliquando locum planum admittit; cum scilicet accidit, ut recta ex O ducta ad centrum D tangat circulum NPP; ipsum enim punctum contactus quaestionem solvit. Et hoc quidem de problemate, quod hactenus multorum ingenia exercuit, et cujus solutionem ante aliquot annos absolvi, urgente C.M.V. Gutiscovio Lovaniensi matheseos professore, qui sibi usui futurum ajebat; moliebatur enim nescio quid in Catoptricis; sed mors manum injecit 17); neque enim (ut hoc obiter addam) quicquam hujusmodi in schedis ejus repertum intellexi. Jusques icy Monsieur Sluse dans sa 1re lettre; dans l'autre du 9me mars 1671 18) il dit; Quod ad Alhazeni Problema attinet, ut δευτέραι φροντίδες esse solent ἀμείνονες, duas alias ejusdem Analyseos, priori ad te antehac a me missa faciliores, et constructione inter se et ab illa diversas nuper inveni, quin imo praeparationem quandam generalem ex qua Problematum omnium, quae ad punctum reflexionis in speculis sphaericis concavis et convexis determinandum spectant, analysis facilè deduci potest. Sed haec, et meliora acutissimo Hugenio jam occurrisse mihi persuadeo, qui me majorem in hoc argumento operam posuit. Si tamen nugas quoque nostras videre vellet, libenter cum ipso communicarem. {==93==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous voiez, Monsieur, la franchise de ce grand homme; vous en userez selon vostre discretion, et, si vous ne luy escrivez pas vous mesme sur ce sujet, m'instruirez, s'il vous plait, de ce que ie luy respondray là dessus. Je me croiois aucunement obligé de vous faire scavoir tout ce qui s'est passé entre luy et moy en cete matiere; ce qu'ayant fait, vous aurez assez de bonté, de pardonner cete prolixité, puisque i'ay eu assez de patience de transcrire tout cela de ma propre main, ne m'y osant fier à mon copiste. J'ay mis icy les dernieres Transactions 19): Monsieur vostre Pere a eu quelques unes des precedentes, que, peut estre, il vous a desia envoyez. Vous prendrez tout en bonne part de Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur Oldenburg. Quand on m'escrit par la poste, on continue tousiours cete adresse, A Monsieur Monsieur Grubendol. à Londres. Rien que cela. A Londres le 22 juillet 1671. PS. Dans les Transactions 20) prochaines on mettra la responce de Monsieur Wallis 21) au livre nouveau de Monsieur Hobbes 22), dont il est parlé dans celles, qui sont encloses icy. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, a Paris. a) Respondu le 7 novembre 1671 [Chr. Huygens]. {==94==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1838. Picard à Christiaan Huygens. 9 août 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Amsterdam ce 9 Aoust. Monsieur Il y a bien six jours que j'attends icy le batteau de Hambourg 1),Je vous aurois escrit plustost mais j'ay voulu voir auparauant Monsieur Hudde qui estoit a la campagne et qui n'est de retour que depuis trois jours. Il m'a fait la faueur d'enuoier querir le maistre du batteau et de me recommander a luy comme de la part de messieurs d'Amsterdam auec ordre que si le calme nous prenoit ou que nous ne pussions auancer, il eust a me debarquer pour pouuoir continuer mon chemin. Monsieur Blaeu 2) soigne a vos globes 3); Il m'a fait voir vn trauail assez considerable touchant la mesure de la terre et parce que Je me suis aperceu que sur le degré entier nous n'estions en differant que d'enuiron cinq ou six verges 4) Je luy ay fait voir vn des liures que Je porte en Danemarck ce qui luy a donné beaucoup de {==95==} {>>pagina-aanduiding<<} plaisir. Monsieur vostre frere n'estoit pas a la haye lorsque J'y ay passé, J'eusse esté bien aise de luy pouuoir dire des nouuelles de vostre santé estant Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Picard. A Monsieur Monsieur Hugens a la Bibliotheque du roy, rue viuien A Paris. No 1839. J. Hudde à Christiaan Huygens. 18 août 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Amst. 18 aug. 1671. Mijn Heer UEds. aangenamen van den 20 July uijt Parijs 1) is my per Monsieur Picard behandigt. Ik heb dezen heer aangeboden myn dienst in al't geene daar in ik hem eenige zou konnen doen; maar 't is te gering geweest 't geen hij mij heeft gevergt, en 'tgeen ik hem bij gevolg ook alleen heb konnen presteren. Hij vertrok van hier voorleden Zondag 8 dagen 2) op Hamburg met een Hamburger veerman, die hem alle gemak en commoditeijt zou doen hebben, en ook onderwegs uijtzetten indien buijten vermoeden door stilte of anders, zij te lang op 't water quaamen te swerven, ik heb hem niet willen vergen 't gezigt van Zijn instrumenten, dewijl zij gepakt waren en hem mogelijk te veel moeijte gekost zouden hebben om ze voor den dag te krijgen, anderzints had ik ze wel gaaren gezien. 't Zedert uEds. vertrek ben ik met zoveel andere zaken geoccupeert geweest, inzonderheyt met een, die mij bijna geheel en al vereyscht, en ook zo dikwils uijt de stad geweest, dat ik op de uijtrekening van de lijfrenten niet heb konnen denken, zonder dat, zouw uEds. mijn wedervaren, en 't register der gestorvene, waar op lijfrenten al in den jaare 1586, 87, 88, 89 en 90 gekoft zijn, al overgeschreven hebben 3). Ik heb evenwel de zaak onlanx bij der hand genoomen en {==96==} {>>pagina-aanduiding<<} afgedaan. 't Register als 't fondament gaat hier ingesloten 4) in welke de bovenste getallen boven de lijn betekenen de ouderdom der persoonen, toen op dezelve de lijfrenten zijn gekogt, en de reex onder ieder der zelve jaren, de tijd die zij daarna nog geleeft hebben; zo zal uEds bevinden in d'1e colom 61 persoonen, die maar een jaar out waren toen op haar lijf de lijfrenten zijn gekogt, en welke na dat eene jaar hebben geleeft als in de colom staat uijtgedrukt. Ik heb in de colommen altijt gestelt de eerstgestorven boven de langer geleesde. De o is te zeggen een perzoon die binnen 't jaar gestorven en bij gevolg van 't Land niets genooten heeft, supponerende de lijfrenten bij 't jaar ende niet bij 't halve jaar te vervallen en betaalt te moeten werden. Alzo heb ik bevonden dat een gulden lijfrenten op de perzoonen van 6 jaren out, zijnde 96 in getal, waardig zijn f17:4:3 sommage tegens een losrenten van 4 per co 's jaars; ende f16:12:5 sommage over het geheele register begrijpende 1495 perzoonen, 't geen mijns oordeels wel de beste en zekerste rekening geeft. De Heer Raatpensionaris 5) heeft my geschreven dat hij deze waarde van f 17:4:3 ook zo bevind op mijn register, en myne methode, die een ander is als de zijne, ook zeer goet en concludent oordeelt. Van d'andere waarde heeft hy my nog niets geschreven, ik geloof om dat het hem wat te moeijelijk zal vallen om tegenwoordig dat de Staten zijn vergadert na te rekenen. De waarde van d'eerste 10 Colommen vind ik deur malkander op f 17:1:11 6) sommage, en de Raatpensionaris heeft gelijke Colommen, hoewel van meerder persoonen getrokken uijt de Haagse en jongere boeken als d'onze hier 't Amstelredam berekent, en bevonden deur een f 17:17:8: 't geen mijns oordeels al vrij wel overeenkomt. en 't is te verwonderen dat in alles geen grooter verschil valt. Ik was van voornemen om de waarde op twe lijven ook te berekenen, maar vinde daarvoor als nog geen tijd toe. Dit zal ik van uw hand dan eerder verwagten. Ik heb wel een zekere en infaillible methode daartoe bedagt maar valt te lang om uyt te werken. Aangaande onse commissie aan de Rijn en IJse l7), nadat ik uEds. missive van uw vertrek hadde ontfangen, kreeg ik een brief van haar Hoog. Mog. om dien aangaande in den Haag te koomen tegens d'aanstaande Dingsdag om bij te woonen en 't assisteren 't besoigne dat aangeleyt was op 't verdiepen van beyde de voorseyde {==*4==} {>>pagina-aanduiding<<} Lijfrenten gecogt op d'ouderdom van Jaren 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Daarna geleeft 1 1 2 1 0 1 1 3 3 3 6 4 2 2 3 2 1 4 3 4 6 8 2 2 5 3 2 4 3 7 13 11 3 2 5 3 2 5 4 7 15 11 4 2 7 3 5 5 4 9 15 13 7 3 9 4 5 6 11 9 15 13 10 3 10 4 6 6 12 10 16 13 12 4 10 5 7 10 13 12 22 15 13 5 10 6 9 11 14 13 23 15 14 12 11 6 10 11 15 13 23 16 14 12 12 7 10 12 15 13 24 16 15 13 13 7 11 13 15 13 24 16 16 13 13 11 12 14 17 14 25 17 16 13 14 12 12 14 18 14 25 20 17 14 14 13 14 15 19 15 25 22 17 15 14 13 15 16 20 15 25 25 17 15 14 13 15 16 24 16 26 25 18 16 15 13 15 16 25 16 31 26 19 16 15 13 15 19 27 17 31 26 21 17 15 14 15 19 27 17 31 27 22 17 15 15 16 19 28 17 31 29 22 18 16 17 16 20 29 18 32 30 23 19 16 17 16 22 29 19 33 31 24 19 16 18 17 22 34 19 38 33 24 20 16 18 17 22 36 20 40 33 24 20 17 18 18 22 37 21 41 34 26 22 17 18 18 23 37 25 41 35 26 22 18 19 20 24 38 26 44 35 27 23 18 21 20 26 39 30 44 36 27 24 18 26 20 27 40 31 46 36 27 26 19 27 21 29 41 33 46 38 28 26 19 27 22 29 45 33 47 38 28 27 20 29 23 29 46 34 48 38 29 28 20 30 24 30 46 37 50 44 29 31 23 30 26 30 47 37 52 47 29 32 24 31 26 30 47 38 52 50 30 32 25 31 26 31 47 39 56 51 33 33 26 32 28 31 49 39 57 52 34 33 28 34 29 32 49 40 58 53 34 33 28 34 29 33 49 41 58 54 34 34 29 35 29 34 49 44 65 56 34 34 29 36 30 35 50 45 65 56 35 35 30 36 31 37 51 46 66 57 35 35 37 38 32 37 51 46 66 57 35 36 37 38 33 38 51 47 68 59 35 36 37 38 33 38 51 48 68 60 37 37 38 39 35 38 52 48 68 61 37 37 38 39 36 38 53 48 69 62 37 37 38 40 38 39 54 48 70 63 38 38 40 40 38 39 54 49 71 64 38 38 40 40 39 40 55 49 71 64 38 39 42 42 40 41 57 50 Lijfrenten gecogt op d'ouderdom van Jaren 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Daarna geleeft 7 3 2 0 3 4 6 4 0 5 7 3 5 0 3 4 12 9 4 8 7 5 9 3 3 9 12 10 6 10 7 7 9 3 13 10 12 14 9 16 12 10 9 4 13 10 13 14 14 16 12 12 10 5 14 10 14 15 16 23 13 12 14 6 14 11 16 17 22 23 14 12 14 8 14 14 19 17 23 27 15 15 15 8 15 15 23 18 26 27 16 15 15 9 15 23 24 18 26 28 17 15 16 9 18 26 25 25 31 30 19 16 17 10 20 26 30 31 31 30 19 16 18 12 20 27 31 35 32 35 20 18 18 12 20 27 31 35 34 37 22 19 19 12 21 27 32 36 34 38 27 21 20 14 22 31 34 36 35 39 28 22 21 15 27 35 37 36 36 41 30 23 21 16 30 36 37 37 36 41 31 24 22 16 30 37 38 37 36 44 32 24 25 18 35 37 39 44 37 44 33 28 26 18 35 38 40 48 40 45 34 29 29 20 36 38 40 48 42 47 35 31 31 21 39 39 41 49 54 49 35 32 32 21 39 39 45 49 55 50 36 35 32 24 39 41 48 50 62 50 37 35 32 26 40 42 49 51 63 50 39 36 36 27 43 47 51 59 50 40 36 36 29 44 47 52 59 51 40 38 38 30 45 49 52 60 53 42 39 38 33 46 51 53 73 54 43 39 38 35 46 51 53 59 44 39 39 35 46 56 58 65 46 39 41 37 49 57 60 48 40 42 41 50 60 65 49 42 49 42 52 61 50 43 49 45 53 62 50 46 49 46 54 50 46 52 48 54 51 47 52 49 55 52 47 53 49 55 54 48 53 50 55 54 49 53 50 55 55 51 54 52 56 56 52 55 52 59 58 52 57 53 60 59 53 57 57 60 59 56 59 57 62 60 56 60 58 62 61 57 60 59 63 62 58 60 60 64 62 58 61 60 65 62 59 63 62 67 Lijfrenten gecogt op d'ouderdom van Jaren 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Daarna geleeft 0 1 2 4 2 0 8 4 11 5 2 3 7 7 2 2 26 10 12 12 6 4 15 9 3 6 29 11 16 14 6 6 18 12 3 14 34 12 20 16 11 6 26 13 5 17 36 14 26 19 14 7 27 16 10 18 37 25 42 21 16 8 28 17 10 25 39 31 22 22 13 31 20 13 33 42 35 34 24 18 38 21 13 34 48 35 36 27 23 39 25 14 36 36 41 28 24 39 26 14 36 36 49 36 24 43 27 19 38 37 37 28 43 28 20 42 42 37 29 46 29 30 56 47 37 31 49 33 31 42 31 35 34 49 38 35 37 50 45 36 46 52 51 36 47 57 52 36 52 58 53 36 54 38 56 38 58 39 61 40 45 46 48 50 52 53 62 Lijfrenten gecogt op d'ouderdom van Jaren 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Daarna geleeft 13 8 18 15 23 4 19 9 7 17 19 12 18 19 25 8 24 12 13 18 19 13 19 38 37 8 29 12 24 19 24 16 20 42 42 10 22 25 19 28 26 20 46 14 24 26 23 39 45 23 15 39 26 44 29 21 36 32 24 33 29 43 46 52 Lijfrenten gecogt op d'ouderdom van Jaren 41 42 43 44 45 46 47 48 50 Daarna geleeft 3 6 9 7 13 3 7 11 3 4 6 14 10 14 24 21 13 8 16 20 15 17 36 23 18 8 17 17 27 18 20 23 26 28 30 {==*5==} {>>pagina-aanduiding<<} 71 65 39 39 43 43 41 41 59 50 63 63 67 63 72 66 39 39 45 44 45 43 61 51 70 64 68 68 72 68 39 40 45 44 46 43 63 53 73 64 71 73 72 41 40 47 46 53 44 64 53 70 83 74 72 42 41 50 47 56 44 64 54 72 75 73 43 41 51 48 56 45 64 54 76 77 74 46 42 51 48 59 46 65 59 79 74 47 43 51 50 59 48 66 60 80 75 48 43 51 53 59 49 69 65 79 49 44 52 53 59 51 70 65 80 50 47 53 53 60 51 78 66 84 51 50 55 54 61 52 78 66 51 50 56 54 61 52 69 52 50 59 55 62 52 70 52 51 59 55 62 53 71 53 51 59 56 63 54 72 53 53 60 58 63 54 74 54 53 60 59 65 54 54 54 61 60 65 54 56 55 61 60 67 55 56 56 61 60 69 55 57 57 62 61 72 57 58 57 62 62 77 57 58 58 62 62 78 59 59 58 62 62 84 60 62 60 62 64 60 62 61 63 64 62 63 61 63 64 62 66 63 65 65 62 66 64 66 66 64 67 66 66 67 64 69 67 66 67 70 72 67 67 70 71 72 70 67 71 75 72 76 67 71 77 72 79 68 71 72 84 68 72 73 69 73 73 70 73 78 72 74 83 72 74 72 78 73 78 77 80 {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Tableau de mortalité, dressé par J. HUDDE, des personnes sur les têtes desquelles des contrats de rentes viagères ont été vendus par le gouvernement des provinces unies, en 1586, 1587, 1588, 1589 et 1590. Les nombres placés au-dessus de la ligne horizontale indiquent l'âge de ces personnes au commencement du contrat. Au-dessous de chaque àge les nombres d'années que ces personnes ont vécu ensuite sont inscrits dans l'ordre des grandeurs. {==97==} {>>pagina-aanduiding<<} Rivieren. Ik liet door den Griffier Fagel 8) zeggen dat ik door indispositie niet kost koomen, maar ik heb niet anders geweten of uEd. was zo lang gebleven. Evenwel uw broeder 9), voor eenigen tijd in den Haag ter dagvaart zijnde, zeyde mij dat uEd. al te vooren was vertrokken. Ik verstond ook uyt zijn Ed. dat onze verschooten sommage ent restant van de Declaratie nog niet betaalt was 10), dat hij ook geen ordre had om het in te vorderen; Zulx dat ik doe wel kost vatten de reden waarom de betaling niet was gevolgt, gemerkt ik niet anders heb geweten of uEd. had ordre tot den ontfang gestelt, immers ik heb er op stil gezeten. Ik heb zijn Ed. toenmaals ook gecommuniceert wat ik vorders van de zaak ten principalen wist, die het aannam uEd. te schrijven. Voorleden week heb ik expres mijn reys over den Haag genoomen om uEd. te konnen schrijven wat vorders hier omtrent mogt voorgevallen zijn. De uytslag tot nog toe is (zo ik aldaar van goederhand heb verstaan) dat na voorgeschreven examinatie van ons verbaal en advys by Commissarissen uyt haar Ed. Groot Mog. en 't gehoorde advys van de Raade van State over 't zelve, by de Staten van Hollant vastgestelt is het eerste advys zoo 't bij ons leyt, met bijvoeging van 't vergrooten en verlengen van de Schep-cribbe aan IJsel-oort, als mede van 't uijtleggen van eenige boldertjens daaromtrent op 't advijs van de Raad van State, die ook de vervallen Staats-Cribbe wederom opmaken wilden, maar alzo ik naderhand aan de Heer Raatpensionaris toonde, dat hetzelve niet voormaar na-deelig voor den IJsel zou zijn, dewijl om de al te verre distantie van de mond het afkomend water daardoor in den IJsel niet gedwongen kost worden, maar wel integendeel dat het zand daar tegen over afgespoelt en nootzaakelijk in den IJsel overgebragt zouw moeten werden; Zo is hetzelve agtergebleven. Voorleden week wast in handen van Commissarissen van haar Hoog Mog., en den Raad van Staten hadden haare petitie tot deze werken opgestelt, ingelevert, bedragende een zomme van 150 duysent guldens. Die van Uijtregt en andere provincien dringen d'executie hert en sterk. Zo dat ik geloof dat 'et nog wel dit jaar in 't werk geleyt mogt werden 11). Zo dit geschiet, hebben wij al vrij wat meer geluk als voorgeschreven Commissarissen. 'tVerdammen van den IJsel, zijnde ons twede remedie, is bij zommige wel geconsidereert als de kortste en essentieelste remedie, maar alzo die van Uijtregt en andere provintien vreesen (hoewel zij dit niet durven openbaar zeggen) dat haar negotie daardoor zeer benadeelt zou werden en afbreuk lijden; is bij 't eerste alleen, voor als nog, gebleven. {==98==} {>>pagina-aanduiding<<} Maar wij hebben ons zeer te beklagen over den Notaris die de copyen heeft gemaakt alzo dezelve zo vitieus zijn uytgeschreven dat veel perioden onverstaanbaar zijn geweest. int gedrukte verbaal dat aan de leden van Hollant is gedistribueert, stond onder andere in't hooft op d'indispositie vande Neder-Rijn en IJsel, in plaats van op d'inspectie 12). Voorleden Zaterdag den Haag passerende ontfong ik tot betaling van ons restant 246 gulden in plaats van f 262.16: - hebbende onse declaratie met f 16: 16 gediminueert. Van Heteren 13), kamerbewaarder van haar Hoog. Mog., die d'ordonnantie heeft bevordert, heb ik toenmaals niet kunnen spreken, zulx dat ik niet en weet wat hij voor zijn moeyte hebben moet. mijn neef Dedel 14) (gemerkt uEds. broeder niet in den Hage was) heb ik 't gelt gelaten, zal van Heteren voldoen, ende uEds. broeder als dan dus hebben, 't geen uEd. hier uyt competeert, daar ik dan ook de 10 ducatons, die uEd. mij heeft wederom gezonden 15), zal bij doen, als niet konnende begrijpen dat die alleen voor uw rekening behooren te zijn. Deze f 16: 16: - die ons gekort zijn bestaan in een dag die we te veel voor de Bode zouden hebben gerekent, 't geen evenwel niet waar is; in 5 stuiver daags die we te veel voor de boode hebbe gestelt, alzo wij 30 stuiver hebben gerekent daar haar maar toegeleyt is 25 stuiver daags; in 2 ducatons die we aan hem voor zijn extra moeijte hebben toegevoegt, die ze als tegens d'ordre van 't Land niet hebben konnen laten valideren, 't geen het alderinpertinentste is: Ik heb 14 dagen omtrent bezig geweest met het beleggen van de attestatien, daar ik niet voor en reken, de boode heb ik gebruikt om al dit volk, die ik horen most, op te loopen, en men zal nog 2 ducatons die men hem daarvoor vereert, roijeren! maar dit zal 't zijnder tijt nog wel eens te pas koomen. Mij wierd geraden, dat ik 't geld evenwel ontfangen zouw. Hier heeft uEd. na mijn beste kennis al 't geen ik desen aangaande weet. Zullende derhalve hiermede besluiten, en verblijven Mijn Heer VEds. dienstwilligen dienaar J. Hudde. {==99==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1840. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 20 août 1671. La lettre et la cobie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 20 Aoust 1671. Je crois que vous devez desia estre de retour a la Haye et pour cela je vous adresse les lettres cyjointes pour faire tenir ou il faut. J'ay parlè ces jours passez avec des gens qui se connoissent en livres touchant l'histoire de Mezeray 1), qui m'assurent que l'abbregè in 4o 2) vaut bien mieux que la grande histoire comme elle est presentement, dans la quelle l'autheur mesme a reconnu beaucoup de fautes et faussetez qu'il a corrigées dans le dit abbregé. Il se vend 8 escus a ce qu'ils m'ont dit. Ces jours passez nous avons observè une tasche fort notable au soleil, ce qui n'est arrivè en 20 ans 3), et comme elle a passé hier a l'autre costé du soleil, il y a apparence que dans 12 jours d'icy elle pourra revenir encore. Les figures estoyent etranges et chaque jour differentes quand on regardoit avec nos grandes lunettes. Saturne apres avoir esté rond pendant 2 ou 3 mois a repris ses bras devant que je les eusse attendus, mais si minces qu'a peine sont ils visibles, et je predis maintenant que vers la fin de l'annee ils disparoistront encore. Vous avez de trop bons verres pour n'observer plus. Je vous prie si vous voyez Monsieur de Ginhoven 4) de le prier de faire response a la lettre que je luy ay escrit 5). ou mandez le moy s'il n'est peutestre point a la Haye. J'ay recommandé la mesme chose au frere Louis 5) mais je doute s'il ne sera point restè a Zulichem. Il Signor Padre ne reviendra t'il jamais 6). Il y a longtemps que je n'ay point eu de ses lettres. Je recommande a ma soeur de Zeelhem la garde du depost que je luy ay laisse entre les mains. Je me suis mis en despense ayant acheté des chevaux etc. de sorte que peut estre je pourray avoir afaire bientost de ce sac de reserve. Adieu. {==100==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1841. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 21 août 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 21 Aoust 1671. J'attends par vostre premiere la suite de la relation du voiage de Zulichem qui sera plus agreable que la premiere partie si les Leenties 1) vous ont tenu parole et qu'elles ayent fait la cavalcade qu'elles s'estoient proposée. Je ne scay si vous restez la apres le depart des mariez car vous n'en dites rien. Je feray vostre compliment a madame Inselin c'est a present le nom de la presidente. apres quoy il n'est pas necessaire de dire que le mariage s'est consommè 2). J'estois brouillè avec la famille comme vous scavez pendant toutes ces affaires, de sorte que je n'ay point estè des nopces, ni que je n'ay aussi observè a leur egard aucune des civilitez accoustumées. Maintenant apres que j'ay eu quelqu'espece de satisfaction par la cession de la calesche, nous ne nous voions pourtant que froidement, et je ne vay chez eux, que lors que j'y ay a faire. Ils sont aussi depuis quelque temps brouillez avec tous les messieurs Perrault 3), a quoy ce mesme mariage a donné occasion. Pendant mon absence en Hollande le frere medecin et Carcavy avoient quelque fois eu de grosses paroles dans l'assemblée, dont ils estoient restez un peu mal ensemble, mais cela n'avoit pas paru qu'a cetheure que Carcavy menant son gendre chez Messieurs Perrault le presenta aux deux autres et point au medecin quoyqu'il y fust present, car ils logent tous ensemble. Ce {==101==} {>>pagina-aanduiding<<} mépris les scandaliza tous, et quoyque Carcavy pensast de conserver la bonne intelligence avec les 2 freres, il n'y a point reussi. de sorte qu'ils ne viennent plus chez luy, non plus que moy. Madame a fait parfois quelques diligences pour appaiser l'affaire, mais en vain. La calesche comme je vous ay dit 4) est a moy moyenant quelque 40 ℔ qu'elle fut estimee valoir d'avantage que 100 escus. J'ay aussi achetè depuis des chevaux, et ayant fait quelque reparation de peinture a la calesche mon equipage paroit assez leste. Madame de Rossun avec son espoux doivent desià estre a la Haye. Je leur ay donnè une petite lunette pour faire tenir a Monsieur Pere ou chez nous. Mes balots sont ils en chemin? 5) et ne faut il pas faire scavoir au marchand de Rouen l'abus a la superscription de Vivonne au lieu de Viviene 5). Je croy que Romf doibt estre arrivè et m'en vay l'envoier scavoir. Il y a une dame logée avec luy qui s'appelle madame d'Aumale estant parente de celuy qui a estè en Hollande 6). Elle vient d'espouser Monsieur de Villeroy feu amant de mademoiselle de Sterrenburg 7), ce que je vous mande comme estant a Zulichem, car autrement le frere de Moggershil vous l'aura desia dit. les Aerssens diront apparemment qu'ils n'en ont point voulu. J'ay escrit il y a 3 semaines a Monsieur de Ginhoven 8) pour une affaire de mademoiselle de Busenval la soeur d'Amat. Je vous prie de luy en faire souvenir car jusqu'icy il ne m'a pas fait l'honneur de me respondre. Pour nouvelles du Ciel, vous scaurez qu'il s'est ces jours passez une tasche fort remarquable dans le soleil 8), dont on a publié les observations de Monsieur Cassini 9). Saturne a esté rond jusqu'au 14 Aoust, et du depuis il a des bras mais si minces, qu'ils sont presqu'invisibles avec nos grandes lunettes. Et je pronostique que vers la fin de l'année ils disparoistront derechef. Adios. {==102==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1842. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 11 septembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 11 Septembre 1671. Je vous remercie des nouuelles 1) que vous avez pris la peine de me communiquer n'ayant rien receu par ce dernier ordinaire que de vous. La mort du bon Oncle 2) n'aura surpris personne puis qu'on s'estonnoit comment il pouvoit trainer si longtemps la vie en l'estat ou il estoit. Je n'auray qu'a continuer le deuil que je porte depuis la mort du petit duc d'Anjou 3). Vous ferez fort bien de reprendre un peu les observations celestes, puis qu'il s'y offre des phaenomenes considerables comme ces taches du soleil qui sont revenues une seconde fois, apres avoir fait le tour du soleil, et les anses de Saturne qui sont maintenant assez evidentes et qui doivent peu a peu disparoistre vers la fin de l'année 4). Nous venons d'escrire en Italie pour avoir des verres de Campani, des plus longues lunettes qu'il a fait, et pour l'exciter a en faire de plus grandes on luy propose des prix. comme aussi s'il veut communiquer sa methode d'y travailler. Nous allons aussi faire des essais de verre ceans pour voir si nous en pourrons faire qui fut sans defaut. Au frere Louis s'il est la vous direz s'il vous plait que j'ay sa perruque de 6 louis toute preste avec ce qu'il m'a encore demandè et que je l'envoieray par la premiere commoditè. Vous avez bien fait de mettre l'argent que l'on vous a portè 5) pour moy avec l'autre je vous en recommande le depost jusqu'a ceque j'en aye a faire. Adieu il y a icy du monde qui m'empesche de rien ajouster a cecy qui est escrit en grande haste comme il paroit. A Monsieur Monsieur de Zeelhem chez Mr. de Zulichem A la Haye. {==103==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1843. J. Hudde à Christiaan Huygens. 14 septembre 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. 14 7bre 1671. Amsterdam. Mijn Heer Op uEds aangenamen van den 20 July 1), heb ik op den 18 augustus 2) in 't lang en breede geantwoort. tZedert geen schrijvens van uEds. gehat. Ik hebbe door mijn neef Dedel aan uEds. broeder doen tellen 3) f 149:10 zijnde 't geene uEd. per reste van de declaratie, nevens nog de bewuste 10 ducatons 4) van mij competeerde. Want per slot van gemelde declaratie quam ons f 262:16:- is gediminieert met f 16:16:- _____ Bij mij ontfangen f 246:- afgaande voor 1 dag die ik meerder heb gedeclareert f 10:- _____ f 236:- _____ Comt derhalven voor uEd f 118:- hier bijkomende de bewuste 10 ducatons f 31:10:- _____ Comt als booven f 149:10:- _____ De deurwaarder van Heteren heeft voor zijne moeyte niets begeert. Die van Greuningen hebben de verdieping van de Neder-Rhijn en IJssel vastgemaakt aan 't maaken van een zeker fort aan 't Rode-veen in Vriesland: Zulx datter misschien dit jaar nog niets ingedaan zal werden. Ik heb uEd. geschreven dat ik voor de waarde van de Lijfrenten van de eerste 10 Colommen in mijn overgezonde lijste 5) door een had gevonden f 17:1:11, moet zijn f 17:6:3½, daar was een cijferfoutje ingesloopen. Waarbij dan nog komende omtrent 5 st. voor soveel dezelve hooger loopen als men de rekeninge maakt op ½ jaar, zo zoumen op ½ jaaren door een krijgen f 17:11:3½ p. t' geen van de rekeninge van de Raatpensionaris op 10 gelijke Classen gecalcu- {==104==} {>>pagina-aanduiding<<} leert, dog van meerder perzoonen en uijt andere Registers getrokken, maar zouw verschillen 6 st. 4½ p. Want gemelde heer krijgt door een op ½ jaaren f 17:17:8. Hier mede dan eindigende, zal ik verblijven Mijn Heer UEd. dienstwilligen dr. J. Hudde. Mijn Heer Mijn Heer Christiaan Huygens van Zuilichem a Paris. No 1844. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 22 septembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 22 Septembre 1671. Ne soyez plus en peine pour ce qui est de la quaisse 1) du Tour, car ce que vous me mandez qu'il faloit faire estoit deja fait. J'ay donnè a Leonard le libraire un certificat que ce qu'il y a dedans est un Tour pour le Roy apres quoy la difficulté a cessè et je l'attens au premier jour. Je croiois que la faute estoit a vous parce qu'il n'y avoit pas d'apparence que le Sieur Leers auroit fait une semblable faute. Je laisse vostre perruque 2) enpacquetee entre les mains de Monsieur Romf afin de l'envoier si pendant mon absence il se presente quelque occasion, car je m'en vay a la campagne pour 4 ou 5 jours, que si cependant il n'en trouue point je tascheray a mon retour de vous l'envoier par quelqu'une des voies que vous proposez. Je pars dans 2 heures et m'en vay premierement a Viry 3) ou je mesne 2 dames que vous ne connoissez point. de la a Beaulieu ou j'ay laissè Mesdemoiselles Payot et Jaxon 4) que je dois ramener icy. {==105==} {>>pagina-aanduiding<<} C'est une maison fort belle, et qui est bien autre chose que Viry, si non qu'il n'y a point de fontaines qu'artificielles quoyque de tres bonne eau de source, qu'une machine eleve. Je crois que quand le frere de Zeelhem a commencè d'observer les tasches du soleil, elles estoient deja fort diminuees, mais nous les avons pourtant vuës icy encore le 17 Septembre, apres quoy le temps ne l'a plus permis. Il y a 4 jours que nous observasmes l'Eclipse de la Lune dans nostre bel observatoire ou Monsieur Cassini s'est logè desia. Les voutes de tout le premier estage sont faites et c'est une chose fort magnisique que ces chambres si hautes et solidement basties, avec une si belle veue. Vous pourrez paier le marchand de dentelles pres du Capelbrugge car je me souuiens que je luy dois ce que vous dites. Pour ce qui est de l'histoire de Silvie de Moliere, l'on dit que ces avantures ont bien du veritable, mais vous pouuez croire qu'on y a bien adjouté. L'autheur de la Requeste 5) et de l'arrest 6) est Monsieur de Préau le mesme qui a fait ces belles satires. Adieu. Je vous remercie de vos nouuelles. Mes baisemains a ceux de chez nous, et chez la bonne Tante 7) dont je suis marry d'apprendre les souffrances. Mademoiselle Constancia le Leu de Wilhem est une grosse paresseuse de ne me pas faire response ayant tant de choses a me conter. A Monsieur Monsieur L. Huygens de Zulichem A la Haye. {==106==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1845. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 8 octobre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 8 Octobre 1671. Je n'ay rien eu de vous ni de personne par le dernier ordinaire. Vostre derniere est du 24 Septembre 1) Mon Pere par la siene 1) m'ordonne d'envoier en Hollande mes lettres pour luy, comme je fais, et j'espere qu'il y sera arrivè suivant le compte qu'il faisoit. Je suis bien marry de n'avoir pu envoier jusqu'icy vostre perruque 2). La voie la plus seure me sembloit d'en charger quelque voiageur et l'on m'avoit fait esperer que Monsieur Heuft 3) s'en iroit dans peu de jours. Mais m'ayant appris luy mesme qu'il avoit changè de dessein, j'ay estè aux carosses qui vont a Anvers, dont il en part samedy prochain, auquel je donneray la boete adressee a Monsieur Duarte, a qui j'escriray par cet ordinaire. Si vous aviez parlè clair pour quelle gorge 4) estoient les perles peut estre vous auriez estè expediè plus tost mais a la sin il a fallu que j'en fusse informè par d'autres. Le trespas du cousin 5) me cause de l'affliction a proportion de ce qu'elle fait a ses plus proches. Je vis hier Monsieur le Mareschal 6) et luy dis ce que vous m'aviez mandè touchant le Sieur d'Argonge. Il est foible encore et n'a commencé que dez hier a boire du vin. Dieu mercy mes deux quaisses 2) sont a la fin echappees de tous les dangers, et l'on m'apporta la derniere avanthier ou estoit le tour et les outils. Une autre fois le Sieur Leers prendra mieux garde a ce qu'il fait s'il luy plait. Je ne scay pas encore quels frais il faudra payer de l'embarras que cela a fait a Rouen sans mettre en compte l'obligation que j'ay a ceux qui m'ont aidè a demesler tout cela. N'oubliez pas je vous prie de faire mes baisemains a Monsieur Heinsius et de le remercier de l'honneur de son souuenir. Vostre perruque a coustè 6 louis. Je ne scay si elle sera assez blonde, mais pour cet argent l'on n'en a point qui le soient d'avantage. Les mienes que vous avez vues estoient de 13 pist. et vous voulez que les vostres approchent de la couleur de celles la sans vouloir que le prix en approche de mesme. Vous avez raison. distribuez s'il vous plait les perles suivant les inscriptions. {==107==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1846. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 15 octobre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 15 Octobre 1671. J'espere que ma derniere de la semaine passée 1) aura esté plus heureuse que celle qui l'a precedée, qui ayant esté perdue vous a mis si fort en peine de scavoir la raison d'un si long silence, sans que vous ayez pu imaginer, ce qui en est arrivé en effect. Cette lettre fut du 21 Septembre 2) le jour que je m'en retournay a Beaulieu, ou j'avois desia passè quelque temps. Et parce que le jour de l'ordinaire ne fut que 4 jours apres, cela aura fait que le Sieur Romf ne se sera pas souuenu de l'avoir receüe. Je ne l'ay pas vu depuis que je scay cet accident mais en envoiant la presente je l'en seray avertir et qu'il vous envoie la lettre s'il peut la trouuer. Je n'ay jamais estè brouillè avec luy. Vostre perruque et les perles 3), comme je vous ay mandè, sont parties, je seray bien aise d'apprendre qu'elles vous aient estè rendues. J'envoiay par le dernier ordinaire aussi une lettre a Mademoiselle Constancia 4) que je seray bien aise de scauoir qu'elle n'ait pas estè egarée. J'attens lundy prochain la bonne nouuelle de l'arrivée 5) de mon Pere et sa response a la lettre que je vous ay envoyée pour luy 6), n'ayant rien a luy mander pour a cetheure. Je suis fort marry de l'accident arrivè a ma Soeur et je vous prie de le luy tesmoigner de ma part. Comme aussi de faire mon compliment de condoleance a ma soeur de Zeelhem sur la perte qu'elle vient de faire, dont je m'estonne que vous ne m'ayez rien dit. Que je scache aussi s'il vous plait l'estat de la santé de Monsieur van Leeuwen, de qui je n'ay pas ouy parler de longtemps. Je vous envoie l'affiche que le Roy a fait faire 7), que vous ne manquerez pas de communiquer au frere de Moggershill, afin qu'il ne m'impute pas de l'avoir empesché de gaigner ce beau portrait de Diamants. Il faut aussi en donner connoissance a Monsieur Bisschop. La lettre de Monsieur Perrault que vous voiez a esté oubliée, la semaine passée, dont je vous prie de ne luy rien dire. Ces Messieurs de ce nom sont tousjours mal avec nos gens de l'autre costé 8) qui sont bien decheus aussi aupres de {==108==} {>>pagina-aanduiding<<} Monsieur Colbert, depuis qu'il a sceu mon affaire, et encore quelques autres. Il a osté au jeune Carcavy la plus grande partie de l'employ que vous scavez qu'il avoit, ou mesme le tout, a ce que quelques uns disent, qui veulent, que la commission en soit desia donnée a un autre. Carcavy luy mesme a eu une tres forte reprimende. Je ne vois personne qui les plaigne, tant ils ont choqué tout le monde. Dites au frere de Zeelhem que Saturne va bien tost perdre ses bras, que je vis fort diminuez il y a 4 jours. Hier Monsieur le Duc de Roanes 9) me communiqua l'invention du moulin horizontal de la Chine 10) qui tourne a tous vents inventé par un artisan, qu'il employe, en Poictou. Il n'y a rien de plus ingenieux et je tascheray de luy en faire avoir bonne recompense du Roy. No 1847. A. Gouffier 1) à Christiaan Huygens. 15 octobre 1671. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens. Moulin qui tourne a tout vent. Inventè par Monsieur de Mousseau, Procureur du Roy a Loudun, estant apparemment le mesme dont on se sert dans la Chine 1). Pour entendre la construction de ce moulin il faut concevoir en premier lieu un arbre dressè pendiculairement et qui tourne sur deux pivots dont celuy d'en haut {==*8==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding Fig. 1==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding Fig. 2==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding Fig. 3==} {>>afbeelding<<} {==109==} {>>pagina-aanduiding<<} entre dans la piece de bois AB 2) couchée horizontalement et soustenue par d'autres pieces et arcboutans a costè ACD, BEF; l'autre est posè sur du fer ou quelque pierre dure. Pres des 2 bouts de l'arbre il ensort 12 raions distribuez egalement a l'entour et dont chacun des superieurs respond directement a l'un des inferieurs. Entre chaque 2 de ces raions respondant ainsi l'un a l'autre il est placè une des 12 aisles du moulin les quelles par consequent sont disposees perpendiculairement et paralleles a l'arbre du milieu. Elles ont 3 ou 4 fois autant de hauteur que de largeur et tournent chacune de mesme sur deux pivots. Et jusques icy la construction des moulins de la Chine a pu estre comprise par la figure qui est dans la relation du voiage des Hollandois 3). Mais ce qu'il y a de plus essentiel et de plus ingenieux dans cette invention n'y paroissoit aucunement, et c'est ce que Monsieur de Mousseau y a supplée de la maniere que l'on verra dans l'explication de la figure suivante, qui represente le plan de ce moulin et la disposition des ailes a l'egard du vent 4). Elles sont traversees en long chacune de son axe, qui ne passe pas par leur milieu mais laisse une plus grande partie d'un costè que de l'autre, comme l'on voit dans la coupe de l'aile NE, que la partie NF est plus grande que FE, le point F estant celuy ou passe l'axe de l'aile. la proportion de ces parties NF à FE est dans le modelle comme de 2 a 1 mais elle pourroit estre comme de 3 a 2 ou peut estre encore plus approchante l'egalitè, ce que l'experience enseignera. Il s'ensuit par cette forme des ailes que si elles pouvaient tourner librement elles se disposeroient toutes au vent ainsi que les girouettes de sorte que si la direction du vent est supposee parallele aux lignes droites VV, toutes les ailes luy tourneroient leur tranchant, comme Q et P. Et le moulin n'iroit point mais voicy ce qui donne la position aux ailes pour produire le mouuement. Vers le bout de chaque rayon d'embas sur lequel une aile appuie il y a 2 arrets, comme K et R pour l'aile NE, posez en sorte que l'aile ne peut faire qu'un quart de tour sur le pivot F, parce que KFR est un angle droit. A 5) cet endroit toutes les ailes les unes apres les autres font le quart d'un tour, de sorte que de la position BC, elles vont a GH. Ce qui se fait a cause que la partie AB de l'aisle BC venant a estre couverte par l'aile EN, le vent fait effort sur la seule partie AC de l'aile BC, ce qui la met premierement dans la position LM, et la roue ayant continuè tant soit peu a tourner, le vent prend la grande partie AL, et fait achever l'aile de se mettre en GH, ou estant elle rencontre l'appuy AR, au lieu qu'elle estoit auparavant appuyée en AK. {==110==} {>>pagina-aanduiding<<} Il faut voir de quelle maniere les appuis se peuvent faire afin qui il n'y ait point de grand battement a l'endroit A ou les ailes font le quart de tour: peut estre une corde comme BS peut servir. Cet inventeur en avoit fait un ou les ailes avoient 9 pieds de haut sur 6)....de large. Il avoit fait la grande partie de l'aile scavoir BA, double de l'autre AC. Mais je crois qu'on la peut prendre comme 3 à 2 et le tour de l'aile s'en feroit plus facilement. No 1848. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 23 octobre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 23 Octobre 1671. Je vois que vous avez de la peine a justifier le Sieur Jabach mesme apres ce que je vous ay envoiè. Cependant il est bien croiable qu'il ait beaucoup d'envieux et d'ennemis qui auroient estè capables de luy faire un tel affront. Pour moy je m'en rapporte a ce qui en est. Quant a la vente 1) de ses desseins ce n'a pas esté par necessitè mais pour y gaigner comme je ne doute pas qu'il n'ait fait. Ce thresor ne se garde pas ceans, mais est entre les mains de Monsieur le Brun 2). J'en ay veu cy devant tout ce qu'il y avoit de meilleur 3), mais vous voudriez je crois que j'y retournasse une fois tous les mois, et mon manque de curiosité vous porte a des invectives non meritees contre mon pauvre maistre Organiste 4) et les fausses Relations. J'ay veu icy un Monsieur van Zuylen 5) qui vient d'Italie et s'en retourne bientost en Hollande. Il a fait a Rome quelqu'amas de medailles, desseins et Basreliefs pendant 3 ou 4 ans, qu'il y a fait sejour. Il vous montrera tout cela s'il arrive a bon port. Il croit s'entendre en toutes ces choses. En me montrant ses medailles il nomma tousjours Trajanus Troian quoijque je l'appellasse par son propre nom plus de six fois. Et de Q. Herennius il en faisoit Quinterene. {==111==} {>>pagina-aanduiding<<} Je voudrois avoir veu de ces lunettes de l'ouvrier 6) de Londres qui fait des verres, not spheric, pour en pouvoir juger. Je suis persuadé qu'asseurement il est impossible d'en faire d'autre figure, qui soient reguliers, et puissent faire un bon effect. Je ne scay ou j'ay mis vos desseins a la plume mais je les chercheray et vous les rendray, pourveu que vous teniez vostre promesse de m'envoier quelque chose de meilleur en recompense. Aussi tost que la nouuelle monnoye paroistra je voudrois qu'on m'en envoiast quelques eschantillons. Il Signor Padre me pourra rembourser par la de mes 3 escus que j'ay payé de sa lunette. l'invention de Libert sera belle si elle reussit. A Monsieur Monsieur de Zelem. No 1849. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 24 octobre 1671. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur Celle-cy n'est que pour vous faire bailler par la main de Monsieur Rancher, de la part de Monsieur Wallis, son 3me et dernier volume de Motu 1), lequel vous est envoyé si grossierement relié, pour le faire mettre auec ce qui a precedé. Je suis. Monsieur Vostre tres humble seruiteur Oldenburg. A Londres le 14 Octobre 1671. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem a Paris. {==112==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1850. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 29 octobre 1671. La lettre et la copte se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 29 Octobre 1671. Puisque vous voulez que je vous dise encore une fois ce qu'il y avoit dans ma lettre perdue 1), touchant mes voiages de Beaulieu et de Viry, Incipiam mais non pas pour vous faire une longue histoire comme le Seigneur Enée. Beaulieu est du mesme costè que Viry, mais plus eloignè de 3 petites lieues. J'y mesnay a mon premier voiage Mademoiselle Payot et sa Tante dans ma calesche et y restay deux jours. C'est une terre d'importance tant pour le revenu qui est de 3 mille escus, que pour le bastiment et ce qui en depend. La maison est grande, et avec de tres bons apartemens, toutes les chambres peintes et avec des alcoves et des platfonds. Derriere la maison grand parterre, et un petit bois a costè de chesnes fort hauts dans le quel on a taillé des grandes allées, et 3 fois plus larges que celle du jardin nouueau du Seigneur de Moggershil et d'autres petites en grand nombre. Pour des fontaines il n'y en a point, que par les moyens de pompes, qui vont par une belle machine de fabrique de Monsieur des Argues. Un mulet y fait tourner une grande roue, qui par le bas, est taillè en ondes, qui en passant sur un rouleau le font baisser et hausser, et en mesme temps le bras au quel est attaché le piston de la pompe. De {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} forte que n'y ayant aucune roue a dents, cela fait que l'entretien de la machine couste tres peu. Si Monsieur le Prince avoit encore a faire sa machine a Honselerdijck 2) il pourroit prendre cellecy pour modelle, et je pourrois en avoir une description exacte. Il y a de plus a Beaulieu de tres grands jardins renommez pour l'excellence du fruict et des raisins qui y viennent. Je n'ay jamais mangé de meilleurs muscats. Outre la compagnie que j'y mesnay, il y avoit Monsieur et Madame de Beaulieu 3), Mademoiselle de Vic soeur de son frere, et deux de ses {==113==} {>>pagina-aanduiding<<} soeurs non mariées, mais dont l'une attendoit son espoux, qui devoit arriver de Paris avec le contract de mariage couché dans toutes les formes, et cependant elle ne l'avoit veu qu'une fois en passant il y avait 5 ans. Vous scavez comme tout ce monde est sait, car vous leur avez donné de visites assez souvent a ce que la dame m'a appris, car je ne le scavois pas. Ce sont de bonnes gens, mais un peu sauvages, et la compagnie de Viry estait meilleure a mon avis. Je m'y en allay au bout de 2 jours, comme je vous ay dit, et laissay Mademoiselle Payot pour l'aller reprendre 8 jours apres. De ceux la j'en passay quelques uns a Viry et le reste a Paris. Il y avoit a Viry Mademoiselle de Nielle niepce du bon homme 4), que vous connoissez, avec une cousine puis encore deux autres dames, que vous ne connoissez point, et une jeune niepce de Monsieur Perrault. Tout cela de sort honnestes gens, et qui scavent vivre, bien mieux que mes voisins de ceans 5). J'eus hier au soir icy toute cette compagnie avec les trois Messieurs Perrault 6) a souper, et avons passé le temps fort joyeusement jusqu'a une heure de nuict, non sans musique, car de ces dames il y en a qui chantent tres bien, et jouent encore mieux du Clavecin. Les Carcavy en sont bannis comme vous pouuez croire et nous n'en sommes que mieux. Dans la reprimende qu'eut le Polypheme asseurement l'affaire de ma porte 7) en sust, et il scait fort bien maintenant, qu'elle a esté sceue par mon rapport. Je m'estonne de ce que la boete que je vous ay envoiee 6) n'arrive pas. Duarte aussi ne m'a point repondu a l'avis que je luy en ay donné. Si tost que vous serez informè par Oort mandez le moy, que je demande ce qu'elle est devenue au maistre des Carosses a qui je l'ay fait escrire sur son livre dans ma presence. Je crois que les 3 pucelles Le Leu 8) feront fort bien de demeurer comme elles estoient sans recevoir il Signor fratello 9) dans la communautè. Pourquoy est ce que Mademoiselle Constancia ne m'escrit point? Il ne faut pas qu'elle envie a M.H. 10) ce pauure present que j'ay envoyè. J'ay quelque chose de plus beau que je luy envoieray bientost pour l'appaiser Soo se soet wil wesen 11). Dites au frere de Moggershill que je seray ravy de veoir quelque chapiteau de son invention, et que j'ay bien de la peine a croire, qu'on puisse inventer rien de bon pour la satissaction du Roy 12). {==114==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1851. Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens. 30 octobre 1671. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). 30 Octobre. Je viens d'observer Saturne tost en cette heure, ayant fait racommoder ma lunette et mon tripes. Je le trouue comme vous m'avez dit 2) ayant de si petits restes de ses anses qu'on a de la peine à les discerner. No 1852. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 5 novembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 5 Novembre 1671. J'achetay hier le livre de Perspective 1) que vous demandez 2). Je crois que cette Partie vaut mieux que les deux autres que je regarday en mesme temps. Je m'estonne comment ils font de si grands livres d'une chose qui se pourroit enseigner en peu de feuilles. Les figures y sont en quantité, mais mal faites. L'un des Mrs. Heuft part bientost, qui s'en chargera volontiers. Il couste 10 livres francoises. Dans la lettre a mon Pere vous verrez mon opinion touchant les verres not spherical 3) du Sieur Smitwick et quelle ne differe pas beaucoup de la vostre. J'observay hier au soir Saturne que je n'avois veu de 10 ou 12 jours, et je trouvay ses bras si fort diminuez que c'estoit tout ce que je pouvois faire que de les appercevoir, tellement que je leur ay dit adieu pour cette fois. Et voila ma prediction verifiée laquelle je fis au mois d'Aoust, aussitost que les bras commence- {==115==} {>>pagina-aanduiding<<} rent a paroitre; car je dis 4) que ce ne seroit qu'une interruption de la forme ronde, qui reviendroit vers la fin de l'an. Cela confirme bien encore mon hypothese de l'anneau, qui ne nous devient maintenant invisible que parce qu'il n'est plus que tres obliquement esclairè par les rayons du soleil. L'année qui vient, si tost qu'on commencera de voir Saturne, les bras paroistront 5), mais fort faibles et deliez, contre que j'avois creu il y a 12 ou 13 ans. Que ie scache a quoy aura abouti la blessure de Monsieur van der Myle. Le frere Louis ne me mande pas s'il a receu la boete ou est sa perruque. Je voudrois, en cas qu'il ne l'ait point recue, qu'il me marquast le jour qu'elle est partie d'icy, qu'il verra dans une de mes lettres 6), afin que je puisse l'alleguer en demandant raison de ce pacquet au maistre des Carosses. Adieu. Je m'informeray un peu à Monsieur Chapelain de ce qui est de la pension de Monsieur Heinsius 7) et si je puis je l'y serviray. Pour mon frere de Zeelhem. No 1853. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 7 novembre 1671. La lettre a été imprimée dans Macclesfield Correspondance 1). Elle est la réponse aux Nos. 1820, 1822, 1825, 1837. à Paris, 7 Novembre 1671. Monsieur Je vous remercie tres humblement de ce que, non obstant ma paresse a escrire inexcusable, vous ne laissez pas d'avoir la bontè de me faire part des productions de vos illustres. Il y a à la veritè quelque chose qui m'a fait retarder, d'une semaine à l'autre, de vous faire celle-ci, qui est l'imprimè 2) dont vous la voyez ac- {==116==} {>>pagina-aanduiding<<} compagnee. Car ce qu'il y a la-dedans des observations de Saturne, je l'avois donnè il y a deux mois devant que m'en aller a la campagne 3) mais M. Cassini s'estant proposè de publier en mesme tems la suite de ses observations des taches du soleil, la gravure des figures et autres circonstances y ont apportè cette longueur, que tout cela ne paroit que maintenant et a mon grand regret, parce qu'ayant predit le retour de la forme ronde de Saturne vers la fin de l'année, peu s'en faut que la prediction ne soit accomplie devant qu'on en ait etè averti, - je dis pour les pays estrangers, car nos Messieurs savent bien, qu'aussi tost que M. Cassini m'eut appris que les bras de Saturne estoient revenues, je dis qu'assurement ils disparoitroient devant la fin de l'année. Je les observay encore hier au soir, mais si foibles et obscurs qu'on avoit de la peine a les discerner; de sorte que dans peu de jours ils ne paroitront plus de tout. Ceci confirme tout à fait mon hypothese de l'anneau, qui presentement disparoit a nos yeux, a mesure que les rayons du soleil en eclaircit 4) obliquement la surface plate tournee vers nostre vue. Et les apparences de cette année donneront moyen de predire le retour de la figure ronde avec bien plus de justesse qu'auparavant. Je vous suis bien obligè de la construction de M. Sluse sur le probleme d'Alhazen 5). Elle vient, comme il a bien remarquè de la mesme analyse que la mienne 6) et n'en est pas beaucoup differente. Il me semble tousjours que la mienne est la plus naturelle, à cause de la disposition des asymptotes de l'hyperbole, et il n'y a pas plus de façon aussi qu'à celle qu'il a donnée. Mais il faut que j'en communique avec luy mesme qui est le plus scavant et le plus sincere de tous les geometres que je connoisse, quand ce ne seroit que pour le prier de me faire part d'une analyse encore plus facile, qu'il dit avoir trouvée de ce mesme probleme 7). Je suis marri qu'on a tant de peine a avoir icy les livres qui s'impriment par de là. J'ai priè ce bon Monsieur V. Ruham 8) de m'en procurer quelques uns, et nommement cette seconde partie du Traité de Monsieur Boyle, mais jusqu'ici je {==117==} {>>pagina-aanduiding<<} n'ai encore pu l'obtenir. Pour la derniere partie de l'ouvrage de Monsieur Wallis, j'espere qu'il aura la bontè de se souvenir de moy, quand il sera achevè d'imprimer et il peut s'assurer que je suis un des plus grands admirateurs de ses profondes speculations. J'attens le volume entier de vos Transactions que j'ai priè mon pere de m'apporter d'Angleterre. Je suis marri que nostre Monsieur Gallois ne continue pas ses nouvelles avec la mesme diligence que vous 9). Il y a deux mois qu'il est à la campagne, et que nous ne l'avons pas vu. Mon pere m'a envoyé une feuille de vos Transactions, c'est page 631 10), où vous dites des choses merveilleuses de certains verres 11) non spheriques. J'ai bien de la peine a croire qu'ils puissent faire un bon effet en qualitè d'oculaire, et beaucoup moins en celle d'objectifs. Je vous prie de me dire quelle suite a eu cette nouvelle fabrique, dont je ne laisse pas d'admirer l'industrie; de ce qu'au moins ces verres sont assez régulierement taillées pour faire quelque chose de plus que les spheriques, lors qu'on s'en sert à lire à travers; car c'est de quoi mon pere rend tesmoignage et en attend un de cette façon. Je me recommande à vos bonnes graces, et suis très véritablement, Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Hugens de Zulichem. Nos observateurs pour l'Amerique 12) partent dans peu de iours. Et je leur donne une pendule ajustée d'une maniere nouvelle pour observer les longitudes. Elle resistera mieux à l'agitation du vaisseau que les precedentes 13). {==118==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1854. Christiaan Huygens à J.D. Cassini. 19 septembre 1671. Appendice au No. 1853. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. La pièce a été publiée par Cassini 1). Dans le mesme temps qu'on a commencè d'observer ces taches du Soleil il s'est offert la nuict une observation fort remarquable dans Saturne, à cause du changement subit et inopinè de la figure de cette planete. Les astronomes scavent que la pluspart du temps elle paroit avec des bras ou anses attachees d'un et d'autre costè à son disque, estant regardée avec des grands telescopes et qu'elle reprend la figure ronde de 15 en 15 ans une fois. Elle devoit subir ce changement dans la presente annee selon l'hypothèse et la prediction de M. Hugens, imprimee l'an 1659 dans son systeme de Saturne. Ce qui est arrivè en effect, quoyque non pas precisement dans le temps qu'il avoit marquè, car la forme ronde, selon luy ne devant commencer a paroitre qu'au mois de Juliet ou d'Aoust, et ayant a continuer pendant tout le temps que Saturne cette fois sera visible et mesme durant une partie de son apparition de l'année prochaine, il se trouve que ce commencement a estè apperceu plus tost et que Saturne a paru rond des la fin du mois de May, lors qu'il a estè assez éloignè du Soleil et de l'horizon pour estre observè. Et cette forme ayant continuè jusqu'à l'onzième Aoust que Mr. Cassini l'observa encore telle, il trouva trois jours apres, que les bras, quoyque tres minces, estoient desia revenus, lesquels durent encore presentement et sont devenus plus visibles qu'ils n'estoient alors, faisant paroistre Saturne ainsi qu'il est icy representè. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Ces apparences et leur difference d'avec ses predictions ayant estè considerees par Monsieur Hugens, il ne trouve pas qu'elles repugnent a son hypothese de l'anneau plat a l'entour de Saturne, par lequel il a expliquè toutes les varietez de sa figure, mais il pretend qu'elles serviront à determiner plus precisement qu'il n'a estè possible jusqu'icy, les phenomenes de la phase ronde de cette planete. Et prevoiant que cette phase reviendra encore devant qu'il soit longtemps et au plus tard dans le mois de decembre prochain en {==119==} {>>pagina-aanduiding<<} sorte qu'apres cela Saturne continuera de paroitre rond pendant tout le reste de cette apparition, il considere le retour des bras, que l'on découvre presentement, comme une petite interruption de la forme ronde, laquelle n'auroit pas mesme estè aperceue avec des moindres lunettes de 6 ou 7 pieds comme estoient celles de Galilei et Gassendi. Et cela se prouve par experience lorsqu'on se sert de lunettes de cette longueur a regarder Saturne, au lieu de celles de 20 pieds, car l'on ne scauroit alors distinguer ses bras pour estre tres estroits et foiblement esclairez par les rayons du Soleil qui tombent fort obliquement sur le plan de l'anneau. Pour ce qui est de la figure que Saturne aura l'estè prochain apres sa conjonction avec le Soleil on luy reverra des bras tels qu'a present selon l'opinion de Monsieur Hugens qui en cela redresse encore sa prediction de l'an 1659 ayant trouvè par ces dernieres observations, comme il s'en estoit doutè dans son système, qu'il faut prendre les limites de la phase ronde plus estroits qu'il n'avoit fait, eu esgard à l'effect des grandes lunettes. No 1855. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 12 novembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 12 Novembre 1671. Monsieur de Beaulieu doit revenir bien tost de la Campagne. Je luy demanderay alors par quel moyen nous pourrons avoir le dessein de sa machine 1), que vous demandez et mon pere aussi. Ou si j'apprens qu'il y restera encore longtemps, (car parfois toute la famille y demeure jusqu'a Noel) je luy manderay qu'il veuille prendre les mesures luy mesme. La machine de Monsieur le Prince a Honselerdijck estant desia faite a la maniere ordinaire, croyez vous qu'il voudra faire la depense de la changer? On pourroit autrement accommoder les ondes au lieu de dents a la grande roue que nous vismes fabriquer. Je fuis bien aise de scavoir la perruque 2) arrivee car je commencois d'en avoir mauuaise opinion, a cause de la longueur du temps, et que don diego 3) ne m'avoit pas fait response. Pour l'autre marchandise 4) qui l'accompagnoit je ne doutois pas qu'elle ne fust de bon debit et que dans l'hostel de Le Leu elle ne trouuast des gorges qui voudroient se l'approprier. Je ne puis encore communiquer le secret des moulins horizontaux de la Chine 5) parce que l'on me l'a consié sub side silentij, jusqu'a ce que l'autheur le publie luy mesme. Le Duc de Roanes est allé en Poitou, il y a 15 jours, et je pense qu'il {==120==} {>>pagina-aanduiding<<} travaille avec l'autheur a mettre cette machine dans sa perfection. Il avoit encore une autre invention de moulin pour elever l'eau, a laquelle j'ay contribuè quelque chose, qui est fort simple et de peu de frais, mais je doute s'il trouuera son conte a la faire aller par le moyen de chevaux comme il pretendoit, veu la grande estendue des terres qu'il se propose a deseicher. Le moulin a la Chinoise se pourroit fort bien appliquer a cette machine, et je ne vois pas qu'il ne pust faire son effect sans l'aide de personne. L'eau s'eleve de 4 pieds environ sans roue ni pompe, et toute la machine peut demeurer a decouvert sans se gaster, et couste fort peu en comparaison de nos moulins Hollandois. Je vous en feray voir le dessein, si tost qu'il me sera permis. Monsieur Hoeuft part aujourdhuy a qui j'ay donnè le livre de perspective 6) pour le frere de Zeelhem non relié comme il l'a demandè. Il m'a dit qu'il porte avec luy quelques habits neufs, par lesquels vous serez assez informè de la mode sans que je vous en dise rien. Ces manches de point dont vous vous enquerez pour les dames se portent encore, mais il y apparence que cela ne continuera pas pendant l'hyver a ce qu'elles me disent. La coiffure demeure comme elle estoit. J'avoue qu'en arrivant icy je la trouuay fort vilaine, mais on s'accoutume a tout. Je pense qu'elle doit estre desia commune a la Haye mais je conseille tousjours a Mademoiselle Haes 7) de ne point quiter celle qu'elle avoit, et il y en a plusieurs icy mesme qui s'en servent. J'ay leu dans les affiches touchant l'Invention du nouuel ordre d'architecture 8) que mesme ceux la seront admis qui donneront un dessein de la grandeur qu'en demandoit le modelle. Informez en le Seigneur de Moggershil, a qui je voudrois veoir ce portrait de diamants. Adieu. A Mademoiselle Constancia p. naesten 9). Pour le frere L. No 1856. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 4 décembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 4 Decembre 1671. Je n'avois pas encore trouué les Aedes Barberinae 1), et attendray jusqu'a autre ordre. Je crois avoir ce livre parmi ceux qui sont restéz au logis, du moins il a ce {==121==} {>>pagina-aanduiding<<} titre Aedes Barberinae et est plein de figures. Vous pouuez les chercher et s'il vous accommode vous l'aurez a pris raisonnable. Je suis bien aise de l'arrivee de Monsieur Heuft. J'ay paye comme je vous ay desia mandè, 10 ℔ la prespective qu'il vous a apportè 2). Mademoiselle Jaxon 3) m'a priè de faire donner 6 Louis d'or a sa soeur a la Haye et me les rendra icy. J'ay oubliè de vous le mander par le dernier ordinaire dont je suis faschè car peutestre elle aura estè les demander a mon pere. Quand elle reviendra je vous prie de luy donner cette somme et de la mettre sur mon compte. C'est un moyen de me rembourser de ce que j'avance icy pour les commissions. Je vous prie aussi de m'envoier une quitance a signer de ma rente a vie d'une demi annee. Je m'estonne de ce que vous me dites que Trojanus 4) ne vous a encore rien montré de bon parmy ses desseins, car il se vantoit d'en avoir un (qu'il portoit avec luy si je ne me trompe) qui estoit tres beau et qu'il avoit attrappé par grand hazard. C'estoit quelque Ceremonie de Pape. Je m'informeray des autheurs Historiae Bysantinae 5) et chercheray le Diogenes Laertius Rigaltij. Je n'ay pas encore eu le temps d'aller a la rue S. Jaques. Je crois comme vous la guerre bien asseurée. Cependant il y a bien du remue menage icy a la Cour, ensuite de l'affaire du Comte de Losun 6) dont vous aurez ouy parler. Les nouuelles d'hier sont qu'il auroit tramé quelque chose avec le Duc de Buckingam 7) au prejudice de ce Royaume et que ce Duc seroit arresté de mesme en Angleterre. Avanthier, un de nostre assemblée 8) y notifia qu'il avoit trouué heureusement le {==122==} {>>pagina-aanduiding<<} secret d'acheuer le poli des verres de Lunette dans la mesme forme ou ils estoient doucis sans y rien coller. Et en effect il nous a monstré de ces verres de 24 pieds qui sont bons, mais non pas assez grands, et un peu beaucoup egratignez, quoyque bien clairs pour le reste. Il pretend que ces rayes ne viennent que de son impatience et qu'on peut perfectionner tout a fait cette maniere, ce qui sera asseurement fort beau. Il ne l'a point declarée encore, et pretend recompense de l'Invention. Cependant Campani et Divini travaillent à qui mieux mieux a nous faire des verres de 40 pieds ou 60 palmi, et je crois que nous en aurons bientost. Monsieur Cassini croioit dernierement avoir decouuert un nouueau Satellite de Saturne, mais a ce que l'on a pu juger par le peu d'observations qu'il en a, (car le temps sombre ne luy a pas permis d'en faire du depuis) ce ne peut estre que quelque petite comete sans queue 8). Cela n'a pas laissé de faire du bruit. No 1857. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 4 décembre 1671. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Iluygens. A Paris ce 4 Decembre 1671. Monsieur Heuft estoit parti (comme vous l'avez creu) devant que j'eusse receu la commission de la Campanine pour Monsieur Gans. J'esperois de vous la faire tenir par Monsieur Pergens avec deux petites pour mon Pere et le frere de Zeelhem mais il m'est eschapè, estant parti soudainement, quoy qu'il soit venu icy a ce qu'on m'a dit pour m'offrir son service. Je ne scaurois encore vous faire part de l'invention des moulins Chinois 1), le duc de Roanez n'estant pas encore revenu de Poictou, d'ou je crois qu'il amenera icy l'inventeur pour poursuivre la recompense qu'il a meritée, car en effect la machine est tres jolie, et sera utile selon toute apparence, puis qu'elle l'est dans la Chine. Je m'estonne un peu de la resolution de Mademoiselle Br. 2) Elle suit la maxime de feu Mademoiselle Dorp l'ainee, que vous scavez. Je me souuiens que le pretendu espous m'a assurè une fois fort serieusement qu'il n'en seroit jamais rien, mais cela ne me fit croire ni l'un ni l'autre. Madame de la Fertè revint hier au soir avec Monsieur son mary,qui nous dit qu'en entrant dans Paris elle avoit eu tant de joye, qu'elle n'en pouvoit parler. Je scauray a plus de loisir comment elle a passè le temps dans la Province. L'autre jour estant chez Mademoiselle de Bonnevie au quai des orfevres elle me {==123==} {>>pagina-aanduiding<<} dit que vous aviez eu une petite tabacquiere d'argent qui estoit encore a payer. Mandez moy ce qui en est. Comme aussi si vous n'avez pas payè de mon argent le brancart dont vous estiez l'architecte. L'on m'en a apportè depuis peu un billet de chez le menuisier Dionis de 36 ℔. Je vois que dans le compte que vous avez tenu il y a cet article, Le Brancard 16 ℔. mais je doute si ce n'aura pas estè pour le ferrement. Il y a dans le memoire susdit du menuisier encore pour une quaisse pour enfermer une table de marquetterie, 4 ℔. qui est comme je crois la vostre de vernis a la Chinoise, mais cela est peu de chose. Je n'escris pas cette fois a mon Pere parce que je veux consulter mon maistre 3) devant que de luy rien dire touchant ses compositions dont il m'a fait part. Je ne l'ay veu de 15 jours par ce qu'il est apres a faire rajuster son orgue. N'oubliez pas je vous prie de luy demander si dans le dernier paquet qu'il a eu de moy il n'a pas receu la lettre que j'ay escrit a la Cousine Constancia, ou il y avoit quelque byou dedans. La bonne damoiselle pouuoit bien m'en escrire un mot. Vous me feriez plaisir de m'envoier reglement la gazette francoise d'Amsterdam 4), si on la porte tousjours au logis, comme on faisoit. C'est celle contre la quelle on crie si fort icy, et a qui on fait dire bien souuent des choses, qui n'y sont pas. Vous deviez bien a la fin escrire une fois Monsieur Perrault apres tant d'excuses. Je scay qu'il aime fort a recevoir de vos lettres. Je fus ces jours passez a la reception de son frere (qui est chez Monsieur Colbert) a l'Academie francoise de Monsieur le Chancelier, ou il prononca sa harangue de remerciment au grand contentement des auditeurs, et receut, pour response, autre harangue de Monsieur Chapelain, qui est directeur de la Compagnie. J'eus grand plaisir a me trouuer parmi tous ces vieux poetes et autheurs, Corneille, des Marets 5), Quinaut 6), Cottins 7), &c. qui ne parlent entre {==124==} {>>pagina-aanduiding<<} eux que de vers et Romans. Et il me sembloit que j'estois du mont Parnasse. Adieu Signor Fratello et souuenez vous de tous les articles de la presente qui demandent response. No 1858. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 11 janvier 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1853. Chr. Huygens y répondit par le No. 1866. A Londres le 1. Janvier 1672. Monsieur, Je me trouue obligé de ne differer pas plus longtemps ma responce à la vostre du 7 novembre, vous ayant d'abord souhaité, auec cete nouuelle annee, vne nouuelle confirmation de vostre santé et vn accroissement de toute autre felicité. Les observations de Monsieur Cassini touchant la suite des Taches solaires 1), accompagnees de celles qui regardent Saturne (pour la communication desquelles nous vous sommes bien obligéz) s'impriment presentement en Anglois dans les Transactions 2) qui appartiennent au mois de Decembre, mais qui ne sont pas encore achevées, à cause de l'interruption que ces iours de festes donnent aux ouvriers. Je vous les pourray envoier la semaine qui vient, auec quelques lettres latines de Monsieur Hevelius touchant ses propres observations du mesme Planete; la derniere Eclipse de la lune; une occultation de la 1ere des Jovialistes par l'ombre de Jupiter; vn transit de ♃ et ☽; comme aussi les observations faitez à Hamburg 3) touchant les taches du soleil retournees etc. Au mesme temps ie fais estat de vous expliquer l'invention d'une nouuelle sorte de Telescope par Monsieur Isaac Newton 4), Professeur de Mathematiques à {==125==} {>>pagina-aanduiding<<} Cambridge 5). Tout ce que ie vous en diray à present, c'est, que par le premier Essay, qui en a esté vû et examiné icy, il apparoit, qu'un telescope d'environ 6 pouces, a representé l'object 9 fois plus grand qu'vn Telescope ordinaire de 25 pouces, en comparant la mesure de l'une et l'autre image. Cela se fait, par deux reflexions, dont l'une, refleschit l'object d'un concaue metallin à vn miroir metallin plan, l'autre, de ce miroir à vn petit verre oculaire plano-convexe, qui envoye l'object à l'oeil, et l'y represente sans aucune couleur et fort distinctement en toutes ses parties. Vous en aurez la figure, et vne entiere description, par le prochain ordinaire, s'il plait à Dieu. Touchant la suite des verres non-spheriques, auxquelles Monsieur Smethwick travaille, ie vous diray, que l'autheur pousse tousiours son dessein, et croit d'y pouuoir reussir, ayant depuis peu fait vn petit Tube d'environ 6. pouces, qui fait voir l'object aussi bien et aussi nettement qu'une lunette ordinaire, assez bien travaillée, de 18. pouces, à ce que quelques personnes intelligentes l'estiment. Il y va lentement, par ce qu'il ne se sert de personne que d'un valet pour travailler dans sa chambre, voulant perfectionner la chose en particulier, devant que de la faire publique et commune. J'ay receu cejourdhuy vne lettre 6) de Monsieur Sluse, qui respond à la mienne 7), ou ie luy auois mandé ce que vous m'escriuistes dans vostre derniere touchant la construction dudit Sieur Sluse sur le probleme d'Alhazen; vous vous proposant alors d'en communiquer auec luy mesme. Sur quoy il m'a envoyé vn discours fort docte, contenant ses polterieures meditations sur le dit probleme, qui estant trop longues pour estres copiées dans le peu de temps, qui me reste acetheure, il faut que i'en remette aussi le detail iusques à une autre fois. Cependant ledit Hugens 8) adjoute ces paroles: A Clarissimo Hugenio nihil adhuc accepi, aliis, ut existimo, studiis occupato. La lettre fut datée VI Cal. Januar. 1672. Au reste, i'ay la 3me partie du livre de Monsieur Wallis pour vous l'envoyer de sa part: ce que i'executeray par le premier amy, qui passera d'icy à Paris. Vos amis icy seront tres-aises d'entendre des bonnes nouuelles touchant vostre {==126==} {>>pagina-aanduiding<<} pendule, que vous ditez estre ajustée d'une maniere nouuelle pour observer les longitudes et estre envoyée dans vn voyage en Amerique. J'ay depuis peu envoyé a Monsieur Vernon la figure et la description imprimée de la Trompe 9) de Monsieur Moreland 10), l'ayant prié de vous la saire voir, et d'entendre vos pensées la dessus particulierement sur le probleme, qu'il y a inseré, touchant la veritable sigure, et les dimensions d'un instrument, qui aggrandit le mieux et le plus la voix humaine. Je ne doubte pas, que vous ne l'ayez desia vû et consideré, et que vous n'ayez la bonté de nous en dire vostre sentiment; ce qui obligera particulierement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem à la Bibliotheque du Roy à Paris. 10 β No 1859. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 25 janvier 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 25 Janvier 1672. Il me tarde de scavoir en quel estat est vostre affaire 1) depuis vostre derniere. J'en escrivis al Signor Padre du commencement de ma maladie et touchant ce que vous scavez, a quoy il me respondit assez sechement. adjoutant pourtant qu'il al- {==127==} {>>pagina-aanduiding<<} loit remettre tout le revenu de son bien entre les mains de nous autres avec assignation a chacun de ce qu'il aura quelque jour en propre. Il ne serviroit de guere de repliquer a toutes ses raisons ou de le presser d'avantage. il me semble qu'il doit assez considerer de luy mesme que le parti qui s'offre est bon et avantageux, et qu'on auroit tort de le laisser echaper. Mais si on commence a lanterner encore de l'autre costè je ne scay plus qu'en dire. Il y a longtemps que la lunette pour Monsieur Gans 2) est icy en attendant avec deux autres encore l'occasion du transport, a quoy il y a maintenant bonne apparence parce que tout ce qu'il y a icy de nostre Noblesse songe a repatrier dans peu. Dites je vous prie au frere de Zeelhem qu'il peut prendre le livre de AEdes Barberinae au prix qu'il a dit, mais qu'il ne manque pas aussi a me procurer le Scheepsbouw 3) de Witzen 4) que jay demandè par ma derniere en suppleant de mon argent ce qu'il coustera d'avantage. Je souhaite fort de scavoir s'il y a tousjours apparence qu'il entre au service de Monsieur le Prince et en quels termes est l'affaire de cettuicy pour le Generalat 5). Je suis fort obligè a mademoiselle Brasser (mais s'appelloit elle encore comme cela lors de vostre derniere?) d'avoir tesmoigné du deplaisir de me scavoir malade, et je vous prie de l'assurer que je suis tres sensible a cette marque de sa bonté. Ne manquez pas aussi de faire mes compliments a Mademoiselle H.H. 6) sur le mesme suject. Voila a peu pres le temps que vous l'allez perdre, si elle n'est partie desia. Je viens d'apprendre que le Cousin Oort va partir bientost que je chargeray de toute la lunetterie 7). Adieu. Pour mon frere L. {==128==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1860. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 25 janvier 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1866. A londres le 15 janvier 1672. Monsieur, Voicy l'effect de la promesse, que ie vous fis par ma derniere du 1 janvier 1). vous verrez par la description 2) et la figure ce que c'est, plus particulierement que ce que ie vous en dis grossierement dans la dite lettre. Vous aurez la bonté de nous en dire vostre opinion. Il y aura quelque difficulté de trouuer vne substance refleschissante, qui se puisse conserver nette. De mesme, il ne sera pas si facile, de trouuer les objects par cete sorte de Telescopes. On croit pourtant, que l'on pourra trouuer quelque expedient pour l'un et l'autre. Je croy, Monsieur, que vous aurez vû la Description imprimée 3) de la trompe de Monsieur Moreland. j'auois prié Monsieur Vernon de vous la faire voir, et de vous demander vos pensees sur le Probleme, que l'Autheur y a inseré, touchant la veritable figure, et les dimensions d'un Instrument, qui aggrandit le plus et le mieux la voix de l'homme. J'ay envoyé au mesme les Transactions du mois de Decembre, qu'il ne manquera pas de vous monstrer s'il vous plait de prendre la peine de les lire. Je ne manquerois pas de vous en envoyer vn Exemplaire toutes les fois, qu'on en imprime, si ie croiois, qu'elles fussent dignes de vous, et que le pacquet n'en fut trop enflé. Monsieur le Chevalier Moray vous fait ses humbles baisemains, et tous vous 4) autres amis icy seront tres aises d'entendre la continuation de vostre santé, si importante au progres des sciences solides. Je vous baise les mains et suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur H. Oldenburg. Si Monsieur Justel desire de voir, et mesme de faire copier la figure et la description de ce telescope de Monsieur Newton, ie vous prie de luy en faire part. {==*10==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {==129==} {>>pagina-aanduiding<<} J'espere que vous avez receu ma lettre du 1 janvier 1672 5); et ie seray bien aise d'entendre, que celle-cy vous ait esté bien rendue. P.S. Je m'estonne Monsieur, que vous n'auez pas encor receu la 3me partie du livre de Monsieur Wallis de Motu et Mechanice; dont ie vous envoiay, de la part de l'Autheur, vn Exemplaire le 13me Octobre 1671 6), par la voye de Monsieur Rancher, grand amy de Monsieur Justel; comme ie fis au mesme temps, vn autre à Monsieur Carcavy. Je vous prie, d'en vouloir parler à Monsieur Justel, et luy monstrer ce que i'en dis icy. Je suis tres-assuré que i'ay fait ce que dessus, l'ayant marqué dans mes tablettes 7). A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem à la Bibliotheque du Roy à Paris. 10 β No 1861. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 25 janvier 1672. Appendice au No. 1860. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Explicatio figuraea⁾. AB speculum concauum metallicum, fundo tubi adhaerens cujus radius 13 digitorum Anglic. fere. CD speculum metallicum planum ouale, bacillo ferreo affixum, et circulo aeneo, intra tubi cauitatem mobili, insertum. F lens vitrea, cujus latus superius {==130==} {>>pagina-aanduiding<<} planum inferius conuexum, radius autem circiter 1/12 digiti. Metallum quippe colligit solis radios ad distantiam 6⅓ digitorum, et lens ocularis ad ⅙ dig. fere distantiam ab ejus vertice. Noui etiam dimensiones eorum ex vasis in quibus elaborata fuere; speciatimque diametrum haemispherici concaui, in quo elaborata fuit lens vitrea, dimensus illum ⅙ digiti esse reperio 2). G.G.G.G. pars tubi anterior, circulo aeneo HI firmiter constricta ita vt non facile moueri possit. P Q K L. Pars tubi posterior, circulo aeneo PG immobiliter affixa. O uncus ferreus, circulo aeneo PG affixus, vltra tubi axem extensus, cui clauus cochleatus Nimmissus, tubi partem posteriorem antrorsum pellit, vel retrahit, ad speculorum debitam distantiam inuestigandam, parte priore fixâ remanente. N M G I 3) ferrum curuatum, quod tubum sustinet: globo ligneo S, claui R adminiculo affixum. Centrum speculi CD locatur in axe tubi, ita vt in ipsum perpendicularis, a centro lentis demissa cum axe angulum rectum constituat, et objecti species a speculo concauo in idem repercussa, versus lentis focum E reflectatur 4). Conferendo distantias foci istius a verticibus lentis et speculi concaui, h.e. EF ⅙ digiti. et ETV 6⅓ dig; prodit ratio 1 ad 38; quâ indicatur, objecta 38 circiter vicibus ampliari. Corona ferrea, ventilogio, ornamenti ergo, imposita, 300 circiter pedibus distans, cum vno oculo huic tubo admoto, spectabatur, altero in chartâ subjectâ, 11 circiter digitis ab ipso distante, magnitudine et figurâ, A insignitâ apparebat 5) tubus autem vulgaris 25 digitos longus, lente objectiuâ conuexâ, oculari vero vtrin- {==131==} {>>pagina-aanduiding<<} que concauâ (cujus radius est 2 digitorum) oculo admotus, figuram coronae dictae magnitudine B, eâdem obseruatâ chartae ab ocula distantiâ, alteri oculo exhibebat. a) Description Receue le 5 febr. 1672 de Monsieur Oldenburg. Lunette d'approche de Monsieur Newton. AB est un miroir concave de metail qui refleschit les rayons venants des objects eloignez par le tube GPBG. lesquels rayons se reflechissent en suite sur le petit miroir plat DC, et delà passent par la lentille F vers l'oeil. Si l'on trouvoit quelque matiere pour faire les miroirs concaues qui fust capable d'un poli aussi beau et uni que le verre, cette invention pourroit estre tres utile, car les surfaces concaves spheriques assemblent beaucoup mieux les rayons paralleles vers un point que les verres spheriques, comme le calcul le {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} montre car il n'y a pas le quart de l'abberation. Outre cela l'on ne seroit pas sujet aux couleurs 6) que font les verres a cause de l'inclination de leurs deux surfaces d'ou procede une aberration beaucoup plus grande. Et l'on neseroit pas incommodè de la faute de la matiere qui est un grand obstacle a faire de bons oculaires 7) pour des longues lunettes. [Huygens] 8). b) AB speculum cavum, semidiameter CA, focus D dividens CA bifariam. Sit radius incidens axi parallelus KB, ducatur semidiameter CB, et siat angulo KBC aequalis CBE. Erit E concursus radii in axe, aberratio ED. Sit EF perpendicularis in CB et centro C radio CD scribatur arcus, is transibit in F, quia CD et CF aequales, quippe singulae aequales ½ CA. Est igitur aberratio ED aequalis ½ AH, hoc est proximè ½ AG. Quam ut comparemus cum aberratione lentis eandem foci distantiam habentis, dividatur DA bifariam in P et centro P fiat arcus AT. Erit jam lens planoconvexa ATG quae foci distantiam habebit AD, non considerata nimirum crassitudine. Eritque GT dimidia GB. Aberratio autem radii RQV per hanc lentem transmissi VD erit ∞ 7/6 crassitudinis AG. Sed aberratio radii XQ a speculo AQ reflexi aberratio 9) VD erit ∞ ½ AS hoc est ∞ ⅛ AG proxime. Ergo positis in lente et speculo aequalibus foci distantiis, et aperturis, erit aberratio extrema lentis ad aberrationem speculi ut 7/6 ad ⅛ sive ut 28 ad 3. Item si detur speculo apertura GB dupla secundum diametrum aperturae lentis GT, erit aberratio lentis, ut ante, 7/6 AG et speculi aberratio ED ∞ ½ AG. Ergo aberrationum ratio ea quae 7/6 ad ½ sive quae 7 ad 3. Unde praestantia specularis superficiei in colligendis radiis parallelis manifesta est. Si apertura speculi tripla statuatur ejus quam habet lens, erit aberratio lentis ad aberrationem speculi ut 7/6 ad 9/8 hoc est ut 28 ad 27. Hinc tamen non sequitur triplam aperturam speculo dari posse in constructione telescopii sed diminuenda est secundum quod in dioptricis demonstravi de lentium aperturis. P.S. Longe majorem quam oportuit aperturam telescopio suo semipedali dedit Newtonus, unde nebula quasi tectum visibile apparuisse necesse est. Causam vide libro H pag. 71 et praecedentibus. Apertura non debebat hic major esse quam ⅔ pollicis quam ille facit 2 pollices. [Huygens] 10) {==132==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1862. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens. 29 janvier 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 29 Janvier 1672. J'ay chargé le Cousin Oort de 3 Campanines dont il y en a une petite pour vous 1). Je ne me suis pas souuenu que vous l'aviez demandée sans verres. Ces tuyaux {==133==} {>>pagina-aanduiding<<} qu'ils font a cetheure, sont un peu plus grands que les premiers tellement que vous aurez de la longueur de reste pour les faire entrer l'une dans l'autre. Je crois le dit Sieur Oort parti puis qu'il nous a dit que ce seroit au commencement de cette semaine. Il partira aussi de l'Elixir pour mon Pere. Il s'est defait a la fin du Sieur de Hainaut qui luy estoit a charge il y a longtemps a ce que je crois. Nos verres de Divini et Campani ne sont pas encore venus. Il y a icy encore un autre ouurier 2), outre celuy dont je vous ay desia parlé 3), qui cherche et pretend auoir trouué cette pierre philosophale d'acheuer le poli des verres dans la forme sans interposition de rien, et il m'a dit de quelle maniere il trauaille, la quelle me plait pour le moins autant que celle de l'autre, parce que le verre qu'il me monstra estoit sans rayes. Il m'a promis que je le verrois travailler, comme le premier anssi. Quand je scauray bien les secrets, et que je verray qu'ils reussissent je seray bien aise de vous en faire part. Je ne crois pas qu'on puisse jamais arriver a faire de lunettes extraordinairement longues comme de 40, 60, ou 100 pieds, sans cette methode de polir, qui doit les perfectionner, au lieu que par la façon ordinaire ils se gastent d'autant plus qu'on y est plus longtemps. Je ne scay encore qu'a peu pres la construction de la lunette racourcie d'Angleterre 4), mais je n'en scaurois avoir bonne opinion, puis qu'il y entre de la reflexion et mesme jusqu'a a deux fois. Ils mandent que le Roy en a une. Un de mes amis icy en attend: nous verrons alors ce que c'est. Il faut tousjours que pour faire l'effect d'une lunette de 6 pieds, quoyqu'elle n'ait que 7 pouces de long, que l'objectif soit le mesme que pour une lunette de 6 pieds. Je ne scay si vous songez beaucoup a ces matieres, estant a la veille d'entrer dans des occupations tres differentes 5) et dans un temps que l'on ne parle que de guerre et de trouble. C'est asseurement une grande tempeste dont nostre chere patrie est menacée, et je pense qu'on l'apprehende assez. J'ay mandè au frere Louis que les AEdes Barberinae 6) estoient a vous au priz que vous en avez offert. Le Diogenes Laertius je ne l'ay pas et le laisseray la puis que vous revoquez l'ordre. Je trouve vostre Experience de la cuisson sans feu bien surprenante, mais je voudrois en estre plus asseuré devant que d'en faire l'epreuve ou de la proposer a nos Academiciens car je me souviens de ce que vous me mandastes, il y a quelques ans, touchant les feves qui estoient renversées dans leurs gousses. {==134==} {>>pagina-aanduiding<<} Dites moy donc si vous avez fait vous mesme, ou quelqu'un de chez nous l'experience du Rijstenbrij 7), et un peu des circonstances de cette operation. Je ne vois pas qu'il faille 8 ou 10 heures pour cuire du ris, quand il bout a gros bouillons. Je ne sçache point d'avoir laissè du drap ni de papier de Venise a payer, en partant d'Hollande au moins pour ce dernier j'en suis assurè. J'ay mal fait de laisser les quitances à la Haye, mais si ces gens pressent vous pouuez faire ouvrir le cabinet que j'avois mis dans la chambre ou je couchois et voir les quitances qui sont dans un tiroir a main droite en bas. J'attens celle de la rente a vie. A Monsieur Monsieur de Zeelhem A la Haye. No 1863. Christiaan Huygens à Gallois. février 1672. La lettre a été publiée dans le Journal des Sçavants du 29 février 1672. Extrait d'une lettre de M. Hugens de l'Academie Royale des Sciences à l'auteur du Journal des Sçavans, touchant la Lunette Catoptrique de M. Newton. Je vous envoye la figure & la description du Telescope de Monsieur Newton. Pour ce qui est de mon sentiment que vous desirez sçavoir touchant cette nouvelle invention, quoy que je n'en aye pas encore vû l'effet, je crois pouvoir dire qu'elle est belle & ingenieuse, & qu'elle reussira, pourveu qu'on puisse trouver de la matiere pour les miroirs concaves, qui soit capable d'un poli vif & uni, comme celuy du verre; dequoy je ne desespere pas. Les avantages de cette Lunette pardessus celles où l'on n'employe que du verre, sont premierement que le miroir concave, quoy que de figure spherique, assemble beaucoup mieux les rayons paralleles vers un point, que ne font nos ver- {==135==} {>>pagina-aanduiding<<} res spheriques; comme cela se peut démontrer geometriquement. D'öù il s'ensuit que deux Lunettes de même longueur, dont l'une sera de cette nouvelle maniere, & l'autre avec un verre objectif à l'ordinaire, la premiere portant une plus grande ouverture pourra assembler beaucoup plus de rayons venans des objets, quoy que le petit miroir en empêche quelques-uns; & partant on la pourra faire grossir bien davantage que l'autre: de sorte qu'avec la moitié ou le tiers de la longueur des Lunettes, ou peut estre encore moins, on pourra faire l'effet accoûtumé 1). Le second avantage est que par cette invention l'on évite un inconvenient inseparable des verres objectifs, qui est l'inclination de leurs deux surfaces l'une à {==136==} {>>pagina-aanduiding<<} l'autre. Car quoy que cette inclination soit petite, elle ne laisse pas de nuire aux rayons qui passent vers les côtez du verre, & elle nuiroit encore davantage si l'on pensoit se servir de verres hyperboliques ou elliptiques, ausquels il faudroit donner de plus grandes ouvertures. Je conte pour un troisiéme avantage que par la reflexion du miroir de métail il ne s'y perd point de rayons comme aux verres qui en reflechissent une quantité notable par chacune de leurs surfaces, & en interceptent encore une partie par l'obscurité de leur matiere. Et cette matiere étant d'ailleurs si difficile à rencontrer de la bonté qu'il la faut pour les longues Lunette, parce que le plus souvent elle n'est pas toute homogene; c'est un quatriéme avantage de cette Lunette Catoptrique, qu'au métail il n'est besoin d'autre bonté que de celle de la superficie. Ceux qui ont vû la Lunette de Monsieur Newton remarquent qu'on a un peu de peine à la dresser vers les objets. Mais on y peut remedier assez facilement en attachant une lunette à la sienne qui luy soit exactement parallele, par laquelle on cherchera premierement l'objet. Il est vray qu'il faut pour cela un second observateur, si la Lunette Catoptrique est grande; parce que celuy qui y regarde doit estre monté au bout qui est élevé vers enhauts. Mais cette incommodité n'est pas considerable, eu égard à l'utilité de l'invention. Si au lieu de miroirs spheriques, l'on en pouvoit avoir de paraboliques exactement formez & polis; ces Lunettes feroient l'effet que l'on s'est promis des verres elliptiques ou hyperboliques; & je croy bien plus facile de reüssir aux miroirs. No 1864. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 5 février 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 5 febr. 1672 Ce voiage d'Italie est il de vostre invention ou de celle del Signor Padre qui me le conseille de mesme que vous? Je m'y resoudrois fort facilement n'estoit la raison que vous verrez dans la lettre que je luy escris 1), qui m'enpeschera du moins de l'entreprendre si tost. Mais si jamais je le fais et que vous soyez encore en estat d'estre de la partie, je vous sommeray de l'offre que vous venez de me faire, dont je vous suis tres obligé. {==137==} {>>pagina-aanduiding<<} Il se pourroit a ce que je vois que vostre affaire 2) n'iroit pas encore bientost a conclusion puis que vous vous en remettez ainsi au destin, et que vous doutez si ce ne sera pas pour vostre bien s'il faut que l'on differe la partie. Si la petite B 3) scavoit vostre a todos los demonios je la tiendrois rompue pour jamais. Je suis bien aise d'apprendre encore des nouuelles de mademoiselle H. 4) car apres qu'elle aura quittà la Haye, peut estre je n'en auray pas souuent, mademoiselle Constancia estant si paresseuse qu'elle ne m'en escrit rien quoy qu'elle la voie encore tous les jours. Que sera ce quand elle sera eloignée? mais qu'est devenu le scrupule de la donzella de se hazarder ainsi de passer des matinees dans la chambre des garçons? il est vray que broeder dirck 5) servoit cette fois de chaperon, mais je sçay que d'autres fois il n'y estoit pas. Je suis marry de ne pouuoir avoir part a toutes ces petites parties et rejouissances. Nos patriam fugimus tu Tityre lentus in umbra formosam 6) &c. adieu. Le jugement des Ordres de nouuelle invention ne s'est pas encore fait 7). L'on croit que Monsieur le Brun Seer nae de prijs sal dingen 8). No 1865. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 11 février 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 11 febr. 1672. Je veux bien m'en tenir a l'ordre que Mon Pere establit et n'escrire qu'une lettre a chasque jour d'ordinaire, et qu'on ne m'en escrive pas aussi d'avantage, pourveu pourtant que l'on y mette les nouuelles qu'il m'importera de sçavoir ou qui me pourront donner de la joye en les apprenant. Il n'y a pas encore eu d'opportunité pour parler a Monsieur Colbert de mon affaire, en la quelle il n'y a aussi {==138==} {>>pagina-aanduiding<<} bien rien qui presse, puis qu'il n'y a pas encore de guerre. Pour ce qui est du paiement il n'y a point eu de faute jusqu'icy. Je vois bien que malaisement je pourray avoir mon livre du Scheepsbouw 1), devant que les rivieres soient ouvertes. Le sommaire du contenu que j'ay veu dans les Transactions d'Angleterre 2) est beaucoup plus ample que celuy que Mon Pere m'en a envoiè, et c'est sur ce premier, que j'ay jugé que ce devoit estre un ouurage tres beau et tres accompli. Je voudrois scavoir ce que l'on en juge par de là. Je vous renvoye les 2 billets 3), desquels vous payerez le premier de 22 ℔ 10 s. de mon argent s'il vous plait, puisqu'il faut croire een koopman op sijn boeck 4), et que je me remets a peu pres a quoy je pourrois avoir employè cette dentelle. Pour l'autre du drap, il faut scavoir de Maitre Jan le tailleur s'il l'a pris pour mon compte lorsqu'il a fait un habit de couleur a mon laquay, et pourquoy non pas pour celuy du Signor Padre aussi bien que l'estoffe de ceux qu'il fait pour les valets de Vos Seigneuries, car estant en Hollande je me suis creu de mesme condition, et je ne pense pas aussi qu'il Signor Padre l'entende autrement. Je ne scache estre redevable de rien au Sieur Huyck, je n'ay rien eu de sa manufacture que peut estre le tuyau ou j'ay laissè le vif argent, car je doute s'il n'est pas d'Amsterdam et bouchè par ce petit esmailleur qui travailloit pour le frere Louis. Je scay bien que vous en avez fait faire plus d'une fois devant que pouvoir ajuster vostre barometre, mais s'ils ont estè payez ou non je l'ignore. J'ay receu depuis peu la figure et description de la lunette nouvelle inventée en Angleterre 5). Il n'y a point de verre objectif, contre ce que j'avois creu 3), et les rayons venants des objects tombent premierement sur un miroir concave spherique de metail, qui est au fond du tuyau et de la estants faits convergeants ils rencontrent un petit miroir plat oblique qui les renvoye vers un petit oculaire enchassè dans la surface du tuyau d'ou en suite ils vont a l'oeil qu'on y applique tout proche. Voiez la figure ou A est l'ouverture du tuyau tournée vers l'objet. B le miroir concave. C le petit miroir plat D la lentille oculaire. E l'oeil au dessus du tuyau qui regarde de haut en bas. Si l'on trouvoit quelque matiere pour les miroirs qui fust capable d'un poli aussi beau et uni qu'est celuy des verres, cette invention ne seroit pas inutile, parce que le concave spherique rassemble beaucoup mieux les rayons paralleles que ne fait un verre objectif de la mesme distance de foier. De sorte qu'on pourroit donner a peu pres une ouverture double en diametre au miroir de celle qu'on donne aux verres, et ainsi l'on feroit avec une lunette d'un {==139==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding Ils me mandent que cette lunette n'estant que de 6 ou 7 pouces grossissoit les objects deux fois autant en diametre qu'une lunette de 25 pouces avec un oculaire concave. Mais ils ne me disent rien de la distinction ni de la clarté. Pour de couleurs ils n'en ont aucunes. Il faut que l'oeil estant disposé, comme ils le marquent, les objects paroissent renversez 6).==} {>>afbeelding<<} pied, l'effect d'un ordinaire de 3 pieds ou plus (car vous scavez qu'a une double longueur nous ne donnons pas double ouverture). L'on ne seroit pas aussi suject aux couleurs et quelque imperfection de refraction, qui vient de l'inclination des 2 surfaces de l'objectif l'une sur l'autre. Et de plus on ne seroit pas en peine de chercher de la matiere de verre sans ondes. Ils me mandent de Londres, qu'ils esperent de trouuer quelque expedient pour ce beau poli des miroirs, mais je doute s'ils en viendront a bout. Je ne vous dis rien encore de la nouvelle maniere de polir 7), les inventeurs mesmes n'en estant pas encore venus a bout. Mais je m'en promets quelque chose de fort beau, et principalement du dernier ouvrier, qui m'en a fait veoir quelque eschantillon, et communiquè son secret. En recompense je luy ay appris nostre maniere de doucir avec toutes les observations necessaires. Je souhaite d'entendre une fois la fin de cette affaire du Generalat 8). Je crois qu'on ne considere pas beaucoup les plaintes du costé du Roy d'Angleterre, et mesme elles pourroient plus tost reculer les affaires de Monsieur le Prince puis qu'on tient pour certain que la dite Majestè arme contre nous. {==140==} {>>pagina-aanduiding<<} Souvenez vous donc de ma quitance 9). Voicy ces beaux vers de Monsieur Petit que j'ay oublié d'enfermer l'autre fois dans la lettre a Mon Pere. Monsieur Guiran d'Orange 10) me prie de luy mander si le Sieur Fey 11) est de retour a Oorschot depuis qu'il est marië. Ayant dessein en ce cas de l'aller trouuer pour voir s'il guerira son oreille sourde. Je vous prie que je le scache, car vous l'aurez appris de Monsieur le Hooghschout. No 1866. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 13 février 1672. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la répouse aux Nos. 1858 et 1860. H. Oldenburg y répondit par les Nos. 1868 et 1873. Elle a été publiée en partie dans les Phil. Trans. No. 81. A Paris ce 13 febr. 1672. Monsieur J'ai receu vos lettres du 1er et 15 Jan. dont la dernière porte l'accomplissement de la promesse de l'autre, qui est la description 1) du merveilleux telescope de Monsieur Newton: dont j'ay beaucoup meilleure opinion maintenant que lors que par le raport imparfait qu'on m'en avoit fait je m'imaginois qu'il s'estoit proposè d'accourcir les lunettes ordinaires par la reflexion de ses miroirs. Je vois maintenant que son dessein a estè bien meilleur et qu'il a considerè l'avantage qu'a le miroir concave par dessus les verres convexes à assembler les rayons paralleles qui certainement selon le calcul que j'en ay fait, est fort grande. De la vient qu'il peut donner une ouverture beaucoup plus grande au miroir qu'a un verre objectif de mesme distance de foier, et que par consequent il peut faire grossir d'avantage les objects par sa nouvelle lunette que ne feroit une lunette ordinaire de pareille longueur. Je vois de plus cet avantage dans son invention qu'il evite un inconvenient qui est inseparable des verres objectifs convexes, à scavoir, l'obliquitè de leurs deux surfaces, qui gaste la refraction des rayons qui passent vers les bords du verre et fait plus de mal que l'on ne pense. Le verre aussi d'ailleurs, tant par les reflexions contreses deux surfaces que par son obscuritè intercepte une bonne quan- {==141==} {>>pagina-aanduiding<<} titè des rayons, qui ne se perdent pas de mesme par la simple reflexion du miroir. Mais il s'agit de trouuer une matiere pour ce miroir qui soit capable d'un poli aussi beau et uni que celuy du verre; et la maniere de donner ce poli sans gaster la figure spherique. Jusqu'icy je n'ay point vu de miroirs qui l'eussent a beaucoup pres si beau que le verre, et si Monsieur Newton n'a desia trouuée quelque invention pour le rendre meilleur qu'a l'ordinaire j'ay peur que sa lunette ne distingue pas si bien les objects que ne font celles qui sont composées de verres. Mais il vaut bien la peine qu'on cherche de remedier a cet inconvenient, et je ne desespere pas qu'on n'en puisse venir a bout, sur tout quand je considere les nouuelles pratiques qu'ont trouvè quelques curieux d'icy pour la perfection du poli des verres 2). Le petit miroir plat intercepte une partie des meilleurs rayons, mais a cela il n'y a point de remede, et la grandeur de l'ouverture du miroir doit recompenser cette perte. Je m'estonne que dans la description on n'a pas marquè que les objects paroissent renversez, car cela doit estre ainsi suivant la disposition de l'oeil et de la lunette qu'on y a representées. Mais pour regarder aux astres il n'importe pas beaucoup. Je crois que Monsieur Newton n'aura pas laissè de considerer l'avantage qu'auroit un miroir parabolique par dessus le spherique en cette construction, mais qu'il desespere comme moy de pouuoir tailler des surfaces autres que spheriques dans l'exactitude et perfection requise, quoy qu'autrement il soit plus aisè de faire la parabolique que les Elliptiques ou hyperboliques, a cause de certaine proprieté du conoide parabolique qui est que toutes les sections paralleles à l'une font la mesme parabole 3). Voila Monsieur tout ce qui me vient dans la pensée a vous dire sur cette nouuelle invention; dont je serois bien aise d'avoir vu l'effect, et en attendant je voudrois scavoir de vous si la lunette dont la description marque la longueur et la multiplication faisoit voir les objects bien distincts, et clairs, dont ce dernier depend de l'ouverture du miroir qui n'y est point exprimée 4). Pour ce qui est de la {==142==} {>>pagina-aanduiding<<} difficultè de trouver les objects il est facile d'y remedier en attachant une lunette ordinaire a celle cy qui luy soit parallele. Si Monsieur Smetwick continue encore son travail sur les verres non spheriques 5) je seray bien aise d'en apprendre le succes, mais a ce que je puis juger par l'experience que j'ay en ce mestier, il n'y a rien a esperer que seulement des superficies spheriques; et qui les peut rendre parfaites et bien polies, j'estime qu'il n'a pas trouuè un petit secret. Je ne scay qui peut vous avoir mandè que je n'avois pas encore receu le dernier volume du traitè de Monsieur Wallis 6). Il est vray qu'en vous escrivant ma derniere je ne l'avois pas encore, mais Monsieur Justel me l'apporta peu de jours apres, de sorte que je fus estonnè de veoir que dans vostre penultieme lettre vous me promettez ce livre encore une fois. Mais en tout cecy ma negligence est la plus coupable, par ce que je ne devrois pas avoir estè si longtemps sans vous escrire, car la maladie que j'ay eue du depuis ne suffit pas pour m'excuser. Il est vray qu'elle est cause de ce que je n'ay pas renouvellè le commerce avec Monsieur Sluse, apprehendant de me remettre trop avant dans l'estude de geometrie dont il ne me vient que trop d'occasions tous les jours. Toutefois si vous avez la bontè de me faire part de ce qu'il vous a envoyè dernierement touchant le Probleme d'Alhazen, vous me ferez grand plaisir. Monsieur Vernon m'a monstrè la description de la trompette de Monsieur Moreland 7), dont je voudrois bien voir l'effect, ayant de la peine a me l'imaginer si grand qu'il est accusè dans cet escrit. On m'a dit qu'on en fera venir une pour cette Academie. Le probleme touchant la meilleure figure pour cette trompette seroit difficile a resoudre, et il faudroit auparavant avoir bien des connaissances, en ce qui regarde la nature du son que nous n'avons pas encore. Mon horologe de nouuelle fabrique n'a pu estre preste a cause de mon indisposition, pour partir avec ceux qu'on a envoyè en Amerique pour les observations celestes, et quand mesme elle auroit estè preste, le vaisseau estoit si petit et si peu accommodè pour cette experience, que je n'aurois pas estè bien aise de l'y avoir embarquée. Je crois que j'iray quelque jour moy mesme en quelque petit voiage, pour voir le succes de cette invention, car je vois qu'il depend beaucoup de la diligence de ceux a qui on en commet et desquels je ne suis pas fort satisfait jusqu'a present 8). Jay estè bien aise de trouuer dans vos dernieres Transactions 9) les diverses observations de Saturne, qu'on vous a envoiées, qui confirment les nostres, et font qu'on ne pourra jamais les revoquer en doute. {==143==} {>>pagina-aanduiding<<} Cela m'a de nouueau fait faire reflexion sur l'utilitè du dessein de ces Nouuelles, qui est certainement tres grande, et tous ceux qui aiment les belles sciences vous sont obligez de la continuation reguliere de ces escrits, et de la peine que vous prenez a en avancer la matiere par les correspondances que vous entretenez de tous costez. Je vous ay assurè plus d'une fois que vous m'obligerez en m'en envoyant des exemplaires et je vous le repete encore, car j'aime mieux les avoir en propre que de me contenter de la lecture par emprunt. Je suis de tout mon coeur Monsieur Vostre tres humble serviteur Hugens de Zulichem. Je remercie treshumblement Monsieur le Chevalier Moray de l'honneur de son souuenir et luy baise les mains comme aussi a tous vos Illustres Messieurs, qui sont de ma connoissance. A Monsieur Monsieur de Grubendol à Londres. Sur cette adresse Oldenburg a noté: Rec. le 11 Fevr. 1672. Resp. le 12. 10) luy envoyant la copie de la lettre de Sluse sur le probleme d'Alhazen, et No. 79 des trans[actions] et dit que Smethwick se laisse detourner de son travail par les nouueaux pretendants qui le surpasseront. On a trouué une matiere capable d'un beau poli, sans gater la figure. Et une autre inconvenience n'accroiteroit pas l'advancement. Escrit encore Mars 11. 1671 11) et envoyé No. 80 des Transactions et recommandé la consideration de Newton touchant la lumiere et dit que la charge 12) est trop grande pour des objects esloignez. Flamsteed a vu Saturne sans aucune anse Jan. 1. 1671 13). {==144==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1867. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 19 février 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 19 fevrier 1672. Devant que je l'oublie je vous demanderay icy, ce que j'ay desia demandé au frere de Zeelhem 1) scavoir si l'Esculape d'Oirschot le πολυϑρύλλητος doctor Fey, est de retour chez luy, depuis son mariage, et s'il continue sa pratique, afin que je le fasse scavoir a Monsieur Guiran qui a dessein de se mettre entre ses mains à ce printemps. Si ce n'est pas vous qui me ferez response a celle cy je vous prie d'en faire souuenir celuy qui prendra cette peine. Je n'ay encore rien a vous dire touchant mes affaires parce que mes amis ne trouuent pas encore a propos d'en parler. Je crois selon toute apparence que je resteray icy, et je ne scay mesme si cela se mettra en deliberation pendant cette année, parce qu'on tient qu'on ne declarera point la guerre de ce costé de cette premiere campagne, quoy que dans l'effect on ne laissera pas de la faire, mais sous un autre nom. Je me rejouis de veoir la bonne preparation qu'on fait par dela à se defendre, en lisant les noms de tous ces braves qui se vont exposer pour la patrie. Je m'estonne qu'on tarde tant a finir cette affaire du Generalat 2), et je commence a n'entendre plus la Cabale, parce que vous dites ceux d'Amsterdam refroidis depuis le changement du Magistrat. Le Pere 3) de H.H. 4) y gouverne presque tout a ce qu'on dit. Il estoit contre van Beun. 5). Cettuicy estoit contre le Prince, par la ie crois que le Bourgemaistre estoit pour luy, ou du moins point contre. Je recommande fort a Mademoiselle sa fille de ne devenir pas plus grasse ni grosse qu'elle n'est puis que vous dites qu'elle a desia profitè visiblement depuis que j'ay quitè le païs. Je crois qu'elle ne sçauroit estre mieux quelle estoit alors quoyque vous disiez qu'elle est plus belle que jamais. Si Mademoiselle Constantia ne me fait avoir de ses nouuelles d'icy en 8 jours je luy escriray une lettre pleine de reproches sanglantes. Si vous voulez je vous feray encore faire une perruque mais il faut aussi que vous ayez soin de m'envoier de l'argent car je n'en scaurois plus debourser sans {==145==} {>>pagina-aanduiding<<} en faire venir de celuy que le frere de Zeelhem me garde; et mesme sans rien deboursser je pense que j'en auray affaire bien tost. 6 personnes et 2 chevaux, que j'ay a nourrir font aller ma despense extremement viste, et je ne scay pas bien encore, si je la pourray continuer de cette maniere. Vous aurez bientost la Monsieur Heemskerck 5) qui partit lundi dernier s'il ne sejourne quelque temps a Bruxelles. Il estoit un peu espris des beautez de la Cousine de la Fertè et y estoit fort assidu: mais Monsieur son mary y estoit aussi dont la presence le faisoit enrager. Je ne scay si j'ay mandé a mon Pere qu'apres avoir receu d'Angleterre la description de la lunette raccourcie 6), j'en ay beaucoup meilleure opinion, que cy devant 7). Si l'on pouuoit donner un poli parfait aux miroirs concaves comme aux verres, il y auroit beaucoup a esperer de cette invention. Et peut estre il y aura moyen d'y arriver. Monsieur Monsieur L. Huygens de Zulichem chez A la Haye. No 1868. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 22 février 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1866. Chr. Huygens y répondit par le No. 1880. A Londres le 12/22 Fevrier 1672. Monsieur, La vostre agreable du 13e courant me fut rendue hier ayant bien de la joye de vous y trouuer en bonne sante. Estant presque las d'escrire, apres avoir transcrit {==146==} {>>pagina-aanduiding<<} moy mesme la lettre de Monsieur Sluse 1) touchant le Probleme d'Alhazen, à fin que vous l'eussiez correctement copiée, ie me trouue obligé de remettre a vne autre fois la responce aux particularitez contenues dans la vostre. Cependant vous accepterez l'imprimé cy-joint 2); et puisque i'ay pris la peine de transcrire la lettre de Monsieur Sluse, vous ne vous rebuterez point de me mander vos pensees la dessus. Nos Messieurs pensent auoir trouué vne matiere pour le miroir de Monsieur Newton, capable d'un poli assez beau et uni, et la maniere de donner ce poli sans gaster la figure spherique. Et pour les autres inconveniens: ils sont tels, que l'advancement de cete sorte de Telescopes ne s'en accrochera point, i'espere. Et il y a un autre de nostre societé qui pretend d'auoir trouué vne voye de perfectioner les Telescopes etc. au dela (de beaucoup) de l'invention de Monsieur Newton 3). Dont, peut estre, vous aurez des nouuelles plus particulieres cy-apres. Ces choses detournent Monsieur Smethwick 4) de sa facon de travailler des verres non-spheriques, comme il les appelle; croyant qu'il sera beaucoup surpassé par ces nouueaux pretendans. Le temps esclaircira tout. Je suis Monsieur Vostre treshumble serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur CHrestian Huygens de Zulechem, à la Bibliotheque du Roy à Paris. 38 β {==147==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1869. R.F. de Sluse à H. Oldenburg. 6 janvier 1672. Appendice au No. 1868. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). La lettre a été publiée par M. le Paige 2). Copia Epistolae Clarissimi Slusii ad H.O. die 6. Cal. Jan. 1672 circa Problema Alhazeni; etc. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Caeterum à Clarissimo Hugenio nihil adhuc accepi 3), aliis, ut existimo, studiis occupato. Quoniam autem Tu, Vir Clarissime, videri vis, meas esse aliquid putare nugas, accipe, quae circa Alhazeni problema, curis secundis, meditatus sum. Datus sit circulus, cujus centrum A; puncta data sint D et d. Supponatur factum quod quaeritur, sitque radius incidens DE, reflexus Ed; et ex puncto reflexionis E cadat in junctam DA normalis EI, et in eandem, ex d, normalis dN, occurrantque eidem tangens EC, et radius dE productus in B. Sit nunc DA//z. AI//a. NA//n. EI//e. dN//b. BA//y. AE//q. CA//x. Igitur cum anguli DEC, CEB, sint aequales, et angulus CEA rectus, ex hypothesi, erunt tres DA, CA, BA, harmonicè proportionales (hoc enim facile ostenditur). Erit itaque ut DA ad BA, ita DC ad CB. Sive in terminis analyticis, z/y/z-x/x-y. et 2zy-xy//zx sive 2zy/z + y//x. Cùm autem rectangulum CAI, sive {==148==} {>>pagina-aanduiding<<} xa sit aequale quadrato AE sive qq, erit x//qq/a, et per consequens 2zy/z + y//qq/a sive zqq/2za-qq//y. Porró est ut dN ad EI, ita NB ad IB, sive b/e/y-n/y-a. Itaque ye-ne//by-ba; et y//ba-ne/b-e. Igitur zqq/2za-qq//ba-ne/b-e sive 2zbaa - 2znae - qqba + qqne//bzqq - zqqe. Quae aequatio est ad hyperbolam circa asymptotos, cujus constructio cum circulo dato, problemati satisfacit. Cum vero, ob circulum, sit qq//aa + ee, si loco 2bzaa ponatur ejus valor 2bzqq - 2bzee, habebitur alia pariter ad hyperbolam circa asymptotos, bzqq - 2bzee - 2znae - qqba + qqne//- zqqe: et hac methodo, atque illâ, quam in libello nostro de Analysi exposuimus, prodibunt infinitae aequationes ad hyperbolas et ellipses, quae cum circulo dato problema absolvent; nisi quod effectiones plaerunque intricatiores evadant, quam ut operae precium sit illas aggredi. Construi tamen poterunt eo modo, quo usi sumus in Ellipsi, ejusdem libelli nostri p. 62. Retulimus, ut vides, calculi nostri summam ad lineam DA, sed satis animadvertis, non majori difficultate referri potuisse ad dA (quae pariter data est) ductis scilicet lineis, quas in schemate punctis adumbravimus. Verum novo calculi labore non est opus. Si enim rectae dA ejusque partibus eosdem, ac prius, terminos analyticos adhibeas, hoc est, si ipsam dA facias aequalem z, Dn//b, nA//n. Ai//a. iE//e &c. prodibit eadem aequatio quae prius; et infinitas alias hyperbolas et ellipses obtinebis, quae cum circulo dato Problemati satisfacient. Φορτιϰὸς essem, si singulos casus prosequi vellem, cúm illorum aequationes solâ signorum + et - variatione discernantur. Unum tamen excipio, nimirum cum angulus dAD est rectus; ejus enim aequatio habetur, ex punctis à priori aequatione partibus, in quibus n (quae in nihilum abit) invenitur: nempe haec 2zbaa - qqba//bzqq - zqqe, vel (pro 2zbaa posito ejus valore) zbqq - qqba//2zbee - zqqe. Sed animadvertendum est, quod, licet referendo analysin ad rectam DA, statim sese offerant in aequatione duae Hyperbolae; et aliae totidem à prioribus diversae, cúm refertur ad rectam dA; easdem tamen omninó parabolas haberi, ad utramvis rectarum dA vel DA referatur analysis: cujus rei ratio levi consideratione tibi occurret. Patere nunc V.C. ut superiorem analysin omnibus, quae circa speculorum sphaericorum reflexionem proponi solent, Problematibus applicem, novo facto schemate. Sit igitur, ut prius, circulus cujus centrum A, punctum D datum, et ab eo radius incidens DE, cujus reflexus sit EQ; junctâ DA, ducatur ad illam tangens EC, et normalis EI; et producatur ad eandem, recta QEB. Denominentur partes ut prius, DA//z. CA//x. AE//q. BA//y. AI//a. IE//e. Igitur propter tres DA, CA, BA, harmonicè proportionales, et tres CA, AE, AI, Geometricè, semper habebitur aequatio y//zqq/2za - qq, in quodcumque circuli punctum cadat radius {==149==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} DE. Itaque si quaeratur punctum E, in quod si radius DE incidat, reflectatur παραλλήλως diametro LAV normali ad DA; reflexus QE productus transibit per I, ut patet, et I ac B coincident. Igitur a//y//zqq/2za - qq, sive aa - ½qqa/z//½qq, et problema per plana solvetur. Si quaeratur punctum, à quo radius reflectatur parallelus alteri cuilibet lineae, ut AK (ducta ex centro A;) ducatur ad illam ex puncto I 4), tangens KL//d; evidens est, triangula ALK, EIB, fore similia, cum omnia latera unius parallela sint lateribus alterius &c. Itaque AL ad LK ut EI ad IB, sive q/d/e/a - y. et qa - de/q //y// zqq/2za - qq. et zq3//2qzaa - 2zdae - q3a - qqde 5). Sive, pro aa posito qq-ee, zq3//2zq3 - 2zqee - 2zdae - q3a + qqde. Utraque autem aequatio est ad hyperbolam circa Asymptotos, quae cum circulo dato Problema absolvit. Proponatur nunc efficere, ut radius reflexus transeat per datum punctum N (ut in problemate Alhazeni) vel ut productus versùs punctum reflexionis E occurrat dato puncto N. Ex N cadat in AL normalis NO//n, sitque AO//b. Patet esse ut AO ad differentiam ipsarum ON, AB, ita EI ad IB, hoc est, b/n - y/e/a - y, vel b/y - n/e/a - y. Igitur ba-ne/b-e//y//zqq/2za-qq. Unde 2zbaa - 2znae - qqba + qqne //bzqq - zqqe, nimirum illa aequatio Problematis Alhaseniani, quam supra invenimus. Vel 2do casu ba + ne / b + e//y//zqq/2za - qq sive 2zbaa + 2znae - qqba - qqne//zbqq + zqqe: de quibus aequationibus plura non addo, cum vel nimia sint fortasse quae supra diximus. {==150==} {>>pagina-aanduiding<<} Atque haec sunt problemata, quae circa punctum reflexionis proponi solent, in quibus tamen finitam puncti D dati distantiam supposuimus. Sed facilior erit Analysis, si supponamus infinitam. Sectâ enim CA bifariam in G, constat ex proprietate trium DA, CA, BA, harmonicè proportionalium, tres DG, CB 6), BG, fore geometricè proportionales, suppositâ quacunque puncti D distantiâ. Itaque si supponatur infinita, BG abibit in nihilum, et punctum B cum puncto G coincidet. Igitur AB erit perpetuò aequalis BC. Erit itaque CA//2y, et rectangulum CAI, aequale quadrato AE, dabit in terminis analyticis, 2ay//qq, sive y//qq/2a; cumque distantia puncti D supponatur infinita, erit ED parallela AC. Itaque si quaeratur radius reflexus parallelus AL, quoniam eo casu a et y coincidunt, erit a//y//qq/2a sive aa//½qq. Si quaeratur ut parallelus sit AK, erit rursus q/d/e/a - y, et qa - de/q//y//qq/2a. Sive 2qaa - 2dae//q3. Si petatur, ut transeat per N, erit ut supra ba ± ne / b ± e//y//qq/2a et 2baa ± 2nae//bqq ± qqe. Quae aequationes sunt quoque ad hyperbolas circa asymptotos, nisi N punctum esse supponatur in AL: nam cum tunc n abeat in nihilum, sublatis ab aequatione partibus in quibus n continetur, residuae dant aequationem ad parabolam, ut supra quoque monuimus. Non exspectas, ut cúm specula concava 7) hactenus in exemplum adduxerim, nunc agam de convexis 8). Scis enim, eandem esse prorsus analysin, et aequationes solâ signorum + et - variatione distingui. Scis, parabolam vel ellipsin, quae uni satisfacit, satisfacere alteri; et si hyperbola in convexo Problema absolvat, ejus oppositam paria facere in concavo. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} His itaque omissis, addo tantum, eâdem analysi haberi in speculis concavis focos et spatia, quae radii occupant in axe, datâ qualibet puncti lucentis distantiâ: sed mira facilitate cúm radii supponuntur paralleli; quod tamen nonnullo circuitu a quibusdam demonstrari vidi. Nam in speculo concavo EE, cujus centrum A, si radius extremus reflecti intelligatur ad axem AR in B, ductâ tangente E 9), erit CB aequalis BA. Bisecetur semi-axis AR in Q; erit itaque Q focus et QB spatium quaesitum. Est autem QB dimidia CR (ob aequales AQ, QR, AB, BC), hoc est, dimidia excessûs secantis arcûs ER supra sinum totum. {==151==} {>>pagina-aanduiding<<} Igitur si arcus ER sit exempli gratia grad. 9, erit AC 101246, et BQ 623/1000000 10) ipsius AR. Sed nimium te moror &c. No 1870. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 25 février 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 25 fevr. 1672. Voicy la quitance de mes 50 ℔ signee 1) et remplie de ce qu'il faut horsmis le nom du Receveur que je ne scay pas si c'est encore Pauw. Mettez cet argent s'il vous plait avec le reste et veuillez en tenir compte comme de ce que de l'autre part je vous fais paier pour moy. Je ne pense pas qu'apres ce biliet de P. van Putten je puisse avoir des creanciers par dela. En le payant prenez garde de ne luy donner que 6 ℔ et qu'il s'est trompé de 3 ℔ en faisant mal l'addition. Vous m'avez parlè dans vostre precedente d'un biliet de Huijck 2) mais vous me l'avez point envoiè. Le frere Louis par sa derniere 3) me demanda encore une perruque mais je luy ay mandè qu'il eust soin de me faire avoir de l'argent, et en effect je n'en ay pas assez icy pour prester. Je crois qu'il me doibt encore la precedente et je scay qu'il n'est pas valde bonum nomen. Vous jugez bien de ces dernieres petites Campanines 4), et si vous mesme y faisiez des verres, apparemment elles seroient encore meilleures. J'ay dessein d'adjuster une lunette a miroir 2), et j'ay desia donnè charge qu'on m'en formast un au poli pres que je veux achever moi mesme parce que je n'espere pas que l'ordinaire puisse reussir pour cet effect. Le petit miroir plat empesche quelque partie des rayons et des meilleurs, mais a cela il n'y a remede et la grandeur de l'ouuerture du miroir doit recompenser ce defaut. La maniere de polir, que vous voulez scavoir 2), n'est pas si aisée a pratiquer que vous pensez, car il y faut de preparations chymiques pour avoir la matiere qui y sert, et puis elle n'est pas encore du tout mesnée a perfection. De plus il me semble que vous n'estes pas fort en estat d'entreprendre ce nouveau travail, veu la crise prochaine de vos affaires qui dependent du succes de celles du Prince. Car si vous entrez dans l'employ 5) vous aurez bien autre chose afaire. {==152==} {>>pagina-aanduiding<<} L'on m'asseura hier qu'il estoit venu nouuelle d'Espagne, que la Reine Regente 6) s'estoit declarée en faveur des Hollandois, mais a certaines conditions assez dures, et qui seront cause que cette guerre ne finira pas bientost. Cela ne seroit pas bien ce me semble que l'affaire matrimoniale du frere 7) demeurast ainsi accrochée et qu'il y eust de nostre faute. Comment est ce que Monsieur van Leeuwen et mon Pere mesme n'y tienent la main? Il me semble que le parti est bien meilleur que ne seroit cet autre au quel vous dites qu'il songe presentement. Pourquoy ne me dites vous pas en mesme temps le suject de la querelle et de l'esclaircissement entre le beaufrere et Mademoiselle C 8). J'envoieray 9) par le prochain ordinaire au frere Louis l'invention d'une petite fontaine de Cabinet que j'ay fait construire, et qu'il trouvera fort jolie. C'est une maniere de Clepsydre, ou l'eau demeure enfermée, et l'on n'a qu'a la tourner pour la faire aller de nouueau. A Monsieur Monsieur de Zeelhem. No 1871. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 9 mars 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. ce 9 Mars 1672 J'ay encore a vous remercier de vos dernieres nouvelles, n'en ayant pas eu le temps le dernier jour d'ordinaire. Et il ne s'en faut guere que je ne l'aye encore a cettuicy. J'ay mandè a mon Pere ce qui pourroit retarder le projettè voiage d'Italie 1), au quel il me semble que vous faites estat comme s'il estoit desia resolu. Il faut donc premierement achever nostre impression 2), puis voir quelle provision nous avons de denari, sans laquelle rien ne s'entreprend auspicatò de ces sortes des choses. J'auray soin de vostre perruque mais comme je n'ay point de perruquier arrestè presentement il faut que je cherche a loisir pour trouuer ce qui vous {==153==} {>>pagina-aanduiding<<} est propre. Ce sont tous de trompeurs et de filous, et depuis que je suis venu d'Hollande je n'ay encore pu trouuer de perruque pour moy, et quand je leur montre la blonde que j'ay apportée de la, ils disent que pour 15 louis ils ne m'en scauroient faire une pareille. Pour l'argent que vous dites avoir prest vous me feriez plaisir de me le faire tenir par quelque occasion ou petit echange par ce que je ne veux pas faire venir celuy que j'ay par de la en reserve a moins que d'y estre contraint par necessitè, par ce qu'il y a tousjours beaucoup a perdre. Je ne scay si Monsieur Perrault vous a mandè que son frere 3) chez Monsieur Colbert a la charge de controleur des Bastiments que le Roy luy a donnée gratis. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Voicy la figure de la fontaine ou Clepsidre dont j'ay parlè dans la lettre a mon Pere. A et B sont des verres. C et D des vaisseaux de fer blanc. EF environ d'un pied a proportion de quoy vous pouuez imaginer le reste. On verse de l'eau par le trou en F (qui se bouche apres avec une vis de plomb) jusques a ce que le vaisseau C soit plein et que de plus par le tuyau L il en tombe un peu dans le verre B. Puis on tourne la fontaine en sorte que le vaisseau B soit en haut. Et alors l'eau jalit par le tuyau M, qui est percè d'un petit trou de la grosseur d'une grosse epingle. Et quand il a cessé on n'a qu'a tourner derechef la fontaine, et elle fera le jet dans le vaisseau A. Ces vaisseaux s'attachent avec du ciment mol de cire et terpentine. Je pense que vous comprendrez assez cette construction, autrement vous n'avez qu'a me demander plus d'eclaircissemens. Adios. A Monsieur Monsieur L. Huygens de Zulichem A la Haye. {==154==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1872. Christiaan Huygens à ?. [1672]. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Je vous envoie aussi la description de la fontaine ou Clepsidre de Monsieur de Cumier 1) que vous avez souhaitè. Il y a 3 ans que l'auteur presenta a l'Academie cette invention mais seulement en escrit et non pas par la machine mesme ce qui donna suject de douter que peut estre il avoit trouué des difficultez dans l'execution. Et on jugea que c'estoit a luy d'en faire l'espreuve. Son escrit estant demeurè entre mes mains, et y ayant par hazard jettè les yeux, ces jours passez j'eus la curiositè de faire construire cette Clepsydre, qui reussit tres bien comme vous avez veu vous mesme. Et elle vaut mieux a mon avis que plusieurs autres machines de cette sorte que l'on trouue dans les livres. A et B sont 2 vaisseaux egaux cylindriques de fer blanc ou de cuivre de 9 pouces de diam. dans mon modelle. C et D deux autres vaisseaux de verre des quels l'endroit ouvert est attachè avec du ciment sur les vaisseaux A, B. E et F sont deux tuyaux egaux, dont le premier est disposè pour faire couler l'eau du vaisseau C dans le fond du vaisseau B, l'autre tuyau F a une {==155==} {>>pagina-aanduiding<<} situation toute pareille lors que la clepsydre est tournée le haut en bas. G et H sont deux tuyaux plus courts dont l'un bout est ouvert pres du fond des vaisseaux A et B, et l'autre avance d'un pouce et demi dans les vases C, D, ou l'ouverture de ces tuyaux n'est pas plus grande que celle qui se fait avec une grosse espingle. I et K sont deux ouvertures fermees avec des vis de plomb. par l'une des quelles on remplit d'eau celuy des vaisseaux A, B qui sera dessus dans le commencement comme icy A. Et l'on en verse tant qu'il y en passe quelque quantité dans le vase C. Cela estant fait et la clepsydre estant dressee comme cette figure la represente, le peu d'eau du vaisseau C coule d'abord dans le tuyau E en sorte pourtant qu'il en reste encore dans le vase C, mais plus basse que l'ouverture du tuyau G. Cette eau qui descend par le tuyau E presse l'air du vaisseau B la quelle pression se communique par le tuyau H a l'air du vaisseau D, et en suite par le tuyau montant F a l'air et l'eau du vaisseau A, ce qui la contraint de monter avec force et de faire un jet par le tuyau G. l'eau de ce jet remplace continuellement celle qui s'en va par le tuyau E et ainsi le jet dure jusqu'a ce que l'eau du vaisseau A ait toute passè par les tuyaux G et E dans le vaisseau B apres quoy le peu d'eau qui reste dans C s'ecoule aussi et fait que du vaisseau B il en tombe autant dans le verre D. Alors l'on n'a qu'a tourner la clepsydre en sorte que le vaisseau A repose sur le pied L L et le jet recommencera dans le verre D. La hauteur du jet, si la petitesse du trou par ou il passe et la resistance de l'air ne le diminuoit pas, seroit du commencement egale a la longueur du tuyau E et sur la fin a la partie du mesme tuyau qui fait la distance des vases A, B. Quand on donne entrée a l'air dans le vaisseau A ou B ou quand on oste l'un ou l'autre des vaisseaux C, D, cela n'empesche pas l'effect de la fontaine, ce qui peut d'abord sembler estrange, mais la raison n'en est pas difficile a comprendre a ceux qui entendent la pression et le ressort de l'air. {==156==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1873. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 mars 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est une réponse au No. 1866. Chr. Huygens y répondit par le No. 1880. A londres le 11me Mars 1672. Monsieur Puisque vous le voulez ainsi, ie continue de vous envoier les Transactions. Dans cet inprimé 1) vous trouuerez vne theorie nouuelle de Monsieur Newton 2), (l'Inventeur du telescope Cata-dioptrique) touchant la lumiere et les couleurs: ou il maintient, que la lumiere n'est pas vne chose similaire, mais vn meslange de rayons refrangibles differemment et comme vous verrez amplement dan le Discours mesme. vous aurez la bonté de nous en dire vos pensees. Monsieur de St. Hilaire, qui est chez Monsieur l'Ambassadeur de France 3) icy, fait estat, à ce qu'on m'a dit, d'envoier promptement à Paris vn Telescope de la facon de Monsieur Newton: que vous examinerez à loisir. Peut estre que vous en trouuerez la charge trop grande ou le petit verre objectif 4) trop espais, pour des objects bien esloignez; en ce cas la vous vous servirez du remede, que vous conoissez 5). J'espere, que vous aurez receu ma longue lettre du 12 Fevrier 6) auec le Nombre 79 des Transactions. C'est pourquoy ie seray plus court à present, quoyque parfaitement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulechem dans la Bibliotheque du Roy 46 β a Paris. {==157==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1874. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 31 mars 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce dernier Mars 1672. Je croiois qu'on avait abandonnè vostre affaire matrimoniale 1) c'est pourquoy je me suis estonnè de voir dans la longue deduction que vous venez de m'en faire que vous en parlez encore en termes de presenti. Je l'ay tousjours creue fort bonne et si cela se peut encore je vous conseillerois fort de l'achever, sans vous tant mettre en peine des conditions sur lesquelles l'on lanterne de costè et d'autre. Toutes ces contestations et ces aigreurs cesseroient bientost en suite, et en tout cas les exspectatives de tous costez sont si bonnes et seures que vous ne scauriez manquer d'estre secouru dans peu de temps, supposè que vous en eussiez a faire. Quand je fais reflexion sur tout ce que vous dites de vos entretiens avec le Signor Padre et de ses chagrins contre vous, il me semble que vous devez tascher en toute maniere de sortir ex patria potestate et lare, et si ce n'est par le moyen dont je viens de parler, ce devroit estre en prenant le premier employ un peu raisonnable que vous pourriez obtenir. Et je m'estonne pourquoy vous avez mesprisè celuy qui s'est offert il n'y a gueres, car la raison que vous en avez alleguée 2) ne m'a pas semble assez valide. Cela n'eust il pas mieux valu que ces autres sallidas que vous vous proposez? Sed de his hactenus, ce sont vos affaires, et vous pouvez avoir des raisons pour en juger autrement. Je suis bien aise de ce que vous dites que le Sieur de Zeelhem s'accommode si bien a son nouuel employ 3). je voudrois scavoir quels aides on luy a donnè c'est a dire s'il a quelques commis un peu habiles. Je n'ose plus luy escrire scachant qu'il est trop occupè pour me faire response, et qu'il se peut passer facilement a cetheure de scavoir la maniere nouuelle de polir les verres 4). Je suis apres maintenant a faire travailler aux miroirs concaves pour avoir une lunette de 10 ou 12 pieds de l'invention angloise, dont l'effect doibt estre aussi grand que d'une lunette ordinaire de 80 ou 100 pieds si les essais que les Anglois disent avoir faits sont veritables. Je felicite le Seigneur d'Oirschot 5) de sa belle acquisition. De vostre perruque curabitur. Michaut m'en a apportè mais elles n'estoient point a ma fantasie; tous ces gens sont de trompeurs et vous vendent de vieilles perruques et de racommodees pour de neuues quand on n'y prend pas garde de pres. Mon- {==158==} {>>pagina-aanduiding<<} sieur de Groot 6) eut lundy son audience de congè. et part dans 7 ou 8 jours. apres cela, signa canant, car il n'y a plus rien a faire pour l'accommodement. Je suis un des premiers a sentir l'effect de la guere, dans le retardement de la paye de mon quartier, car voila expirè le premier de cette année sans que j'aye encore rien receu. Les nouuelles de 2 mariages que vous m'apprenez me font songer a vous notifier celuy de Catherine ma belle cuisiniere que vous avez vuë, et qui m'a encore servi depuis mon retour jusqu'icy. adio state sano et con patiencia. No 1875. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 1er avril 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 1 Avril 1672. J'ay si bien pu m'imaginer l'embaras, et les occupations que vostre nouvel employ vous devoit donner, que cela m'a empesché de vous rien mander, qui pust detourner ailleurs vos pensées, car pour ce qui est du compliment de felicitation je me suis tenu asseuré que vous m'en feriez grace, et ne laisseriez pas d'estre bien persuadé de la joye que m'a donnè ce bon succes de vos affaires. Mais puis que vous souffrez encore le Sieur N. 1) qu'il vous viene entretenir de ses nouvelles conceptions en matiere de lunetterie, je ne feray plus scrupule de vous en parler aussi, et tout de mesme que je faisois lors que nous travaillions avec l'assiduité que vous scavez a ce noble mestier. J'ay fait un petit essay de la Lunette catoptrique, en donnant la forme la plus exacte, et le meilleur poli que j'ay pu à un miroir de 3 pouces de diametre et qui rassemble les rayons a un pied de distance. Je trouue qu'il souffre toute cette ouuerture, quoy que avec un oculaire de ⅔ d'un pouce, mais parce que le poli n'a pas la beautè de celuy du verre, les objects paroissent un peu comme per nebulam. Vous scavez quel est ce defaut qui se rencontre aux lunettes ordinaires fort longues pendant le jour. Au reste ils paroissent encore fort esclairez, a cause de la grandeur de l'ouverture, et fort distincts pourveu qu'on place bien l'oculaire, et que le petit miroir plat soit tres parfait, en quoy je n'ay pas encore pu reussir a souhait, de sorte que pour juger de {==159==} {>>pagina-aanduiding<<} l'effect, j'ay regardè a travers l'oculaire sans interposition du miroir plat, en mettant mon oeuil le plus pres qu'il m'estoit possible entre le miroir concave et les objects, ce qui ne se peut faire exactement parce que la teste empescheroit tous les rayons. Pour avoir un bon petit miroir plat, il en faudra faire un de 3 ou 4 pouces, et en faire couper un du milieu au tour par le moyen d'un petit cercle tranchant. Mais il faudra sur tout tascher d'achever le poli des miroirs sans y emploier rien de mol, comme du linge, du cuir, ou la main, en quoy il n'y a pas peu de difficultè. J'ay trouuè un vieux miroir plat de fort excellente matiere dont je feray un concave de 10 pouces de diametre, et qui ait la distance de foyer à 12 pieds. Nous avons un ouurier qui les creuse au tour a merveille, de sorte qu'apres il ne reste quasi rien qu'a les polir. Ces miroirs sont tousjours tres beaux et servent a d'autres effects, si l'on n'arrive pas a les rendre assez parfaits pour les lunettes. Le creux de cettuicy ne sera qu'environ d'une demie ligne. Et pour le fortisier (car on a remarquè qu'autrement ils plient au tour) je luy applique par derriere, avec de la soudure d'estain, un rond de cuive espais de 4 lignes. Vous scaurez dans peu de temps comment cet ouurage reussira. Pour ce qui est du Scotoscope du Baron 2), je ne crois pas qu'on en puisse venir a bout, a moins que de faire un miroir parabolique. En Angleterre ils ont projettè quelque chose de semblable, mais n'ont encore rien effectuè, sans doute a cause de la difficultè ou impossibilité plustost de donner aux miroirs cette forme parabolique dans la perfection requise. Je feray essaier la matiere que vous m'avez envoiee pour le poli, qui asseurement doibt estre une bonne poison. Adieu. No 1876. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 1er avril 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 1 Avril 1672. Je suis bien aise que vous soyez pourveu en fait de Perruque quand ce ne seroit que pour la difficultè qu'il y a les procurer qui soient justement a vostre grè. On ne les porte plus guere blondes icy, et la mode est de les avoir a peu pres de la couleur de vostre derniere. Je payois cy devant 13 louis des mienes et maintenant elles ne revienent qu'a 7. {==160==} {>>pagina-aanduiding<<} On n'a pas encore de nouuelles bien certaines icy du combat naval 1) mais on dit que les Anglois nous ont pris 4 ou 5 vaisseaux de la flotte de Smyrne. Cela est mal honneste de commencer ainsi la guerre, sans l'avoir declarée auparavant, mais ce n'est pas la premiere fois qu'ils en usent de la sorte. Dieu veuille que ce que vous dites de l'Evesque de Munster 2) soit vray, car en fin ce sera trop, si tout le monde a la fois est contre nous. Je vous ay dit mon sentiment, sur les choses que vous scavez, par ma precedente 3). Je ne pense pas que cela serviroit de rien d'en faire mention dans mes lettres a luy mesme; mais qu'au contraire cela pourroit faire plus de mal, ayant vu dernierement de quelle maniere mes avis estoient receus. Puis que vous avez quelque envie de faire construire la fontaine 4), je vous en marqueray quelques particularitez que j'ay omises l'autre fois. Les boetes n'ont environ que 9 pouces de diametre et 2 pouces de hauteur. Le tuyau de milieu dans lequel passent les 2 tuyaux gros chacun d'un ⅓ de pouce est assez fort, estant rempli de poix dans l'espace qui reste et fortement soudè aux boëtes par les 2 bouts. Les petits tuyaux qui servent d'ajutage pour faire le jet, doivent estre de cette façon parce que s'ils estoient plats par dessus, l'eau embarasseroit le petit trou E, {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} lors qu'il est tourné vers enbas, et empescheroit le cours de l'air, qui y doit passer. Les vis de plomb se font fort bien dans des escrous de fer, et puis on y frotte un peu de ciment mol, qui fait qu'elles sont a l'epreuve de l'air. Mais surtout la bouteille n'en doit admettre aucun. La hauteur des bouteilles doit estre a peu pres la mesme que celle du tuyau qui joint les 2 boetes, autrement si elles sont plus basses, le jet donne contre le verre et retombe le long des costez. Je suis fort obligé a la belle mademoiselle H.H. 5) de son souvenir. Peut estre je la verray plustost qu'elle ne pense et sans faire un si grand detour, car je ne me tiens pas encore fort asseurè si je resteray icy, tant que je n'ay receu de declaration la dessus que jusqu'icy je n'ay pas trouvè a propos de demander. {==161==} {>>pagina-aanduiding<<} Mais voila nostre Ambassadeur 6) parti et on va declarer la guerre dans peu a ce que l'on dit. Il faudra voir alors si l'on souffrira encore des Hollandois en ce païs. Je suis marri de ce que vous me mandez des nouuelles incommoditez de la bonne Tante 7) et la plains de tout mon coeur. Il n'y eust jamais de comedie de Moliere de ce nom que vous me mandez. Sa derniere a esté les femmes sçavantes, ou Triçotin comme on la nommait auparavant la representation 8). On l'a trouuè fort plaisante, mais un peu trop sçavante. Adieu. Per il Signor Fratello L. No 1877. J. Chapelain à Christiaan Huygens. 2 avril 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur je receus hier de Monsieur Boeclerus 1) Professeur a Strasbourg vn Imprimé 2) et Plan de la comete qui y a esté obseruée par ce professeur en Mathematique et qui a marqué de sa main ce quil a obserué de son cours. Cest le premier auis que jen ay eu. Peut estre l'aués vous obseruée vous mesme. A tout enenement je vous enuoye l'Imprimé annoté 3) par luy afin que des cette apresdisnée vous le puissiez communiquer a Messieurs vos Confreres. Cest vne belle Matiere de leurs speculations. Je vous prie que je puisse auoir cet Imprimé demain matin ayant a la faire voir a vn excellent Astronome de nos Amis a qui jay chargé d'en faire part et prontement. Mandes moy comment vous vous portés, quelles nouuelles vous aués de Messieurs vos proches et me croyés tousjours tout a vous. Ce 2 Avril 1672. Chapelain. {==162==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1878. J. Boecler à J. Chapelain. mars 1672. Appendice au No. 1877. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Anno 1672. d 12/22 Martii. hor. 9.30 m.p.m. primum obseruaui cometam plures ante dies visum a vigilibus nocturnis et ruri degentibus, et quidem, idoneis instrumentis deficientibus, filo siue funiculo adhibito. In priori extensione incidebant in eandem rectam lucida pleiadum 4), cometa et lucida pedis australis Andromedae 5): In posteriori, cometa Algol et eductio pedis sinistri Persei 8), ut vocatur a Beyleo 1) in Uranometriâ 2). {==163==} {>>pagina-aanduiding<<} Lumen Cometicum admodum erat tenue et albicans: cauda desinebat ad Gorgoneam secundam Begesi 3). Die 12/23 Martii h. 8. 30. m. in primâ extensione fili Astronomici occurrebant iterum Lucida pleiadum 4), cometa et lucida pedis australis Andromedae 5); sed intermedium cometicum corpus aliquantulum Septentrionem versus recedere videbatur. In sequenti operatione filali, rectam per Algol ductam fere terminabant cometae et Genibus Arabum, quae in Rudolphinis dicitur fulgens in latere dextro Persei 6). Erat autem haec Persei fulgidae paululum occidentalis. Lumen Cometae longe debilius vix conspectum permittebat. Cauda circa Gorgoneam tertiam Begei 7) finiebatur. Anno 1672 d. 12/22 Martii prior extensio fili transibat lucidam pleiadum a 4) cometam et lucidam pedis australis Andromedae b 5). posterior cometam, Algol c et eductionem pedis sinistri Persei d 8). Corpus cometicum aequabat fixas 4tae magnitudinis: Cauda surgebat ad Gorgoneam secundam c 9). 13/23 Martii in priori observatione eandem fere lineam rectam exhibebant lucida pleiadum a 4). cometa et lucida pedis australis Andromedae b 5). Cometae tamen versus Septentrionem recessus oculis notari satis poterat. In posteriori, in eandem incidebant rectam cometae, Algol c et Genib f 10) cauda ad Gorgoneam tertiam g 7) defecerat. 14/24 Martii prius extensum filum ducebatur per lucidam pedis australis Andromedae b 5) cometam, et hyadem ad oculum boueum h 11). Secundo extensum filum peruadebat cometam, Algol c et stellam in sinistro humero Persei i 12). Cauda et lumine et magnitudine aliquantum defecerat. 15/25 Martii propter nubes densiores phaenomenon obseruari non poterat. 16/26 Martii primum notabant in eâdem rectâ stella in imo pede dextro Persei sequens k 13) praecedens l 14) et cometa. Deinde rectam occurrebant ductam in capite Erichthonii Australis m 15) stella juxta dextrum genu Persei n 16) et cometa. 17/27 Martii prima vice filum extendebatur qui haedoeum sequentem o 14) stellam ad tybiam dextram Persei p 13), et cometam. Secundâ vice extensum determinabat lucidam pleiadum a 4), cometam, et stellam in latere dextro Persei q 6). Cauda terminabatur ad stellam sextae magnitudinis r. 18/28 Martii Cometa adeo jungebatur stellae in imo pede dextro Persei praecedenti l 14) ut in filari obseruatione distingui non posset. Erat a illa et occidentalior et meridionalior. Cauda porrigebatur per eandem l. {==164==} {>>pagina-aanduiding<<} d. 19/29 Martii Cometa aequalis fixis quintae magnitudinis triangulum formavit cum stellis k, l, scalenum; propius accedens ad k. Observatio filaris commode institui non potuit. Cauda per tubum opticum conspici tantum poterat, directe vergens versus k. Corpus cometae referebat carbonem rubeis et nigricantibus maculis distinctum et fumigantem. d. 20/30 Martii coelum nubibus undique velatum observationem negabat.a⁾ a) Observatio diei 28 Martij plane eandem conjunctionem cum stella in imo pede Persei exhibet quae hic Parisijs a D. Cassino notata fuerat, unde apparet nullam sensibilem parallaxin habuisse Cometam, adeoque altitudinem maximam. [Huygens]. No 1879. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 8 avril 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 8 Avril 1672. J'avois oublié la semaine passée de vous envoier cette lettre du bon Monsieur Perrault, de quoy vous aurez soin s'il vous plait de ne le point avertir en luy faisant response. Il a fort fait valoir ce que vous avez mis dans vostre lettre, de pauures exhalaisons que nous sommes. Il y a quelques jours que l'on m'a expediè ordonnance pour le quartier dont je vous ay parlè dans ma precedente 1) et depuis avant hier j'ay asseurance que je resteray icy pendant les troubles, en ayant estè parler expres a Monsieur Colbert. Hier on declara la guere par cette ville. Les nouuelles d'Angleterre sont bien estranges touchant cette liberté accordée a l'exercice de la Religion Romaine et je seray estonnè si cela ne fait pas du bruit en ce païs la, ou l'on voit bien, quorsum illa tendant, et a ce que l'on m'a appris, la chose n'y a pas estè bien receue. Icy l'on veut dire, depuis quelques jours, que l'Espagne auroit quitè nostre alliance conclue et ratifiée depuis si peu mais j'ay de la peine a le croire. Adieu. Je n'ay rien receu par l'ordinaire dernier. A Monsieur Monsieur L. Huijgens de Zulichem. {==165==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1880. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 9 avril 1672. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos 1868 et 1873. H. Oldenburg y répondit par le No. 1881 1). a Paris ce 9 Avril 1672. Monsieur Vos deux dernieres avec les Exemplaires des Transactions m'ont estè bien rendues dont je vous remercie tres humblement et vous prie de vouloir continuer tousjours de me les envoier, afin que doresnavant la collection que j'en feray soit complette. Car pour ceux que vous avez donnez jusqu'icy j'ay priè Monsieur Vernon de m'en faire venir tout le volume. J'ay estè bien aise de trouuer dans les dernieres ce que Monsieur Newton escrit 2) touchant l'effect des verres et des miroirs en matiere de lunettes, ou je vois qu'il a remarquè comme moy le defaut de la refraction des verres convexes objectifs a cause de l'inclinaison de leurs surfaces. Pour ce qui est de sa nouvelle Theorie des couleurs, elle me paroit fort ingenieuse, mais il faudra veoir si elle est compatible avec toutes les experiences. J'ay encore a vous rendre graces de ce que vous avez pris la peine de m'envoier l'analyse de Monsieur Sluse sur le Probleme d'Alhazen. Laquelle est tres scavante et digne de luy et a estè cause en l'examinant ces jours passez, que j'ay resvè de nouveau sur ce mesme probleme pour tascher d'obtenir la construction la plus courte et la plus naturelle en quoy je pense a la fin avoir reussi. Vous voudrez bien prendre la peine je m'assure de l'examiner, c'est pourquoy je m'en vay la mettre icy apres vous avoir dit l'abbregement que j'ay trouvè en mesme temps dans la premiere que je vous envoiay 3) imprimee de la maniere que vous scavez, qui est que tirant la ligne AT parallele a CB, et la divisant egalement en deux en V, ce point est celuy par ou doit passer l'une des hyperboles opposees, dont les asymptotes ont esté trouvees YM, MN. Mais voicy la bonne construction et qui a lieu dans tous les cas imaginables. {==166==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Soit le cercle donnè EDL dont le centre A. les points donnez B et C. Ayant tirè les lignes AB, AC, soient faites proportionelles BA, le rayon du cercle et FA. Et de mesme CA, le rayon du cercle et GA, et joignez en suite FG, et divisez la par le milieu en H et par ce point les lignes LHK MHN se coupant à angles droits et dont HK soit parallele a celle qui divise l'angle BAC par le milieu. ce seront les 2 asymptotes des hyperboles, qu'il faut descrire par les points F et G, et dont l'une passera aussi par le centre A 4). leur intersections avec la circonference du cercle montreront les points de reflexion requis. Je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur Hugens de Zulichem. Il y a un de mes amis qui desire avoir les traitez 5) de Kinckhuizen 6) que je {==167==} {>>pagina-aanduiding<<} crois avoir este traduits en latin chez vous 7). Je vous prie Monsieur, d'avoir la bontè de dire à Monsieur Collins 8) a qui Monsieur Vernon avoit escrit pour mes livres qu'il y veuille joindre cet autre. A Monsieur Monsieur de Grubendol à Londres. {==168==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1881. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 avril 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1880. Chr. Huygens y répondit par le No. 1890. A londres le 8 Avril 1672. Monsieur, Voicy le nombre 81 des Transactions, où vous trouuerez presque tout ce qu'il m'a escrit 1) touchant sa lunette: Je dis presque tout, vû que depuis que i'auois envoyé la copie de cet Imprimé à la presse, i'ay receu quelque chose de plus, non seulement touchant les Apertures et les charges pour toutes sortes de longueurs, mais aussi sur le changement qui se pourra faire du miroir plat et oval en une autre figure et matiere: dont vous serez, peut estre, informez dans les Transactions, qui s'imprimeront pour ce mois d'Avril 2). Quand vous aurez consideré sa theorie des couleurs 3), vous nous obligerez de nous communiquer vos pensees là dessus. Je ne manqueray pas de faire voir à quelques vns de nos Philosophes et Mathematiciens ce que vous auez medité de nouveau sur le probleme d'Alhazen. Si vous ne me le defendez pas, ie pourray prendre la liberté d'inserer cy-apres dans mes Transactions, et la premiere construction, que vous nous en envoiastez il y a longtemps, auec l'abbregement que vous en auez trouvé depuis, et l'autre, que vous appelez la bonne, come ayant lieu dans tous les cas imaginables. Je vous diray des nouuelles touchant les traitez de Kinkhuysen par ma prochaine 4). A present ie n'ay rien a adjouster, si non que vous estes desiré d'examiner le dis- {==169==} {>>pagina-aanduiding<<} cours latin de Monsieur Wallis 5) touchant sa double methode des Tangens, inserée dans les Transactions; et que ie suis Monsieur Vostre treshumble et tres-obeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem a la Bibliotheque du Roy à 46 β Paris. No 1882. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 22 avril 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. a Paris ce 22 Avril 1672. L'apprehension du mal de teste dont j'ay estè incommodè toute cette nuict est cause que je ne vous escris que ces trois mots. Il ne faut pas prendre au pied de la lettre la defense de communication et correspondance que contient la Declaration, car je scay de Monsieur Romf que Monsieur de Louvoy luy a fait escrire a Messieurs les Estats s'ils veulent que les Postes soient continuees comme cy devant: tellement qu'il ne tiendra qu'a eux, que le commerce de lettres demeure. Monsieur Perrault 1) le controleur se marie avec une jeune brune assez bien {==170==} {>>pagina-aanduiding<<} faite. Le Receveur 2) et sa femme l'ont portè a ce mariage, contre ce que l'on pourroit presumer mais cela est certain. Elle s'appelle Mademoiselle Guichon et du nom d'une terre, Mademoiselle de Rosiers, la famille est honneste, et le pere et mere de leur anciens amis. Dot 70 mille ℔ qui n'est pas bien grande pour icy. Vous en ferez compliment à Monsieur le Receveur. Mademoiselle Marotte 3) en enrage. Je suis tousjours mal avec le pere. J'avois oubliè l'autre fois d'enfermer cette lettre sans suscription dans celle de Mon Pere a qui je vous prie de la donner. Elle est de la part de la vefue de Monsieur de Vaurose. Adieu. Je souhaitte bon voiage au frere de Zeelhem. Le Roy part le 28e. A Monsieur Monsieur L. Huijgens de Zulichem A la Haye. No 1883. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 6 mai 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 6 May 1672. J'impute comme vous mes accidens de mal de teste et de dents a l'intempestivum frigus de la saison qui a durè jusqu'icy. car pour ce qui est de me garder d'ailleurs j'y prens assez de soin. Vostre lettre a Monsieur Perrault arriva le 2e jour apres les nopces 1), et, a ce qu'il me dit hier, elle a esté leue devant la compagnie qui s'y trouva (ou il y avoit parmy quelques beaux esprits), et fort approuvée, comme si vous estiez un second Voiture 2). J'ay fait encore vos complimens aux nouueaux mariez de bouche, ainsi que vous m'aviez recommandè. Ils paroissent fort contents l'un de l'autre et ont raison de {==171==} {>>pagina-aanduiding<<} l'estre. J'ay esté de tous les festins qui se sont faits a cette occasion, le premier chez le pere de la mariée dimanche a midy, l'autre au soir chez Messieurs Perrault, qui logent tous 3 ensemble pas loin d'icy et encore a un souper le lendemain des nopces. L'appartement de la nouuelle belle soeur est tres beau et meublè magnifiquement. Le cabinet a la veue dans le jardin du Palais Royal et est justement vis a vis du grand rond d'eau. Ils ont une porte pour entrer dans ce jardin de laquelle nous nous servismes hier au soir, et promenasmes fort agreablement au clair de la lune auec quelques jeunes beautez du quartier de la mariée. Chez la Cousine Caron il y a une porte de mesme mais ayant estè murée avec toutes les autres il y a 6 mois par ordre de Monsieur 3), elle a travaillè a la faire reouurir jusqu'a cet heure sans l'avoir pu obtenir. A la fin le Mareschal de Plessis 4) luy a promis il y a 3 jours qu'il la feroit ouurir et peut estre l'est elle a cet heure mais hier je la vis encore fermée. Dans quelques jours j'iray avec ces belles faire un petit voiage a Liancour et à Chantilly ou l'on dit qu'il fait extremement beau. Vous perdez beaucoup par le depart de la belle H.H. 5) Seroit il possible qu'elle n'en eust pas un peu de regret elle mesme? Pour moy je scay bien que si je fusse restè a la Haye j'aurois estè bien marri de la voir partir avec cette indifference. Je crois que dans le vaisseau qui porte les bagages, de Monsieur de Groot 6) est embarquè ce valet que j'ay menè avec moy en vous quitant, que Mlle Doublet 7) m'avoit recommandè. je luy ay donnè deux Estampes de St. Cloud de l'ouurage de Silvestre 8), pour faire tenir au frere de St. Annalant. Outre cettuila je n'ay nul interest dans ce vaisseau. mais ce seroit une grande vilainie de Messieurs les Anglois s'il ne le restituoient. Mon livre du Scheepsbouw 9) n'est arrivé qu'hier avec une lettre de l'Unicus 10) du 1 avril. Il y a de la matiere dans ce livre pour en faire un fort beau, mais elle est mal digerée, et le stile impertinent. Je m'estonne, qu'on n'a pas encore icy des nouuelles de ce qui se doit estre passé a Nuyts, si ce que vous me mandez est veritable des 3000 chevaux, qu'on y auroit envoiez. L'on n'a jamais veu icy de si grands apprets de guerre, qu'il y en a eu cette fois, l'on ne rencontroit par les rues que des chariots de bagage, des mulets chargez d'hommes et des chevaux, equipez pour le voiage. Et maintenant que tout cela est parti les rues {==172==} {>>pagina-aanduiding<<} sont encore si pleines de monde, qu'on ne s'apperçoit pas d'aucune diminution. L'on a veu partir avec le Roy 8 millions en argent chargez sur 84 chariots. C'est un nervus belli d'importance. La vision de Sebastianunculus est fort plaisante, sur tout quand on connoist nos heros Messieurs Frenicle, Roberval, Buot, Borelli, Cassini, et le Capitaine Monsieur de Carcavy. Nous sommes tousjours ensemble comme nous estions 11) et il ne vaut pas la peine que je me r'accommode, par ce qu'aussi bien cela ne pourroit pas durer. Quand je rencontre Madame ou mademoiselle Marotte 12) dans le jardin je leur parle mais ne vay jamais chez elles. La mere cherche par tous moyens de reconcilier Messieurs Perrault avec son Polypheme, mais il y a moins d'apparence que jamais. Janneton 13) est tousjours dans la Province a la maison de campagne de son mary, et accouchera bientost. Madame de Rossun a perdu sa fille, et en est fort affligée. Elle est mal avec Monsieur Romf et sa femme, et ils ne se voient plus. Vous scavez son humeur et ses petites vanitez qui luy attirent ces affaires. Adieu. Mes baisemains je vous prie a tout le parentage et a Monsieur van Leeuwen. Envoiez l'encluse au Beaufrere de St. Annalandt. Elle est d'une dame, qui pour des raisons politiques (mais peu necessaires a mon avis) l'envoie ainsi sans suscription ni souscription. No 1884. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 13 mai 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 13 Maj 1672. Je n'ay point eu de lettres par le dernier ordinaire, et je n'ay rien a vous dire sinon, si vales bene est ego valeo. Voicy une lettre de Monsieur Perrault ou vous, aurez sans doute quelque relation du voiage de Versailles que nous fismes lundy dernier avec Monsieur le Controlleur 1) et son espouse 2), et 4 carosses pleins de {==173==} {>>pagina-aanduiding<<} monde. Vous pouuez penser, si toutes les portes s'ouvrirent et si toutes les fontaines jouerent. Il y vint encore autant et plus de monde de Paris, que celuy que nous amenasmes, pour profiter de cette bonne occasion et entre autres nos Cousines 3), des quelles la mere avoit estè trois jours malade a garder le lict, et pourtant comme je les fis avertir le matin une heure devant nostre depart, elle se leva, s'en vint trouuer la compagnie a Versailles, et se promena avec tous les autres depuis 11 heures jusques a 7 du soir. Je fais souvent reflexion combien paisiblement et tranquillement l'on vit icy, en comparaison de ce qu'on fait chez nous ou il ne se peut que l'on n'attende avec inquietude ce qui arrivera des premiers efforts d'une si puissante armée, qui doit estre maintenant sur nos frontieres. Je vous prie de me faire tousjours part de ce que vous en apprendrez, car les nouvelles qu'on debitera icy ne seront pas fort veritables, a ce que je puis juger par quelques unes que l'on a divulguees dans ces commencements. Par ma prochaine je pourray vous envoier la description du moulin de la Chine, qui tourne a tous vents 4). L'on travaille presentement a mon miroir de metail d' 11 pouces de diametre et 12 pieds de distance de foier 5). No 1885. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 16 mai 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1890. A londres le 6 May 1672. Monsieur Voicy vn autre journal Anglois 1), oú vous trouuerez la suite 2) de ce que Monsieur Newton a fait pour advancer sa nouuelle lunette. Je trouue que dans le 8me {==174==} {>>pagina-aanduiding<<} memoire 3) de Monsieur Denys 4) on a descrit vn telescope 5) qui y est estimé plus spirituel, come parle l'autheur, que celuy de nostre Anglois. Cependant, si ie ne me trompe fort on trouue la mesme façon donnée par Monsieur Gregory, l'Escossois, dans son Optica Promota p. 92. 93. 94. qui fut imprimée à Londres l'an 1663, que vous prendrez la peine, s'il vous plait, de considerer 6). De plus, le mesme M. Denys a fait imprimer dans son 9me memoire 7) les proportions de la trompette de Monsieur Moreland; dont ie seray bien aise d'entendre vos pensees. Vous trouuerez, parmy les livres de ces Transactions, quelque chose faite par Monsieur Pell 8). Si vous m'ordonnez de vous envoyer le livre mesme, ie vous obeiray come Monsieur Vtre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. Ce que vous m'auez escrit touchant vostre abregement de la construction du probleme d'Alhazen i'ay envoyé á Monsieur Sluse, dont i'attends vne lettre tous les iours. Touchant Kinkhuysen, son introduction est traduite en latin, et sera {==175==} {>>pagina-aanduiding<<} eslargie par les notes de Monsieur Newton, pour servir come vne introduction à sa methode generale des quadratures analytiques; et quand celles-cy viendront à Londres pour y estre imprimées la dite introduction de Kinkhuysen sera aussi imprimee 9). De plus, le dernier livre dudit Kinkhuysen, des problemes geometriques, a esté traduit aussi en latin; la quelle traduction est astheur entre les mains de Monsieur Bernard 10) professeur de l'Astronomie à Oxford, qui l'adjustera pour la presse. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem, dans la bibliotheque du Roy à 30 β Paris. No 1886. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 17 juin 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 17 juin 1672. Il vient continuellement de si mechantes nouvelles de par de la, que cela commence a m'inquieter plus que je ne scaurois dire. Outre la prise des 4 places sur le Rhin 1), j'ay appris depuis hier au soir, que Rees et Emmerick se sont {==176==} {>>pagina-aanduiding<<} rendu de mesme. Tout cela est fort honteux pour nostre Republique et l'on en tire icy de terribles consequences, et non pas sans raison. Je puis bien m'imaginer la consternation ou l'on en doit estre chez nous, parce que par ces eschantillons on voit a peu pres, ce que l'on doit esperer de nostre milice. Je vous remercie de vos particularitez du combat de mer, dont on se vantoit icy d'avoir eu aussi la victoire, mais il en est autrement a ce que je vois 2). J'espere que par le prochain ordinaire, nous en aurons tout le detail. Je suis tres marry de la perte du brave Monsieur de Gent 3). Que sera devenu le Consul? 4) qu'on n'oublie pas, je vous prie, de m'en mander des nouuelles. J'ay esté a la Campagne les semaines passees a Chantilly Liancourt, et puis a Viry, c'est pourquoy vous n'avez point eu de mes lettres. A mon retour j'appris la nouuelle de la reddition des 4 places, dont je vous asseure que je fus extremement surpris. Si les amis que j'ay icy n'estoient des gens fort raisonnables et discrets, je passerois mal le temps parmy les rejouissances dont tout est plein, et des discours au desavantage et deshonneur de la Patrie. L'on a fait des feux de joye deux jours de suite, les premiers pour les victoires, les autres pour la naissance du Duc d'Anjou 5). L'on a portè plus d'une trentaine d'enseignes prises sur les Hollandois en triomphe a Notre Dame, ou l'on chantoit le Te Deum. Vous pouuez juger quid animi mihi, quand je vois et entens toutes ces choses. Cependant je fais bonne mine, autant que je puis, et je cherche mesme a divertir ces fascheuses pensées, que l'apprehension de l'avenir me donne. Il me semble que ce n'est guere le temps de vous entretenir maintenant de moulins a vent 6). Reservons cela a des temps plus tranquilles, car aussi bien l'Explication, que je vous en avois promise, est assez prolixe. Que je scasche s'il vous plait des nouuelles du Frere de Zeelhem. Je suis tres marry de la rechûte de Monsieur van Leeuwen et luy souhaite amandement et de {==177==} {>>pagina-aanduiding<<} mesme à Madame son Espouse. Je leur baise treshumblement les mains et a tout nostre parentage. Madame de Buat 7) est icy et je l'ay estè voir. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. No 1887. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 20 juin 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1890. A Londres ce 10 juin 1672. Monsieur, Venant de recevoir une lettre de Monsieur Sluse, dans laquelle vous estez interessé, ie n'ay pas voulu vous envoier l'annexe de mon journal du mois de Mars 1), sans vous faire part de ce que cet excellent homme m'a communiqué: ce que ie feray dans ses propres paroles 2); Leodii, 10. Junii, 1672. Ecce me iterum; sed ut ἀβλεψίαν duntaxat indicem, quae in postremas meas irrepsit. Cum enim Nobilissimi Hugenii constructionem, quam ad me miseras, animo variis curis distracto, ad calculos revocassem, levi calami lapsu (sumpto scil. signo + pro -) in aequationem incidi, quae mihi persuasit, Virum accutissimum diversam à mea Analysin instituisse. Facilé autem falsa illa aequatio mutari poterat in aliam ad Parabolam; quod, absque ulteriori examine, occasionem mihi praebuit ut ad Te scriberem, Parabolam dari ex illius Analysi, quae casibus Problematis omnibus satisfaceret. Dele igitur, si me amas, hoc postremum ex mea Epistola; nam omninó falsum est. Cum enim eâdem ipsâ vesperâ, quâ ad Te scripseram, in calculos meos forté incidissem, eosque attentius relegerem, lapsum meum animadverti, ac tandem agnovi, Cl. Hugenium non aliâ usum analysi quam meâ, quae Parabolam uno tantum casu admittit. Quod ut {==178==} {>>pagina-aanduiding<<} evidentiùs sibi constet, aequationem, quam construxit, hîc adscribam. Repete memoriâ, si placet, quae secundis curis ad te scripsi, et invenies, me duas aequationes, Problemati per hyperbolam circa asymptotos solvendo idoneas, assignasse, has nimirum 2zbaa - 2znae - qqba + qqne//bzqq - zqqe, et bzqq - 2znae - qqba + qqne//2zbee - zqqe. ac subjecisse levi mutatione (substituendo E.G. pro qq ejus valorem aa + ee) inveniri posse infinitas hyperbolas et ellipses, quae cum circulo dato Problema solverent. Nunc in priore ex his aequationibus pro bzqq ponatur ejus valor, fiet zbaa - 2znae - qqba + qqne//bzee - zqqe sive aa - qga/z//ee - qqe/b + 2nae/b - qqne/bz. Atque haec est aequatio, quam magno ingenii acumine ac pari facilitate construxit Vir doctissimus, quod ut Tibi pluribus probem, opus non est, quando labore non multo rem ad calculos revocando id agnoscere poteris. C'est le contenu de sa lettre du 10 juin, mais puis qu'elle regarde une autre sienne, qu'il m'a escrite seulement deux iours devant 3) ascavoir le 8. juin sans laquelle l'autre ne se peut pas entendre, ie me trouve obligé de vous en extraire ce qui touche cet argument; qui est: Quae ad Alhazeni Problema meditatus fui hactenus, rudia licet et impolita, tui juris sunt. De iis igitur dispone prout libet. Simplicissima est et maximé ingeniosa Nobilissimi Hugenii constructio. Vidit quippe Vir acutissimus, quâ ratione ad omnes casus extendi posset hyperbola aequalium laterum, quam in casu anguli recti sese statim offerre praecedentibus meis insinuaveram. Sed vidit etiam, ut existimo, eâdem analysi (quam tamen non adscripsit) inveniri parabolam facilè parabilem, quae casibus Problematis omnibus satisfaciat 4). Posset quoque ex infinitis Ellipsibus, quae adhiberi possunt, una seligi non difficilis constructionis; sed nolim diutius in eodem Problemate haerere. Superest tamen aliquid, quod contemplationem habet non injucundam; nimirum cum sectiones, quae cum circulo dato ad solutionem Problematis adhibentur, illum in quatuor punctis secent, quorum duo tantum reflectioni serviunt, quaeri posset, quodnam Problema solvant duo reliqua, et quanam verborum formâ concipienda sit propositio ut 4tuor illos casus complectatur. Deinde, annon etiam iidem 4tuor casus occurrant, cum puncta data aequaliter distant à centro 5). Voicy, Monsieur, les particularitez, que ie croiois vous devoir communiquer; {==179==} {>>pagina-aanduiding<<} que vous pourrez conferer avec ce que ie vous envoiay, il y a quelque temps, de la mesme personne, extrait de sa lettre 6) du 6. cal. januar. 1672. que vous m'avez assuré d'avoir receue par la vostre du 9. Avril 1672. Je seray bien aise d'entendre, que celle-cy vous ait esté rendue, come aussi les autres, que ie vous ay escrites depuis vostre derniere. J'espere que vostre Traité des Pendules est soubs la presse; et il me tarde d'entendre le succes, que vos Essays ont eu touchant le nouveau Telescope de Monsieur Newton 7). Au reste, ie suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. No 1888. Cassini à Christiaan Huygens. juin 1672. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). La derniere conionction de Saturne au soleil est arriuee cette annee icy le 22 de Mars a 23 degrez de Poissons a 2 degrez de latitude Australe, qui est la situation la plus incommode pour se deliurer apres des rayons du Soleil, a cause de la grande obliquite de ce signe du Zodiaque a l'Horizon immediatement apres son leuer, qui unie a la latitude australe tenoit Saturne acbaissè dans les crepuscules du matin et inuisibile, iusques a ce qu'il a pu preuenir de beaucoup le leuer du soleil. Cest pourquo apres l'auoir cerchè plusieurs fois ie ne l'ay vu que le mattin du {==180==} {>>pagina-aanduiding<<} cinquieme de Juin a un heure et 48 minutes, Quoique il fusse allors fort proche de l'Horizon ou les exalaisons faisant trembler l'air deguisent les planetes, il ne laissait pas de se faire voir auec les bras fort sensibles, et plus larges qu'elles n'ont estez dans la recuperation qu'il en fit l'anne passee du mois Aoust iusques au mois de Nouembre. Le mesme matin a deux heures on le uist fort clair de sorte q'on distinguoit outre les bras une petite ombre de l'anneau vers la partie septentionale, tel qu'il est representè par Monsieur Hugens a la page 11 de son sisteme, et ils se continue toutsiours a uoir en cette forme. Il estoit allors vu de la Terre au premier degrez d'Aries, mais comme vu du Soleil il n'estoit qu'en 25 degres des Poissons. la largeur considerable de ses bras monstrent qu'on auroit bien pu voir cette seconde recuperation beaucoup plus par auant si le rayons du soleil n'auroit de longtemps denie la vue de Saturne qoique Monsieur Hugens n'attendoit dans son sisteme la premiere ou l'unique que le mois de Julliet ou de Aust prochain et Monsieur Hevelius l'anne 1673. Neantmoins par la seule comparaison de cette obseruation auec celles que nous auons fait l'annee passee on peut verifeir d'assez pres les neuds de l'anneau de Saturne et mettre les limites de la distance de ces neuds qui est requise pour pounoir voir les bras beaucoup plus precisementent qu'on n'a pu faire iusues icy. Nous vismes l'annee passe le bras de Saturne iusques a 8 de Nouembre. et le 13 de nouembre nous commenceame de le voir ronde. il estoit allors vu de la Terre en 13 degrez de Poissons et du Soleil il estoit vu en 18 degrez et demy du mesme signe. Nous auons donc le neud de l'anneau de Saturne a l'egard du Soleil entre le 18 degre et demi et 25 de poissons mais plus proche du premier terme que du seconde de sorte qu'il sera entre 18 degre et demi et 21 degre et ¾. Monsieur Huguens le met en 20 degre et demi de sorte qu'il se ne sauroit estre eloigne du vray plus de deux degrez qui n'est pas peu de iustesse en une chose si difficile et nous ne scaurions pas par ces obseruations le placer plus exactement, puisque l'ocultation de Saturne nous a empesche de voir la seconde recuperation de ses bras lors qu'elle auroit d'ailleurs estè visible. Mais retenant le lieu de Monsieur Hugens il faut accoucir les limites de la distance requise de Saturne de ses neuds pour pouuoir voir les bras, de cinque degres a deux puis que nous auons vus les bras le 6 de Nouembre quand il estoit vu du soleil en 18 degre et demi de poissons ce qu'il faudra pourtant contemplier par la apparence a la Terre qui voiet allors Saturne en 13 degrez. Cette limitation n'est pas de peu d'importance puis que elle montrera la recuperation des bras de Saturne trois mois auant, et la perte trois mois apres que la premiere limitation ne supposoit. La mesme limitation modifie par les apparences a la terre fera preuoir que Saturne dans la mesme annee qu'il passe par les neuds a l'egard du soleil peut perdre et recouurer ses bras plusieurs fois alternatiuement comme nous auons desia ob- {==181==} {>>pagina-aanduiding<<} seruè en cette occasion, qui a surpris d'abord les astronomes qui n'y s'attendoit pas. Ensin la mesme limitation et modification faira voir qu'il peut arriuer que Saturne passe par les neuds de son anneau et que neantmoint on ne puisse pas voir sa figure ronde comme lors que Saturne se ioindra au Soleil dans le lieu de ses neuds et qu'il demeurera si long temps qu'il a fait cet annee dans les rayons du Soleil. En effet pour cette raison icy on ne voira par des bonnes lunettes Saturne sans bras pendant toute l'annee 1685 quoique Monsieur Hugens dans son sisteme auoit predit qu'on le voiroit en ce temps la ronde et sans bras par un an entier cet a dire du'un mois de mais a l'autre. Nous sohaitons que les Astronomes considerent attentiuement en ce mois icy la largeur des bras de Saturne car nous pretendons quelles soient presentement plus large de ce qu'elles seront le reste de cette annee icy et que du mois de Jullet iufques au mois de Nouembre elle se diminueront notablement. Cet un effet qui uient a consequence de la retrogradation de Saturne modifiee par la latitude et par variation de la distance de la terre dont nous auons donnes les fondements àpart que nous avons aiouté a la Theorie de Saturne qui en ce la est conforme a celle de Jupiter. Il arriue par ces fondaments tant au svsteme de Saturne qu'a celuy de Jupiter un apparence de balancement annuel qui monstre les eclipses apparentes des orbes des satellites tantost plus estroites tantost plus ouuertes selon que ces sistemes sont vus de la terre plus ou moïns eloignez du lieu de leurs neuds. Il est uray que le lieu des neuds de ces sistemes a l'egard de la terre n'est pas le mesme precisement que a l'egard du Soleil. Il y a de la difference qui est mesme changeante a peu pres a raison du changement de la latitude vue de la terre qui enueloppe plusieurs causes et qui dans le sisteme de Saturne n'est pas si grande que dans le sisteme de Jupiter, dont nous expliquerons les differences dans les recueils particulieres. No 1889. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 1er juillet 1672. La Lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 1 Juillet 1672. Vous ne scauriez m'obliger d'avantage, qu'en m'escrivant de longues relations, comme vous venez de faire, de tout ce qui se passe dans nostre miserable païs. Il est vray que j'apprens ces nouuelles avec beaucoup de deplaisir, mais l'ignorance et l'incertitude ont encore quelque chose de plus facheux, parce qu'elles {==182==} {>>pagina-aanduiding<<} font imaginer des accidents et des malheurs encore pires qu'ils n'y en a dans la veritè. L'on fait icy, aussi bien que par de là, des nouuelles fausses en quantitè, et qui augmentent tousjours les pertes du costè de la Hollande. Hier on disoit, qu'a ce mesme jour le Roy devoit entrer dans Amsterdam, que Monsieur de Wit estoit mort, et qu'on cherchoit Monsieur van Beuningen pour le livrer au Roy, mais qu'il s'en estoit fui en Espagne. Quoyque tout cela puisse estre vray, je n'en croiray rien que je n'en sois assurè par vos lettres, ou par d'autres qui meritent autant de foy 1). J'apprehende extresmement ce que diront les prochaines ayant vu, par ce que vous me mandez, a quelle derniere extremitè vous en estes reduit, car si l'on force le passage que l'armée garde presentement, elle sera defaite en mesme temps, ou du moins une grande partie. Et quelle seureté alors a la Haye a Leyden et dans toute la plus part de nos villes? Je souhaiterois que ma bonne soeur, et une partie de nostre bien refugiè, fut dans Anvers, parce que peutestre les choses ne se passeront pas tousjours de la mesme façon et avec si peu de desordre qu'il y en a eu jusqu'icy dans les villes qui se sont rendues. Depuis vostre derniere l'on y compte Deventer, Zutphen, Doesburg, Nimmegen, et le fort de Schenck 2). Cela va d'une estrange vitesse, et tout le monde et les enemis mesme en sont estonnez. Si l'on eust puni avec vigueur et sans delay les gouverneurs des premieres places sur le Rhin cela auroit peut estre contenu les autres dans leur devoir. Mais de la maniere qu'on y procede l'exemple des uns excuse les autres, et vous verrez que pas un de ces poltrons n'aura le chastuiment qu'il merite 3). Je vois que vous n'avez este guere bien informè touchant les morts et blessez {==183==} {>>pagina-aanduiding<<} du costè des Francois 4), car Monsieur le Prince de Condè n'a estè blessè qu'au poignet seulement 5) et le Duc d'Enguien 6) point du tout. Le fils de Monsieur le Premier 7) l'a esté a la poitrine, mais il se guerit. Outre le Duc de Longueville 8), Monsieur de Nogent 9), de Givri 10) et le Comte de Plessis 11), il y a eu encore bien des personnes de qualité tuées, dont j'ay veu la liste, et je crois qu'a la fin vous l'aurez eue aussi. Je ne suis pas peu en peine de la blessure du Cousin Consul 12) (car il ne perdra jamais ce nom) a cause des symptomes que vous dites luy estre survenus. J'auray bien de la joye d'apprendre qu'il ait passè ces dangers. Quel depit a luy, et a tout nos gens de mer qui se sont bien battus 13) de voir la coionnerie de nos soldats par terre. {==184==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous avez raison de dire, qu'il faudroit donner dans cette conjoncture toute l'authoritè a Monsieur le Prince (car qui est ce qu'on pourroit prendre autrement) et luy laisser disposer de toutes choses qui regardent la defense du Païs. Les Romains ne vouloient pas deux Consuls en des pareils dangers mais faisoient un dictator parce qu'ils en voioient bien la necessitè; car il faut assurement en ces rencontres des resolutions promptes et une authoritè souveraine. Pour ce qui est de la donner in perpetuum a Monsieur le Prince comme vous dites, que quelques Villes avoient projettè, je ne scay si elles sont encore en estat de se donner. Et je ne vois pas aussi beaucoup d'apparence que cela se fasse par traitè, parce que quand le Roy de France se verra maistre de tout ou qu'il le pourra devenir, il ne se souciera plus guere des Anglois, et il n'aura pas la complaisance de quitter un si bon morceau pour le ceder a Monsieur le Prince. J'espere que vous aurez negotiè avec le Cousin Duyts pour la remise de mon aerarium, et en attens des nouuelles. Je ne doute pas que les Cousines de Wilm ne soient extremement en peine par l'apprehension d'une banqueroute generale ou nous perdrions beaucoup tous, mais elles plus que personne. Je voudrois scavoir ce que fait et ce que dit un chacun de nos parents et amis, et tant que vous m'en manderez plus de particularitez tant plus vous me ferez de plaisir. Assurez les tous que je suis extremement touché de voir les choses en l'estat qu'elles sont. Je fais ce que je puis pour n'y pas penser trop continuellement. Monsieur Perrault vous salue tres affectueusement. {==185==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1890. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 1er juillet 1672. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 1). La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos. 1881, 1885 et 1887. H. Oldenburg y répondit par le No. 1896. Sommaire: Que je laisse aussi mes escrits a sa disposition. J'envoie le dernier calcul du problema d'Alhazen different de celuy de Monsieur Sluse, et dont la construction suit naturellement. Il est vray quelle se trouve aussi par le sien apres le changement de qq en aa + ee dans bzqq, mais cela semble casuel et la simplicitè de la construction n'y paroit pas, qu'apres qu'on s'eft donnè la peine de la faire. Je vous ay escrit du commencement que pourveu que la matière souffre le poli sans perdre la figure. Je trouve la matiere des miroirs de fonte trop molle. la figure se gaste aussitost qu'on la polit. Et le poli n'arrive pas aussi a la beautè et perfection de celuy de verre. J'ay essayè de 12, de 4 pouces de diametre. Je trouve l'hypothese des couleurs de Monsieur Newton jusqu'icy fort probable. l'Experimentum crucis est delivrè un peu obscurement, mais si je l'entens bien il confirme heaucoup sa nouvelle opinion. J'ay marquè en lisant cet escrit qu'il ne s'ensuit pas que l'aberration des rayons a travers les verres convexes soit si grande qu'il veut, parce qu'il se peut faire que cette aberration n'est pas tousjours proportionelle aux angles d'inclination des rayons. Vous aurez vu dans le dernier journal mon sentiment touchant la lunette du Sieur Cassegrain. car c'est moy qui ay donné ces remarques a Monsieur Galois quoyque plus succinctes que vous ne les voyez. A Paris ce 1er Juillet 1672. Monsieur Je vous rends graces tres humbles de la continuation de l'enuoy de vos Transactions dont les dernieres sont celles du troisiesme 2) May. J'aurois priè Monsieur Vernon de me procurer tout le volume et encor quelques autres livres, mais je n'ay pas encor eu de ses nouuelles. J'ay veu auec plaisir ce que vous auez pris la peine de me communiquer des dernières lettres 3) de Monsieur Sluse scauoir son approbation et ses doctes remarques touchant la construction du problème d'Alhazen, sur le quel il me semble que nous rafinons de mesme que les deux peintres Grecs sur la diuision de la ligne. Vous verrez ici mon dernier calcul 4), different de celuy de ce sçauant geometre, et qui mene naturellement a la bonne construction que je vous ay enuoyée cy deuant 5). Il est vray et mesme admirable, qu'elle se trouue aussi par le calcul qu'il en a fait, apres le changement de qq en aa + ee, mais cela semble casuel, et la simplicitè de la construction n'y paroist pas, qu'apres qu'on s'est donné la peine de la faire. {==186==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous aurez veu dans le dernier Journal des Scauants 6), mon sentiment touchant la lunette du Sieur Cassegrain; car c'est moy qui ay donnè les remarques 7) que vous y voyez, mais elles estoient plus succinctes. Monsieur Newton le traitte plus doucement qu'il ne merite a mon auis 8), parce qu'outre que ce n'est pas son inuention, c'est vne temeritè de vouloir encherir sur les inuentions d'autruy qui sont eprouuées, par d'autres qui ne le sont point. Au reste pour ce qui est des lunettes de Monsieur Newton, il devroit, ce me semble, luy mesme tascher de les perfectionner et d'en faire de plus grand volume que celles de 7 ou 8 pouces. Je vous ay mandè 9) des le commencement que j'en esperois de grands effects pourueu qu'on trouuast de la matiere qui sust capable d'un beau poli comme celuy du verre, et que l'on pust donner ce poli sans alterer la figure des miroirs. J'ay encor peur que ce ne soit la le grand obstacle, parce que dans les essays que j'ay faits dernierement, j'ay trouuè cette matiere de fonte incomparablement plus molle que celle du verre ce qui paroist en ce que le dernier poly des miroirs concaues, que je n'ay sçeu donner qu'en me seruant de quelque chose de mol, comme sont le linge ou le cuir, a gasté visiblement la perfection de la figure spherique, qui saisoit desja auparauant vne reflexion tres reguliere mais obscure. J'auois donnè la figure et le douci en frottant deux miroirs de mesme matiere l'un sur l'autre, et puis j'y appliquay du linge entre deux auec de la pottée d'estain, et cependant je trouuay que cette maniere de polir gastoit de plus en plus la parfaite sphericitè. Vous m'obligerez de me mander ou en est Monsieur Newton luy mesme ou d'autres qui ont entrepris ce trauail. mon miroir estoit de 12 pieds de foier, mais seulement de quatre pouces de diametre. Pour ce qui est de sa nouuelle hypothese des couleurs dont vous souhaittez scauoir mon sentiment, j'auoue que jusqu'icy elle me paroist tres vraysemblable, et l'experimentum crucis 10) (si je l'entens bien, car il est ecrit vn peu obscurement) la confirme beaucoup. Mais sur ce qu'il dit de l'abberration des rayons a trauers des verres conuexes je ne suis pas de son auis. Car je trouuay en lisant son ecrit que cette aberration suiuant son principe deuroit estre double de ce qu'il la fait, scauoir 1/25 de l'ouuerture du verre, a quoy pourtant l'experience semble repugner. de sorte que peut estre cette aberration n'est pas tousjours proportionelle aux angles d'inclinaison des rayons 11). Si vous auez dessein de publier quelque chose de {==*12==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding Fig. 1.==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding Fig. 2.==} {>>afbeelding<<} {==187==} {>>pagina-aanduiding<<} ce que je vous ay enuoié sur le probleme cy dessus illa tui juris facio de mesme que Monsieur Sluse et en sinissant icy je demeure. Monsieur Vostre treshumble et tresaffectionnè serviteur Hugens de Zulichem. No 1891. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 1er juillet 1672. Appendice I au No. 1890. La pièce se trouve à Londres, Royal Society. Elle a publiée par Oldenburg, Phil. Trans. 1). Paris July 1. 1672. Problema Alhazeni. Dato circulo, cujus centrum A 2) radius AD, et punctis duobus B.C.; invenire punctum H in circumferentiâ circuli dati unde ductae HB, HC, faciant ad circumferentiam angulos aequales. Ponatur inventum, ductaque AM recta, quae bifariam secet angulum BAC, ducatur ei perpendicularis HF, itemque BM, CL. Jungatur porro AH cui perpendicularis sit HE rectaeque BH HC occurrant AM in punctis K, G. Sit jam AM∞a Quia ergo aequales anguli KHE et CHZ sive EHG MB∞b estque EHA angulus rectus, erit ut AL∞c KE ad EG ita KA ad AG, quia vero LC∞n BM ad MK ut HF ad FK erit ut rad. AD∞d BM + HF ad HF ita MF ad FK AF∞x b + y - - - - - y - - - a - x - - ay - xy / b + y FH∞y add. FA x 3) fit KA ay + bx / b + y. {==188==} {>>pagina-aanduiding<<} Rursus, quia CL ad LG vt HF ad FG, erit permutenda et dividendo CL-HF ad HF vt LF ad FG {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} quâ ablatâ ab AF ∞ x fit GA ∞ {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} . Est autem EA ∞ dd/x, quia proportionales FA, AH, AE. ergo EA-GA, hoc est EG, {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} 4). Et KA-EA hoc est, KE ∞ {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} . Sed diximus quod {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Unde invenitur {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Et quia n ∞ bc/a fit {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Est autem {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Ergo {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} quae aequatio est ad hyperbolam. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Vnde porro non difficulter invenitur sequens constructio. {==189==} {>>pagina-aanduiding<<} Jungatur BA, AC 5) et applicato seorsim ad utramque quadrato radii AD, fiant inde AP, AQ, et junctâ PQ, dividatur ipsa bifariam in R, et per punctum R ducantur RD 6), RN sese ad rectos angulos secantes quarumque RD 6) sit parallela AD quae dividit bifariam angulum BAC. Erunt jam RD 6), RN asymptoti oppositarum hyperbolarum quarum altera per centrum A transire debet, quaeque secabunt circumferentiam in punctis H quaesitis. Transibunt autem hyperbolae per puncta P, Q. Ratio constructionis apparet ductis Pγ et Qζ perpendicularibus in AM. fit enim Aγ ∞ add / aa + bb siue p. et Aζ ∞ ap/c. Item Pγ ∞ pp/c, et Qζ ∞ pb/c. Quare AO ∞ pc + pa / 2c, et OR ∞ pb-pn / 2c. Unde caetera facilia. No 1892. Christiaan Huygens à Gallois. juin 1672. Appendice II au No. 1890. La lettre a été publiée dans le Journal des Sçavants du 13 juin 1672 1). Reflexions sur la description d'une Lunette publiée sous le nom de Monsieur Cassegrain 2). Depuis que M. Newton a inventé son nouveau Telescope, dont nous avons parlè 3) dans le Journal du 29 de Fevrier dernier, on en a publié 4) un autre que l'on pretend estre beaucoup plus commode & plus ingenieux. Comme celuy de M. Newton passe pour une invention tres-belle, plusieurs personnes ayant entendu dire que cette derniere Lunette estoit encore plus parfaite, ont crû qu'il falloit que ce fust quelque chose de tres-excellent, & ont témoigné un grand desir de sçavoir au vray ce qui en est: C'est pourquoy il est à propos de l'examiner icy, & de faire voir ce que l'on en doit attendre. {==190==} {>>pagina-aanduiding<<} Cette Lunette, que l'on attribue à M. Cassegrain, n'est pas nonvelle: Elle a esté inventée il y a longtemps par M. Gregory qui en a donné la description dans le livre qu'il fit imprimer à Oxfort l'an 1663, sous le titre d'Optica Promota 5). Voicy la figure qu'il en donne. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} ABDE est un tuyau dans le fond duquel il y a un grand miroir concave AE, de section conique, percé en son milieu MN. Il y a un autre petit miroir C de section conique, placé au foyer du miroir AE, & disposé de telle maniere qu'il reflechit les rayons par l'axe CF. A l'ouverture MN est appliqué un petit tuyau MLLN, & au bout LL il y a un oculaire LFL à travers lequel on regarde. La description qu'on a publiée de la Lunette de M. Cassegrain est differente de celle-là en deux choses: l'une qu'il n'y est point specifié que les miroirs doivent estre de section conique: l'autre qu'on a retranché le tuyau MLLN, & l'oculaire est immediatement placé à l'ouverture MN. Mais ce n'est pas sans raison que M. Gregory a determiné la figure des miroirs. Car au moins le petit miroir doit necessairement estre de rection conique: & pour ce qui est du tuyan MLLN, c'est une piece absolument necessaire, sans laquelle on ne se sçauroit servir de la Lunette, comme je diray cy-aprés. On pretend que cette Lunette de M. Cassegrain a trois avantages par dessus celle de M. Newton. I. Que l'ouverture BD du tuyau peut estre de telle grandeur qu'on voudra, & que par consequent il viendra plus de rayons sur le grand miroir AE dans cette Lunette que dans celle de M. Newton. II. Que la reflexion des rayons se faisant par l'axe, sera plus naturelle & par consequent plus vive. III. Que la vision sera d'autant plus agreable, qu'on ne sera point incommodé du grand jour, à cause du fond AE qui couvrira le visage. Si l'on avoit fait l'essay de cette Lunette, ont auroit vû combien tout cela est éloigné de la vérité. Car il n'est pas vray que l'ouverture de cette Lunette puisse estre plus grande que l'ouverture de celle de M. Newton, à moins que le miroir AE ne soit parabolique; mais la Lunette de M. Newton aura le même avantage, si l'on y fait aussi ce miroir parabolique. Il n'est pas vray non plus que la reflexion qui se fait dans l'axe soit plus vive que celle qui se fait hors l'axe: & ce que l'on allegue que la reflexion qui se fait par l'axe est plus naturelle, est avancé sans fondement; car toutes les reflexions sont également naturelles, soit qu'elles se fassent dans l'axe ou hors l'axe. Enfin le Spectateur qui aura l'oeil à l'ouverture MN bien loin de n'estre point {==191==} {>>pagina-aanduiding<<} incommodié du grand jour, & de jouir d'une vision agreable, sera tellement ébloüy de la lumiere qui entrera par l'ouverture BN 6), qu'il ne verra rien du tout: A quoy M. Gregory a sagement remedié par le moyen du tuyau MLLN, qui est absolument necessaire dans cette espece de Lunette. Au lieu du petit miroir plat dont se sert M. Newton, il y en a un concave dans la Lunette de M. Gregory, & un convexe dans celle de M. Cassegrain: Mais le miroir plat est icy preferable au concave & au convexe, tant parce qu'ils sont difficiles à bien placer, que parce qu'ils doivent estre de figure parabolique ou elliptique. Que si dans la Lunette de M. Gregory l'on vouloit faire plat le miroir C, comme dans celle de M. Newton, il faudroit qu'il fust la moitié aussi grand que le miroir AE, & par consequent il intercepteroit la quatrième partie des rayons qui viendroient de l'objet. M. Gregory a bien vu ces difficultez, & c'est apparemment ce qui l'a empeché d'exécuter le dessein de cette Lunette. No 1893. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 8 juillet 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 8 Juillet 1672. J'ay creu un jour durant, que vostre lettre estoit perdue ou restée a la Haye, par ce qu'elle n'estoit par dans le pacquet, car Mon Pere me mandoit que vous m'escriviez. Je vous remercie de toutes vos nounelles qui encore que bien mauvaises ne le sont pas tant que j'avois apprehendè, n'ayant pas creu, qu'on vous donneroit tant de loisir pour bien fortifier ce dernier rempart du païs 1). S'il reste quelque peu de courage a nos gens, je ne scay pourquoy ils ne pourraient pas defendre ces postes, surtout avec l'aide de l'eau qui les couvre pour la plus grande partie. L'affaire d'Aerdenburg 2) fait veoir ce que peuvent des gens resolus. {==192==} {>>pagina-aanduiding<<} J'attens avec impatience le resultat du traité, ou l'on dit qu'il y a aussi des deputez d'Angleterre 3). Cela fait croire a plusieurs que ce qu'on y conclura ne sera pas au desavantage de Monsieur le Prince; mais il y en a parmi nos plenipotentiaires a qui cela ne plairoit guere et qui sans doute l'empescheront tant qu'ils pourront. N'ayant rien appris touchant le Consul par ce dernier ordinaire je veux croire qu'il se va guerissant et je le souhaite de tout mon coeur 4). Vous me parlez de sauvegarde, mais il Signor Padre ne m'en dit rien, ce qui me fait douter si peutestre il n'a pas des raisons pour n'en point vouloir. Mandez moy ce qu'il en dit, et s'il le trouve bon j'en parleray, ce qu'aussi bien je n'ay pu faire encore depuis que jay receu vostre lettre, parce que Monsieur Colbert n'est pas venu dans cette ville. Pour ce qui est de mon argent je ne suis pas encore tant pressè de l'avoir, que je ne puisse attendre, plustost que d'y perdre beaucoup. Le Comte d'Oort prend admirablement bien son temps. Si vous le voiez, je vous prie de luy faire mes compliments et a sa belle epouse. N'oubliez pas aussi mes baisemains a tout le parentage, a Monsieur et Madame van Leeuwen, et a Mademoiselle H.H. 5) sur toutes choses si vous retournez encore a Amsterdam. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. {==193==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1894. J.G. Pardies à Christiaan Huygens. 8 juillet 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Je vous envoye Monsieur les cayers que vous avez bien eu la bonté de vouloir examiner. En sortant de chez vous je vis chez Monsieur l'abbé Picard le crystal qui fait deux refractions, et il me semble qu'il n'est pas si malaisé que je m'estois imaginé, d'expliquer cét effet. Je suis fort trompé si l'on ne peut démonstrer que si l'on taillait plusieurs pieces de verre en rhomboide et qu'on les mit simplement l'une sur l'autre pour en faire un rhomboide total, il s'y feroit deux refractions. Pour en faire l'experience plus aisément, j'ay mis deux glaces dans l'eau qui estoient inclinées l'une vers l'autre a peu pres de l'angle aigu de ce crystal, et j'ay vu double un objet qui estoit au fond de l'eau. Je suis Vostre treshumble serviteur Pardies. Vendredy 8 Juillet 1672. No 1895. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 15 juillet 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 15 Juillet 1672. Hier quelqu'un debitoit chez Monsieur Perrault qu'il avoit vu une lettre dattee du camp devant Leiden. Mais personne n'y voulut adjouter foy et Monsieur Perrault le Controlleur venant de chez Monsieur Colbert n'avoit point ouy parler de cette nouvelle. Peutestre il aura leu Leiden au lieu de Leerdam. L'on y disoit aussi qu'il y avoit des lettres que Nimmegen estoit rendu le 6me de ce mois 1) et que peu auparavant ceux de la garnison avoient fait une sortie et avoient fort mal mesnè le regiment de Navarre et tuè celuy qui le commandoit, nommè Marsac, si j'ay bien retenu. Aerdenburgh estoit aussi pris par Monsieur {==194==} {>>pagina-aanduiding<<} de Nancret, le mesme qui y a esté si bien frottè a ses premieres attaques 2) ce que pourtant j'ay de la peine a croire, parce qu'on a inondè le païs suivant ce que disent les lettres, et qu'on a eu loisir de mieux pourvoir cette place. Il y avoit quinez jours que j'avois sceu la nouvelle de la defaite des francois par d'autres imprimez que celuy que vous m'avez envoiè. L'on tient icy au reste la paix entierement rompue de sorte qu'il semble qu'on ait envoiè response negative aux demandes du Roy, comme il y avoit de l'apparence qu'on feroit. L'on avoit fait courir de ces articles de tant de differentes façons et si ridicules que j'ay estè bien aise d'apprendre a la fin les veritables par vostre lettre. L'on ne parle guere icy de la rencontre de la garnison de Grave 3), ce qui me fait croire que la defaite n'aura pas esté fort grande. Je me rejouis beaucoup du bon succes des affaires de Monsieur le Prince 4) et j'en espere des bonnes suites tant pour l'Estat que pour nostre famille en particulier mais il est a apprehender que ces gens qui disent liever frans als Prins 5), dont il y en a encore beaucoup dans le gouvernement, ne brouillent autant qu'ils pourront, et qu'ils ne perdent tout. L'on dit qu'on a donnè la question a Mombas 6), et qu'il a commencè a nommer quelques complices. Si l'on sauue l'Estat de ce mauvais pas, le frere de Zeelhem est asseurement dans un bon poste 7), et je l'en felicite de nouveau. Il faut qu'il ait bien des affaires maintenant, et 3 ou 4 commis sous luy ne sont pas trop a mon avis. Mandez moy un peu comment tout cela est reglè. En parlant dernierement a Monsieur Colbert je luy parlay comme de mon propre mouvement touchant la sauvegarde 8) en cas de malheur, mais il m'asseura tousjours qu'on n'en viendroit pas là, parce queles choses se termineroient par un accommodement. Je croy que si l'on apprehende encore le danger, qu'il vaudroit mieux de s'adresser a Monsieur de Turenne 9), que mon Pere connoit. Qu'est qu'arrivera du Munnickelant 10)? n'est ce pas bien d'Eglise? Il a plu icy pres de 8 jours durant, s'il en fait de mesme en Hollande, cela ne scauroit que faire beaucoup de bien, et aidera a fortifier les postes. Je souhaite fort d'apprendre ce que les deputez d'Angleterre sont venu negotier aupres du Roy. Si leurs pretentions sont telles que vous dites, je tiendrois qu'il {==195==} {>>pagina-aanduiding<<} vaudroit bien mieux de se rendre a la seule France que de se laisser partager de cette façon. Mais le meilleur est, si l'on peut, les exclure tous deux. Chez la Cousine Caron l'on reçoit nos mauuaises nouuelles avec assez d'indifference quoy qu'on fasse semblant du contraire quand j'y suis, comme aussi pour l'amour du ministre 11) qui y loge depuis qu'il n'y a plus de presche chez Romf. Elle ouvroit fort les oreilles quand on parla de ceder la moitie de la compagnie des Indes 12) au Roy. Si vous avez le loisir et le repos pour me communiquer les remarques pendulaires du Consul 13) vous me ferez plaisir. Je me rejouis de sa reconvalescence et le salue de tout mon coeur, de mesme ma chere soeur et tous ceux de la maison. L'Exempt qui va visiter nos dames est fort connu chez Monsieur Perraut et autres de mes amis et leur escrit merveilles de la bonne chere qu'on luy fait. Ne songez vous pas un peu a vos affaires, postquam nos fortuna revisit (comme il semble) pour parvenir a quelque chose de meilleur et de plus digne de vous que le drossartschap d'IJsselstein. Il me semble que l'occasion n'est pas a negliger. No 1896. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 Juillet 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1890. Chr. Huygens y répondit par le No. 1912. A Londres le 8 Juillet 1672. Monsieur, A la vostre du 1 juillet, que ie receus le 27 juin (st. vet.) ie me trouve obligé de vous dire d'abord, que le iour auparavant, asscav. le 26 juin du mesme style, ie receus vne lettre de Monsieur Sluse, datée le 22 juin, qui renferma l'original {==196==} {>>pagina-aanduiding<<} de la copie, que voicy 1). Come ie vous envoye ses meditations, ainsi ie prends la liberté de luy envoyer les vostres, à fin que la subtilité de vos esprits puisse perfectionner la solution du probleme, dont il s'agit, iusques au dernier point. Je suis persuadé, Monsieur, que de vostre part vous ne manquerez nullement de nous mander encor vostre sentiment sur cete piece come ie m'assure, que Monsieur Sluse fera le pareil sur la vostre. J'ay mandé a Monsieur Newton ce que vous pensez du plus propre sujet pour perfectionner ses lunettes; come aussi de ce qu'il dit de l'abberration des rayons à travers des verres convexes. Quand i'auray sa responce la dessus, ie ne manqueray pas de vous en faire part 2). Le livre de Monsieur Boyle touchant l'origine et les vertus des pierres precieuses 3) est astheur public. J'en ay empacqueté vn Exemplaire auec d'autres livres pour Monsieur Justel qui ne fera point de difficulté de vous le faire voir, lors qu'il sera arrivé a Paris. Le discours, ce me semble, est bien philosophique et fort instructif. Vous trouuerez dans ces Transactions 4) deux lettres latines 5) touchant la theorie de Monsieur Newton sur la Lumiere et les Couleurs J'en ay deux autres, qui suivront, ie croy, dans le Journal prochain 6). Cependant vous m'obligerez de me communiquer vos pensees sur ce que vous verrez à present dans l'annexe, que vous accepterez de la part de Monsieur Vostre treshumble & tresobeissant Seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. {==197==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1897. R.F. de Sluse à H. Oldenburg. 22 juin 1672. Appendice au No. 1896 1). La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens 2). Ren. Frans. Slusii spta ad H.O.d. 22 Junii 1672 3). Literis tuis admonitus temperare mihi non potui, quin faciliorem Problematis Alhazeniani constructionem quaererema⁾. Incidi autem nuper in sequentem, quâ breviorem cum dari posse vix credam, committere nolui, quin eam iudicio ac censurae tuae submitterem. Sint igitur puncta data EB, circulus cuius centrum A iunctis EA, BA secantibus circulum in F et C; fiant tres proportionales EA, FA, VA, et tres iterum BA, CA, XA: tum iunctâ VX ac productâ utcumque, vertice, X, latere transverso VX, ac recto ipsi aequali, describatur hyperbola XP, cuius applicatae ad diametrum VXG, parallelae sint rectae EB: illa enim satisfaciet proposito in casu {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} speculi convexi, ut ejus opposita in casu concavi. Si asymptotes desideres, facile reperiri possunt productâ VX, donec cum EB pariter producta concurrat in L, deinde bisectâ VX in I, ac sumptâ LD, aquali LI; iuncta enim DI erit asymptotῶν una, in quam alia normaliter incidit ad punctum I. {==198==} {>>pagina-aanduiding<<} Sed fortasse tibi non erit ingratum intelligere, quâ viâ ad hanc constructionem pervenerim: scias itaque, me ex priore mea Analysi deduxisse hoc modo. Datis ijsdem quae prius, cadat in EB normalis AO, sitque punctum quaesitum P, ex quo in AO cadat normalis PR. Si AO sit b; EO, z; OB, d; AP, q; PR, e; AR, a; facile colligitur haec aequatio {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} 4) Hujus ultimae constructionem olim ad te misi 5), alterius vero Clarissimus Hugenius. Primum autem, licet se statim in conspectum dedisset, fermè neglexeram, difficilioris constructionis esse praesumerem. Sed me vano timore delusum agnovi, cùm in hanc, quam ad Te mitto, constructionem desinere nuper sum expertus. Sit enim, brevioris calculi causâ, {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Fiet igitur ἀναλογισμῶς {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} qui ad aequationem faciliorem reduci potest, si posito kk + mm = pp fiat ky/p = a; fit enim tandem, quadratum ex {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} aequale {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} ; quam aequationem constructioni superiori respondere {==199==} {>>pagina-aanduiding<<} animadvertes, si calculos applicueris; ac simul observabis, ad quamcumque linearum EA, AB, BE referatur analyseos summa, easdem semper haberi posse sectiones, quamvis longiore circuitu et aequationibus valde diversis. Ex hoc constructione ϰατ᾽ ἀναλογίαν deducere licet alterius Problematis effectionem, cùm scilicet quaeritur punctum à quo radius reflexus parallelus sit cuilibet {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} lineae datae. Ut si dato puncto luminoso B, circulo ex centro A, quaereretur radius reflexus parallelus rectae AE. Idem enim est, acsi, in alio Problemate, distantia punctorum A et E supponeretur infinita; quo casu tertia proportionalis ipsarum EA, FA, abiret in nihilum, et puncta A et V coinciderent. Itaque VX esset aequalis AX, et AE parallela PE. Applica igitur superiorum constructionem et Problema absolves; descriptâ scilicet (vertice X, latere transverso VX, vel AX, et recto ipsi aequali), hyperbolâ XP, cuius applicatae ad diametrum AX, parallelae sint rectae AE. a) Haec constructio eadem est ac mea 6), etsi-hoc dissimulet D. Slusius [Chr. Huygens]. No 1898. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 22 Juillet 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Par ce que vous me mandez je commence de plus en plus d'avoir mauuaise opinion des affaires de nostre païs, qui va estre ruinè et pillè de tous costez par ses enemis si on est contraint de se soumettre aux dures conditions qu'ils imposent. Et si l'on se resout a la defense, il achevera de se gaster et consumer luy mesme, et le secours qu'on promet 1), est encore si loin et si incertain qu'on n'y peut pas fonder grande esperance, quoy que disent les deputez nouvellement arrivez. Je {==200==} {>>pagina-aanduiding<<} pense que ces inondations ne se sont pas faites sans beaucoup d'incommoditè et de dommage. Icy l'on en parle comme si l'on s'y estoit noyè bien plus, qu'on n'avoit voulu; qu'il y a 8 pieds d'eau de plus qu'il n'en falloit, que beaucoup d'hommes et de bestail en ont estè surpris sans se pouvoir sauver, et qu'une grande partie de la ville d'Amsterdam est couverte d'eau jusqu'aux premiers estages. Vous ne m'avez pas pourtant mandè cela lors que vous en estiez revenu, et je croiois que la ville avoit ses digues apart pour la garentir de ce deluge. Je m'estonne que vous ne m'ayez rien dit cette fois de l'affaire Mombas 2), ni qu'aucune des lettres du païs que j'aye vuës en fassent mention, ni mesme le Gazettier 3). L'on n'a pas laissé icy de former de sentences contre luy, les unes a mort les autres a degradation de ses charges. J'espere d'apprendre ce qui en est par vos prochaines lettres. Je voudrois bien scavoir aussi, et quelques autres personnes avec moy, si Monsieur le Ryngrave le fils 4) est en ce païs la, et s'il a de l'employ. J'ay vu des lettres de l'armée de France, qui parloient aussi d'une descente que les Anglois devoient faire du costè de Haerlem, c'est a dire Santvoort 5). Il me tarde fort de scavoir, s'ils ont executè ce dessein mais j'ay de la peine a croire qu'ils voulussent hazarder une entreprise si difficile. Dieu veuille qu'elle ne leur reussisse pas, car ce seroit bien une grande misere. Adieu. Je ne scaurois vous dire combien je souhaitte le retour des Lundis pour recevoir de vos lettres. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. {==201==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1899. Christiaan Huygens à J. Gallois. Juillet 1672. La lettre a été publiée dans le Journal des Sçavants du 25 juillet 1672. Extrait d'une lettre de M. Hugens de l'Academie Royale des Sciences à l'Auteur de ce Journal, touchant les phenomenes de l'Eau purgée d'air 1). Avant que de vous communiquer ce que j'ay observé touchant la suspension de l'eau dans le vuide, j'en ay voulu reiterer les experiences pour verifier les remarques que j'ay faites autrefois, & pour tâcher de penetrer les causes d'un effet si surprenant. Je vous feray premierement le recit de mes observations, & ensuite je passeray aux conjectures que j'ay faites pour en rendre raison. Les experiences que l'illustre M. Boyle mit au jour l'an 1661 avec la description de la pompe pneumatique 2), me donnerent déslors occasion d'examiner cette matiere. L'une de ces experiences estoit que mettant un tuyau de verre de quatre pieds plein d'eau, dans le recipient ou vaisseau d'où l'on tire l'air, & le bout ouvert de ce tuyau trempant par embas dans d'autre eau contenuë dans un verre; aprés avoir vuidé l'air du recipient autant qu'il estoit possible par le moyen de sa machine, l'eau du tuyau descendoit dans le verre jusqu'à ce qu'il n'en restast plus qu'environ la hauteur d'un pied, tout le haut du tuyau demeurant vuide d'eau & d'air. Il jugea fort bien que cette hauteur d'un pied d'eau qui restoit par dessus le niveau de celle où trempoit le bout ouvert, demeuroit suspenduë, parce qu'il estoit resté dans le recipient quelque peu d'air que la pompe, faute de justesse, n'avoir pû vuider. J'avois fait construire une machine pareille; & quoyque je ne me fusse pas encore avisé, d'y apporter le changement que j'y ay pratiqué depuis, je l'avois pourtant si bien ajustée, qu'en faisant la même experience que je viens d'expliquer, je faisois descendre toute l'eau du tuyau jusqu'a ce qu'elle fust de niveau avec celle du verre où trempoit le bout ouvert. Je n'avois pas besoin aprés cela de si longs tuyaux pour faire cette experience. J'en pris un de neuf pouces avec une boule creuse au bout, comme on voit dans cette figure. Il faut concevoir que le verre marqué CC est tout remply d'eau & que son ex- {==202==} {>>pagina-aanduiding<<} tremité ouverte trempe dans l'eau du verre D. Par dessus l'un & l'autre est posé le vaisseau B, dont l'emboucheure ouverte est appliquée sur un certain ciment mol, {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} étendu sur la platine AA, laquelle est percée d'un petit trou au milieu, par où sort l'air quand on fait agir la pompe. Quand j'employois donc de l'eau fraîche, tout le vaisseau C se vuidoit jusqu'à ce qu'elle fût de niveau avec celle du verre D. a Mais sur la fin du mois de Decembre de la même année 1661, ayant laissé cette eau dans le vuide pendant 24 heures (ce qui la purge entierement des bulles d'air qu'elle jette, quand on l'employe fraische) & en ayant remply le matras C, je fus surpris de voir que nonobstant que j'eusse fort bien tiré l'air du vaisseau B, l'eau ne descendoit aucunement du matras, qui demeura parfaitement plein. Je ne pouvois guerre soupçonner qu'il y eust aucun defaut dans ma pompe, ni que le vaisseau B fust mal bouché: mais pour m'en éclaircir tout à fait, j'ostay la phiole C de dessous le vaisseau, & aprés y avoir fait entrer une fort petite bulle d'air, je la remis comme auparavant; & ayant fait agir la pompe, je vis qu'à la fin toute l'eau descendoit jusque fort prés du niveau de celle du verre D. Cela m'asseura qu'il n'y avoit point eu de faute de la machine, & que l'eau purgée d'air demeuroit suspenduë sans descendre, quoyque le vaisseau B fust tout vuide d'air, ou du moins autant qu'il l'estoit lors que l'eau fraische descendoit de la phiole. Je fis pour la seconde fois descendre l'eau, ayant fait entrer dans le col de la phiole une bulle si petite qu'elle estoit à peine visible. b Mais il m'arriva une autrefois une chose remarquable. C'est que n'ayant point fait entrer de bulle d'air, il s'en forma une au bas du col de la phiole en dedans, aprés que j'eus vuidé l'air du recipient. Cette bulle s'estant peu à peu augmentée jusqu'à la grosseur d'un petit pois, elle se détacha du verre & commença à monter dans le col de la phiole: Mais lors qu'elle fut parvenuë à la hauteur d'un pouce par dessus le niveau de l'eau du verre D, elle ne monta plus, mais s'étendit delà subitement vers en haut, & en un moment elle occupa toute la phiole, de laquelle en même temps l'eau descendit par ce peu d'espace qui restoit entre la surface interieure du col & la bulle qui s'y estoit étenduë, & se mit toute dessous cette hauteur d'un pouce où la bulle avoit commencé de s'étendre. Toutes ces mêmes choses m'arriverent ensuite en faisant l'experience avec des tuyaux de deux pieds & davantage, où l'eau demeuroit suspenduë de même qu'à celuy de neuf pouces. {==203==} {>>pagina-aanduiding<<} Je communiquay cette experience 3) à Messieurs de la Société Royale d'Angleterre, qui ne voulurent pas la croire d'abord, & me mandèrent 4) qu'apparemment l'eau de la phiole n'avoit point descendu faute d'avoir bien vuidé l'air du recipient. Mais je leur répondis qu'il n'y avoit pas lieu de soupçonner cela, attendu la suite de l'experience que j'avois marquée, & que de plus par la frequente reïteration j'éstois tres-assuré du bon estat de ma machine 5). Enfin l'an 1663 estant en Angleterre on fit la même experience en ma presence dans l'assemblée de la Societé Royale, & avec le même succés; quoy que les tuyaux fussent de quatre & de cinq pieds. M. Boyle s'avisa en suite de la faire sans l'aide de la machine, simplement avec du vif-argent enfermé dans un tuyau de verre dont le bout ouvert trempoit dans d'autre vif-argent, ayant trouvé moyen de purger parfaitement d'air le mercure pendant 3 ou 4 jours. Enfin l'essay reüssit, & au lieu que dans l'experience de Toricelli le mercure descend dans le tuyau de verre jusqu'à ce qu'il n'y en reste que 27 ou 28 pouces au dessus du niveau du mercure dans lequel le tuyau trempe, M. Boyle, & en même temps aussi M. le Vicomte Brounker President de la Societé Royale d'Angleterre le firent tenir premierement à la hauteur de 34 pouces, puis à celle de 52, de 55, & à la fin jusqu'à la hauteur de 75 pouces 6), le tuyau demeurant toûjours plein, sans que l'on sçache encore jusqu'où peut aller la plus grande hauteur possible. M. Boyle remarqua aussi qu'en ostant le tuyau hors du vif-argent où son extremité ouverte trempoit, & le tenant dans l'air libre sans estre bouché, le mercure ne laissoit pas de se tenir suspendu dans le tuyau. Au reste il arriva dans ces experiences de même que dans celles qui se font avec de l'eau, que la moindre bulle de l'air s'estant engendrée dans le tuyau, soit d'elle-mesme, ou par la secousse qu'on luy eust donnée en frappant contre le tuyau, elle faisoit descendre subitement le mercure jusqu'à la hauteur ordinaire de 27 ou 28 pouces. a Pour revenir à mes experiences, je ne les ay pas seulement faites de nouveau avec de l'eau, mais anssi avec de l'esprit de vin rectifié, & j'ay trouvé que pour le purger d'air il ne faut que le laisser une heure de temps dans le vuide, quoy qu'il engendre plus d'air que l'eau, comme l'on peut juger par les circonstances de cette operation que je vay vous raconter & que sont assez considerables. Aprez que le vaisseau B est à peu prés épuisé d'air par le moyen de la pompe, l'on voit sortir de gros bouillons de l'esprit de vin & en si grande quantité qu'ils en font repandre une partie par dessus les bords du verre D; ce qui arrive de même à l'eau un peu échauffée; mais non pas à celle qu'on y met toute froide. Ce {==204==} {>>pagina-aanduiding<<} boüillonnement diminuë peu à peu; ensorte qu'on ne voit plus sortir de l'esprit de vin qu'une grosse bulle d'air de temps en temps, & à la fin il n'en sort plus rien du tout. Cependant les bulles qui sont montées dans la boule C, s'y dilatent tellement qu'elles la remplissent entierement, & encore toute la longueur du col, de maniere que tout l'esprit de vin en est chassé, & que même il sort plusieurs grosses bulles d'air par l'ouverture du col: ce qui marque manifestement qu'il y a de l'air dans la boule ou quelque matiere qui fait ressort comme l'air, puis qu'elle chasse l'esprit de vin plus bas que n'est la surface de celuy qui est contenu dans le verre D. Aussi en laissant rentrer l'air dans le vaisseau B, & l'esprit de vin remontant par là dans la boule C, l'on voit qu'il ne la remplit pas entierement, mais qu'il y demeure en haut une assez considerable bulle d'air. a Mais ce qui est remarquable en cecy, c'est qu'ayant laissé ainsi cette bulle pendant l'espace d'une heure ou deux, j'ay toûjours trouvé qu'elle s'evanoüit & rentre dans l'esprit de vin d'où elle estoit sortie. J'ay aussi experimenté qu'y ayant fait entrer ensuite une bulle d'air veritable, de la grosseur d'un pois, elle se perdit de même aprés l'y avoir laissée une nuit. La même chose arrive encore dans de l'eau, mais il faut beaucoup plus de temps pour faire évanoüir la bulle. Pour ce qui est de la cause de nostre principal phenomene qui est la suspension de l'eau & du mercure, voicy ce que jusqu'icy i'ay pû m'imaginer de plus vraysemblable. Outre la pression de l'air qui soûtient le mercure suspendu à la hauteur de 27 pouces dans l'experience de Toricelli, & de laquelle nous sommes convaincus par une infinité d'autres effets que nous voyons, je conçois encore une autre pression plus forte que celle-là, d'une matiere plus subtile que l'air, laquelle penetre sans difficulté le verre, l'eau, le mercure & tous les autres corps que nous voyons impenetrables à l'air. Cette pression étant ajoûtée à celle de l'air est capable de soûtenir les 75 pouces de mercure & peut-estre encore davantage, tant qu'elle n'agit que contre la surface d'embas on contre celle du mercure dans lequel trempe le bout ouvert du tuyau: Mais aussi-tost qu'elle peut agir aussi de l'autre costé (ce qui arrive lors qu'en frappant contre le tuyau ou en y faisant entrer une petite bulle d'air, on donne moyen à cette matiere de commencer son effet) sa pression devient égale des deux costez, de sorte qu'il n'y a plus que la pression de l'air qui soustient le mercure à la hauteur ordinaire de 27 pouces. Par la même raison il arrive dans l'experience de l'eau purgée d'air, qu'aprés qu'on a osté la pression de l'air en vuidant le recipient B, cette autre pression de la même matiere agit encore comme auparavant sur la surface de l'eau du verre D, & empêche ainsi l'eau qui est dans la phiole C, de descendre: Mais lors qu'il entre la moindre bulle d'air dans cette phiole, la matiere que je viens de dire qui passe au travers du verre & de l'eau, enfle subitement cette bulle, & faisant une pression égale à celle qui agit de l'autre {==205==} {>>pagina-aanduiding<<} costé sur la surface de l'eau du verre D, toute l'eau de la phiole s'écoule & se met de niveau avec celle qui est dans le verre. On demandera pourquoy l'eau suspenduë dans la phiole C, & le mercure dans le tuyau de M. Boyle, ne sentent point la pression de cette matiere, même pendant que ces vaisseaux sont encore pleins, puis que j'ay supposé qu'elle penetre sans difficulté le verre aussi bien que l'eau & le mercure? Et pourquoy les particules de cette matiere, ne se mettent pas ensemble & ne commencent pas la pression, puis qu'elles vont & viennent par toute l'estenduë de l'eau & du mercure & que le verre n'empêche point leur communication avec celles de dehors? Pour satisfaire à cette difficulté, qui en effet est fort grande, l'on peut dire que quoyque les parties de la matiere que j'ay supposée, trouvent passage entre celles qui composent le verre, l'eau, & le vif argent; elles n'y en trouvent pas d'assez larges pour passer plusieurs ensemble, n'y pour s'y remuër avec la force qu'il faut pour faire écarter les parties du vif-argent ou de l'eau qui ont quelque liaison ensemble. Et cette même liaison fait que bien que du costé de la surface interieure du verre qui touche l'eau ou le mercure suspendu, plusieurs de leurs parties soient pressées par des particules de cette matiere, toutefois comme il y en a aussi une grande quantité qui ne sentent point de pression à cause des parties du verre derriere lesquelles elles se trouvent placées; les unes retiennent les autres, & toutes demeurent suspenduës à cause qu'il y a beaucoup moins de pression sur la surface de l'eau on du vif argent qui est contiguë au verre, que sur celle d'embas qui est toute exposée à l'action de la matiere qui fait cette seconde pression. J'avoüe que la solution que je viens de donner, ne me satisfait pas si pleinement qu'il ne me reste encore quelque scrupule; mais cela n'empeche pas que je ne me tienne tres assuré de la nouvelle pression que j'ay supposée outre celle de l'air, tant à cause des experiences cy-dessus rapportées, qu'à cause de deux autres que vous allez voir. a Quand deux plaques de métail ou de marbre, dont les surfaces sont parfaitement planes, sont appliquées l'une sur l'autre, elles se tiennent en sorte que celle de dessus estant élevée, celle de dessous la suit sans la quitter: & l'on en attribuë la cause avec raison à la pression de l'air contre leurs deux surfaces externes. J'ay deux plaques dont chacune n'a qu'environ un pouce en quarré, qui sont de la matiere dont on faisoit anciennement les miroirs, & qui se joignent si bien ensemble, que sans mettre rien entre deux, celle de dessus soûtient non seulement l'autre, mais quelquefois encore trois livres de plomb attachées à celle de dessous, & elles demeurent en cet état aussi long-temps que l'on veut. Les ayant ainsi jointes & chargées de trois livres, je les ay suspenduës dans le recipient de ma machine, & j'en ay vuidé l'air jusqu'à ce qu'il n'y en restast pas assez pour {==206==} {>>pagina-aanduiding<<} soutenir, par sa pression, seulement un pouce de hauteur d'eau: & neantmoins mes plaques ne se sont point separées. J'ay fait aussi la même experience en mettant de l'esprit de vin entre les deux plaques, & j'ay trouvé que dans le recipient vuidé d'air elles soutenoient, sans se separer, le même poids, que lors qu'il estoit plein d'air. Il me semble que cela marque assez clairement qu'il faut qu'il reste une assez grande pression dans le recipient aprés que de l'air en est ostée, & qu'il n'y a pas plus de raison de la revoquer en doute, que la pression de l'air même. Mais voicy pour la confirmer encore davantage. a⁾ Vous sçavez que l'effet du siphon à jambes inégales, par lequel on vuide l'eau d'un vaisseau par dessus ses bords, ne s'attribue plus à la fuite du vuide, mais au poids de l'air qui pressant sur la surface de l'eau du vaisseau, la fait monter dans le siphon, pendant que de l'autre costé elle descend par sa pesanteur. J'ay trouvé moyen de faire couler l'eau du siphon aprés que le recipient étoit vuide d'air, & j'ay vû qu'avec de l'eau purgée d'air il faisoit son effet de même que hors du recipient. La plus courte des jambes du siphon étoit de huit pouces; & l'ouverture, de deux lignes. Et il ne faut pas revoquer en doute si le recipient a esté bien vuidé d'air, car je puis m'en assurer, tant parce que je vois qu'il ne sort plus aucun air par la pompe, que par d'autres marques encore plus certaines. C'est donc encore icy une confirmation de nostre hypothese d'une matiere pressante plus subtile que l'air. Que si l'on se donne la peine de chercher jusqu'à quel point monte la force de cette pression, ce qui ne se peut mieux faire qu'en poursuivant l'experience avec des tuyaux pleins de mercure encore plus longs que ceux dont M. Boyle s'est servy, l'on trouvera peut-estre que cette force est assez grande pour causer l'union des parties du verre & d'autres sortes de corps, qui tiennent trop bien ensemble pour n'être jointes que par la contiguité & par le repos, comme a voulu M. Descartes. a I. Experience. L'eau demeure suspenduë dans un tuyau, sans estre pressée par l'air. b II. Experience. Accident remarquable dans la descente de l'eau purgée d'air. a III. Experience. Esprit de vin employé au lieu d'eau. a IV. Experience. L'air qui est sorty de l'Esprit de vin & de l'eau, y rentre. a V. Experience. Deux plaques polies de metail demeurent fortement attachées dans le vuide sans qu'il y ait rien entre deux. a) VI. Experience. L'effet du siphon se fait dans la vuide. {==207==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1900. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 28 juillet 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1896. Chr. Huygens y répondit par le No. 1912. A Londres le 18 juillet 1672. Monsieur Vous ayant escrit le 8me juillet et envoyé la copie de la lettre, de Monsieur Sluse 1) ie ne vous eusse pas si tost importuné de nouveau, si quelques lignes de Monsieur Newton, qui regardent vne partie de la lettre, que vous me fistez l'honeur de m'escrire le 1. juillet, ne m'y eussent obligé. Je vous les donneray dans la mesme langue, que ie les ay receu. Il dit donc, I am glad to find by ye abstract of Monsieur Hugenius his letter, which you transmitted to me, that he who hath done so much in Dioptricks hath been pleased to vndertake the improvement of Telescopes by Reflexions also; though without ye desired success. I hope, ye event of his next essay, if he shall think fit to attempt any thing further, will prove more happy by a litle altering ye manner of his proceding. As for me, I know not, whether I shall make any further tryals myself, being obliged to prosecute some other subjects. As to ye Theory of Light and Colors, I am apt to belieue, that some of the Experiments may seem obscure by reason of ye brevity, where with I writ ym, which should haue been described more largely, and explained with schemes, if they had been intended for the publick. But I see not, why the Aberration of a Telescope should be more than about 1/50 of ye Glasses aperture. For, suppose DF be {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} ye Lens, CD and EF two lines parallel to its Axis, in which or indesinitely near to which, all variety of difforme rays are successively incident on two opposite parts of its Perimeter: And of those rays let DH and FG be the most refracted, and DG and FH ye least refracted, intersecting ye former in G and H. Draw GH, and produce it both ways, till at M and N it occur with CD and EF, also produced. Now, since by my Principles ye difference of Refraction of ye most difforme rayes is about ye 24th or 25th part of their whole refraction, ye Angle GDH will be about a 25th part of ye Angle {==208==} {>>pagina-aanduiding<<} MDH, and consequently the subtense GH (which is ye diameter of ye least space, in to which ye refracted rays converge) will be about a 25th part of ye subtense MH, and therefore a 49th part of ye whole line MN, ye diameter of ye Lens; or, in round numbers, about a fiftieth part, as I asserted.’ Apres auoir transcrit cecy, ie n'y ay rien à adjouster, si non que ie fais imprimer a present dans mon journal la plus propre methode descrite de Monsieur Newton pour establir sa doctrine de la Lumiere et des Conleurs 3). Quand il sera achevé d'imprimer, ie vous l'envoieray des aussi tost, come Monsieur Vostre tres humble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Christian Hugens de Zulechem, a la bibliotheque du Roy à Paris. No 1901. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 29 juillet 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 29 juillet 1672. L'on tient pour assurè que le Roy sera demain a Saint Germain. Il y a 8 jours qu'on parle de ce retour et l'on en a tousjours voulu conclure que la paix estoit faite, ou preste a faire; mais a ce que je puis juger pas vostre derniere lettre, il n'y {==209==} {>>pagina-aanduiding<<} a pas encore grande apparence. Les conditions que l'on demande sont en effect bien dures, et puis qu'il y a encore esperance de se pouuoir maintenir et d'estre secouru, je ne m'estonne pas qu'on les refuse, quoyque je ne doute pas qu'on n'en pust faire rabattre beaucoup si on en venoit au traitè. Si la guerre ne finit devant l'hyver je ne scay comment on pourra empescher l'entree au païs et les ravages que les ennemis pretendent de faire a la faveur des glaces. Outre les mutineries des païsans de Tergouw et de St. Annalandt dont vous parlez, j'ay oui dire que ceux de l'isle de Walcheren se sont soulevez de mesme et qu'ils se sont saisis des bourgemaitres de Middelbourg. L'on parle aussi d'une expedition des femmes de Delft qui auroient voulu entrer dans la Haye a main armée, mais parce que vous n'en dites rien, je ne scaurois le croire. Qu'est ce que dit le Seigneur de St. Annelandt 1) de la bravoure de ses sujects qui se rendent ainsi maistre des villes? Je ne doute pas qu'on ne luy en fasse la guerre. Je ne comprens pas ce que vous dites de l'inondation du Monnickenlandt 2) qu'il n'y a point de remede, si ce n'est que vous voulez dire pour cette année, car autrement les inondations que cette terre souffre tous les hyvers n'y faisoient point de mal. Je n'entens pas aussi comment la rupture d'une digue peut ruiner entierement Zulichem, car je crois qu'en estè toutes les eaux s'ecoulent quand les rivieres sont fort basses. L'on dit icy de nouveau que Bommel est pris, mais je n'en veux rien croire puis qu'il estoit inondé 3). Vous ne me dites encore rien de l'affaire de Mombas 4), cela me fait croire, qu'on n'en parle plus guere et qu'il n'y aura point eu de preuve de ce qu'on luy a imposè. Je voudrois bien scavoir un peu plus particulierement de quoy l'on accuse le marquis de Vlaerdinge 5). La trahison de Brousma 6) est tres vilaine, ceux {==210==} {>>pagina-aanduiding<<} qui connoissent icy la ville de Coeverden la tenoient imprenable. Cela est bien facheux de veoir commettre toutes ces trahisons et lachetez sans qu'aucune jusqu'icy soit punie. Je ne scaurois m'imaginer la raison de ce que le Consul rapporte 7) de la faute de sa pendule, si ce n'est que la suspension n'ait pas estè assez libre, faute d'avoir mis de l'huile a la boule, ou que les vibrations de la pendule n'aient pas eu assez d'eschappee apres que la dent de la roue de rencontre a frappé contre la palette. Les horologes qu'on a autrefois emploiè icy pour ces experiences, n'ont pas estè sujettes a ce defaut qu'il marque, car on l'auroit mis dans les relations 8), aussi bien {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} que toutes les autres particularitez. Quand la paix sera faite, j'iray moimesme faire l'essay de cette invention avec des horologes de la derniere fabrique 9) où le pendule est attachè par deux endroits ainsi et seulement de la longueur de 6 pouces, car je vois bien qu'il faut commencer par la faire aller, et ensuite avoir soin de la justesse. Madame de Buat m'a dit que Madame sa mere 10) vient icy la voir. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. No 1902. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 4 août 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 4 Aoust 1672. Je fus la semaine passée avec Madame Caron accompagner sa belle fille 1) jusqu'a Vernon en Normandie, ce qui est cause que vous n'avez rien eu de moy par le dernier ordinaire. Son mary 2) la vint prendre là, et la separation s'estant faite non sans larmes, (je parle des dames, car ma tendresse n'alloit pas jusques là) ils s'en allerent du costè de Rouen et vers ses terres a 16 lieues par de la, et moy je m'en revins avec la Cousine et Mademoiselle Constancia 3). {==211==} {>>pagina-aanduiding<<} J'ay eu soin de la commission de vostre perruque mais n'ayant pu scavoir ou loge ce Michaut que vous vouliez emploier, a cause de l'absence de Monsieur de Beaulieu 4), j'en ay pris un autre qui m'a estè recommandè. J'auray soin du collier de perles afin de vous envoier l'un et l'autre ensemble. Lors que vous m'avez escrit vostre derniere il faut que vous n'eussiez pas encore receu la miene car apres ce que je vous ay mandè de l'accroissement de ma famille et de mon equipage 5), et qu'apparement j'aurois bientost besoin de l'argent que j'ay laissè a la Haye, vous ne m'auriez pas fait la proposition que vous faites. Outre la depense des chevaux et celle que j'ay fait au carosse il m'en a encore coustè bon a meubler mon nouvel appartement, ou j'ay fait un fort joly lict d'ange de taffetas dont il a falu 43 aunes de fr. puis dans la sale ou je dine j'ay mis de ces cuirs dorez veloutez qui ressemblent parfaitement aux plus beaux brocards de Genes. J'avois desia 2 laquais et voila un cocher de surplus. Je vois bien que j'auray de la peine a soutenir toute cette depense, mais cela pourra tousjours durer quelque temps et interim fiet aliquid. Monsieur Hudde m'a escrit qu'il vous feroit tenir quelques 124 livres de la debte de Messieurs les Estats. Je vous prie de les donner a ma soeur de Zeelhem pour mettre avec le reste de mes trouppes de reserve. J'ay encore Catherine 6) et fais mon menage comme auparavant. Je croiois que Monsieur van der Ulft 7) estoit averti de la recepte de ses tableaux. Je les ay fait voir a bien du monde, mais je n'ay pas encore trouuè de marchand. S'ils estoient bien a ma fantasie je pourrois les retenir pour moy, mais j'y trouue quelque defaut c'est pourquoy je ne scay jusqu'icy ce que je dois luy en mander. Je n'avois point sceu ce que vous me dites de la pension de Vossius 8). C'est un meschant eschec pour luy et je doute fort si son voyage en Angleterre le recompensera de cette perte. Je fais estat de faire imprimer bientost mon traitè des horologes et l'ay promis a Monsieur Colbert, qui m'a assez fait entendre que cela me vaudra quelque chose. adieu. Voicy encore un biliet pour Monsieur de Ginhoven 9). Pressez le un peu je vous prie afin qu'il donne ce que je luy demande. {==212==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1903. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens 1). 5 août 1672. La lettre se trouve à Amsterdam, coll. Huygens. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Je n'oserois pas tant grossir mon pacquet que l'est celuycy si Monsieur Romf ne m'avoit dit, que par cet ordinaire il n'envoyeroit pas le Journal des Scavans a mon Pere, puis que j'en avois des exemplaires de reste. Je ne scavois pas, qu'il les envoyoit reglement comme il m'a dit qu'il fait, et je n'aurois pas creu mesme que pendant ces temps tumultueux, cette curiositè eust encore place. Vous verrez icy quelques experiences 2) nouvelles que j'ay faites, qui sont assez considerables. J'ay grande envie de scavoir ce qui se sera passè depuis vostre derniere dans l'affaire du Ruwaert 3). S'il est certain comme vous dites qu'on luy a confrontè ce Chirurgien 4) qui confesse qu'on l'a voulu corrompre, la chose n'est donc pas douteuse. Mais je croy qu'il court bien de faux bruits parmy le peuple. Du moins je ne scaurois croire que le Pensionnaire fust capable de participer a une si meschante entreprise. J'aurois mesme de la peine d'en soubçonner Monsieur de Groot, quoy qu'il soit tres certain qu'il est ennemy capital de Monsieur le Prince. Ce que vous dites du demeslè du Ruwaert avec de Ruyter est bien estrange, et je m'estonne comme il a pu desmeurer si longtemps secret, puis que le dernier ne devoit pas laisser passer une chose comme celle la, sans en faire des plaintes. On dit icy, qu'il est party depuis peu avec toute la flotte pour aller rencontrer vers les Isles Canaries nostre flotte des Indes Orientales, et l'escorter ensuitte, et qu'il ne s'est pas mesme mis en peine de tenir son dessein cachè aux Ennemis 5). {==213==} {>>pagina-aanduiding<<} Il faudroit donc que cela fust arrivè depuis vostre derniere, parce que vous me mandez que la flotte estoit sur nos costes depuis la Zelande jusques a la Meuse. Le Roy arriva a St. Germain lundy au soir, et le lendemain on en fist icy des feux de joye. Lorsqu'on le sceut estre en chemin, on debita la nouuelle de la paix comme tres certaine, mais l'on n'en parle plus maintenant, et l'on bat tousjours le tambour pour lever du monde. Pour ce que vous dites du secours d'Allemagne 6), je doute fort, si vous ne le faites bien plus avancè qu'il n'est en effet, car pour estre a Meurs, il devroit avoir passè le Rhin, et je ne scay en quel endroit il l'auroit pu sans opposition. Cependant je suis bien aise que vous ne laissez pas de bien esperer de l'estat de la Patrie. Vous estes in re presenti, et pouvez mieux juger de toutes choses au lieu qu'icy l'on n'entend parler pour la plus part que des gens qui nous croient perdus. L'on parle aussi beaucoup de la rupture dont on menace l'Espagne. Hier apres disner je fus avec 5 ou 6 de nos curieux a Issy chez Monsieur Thevenot, ou nous fismes des experiences avec des Trompettes parlantes 7) comme vous scavez qu'on en a inventez en Angleterre. Il y en avoit de huit differentes facons (Monsieur Thevenot dit qu'il y en avoit assez pour le jour du jugement) mais l'on trouva que la forme n'y fait pas beaucoup. L'effet aussi en general n'en est pas si grand que ces Messieurs les Anglois nous ont fait accroire, car elles ne se font entendre qu'environ deux fois si loin que la voix sans trompette. Ne soyez pas scandalisè que Patriai tempore iniquo je vous entretienne de ces bagatelles. Monsieur Perrault vient de m'envoyer un escrit que le Frere de Campani a envoyè au Roy dont le titre est nuova inventione d Orivoli giustissimi ad uso della navigatione e della Geografia per prendere le lungitudini Proposita alla maesta Christianissima del Re di Francia per Mattheo Campani &c. 8). Ce sera quelque coionnerie {==214==} {>>pagina-aanduiding<<} nouvelle a ce que je puis juger de ce que l'autheur n'explique rien de son invention, mais la met en Anagramme, et il dit qu'il auroit estè bien aise d'envoyer l'horologe mesme, mais qu'il n'a pas osè se sier a aucun ouvrier, de peur qu'il ne luy derobast son secret. Adieu. A Paris ce 5 d'Aoust 1672. No 1904. Christiaan Huygens à [l'Académie des Sciences?] 1). août 1672. Appendice au No. 1903. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Sur l'Escrit de Mattheo Campani. L'autheur de cet escrit promet une nouuelle invention d'horologe qui apparemment doit estre quelque chose d'extraordinaire: car puis qu'il connoit desia l'invention des Pendules et a quelle precission on est parvenu par leur moyen, il faut qu'il ait trouuè quelque chose qui regle le mouuement des horologes avec encore plus de justesse. Il s'excuse de ce qu'il n'envoie pas au Roy une horologe de sa nouuelle façon, sur ce qu'il ne trouue point d'ouurier a qui il osast confier son secret, ce qui peut sembler estrange, puis qu'il a un frere qui, a ce qu'on dit, sçait parfaitement bien ce mestier. Cependant comme il n'explique point quelle est son invention, et qu'il semble mesme qu'il ne l'a pas encore mise en execution, l'on ne scauroit porter aucun jugement de ce qu'elle vaut, ni si elle servira mieux a trouuer les Longitudes que ne font les horologes a Pendule. Il faudroit pour cela que ses horologes fussent moins fujettes que celles cy a l'agitation de la mer; car pour ce qui est de la justesse, l'on trouue que les pendules en ont assez pour cet usage. Au reste la difference qu'il dit y avoir entre les horologes de son invention et les ordinaires, en ce que l'ordre des mouuements y procede au contraire de ce qu'il a accoustumè, n'est pas nouuelle, parce que nous avons vu la mesme chose dans l'horologe a pendule que Monsieur Perrault a fait aller par le moyen de l'eau d'une fontaine 2), ou le pendule recevoit le mouuement immediatement de l'eau, et le communiquoit ensuite a toutes les roues de l'horologe. {==215==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1905. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 8 août 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1900. Chr. Huygens y répondit par le No. 1912. A Londres le 29 juillet 1672. Monsieur, Vous ayant escrit assez amplement le 8 et 18 de cemois 1), et envoyé par la 1re de ces deux lettres la copie de celle de Monsieur Sluse du 22 juin 2) et par l'autre, la copie de celle de Monsieur Newton 3) du 8 courant; ie ne vous importuneray de rien à present, si non que ie voudrais bien vous prier de vouloir bien examiner ce que Monsieur Newton a proposé et recommendé 4) dans ce journal 85me, touchant sa doctrine de la lumiere, et d'en communiquer vos pensecs a Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. Vous verrez par les lettres passées entre Monsieur Newton et le P. Pardies 5) que ladite theorie de la lumiere commence à gagner pied. On nous dit, que vous faites imprimer quelque Traité; vous m'obligerez de m'en dire le sujet. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. {==216==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1906. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 12 août 1672. A Paris ce 12 Aoust 1672. Je n'ay pas discontinuè de vous escrire par tous les ordinaires donc il faut qu'on ait interceptè les lettres, si ce n'est que le pacquet 1) soit arrivè apres que vous avez envoiè la vostre. Je scay en tout cas que je n'ay rien escrit qui me puisse faire tort; de sorte que je ne regrette que la perte d'une lettre. L'evasion de Mombas 2) est un accident facheux pour la consequence que vous dites, car il est tres necessaire que Monsieur le Prince se conserve sur toute chose l'affection du peuple ou autrement je prevois que tout ira en confusion. L'on dit que Monsieur de Gent 3) est venu avec le Roy, mais je n'ay encore parlè a personne, qui l'ait vu. Il y en a qui ont escrit de l'armée Francoise qu'il n'avoit pas voulu s'en retourner en Hollande et qu'il avoit priè le Roy, qu'il pust le suivre. Mais je crois mieux ce que vous me mandez, car je ne scay pour quoy il voudroit prendre cet autre parti ni comment il pourroit. Un officier francois de ma connoissance a veu Madame de Groot a Liege qu'il trouve fort affligée et eplorée, luy mesme ne voulust pas estre vu 4). Voila une famille bien desolée et dont je ne puis m'empescher d'avoir compassion, quoy qu'ils ne nous aient voulu guere de bien. L'on commence icy a parler de la marche des troupes Imperiales et Electorales, apres l'avoir traitée d'imaginaire jusqu'icy 5). Je croy que ce ne seroit pas mal vostre affaire que cette Ambassade d'Espagne non pas pour y resider longtemps toutefois, mais pour commencer par la d'entrer dans l'emploi et faire veoir ce que vous valez. Cette autre charge que vous supposez devoir vaquer bientost est un si bon morceau que je doute fort si vous pourriez l'obtenir 6). Je n'ay pas le temps de faire response maintenant a la lettre de mon Pere. Je le prie de m'excuser, ce sera par l'ordinaire prochain. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. {==217==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1907. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 26 août 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 26 Aoust 1672. Je vois que puis qu'il n'y a plus rien a faire a Zulichem vous faites fort souvent de voyages a Amsterdam, et en effect il y fait bien plus beau et la compagnie y est meilleure. J'espere que par vos premieres vous me ferez quelque relation de ce que vous y avez fait et vu. Entre autres je souhaiterois bien scavoir comment se portent le Seigneur d'Oort et son Epouse en of het houwlick al wel tiert 1). J'ay veu un imprimè dont le titre est Brilleman 2) qui dechire estrangement tous ceux qui ont estè du parti contraire a celuy de Prince. J'y ay trouvè le Pere de Mademoiselle H. 3), dont je suis marry, car ces choses font grande impression sur l'esprit du peuple et a ce que vous m'avez mandè il a desia couru risque d'en estre attaquè. J'ay veu aussi le Groten en Witten duyvel 4). de tous ces raisonnemens je n'en crois pas la moitiè, car ce ne sont que des soupçons et tres peu de preuves. S'il {==218==} {>>pagina-aanduiding<<} y a d'autres escrits pourtant de cette sorte, vous me ferez plaisir de m'en envoier. Le pauvre Ruwaert 5) est bien mal dans ses affaires, a ce que j'apprens par la derniere lettre de mon pere, puis que la populace veut qu'il soit coupable sans s'en rapporter a ses juges. Il me tarde a voir a quoy aboutira ce proces. Est-il vray qu'on paye le deux-centieme denier 5 fois ceste année. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem A la Haye. No 1908. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 4 septembre 1672. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). L'histoire de Monsieur le Pensionnaire et de son Frere est horrible 2). Je l'avois sceue des le vendredy 3), mais non pas avec ces particularitez que vous m'en racontez. Quand on voit des choses comme celles la, l'on diroit bien que ces Messieurs les Epicuriens n'avoyent pas tort de dire que Versari in Republicâ non est Sapientis. Il y a eu bien de l'imprudence au fait du Pensionnaire, de s'aller exposer en plein jour au peuple irritè, cependant je le plains beaucoup dans l'opinion que j'ay, qu'il n'avoit pas commis des crimes qui meritassent la mort. Les circonstances du proces contre son Frere le Ruwaert, comme sont cette sentence dans les formes, et la dimission du barbier, excusent en quelque façon la fureur du Peuple, qui paroit autrement de la derniere meschancetè, quand on ignore par quelle raison il a estè excitè a faire ce qu'il a fait. L'on dit tousjours icy que la fille 4) du Pensionnaire est morte, dont j'ay jugè le contraire par ce que {==219==} {>>pagina-aanduiding<<} vous m'en escrivez 5). Il y a eu nouvelles a la Cour depuis 3 jours que l'Evesque auroit pris Groningue 6), les bourgeois avec leurs biens et la garnison s'estant sauvez auparavant, et ayant mis le feu a la ville. J'ay peur que cela ne soit vray, mais on le scaura aujourdhuy plus certainement. On dit que le Roy n'est pas bien aise du progres que fait l'Evesque, depuis qu'il n'agist plus qu'avec ses propres troupes et pour luy mesme, et que si Monsieur l'Electeur de Brandenbourg l'attacquoit on ne s'y opposeroit gueres. Mais ou demeure ensin ce secours si longtemps attendu? La saison avance fort, et je ne voy gueres d'apparence, qu'on puisse faire deloger les troupes du Roy qui sont dans le Pays, durant l'hyver. C'est pourquoy je m'estonne pourquoy on laisse ainsi passer le temps sans faire aucune ouverture pour un accommodement, a quoy il semble, que l'on seroit assez portè de ce costè icy. A ce que j'entens de loin, on voudroit que les Espagnols donnassent Cambray, St. Omer et quelques autres places, et qu'ils receussent en eschange quelques unes de celles des Hollandois, comme Bolduc, Bergen op Zoom &c. Si a ce prix on pourroit faire retirer les Francois des provinces qu'ils ont prises, ie crois qu'on en scroit quitte a bon marchè. Vous scavez bien que periculum in mora est, car icy on n'attend que les glaces, c'est pourquoy il faudroit proposer le Traitè, et cela doit venir du costè de la Hollande. Je vous entretiens de cecy contre ma coustume, mais c'est que vous l'avez demandè, et que je suis bien aise de conseiller (quoyque peut estre bien inutilement) ce qui peut tendre a ramesner la Paix. Un de mes amis 7) a escrit une petite Histoire en forme de Roman des Amours de Don Carlos fils de Philippe second avec sa belle mere: n'en pouvant obtenir privilege icy, m'a prié d'escrire en Hollande pour scavoir si quelqu' imprimeur voudroit en entreprendre l'impression; moyennant toutefois 40 ou 50 pistoles qu'il pretendoit avoir de son ouvrage. Je luy ay assez remonstrè le peu d'apparence a cela, vu la conjoncture du temps et l'interruption du commerce. Vous verrez pourtant s'il vous plaist ce qu'en dira Leers 8) ou quelqu'autre. J'ay lu ce livre, qui contient un peu plus en grosseur que le Comte de Gabalis 9), que vous avez veu. Il est fort bien escrit, et a estè tirè de plusieurs manuscrits de la Bibliotheque du Roy, de sorte que c'est plustost veritè que siction tout ce qu'il rapporte et il y a mesme beaucoup de choses qui regardent l'histoire de nostre Pais dont les troubles commencerent dans le temps de ce Don Carlos, qui mesme y a eu quelque relation. Je ne feray pas mettre encore si tost dans le Journal ce que j'ay observè du Chrystal ou Talc d'Islande; mais vous y allez voir une nouvelle maniere de Baro- {==220==} {>>pagina-aanduiding<<} metre 10) que j'ay inventée, qui marque de grandes differences, qui vont a 20 pouces, au lieu de 2 pouces que donne l'ordinaire. A Paris ce 4 septembre 1672. No 1909. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 15 septembre 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1905. Chr. Huygens y répondit par le No. 1912. A Londres le 5 Sept. 1672. Monsieur, Vous verrez dans l'annexe 1), que i'ay pris la liberté d'y inserer en Anglois vostre solution de cet estrange phenomene de la suspension du Mercure bien purgé de l'air a la hauteur de 75 pouces etc. Nos curieux y voyent autant de difficulté que vous, et ne laisseront pas d'y resver iusques a ce qu'ils en soient mieux esclaircis. Je viens de recevoir une assez longue lettre de Monsieur Sluse, et me trouve obligé de vous en faire part, elle traitant encore du probleme d'Alhazen, qui a esté tant rassiné entre vous deux. Voicy donc ce qu'il en dit pour cete fois 2). AK. q AC. a CK. e HG. b AG. d FA. z FI. n Mirari desine, eandem in Alhazeniano problemate constructionem ex diversis aequationibus deduci, quandoquidem illae omnes, quibus hactenus usi sumus 3), in una eademque generali Analysi contineantur. Quod ut ostendam, datus sit circulus, cujus centrum A, puncta H et I; sitque punctum quaesitum K, ad quod ex punctis I et H ducantur rectae HK, IK, et tangens KD. Tum ex A ducatur quaelibet AG, occurrens HK in E, IK in B, tangenti KD in D, (iis nimirum productis, quas produci opus est). His positis, evidens est, ob angulos EKD, DKB, aequales, et angulum AKD rectum, tres AE, BE, DE fore semper harmonicé proportionales. Itaque ductis ad AE normalibus KC, IF, HG, ac denominatis parti- {==221==} {>>pagina-aanduiding<<} bus, ut in laterculo habebitur, methodo, quam in secunda hujus Problematis analysi olim adhibui 3), haec generalis aequatio; ndaa - bzaa - nqqa + bqqa // ndee - zbee + 2bnae + 2zdae - dqqe - zqqe. Fingo nunc AG esse perpendicularem {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} ad HI, nihil varietatis erit in aequatione, nisi quod AF et AG, hoc est, d et z, erunt aequales. Posito itaque d pro z, fiet ndaa - bdaa - nqqa + bqqa//ndee - dbee + 2bnae + 2ddae - 2dqqe. Sive applicatis omnibus ad nd - db aa -qqa/d //ee + 2bnae + 2ddae - 2dqqe / nd-bd. eadem nempe, quam ex prima mea analysi, licet aliâ viâ, deduxeram et quam nuper modo facili constructam ad te misi 4). Pone deinde AG coincidere cum AH; abibit igitur HG, sive be 5), in nihilum. Expunctis itaque ab aequatione partibus, in quibus b reperitur, remanebit, ndaa - nqaa//ndee + 2zdae - dqqe - qqze. Hanc autem, si meministi, curis secundis inveni, et aliam huic similem in casu quo recta AG transire intelligitur per I. Supponamus demum, rectam AG secare bifariam angulum HAI. Erit ob similitudinem triangulorum HAG, IAF, ut HG ad GA, ita IF ad FA, five ut b at d, ita n ad z, et nd//bz. Ablatis igitur aequalibus, fit bqqa-nqqa//2bnae+2zdae-dqqe-qqze; illa ipsa, quam, ut ex literis tuis nuper intellexi, Ci. Hugenius construxit 6). Intelligatur tandem, eadem recta AG secare bifariam rectam HI: erunt igitur aequales HG, IG 7), hoc est b//n. fietque, ablatis aequalibus, bdaa - bzaa // bdee - bzee + 2bbae + 2bbae + 2zdae - dqqe - qqze. quam, licet non admodum difficilem, nemo nostrûm hactenus construxit. Haec autem, ut et ipsa generalis aequatio, in duas alias dividi possunt 8). Vides igitur, quicquid hactenus praestitum est, in eandem Analysin resolvi; quae et insinitas alias constructtiones per circulum datum et hyperbolam complec- {==222==} {>>pagina-aanduiding<<} tatur. Sed eas investigare non est tanti, cum in hoc Problemate, ut olim fortassis inopiâ, sic nunc copiâ laboremus. Addam tantum Constructionem per Parabolam, idque viâ duplici; quae licet aliis per hyperbolam operosior videatur, lineae tamen simplicitate, quâ parabola inter reliquas sectiones commendatur, operam compensat. Iisdem igitur datis, jungatur AI et producatur in S, donec AI fiat aequalis AH, junctâque HS, et bisectâ IS in M, ducatur per M recta RMQ normalis ad HS; in quam cadat ex A normalis AQ, et cui parallelus ducatur radius AC; Tum factis tribus proportionalibus IA, AC, AE fiat ut SA ad AE, ita MQ ad AD, et RS ad AP, (in recta AQ versus Q;) et in eadem ab alia parte sumatur DO aequalis {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} DC. Demum bisectâ PD in X, inclinetur per X angulo semi-recto ad AX, recta VXL, occurrens normali in D erectae in puncto V, et in quam ex O cadat normalis OB. Ajo, si fiat ut VX ad XB, ita XB ad BL, punctum L esse verticem, LV axem, XV latus rectum Parabolae, quae Problemati satisfacit omni casu, secans nimirum circulum datum in punctis K, quorum supremum et infimum ad problema Alhazianum pertinent, reliqua ad aliud de quo nuper ad te scripsi 9). Datur, ut supra indicavi, alia quoque Parabola, quae cum hac paria facit, et cujus descriptio ex hac adeo facile deducitur ut novâ non sit opus. Sumatur enim Aδ in directum DA, et ipsi aequalis, et in directum OA ipsi quoque aequalis Aω. Tum bisectâ Pδ in ξ, duca- {==223==} {>>pagina-aanduiding<<} tur per ξ recta ♉ξβ normalis ad XB, concurrens cum δ♉, normali ad OA, in ♉, et in quam cadat normalis ωβ. Ac fiat ut ♉ξ ad ξβ ita haec ad βλ: erit λ vertex, λξ axis, ♉ξ latus rectum parabolae, quae in iisdem cum priore punctis circulum datum secabit. Sed de problemate Alhazeni jam plus quam satis. Estant quasi lassé, ie n'y adjousteray rien si non que nous serions bien aises d'entendre, que vostre Pendule et vos dioptriques soient dans la presse. Nostre Societé ne s'assemblera qu'apres la St. Michel. Cependant les particuliers ne laissent pas de travailler, et entre autres Monsieur Boyle fait astheur imprimer des Experiences touchant l'affinité qu'il y a entre l'Air et la Flamme 10), avec quelques autres qui touchent l'hydrostatique: lesquelles seront bien tost suivies des Experiences de natura et efficacia Effluviorum etc. 11). Vous pardonnerez cette prolixité à Monsieur Vostre treshumble et tressobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à 36 β Paris. {==224==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1910. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 16 septembre 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. La nouuelle de la levée du siege de Groninge 1) m'a d'autant plus rejoui que l'on avoit assurè icy tout le contraire, comme vous aurez vu par ma precedente. Ce Monsieur Rabenhauft 2) a ce que j'en entens dire doit estre un galant homme, et a donnè bon exemple en cette rencontre. Je vois par les lettres de la cousiue D. a son amie qu'on n'a pas encore fini a punir tous les officiers coupables, et que le gouverneur de Wesel pourroit bien suivre celuy de Rijnberck et que le Sieur de Vlaerdingen s'absente aussi de peur d'inconvenient 3). Je vous remercie des geneesmiddelen 4) et de l'Estampe que je garderay pour la raretè du fait si je puis la r'avoir car je l'ay prestée a Madame Perrault. Les raisonnements du petit livre ne sont pas sans fondement. L'autheur semble estre quelque ministre. Et je ne doute pas ces Messieurs particulierement ne soient bien aises de la presente revolution. Je suis bien aise de l'avancement du Cousin de Willem et je vous prie de le luy tesmoigner de ma part dans la meilleure forme. Il ne faut apres cela qu'un bon mary a chacune de Mademoiselles ses soeurs pour rendre la joye complette. Je ne crois pas que Meerman fust assez bien avec Monsieur le Prince pour obtenir cette bonne charge 5). L'on m'a dit que de Groot est icy, et qu'on l'a veu a la {==225==} {>>pagina-aanduiding<<} Cour, ce que pourtant j'ay de la peine a croire. J'ay oubliè de vous respondre dans ma derniere a ce que vous m'aviez proposè de la part de mon Pere de demander des lettres de Monsieur Colbert a ceux qui nous taxent a Zulichem. Je vous ay mandè desia, lors que vous voulustes que je luy parlasse de sauvegarde, qu'il ne se mesloit aucunement de ces affaires de guere, comme je le remarquay bien en effect quand je luy en parlay 6). Ces officiers et gouverneurs dependent de Monsieur de Louvoy 7) et de Monsieur de Turenne, qui comme vous pouvez scavoir ne sont pas fort bien avec nostre ministre. Il vaudroit donc bien mieux que mon Pere s'adressast a Monsieur de Turenne 8); mais comme ces taxes se font pour faire subsister les garnisons an depens du pais, j'ay peur qu'on ne luy refuse l'exemption en alleguant la consequence que cela feroit. Je suis bien aise de la remise que vous me faites de mon argent. Je ne me souviens pas aussi d'avoir payè la relieure des livres dont vous m'envoiez le memoire. Voilà donc qui me rembourse de la perruque. Pour le reste de ce qu'on a payè pour moy, comme je n'en ay pas le compte je vous prie de le demander au frere de Zeelhem s'il en a le loisir, et de me l'envoier. Je scay seulement qu'en partant {==226==} {>>pagina-aanduiding<<} je laissay 320 ducatons a ma soeur et que depuis on y a adjoustè quelque 148 ℔ que Monsieur Hudde a envoiè 9). Si les 50 ℔ de ma rente a vie escheus en Octobre 1671 y sont aussi je ne le scay pas bien. Les autres 50 ℔ du dernier mois d'Avril sont encore a recevoir, et je vous prie de m'envoier la quitance a signer pour cela. Le billet cy joint contient ce que j'ay deboursè icy en commissions, &c. Messieurs Perraut vous baisent les mains. dans peu nous allons faire un tour a Viry. J'apprens qu'on a confisquè icy les biens de Monsieur le Ryngrave. Quand la paix se fera tout cela se retrouvera comme nos plats d'argent. J'attens tousjours les remarques de mon Pere sur ce que je luy ay envoiè de musique. No 1911. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 23 septembre 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 23 Septembre 1672. J'ay receu par le dernier ordinaire la lettre de change de 500 escus du Cousin Becker 1) a qui je m'en vay mander qu'elle a estè acceptée. Puis que pour 1200 ℔ l'on en recoit icy 1500 l'on y gaigne quelque chose de plus qu'on ne faisoit en temps de paix. Parmy la liste des cassez du magistrat d'Amsterdam j'ay veu le Sieur Hellemans Hooft 2) que je n'aurois pas creu estre du parti suspect. Le pere 3) de Mademoiselle H. 4) a esté bien adroit de se sauver comme il a fait mais il aura apparemment de la peine a se maintenir, puis que tout ce qui sent l'Arminianisme est en haine a la bourgeoisie, ce que je vois par certaines pieces que l'on m'a communiquées. Je ne scaurois deviner a qui vous aviez destiné le Bailleuschap de la Haye 5), {==227==} {>>pagina-aanduiding<<} puis que ce n'estoit pas vous, comme vostre precedente m'a fait comprendre. Le frere de Moggershill ne l'auroit pas voulu a ce que je crois. Mais ne songe t-il pas aussi a se prevaloir de la presente conjoncture, terwijl onzen haen koning is 6). Pour vous j'attens la bonne nouvelle que vous me promettez avec impatience 7). La consultation ou Monsieur van Leeuwen a estè appellè luy est bien honora ble, et monstre qu'il doit estre tres bien dans l'esprit du maistre. l'Employ du frere de Zeelhem en cette occasion l'a estè de mesme, et tout cela me donne bonne esperance de vos affaires, qui se feront aut nunc aut numquam. Les affaires de dehors ne me contentent pas beaucoup encore, et ce secours Allemand avance si lentement pendant que la bonne saison s'ecoule, que je ne scais comment on pourra faire retirer les trouppes qui sont dans Utrecht, qui apparemment s'augmenteront encore en hyver, et ruineront tout le païs. Je souhaitte de tout mon coeur que l'operation a la quelle ma Tante 8) se résout puisse reussir. Ce que je vous ay mandé autrefois des cataractes qui se forment de l'humeur chrystallin, estoit eslon l'avis de quelques uns. mais d'autres disent au contraire que ce sont des pellicules qui s'engendrent entre le crystallin et la cornée. Il y a apparence qu'il s'en fait de l'une et de l'autre sorte, et l'exemple que vous alleguez confirme cette opinion, puis qu'il y en a qui voient clair sans user de loupes, dont il est constant par d'autres experiences que quelques uns ont besoin apres cette cure. Adieu saluez je vous prie tout le monde de ma part. Je m'en vay escrire un mot au Cousin Becker et puis entrer dans mon bain. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. {==228==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1912. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 27 septembre 1672. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos. 1896, 1900, 1905 et 1909. H. Oldenburg y répondit par le No. 1914. A Paris le 27 septembre 1672. Monsieur Je crois deuoir response a trois de vos lettres du 8e et 18e Juillet et la derniere du 5e Sept. Ce sont en partie d'autres occupations, en partie mon indisposition, qui dans cette saison me vient donner d'ordinaire quelque attaque, qui m'ont kobligè de differer si longtemps a satissaire a ce deuoir. Dans la premiere de ces lettres vous auez eu la bontè de m'enuoier la derniere construction de Monsieur Sluse du probleme d'Alhasen auec le calcul dont il dit l'auoir tirée. Mais cela auroit estè bien difficile, a ce qui me semble, sans l'aide de ma construction 1), qui est peù differente comme vous voiez puis qu'elle donne la mesine hyperbole, determinée par les asymptotes, au lieu que Monsieur Sluse la construit par les ordonnées du diametre. Je voudrois au reste qu'il eust monstrè comment sa construction suit de l'aequation qu'il donne, car cela m'a donnè de la peine, et l'ayant reduite a vn cas fort simple, je n'ay pas trouuè vne bonne issue au calcul, ce qui me fait douter s'il n'y a pas quelque faute a la copie. Mais il y a longtemps que je ne songe plus a ce probleme et j'ay estè estonnè de voir par vostre derniere que Monsieur Sluse y auoit encor trauaillè de nouueau, quoy qu'en effect il n'a point perdu sa peine en cela, car son aequation vniuerselle est tres belle et scauante, et sa construction par la parabole fort bien trouuee quoy qu'un peu longue. Je ne scay si vous auez encor dessein de faire imprimer quelque chose de ce que nous vous auons communiquè sur ce sujet, si vous prenez cette peine, je vous prie de mettre la suite de nos speculations et decouuertes dans l'ordre qu'elles sont venues a vos mains 2). Ce que vous auez mis de Monsieur Newton 3) dans vn de vos derniers journaux confirme encor beaucoup sa doctrine des couleurs. Toutefois la chose pouroit bien estre autrement, et il me semble qu'il se doibt contenter que ce qu'il a auancè passe pour vne hypothese fort vraisemblable. De plus quand il seroyt vray que les rayons de lumiere, des leur origine, fussent les vns rouges, les autres {==229==} {>>pagina-aanduiding<<} bleus &c. il resteroit encor la grande difficultè d'expliquer par la physique, mechanique en quoy consiste cette diuersitè de couleurs. Ce que j'auois dit 3) de l'aberration des verres objectifs estoit asseurement mal entendu, et c'estoit en lisant les Transactions que j'auois fait cette note a la marge, que je deurois auoir examinée auant que de vous l'enuoier. Pour ce qui est des regles de Monsieur Wallis pour les Tangentes, dont vous auez voulu sçauoir mon opinion 4), je trouue que la premiere ne differe point de celle de Monsieur de Fermat qui est expliquée dans Herigone 5). Elle y est de la mesme façon comme la concoit Monsieur Wallis, mais a mon auis ni l'un ni l'autre n'en monstre le vray fondement que j'ay trouuè tout autre. La seconde methode ne m'estoit pas inconnue non plus, de la quelle Monsieur de Roberual se vante d'estre le premier inuenteur il y a longues années 6), et je me souuiens qu'il nous l'a expliquée cy deuant dans nostre assemblée. Mais il y a vne autre methode meilleure et beaucoup plus compendieuse que tout cela pour les Tangentes, que j'ay expliquée 7) a la mesme assemblée, et qui est connue de Monsieur Sluse 8) et de Monsieur Hudde 9) il y a longtemps. A celle la il ne faut que voir seulement l'aequation qui exprime la nature de la ligne, et de cette aequation l'on en tire d'abord, et sans aucune peine, vne autre qui donne la construction de la tangente. J'ay receu par la faueur de Monsieur Vernon le recueil entier de vos transactions et les oeuures de Monsieur Boile qui me manquoient. Vous m'obligerez de me mander de temps en temps ce qu'il produit de nouueau, comme vous venez de faire, afin que j'en fasse venir des exemplaires. Mon traittè des pendules va estre imprimè bien tost et j'en ay desia vu la premiere seuille. Je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. Je prens la liberté de vous recommander l'enclose à M. Vernon. A Monsieur Monsieur Grubendol à Londres. {==230==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1913. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 30 septembre 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 30 Septembre 1672. Vous m'avez beaucoup rejoyi par la bonne nouvelle que j'avois tant attendue et vous le croiez bien je m'asseure sans que je vous en fasse des protestations. Enfin vous voila tres bien 1) et a souhait Signor fratello, car quand vous devriez choisir un employ, je crois que vous n'en desireriez point d'autre. Je voudrois que vous m'eussiez mandè encor plus de particularitez de ce qui s'est passè dans cette affaire, s'il y a eu des sollicitations et des competiteurs, ou si Monsieur le Prince de son propre mouuement vous a gratifiè, comme il semble plus tost a voir ce que vous en dites. Cet article de la Presidence dans le Conseil de la ville est tres considerable a cause des belles consequences que vous marquez, des quelles je seray fort aise d'apprendre la confirmation a vostre egard, et jusqu'ou les anciens prerogatives de la charge auront estè restablies dans cette occasion. J'ay bien des felicitations a vous faire de la part de toutes nos connoissances en cette ville icy, comme de Madame de Rassan, Madame de Buat, Mesdemoiselles Payot et Jaxon, Monsieur Perraut le controlleur, l'aisnè ne scachant pas encore la nouuelle, parce qu'il est a Viry avec sa femme et que je ne la luy ay pas encore mandée. Mais il sera celuy qui en ressentira le plus de joye. Vous avez raison de souhaiter pour comble de bonheur que vos voisins incommodes fussent delogez, mais quelle apparence? Hier on me dit qu'ils s'estoient emparez de nouveau de Woerden et qu'ils la fortifioient 2), mais j'en doute puisque vous ne m'en mandez rien. Je suis fort aise du bon succes de la cure 3) chez la bonne Tante de St. Annelandt, et je prendray grande part a la joye qu'elle aura de sortir de cette longue nuict ou ses yeux malheureux l'ont tenue. La premiere lettre de change a estè acceptée, comme je pense vous avoir desia mandè. Voila le Cousin Becker aussi fort bien dans ses affaires, et assurement il le merite. {==231==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1914. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 novembre 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1912. Chr. Huygens y répondit par le No. 1919. A Londres le 11 novembre 1672. Monsieur, Lorsque la vostre du 27 septembre estoit sur le chemin de Paris à Londres, Monsieur Vernon estoit sur le chemin de Londres à Paris, de sorte que ie ne pouvois pas luy bailler la lettre, que vous auiez mise sous mon couvert pour luy. J'en feray ce que vous m'ordonnerez, ou en la gardant iusques à son retour en Angleterre, ou en vous la renvoiant à Paris. J'ay pris la liberté de communiquer à Monsieur Sluse les lignes de vostre lettre qui le touchent; le croiant estre si genereux, qu'il ne prendra pas en mauvaise part la franchise philosophique de ses amis, entre les quels ie vous crois estre au premier rang. Quant à ce que vous ditez des regles de Monsieur Wallis pour les Tangentes ie le conois si bien, que ie suis persuadé, que bien que Monsieur Fermat eut vne de ces methodes lá devant luy, qui soit semblable à la premiere des siennes, Monsieur Wallis pourtant se ne l'adtribueroit pas, si elle n'estoit purement de luy mesme et autrement deduite. Et quoyque Messieurs Sluse, Hudden et Roberval, et vous, ayez des methodes pour le mesme sujet, que vous ayez expliqueez à vos amis en particulier, elles ne sont pourtant pas encor conuës au monde. Vous n'ignorez pas, Monsieur, que par fois les bons Esprits, qui scauent et prennent le vray chemin pour descouvrir des veritez, s'y rencontrent heureusement ensemble, ce qui ne doit prejudicier à personne des Inventeurs. Monsieur Newton s'est encor plus amplement expliqué sur sa theorie des couleurs, à l'occasion de quelques objections, qu'vn scavant Anglois 1) y auoit fait contre. Peut estre, que cete explication sera imprimée dans peu de temps, pour donner occasion a d'autres encor de la considerer davantage 2). Je vous envoye vn pacquet bien gros y ayant les Transactions de deux mois ensemble 3); oú vous trouverez, entre autres choses, des Experiences sur la vipere {==232==} {>>pagina-aanduiding<<} repetées à Florence en faueur de Signor Redi 4); comme aussi la responce de Monsieur Wallis 5) au livre de Monsieur Hobbes, qui porte le titre, Lux Mathematica 6) etc. Monsieur Kersey 7). fait imprimer icy vn Systeme d'Algebre en Anglois 8). Monsieur Barrow fait imprimer 9) les 4 premiers livres d'Apollonius, auec ses demonstrations directes: Auxquelles Monsieur Bernhard 10) d'Oxford adjoustera les 3 posterieurs, tirez des deux manuscripts de cete université, asscavoir de Ben musa et d'Abdelmelech, bien meilleurs que l'Edition d'Eciles 11) et Borelli 12), un de ces manuscripts estant mesme enrichi des notes d'Eutocius. A tout cela sera joint l'Archimede du mesme Barrow, auec vne trentaine de ses lecons mathematiques qui regardent ces sciences en general. Monsieur Boyle nous donnera bientost plusieurs petits Traitéz; de la Flamme et de l'Air; de la Positive ou Relative legerété des corps soubs l'Eau; de la Pression du ressort de l'Air sur des corps soubs l'Eau; auec vn Discours Hydrostatique contre quelques objections du Docteur More dans son Enchirid. Metaphysicum 13). Nous sommes tres aises d'entendre, que vostre Traité des Pendules est enfin sous la Presse; esperants que vous ne manquerez pas de mettre aussi au public vos autres meditations, touchant la Dioptrique, le mouuement etc. Permettez moy de vous demander, si vous auez vû le traité de Signor Redi de Figuris Salium 14) que nous n'avons pas encor icy. Comme aussi, si le Discours {==233==} {>>pagina-aanduiding<<} de Monsieur Picard, de la mesure de la Terre 15) sera bien tost achevé d'imprimer en petit, puis qu'il n'y a pas moien de l'auoir en grand. Je vous envoye la phase de Saturne, come Monsieur Hevelius dit l'auoir veu le 19. octobre 1672. où il adjouste ces paroles; Ego Astronomis Parisiensibus necdum adstipulari possum, Saturnum omninò rotundum reverâ extitisse; concedo tamen, illis ita apparuisse, sed tubo breviori, 17 vel 20 pedum; tum Saturno in crepusculo existente. Nuper d. 19. Octobris, cum utique ob aëris summam injuriam fieri nequiverit, faciem Ejus Tubo 55 ped. sum contemplatus; annulus feré adhuc tenuior apparuit quam anno praeterito, prout ex adjuncto schemate videbitis. Saturnus observatus telescopio 55. ped. A 1672. d. 19 Oct. Gedani in 27o ♓, et maximâ latit. Merid. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} à Joh. Hevelio. Je seray bien aise d'entendre vostre sentiment dessus cete remarque, qui suis Monsieur Vostre tres-humble et tres-obeissant serviteur H. Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à 46 β Paris. {==234==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1915. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 16 décembre 1672. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 16 Dec. 1672. Vous voila en effect fort bien placè et dans la salle des Estats et dans vostre ville de Gorcum; mais je vous croiray encore bien mieux quand vous serez une fois delivrè de cette importune guerre. Cependant, d'autant plus de gens qu'il s'en meslera d'autant plus malaisè sera t'il d'y mettre fin, parce qu'il y en aura qui s'en trouveront bien, et que dans la paix chacun voudra trouver son compte. Voila la gelée qui depuis cette nuict commence icy tout de bon, et qui apparemment est desia plus avancée par de là. Sans doute la garnison d'Utrecht s'en prevaudra pour faire des ravages dans le païs, et je ne scay comment les villages voisins s'en pourront sauuer, sur tout si Monsieur le Prince ne ramesne pas l'armée. L'on dit icy ouvertement, que les troupes Espagnoles dont ils ont renforcè les garnisons dans les villes de Bolduc, Breda, 1'Ecluse et autres, y sont les maitresses et qu'on ne les en fera jamais sortir. Mandez moy je vous prie ce que l'on en croit chez nous; ce seroit une imprudence bien estrange, et cependant on dit que les Espagnols s'en vantent, et qu'ils pretendent d'avoir plus conquis par la que n'a fait le Roy de France. Il ne manque pas icy des gens qui forment des projects pour la France, de mesme que vostre Bourgmaitre de Worcum pour la Hollande, mais quoy qu'on n'y remarque pas des inconvenients, ce n'est pas a dire que dans l'execution il ne s'en trouvera point. Il seroit bien dangereux d'oster tous les imposts pour establir une façon nouvelle de lever de l'argent, dont on n'auroit point d'autre seuretè que la Theorie. L'on a mandè icy que le Sieur Labadie 1) avoit espousè une des damoiselles de Sommersdijc qui estoyent de son trouppeau. Je m'estonne que vous n'en parlez point si la chose est vraye, ce que je vous prie de me saire scavoir. {==235==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous ne me dites pas de quelle sorte de chapeaux gris vous voulez. Je vous en envoieray de la moyenne sorte entre castors et ceux que l'on vend chez nous pour 7 ou 8 ℔, si ce n'est que vous me l'ordonniez autrement devant que je trouve occasion de les envoier. Je verray aussi si je trouue vostre fait pour ce qui est de la perruque. Mais ne risquez vous rien en faisant venir ces marchandises? Je crois qu'a ce soir nous pourrons esprouver nos lunettes de Rome 2). Monsieur Cassini qui loge dans l'observatoire m'a dit qu'il a essayè celle de Campani de 36 pieds, dans Saturne, et qu'elle fait un effect merveilleux. Si celle de Divini est bonne qui est de 47 pieds ce sera encore bien autre chose 3). Mon apartement dans l'obseruatoire sera bientost prest mais la saison n'est guere propre a s'y mettre. En esté il y fera tres beau. Par le prochain ordinaire j'envoyeray le Journal des Scavans 4) ou mon Invention de barometre 5) est descrite et les observations de Saturne 6) de cette année. A Paris le 16e Decembre 1672. No 1916. Christiaan Huygens à J. Gallois. décembre 1672. Appendice I au No. 1915. La lettre a été publièe dans le Journal des Sçavans du 12 décembre 1672. Extrait d'une Lettre de M. Hugens de l'Academie Royale des Sciences, à l'Auteur du Journal des Sçavans, touchant la figure de la Planete de Saturne. Saturne ayant quitté sa figure ronde depuis qu'il est sorty cette année des rayons du Soleil, & paroissant avec ses bras, comme je l'avois prédit l'an passé 1); ce der- {==236==} {>>pagina-aanduiding<<} nier changement ne merite pas moins d'estre remarqué dans vos Journaux, que quelques autres precedens dont vous y avez fait mention. La derniere conjonction de cette Planete avec le Soleil est arrivée le 12 Mars dernier, au 22 degré 35 minutes des Poissons, & la grande obliquité de cet endroit du Zodiaque à nostre horizon lorsqu'il se leve, est cause que l'on a esté prés de trois mois avant que de la voir hors de la clarté de l'aurore. Car ce n'a esté que le 5 juin, que Monsieur Cassini l'a pû observer la premiere fois 2), les bras de Saturne étant revenus déja si clairs & si larges, que cela a fait juger qu'il y avoit longtemps qu'ils estoient rétablis. Il remarqua aussi sur le disque de Saturne un petit trait d'ombre du costé septentrional des bras, de mesme que je l'ay representé à la page 11 du systeme de Saturne; ce qui s'accorde, aussi bien que la restitution des bras, avec ce que j'ay etably dans ce systeme touchant l'anneau dont je suppose que Saturne est entouré. Mais parce que cette hypothese est sur tout confirmée par les observations que l'on a faites l'année derniere, dont quelques-unes n'ont pas encore esté publiées, vous me permettrez de les rapporter à cette occasion, avec les reflexions que j'y ay faites. L'an 1671 Saturne parut rond, sans bras ni anses, comme je l'avois prédit il y a quatorze ans, quand je publiay mon systeme, quoy que cela soit arrivé deux mois plûtost que je ne m'y estois attendu, sçavoir dès la fin du mois de May. On apperceut en suite quelque interruption de la figure ronde, que je n'avois pas preveuë, & il m'eust esté bien difficile de le faire, n'ayant observé Saturne que pendant une seule année lors que j'écrivis ces prédictions: Mais vous sçavez qu'aussi-tost que j'appris que les bras estoient revenus, ce que M. Cassini observa s'estre fait le 11 & le 14 d'Aoust, je dis qu'assurement il les reperdroit encore dans peu; ce qui s'est aussi trouvé veritable 3). Car dés le 4 Novembre les bras de Saturne estoient si obscurs que j'estois en doute s'ils paroissoient encore, quoy que M. Cassini assure les avoir apperceus pour la derniere fois le 13 du mois de Decembre suivant, aprés quoy la figure ronde a continué jusqu'à ce que Saturne s'est caché dans les rayons du Soleil. Cette derniere éclipse des bras prouve sur tout la verité de mon hypothese, puis que l'on peut bien juger qu'il m'auroit esté difficile de prévoir ce second changement si prés du premier, si je n'eusse sceu quelle en étoit la veritable cause; outre que la maniere même dont les bras se perdirent cette seconde fois, étoit précisement telle que je l'ay établie dans mon systeme. Car on leur voyoit perdre peu à peu leur clarté, quoy-qu'ils demeurassent toûjours assez larges pour estre vûs; ce qui estoit une marque certaine que les rayons du Soleil éclairoient fort obliquement la surface de l'anneau de Saturne qui estoit tournée vers nous, & qu'à la fin ils ne l'éclairoient plus du tout, mais bien l'autre surface opposée. Dans l'apparition precedente de la figure ronde, depuis la fin de May jusqu'au 14 d'Aoust les {==237==} {>>pagina-aanduiding<<} bras n'estoient pas devenus invisibles faute d'estre éclairez, mais à cause que nostre vûë étoit tres-peu ou point du tout élevée sur la surface de l'anneau que le Soleil regardoit. Toutes ces raisons ne peuvent estre entenduës que de ceux qui se sont donné la peine d'examiner avec attention ce que j'en ay écrit dans le systeme de Saturne; & c'est pour eux que j'ajoûte encore icy, que quant à la ligne des équinoxes ou de l'apparition ronde de Saturne, laquelle ligne se sait par l'intersection de l'anneau & du plan de l'orbite de cette Planete, on n'a point fait jusqu'icy d'observations qui m'obligent de la placer ailleurs qu'au 20½ deg. des Poissons & de la Balance, qui est la situation que je luy ay donnée en écrivant le systeme. Toutes les fois que le lieu de Saturne, vû du Solcil, se rencontre en ces endroits du Zodiaque, il doit paroistre rond, & même quand il en est éloigné seulement de deux degrez ou environ. Car les observations de l'année derniere 1671 m'obligent de resserrer ainsi ces bornes, que j'avois autrefois établies de six degrez; ce que j'avois fait pour sauver quelques observations de Galilée & de Gassendi, dont les lunettes ont esté de moindre effet que je ne les avois osé supposer. Suivant ces dernieres limitations les apparences de la forme ronde de Saturne doivent durer moins que par mes precedentes prédictions; de sorte qu'en l'année 1685 ce ne fera pas au commencement du mois de Mars, mais seulement au mois de Juillet, vers la fin de l'apparition de Saturne, qu'on luy verra perdre ses bras, qu'il recouvrera au mois de Novembre suivant. Et de même en l'année 1701 il ne pourra estre vû rond qu'au mois de Juin au commencement de son apparition, & dés le mois d'Aoust ses bras commenceront à renaistre. Avant que de finir, j'ajoûteray que la Table que j'ay donnée 4) du mouvement de la petite Lune ou Estoile qui accompagne Saturne & qui tourne autour de luy en 16 jours moins 47 minutes, s'est jusqu'icy trouvée si conforme aux observations, que je ne sçaurois encore voir s'il y faut ajoûter ou diminuer quelque chose. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {==238==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1917. Christiaan Huygens à J. Gallois. décembre 1672. Appendice II au No. 1915. La lettre a été publiée dans le Journal des Sçavans du 12 décembre 1672. Extrait d'une autre Lettre de M. Hugens touchant une nouvelle maniere de Barometre, qu'il a inventée. Pour ce qui est de ma nouvelle maniere de Barometre, vous scavez que si dans un tuyau de trente deux pieds de hauteur on faisoit un Barometre par le moyen de l'eau, les differentes pressions de l'air de l'atmosphere y seroient incomparablement plus visibles & plus aisées à discerner, qu'elles ne le sont dans les Barometres ordinaires où il n'y a que du vif-argent. Car la plus grande difference n'estant qu'environ de deux pouces dans les Barometres communs, elle monteroit dans ce nouveau Barometre jusqu'à 28 pouces, c'est à dire qu'elle seroit 14 fois plus grande, & les autres changemens augmenteroient dans la même proportion, qui est celle de la pesanteur du vif-argent à la pesanteur de l'eau. Mais comme il est difficile d'ajuster ces sortes de Barometres à cause de la grande hauteur du tuyau, qui empesche aussi qu'on ne les puisse commodement placer dans une chambre, ny transporter d'un lieu à un autre, j'ay pensé par quel moyen l'on pourroit avoir un Barometre d'une grandeur mediocre & portatif, qui fist a peu prés le même effet que ces autres grands Barometres; & voicy deux differentes constructions que j'ay trouvées pour cela. La premiere est de faire un tuyau de verre AB, de quatre pieds & demy, qui soit fermé par le bout A, & dont la cavité soit environ de deux lignes: il faut qu'il soit plus gros à l'endroit du milieu, faisant comme une boëtte cylindrique CD, dont la hauteur soit environ d'un pouce, & le diametre EE de quatorze ou quinze lignes, c'est à dire sept ou huit fois plus grand que celuy du tuyan. On y verse par le bout ouvert B, autant d'eau qu'il en faut pour remplir le moitié du receptacle CD avec la moitié CF du tuyau vers le haut. En suite on remplit tout le reste de vif-argent; & apres en avoir aussi versé dans le vaisseau G jusqu'à la hauteur d'un demy-pouce, on y enfonce le bout du tuyau B. Alors il en sort une partie du vif-argent, & le reste demeure à la hauteur EE; l'eau que nage dessus, descend jusqu'en F 1), laissant le reste du tuyau FA vuide d'air; & c'est la surface de cette eau qui en haussant & en baissant marque la differente pesanteur de l'air de l'atmosphere par des degrez presqu'aussi grands que feroit le Barometre d'eau de 32 pieds. La seconde construction est en partie semblable à la premiere, mais elle est {==239==} {>>pagina-aanduiding<<} beaucoup meilleure. Il faut avoir un tuyau recourbé par le milieu HMN qui ait deux boëttes cylindriques égales, K & M, l'une desquelles, sçavoir K qui est à un des bouts du tuyau, soit scellée hermetiquement par enhaut, & M qui est un peu au dessus de la courbure, soit ouverte aux deux costez où le tuyau est attaché. La longueur des jambes est determinée par la distance des boëttes KM, qui doit estre environ de 27 pouces & demy 2) à prendre depuis le milieu de l'une jusqu'au milieu de l'autre. La hauteur de chaque boëtte doit estre environ {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} d'un pouce & demy; le diametre de leur grosseur en dedans, d'un pouce ou de 15 lignes; & le diametre de la cavité du reste du tuyau, d'un dixiéme ou d'un douziéme de cette grosseur. On verse premierement du vif-argent seul dans ce tuyau par l'ouverture N, pour en faire comme un Barometre ordinaire de ceux qui sont recourbez par embas, augmentant ou diminuant le vifargent jusqu'a ce que ses surfaces se rencontrent vers le milieu des boëttes K & M, supposé qu'au temps qu'on fait cette operation, l'air soit de pesanteur moyenne, c'est à dire que dans les Barometres communs le vif-argent soit à la hauteur de 27 pouces & un tiers; car autrement si la pression de l'air est plus grande ou plus petite qu'à l'ordinaire, il faut y avoir égard, comptant pour un pouce de variation qui se trouvera dans le Baromemetre vulgaire, une ligne & demie de variation dans chaque boëtte. Aprés que le vif-argent aura esté bien purgé d'air, en sorte qu'il n'en reste point dans la boëtte K, on versera par l'ouverture N, quelque liqueur qui ne gele point en hyver, & qui ne puisse dissoudre le vif-argent, par exemple, de l'eau commune meslée avec une sixiéme partie d'eau forte. L'esprit de vin a bien ces deux qualitez, mais il ne seroit pas propre pour ce Barometre, parce qu'il se dilate par la chaleur. Et cecy soit dit aussi pour ce qui regarde la premiere façon de Barometre qui a esté décrite. Pour ce qui est de la quantité de la liqueur, il faut qu'elle monte jusqu'à un pied ou environ dans le tuyau BC 3), supposé la moyenne pression de l'air. Le Barometre étant ainsi ajusté, on verra que la plus grande difference de la pression de l'air qui sera marquée par la surface de la liqueur dans le tuyau MN, ira jusqu'a prés de vingt-deux pouces, supposé que le diametre des boëttes cylindriques soit dix fois plus grand que celuy du tuyau. Et pour trouver combien les {==240==} {>>pagina-aanduiding<<} differences marquées par ce Barometre seront plus grandes que celles que peut faire le Barometre commun, il y a une regle generale, qui est, que la proportion des differences de nostre nouveau Barometre à celles du Barometre commun, est comme quatorze fois le quarré du diametre des boëttes, à une fois ce mesme quarré plus vingt-huit fois le quarré du diametre du tuyau qui contient l'eau. Et delà il s'ensuit que de quelque grosseur que soient les deux boëttes, les plus grandes differences ne peuvent pas exceder vingt-huit pouces, puisque les differences des Barometres ordinaires n'excedent pas deux pouces. Pour porter commodément ce Barometre par tout, on l'attachera à un aix, ou on le mettra dans une boëtte, & l'on fera sur le bois des divisions égales pour marquer ces differentes hauteurs, qui augmenteront dans la mesme proportion que la pesanteur de l'air diminuera. Ainsi les petits changements qui arrivent dans la pesanteur de l'air de l'atmosphere & que l'on n'appercevroit point dans les Barometres ordinaires, deviendront sensibles dans ceux-cy. Par exemple si on les porte sur les tours de Nostre-Dame ou à Montmartre, on verra baisser la surface de l'eau dans le premier Barometre de quelques pouces, & monter autant dans l'autre: Et si on les porte au haut d'une maison élevée seulement de 50 pieds, & qu'ensuite on les descende en bas, il y aura un changement notable d'un demy pouce ou environ, de sorte qu'on pourra mesine par ce moyen mesurer assez bien la differente hauteur des montagnes éloignées & des pays dont la situation ne permet pas qu'on la mesure autrement. Que s'il est possible de prévoir les changemens de temps par le moyen des Barometres, comme il semble qu'il y a lieu de l'esperer, il est certain que ceux qui seront construits de cette maniere auront de grands avantages sur les autres dont on s'est servy jusqu'à present. Il est vray que l'un & l'autre de ces nouveaux Barometres est en quelque façon sensible au chaud & au froid de l'air exterieur, quelque soin que l'on prenne de les bien purger d'air au dedans: Mais les Barometres ordinaires sont aussi sujets à la mesme alteration, & si elle paroist davantage dans les nostres, c'est qu'ils marquent des differences beaucoup plus grandes que les Barometres communs. Mais pour remedier à cet inconvenient, qui nuïroit sur tout lors qu'on voudroit mesurer des hauteurs, l'on peut enfermer un Thermometre avec la partie du Barometre que est vuide d'air, & faire en sorte en échauffant l'air qui les environne tous deux, que le Thermometre revienne à la même marque dans les deux operations: & par ce moyen l'on sera assuré que l'air de dehors ne cause aucun changement au Barometre, & que toute la variation qu'on y verra, vient de la differente pesanteur de l'atmosphere. J'ay dit que la derniere construction que j'ay donnée est meilleure que l'autre, non seulement parce que le dernier Barometre est de plus petit volume, mais aussi parce que j'ay observé que dans le premier le peu d'air que l'eau exhale dans le vuide, s'augmente peu à peu par la longueur du temps; à quoy il est certain que {==241==} {>>pagina-aanduiding<<} le Barometre de 32 pieds, dont j'ay parlé cy-dessus, seroit sujet de même que celuy-cy: & pour y remedier, il faudroit trouver quelque liqueur qui n'engendrast point d'air, comme font l'eau & l'esprit de vin. Mais il est manifeste que nostre dernier Barometre n'a point ce defaut, parce que l'eau n'y est point enfermée dans le vuide. Que si l'on apprehende que l'eau qui est dans ce dernier Barometre, ne s'evapore; on n'a qu'a verfer par dessus une goute de quelque huile, qui ne s'epaississe pas par le froid, & que la chaleur ne fasse point évaporer, comme pourroit estre l'huile d'amande douce. No 1918. J. Chapelain à Christiaan Huygens. 23 décembre 1672. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur J'ay besoin pour l'interest dvn homme de qualite de mes Amis dapprendre au vray de vous si des Allemans pretendus Ingenieurs ayant proposé à Monsieur Colbert de fournir vn Secret pour leleuation des eaux par le moyen dvne pompe si haut que lon voudroit et principalement pour vuider les vaisseaux qui feroient eau par cette pompe a nestre jamais sujette a estre rendue inutile par le sable et les pierres du list qui bouchent ordinairement les autres et font ainsi perir les vaisseaux, Monsieur Colbert les auoit renuoyés a vous afin de uoir si leur inuention estoit solide et tout a fait certaine, et que vous lauiés examinée trouuée infaillible, et leur en auies donne vne attestation authentique de vostre main sur laquelle ils en auoient obtenu vn Priuilege du grand Sceau pour en faire leur profit 1). Cet eclaircissement importe a mon Ami. Je vous le demande Monsieur et vous le demande de vostre main pour lempescher destre affronte si cest vne fourbe comme j'en ay grand soupçon ou pour le laisser y entendre si la chose est tres vraye comme ces gens lassurent. Vous obligerés Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Chapelain. Ce 23 Dec. 1672. A Monsieur Monsieur Huygens {==242==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1919. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 14 janvier 1673. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Le sommaire et la minute d'une partie se trouvent à Leiden, coll. Iluygens 1). Elle est la répouse au No. 1914. H. Oldenburg y répondit par le No. 1924. Sommaire: du barometre. corrige 28½ pouces n'evapore point perpendicule a adjouter, qui ne doit pas estre parallele aux tuyaux. A Paris ce 14 janvier 1673. Monsieur Je vous aurois fait responce dans le temps que je devois a deux de vos lettres 2), si des occupations un peu plus pressées qu'a l'ordinaire ne m'avoient emportè le temps ailleurs. Je vous rends graces de vos deux journaux et j'aurois eu soin de vous faire tenir le dernier de Monsieur Galois 3), si je ne croiois qu'on vous les envoie reglement, et qu'il ne faut pas vous charger deux fois du port d'un tel pacquet. Vous y aurez vu mes considérations sur Saturne 4) et la construction d'un nouveau barometre 5), dans la quelle il y a à corriger à la page 154 à la 4e ligne, ou il faut lire de 28 pouces et demi ou lieu de 27½. Et a la mesme page ligne 4e d'embas il faut mettre MN au lieu de BC, car pour la faute qui est dans la figure ou il y avoit un L au lieu de M, je crois que l'imprimeur l'aura fait corriger. Dans la pratique de ce barometre, qui reussit tres-bien, j'ay remarquè qu'il est necessaire sur tout pour mesurer des hauteurs, d'adjouter un perpendicule à la planche qui porte le barometre parce qu'il importe fort qu'il soit tousjours droit de mesme. Ce perpendicule est attachè par en haut, et passe en bas par un petit trou de cette largeur O, du quel on juge facilement quand il occupe le milieu. Pour ce qui est de l'huile que j'ay dit qu'on pourroit mettre sur l'eau je ne le trouve pas necessaire jusqu'icy, ayant experimentè que l'eau contenue dans un tuyau si long et si estroit, ne s'evapore aucunement, au moins pendant cette saison de l'année 6). J'ay veu 7) comme Monsieur Newton prend peine a soutenir sa nouvelle opinion touchant les couleurs. Il me semble que la plus importante objection qu'on luy fait {==243==} {>>pagina-aanduiding<<} en forme de Quaere est celle, s'il y a plus de deux sortes de couleurs? Car pour moy je crois qu'une hypothese qui expliqueroit mechaniquement et par la nature du mouvement la couleur jaune et bleue suffiroit pour toutes les autres parce que celles cy estant seulement plus chargees (comme il paroit par les prismes de Monsieur Hook) 8) produisent le rouge et le bleu obscur, et que de ces quatre tout le reste des couleurs se peut composer. Je ne vois pas aussi pourquoy Monsieur Newton ne se contente pas des 2 couleurs jaune et bleu, car il sera bien plus aisè de trouver quelque hypothese par le mouuement qui explique ces deux differences que non pas pour tant de diversitez qu'il y a d'autres couleurs. Et jusqu'a ce qu'il ait trouuè cette hypothese il ne nous aura pas appris en quoy consiste la nature et difference des couleurs mais seulement cet accident (qui assurement est fort considerable) de leur differente refrangibilitè. Pour ce qui est de l'autre, à scavoir la composition du blanc de toutes les couleurs ensemble il se pourroit faire que le jaune et le bleu seroient encore suffisants pour cela, ce qui vaut la peine d'estre essayè et il se peut par l'experience que Monsieur Newton propose de recevoir contre la muraille d'une chambre obscure, les couleurs du prisme et d'esclairer par leur lumiere reflechie sur un papier blanc. Il faudroit empescher les couleurs des extremitez scavoir le rouge et le pourpre de donner contre la muraille et laisser seulement les couleurs d'entre deux, le jaune verd et le bleu pour voir si la lumiere de celles cy seules ne feroit pas paroitre blanc le papier, aussi bien que quand elles esclairent toutes. Je doute mesme si l'endroit le plus clair du jaune ne feroit pas tout seul cet effect, et je l'essaieray a la premiere commoditè, car cette pensee ne m'est venue qu'a cette heure. Vous voiez bien cependant Monsieur, que si ces experiences succedent, l'on ne pourra plus dire que toutes les couleurs sont necessaires pour composer le blanc et qu'il sera tres vraisemblable que toutes les autres ne sont que des degrez de jaune et bleu, plus ou moins renfoncez. Au reste pour ce qui est de l'effect des differentes refractions des rayons dans les verres de lunettes, il est certain que l'experience ne s'accorde pas avec ce que trouve Monsieur Newton, car a considerer seulement la peinture distincte que fait un objectif de 12 pieds dans une chambre obscure, l'on voit qu'elle est trop distincte et trop bien terminée pour pouvoir estre produite par des rayons qui s'escarteroient de la 50me partie de l'ouverture 9) de sorte que, comme je vous crois {==244==} {>>pagina-aanduiding<<} avoir mandè desia cy devant la difference de la refrangibilité 10) ne suit pas peut estre tousjours la mesme proportion dans les grandes et petites inclinations des rayons sur les surfaces du verre. En passant ce costè du feuillet je commence a apprehender que je vous ennuie par de trop longs raisonnements. C'est pourquoy je n'adjousteray plus rien si non pour assurer que je suis parfaitement Monsieur Vostre tres humble et obeislant seruiteur Hugens de Zulighem. Dans la disposition du barometre quand on y adjoute le perpendicule il y a encor cecy a remarquer qu'il ne faut pas que les tuyaux montants soient tout a faits perpendiculaires, mais environ en sorte que les deux boetes soient perpendiculairement l'une au dessus de l'autre parce que dans cette situation l'eau montera le plus haut dans le tuyau ce qui me surprit lorsque je n'en scavois pas encore la raison. Monsieur Leibniz est parti d'icy pour Angleterre 12) et vous le verrez bientost qui vous montrera une ebauche de sa machine 11) pour les multiplications de nombres qui est fort ingenieuse. {==245==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1920. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 23 janvier 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle s'est croisée avec le No. 1919. Chr. Huygens y répondit par le No. 1922. Monsieur a) Quoyque je ne scays pas, si vous recevez ces petits traitez, que ie vous envoye de mois en mois, vous me l'ayant ainsi ordonné, ie continue neantmoins de vous {==246==} {>>pagina-aanduiding<<} les adresser 1) voulant croire, que vos meilleures occupations ne vous permettent pas de nous escrire souvent. Je suis persuadé, que les observations 2), qui se trou- {==247==} {>>pagina-aanduiding<<} vent dans ce Journal, faitez par Monsieur Boyle ne vous desplairont pas. Vous verrez bientost quelque autre chose de sa composition, qui n'est pas vulgaire non plus. Il va faire un Barometre de la facon, que vous avez descrite dans le dernier Journal de Monsieur Galloys. Vous aurez vû sans doubte ce que Monsieur Boyle a publié dans la continuation de ses Experiences Physico-mechaniques. p. 68 et seqq. touchant un Barometre portatif, comme aussi ce que Monsieur Hook a fait imprimer dans sa Micrographie d'un Barometre à rouë 3), qui marque toutes les differences, mesme les plus petites, de la pesanteur de l'Air. Nous esperons de voir bientost vostre Traité des Pendules, et d'entendre de bonnes nouvelles du Pendule, que vous avez envoyé sur mer. Je ne scaurois pas vous celer la responce de Monsieur Sluse à ce que vous m'escrivistez le 27 Sept. 4) dernier sur sa construction du probleme d'Alhazen; vous ayant desia dit par ma lettre du 11me Novembre que i'avois pris la liberté de luy communiquer cela. Voicy ses propres paroles 5). {==248==} {>>pagina-aanduiding<<} Non tanti mihi fuerunt unquam vel sunt etiamnunc Geometria studia 6), ut eapropter cum quoquam contentionis funem ducere velim; nedum cum viro docto et amico, cujus ingenium et eruditionem qualibet occasione commendare soleo. Itaque nihil ad tuas ultimas 7), quod quidem ad Problemata Alhazeniana attinet, reponerem, nisi vererer, ne silentium meum secus ac vellem interpretareris. Accipe igitur constructionem, quam à me desideras, ex schedis meis excerptam. Sed ne actum agam, recole 8), si placet quae scripsi 22 junii, cum Aequationem in quam omnium primam incidi, nempe {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} in hanc verti debere indicavi. □e - qq/k + my/p//yy -qqky/bp -2qqmy/kp +q4/kk. Sint itaque data puncta E, B; circulus cujus centrum A. Ductis EA, AB, EB, eat per tria puncta A, E, B, circulus alius, et cadat in EB normalis AO, producta ad eundem circulum in T, ductâque diametro AS, jungatur ST. Punctum quaesitum sit P ex quo in AO cadat normalis PR. Nunc in terminis Analyticis erit AR // a. PR // e. AO // b. AT // m. EO // z. OB // d. ST // z-d // k 9). SA // √mm + kk // p et radius circuli dati // q. Fiat ut ST 10) ad radium, ita hic ad AI // qq/p eodem modo ut TA // m ad q, ita hic ad AD = qq/m. Producatur ID utrimque, donec occurrat rectis AE, AB, PR productae in punctis X, V, M et rectae AL parallelae PM in L. Erit q pariter media inter EA, AX, et BA, AV. Et quoniam est ut TS ad SA, sive k ad p, ita RD ad DM, vel RA // a ad ML; erit ML pa/k // y. Eadem ratione ut ST ad TA, sive k ad m, ita DR = a -qq/m ad RM // ma-qq/k, sive (posito pro a ejus valore ky/p) erit RM // my/p -qq/k, et tota PM e + my/p -qq/k. {==249==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Habes eodem modo AL // qq/k cum sit ut ST ad TA, ita DA ad AL. Et cum angulus AVL aequalis sit angulo AEB (ob proportionales) et angulus ad L communis triangulis ALX, AVL, erit ut VL ad LA, ita LA ad LX, et rectangulum VLX aequale quadrato LA // q4/kk. Sumtâ itaque VG aequali XL, erit rectangulum GVL // q4/kk. Nunc est ut ST ad TA, ita AI ad IL // qqm/kp; et ut AO ad OE, ita AI ad IV = qqz/bp. Igitur tota LV // qqm/kp. + qqz/bp. Est autem ut AO ad OB, ita AI ad IX // qqd/bp. Igitur LI minus IX, erit qqm/kp - qqd/bp // LX vel VG; et tota LG // 2qqm/kp + qqz-qqd/pb. hoc est (quoniam z - d // k) 2qqm/kp + qqk/bp. Itaque MG erit y -2qqm/kp -qqk/bp et rectangulum LMG // yy -2qqmy/kp - {==250==} {>>pagina-aanduiding<<} -qqky/bp, quod cum rectangulo LVG // q4/kk aequatur rectangulo XMV (ob aequales scilicet LX, VG). Est itaque rectangulum XMV // yy -2qqmy/kp -qqky/bp +q4/kk. Ostendimus autem PM esse e +my/p -qq/k: inventa igitur est hyperbola aequalium laterum, quam Aequatio indicabat, cujus latus transversum XV, vertex V, una applicatarum PM, et quae proposito satisfacit, ut patet regrediendo per vestigia Analyseos. Caeterum, quamvis lineae omnes, quas duximus, ad constructionem ex analysi deducendam necessariae sint, ad hyperbolam tamen, cum innotuit, describendam evidens est ea sufsicere, quae in alia Epistola indicavi 11). Atque haec quidem hactenus eo tantum sine, ut Tibi, Vir Cl. morem gererem. Nam Cl. Hugenius communicari fortasse non expedit, ne, quod nollem, aliquid adhuc sit quod ipsi displiceat. Universalis mea Analysis iisdem principiis nititur, quibus summam Aequationis ad AE vel AB, olim retuleram; inventione nimirum trium harmonicè proportionalium, quarum usum in hujusmodi Problematibus jam dudum ostendi. Poterit autem, qui calculi prolixitatem non aversabitur, aliam quoque similem prorsus instituere, ductâ qualibet lineâ, non modo per A, sed etiam per E et B. Verum, ut existimo, res non est tanti. C'est à vous, Monsieur, de considerer comment Monsieur Sluse s'est acquitté, qui semble estre adversaire fort honeste à celuy, qui est Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. A Londres le 13 janvier 1673. No 1921. J. Chapelain à Christiaan Huygens. 4 février 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur je n'ay eu autre chose dans l'esprit depuis vostre visite d'auanthier au soir que vostre Epistre 1) par la quelle vous dediez au Roy vostre admirable liure, et que {==251==} {>>pagina-aanduiding<<} l'Eglogue 2) de ce vertueux Inconnu 3) ou il en parle si capablement, et en si beaux termes. Des le jour mesme je la leus auidement et cette premiere lecture m'en donna vne tres grande opinion et me la fit trouuer tout a fait digne d'accompagner lOuurage et propre a luy faire honneur plustost qu'a luy faire tort. Si vous aues la liberté den nommer lAutheur les louanges qu'il vous y donne en auront plus de relief et plus de poids. Je vous en parle ainsi, parce qu'il ma paru par l'impression que vous m'en aués laissée, et par celle du liure de Monsieur Heinsius que j'en ay voulu voir, qu'il veuille demeurer caché, en quoy il se feroit tort a luy mesme, et je me suis confirmé dans ce jugement par la double repassade attentive que je luy donnée le lendemain. Ce que jy eusse desiré de mieux concerté il semble en vous addressant son Poëme et vous demandant vne audience fauorable vous vouloir informer ensuite par la bouche d'Alcon 4) de vostre propre inuention, sans dire a la fin de l'Eglogue où il parle en sa personne qu'il a jugé a propos de vous faire scauoir combien vos inuentions estoient connuës et celebrées par le monde ce qui fait quelque confusion. Mais, Monsieur, comme cette reflexion pourra estre faitte par peu de gens, vous la dissimuleres si vous m'en croyés et la publierés en l'estat ou vostre Ami la mise et retouchée sans luy en donner de chagrin pour si peu de chose, car elle est trop belle a ce scrupule pres et vous scaués que De minimis non curat Praetor. Quand à l'Epistre, elle ma paru trois fois plus accomplie a la troisiesme lecture que j'en ay faitte quelle ne me sembla a la premiere où je ne connoissois pas encore asses le caractere et ou vous m'entendiés hesiter presqu'a chaque mot. Ce que je vous en puis dire, Monsieur cest quil n'y a rien de si beau ni de si judicieux. Elle est pleine de tout ce que contient lOuurage, sans qu'il y ait rien de superflu. Vous y estes partout soustenu sans enflure, graue sans orgueil, sage sans austerité, veritable sans partialité. Vous y loués sans exces, sans bassesse et sans flaterie sur des faits et non sur des imaginations vous vous y monstrez sensible aux bienfaits du Monarque et par vostre gratitude vous couronnés ses heroiques vertus et vos vertus morales et intellectuelles. Je n'y ay remarqué qu'vne faute si mesme c'en est une et qui auroit passé pour vne negligence en lescriuant. Cest quaux premieres lignes vous y aués escrit la si digne science de Geometrie par vne petit g. geometrie aulieu de lescrire par vn grand G. sans doute par mesgarde, car rien de semblable ne vous eschappe jamais 5). Je me suis hasté de vous renuoyer les deux Pieces pour ne pas en retarder d'vn moment la publication que je vous exhorte d'auancer incessamment pour l'vtilité pu- {==252==} {>>pagina-aanduiding<<} blique et pour laccroissement de vostre belle gloire, a laquelle je m'interesse passionnement comme estant tressincerement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Chapelain. Du coin de mon feu ce 4 Feur. 1673. No 1922. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 10 février 1673. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse au No. 1920. II. Oldenburg y répondit par le No. 1924. A Paris ce 10 fevrier 1673. Monsieur En recevant vostre derniere du 13 janvier 1) j'ay estè estonnè de voir que la mienne du 14 Janvier S.N. 2) ne vous avoit pas encore estè rendue ce jourla. Toutefois comme il peut arriver des accidents qui retardent les pacquets, je veux esperer que vous l'aurez receue depuis. Je vous ay escrit assez au long touchant ce qu'il y avoit dans vostre penultieme journal, touchant l'opinion nouvelle de M. Newton pour les couleurs. Il y avoit aussi quelques remarques touchant mes barometres comme du perpendicule qu'il faut y adjouster; et de leur position; qui ne doit pas estre perpendiculaire dans la seconde construction. Si ma lettre estoit perdue je pourrois vous repeter a peu pres les mesmes choses par ce que i'en ay gardè quelque espece de minute. Les barometres de la façon de Mr. Boyle et de Mr. Hook sont tres connus icy, et l'obligation qu'on leur en doit avoir. J'eusse souhaitè que la pensée de M. des Cartes touchant le barometre composè de mercure et d'eau eust estè connue de mesme. a scavoir celle qui est mentionnée dans une lettre de M. Chanut, imprimée à la fin du traitè de M. Paschal de l'Equilibre des Liqueurs 3). Car asseurement je {==253==} {>>pagina-aanduiding<<} n'aurais pas donnè cette invention comme venant de moy, si ce n'est en ce que j'y puis avoir adjoustè. mais par malheur pas un de nostre academie ne se souvint qu'on eust jamais pensè de telle chose, lors que j'y portay mes barometres. Et ce ne fut que 15 jours apres q'ils eussent estè publiées dans le journal que M. Mariotte receut cet avis dans la lettre d'un de ses amis. Je feray mettre dans le prochain Journal 4) comme je ne pretens dorenavant que tres peu de part a cette invention, n'y ayant rien que j'abhorre d'avantage que de m'attribuer ce qui appartient a d'autres. Et quoy que la construction de M. des Cartes ne puisse pas reussir, a cause que l'eau fournit peu a peu de l'air dans le vuide, j'avoue pourtant qu'il n'estoit pas fort difficile, a qui auroit sceu la pensée de trouuer l'autre construction que j'ay donnée. Je ne scay si vous aurez ouy parler d'un homme 5) qui soustient effrontement que c'est de luy que j'ay pris ce qu'il y a de meilleur dans cette invention et qu'il y a deux ans qu'il l'avoit proposée dans nostre Academie. Il a mesme osè le faire imprimer ayant trouvè de gens qui luy ont aidè a escrire. Et quoy que l'Intendant de la Police ait fait saisir les Exemplaires, je ne doute pas qu'on n'en ait trouuè quelqu'un pour vous l'envoier. Je n'ay vu de ma vie une impudence pareille a celle de ce fol, car il est reconnu pour tel, et une quantitè de propositions extravagantes, qu'autrefois il nous est venu faire le tesmoignent assez. Pour le barometre qu'il proposa il y a plus de 3 ans, ce n'estoit rien que le barometre ordinaire, qu'il avoit prolongè par en haut en l'inclinant, comme scavent plusieurs de nos Messieurs, mais l'on ne trouua pas que cela deust produire {==254==} {>>pagina-aanduiding<<} grand effect, et avec raison. Que s'il avoit eu des lors l'invention du barometre composè, il est bien croyable qu'il n'auroit pas manquè de le produire pendant tont ce temps, et d'autant plus que c'est le mestier de son pere de travailler a ces sortes de curiositez, cependant des gens comme cela trouvent des personnes qui les soustienent parce qu'il ne manque pas des envieux a nostre Academie et a moy en particulier. Et je vois qu'il ne est de mesme chez vous a l'egard de la Société Royale. La pensée du barometre qui n'est que de vif argent et dont le tuyau fait plusieurs retour par en bas, qui est dans l'escrit de l'homme, dont je vous ay parlè ne paroit pas mauuaise, mais elle ne reussit pas bien, par ce que le vif argent se separe et laisse de grandes parties derriere. C'est pourquoy j'ay fait faire un tel tuyau serpentant a un barometre de ma seconde construction, en sorte que ces retours commencent apres la seconde boete, et cela avec de l'eau au lieu du vif argent parce qu'elle suit parfaitement bien et se meut avec beaucoup plus de libertè que le mercure. Je vous remercie de l'extrait de la derniere lettre de M. Sluse, mais ayant enfermè quelque part les autres pieces qui appartienent a cette Exercitation sur le Problème d'Alhazen, ou je ne scaurois les trouuer a cet heure, je ne vous en diray rien, sinon que je veux croire que M. Sluse a pleinement satisfait au doute que j'avois. Et que je serois tres faschè s'il y a eu quelque chose dans mes precedentes lettres dont il aurait estè mal satisfait. Je ne scay ce que ce pourroit estre parce que pour la pluspart je n'en ay pas gardè des copies, mais si la chaleur de la contention (quoy que dans celle cy je ne scache pas d'en avoir eu aucune) m'a fait avancer quelque chose qui luy ait peu deplaire je le puis asseurer que cela me deplait beaucoup plus a moy mesme. Car j'estime trop son amitiè pour souffrir que pour des choses de si peu elle fut alterée ou diminuée en aucune façon. Vous verrez dans le livre que je fais imprimer si parmy les scavants Geometres de ce temps je ne le compte pas parmy les premiers, comme assurement il merite 6). Pardonnez a ma prolixitè et croiez que je suis tres veritablement Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur de Grubendol à Londres. {==255==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1923. Christiaan Huygens à J. Gallois. Appendice au No. 1922. février 1673. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Peu de temps apres que vostre dernier Journal a paru ou vous aviez fait mention de mes barometres 2) un de mes amis 3) m'ayant dit que Mr. des Cartes avoit cu la pensee de faire construire un barometre semblable a celuy de ma premiere maniere et que cela paroissoit par une lettre de Monsieur Chanut imprimée a la sin du Traitè de Monsieur Pascal de l'Equilibre des liqueurs ou cette invention est assez intelligiblement expliquée 4), je fus bien faschè de ce que cet advertissement qui estoit veritable m'avoit este donnè si tard voyant que l'on me pourroit soupconner de m'estre voulu attribuer l'invention d'autruy, qui est la chose du monde qui me semble la plus indigne et que j'ay tousjour taschè d'eviter avec plus de soin. Maintenant pour m'en purger je n'ay que ces 2 choses a vous dire l'une, que le livre de Monsieur Paschal estant autant leu et connu comme il est, il n'est pas vraisemblable que j'aurois voulu faire un larcin qui ne pouuoit pas manquer d'estre aussi tost decouuert. L'autre, que je ne pretens dorenavant que tres peu de part a cette invention de barometres. Car quoyque M. des Cartes ni personne apres luy n'ait executé sa pensée, et que mesme l'ayant estè elle n'auroit point reussi par la raison que je vous en [ay] donnee cydevant en vous envoyant la description des barometres; je veux bien avouer pourtant qu'il n'estoit pas fort difficile de trouuer la seconde construction que j'ay donnee a qui auroit sceu celle de M. des Cartes. Mais j'espere qu'il ne paroistra pas impossible que je l'aye ignoree, puis que ni dans l'Academie Royale, lors que je proposay mes barometres ni dans celle d'Angleterre lors qu'elle en a eu la communication, personne ne s'est souuenu que dans le livre de M. Pascal il y eust rien de semblable. Je ne scay s'il vaut la peine que j'adioute encore quelque mot icy touchant cet honnest homme 5) que vous scavez, qui soustient si effrontement que c'est de luy que j'ay pris la meilleure partie de cette invention et qu'il l'a proposee il y a 2 ans a l'Academie Royale sans en avoir eu de reponse raisonnable. Je diray seulement {==256==} {>>pagina-aanduiding<<} que pour le convaincre il ne faut que luy demander pourquoy dans tout ce temps de 2 ans il n'avoit pas pratiquè et publiè cette invention s'il la scavoit desia alors et quelle en estoit l'utilitè? car elle est de peu de depense et le devra estre autant moindre a luy que le mestier de son pere a ce qu'on m'a dit est de travailler a ces sortes de curiositez. Je scay bien de la pluspart d'eux qu'il y proposa en effect une facon de barometre il y a 2 ou 3 ans, mais ou il n'y avoit que le vis argent seul et qui avec raison ne fut point approuuee comme valant fort peu de chose. No 1924. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 19 février 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos. 1919 et 1922. Chr. Huygens y répondit le 10 juin 1673. A londres le 9 Fevrier 1673. Monsieur Je m'estois proposé de vous escrire amplement par cette voye de Monsieur Leibnitz; mais il precipite tellement son voyage d'icy a Paris, qu'il m'a esté impossible dans l'estat où ie suis, estant quasi accablé d'affaires à present, d'executer mon intention. Je ne scauray vous dire autre chose, sinon que i'ay receu vos deux lettres, du 14 janvier et de l' 11 Fevrier, et que ie tascheray de vous y satisfaire au possible par vne autre occasion. On fera icy toute justice à Monsieur Hugens, dont on conoit la doctrine et la vertu, et i'auray soin particulierement de faire scauoir à Monsieur Sluse la belle maniere dont vous usez envers luy. Vous verrez dans l'annexe 1) sa methode de tirer des tangents à toutes sortes de Curves {==257==} {>>pagina-aanduiding<<} Geometriques sans calcul; dont il nous envoiera, i'espere, la demonstration par sa prochaine a Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur Oldenburg. Monsieur Leibnitz a gagné beaucoup d'estime icy 2), comme il le merite assurement. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. No 1925. A. van der Wall à Christiaan Huygens. 2 mars 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Hadrianus van der Wall Christiano Hugenio. S.D. Post dierum aliquot absentiam commodum mihi Delphos reverso, eadem ipsa hora, Nobiliss. Hugeni, tradebantur in manum litterae, gratissimae quod tuae, gratiores etiam quod bonae nunciae primo in limine significarent vivere te et valere, qui pulchrum opus 1) ad finem jam perduxisses. Cui quoniam hederam nostram, qua tamen haud indiget, appendere omnino visum, eximiae benignitatis fuit, et plane tuae, studio haud vulgari curare, majorique quam vel ego, ut ea tota munda et, quantum pote, compta esset. Eadem humanitate petis instrui, et subministrari tibi arma quibus propugnes nostra atque defendas 2); quod onus pro- {==258==} {>>pagina-aanduiding<<} fecto impositum tibi minime velim, cum mage promptum sit et justius literulam unam mutasse, prout eam mutari oportere judicasti 3). Hoc igitur non in eâ tantum facere malui, sed et circa alia quaedam diligentiam adhibere, uti representata cernes chartâ singulari. Tria verba cedere duobus jussi: quae enim de istis mones, magna mones ratione. Novi planetae, tuusque ille, hactenus ἀνόνυμος, ut Borbonij appellentur Gallicae gloriae quadamtenus interesse jure dici queat. Dilati enim in hoc aevum videntur et servati apud summum planetam, ut fierent munus regi summo; nomenque Borbonium immitteretur in possessionem vacuam siderei nominis quod esse voluit antiquitas sijmbolum perennitatis: ac veluti eadem stella terminus est sijstematis et quodammodò mundi nostri, atque sortita inter hebdomadis dies diem qui olim fuit quietis, ita tandem Augustissimus Monarcha post tot victorias suaviter conquiescat, et famam terminet astris. Finio, amicissime Hugeni, in hoc voto, cujus pars aliqua ut ad aures Christianissimae Majestatis referatur non ventis committam, sed prudentiae tuae cum mollia fandi tempora. Dabam Delphis Batavorum. 2 Martij, 1673. A Monsieur Monsieur Chrestien Huijghens de Zulichem A Paris. No 1926. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 20 mars 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1924. Chr. Huygens y répondit par le No. 1945. A Londres le 10 mars 1673. Monsieur Je ne vous scauray rien dire à present si non que ie souhaite que vous voulussiez considerer ce que Monsicur Wallis a dit dans l'imprimé cy-ioint 1) sur vostre dis- {==259==} {>>pagina-aanduiding<<} cours touchant la suspension du mercure purgé, au dessus de la hauteur ordinaire 2). Il n'a fait cela que pour vous donner l'occasion d'y penser et de vous en expliquer d'avantage. Je ne doubte pas que vous n'ayez receu la mienne du 10 fevrier avec le nombre 90 des transactions, où il y a la methode de Monsieur Sluse pour mener des tangentes à toutes sortes de lignes courbes sans aucun calcul. Je promis alors de respondre plus amplement à deux de vos dernieres 3); mais ie ne le scauray pas faire encore. J'attends le iournal 4), ou vous aurez mis ce que vous auiez à dire touchant le barometre, dont M. Grillet s'est attribué l'invention. Je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Oldenburg. Monsieur, vous prendrez la peine de corriger quelques fautes de la presse dans les Transactions du mois janvier, conformement aux directions de celles-cy, que vous trouuerez à la fin. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à 32 β Paris. No 1927. Christiaan Huygens à Louis XIV. 25 mars 1673. Epître dédicatoire de l'Horologium Oscillatorium. Lvdovico XIV, Franciae et Navarrae Regi inclyto. Renatam, Rex maxime, restitutamque hoc saeculo Geometriam, Galliae praecipue debemus. Hinc enim orti, qui magna meliorique sui parte deperditam, ac {==260==} {>>pagina-aanduiding<<} veluti sepultam, instaurarunt primi, & in lucem reduxerunt. Quorum vestigiis insistentes, ita eam deinde, per totam Europam, excoluere viri subtilissimi, ut pauca jam posterorum industriae ab his relicta videantur; veterum vero inventa longissime praetervecti sint. In hac scientia, quam semper admiratus sum & amavi plurimum, quandocunque ad eam animum applicui, illa mihi prae caeteris proposui investiganda, quae vel ad vitae commoda, vel ad Naturae cognitionem, reperta prodesse possent. Tunc verò optimè operam me collocasse existimavi, cum in ea incidissem, in quibus utilitas cum inveniendi difficultate ac subtilitate aliqua, conjuncta foret. Quod si commendationis nonnihil accersere muneri nostro permittitur, ne prorsus indignum tua magnitudine appareat; non alias felicius, quam in hoc Horologii invento, utrumque illud me consecutum esse profiteor. Etenim, cum ex parte mechanicum sit inventum; ex parte altera, eaque multò praecipua, geometricis principiis constet; id quod ad posteriorem hanc attinet, non levi conamine, ex intimis artis recessibus petendum fuit: adeo quidem, ut inter omnia, quae impensiore studio hactenus pertractaverim, haud dubie primum huic speculationi locum tribuam. Quaenam vero in his sit utilitas, non est quod multis, Rex potentissime, ostendere tibi laborem. Non solum enim diutinâ experientiâ compertum habes, ex quo regiae tuae penetralibus recipi meruere Automata nostra, quantum, aequabili horarum demonstratione, caeteris hujusmodi machinationibus excellant: sed & potiores usus eorum, quibusque jam inde à principio mihi destinata fuere, non ignoras. Illos scilicet, quos & in Caelestium observationibus, & in Longitudinibus locorum inter navigandum dimetiendis, praestare apta sunt. Tuo enim jussu, non semel, per mare vecta fuere Horologia nostra. Tuis auspiciis eadem nec pauca, Astronomiae usibus dicata, visuntur in praeclara illa Vraniae arce, quam insigni nuper magnificentia, quantaque antehac regum nemo, exaedificandam curasti. Quae quoties mecum reputo, toties de fortuna hujus inventi, quod in tua tempora inciderit, non parum mihi gratulari soleo. Nec jam requiret quisquam, opinor, qui quantum tibi illud debeat intelliget, cur lucubrationes has, quibus rationem ejus omnem descriptionemque explicui, augusto Nomini tuo inscribendas duxerim. Ac minus etiam id mirabitur, qui mihi, ad haec atque alia meditanda, tranquillum otium benignitate tua contigisse didicerit. Namque & hujus, ut mihi aliquatenus apud te ratio constaret, adnitendum erat; & quoquo modo conandum, ut, multis continuisque à te beneficiis affectus, nonnulla grati animi significatione defungerer. Scio equidem, rebus maximis, negotiisque iis intento, quae in illo rerum fastigio positum agitare convenit, haudquaquam tibi liberum esse, ut ad hujusmodi contemplationes animum, alioqui rerum omnium capacem, advertas. Sed ideo minus grata haec fore, minusve tibi probatum iri arbitror, Rex augustissime; cui illa maximè placere videmus, quae plurimum publicè prosunt; neque aliud magis curae esse, quam ut nova incrementa sumant optimae disciplinae, novisque illustrentur inventis. Hoc enim satis declarat eximia illa tua, ac singularis, tum in ipsis promovendis, tum in his qui cognitione earum praeminent remuneran- {==261==} {>>pagina-aanduiding<<} dis, liberalitas. Quam non immensae, ac solito majores, bellorum impensae quidquam imminuunt: non Galliae tuae fines circunscribunt. Vt plane te hoc agere appareat, quò non solum sub imperio tuo viventes, sed & Orbis universus, quacunque beneficio tuo dignus est, te regnante, eruditior, ornatior, felicior evadat. Cui verissimae praeclarissimaeque gloriae tuae, ita aliquid fortasse etiam haec literaria monumenta conducent; ut, si viguisse hoc tempore studia ista, artesque, posteris testari possint, simul illos edoceant, tuae hoc virtuti, atque animi magnitudini, ante omnia acceptum ferendum esse. Lutetiae Parisiorum; xxv. Mart. A. ciƆiƆclxxiii. No 1928. Christiaan Huygens à ?. mars 1673. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. La transformation que vous me demandez de mon second Barometre en Thermometre, de la quelle s'est avisè Monsieur Hubin, se fait en cette sorte. Le Bout N du tuyau remontant, qui dans le barometre demeure ouvert, se ferme icy hermetiquement {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} en y adjoutant une boule creuse de verre. Et l'on prolonge mesme auparavant ce tuyau si l'on veut; afin que le thermometre marque de plus grandes differences. Car elles ne sont pas limitees icy comme dans le barometre, mais peuvent estre aussi grandes que l'on desire, pourvu que la longueur du tuyau ne donne point d'incommoditè; qui pourroit encore estre reduit en moindre volume en le faisant monter en spirale. Il n'est pas necessaire que je vous dise que c'est la condensation et dilatation de l'air enfermè dans la boule N, selon qu'elle sent le froid ou le chaud de l'air exterieur, qui fait monter ou descendre la surface de l'eau O qui marque les differences, et que le vif argent vient prendre sa place dans la boete M, ou qu'il en est rechassè pour monter en plus grande quantitè dans l'autre boete K dont la partie de dessus est vuide d'air. Mais ce qui merite d'estre remarquè, ce sont les avantages que ce Thermometre a par dessus ceux dont on s'est servi jusqu'à present, soit par la dilatation de l'air ou par le moien de celle de l'Esprit de vin. Car les premiers estant necessairement ouverts et donnant entrée a l'air, ressentoient les differentes pressions de sa pesanteur aussi bien que les divers {==262==} {>>pagina-aanduiding<<} degrez de sa chaleur, de sorte que le Thermometre y estoit confondu avec le Barometre. Ce qui n'arrive point dans ce nouveau Thermometre par ce qu'il est fermè de tout costè. Et par ce mesme moyen il n'est point suject a aucune evaporation. L'autre sorte de Thermometres, qui se font avec de l'esprit de vin, parce qu'ils sont fermez de mesme, ne sont pas sujects a la veritè a l'effect de la pression de l'air. Mais d'un autre costé ils sont lents a s'emouuoir par les divers degrez de chaleur et de froid, a cause que la dilatation de l'esprit de vin se fait incomparablement plus lentement que celle de l'air. Et l'on a mesme observè que cette qualitè de l'Esprit de vin, quoy qu'il soit enfermè, se rallentit avec le temps: de sorte que la mesme chaleur l'estendra plus quand le thermometre est fraichement fait, qu'elle ne fera un an apres. Il paroit donc que le thermometre de Monsieur Hubin tant pour la seuretè, que pour la sensibilitè est encore preferable a ces derniers, et qu'ainsi il a toutes les qualitez requises. No 1929. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 31 mars 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 31 Mars 1673. Je crois que vous n'estes pas beaucoup loin de voir reussir vos bons souhaits car l'on tient la paix presqu'asseurée icy, et mesme des personnes qui en peuvent scavoir quelque chose. Les 3 deputez qu'on a choisis pour aller au traitè à Cologne, vont partir dans 7 ou 8 jours. Ce sont Monsieur le Duc de Chaune 1) Monsieur Courtin 2) et Monsieur Barillon 3). Mandez moy qui sont les 6 de dela qu'on dit {==263==} {>>pagina-aanduiding<<} qu'ils y sont destinez. Il me tarde extresmement de veoir ce traitè commencè, et quelles conditions on obtiendra qui ne soient pas trop desavantageuses pour nostre païs. Les Espagnols y auront aussi 3 deputez, a ce qu'on m'a dit, de sorte que les choses vont a un accommodement universel, qui est ce qu'on doit le plus souhaiter chez nous 4). Je conçois fort bien qu'apres ce calme revenu vos affaires s'en porteront incomparablement mieux et que vous serez delivrè d'une grande inquietude, ou me mettoit ce doute de summa rei. Je commence desià a songer, comment vous ferez pour vous debarasser des eaux qui inondent longè lateque vostre territoire, et si vous ne desirerez point de nouvelles inventions de moulins. Je ne vous aij pas encore communiquè celuy de la Chine 5) qui est tres ingenieux, mais comme il n'a jamais encore estè pratiquè je n'oserois pas asseurer que son effect soit fort grand. Mon Pere par sa derniere m'envoie nouvelle commission pour solliciter la confirmation de la neutralité de Zulichem 6) mais puisque voila la paix (car c'est ainsi qu'on en parle icy) je ne m'en mets plus en peine. L'on dit pourtant que le Roy part vers le milieu de ce mois d'Avril. mais on fait bien la paix, les armes a la main. De ce que vous dites touchant vostre menage, il semble qu'il soit establi un peu autrement que par le passè. Je seray bien aise d'en estre informè. Quand la paix sera faite songez d'y introduire une menagere d'une autre sorte, pour gouverner et pour multiplier vostre famille. Adieu. A Monsieur Monsieur L. Huygens de Zulichem Grand Bailly de Gorcum et du païs d'Arckel à la Haye. {==264==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1930. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 17 avril 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1926. Chr. Huygens y répondit par le No. 1945. A Londres le 7me Avril 1673. Monsieur Pour executer la promesse que ie vous fis dans ma lettre du 10 Fevrier 1) dernier ie vous envoye la responce 2) de Monsieur Newton sur les considerations, que vous auiez la bonté de mettre dans la vostre du 14 janvier 3) touchant sa nouvelle theorie des couleurs. Je veux croire, que vous ne la lirez pas sans plaisir, et qu'elle vous donnera occasion de mediter davantage sur cete belle et importante matiere. Je vous puis assurer, que Monsieur Newton est vne personne de grande candeur, comme il est homme qui ne dit légerement des choses qu'il avance. Je ne doubte pas que vous n'ayez aussi receu la mienne du 10 Mars 4) auec le nombre 91. des Transactions, où il y a entre autres choses, la methode de Monsieur Sluse pour tirer des tangentes à toutes sortes de lignes courbes sans calcul; dont i'attends tous les iours la demonstration 5). Je ne veux pas vous interrompre davantage a present, mais vous assurer que ie suis tousiours Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. Monsieur Newton a esté plusieurs semaines absent de Cambridge; sans cela vous eussiez bien plustost receu sa responce. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. {==265==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1931. I. Newton à H. Oldenburg. Appendice au No. 1930. 13 avril 1673. La lettre a été imprimée dans les Philosophical Transactions No. 97 1). It seems to me, that N. 2) takes an improper way of examining the nature of Colors, whilst he proceeds upon compounding those that are already compounded; as he doth in the former part of his Letter. Perhaps he would sooner satisfie himself by resolving Light into Colors, as far as may be done by Art, and then by examining the properties of those colors apart, and afterwards by trying the effects of re-conjoining two or more or all os those; and lastly, by separating them again to examine, what changes that re-conjunction had wrought in them. This, I confess, will prove a tedious and difficult task to do it as it ought to be done; but I could not be satissied, till I had gone through it. However, I only propound it, and leave every man to his own method. As to the Contents of his Letter, I conceive, my former Answer 3) to the Quaere about the Number of Colors is sufficient, which was to this effect; That all Colors cannot practically be derived out of the Yellow and Blew, and consequently that those Hypotheses are groundless which imply they may. If you ask, What colors cannot be derived out of yellow and blew? I answer, none of all those which I defin'd to be Original; and if he can shew by experiment, how they may, I will acknowledge my self in an error. Nor is it easier to frame an Hypothesis by assuming only two Original colors rather than an indefinit variety; unless it be easier to suppose, that there are but two figures, sizes and degrees of velocity or force of the AEthereal corpuscles or pulses, rather than indesinit variety; which certainly would be a harsh supposition. No man wonders at the indefinit variety of Waves of the Sea, or of sands on the shore; but, were they all but two sizes, it would be a very puzling phaenomenon. And I should think it as unaccountable, if the several parts or corpuscles, of which a shining body consists, which must be suppos'd of various figures, sizes and motions, should impress but two sorts of motion on the adjacent AEthereal medium, or any other way beget but two sorts {==266==} {>>pagina-aanduiding<<} of Rays. But to examine how Colors may be explain'd hypothetically, is besides my purpose. I never intended to shew, wherein consists the Nature and Difference of colors, but only to shew, that de facto they are Original and Immutable qualities of the Rays which exhibit them; and to leave it to others to explicate by Mechanical Hypotheses the Nature and Difference of those qualities: which I take to be no difficult matter. But I would not be understood, as if their Difference consisted in the Different Refrangibility of those rays; for that different Refrangibility conduces to their production no otherwise, than by separating the Rays whose qualities they are. Whence it is, that the same Rays exhibit the same Colors when separated by any other means; as by their different Reflexibility, a quality not yet discoursed of. In the next particular, where N. would shew, that it is not necessary to mix all Colors for the production of White; the mixture of Yellow, Green and Blew, without Red and Violet, which he propounds for that end, will not produce White, but Green; and the brightest part of the Yellow will afford no other colour but Yellow, if the Experiment be made in a room well darkn'd, as it ought; because the Colour'd light is much weaken'd by the Reflexion, and so apt to be diluted by the mixing of any other scattering light. But yet there is an Experiment or two mention'd in my Letter in the Transactions Number. 88, by which I have produced White out of two colors alone and that variously, as out of Orange and a full Blew, and out of Red and pale Blew, and out of Yellow and Violet, as also out of other pairs of Intermediat colors. The most convenient Experiment for performing this, was that of casting the colors of one Prisme upon those of another, after a due manner. But what N. can deduce from hence, I see not. For the two colors were compounded of all others, and so the resulting White, (to speak properly,) was compounded of them all, and only de-compounded of those two. For instance, the Orange was compounded os Red, Orange, Yellow and some Green; and the Blew, of Violet, full Blew, light Blew, and some Green, with all their Intermediat degrees; and consequently the Orange and Blew together made an Aggregate of all colors to constitute the White. Thus, if one mix red, orange and yellow Powders to make an Orange; and green, blew and violet colors to make a Blew; and lastly, the two mixtures, to make a Grey; that Grey, though de-compounded of no more than two Mixtures, is yet compounded of all the six Powders, as truly as if the powders had been all mixt at once. This is so plain, that I conceive there can be no further scruple; especially to them who know how to examine, whether a colour be simple or compounded, and of what colors it is compounded; which having explained in another place, I need not now repeat. If therefore N. would conclude any thing, he must shew, how White may be produced out of two Un-compounded colors; which when he hath done, I will further tell him, why he can conclude nothing from that. But I believe, there cannot be found an Experiment of that kind; because, as I remember, {==267==} {>>pagina-aanduiding<<} I once tryed, by gradual succession, the mixture of all pairs of Un-compounded colors; and, though some of them were paler, and nearer to White, than others, yet none could be truly call'd White. But it being some years since this tryal was made, I remember not well the circumstances, and therefore recommend it to be tryed again. In the last place, had I thought, the Distinctness of the Picture, which (for instance) a Twelf foot Object-glass casts into a darken'd room, to be so contrary to me as N. is pleased to affirm, I should have waved my Theory in that point before I propounded it. For, that I had thought on that difficulty, you may easily guess by an expression, some-where in my first Letter, to this purpose; That I wonder'd, how Telescopes could be brought to so great perfection by Refractions which were so Irregular 4). But, to take away the difficulty, I must acquaint you, first, That, though I put the greatest Lateral error of the rays from one another to be about 1/50 of the Glasses diameter; yet their greater error from the Points on which they ought to fall, will be but 1/100 of that diameter: And then, that the rays, whose error is so great, are but very few in comparison to those, which are refracted more Justly; for, the rays which fall upon the middle parts of the Glass, are refracted with sufficient exactness, as also are those that fall near the perimeter and have a mean degree of Refrangibility; So that there remain only the rays, wich fall near the perimeter and are most or least refrangible to cause any sensible confusion in the Picture. And these are yet so much further weaken'd by the greater space, through which they are scatter'd, that the Light which falls on the due point, is insinitely more dense than that which falls on any other point round about it. Which though it may seem a Paradox, yet is certainly demonstrable. Yea, although the Light, which passes through the middle parts of the Glass, were wholly intercepted, yet would the remaining light convene infinitely more dense at the due points, than at other places. And by this excess of Density, the Light, which falls in or invisibly near the just point, may, I conceive, strike the sensorium so vigorously, that the impress of the weak light, which errs round about it, shall, in comparison, not be strong enough to be animadverted, or to cause any more sensible confusion in the Picture than is found by Experience. This, I conceive, is enough to shew, Why the Picture appears so distinct, notwithstanding the Irregular refraction. But, if this satissie not, N. may try, if he please, how distinct the Picture will appear, when all the Lens is cover'd excepting a little hole next its edge on one side only: And if in this case he please to measure the breadth of the colors thus made at the edge of the Suns picture, he will perhaps find it to approach nearer to my proportion than he expects 5). {==268==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1932. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 24 avril 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle suit suite au No. 1930. Chr. Huygens y répondit par le No. 1945. A londres le 14 Avril 1673. Monsieur N'y ayant que huit iours que ie vous escrivis amplement, y joignant la responce de Monsieur Newton a vos considerations sur sa theorie des couleurs, ie ne vous eusse pas sitost importuné de nouveau n'eust esté que vous voulez que ie continue de vous faire tenir mes journaux de temps en temps. Vous trouuerez dans celuy-cy 1) la version Angloise de la description faite par Monsieur Cassini de ses nouuelles descouvertes 2), que i'ay voulu traduire en nostre langue, à fin de donner la satissaction à tous les curieux du païs de s'informer de toutes les particularitez observees dans cete matiere. Mesmes vous ne serez pas marry de voir les chefs des nouueaux traitez 3) de Monsieur Boyle, en attendant que vous receuiez les traitez mesmes. C'est tout ce que i'auois a vous dire à present, si ce n'est que ie vous prieray de faire voir à Monsieur Cassini cette traduction, auec mes baisemains. Je suis sincerement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. {==269==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1933. J. Chapelain à Christiaan Huygens. 28 avril 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur en attendant que je vous aille rendre graces de bouche du precieux Present de vostre liure 1) où vous justifiés la solidité Geometrique de l'Inuention de vostre Pendule je vous les rends icy infinies comme d'vne tres excellente Production de vostre admirable Genie et d'vne tres chere marque de vostre genereuse amitié. Je souhaiterois que celuy que je vous enuoye pour marque de ma reconnoissance vous peut tenir lieu dvne telle retribution mais je suis bien eloigne de le pretendre et il me suffira que vous en agreies le mouvement et ne luy refusiés pas vn coin en la moins riche de vos Tablettes. Mon homme en vous le portant est charge de vostre propre Ouurage pour vous monstrer l'erreur du Relieur qui la rendu imparfait en y mettant deux fois la fucile E et y ayant oublie a mettre celle de E2 de sorte que le plus accompli ouurage du Monde se trouue defectueux entre mes mains par sa faute. Vous me feres la faueur, Monsieur d'y remedier en obligeant Muguet 2) de vous enuoyer cette feuille de E2 afin que ie la puisse auoir par vostre moyen et la puisse inserer au lieu où elle manqua. Ce sera acheuer et donner le comble a vostre liberalité et me consirmer dans la passion qui me attache à vous il y a si longtemps en qualité Monsieur, de Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Chapelain. ce 28 Avril 1673. A Monsieur Monsieur Huggens de Zulikem Gentilhomme Hollandois. {==270==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1934. Christiaan Huygens à Royer 1). avril 1673. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 2). Pour M. Royer qui avait copié mes Tables pour les imprimer. Ces tables Representent Orbites, proportion et distances de la terre et des autres planetes a l'entour du soleil selon Copernic avec leurs excentricitez et aphelies. Et servent l'Ephemeride perpetuelle au moins pour 200 ans, pour savoir le lieu ou elles paroissent dans le ciel, en longit. et latit. et leur position et distances tant entre elles qu'a l'esgard du soleil, comme il se verra par l'explication. Dans la premiere table le ☉ est au milieu de toutes: apres le plus proche est celuy de Mercure et en suite de Venus la Terre Mars & Jupiter Saturne et un cercle a l'entour qui represente l'Ecliptique 3). La lune n'est point icy non plus que les 4 satellites a l'entour de Jup. ni les 2 ou 3 a l'entour de ♄ outre son anneau qui l'environnent parce que les planetes subalternes ou compagnes des planetes ou lunes, sont si pres de celles qu'ils accompagnent a proportion des distances de ces planetes principales du soleil que leur petites orbites estant representees proportionellement ne seroient point ou a peine visibles, car par ex. le plus distant des compagnons de ♃ n'auroit pas son cercle icy de la grosseur d'une teste d'epingle. la 2 table represente les orbites des 4 planetes Mercure ♀, la terre, ♂ en plus grande forme afin que les divisions soient plus grandes. Pour se servir de ces tables pour cela il faut seulement que les lieux soient connus une fois de chasque planete dans son orbite, que l'on trouve ou par les Tables astronomiques comme il sera dit, ou par les Ephemerides qui marquent le lieu apparent du quel par le moyen de ces tables on trouve facilement le lieu dans le che- {==271==} {>>pagina-aanduiding<<} min. Et ce lieu estant trouvé une fois pour l'avoir quelque autre temps donnè on n'a qu'a conter par mois ou par jours selon la division des orbites et cela suivant l'ordre des signes, si c'est pour l'avenir ou au contraire, si c'est pour le temps passè. Pour trouver a un temps donné par le moyen des Ephemerides le lieu d'une planete dans son chemin orbite ou Eccentrique, (car tous ces noms signifient la mesme chose) il faut tendre le fil qui est attachè au centre, sur le degrè de longit. [dans] l'Ecliptique qui leur est attribuè a ce temps. Et du lieu de la terre a ce mesme temps qui est marquè par le jour du mois dans son chemin, il faut poser une regle parallele au dit filet et a l'endroit qu'elle coupera le chemin de la planete, vers le mesme costè qu'est tendu le fil, ce sera la le lieu de la planete dans son chemin, ou l'on mettra une marque par exemple &c. Il est a noter que d'autant plus que le lieu de la planete pris dans les Ephemerides sera plus proche de sa conjonction ou opposition avec le soleil d'autant plus precisement se trouvera par cette maniere le lieu veritable dans l'orbite. Et si l'on prend le temps de la conjonction ou opposition mesme le filet tendu sur le degrè de longitude en coupant luy mesme le chemin de la planete y montrera le lieu que l'on cherche. L'autre maniere de trouver ce lieu dans l'orbite qui est par les Tables Astronomiques est telle. L'on calcule seulement le mouvement moyen de la planete, c'est a dire le degré de sa distance depuis le commencement d'Aries selon ce moyen mouvement, qui n'est qu'une addition a faire. Et ayant tendu le filet sur ce degré de l'Ecliptique il faut poser la regle parall. au filet et qu'elle passe par le centre du moyen mouvement de la planete et la ou elle coupera le chemin de la planete ce sera son lieu au temps donnè. Le lieu de la planete dans son orbite estant connu, l'on en trouve le lieu apparent selon sa longitude et latitude de cette maniere. L'on pose une regle en sorte qu'elle passe par le lieu de la planete qu'elle a dans l'orbite; et en mesme temps par le lieu de la terre dans le sien, qui est marquè par le jour du mois, puis l'on tend le fil parallele a cette regle, qui montre dans l'Ecliptique le degrè de longitude que l'on cherche. Et pour avoir en suite la latitude, l'on prend la distance entre le lieu de la terre et celuy de la planete dans son orbite, et on la pose depuis le centre ou est attachè le filet vers quelque degré de l'Ecliptique que l'on veut et au point ou arrive l'autre bout du compas, l'on dresse une ligne perpendiculaire sur la regle egale a l'intervalle qui est entre le lieu de la planete dans son orbite et son cercle de declinaison a cet endroit. Et enfin ayant tendu le filet par le bout de cette perpendiculaire vers l'Ecliptique les degrez qui seront compris entre la regle et ce filet marqueront la latitude de la planete qu'il falloit trouver. laquelle latitude est Septentr. si le cercle qui la marque a l'endroit ou se trouve la planete passe en dedans de son orbite. Mais s'il passe en dehors, la latitude sera meridionale. {==272==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1935. Christiaan Huygens à Royer. Appendice I au No. 1934. Pour Mr. Royer. Pour marquer les cercles de latitude sur la table Planetaire. Ex Keplero 1). nodus ascendens ♄ Inclinatio. 1600 20. 59′ 59″ ♋ 20. 59. 59 74 1. 28. 7 1. 59. 5 _____ _____ 22. 28. 6 ♋ 2o. 32′. 0″ 22. 59. 4. nodus ascendens ♃ 1600 5. 25. 58 ♋ 74 4. 19 _____ 5. 30. 17 ♋ 1o. 19′. 20″ nodus ascendens ♂ 59. 32 1600 16. 44. 32 2 74 49. 1 _____ _____ 59. 4 17. 33. 33 ♉ 1o. 50′. 30″ nodus ascendens ♂ 1600 13. 0. 45 74 57. 58 _____ 13. 58. 43 Π 3o. 22′. 0″ nodus ascendens ☿ 1600 12. 25. 22 ♉ 74 43. 8 _____ 13. 8. 30 ♉ 6o. 54′. 0″ Tendez le fil, qui part du soleil A sur le degrè de l'Ecliptique BC, ou est le noeud ascendant de l'orbite de la Planete DHEG, comme en Saturne au 29.28.6 de ♋, et marquez dans l'orbite le point D ou le fil l'entrecouppe. Puis {==273==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} menez la ligne droite DAE, qui marquera de l'autre costè de l'orbite le noeud descendant E, et par le centre de l'orbite F menez une autre ligne droite LFH qui couppe la premiere DAE a angles droits, en N et l'orbite aux points G et H. Tirez en suite la ligne NM, qui fasse l'angle HNM d'autant de degrez qu'est l'inclinaison de l'orbite, comme ici en Saturne de 2o32′. Et ayant dressè HM perpendiculaire sur NH, et qui rencontre NM en M, prenez HK egale à HM. Et decrivez un cercle qui passe par les points DKE, duquel le centre sera necessairement dans la ligne HG. la partie DKE de ce cercle qui est interieur à l'orbite servira pour les latitudes boreales et l'autre partie DLE pour les australs. Pour plus grande exactitude, on pourroit apres avoir descrit l'arc DKE, trouver le point L de la mesme maniere qu'on a trouvè K c'est a dire en faisant l'angle GNO egal à HNM, et prenant GL egal à la perpendiculaire GO. Et puis descrire un arc par les points D L E qui ne se rencontrera pas justement estre du mesme cercle que DKE, mais qui servira a marquer plus precisement les latitudes australes. No 1936. Christiaan Huygens. Appendice II au No. 1934. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Ces planches 2) representent les cercles ou orbites que descrivent la Terre et les autres Planetes par leur mouuement à l'entour du Soleil qui est placè au centre {==274==} {>>pagina-aanduiding<<} suivant le systeme de Copernic, faisant voir leur véritable proportion, avec leurs excentricitès Aphelies et Latitude. Et elles servent d'Ephemeride perpétuelle, pour trouver le lieu ou les Planetes et le Soleil paroissent dans le ciel en Longitude et Latitude. avec leur situation et distance, tant entre elles, qu'a l'égard du Soleil, comme l'on verra par l'Explication suivante. Dans la premiere planche le Soleil est dans le point tres proche de celuy ou est attachè le fil, ou il demeure immobile. La premiere et la plus petite orbite est celle de Mercure et en suite celles de Venus, de la Terre, de Mars, Jupiter et Saturne. Le cercle qui est apres celuy de Saturne, represente l'Ecliptique divisè en ses 12 signes. Les Orbites de Saturne, de Jupiter et de la Terre sont divisées dans cette Table en mois 3), celuy de la Terre encore en troisiemes parties de mois. En Saturne et Jupiter on a aussi marquè les lieux ou ces Planètes se trouvent dans leur Orbite au commencement de chaque année du temps avenir et passè, pour quelque nombre d'années. Ainsi, par exemple, ou est escrit 1673 dans l'Orbite de Saturne, c'est le lieu ou Saturne a estè dans son Orbite le premier jour de Janvier a midy, de cette année 1673. Et ce lieu de la Planete dans son Orbite estant une fois connu on n'a qu'a compter par mois en avant ou en arrière pour avoir son lieu a quelqu'autre temps a venir ou passè que l'on desire. La seconde Planche represente les Orbites de Mercure, Venus, la Terre et Mars dans une forme plus grande afin que les divisions soient visibles, les quelles divisions marquent icy le mouuement de ces planetes de jour en jour, avec le commencement de quelques années, de mesme que dans l'autre planche ils sont marquez dans Saturne et Jupiter. Le soleil est icy au point.... 4) Scachant à quelque jour proposè le lieu d'une planete dans son Orbite, l'on trouvera par le moyen de ces planches son lieu apparent au ciel tant en Longitude qu'en latitude par la maniere suivante. L'on cherchera ou se trouue la terre en {==275==} {>>pagina-aanduiding<<} son orbite dans le même temps donnè, lequel lieu est celuy qu'indique le jour du mois dans cette orbite de la Terre. Puis on tournera la Planche jusqu'a ce que le bout d'un perpendicule qu'on aura pour cet usage, estant appliquè sur le lieu de la Terre le fil passe justement sur le lieu de la planete dans son Orbite. Et ayant arrestè la Planche dans cette position, on regardera sur quel degré de l'Ecliptique pend le perpendicule qui est attachè au centre de l'Ecliptique, lequel degrè sera celuy du lieu apparent de la planete qu'on cherche. Par exemple le premier de Janvier de l'an 1673, le lieu de Jupiter dans son Orbite estant ou est escrit le nombre 1673, l'on tournera la Planche jusqu'á ce qu'ayant mis le bout du perpendicule sur le commencement de Janvier dans l'orbite de la Terre le fil passe sur le point de 1673 dans l'orbite de Jupiter. Et la Planche estant arrestée en cet estat le perpendicule attachè au centre de la planche qui est celuy de l'Ecliptique marquera....degrez....en....qui sera le lieu de Jupiter au jour qui a estè proposè. La Latitude se trouve par le moyen des cercles pointez 5) qu'on voit qui entrecoupent les Orbites de chasque Planete, horsmis celle de la Terre, de qui l'Orbite est dans le plan de l'Ecliptique que la planche represente, au lieu que les Orbites des autres planetes s'en ecartent quelque peu par dessus, et par dessous. Pour trouver donc la latitude d'une Planete dont le lieu dans son Orbite est connu, l'on prend avec un compas la distance entre ce lieu et le lieu de la Terre dans son Orbite, marquè par le jour du mois; et on pose cette distance depuis le centre ou est attachè le fil le long du fil etendu vers quelque degrè de l'Ecliptique que l'on veut. Puis du point ou arrive l'autre pied du compas on dresse une ligne perpendiculaire sur le fil, égale à l'intervalle qui est entre le lieu de la planete dans son Orbite et son cercle de déclinaison à ce mesme endroit. Et enfin ayant tendu le fil par le bout de cette perpendiculaire vers l'Ecliptique l'arc qui sera compris entre le lieu qu'il indiquera et le degrè ou on l'avoit tendu du commencement sera la latitude visible de la planete que l'on cherche, laquelle latitude sera septentrionale si le cercle pointè passe en cet endroit en dedans de l'Orbite, mais meridionale s'il passe en dehors. L'on peut aussi, par le moyen des Ephemerides, trouver dans ces Planches le lieu des Planetes dans leur chemin. Il faut tourner la planche jusqu'a ce que le perpendicule attachè au centre passe sur le degrè de longitude dans l'Ecliptique marquè dans les Ephemerides au temps proposè. Puis ayant portè le bout d'un autre perpendicule sur le lieu ou estoit la Terre au mesme temps, on verra ou le fil {==276==} {>>pagina-aanduiding<<} de ce perpendicule coupe l'orbite de la planete, car ce sera là son lieu que l'on cherchait. Et il est a noter que d'autant plus proche que sera le lieu pris dans les Ephemerides de la conjonction ou de l'opposition de la planete au Soleil, d'autant plus precisement se trouvera par cette maniere le lieu veritable de la planete dans son Orbite. Et si l'on prend le temps de la conjonction ou opposition mesme, le Perpendicule qui marque le degrè de Longitude dans l'Ecliptique portè par les Ephemerides, marquera aussi son lieu dans son Orbite. L'on peut encore trouver facilement le lieu des Planetes dans leur Orbite par les Tables astronomiques, en se servant des centres du moyen mouvement, qui dans ces planches sont marquez par la lettre....en Saturne....en Jupiter....en Mars....en Venus....en Mercure. Car ayant calculè seulement le mouvement moyen depuis le commencement d'Aries, ce qui se fait par une simple addition, l'on tournera la planche, jusqu'a ce que le perpendicule du centre, marque ce degrè dans l'Ecliptique; apres quoy on posera le bout de l'autre perpendicule sur le centre du moyen mouvement de la planete, et l'on regardera ou le fil coupe son Orbite, ce qui donnera le lieu qu'elle y occupe. L'orbite de la Lune par laquelle elle chemine a l'entour de la Terre n'est point exprimée icy, non plus que celle des 4 compagnons de Jupiter, ni celles de 2 ou 3 compagnons qui environnent Saturne outre son anneau: a cause que ces orbites n'ont point de lieu stable, mais suivent tousjours la planete qu'elles accompagnent, outre que toutes ces planetes subalternes sont si proches de leur planetes principales, que leur petites orbites estant representees proportionellement dans ces planches ne seroient point ou a peine visibles. No 1937. Estienne à Christiaan Huygens. 13 mai 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. a Chartres ce 13 may 1673. Monsieur Je ne pouuois pas souhaitter des marques plus grandes de vótre souuenir que le present 1) que vous auez eu la bonté de me faire. Les Lettres que vous m'auiez {==277==} {>>pagina-aanduiding<<} enuoyées n'estoient que trop suffisantes pour m'engager a vous estre entierement obligé. J'ay deja leu vne partye de votre Liure quoyque Je ne l'aye receu qu'aujourdhuy: mais j'y remarque vne facilité et vne netteté si particuliere que bien loin d'estre gesné, je trouue qu'il m'engage de plus en plus. Ce qui fait bien voir, Monsieur, que vous auez esté le Maistre de cette matiere puisque pour lordinaire les ouurages de cette nature chagrinent et causent de la melancolie. Jl y a enuiron 15 jours que j'ay commandé vn Pendule suiuant la figure que vous m'en auiez autrefois enuoyée dans vos Lettres 2); quoy qu'il soit commencé, neantmoins Je suis resolu de ne le pas acheuer en ayant deja vn de cette façon, affin d'en faire faire vn de cette nouuelle maniere 3). J'y feray trauailler incessamment, pour faire connoistre dans nos quartiers par Experiances, que vos meditations ne sont pas moins justes qu'elles sont fortes et extraordinaires: puisque c'est le seul moyen, Monsieur, que Je puis auoir pour vous remercier de votre affection, ne me voyant point en estat de vous temoigner comme je le souhaitterois combien je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Estienne. No 1938. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 mai 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1932. Chr. Huygens y répondit par le No. 1945. A Londres le 8. May 1673. Voicy, Monsieur, les Transactions du mois d'Avril 1) je ne doubte pas, que vous n'ayez receu toutes mes dernieres lettres, particulierement celles du 7 et 14 2) Avril; celle du 7me contenant la responce 3) de Monsieur Newton à la vostre du 14me janvier. J'espere, que nous aurons bientost icy vostre Traité des Pen- {==278==} {>>pagina-aanduiding<<} dules, qui, à ce qu'on m'a dit, est achevé d'estre imprimé. Je crois, que vous aurez vû les petits traitez de Monsieur Boyle, nouuellement sortis de la presse 3); dont on a envoyé quelques Exemplaires à Paris. Vous ayant assez importuné cydevant des longes lettres, ie seray court icy, n'y adjoustant rien si non que ie demeure Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem a la Bibliotheque du roy à Paris. No 1939. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 17 mai 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 19 May 1673. J'ay tousjours regardè comme un bonheur parmi les malheurs de cette guerre, que le commerce des lettres a estè conservè. C'est pourquoy le voyant en danger d'estre aboli suivant les menaces de Monsieur de Louvois, fondees sur la prise d'un pacquet du messager ordinaire d'icy a Bommel, j'ay creu devoir adjouter mon intercession a celle que fait Monsieur Romf aupres de Monsieur le Prince et vous prier mon frere de procurer une prompte response, et telle qu'on l'attend de ce costè icy, aux plaintes qui ont estè faites au nom de Monsieur de Louvois. Monsieur Romf en a desia escrit et en escrit de nouveau a Mon Pere, et luy envoie copie des billets qu'il a receus a cette occasion. Et en voicy d'autres copies pour vous, afin que vous les ayez en mesme temps, si peut estre vons n'estiez pas a la Haye. Je vous prie ne negligez point cette affaire a fin que nous n'ayons pas le deplaisir d'en voir les fascheuses consequences. Il ne me vient guere de bonnes nouuelles de delà, mais j'aime encore mieux cela que de n'en recevoir aucunes. L'affaire du frere de S. Annalant selon les dernieres particularitez que {==279==} {>>pagina-aanduiding<<} Mon Pere m'en a escrit, semble prendre un tres mauvais plis 1). Je ne doute pas que vous n'aidiez autant que vous pouvez a detourner ce malheur et a vous opposer a ce pouuoir trop grand que des certaines gens ont aupres du maistre. Adieu. Je fais continuellement des souhaits pour la paix et qu'apres cela nous puissions nous revoir. A Monsieur Monsieur de Zeelhem A la No 1940. Christiaan Huygens à Leopoldo de Medicis. 22 mai 1673. La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. La lettre elle a été publiée dans les Lettere inedite di uomini illustri. Le Prince Léopold y répondit par le No. 1941. Serenissimo Principi Leopoldo de Hetruriâ. Serenissime Princeps Rogavi Illustrissimum D. de Gondy 1) ut cum primum commodum esset, mitteret ad Celsitudinem Tuam exemplum libri mei de Pendulorum motu, quem post diutinas moras, partim ab adversâ valetudine, partim alijs ex rebus ortas, absolvi denique et in lucem edidi. Hunc non tantum probari optem Celsitudini Tuae, sed et patrocinio ipsius maxime commendatum cupiam si quos forte iniquiores lectores illic terrarum experietur. Scio enim non deesse, qui ipsum quod trado Horologij {==280==} {>>pagina-aanduiding<<} oscillatorij inventum nobis adscribi nolint, inter quos Experimentorum Academiae Florentiae 2) scriptor 3) ita ad Galileum filiumque ejus illud refert 4), nostrosque conatus dissimulat ut non obscure plagij crimen mihi objecisse videatur. Optassem sane Celsitudinem Tuam pro affectu illo quo pridem nos nostraque prosequi dignata est, intercessisse ut ne illud fieret, cum certe bonam fidem a me non abesse, inventumque horologii istius typis descriptum 5) ad Celsitudinem Tuam me misisse constaret, priusquam ulla tentaminis Galileani fama vulgata esset. Nunc vero hoc saltem boni consulet spero, quod ijs quibus potui argumentis causam meam agere, suspicionemque adeo iniquam depellere conatus sum 6). Caeterum et de illo experimentorum libro rebus utilissimis, egregie subtiliterque excogitatis pleno et de eximijs Cl. Redij 7) opusculis maximas Tuae Celsitudini gratias ago 8), utque similibus benevolentiae suae testimonijs ubi occasio feret me beare pergat enixe rogatum cupio Serenissimae Celsitudinis Tuae Devotissimus Chr. Hugenius. Lutetiae Parisiorum 22 Maii 1673. {==281==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1941. Leopoldo de Medicis à Christiaan Huygens. 1673. La lettre a été publiée dans les Lettere inedite di uomini illustri 1). Elle est la réponse au No. 1940. Al Sig. Cristiano Ugenio. Coll' affetto mio consueto, con il quale considero la parzialità di V.S. verso di me, e la stima che giustemente fo della sua gran virtù e dottrina, io le rendo grazie del libro al solito degno di lei, che si è compiaciuta mandarmi, e visto in parte da me e da questi Intelligenti con estremo gusto ed ammirazione, godendo intanto sommamente di udire, che ella si sia liberata dalle sue indispozioni a segno che abbia potuto applicare ad arricchire la repubblica letteraria di nuove gemme erudite, parti del suo intelletto. Per quello che risguarda all' invenzione del pendolo con asserzione dettata da animo sincerissimo costantemente le affermo di credere mosso da un forte verisimile, che a notizia di V.S. non sia per alcun tempo venuto il concetto che souvenne ancore al nostro Galileo di adattare il pendolo all' oriolo 2); poichè ciò era a pochissimi noto, e l'istesso Galileo non aveva ridotto all' atto pratico cosa veruna di perfetto a tal conto, come si vede da quel poco che fu manipolato ed abbozzato dal figliuolo 3), e me rendo certo che quando V.S. avesse avuto alcuna notizia {==282==} {>>pagina-aanduiding<<} di questa cosa non avrebbe taciuto di saperla; perchè nella sfera delli eruditi si è ella acquistata il posto d'uno di quei lumi, che non hanno bisogno di mendicare {==283==} {>>pagina-aanduiding<<} la luce d'altronde, essendo ricca da se stessa dei propri splendori, in guisa di poterne diffondere in copia continuamente nei luoghi dove risplende maggiormente {==284==} {>>pagina-aanduiding<<} l'erudizione. Intanto mi si risveglia di nuove il desiderio di vedere altre degne opere di V.S., le quali già si compiacque accennarmi d'avere assai avanzate: ed {==285==} {>>pagina-aanduiding<<} avvisandole che il nostro Viviano sollevato anch' esso dalle sue indispozioni è in punto di mettere sotto il torchio un' opera geometrica 4) che spero debba riuscir di comune soddisfazione. {==286==} {>>pagina-aanduiding<<} Resto con augurarle con tutto l'animo perfetta salute ed ogni più desiderabile felicità. Il Card. Leopoldo. {==287==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1942. P. Perrault à Christiaan Huygens. [mai 1673]. La lettre forme la Préface du Traité sur l'Origine des Fontaines 1). Chr. Huygens y répondit par le No. 1944. Lettre de l'auteur à Mr. Huygens au sujet des experiences. Monsieur Depuis Vôtre départ 2) je n'ay songé à autre chose qu'à ce que vous m'avez dit touchant mon systeme de l'Origine des Fontaines, & quoi que je me sois rendu {==288==} {>>pagina-aanduiding<<} aux raisons sur lesquelles Vous avez fondé Vôtre Critique, il me reste pourtant de grands doutes qui me tiennent comme en suspens, & que je ne puis m'empêcher de Vous déclarer en attendant que je sois de retour à Paris pour en avoir la solution. La plus grande difficulté que Vous m'avez opposée, a été sur ce que je suppose dans la terre des effets semblables à ceux de la pompe, ausquels je donne pour cause principale l'attraction par la crainte du vuide; & aussi que par cette ressemblance de la pompe je fais élever des eaux à toutes sortes de hauteurs, quoi que je sache bien que l'attraction n'est pas recûë à present dans la Physique non plus que la crainte du vuide, & que l'on soûtient que la pompe ne peut élever de l'eau que jusques à la hauteur de 32 ou 33 piés; surquoi Vous m'avez representé que ce n'est pas sans de bonnes raisons que l'on nie l'attraction & la crainte du vuide, & que c'est sur de bonnes experiences aussi qu'on est assuré de ce terme de l'élevation d'eau dans la pompe qui ne se fait que par la pesanteur de l'air qui pressant la surface de l'eau où est posée la pompe y fait monter cette eau, lors qu'en levant le piston on lui fait place pour y entrer, & qu'enfin elle n'y monte que jusques à ce qu'elle ait pris un équilibre avec la pesanteur de l'air, ce qu'elle fait quand elle est parvenuë à la hauteur de 32 ou 33 piés, & après quoi elle demeure en repos. Lesquelles experiences se faisant & se continuant tous les jours avec un succès toûjours pareil, il n'y a pas lieu de reclamer à l'encontre. Sur quoi je Vous dirai franchement, que je ne demeure pas tout-à-fait d'accord de ces deux propositions generales comme elles sont, non plus que des conclusions generales que l'on tire de beaucoup d'autres experiences. Car quelques experiences que l'on puisse faire, l'on ne peut s'y arrester seurement, si le jugement & les sens tout ensemble ne s'y accordent: les sens se trompent souvent quand ils agissent seuls, & le jugement se méprend aussi quelquefois si les sens ne le redressent. Les sens nous disent qu'un bâton droit mis moitié dans l'eau est rompu, & le jugement nous assure du contraire. Le jugement nous a dit jusqu'à present que l'air étoit leger, & depuis quelque temps les sens nous ont découvert qu'il est pesant, par plusieurs nouvelles experiences qui en ont été faites: mais quelles que soient toutes les experiences que l'on sçauroit faire, & quelque sujet que puissent avoir les sens & le jugement tout ensemble d'être satisfaits, je tiens que toute la consequence que l'on en peut tirer, est que la chose se fait aussi avec telles & telles machines, de {==289==} {>>pagina-aanduiding<<} telle grandeur, de telle matiere, en tel lieu, &c. sans qu'il y ait lieu d'assigner une cause plûtôt qu'une autre à l'effet qui aura été découvert par cette experience, & sans que l'on soit obligé de croire, par exemple, que l'eau qui monte dans une pompe y est plûtôt poussée par la pesanteur de l'air, qu'elle n'y est attirée par attraction, ou par la crainte du vuide. Car si je vois que cette eau, lors qu'elle est parvenue jusques à trente-deux piés d'élevation, s'arrête sans qu'on la puisse faire monter plus haut comme l'on dit, pourquoi faudrat-il que je croye que ce terme de 32 piés est celui de l'équilibre qu'elle a avec l'air, sans que je puisse croire qu'il y ait encore une autre cause de cet arrêt? Et pourquoi ne me serat-il pas permis de douter que si l'experience se faisoit avec d'autres machines, plus grandes, d'une autre proportion, & d'une autre matiere, ou autrement, la chose se feroit d'une autre sorte? Il est certain que dans la Nature, il ne se produit aucun effet par une seule cause, & qu'au contraire il n'y en a point qui n'en reconnoisse plusieurs, dont les unes sont particulieres aux choses sur lesquelles les effets se produisent, & les autres y sont étrangeres & viennent de dehors, & concourent neanmoins à la production de leurs effets. La chaleur du feu n'est pas la seule cause de l'embrasement du bois, il faut qu'il y ait dans le bois une disposition à être brûlé, il faut qu'il soit sec jusqu'à un certain degré, & il faut que ce bois soit dans un lieu & dans une distance proportionnée pour cela: il faut aussi qu'il y ait de l'air à l'entour du bois qui sera libre, & non pas reserré ou enfermé. Ainsi l'embrasement du bois aura cinq causes entre autres, toutes differentes, dont l'une est étrangere au bois, comme la chaleur du feu, l'autre lui est propre comme sa disposition naturelle à être brûlé, & les trois autres sont communes & au bois & au feu; & quoi que la chaleur du feu semble être la seule cause de l'embrasement du bois pource que l'effet lui ressemble, neanmoins il ne se feroit aucun embrasement si une seule de ces cinq causes manquoit. Par cet exemple, quand je verrai monter l'eau dans la pompe contre son inclination naturelle, il faudra bien que j'avouë que cela se fait, mais en même tems je pourrai songer qu'il y aura plusieurs causes qui contribuent à cet effet: je croirai si l'on veut que la pesanteur de l'air y agit beaucoup, rien ne m'empechera aussi de croire que la crainte du vuide y a sa part, & que si l'on y avoit bien pensé, l'on y en trouveroit beaucoup d'autres qui viendroient du côté de l'eau, des materiaux, de la forme de la machine, de sa proportion, &c. Mais de me determiner à la seule pesanteur de l'air, & d'exclure toutes autres causes il y auroit ce me semble de la temerité. Quand je verrai aussi l'empechement qui se rencontre à lever l'eau au delà des 32 piés, pourquoi génerai-je mon jugement jusques-là que d'en attribuer la cause au seul équilibre de l'air? Et pourquoi ne pourrai-je pas m'imaginer qu'il y a quelque qualité dans l'eau que je ne connois pas qui contribuë à cet enpechement, & que la machine peut pecher en proportion ou en force de materiaux? Ainsi tout ce que je pourrai conclure, si l'on veut que j'attribue la {==290==} {>>pagina-aanduiding<<} cause de cet effet au seul équilibre de l'air, sera, que cela semble vrai avec cette machine, mais de m'obliger à tirer une consequence generale, & par là faire comparaison de nos forces avec celles de tout l'univers, & de nôtre adresse & justesse avec celle dont la Nature se sert en toutes choses, & en même tems sur le foible & imparfait temoignage de mes sens tenir mon jugement en contrainte, jusques à l'empecher de raisonner & de faire les reflexions dont il est capable, c'est où je ne voi nulle apparence. L'on sait assez que les machines n'ont pas toûjours un semblable succes quand elles sont executées en grand ou en petit, & que les proportions sont également difficiles à garder en l'un & l'autre; cependant il n'y a presque que cette proportion qui produise les effets desirez. Les enfants poussent des pois avec violence dans des sarbacannes quand elles ont deux ou trois piés de longueur, & ils ne le font pas si facilement ni avec un pareil succes quand elles en ont vint-cinq ou trente; ou quand elles ne sont longues que de cinq ou six pouces. Il en est de même d'un canon ou coulevrine, qui pousseront un boulet avec grande force & fort loin, quand ils auront cette longueur de vint-cinq ou trente piés, & qui ne le feroient pas s'ils en avoient 50 ou 60, ou qu'ils n'en eussent que deux ou trois. Ce qui cause ces differences c'est que la proportion du calibre avec la longueur de ces machines n'est pas gardée. L'on peut encore donner un autre exemple pour faire voir la necessité de la proportion dans les machines. Une flûte ou tuyau d'orgue, plus il est long, plus il sonne & parle d'un ton bas, aussi est-ce en l'alongeant & en l'accourcissant que l'on l'accorde avec les autres; cependant on le pourroit faire d'une telle longueur qu'il ne rendroit aucun son, quand même on lui donneroit le vent le plus violent que l'on peut. Ce defaut ne viendroit ni de la matiere, ni de la forme de la machine, mais seulement de la proportion qui ne seroit pas gardée entre sa longueur & son calibre, parce qu'en retranchant petit à petit de cette longueur excessive, & s'approchant ainsi de la proportion qu'il doit avoir avec son calibre, il commencera à sonner un peu, puis davantage; & enfin étant parvenu à sa juste proportion il rendra un son agreable & naturel, ni trop doux ni trop fort; mais si vous continuez de l'accourcir, le son en deviendra aigu, & même à la fin il sera difficile de le faire parler. Si l'on n'avoit point fait de tuyaux d'orgue d'une longueur excessive, & qu'on se fût contenté de ce premier principe de plus ou moins long, l'on tireroit une conclusion generale qu'en alongeant un tuyau à l'infini, on lui feroit prendre un ton bas à l'infini, ce qui n'est point vrai. Il paroit donc que la proportion est absolument necessaire dans les machines pour leur faire produire les effets desirez; & il est pareillement évident que l'on ne peut pas tirer des consequences generales de beaucoup d'experiences que l'on fait, & que tout ce que l'on en peut apprendre, est seulement que ce qu'elles nous font voir, se peut faire avec les machines, les instrumens, & les materiaux dont nous nous sommes servis; & en même tems nous faire craindre qu'en les faisant {==291==} {>>pagina-aanduiding<<} avec d'autres machines & d'une autre proportion, ou avec d'autres instrumens, d'autres materiaux & d'autres circonstances, elles n'aient un autre effet. Que savons-nous si des gens d'esprit qui viendront après nous, instruits & éclairez par les choses dont nous leur aurons laissé des memoires, n'iront point au delà de ce que nous savons, autant que nous avons été au delà de ce qu'a sceu l'antiquité? Et de même que nous avons inventé un grand nombre d'instrumens pour l'Astronomie & pour les Mechaniques, ils n'en inventent aussi d'autres, ou n'ajoûtent quelque chose à la perfection de ceux que nous avons, & qu'avec ces nouveaux secours ils ne fassent des découvertes de choses à quoi nous n'aurons point pensé, & lesquelles renverseront beaucoup de maximes que nous tenons pour très-assurées? Vous-même, Monsieur, n'avez-Vous pas découvert depuis peu 3), que le Siphon quoi que placé dans un recipient vuide d'air, ne laisse pas de tirer l'eau par dessus les bords du vaisseau où est mise la plus courte de ses jambes, de même qu'il fait en plein air; & que deux plaques de metail polies, jointes ensemble, ne laissent pas de tenir l'une à l'autre dans ce même vaisseau vuide d'air; & pourtant ces deux effets sont attribuez à la pesanteur de l'air! Monsieur Paschal dans son Traité de l'équilibre des liqueurs 4), ce me semble, l'assure, & designe même le poids avec lequel l'on peut faire déprendre ces deux plaques de metail selon leur volume & grandeur de superficie: & cela a été crû jusqu'à present que Vous avez fait voir qu'il doit y avoir encore d'autres raisons à considerer que celle-là dans l'effet du Siphon & de l'union & attachement des corps polis ensemble. N'a-t-on pas encore decouvert que le Mercure, qui dans un canal fermé par en haut & plongé par en bas dans d'autre Mercure, descendoit jusques à la hauteur de 27 ou 28 pouces, qui est l'équilibre qu'on dit qu'il prend avec l'air, se soûtient pourtant quelquefois jusques à la hauteur de 75 pouces: ce que Monsieur Paschal n'a point connu, n'ayant fondé toute son experience pour la pesanteur de l'air, laquelle il appelle sa grande experience, que sur cette hauteur de 27 ou 28 pouces. Tant qu'on a ignoré que cette hauteur pouvoit aller jusques à 75 pouces, l'on disoit que les 27 ou 28 pouces étoient l'équilibre du poids du Mercure avec celui de l'Air, de même que l'on dit que les 32 piês le sont de celui de l'eau avec l'air dans la pompe, dont on avoit fait une regle generale: mais à present que l'on a fait l'experience de ce Mercure, peut être d'une autre maniere & avec d'autres circonstances, l'on ne trouve plus que ce pretendu équilibre ait une regle assurée; car il ne va quelquefois que jusques à 34 pouces, d'autres à 52 d'autres à 55 & si l'on avoit fait la même chose pour l'élevation de l'eau dans la pompe, peut-être que ces 32 piés iroient jusques à cent & au delà, Mais on a eu tant de joye d'avoir trouvé que l'air est pesant, après que tant de Philosophes ont dit durant tant de siécles qu'il étoit {==292==} {>>pagina-aanduiding<<} leger, qu'on veut attribuer à cette pesanteur de l'air la plûpart des effets dont nous ignorons les causes. Il est certain qu'il y a lieu de louër beaucoup ceux qui les premiers ont fait les experiences dont nous parlons, & qui n'ont pas voulu se rapporter entierement au jugement des Anciens, & soûcrire aveuglément à leurs opinions sur beaucoup de choses: car comme l'on dit que la défiance est la mere de la sureté, ces experiences étant par maniere de dire une défiance des opinions des Anciens, il en est resulté des assurances de beaucoup de choses dont on pouvoit douter raisonnablement. Mais si ces experiences nous ont fait douter de tant de choses dont auparavant nous étions, ce nous sembloit, bien assurez, elles devroient nous mettre en de plus grands doutes sur beaucoup de choses que nous croyons presentement bien certaines, & nous faire craindre que quelque jour la posterité ne nous le rende, & ne se mocque de nôtre Philosophie de même que nous nous mocquons de celle de l'antiquité. Mais revenons a nôtre sujet, lors qu'ayant fait une ouverture à un tonneau rempli de vin ou d'une autre liqueur, ce vin ou cette liqueur ne sortent point si le vaisseau est bien fermé par tout ailleurs, l'on dit que la cause de cet évenement est la pesanteur de l'air qui pour être plus grande que celle de la liqueur enfermée dans ce vaisseau l'empeche de sortir, l'air se tenant à cette ouverture de même que si c'étoit une piece de bois, ou d'une autre matiere bien solide que l'on y auroit mise. L'on en dit autant de ce tuyau rempli de Mercure dont je viens de parler, lequel encore même qu'il soit tiré hors du Mercure où il trempe, ne laisse pas de le soûtenir suspendu en l'air jusques à la hauteur de 75 pouces. Si c'en est là la raison, il y a ce me semble de quoi s'étonner comment l'air, qui est composé d'une infinité de parties dêjointes & separées & toûjours en mouvement qui font un corps si mol & si aisé à percer, & qui cede à tout avec tant de facilité, ne céde point à la pesanteur de cette liqueur & de ce Mercure, & à leurs parties qui sont bien plus solides & qui n'obeïssent pas si facilement; & comment cette liqueur & ce Mercure qui ont beaucoup de pesanteur ne trouvent pas le moyen de percer avec leurs parties solides, & qui sont toûjours en mouvement, celles de l'air qui n'ont pas tant de solidité, & qui d'ailleurs sont si disposées à ceder & à faire place à ce qui est plus solide qu'elle. Ne devroit-il pas du moins arriver alors, ce qui arrive dans de certains verres à boire qui ont en bas une grosse boule, dans laquelle par une ouverture très-petite, le vin qu'on y fait entrer en sort quand on a mis de l'eau dans le verre, & passe au travers de toute cette eau sans qu'il se mêle avec elle, jusques à ce qu'il soit parvenu au dessus, où on le voit nager comme feroit de l'huile, pendant que l'eau prend dans cette boule la place que le vin y occupoit. Tout cela se fait par cette petite ouverture par où l'un & l'autre passent en même tems sans se mêler, l'un en montant & l'autre en descendant, comme s'ils passoient chacun par un tuyau ou canal separé, avec un acquiescement reciproque qu'ils se donnent l'un {==293==} {>>pagina-aanduiding<<} à l'autre, le plus fort donnant passage au plus foible au travers de ses parties, quoi que plus solides, afin qu'il lui fasse place & lui livre le lieu où il veut se mettre, à cause qu'il est le plus fort & le plus pesant. Si l'eau vouloit faire dans ce verre comme l'air fait à ce tonneau, & se tenir opiniatrement à l'ouverture de la boule de ce verre, le vin ne pourroit se mettre en la place de l'eau & demeureroit immobile à ce passage. Pourquoi, s'il n'étoit question que de pesanteur plus ou moins grande, l'air n'en feroit-il pas autant avec la liqueur enfermée dans ce muid, que l'eau en fait dans ce verre avec le vin de la boule, car alors l'air est plus pesant que la liqueur, de même que l'eau dans le verre est plus pesante que le vin qui est dans la boule, & pourquoi de concert ensemble l'un n'entreroit il pas dans ce tonneau au même temps que l'autre en sortiroit? L'on me pourra dire que l'air perd sa continuité dans un corps liquide, où il se met en parties rondes qu'on appelle bulles, & qu'un corps liquide fait aussi le semblable quand il est dans l'air où il se met aussi en parties rondes qu'on nomme gouttes, & que cela étant de la sorte il n'y a pas lieu d'atendre que ces deux corps ainsi divisez & entrecoupez comme ils le seroient puissent s'ajuster si bien dans cette ouverture qui est petite, qu'au même tems que l'un entreroit en bulles dans ce muid, l'autre en sortiroit en gouttes, ou bien que s'il faut que l'un entre avant que l'autre sorte, ou que l'un sorte avant que l'autre entre; il n'y a point de raison pourquoi l'un entrera avant l'autre. Mais cette raison ne satisfait pas: car si l'air & cette liqueur se divisent comme l'on vient de dire, & que cela soit la cause de cet empechement, le vin & l'eau de ce verre auroient autant de raison pour ne passer pas, puis que le vin & l'eau se divisent aussi-bien que l'air & la liqueur quand ils sont l'un dans l'autre, & d'une maniere encore plus considerable: car ils se mêlent l'un avec l'autre quand ils se touchent & cela avec une très-grande facilité, comme étant une chose qui leur est naturelle: & neanmoins l'un & l'autre dans ce passage renoncent à cette naturelle disposition à se mêler pour se conserver chacun uni à soi-même. L'air & la liqueur pourroient en faire autant l'un à l'égard de l'autre, & quitter leur disposition naturelle à devenir bulles & gouttes, de mêmes que le vin & l'eau quittent leur disposition naturelle à se mêler pour entrer dans ce muid ou pour en sortir: car l'un & l'autre peuvent s'alonger, & mettre leurs parties de suite l'une à l'autre sans interruption en une maniere très-déliée, comme quand ils passent dans des canaux étroits, & se faire l'un dans l'autre une maniere de canal dans lequel ils passeroient en même tems dans l'air & dans ce muid, comme font l'eau & le vin dans cette boule & dans ce verre. Ceux qui n'ont point connoissance de cette chose ont de la peine à la croire; & si on leur en faisoit la proposition sans en avoir l'experience prête, ils la nieroient, & la tiendroient pour absurde, à cause de l'experience qu'ils auroient, que le vin se mêle & se dissipe dans l'eau. Ce que je viens de dire me donne occasion de faire une autre remarque, qui est l'erreur, je l'ose appeller ainsi, où je voi que sont ceux qui s'attachent si fort aux experiences. Ils ne veulent rien croire si l'experience ne s'en peut faire devant {==294==} {>>pagina-aanduiding<<} eux, & cependant on n'en peut pas faire de beaucoup de choses que l'on connoit. Si ces gens-là ne sauoient point que les métaux & les pierres mêmes se peuvent fondre, & que l'eau se peut glacer; & que l'on vint leur dire que l'on peut rendre le cuivre liquide & coulant comme de l'eau, & l'eau dure & solide comme de la pierre, ils demanderoient incontinent d'en voir l'experience; & comme l'on ne pourroit pas la faire à l'égard de l'eau, (je suppose qu'il n'y eut point de glace alors avec laquelle l'on pût faire geler de l'eau) ils nieroient que l'eau se peut durcir, & l'on auroit beau leur dire qu'on auroit veu de la glace, & qu'ils sont obligez de croire au rapport des témoins suffisans; ils n'y ajoûteroient point de foi, & diroient que quand ils croient les experiences faites par d'autres, c'est qu'il ne tient qu'à eux de les verifier. Quand ils raisonnent de la sorte ils croient avoir d'autant plus de raison qu'on leur a fait l'experience de la fluidité du cuivre, par laquelle ils voient que leur maxime generale de ne rien croire sans experience est davantage confirmée; & quoi qu'ils raisonnassent apparemment bien, ils seroient pourtant dans l'erreur: mais ils ne raisonneroient pas moins bien s'ils songeoient que si l'on a pu faire l'experience du premier, c'est que l'on a eu tout ce qui étoit necessaire pour cela, & que si l'on ne l'a pu faire du second, c'est que l'on a manqué ou de materiaux, ou d'instrumens, ou de lieux propres, ou d'autres choses. Et l'on peut dire que c'est avec quelque temerité que l'on tire des experiences, les deux conclusions generales dont je viens de parler, l'une que telle chose est à cause de quelque experience qui en a été faite, l'autre que telle chose n'est pas à cause qu'il n'en a pu estre fait d'experience: car quelque bonnes & utiles que soient les experiences, il n'y a pas lieu de s'y attacher si fortement qu'on soit obligé de croire tout ce que l'on croit voir par elles, & de ne rien croire que ce qui se voit par elles, & encore moins d'en tirer des consequences par lesquelles nous deussions en assigner les causes à de certaines choses plûtot qu'à d'autres, puis qu'il est si difficile de les connoître toutes & si perilleux d'en faire le choix. Mais sur tout il faut se défier de soi-même, & craindre que l'amour de la nouveauté & celui que nous avons naturellement pour nos sentimens ne nous empeche de juger sans passion: car en s'obstinant si fort à attribuer par exemple la cause de l'élevation de l'eau dans la pompe à la seule pesanteur de l'air, sans y vouloir admettre aucune autre cause; on fait voir plus d'affectation que de jugement, & l'on donne à connoitre que tout ce que l'on fait d'experiences est plûtôt pour le prouver que pour en découvrir la verité comme j'ai dit. Quand je voudrai me mettre dans l'esprit qu'il m'est indifferent que l'eau de la pompe y monte, ou par la pesanteur de l'air ou par la crainte du vuide, ou par une autre cause, ou par toutes celles-là ensemble; je ferai comme vous avez fait, Monsieur, j'examinerai avec un esprit degagé & non prévenu toutes sortes de raisons, je ferai des experiences de toutes les manieres que je pourrai, avec toutes sortes d'instrumens, de machines & de materiaux; & dans la défiance ou je voi que je dois être d'être trompé par mes sens, par mon jugement, par ma propre foiblesse & petitesse, par celle {==295==} {>>pagina-aanduiding<<} des materiaux, & par celle des machines que je suis capable de mouvoir; je craindrai toûjours d'être trompé; plus je croirai voir clair, plus je me défierai & craindrai d'être ébloui par les choses nouvelles que je croirai découvrir qui n'avoient point été connuës auparavant: Mais si je veux passer pour celui qui aura trouvé le premier que l'air est pesant, & qui en aura donné quelque je preuves par des experiences jusques alors inconnuës; il est certain que je ferai tout ce que pourrai pour accorder toutes choses à mon dessein; & que si en travaillant j'en rencontre quelqu'une qui y soit tant soit peu contraire, je l'abandonnerai & ne voudrai pas même m'en faire l'objection, pour ne pas ruiner ma proposition ni donner la moindre atteinte à ce que j'aurai vouln établir comme premier inventeur. Quant à la seconde difficulté que Vous m'avez faite, Monsieur, qui est qu'il ne se fait point d'attraction dans la Nature par la crainte du vuide ou autrement, & que tous les mouvemens s'y font par impulsion du plus fort & du plus pesant, sur le plus foible & le plus leger; il semble d'abord que cette proposition soit plus recevable & mieux fondée: car rien ne se faisant dans la Nature par miracle, il faut que tous les mouvemens se fassent par des principes de Mechanique. Je ne laisse pas neanmoins de trouver cette proposition hardie, & de m'étonner comment l'on entreprend de parler de choses que l'on ne connoit point. Sait-on ce que c'est que fort & pesant? (car le foible & le leger ne sont que le moins fort & le moins pesant) sait-on comment le fort agit contre quelque chose? & ce que c'est que force? d'où le fort prend cette force, & surquoi il s'appuye pour pousser un moins fort que lui; seroit-ce sur un autre plus fort? cela iroit à l'infini. Saiton ce que c'est que pesanteur? comment le pesant agit sur le moins pesant? & d'où il prend sa pesanteur? ce ne peut pas être d'une autre chose plus pesante, ce seroit pareillement aller à l'infini; & nous voyons d'ailleurs que souvent les choses de plus grand volume pesent moins que celles d'un plus petit, ce qui seroit contraire aux principes de Mechanique, pource qu'un corps de petit volume donnant moins de prise sur lui pour être poussé, devroit recevoir moins de force & peser moins. Mais quand on sauroit tout cela, sait-on comment la pierre d'aimant agit quand elle fait venir à elle le fer? voit-on quelque chose qui pousse le fer avec force? ou que quelque chose de plus pesant que lui le fasse avancer? Et quand cela seroit, comment est-ce que l'aimant feroit mouvoir ce fort & ce pesant pour les faire agir, puis qu'il ne touche à rien, du moins qui soit visible ou reconnoissable par nos sens, comment cet aimant communique-t-il sa vertu attractive au fer pour en attirer d'autre comme lui? Comment le diamant, l'ambre, la gomme lacque & le soufre, & tant d'autres choses fort communes attirent-elles d'autres corps éloignez & les retiennent, & quelquefois les chassent après les avoir attirez comme font la gomme lacque & le soufre dont je viens de parler, dont est composé ce qu'on appelle cire d'Espagne? tout cela ne se fait point ce me semble par impulsion d'un plus fort, ni par le poids d'un plus pesant, du moins leur action se fait sans attouchement. Comment les odeurs se communiquent-elles? & comment les choses à qui elles {==296==} {>>pagina-aanduiding<<} ont été communiquées les communiquent-elles encore à d'autres? Comment se peut comprendre la seve qui monte aux arbres? peut-on dire que ce soit la pesanteur de l'air qui la fait monter entre l'écorce & le bois, comme dans une pompe? il faudroit pour cela qu'il y eût un reservoir de seve dans lequel seroit le pied de l'arbre; & quand bien il y en auroit, cette seve ne devroit monter que jusques à trente deux piés de haut, & il y a des arbres qui en ont plus de six-vingts. Comment est ce que l'on comprend que les vapeurs de la Terre, sans qu'il fasse aucun vent, s'élevent dans l'air qui est plus leger & plus foible qu'elles; car ces vapeurs sont de l'eau toute formée, dispersee en gouttes imperceptibles & qui ont une solidité plus grande que n'est celle de l'air puis qu'elles arrétent la lumiere du Soleil & font ombre sur la Terre, & même sont capables de recevoir la clarté & de la refléchir, & de faire voir des couleurs de même que peut faire l'eau étant en son lieu, ce que l'air ne fait point; cependant ces vapeurs, sans que cet air soit agité & même dans sa plus grande tranquilité & bonace, ne laissent pas de s'élever comme l'on voit assez souvent. Combien se fait-il de choses dans le corps des animaux qui semblent ne pouvoir être attribuées qu'à quelque puissance attractive? Après toutes ces reflexions l'on n'a point d'autre raison pour nier l'attraction par la crainte du vuide, sinon en disant, à l'égard de la crainte du vuide, qu'il est hors de propos d'admettre des aversions dans des choses inanimées qui n'en peuvent pas estre capables: à quoi je répons que ceux qui parlent ainsi ne laissent pas de dire dans l'occasion, que la vie a horreur de la mort, que le feu & l'eau sont ennemis; ils disent aussi quand ils parlent des animaux, qui au sentiment de Descartes, ne sont que des machines composées de choses inanimées incapables d'aucunes passions, qu'ils ont des amitiez & des aversions, & que les chiens aiment les hommes, que les moutons craignent les loups, les souris les chats, &c. Et à l'égard de l'attraction ils disent, qu'il n'y a nulle apparence de l'admettre dans la Nature quand on voit que cette Nature n'a ni crochets ni cordes pour attirer; & moi je dis je ne voi point aussi qu'elle ait de bras, de mains, de piés pour pousser les corps forts & les corps pesans comme elle fait. Je pourrois faire beaucoup d'autres remarques sur cette difficulté, à quoi il seroit difficile de donner une solution valable avec ces deux principes de pesanteur d'air & d'impulsion du plus fort: Ainsi je croi que je puis dire sur le premier, que les experiences ne donnent point de décisions generales, & que le plus souvent elles ne prouvent rien davantage, sinon que ce qu'elles sont voir se peut faire; & sur la seconde maxime, que les principes du mouvement n'étant pas connus il n'y a pas lieu de rejetter absolument l'attraction pour n'admettre que la seule impulsion; & que c'est beaucoup se hazarder que de décider aussi précisément que l'on fait de la cause du mouvement, & cela d'autant plus que j'ai remarqué qu'il y a des mouvemens qu'on ne peut pas vraisemblabement attribuer au fort & au pesant, puis qu'on ne voit en eux aucunes marques d'impulsion. Voila, Monsieur, à peu près ce que je pense sur ces deux difficultez, resolu {==297==} {>>pagina-aanduiding<<} neanmoins de suivre ce que Vous en ordonnerez, après que Vous Vous serez Vousmême resolu sur l'incertitude où je croi que Vous ont mis les experiences que vous avez faitez du Siphon 5), & des deux plaques de metail: Cependant à tout hazard je n'ai pas voulu aller contre ces deux maximes dans la suite de mon Traité des Fontaines; & pour ne pas même tomber dans quelque occasion de contestation, j'ai quitté les expediens que j'avois trouvez dans la ressemblance de la pompe pour soûtenir mon systeme; Je fais état de Vous presenter ce Traité après que je l'aurai revû, je suis, Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Perrault. A ** le dernier de juillet 1672. No 1943. P. Perrault à Christiaan Huygens. Appendice au No. 1942. La lettre forme la dédicace du Traité de l'Origine des Fontaines. A Monsieur Monsieur Christian Huygens de Zuylichem. Monsieur. Quoi que je Vous aye dédié ce petit ouvrage des sa naissance & des le moment même de sa conception, je pourroi, pourtant changer d'avis à present, puis que j'ai changé la resolution où j'étois alors de ne le pas rendre public. Ma pensée qui étoit excusable en ce tems-là où la chose se passoit seulement entre nous, pourroit ne l'être plus en celui-ci où j'y appelle tant de témoins; & l'intention que j'ai toûjours euë de Vous honorer, pourroit dans la suite n'avoir pas l'effet que je desire. Je sai, Monsieur, quel est l'avantage qui me peut revenir en mettant un Nom aussi Illustre que le Vôtre à la tête de mon livre; mais je ne voudrois pas dans l'incertitude du succes, que cela Vous pût causer le regret d'avoir accepté une chose de si peu de valeur; je ne voudrois pas non plus par là Vous engager à sa défense, puis que je la veux bien abandonner moi-même. Mais toutes ces considerations ne sauroient me détourner de mon premier dessein qui n'est autre chose que de Vous donner en cette rencontre quelque marque de ma reconnoissance pour l'amitié que {==298==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous m'avez toûjours fait paroître. Je veux en rendre ici un témoignage qui soit public, de même que je veux que tout le monde sache que je suis & que Vous voulez bien que je me dise, Monsieur, Vostre tres-humble & tres-obeissant seruiteur P. Perrault. No 1944. Christiaan Huygens à Pierre Perrault. [1673] 1). Le minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 2). Le lettre est la réponse au No. 1942. Sur la préface de M. Perrault de son traitè de l'Origine des fontaines. Que je ne crois pas que nous scachions rien très certainement mais tout vraisemblablement, et qu'il y a des degrez de vraisemblance qui sont fort differents, et quelques uns comme 100000 contre 1. comme dans les démonstrations géometriques, qu'elles peuvent être fausses mais qu'il y en a qui ont estè si souvent et si longtemps estè examinées qu'il n'y a presque point de raison d'en suspecter la veritè et de celles surtout qui sont courtes. Que la cause de la pompe et du siphon est avec une très grande vraisemblance attribuée à la pesanteur de l'air et a son ressort. Parce que cette action de la pesanteur de l'air se manifeste dans cent expériences. Vous direz que c'est encore la question en celles cy, si c'est la pesanteur ou autre chose. Je respons que dans les choses de physique il n'y a pas d'autres demonstration[s] que dans le dechiffrement d'une lettre. Ou ayant fait des suppositions sur quelques legeres conjectures, si l'on trouve qu'elles se verifient en suite, de sorte que suivant ces suppositions de lettres on trouve des paroles bien suivies dans la lettre, on tient d'une certitude tres grande que les suppositions sont vraies, quoy qu'il n'y ait pas autrement de demonstration, et qu'il ne soit pas impossible qu'on n'en puisse y avoir d'autres plus véritables. {==299==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous dites que ce qu'on peut attribuer a la pesanteur de l'air pourroit venir de telle ou telle proportion de grosseur de tuyau. mais cela paroit au contraire parce qu'on trouve tousjours la mesme hauteur avec toute sorte de grosseur et matiere de tuyau. Et pour faire voir qu'il en est de mesme icy qu'au dechiffrement d'une lettre, c'est qu'apres avoir supposè le principe de la pesanteur de l'air pour cause de l'élevation limitée de l'eau dans les pompes, on s'est allè imaginer en suite d'autres consequences de cette hypothese et des experiences pour voir si elles se trouveroient conformes aux conclusions qu'on avoit formées, comme icy l'on a dit si c'est la pesanteur de l'air qui soustient l'eau a la hauteur de 31 pieds, cette mesme pesanteur de l'air ne pourra donc soustenir que 27½ pouces de mercure puisque cette hauteur de mercure pese autant que 31 pieds d'eau dans des cylindres de mesme diametre. L'on en a fait l'experience et l'on a trouvè justement que la chose reussissoit de la sorte. L'on a preveu de mesme que supposè ce poids de l'air quelle force seroit requise pour tirer un piston du fond d'un tuyau fermè par en bas et l'on a trouvè justement qu'il faloit un poids pour cela qui égaloit la pesanteur d'un cylindre d'eau de 31 pieds qui fut de la mesme grosseur que celle du tuyau. L'on a raisonnè encore, devant que faire l'experience, que montant sur quelque haute montagne et mesme sur des clochers la pesanteur de l'air y devoit estre moindre qu'au pied de l'un et de l'autre, et que par consequent cette pesanteur ne pourroit equilibrer une hauteur de mercure de 27½ pouces, mais qu'elle devoit estre moindre et cela s'est encore trouuè estre véritable par l'essay qu'on en a fait, et que je fais quand je veux avec le baromètre dernier de ma facon 3) en le portant seulement de ma chambre jusqu'en bas. Et enfin l'on a trouuè le poids de l'air par la balance, en pesant une mesme phiole tantost pleine d'air et tantost vuide, et l'on a vu qu'un pied cube d'air pese environ une once, quoyque cela varie un peu suivant la chaleur du temps et les differentes pressions que marque le barometre. Apres toutes ces experiences et une insinitè d'autres qui conviennent toutes a l'hypothese, il est raisonnable de tenir qu'elle est dans un haut degrè de vraisemblance. Car comment pourra-t-on encore nier, qu'apres avoir trouvè par la balance que l'air a de la pesanteur qu'il ne presse par ce poids les corps sur les quels il appuie. Il est vray que les experiences que je fis il y a quelque temps, du siphon qui fait son effect dans le vaisseau vuide d'air 4), et de placques qui y demeurent attachées ensemble, vous fournissent une objection tres considerable contre l'effect que nous attribuons à la pression de l'air mais quand on ne scauroit rendre d'autre raison de ce phenomene, ce n'est pas a dire que la premiere hypothese soit fausse pour cela. Car cela peut venir de notre peu d'intelligence que nous ne scachions pas encore cette autre cause. Et il me semble qu'il est en cecy de mesme, que si dans la lettre a dechiffrer l'on trouvait quelque ligne qu'on ne pourroit point expliquer par l'alpha- {==300==} {>>pagina-aanduiding<<} bet qu'on se seroit formè, et qui satisferoit a tout le reste de la lettre. car cela ne nous feroit par rejetter nostre alphabet supposè, comme faux, mais nous induiroit plustost a croire qu'il y auroit encore un chiffre particulier pour cette ligne non entendue, que l'on pourroit trouver peut estre en faisant encore de nouvelles suppositions. J'ai fait ainsi en effect en ce qui regarde la difficultè de ces phenomenes, et je me suis imaginè de causes pour cela qui me satisfont assez bien sans qu'elles detruisent aucunement celle qui depend de la pression de l'air. Qu'en matiere de physique il n'y a pas de demonstrations certaines, et qu'on ne peut scavoir les causes que par les effects en faisant des suppositions fondees sur quelques experiences ou phenomenes connus, et essayant ensuite si d'autres effects s'accordent avec ces mesmes suppositions. Et quand mesme on rencontre des effects qu'on ne scait point deduire de la, pourveu qu'ils n'y repugnent point evidemment, on n'a point raison de rejetter l'hypothese qu'on s'est formee. Mais d'autant plus qu'on trouvera de phenomenes conformes a l'hypothese, d'autant plus vraisemblable la doit on tenir. Se souvenant pourtant tousjours qu'on n'a point de demonstration de sa veritè, et qu'il peut s'offrir tel autre phenomene qui estant incompatible avec nostre supposè principe le detruise absolument. Cependant ce manque de demonstration dans les choses de physique ne doit pas nous faire conclure que tout y est egalement incertain, mais il faut avoir egard au degrè de vraisemblance qu'on y trouve selon le nombre des experiences qui conspirent a nous confirmer dans ce que nous avons supposè. Car a quoy sert autrement la recherche de ces choses, ou quelle satisfaction peut elle nous donner, si nous demeurons tousjours egalement incertains de tout? Mais en examinant et pesant bien ce degrè de vraisemblance que l'on a trouvè dans quelque chose, l'on peut en tirer grande utilitè, parce qu'on prevoit par les choses connues les effects qui raisonnablement doivent suivre, lorsqu'on appliquera certaines matieres d'une maniere nouvelle, ou que l'on fera telle chose pour obtenir tel efsect. Comme l'exemple que vous m'avez dit des...... 5) fait veoir, qui pour une supposition touchant l'origine des fontaines assez conforme à la vostre, acheterent une quarriere proche de leur couvent pour la pouvoir boucher, a fin de restablir leur fontaines qui estoient dessechees. Il faut aussi dans l'incertitude des causes quand on fait des suppositions pour les découvrir faire quelque distinction, parce qu'il y en a qui d'abord paroissent bien plus raisonnables les uns que les autres. Ainsi je ne voudrais pas comparer dans cet examen de l'eau qui monte dans les pompes et dans les siphons l'hypothese de la crainte du vuide a celle de la pesanteur de l'air. Parce qu'outre que cette crainte est elle mesme une chose qui n'est aucunement intelligible ni proportionnée a nostre entendement, l'on reconnoit d'abord qu'elle repugne aux experiences, {==301==} {>>pagina-aanduiding<<} puisqu'a la fin ce vuide se fait, et qu'il n'est pas convenable a la nature d'avoir cette crainte jusqu'a un certain degrè. Je ne vois pas aussi qu'il y ait lieu icy de douter beaucoup si outre la pression de l'air il n'y a pas encore d'autres causes qui concourent a elever l'eau dans les pompes et dans les pistons 6) jusques a certaine hauteur, puisque cette seule de la pression ou pesanteur de l'air y satisfait si pleinement. Et ce que vous dites icy du foible temoignage des sens ne me semble pas leur estre justement imputè, parce qu'il n'ont pas d'autre part en cecy que de vous faire voir que les choses arrivent de telle façon scavoir que l'eau monte jusqu'a la hauteur de 32 pieds et non plus avant, de quoy je ne crois pas qu'on puisse douter. Pour ce qui est de la diversitè du succes des experiences en grand et en petit, elle est tres souvent veritable, mais icy l'experience fait voir qu'il n'y en a aucune, parce qu'elle reussit de mesme facon dans les grands et petits tuyaux. Dans la comparaison de la sarbacane par laquelle les enfans poussent des pois avec le canon qui par la force de la poudre pousse le boulet [il] n[y] a rien qui ne soit aisè a comprendre ni mesme qui soit dissemblable. Car il n'est nullement estrange que le souffle d'un enfant ne peut chasser fortement le pois par une canne fort longue, parce que cette quantitè d'air que l'enfant produit en une fois n'a plus de force apres qu'elle aura pris une certaine extension dans la sarbacane. Et de mesme la flame que produit la poudre dans un canon, apres une certaine estendue, n'a plus tant de force a se dilater, de sorte que si le canon est plus long qu'une certaine mesure le frottement du boulet contre le dedans du canon l'empesche plus que la poudre n'aide a accelerer le mouvement qu'elle luy a desià conferè. Vostre exemple du tuyau d'orgue tend encore a faire voir que d'une experience faite, avec de certaine grandeur du corps on ne peut pas bien conclure ce qui doit arriver quand on la fera en plus grande ou en plus petite forme. ce que j'accorde volontiers, mais cela ne fait rien contre l'experience qui establit la pesanteur de l'air pour cause de l'elevation de l'eau dans les pompes et dans les siphons, parce qu'icy c'est une des plus fortes convictions que soit qu'on fasse l'experience en grand ou en petit on trouve tousjours un mesme effect, scavoir une mesme hauteur d'eau dans les tuyaux larges ou estroits. {==302==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1945. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 10 juin 1673. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Elle est la réponse aux Nos. 1926, 1930, 1932 et 1938. H. Oldenburg y répondit par une lettre que nous ne possédons pas. A Paris ce 10 juin 1673. Monsieur Il y a desia quelque temps que je vous ay envoyé une douzaine d'Exemplaires de mon livre de l'Horologe. Monsieur Vernon a eu la bonté de vous adresser le pacquet en ayant chargè un de ses amis qui partoit pour Angleterre. Mais comme les Postes vont plus viste que les voiageurs ordinaires, je ne me suis pas hastè de vous en donner avis, et de vous prier de vouloir avoir soin de faire la distribution de tous ces livres suivant les inscriptions que j'y ay mises; que si vous avez peutestre desia pris cette peine je vous en rends tres humbles graces. Je seray bien aise d'apprendre ce qu'en disent tous ces scavants geometres, qui sont en plus grand nombre en ce pais la qu'en aucun autre de l'Europe. J'ay receu toutes celles que vous m'avez fait l'honneur de m'escrire, dont la derniere estoit avec vos Transactions num. 93 2). Pour ce qui est des solutions de Monsieur Newton aux doutes que j'avois proposez touchant sa theorie des couleurs il y auroit de quoy respondre et former encore des nouvelles difficultez, mais voyant qu'il soustient son opinion avec tant de chaleur cela m'oste l'envie de disputer. Que veut dire, je vous prie, qu'il assure que quand mesme je luy aurois montrè que le blanc peut se composer de deux seules couleurs primitives, je n'en pourrois pourtant rien conclûre contre luy. Et cependant il a dit pag. 3080 des Transactions que pour composer le blanc toutes les couleurs primitives sont necessaires. Apres cela il n'a garde de demeurer court a aucune objection qu'on luy puisse faire. Quant a la maniere dont il concilie l'effect des verres convexes a assembler si bien les rayons avec ce qu'il establit touchant la differente refrangibilité, j'en suis satisfait; mais aussi doit il avouer que cette abstraction des rayons ne nuit donc pas {==303==} {>>pagina-aanduiding<<} tant aux verres qu'il semble avoir voulu faire accroire, lors qu'il a proposè les miroirs concaves comme la seule esperance de perfectionner les telescopes 3). Son invention assurement estoit tres belle, mais a ce que j'ay pu conoistre par l'experience le defaut de la matiere la rend presque aussi impossible d'executer que la difficultè de donner la forme repugne aux Hyperboles de Monsieur Des Cartes de sorte qu'a mon avis il en faudra demeurer à nos verres spheriques aux quels nous avons desia toute obligation et qui peuvent recevoir encore plus grande perfection tant par l'augmentation de la longueur des lunettes que par la correction de la matiere du verre mesme. Hier on a essayè un verre de 62 pieds a l'observatoire, qui parust bon pendant le jour mais comme je n'y pus rester jusqu'au soir je ne scay pas encore ce qu'on en aura trouvè. pour ce qui est des astres l'on commence a revoir Saturne le matin, mais il est encore trop proche du Soleil pour pouuoir voir les 2 nouvaux satellites, dont la periode du plus distant n'est pas encore si bien verifiée que celuy du plus proche. N'a t on pas encore chez vous des lunettes par les quelles on les puisse decouurir. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur de Grubendol à Londres. No 1946. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 12 juin 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle s'est croisée avec le No. 1945. Chr. Huygens y répondit par le No. 1951. A Londres le 2 juin 1673. Monsieur, J'ay receu votre beau present des 12. exemplaires de vostre nouueau livre, et les ay distribuez entre les personnes, auxquelles vous les auiez addressez, qui {==304==} {>>pagina-aanduiding<<} l'ont receu auec beaucoup d'affection, et vous en rendent graces tres-humbles, comme ie le fais en particulier pour l'honneur que vous m'auez fait en me faisant vn des douze. Monsieur Wallis vous escrit 1) luy mesme, comme vous trouverez dans ce pacquet, et y touche quelque chose sur la descouuerte de la ligne droite egale à la Paraboloide, n'ayant pas encor eu du loisir assez pour considerer les autres belles matieres, que vous y auez traitées. Il vous souvient sans doubte, que Monsieur Hook, il y a quelques annees, proposa et fit construire le pendule circulaire, l'appliquant aussi à vn horologe, allant sans bruit, et dans vn mouuement tousiours esgal. C'estoit l'an 1666. au mois de juin, (comme il paroit par le registre de la Société Royale) dans la presence de quelques estrangers, tant Francois qu'autres 2). Et les registres de la mesme Societé parlent d'un instrúment, devisé par le mesme Monsieur Hook, pour mesurer la celerité de la cheute des corps; come aussi de quelques vnes de vos lettres escrites au chevalier Moray sur ledit instrument et les experiences faites par son moien. C'estoit l'an 1664, aux mois de juin, juillet et suivans 3). Quand ces Messieurs, que vous auez regaléz de vostre livre, l'auront leu et consideré, et trouué bon de me faire part de leur sentiments lá dessus, vous ne manquerez pas, Monsieur, d'en estre adverti. Cependant quand mon Exemplaire sera relié, ie le presteray à Mylord Brouncker pour comparer sa Demonstration de la Cycloide 4) avec la vostre, la sienne sortant de la presse le 26 May 1673, {==305==} {>>pagina-aanduiding<<} apres auoir esté enregistrée bien plus amplement l'an 1662; et vos livres m'ayant esté rendus par Monsieur Vernon le 28 du mesme mois. Je seray bien aise d'entendre, que vous auez receu mes lettres du 7 et 14 5) Avril, dans la premiere desquelles ie vous envoiay la responce de Monsieur Newton à la vostre touchant vos considerations sur sa theorie des couleurs. C'est tout ce que i'auois à vous dire à present, apres vous auoir assuré, que ie suis tousiours. Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem, dans la Bibliotheque du Roy à 40 β Paris. No 1947. J. Wallis à Christiaan Huygens. 9 juin 1673. Appendice I au No. 1946. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 1960. Londini May 30. 1673. Clarissimo Nobilissimoque Viro, D. Christiano Hugenio a Zulichem, Johannis Wallis, S. Accepi (Vir Nobilissime Clarissimeque) hesterno die, dono tuo, Librum 1) a te nuper editum; quem (ut tua soleo) exosculatus, non differendum censui quin {==306==} {>>pagina-aanduiding<<} tibi statim ob tantum munus (quod jam facio) grates rependerem. Nec dubito, quin quum primum otium dabitur illum evolvendi, (quod vix prius fiet quam ego domum hinc rediero) Te authore dignum, Eruditione multa refertum, mihique longe gratissimum, reperturus sim. Interim dum haec scribo oculo forte subest libri tui pag. 72. 2) quam, conspecto meo nomine, raptim perlego. In quâ non quidem me malae fidei directè insimulare videris; videris tamen subdubitare, num Nelius 3) noster id plane assecutus fuerit, à quo certè non multum abfuisse non diffiteris ipse. Mihi quidem, haec raptim scribenti, ad manum non sunt quae ea de re scripsi. Sum tamen certissimus, me illic optimâ fide egisse. Nec erat cur ego Nelio praeter veritatem faverem; nullo illi beneficio obstrictus, nullâ familiaritate conjunctus, et quem quum ea scriberem non memini me vidisse unquam, ejusque vel nomen ipsum nisi ex illâ occasione audivisse; atque aliquanto seriùs quàm mea edita fuerant conspexi primùm, quum me (tum planè ignotus) accessit (obviam {==307==} {>>pagina-aanduiding<<} forte factus) gratias habens quod ejus illam fecerim mentionem. Quod autem addis, Credibile esse, si rem satis scivisset, vel ipsum vel alios ejus nomine tam nobile inventum Geometris maturius impertituros fuisse: maturrime (inquam) res illa impertita est Geometris, et uno quasi impetu percrebuit, summoque ab illis laude recepta, nostrisque saltem Geometris passim et cognita et agnita, eoque hominum conventu vulgata, cui Regia Societas postea factum est nomen. Idque adeo, ut unius mensis spatio, post Nelium, eandem separatim demonstrârint saltem Wrennius, Rookius, et Brounkerus (eo, ni fallor, ordine:) sed Nelio primas concesserunt omnes. Et quidem Illustrissimus Brounkerus suam mihi statim demonstrationem Oxoniam transmisit, ipsissimam illam, quam (Latine redditam) ego post modum edidi, ne verbulo (quod sciam) mutatam. Addiditque, id ipsum a pluribus jam ante demonstratum esse, sed à Nelio primum. Ego meam post addidi, omnium credo ultimus nomenque simul huic curvae indidi, Paraboloidem Semicubicalem appellans; ut curvae naturam nostris satis perspectam esse, non est quod merito dubites. Et quidem mirum esset, si nostrum nemo, qui tot fuimus, lineae tot methodis demonstratae, veram naturam assequi valeremus: quodque Hugenium saltem insimulaturum non speraverim. Numquis ex nostris rem cum exteris communicaverit: (neque enim nostri, saltem tum temporis, erant admodum soliciti, nisi provocati, de propagandâ inventorum suorum famâ: Certè Nelius id nunquam facturus foret) sed res illa jam passim agnita, atque a pluribus demonstrata, desierat apud nos haberi pro re novâ, jam diu ante quàm Heuratius in eam speculationem incidit 4), quod anno integro posterius factum est. Et quidem, si, quod ais, Anno 1659 Heuratius hoc invenerit, id quod tu porro habes nempe, illum omnium primum lineam curvam, ex earum numero quarum puncta quaelibet Geometricè definiuntur, ad mensuram rectae reduxisse audacter pronuncio (atque adsunt mihi testes adhuc in vivis fide digni) omnino secùs esse. Quippe ex nostris, quod vides, multi, eandem curvam, jam anno superiori, sic reduxerant. Sed neque putandum est (quod tamen ad rem nihil facit) ignorasse nos, saltem omnes, qualis foret ea curva quam sic construxeramus: quamquam si et hoc vel omnes vel aliquis nesciverit (quod tamen non concedo) hanc saltem ejus effectionem satis perspectam fuisse constat; nempe curvam sic constructam aequalem esse rectae cognitae; quod erat propositum. Sed et, talem esse ut ejus puncta quaelibet Geometricè definiri possent; ex demonstratis facile erat ostensu siquis illud sciscitaretur. Mihi saltem hoc satis certum erat; credo, et reliquis. Imo vero {==308==} {>>pagina-aanduiding<<} cum hanc totam speculationem ex schol. prop. 5) meae Arithmeticae Infinitorum deduxerit Nelius, curvam hanc ad Paraboloidum genus spectare, tam erat cuivis obvium ut dictu non fuerit opus: neque ego me rem novam dixisse putabam, quum Paraboloidem dixerim; sed quod semicubicalis commode dici posset, quae nomen antea sortita non erat. Quod autem non fuerit res ea typis edita: (praeter eam causam quam jam ante insinuabam) ingenue fateor quod res est, (da fasso veniam) nempe id meâ culpà evenisse. Quippe quo tempore Honoratissimus D. Brounckerus suam mihi misit demonstrationem (anno 1658, mense, si satis memini chartis meis remotus, Junio Julióve) simul petebat ut vellem egoeam inserere scripto cuidam meo 6) quod sub proelo tunc erat: (quod quidem me fecisse oportuisse, ego jam plane sentio; et quamquam ille mihi hanc omissionem non imputaverit culpae, ego tamen mihi imputo). Verum incuriâ partem meâ, partem quod mihi Nelius tum planè fuerit ignotus, neque ipsius qui primus id fecerit demonstrationem viderim, sed Honoratissimi Brounckeri solam: partim quòd festinatione opus esse non tum viderim, sed vel ab alio aliquo si id opus videretur edi posse, vel a me aliâ vice, putaverim; id saltem accidit, ut neque ego tum ediderim, neque id alij cuiquam curae fuit, atque illi omnium minimè cujus id potissimum intererat. Sed non propterea Nelius, qui jam in vivis esse desijt, laude suâ fraudandus est, magis quam tu tuâ, qui quas proximè memoras propositiones aliquas mihi quidem scripto communicatas ais 7), meque testem advocas; utut illas typis non vulgaveris. Dum autem hac solâ causâ, non esse factum dubitas, contra tot hominum testimonium et notorietatem freti, eò quod non statim inclamavimus (typis editum) εὕρηϰα: Nae tu male nôris genium Anglorum. Quicquid enim de Gallis aut etiam Batavis, putandum sit; certe Angli non solent ita semper esse gloriabundi. Et quidem nobilissimum illud Harvei de circulatione sanguinis inventum, (ne plura memorem) totis annis quasi viginti apud nostros erat notum agnitum et palam approbatum, priusquam typis vulgatum fuerat. Tu vero, Vir optime, perge ut soles bonas literas ornare, dictis favere, et Vale. {==309==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1948. J. Wallis à Christiaan Huygens 1). Appendice II au No. 1946. Nelii demonstratio, quam (ut dictum est) ante duos annos vulgavit, haec erat. Sit AbCD parabola recta; cujus axis A D dividatur in oequales partes minimas {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} e e; atque ad puncta e ordinatim applicentur e f rectoe, parabolis A e b proportionales. Et fiat D S I rectangulum, ad parabolam A D C, ut A D ad D C. Denique sit e h ubique oequalis potentiâ utrisque e s, e b. Dico primo, eandem esse inter se proportionem figuroe A D H I, rectanguli D I, & paraboloe A D C, quoe est linearum A f C curvoe, & rectarum A D, D C. 2o. Rectas e h esse ordinatim applicatas in Parabola. Sunt enim rectoe e f, per constructionem, parabolis A e b proportionales; & propterea rectarum differentioe, commode reproesentantur per rectangula e e b. Rectangula e e s sunt oequalia: (eorumque omnium summa, ad summam omnium e e b, ut A D ad D C;) reproesentant itaque rectas e e. Rectoe f f sunt oequales potentia tum rectis e e tum rectarum e f differentiis. Et rectangula e e h sunt ubique in eadem proportione ad quantitatum illarum reproesentativas. Constat itaque propositionis pars prior. Quadrata rectarum e b sunt arithmetice-proportionalia. Quadrata rectarum e e sunt oequalia. Ergo & quadrata e h sunt Arithmetice proportionalia; ipsoeque E H rectoe quadratorum arithmetice proportionalium latera: adeoque sunt ut series ordinatim-applicatarum in parabola. Et consequenter; Exhiberi poterit linea recta aequalis curvae A F C. Hanc D. Nelii demonstrationem ubi conspexerat Illustriss. Bronkerus; suam ille statim, quae sequitur, non absimilem concinnavit, & impertivit mihi, quam jam ultra duos annos apud me habui. Et parum absuit quin eam Commercio Epistolico à me non ita pridem edito inseruerim; (eodem siquidem tempore accepi primò, quo inter nos & D.D. Fermatium, Frenicliumque, alternabantur illae literae.) Sed, cum ipsius Nelii (qui primus invenit) demonstrationem nondum videram; non commodum videbatur, ipsius intermissâ, aliorum demonstrationes edere; sed vel sibi permittendum ut suam ipse edat Nelius, vel aliam saltem expectandam opportunitatem. {==310==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1949. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 14 juin 1673. La lettre se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 14 juin 1673. Puisque vous temoignez 1) avoir quelque reste de curiosite pour scavoir ce qui se passe icy en matiere de lunetterie, et que mesme vous vous souvenez avec plaisir de nos occupations de jadis en ce noble mestier, il est bien juste que je vous donne la satissaction que vous desirez en respondant ponctuellement a toutes les demandes que vous faites. Premierement donc pour ce qui est de la grandeur de nos lunettes, l'on en a fait une de 62. pieds 2) apres celle de 46 mais le succes n'a pas estè tout a fait a souhait a ce premier verre, a cause qu'il estoit trop mince, pour sa largeur, qui est de 7. pouces. Pour tant il s'en faut tres peu qu'il ne soit bon, et mesmes quelques uns l'osent soutenir tel. Pour ce qui est des decouvertes que nous avons faites avec ces verres de 36 et 46 pieds; je m'estonne que vous n'en ayez rien appris par les lettres que j'ay escrit a mon Pere. Car il y a longtemps, que je luy ay mandè, qu'a l'entour de Saturne, on voioit encore deux autres Satellites outre le mien des quels le plus prosche de Saturne tourne en 4½ jours, et l'autre en 80 ou environ, car on va l'examiner bientost de plus pres. L'on a fait imprimer cette decouverte, et par occasion je vous en envoieray un exemplaire 3). Dans la Lune on voit les montagnes et inegalitez encore mieux qu'avec les nostres de 22 pieds, mais pour les clochers et les arbres, nous ne sommes pas encore assez avancez pour en decouvrir. Le tournoiement de Jupiter et de Mars paroissent manifestement par le changement de leurs taches et j'ay vu dans une heure de temps qu'une tache qui estoit vers le bord du disque de Jupiter, est venue dans le milieu, et le retour de cette tache fait voir qu'il tourne en 10 heures fort pres. Cela a estè observè en Italie il y a longtemps par Monsieur Cassini 4). Mais maintenant on le voit beaucoup plus clairement. Mars tourne environ en 24 heures, comme la Terre. Venus a tousjours quelque rayonnement, a cause de sa grande clartè, mais ces verres la font voir sans aucune queue ni barbe comme nous l'appellions, ce que mon meilleur verre ne fait pas. {==311==} {>>pagina-aanduiding<<} Puis que vous promettez de tenir la chose secrette, je m'en vay vous dire la methode, dont le meilleur ouvrier se sert. Mais prenez garde aussi de n'en rien decouvrir a personne. Il fait ses formes de cuivre, bien grandes, jusques a contenir deux fois et demi le diametre du verre. Il fait premierement la regle de fer de pres d'un pouce en quarrè, et mesme une seconde regle creuse pour perfectionner l'autre en les frottant, l'une contre l'autre avec de la poudre d'emeril. Pour tourner la forme, il se sert sur la fin d'outils qui ont 4 doigts de large, qui achevent la sphericitè a si peu pres, qu'apres en le raclant avec la regle de fer, elle devient toute parfaite. Il attache le verre sur une molette de plomb espaisse de 2 lignes, avec du drap entre deux, ce que je luy ay montrè; Il le doucit avec de la poudre d'emeril tres fine, et qui l'est si fort qu'il n'est pas besoin qu'elle s'affine par le travail. Apres qu'il est douci, c'est maintenant le grand secret de luy donner le poli dans la mesme forme, sans y coller rien 5), car il est certain que le papier ou quelqu'autre chose que ce soit de mol, gaste les verres quand il faut polir longtemps. voicy donc comme il fait. Il a de la potee moitié d'estain, moitié de plomb parce que celle d'estain seul est trop aigre, cette pottée se fait, en tenant l'estain et le plomb fondu ensemble et rouge dans un creuset et remuant continuellement, car peu a peu tout se convertit en cendre, a quoy pourtant il faut du temps. Pour avoir le plus fin de cette pottée, on la passe meslée dans de l'eau a travers d'un papier gris formè en entonnoir. Il use le verre avec cette fleur de potée en y mettant au lieu d'eau, de l'esprit de vin, meslè avec de l'eau, et en continuant seulement le travail, sans presser aucunement sur le verre, il acquiert a la sin le plus beau polij, qu'on puisse souhaitter, mais il faut de la patience; car cela n'avance pas tant qu'avec le tripoli et le papier. Mais par ce qu'on est asseurè que par la longueur du temps l'on ne scauroit rien gaster, on se donne cette peine sans repugnance Cela peut durer 3 fois autant que nostre poli ordinaire. Il tient de mesme que vous qu'il est bon de raccommoder a chaque verre la forme. Pour du verre il n'en a point a souhait, mais le cherche parmi les morceaux de miroirs de Venise comme nous faisions. Il croit pourtant avoir une maniere pour en faire du bon, de celuy qui ne l'est pas, dont je pourray vous entretenir une autre fois, si je vois que l'experience reussit. {==312==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1950. P. Petit à Christiaan Huygens. 23 juin 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur Il ly a si long temps que je ne scay point de vos nouuelles que je ne puis differer dauantage sans uous enuoyer demander et minformer de uostre sante et de celle de monsieur vostre pere comme aussi de toute uostre illustre et chere famille que vous scauez bien que je honore infiniment et a laquelle je souhaite toute sorte de prosperité et de satisfaction dans lestat presant des affaires et les diuerses conionctures et mouuements des lieux et des personnes ou il sont et vous mobligerez infiniment Monsieur de me dire ce que uostre prudence uous permetra du bon estat ou il sont auec son Excelence dont je ne doute point apres les attaches et les liesons dont jay este si bien informé neantmoins comme je scay bien que les grands princes ne sont pas tousiours bien memoratif des obligations quils ont a leur anciens et veritables seruiteurs et quil ne succede pas tousiours aux affections de leurs ancestres jay suiet daprehender quelque changement dans la coniuncture des affaires presantes. Dieu veulle quil ny en aye que de bien en mieux et que Monsieur uostre pere et toute la famille sont consideree comme leur merite affections et seruices le requierent au reste on ma dit despuis peu que uous auie donne quelque chose au public, uous mobligeray insiniment de men faire part pour me diuertir dans mon indisposition qui me retient encore au lit et si Monsieur duclot 1) n'a la bonté de men tirer ayant plus de confience en luy quen personne je crains bien dy estre encore long temps et uous mobligeray de luy tesmoigner le desir que jay de le consulter sur quelque remede et sil aprouuera pour cette fois les eaux de bourbon dont il me detourna lannee passee. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur P. Petit. rue st. nicaise ce 23e juin 1673. A Monsieur Monsieur Huggeins de Zulichem a la bibliotheque du Roy rue de Viuien A Paris. {==313==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1951. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 24 juin 1673. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Elle est la réponse au No. 1946. H. Oldenburg y répondit par le No. 1954. A Paris ce 24 juin 1673. Monsieur Je receus il y a trois jours la vostre du 2 juin, et j'ay estè bien aise d'y apprendre l'arrivée de mes exemplaires, de la distribution des quels je vous suis beaucoup obligè. Mais que veut dire que vous presterez le vostre a milord Brounker? aurois je fait une si lourde faute de ne luy en enuoier point, a qui je deuois avoir songez des premiers? Je vous ay pourtant envoyè 12 exemplaires et je ne scaurois me remettre a qui j'ay destinè le douzieme exemplaire que je vous ay envoyè, si Milord Brounker n'a pas estè du nombre. Quoy qu'il en soit je vous prie treshumblement, Monsieur, en cas qu'il n'y en ayt point eu pour luy, de l'asseurer que j'en ay beaucoup de confusion et que je ne manqueray pas de luy en envoier un par la premiere occasion, dont je pouray m'aviser. Il se pourroit faire, que j'eusse oubliè encore d'autres de mes amis, puisque j'ay estè assez estourdi, pour ne pas songer au president de la Societé Royale et vous m'obligerez s'il vous plait de m'en advertir. Pour ce qui est de la demonstration que vous avez mise dans vostre Journal touchant l'isochronisme de la cycloide 2) il n'y a pas moyen d'y rien comprendre de la maniere qu'elle y est, de sorte qu'il faut bien attendre qu'on l'explique d'avantage, et mesme les figures qui y sont, et dont pourtant il n'est fait aucune mention, semblent indiquer que cette explication n'est que differée. Je me souviens que lors que j'eus communiquè chez vous par lettres l'invention de cette proprietè de la cycloide, Milord Brounker m'en envoya une demonstration 3), et puis une autre meilleure 4), mais qui ne laissoit pas d'avoir encore quelqu'obscuritè pour moy, et ce sera cette derniere a ce que je puis juger qu'il aura voulu publier dans vostre Journal, c'est pourquoy, s'il en est besoing je rendray tousjours tes- {==314==} {>>pagina-aanduiding<<} moignage que dès ce temps la il l'a trouvée. Mais a mon avis il ne s'agit pas en cecy de l'honneur de Milord Brounker, puisque ce n'est pas grande chose pour luy d'avoir fait la demonstration d'une proposition desia trouvée 5), ce que d'autres ont fait aussi comme le P. Pardies 6), de qui je ne puis m'empescher icy, de vous dire, que je regrette extresmement la perte. Le principal, et ce qu'il y a de plus difficile dans ces choses de Geometrie, c'est de les trouver comme scavent tres bien ceux qui s'en meslent. Je ne scavois point, que Monsieur Hook avoit fait construire une pendule circulaire ni jamais on ne m'en a rien mandè mais bien de l'instrument que vous dites pour mesurer les temps des cheutes des corps 7), Lorsque je vous envoyay ou a Monsieur le Chevalier Moray la cycloide divisée en tierces minutes 8). Monsieur Wren poura se souvenir, qu'estant a Londres (je ne scay si c'estoit a mon voyage de l'an 1663 ou a celuy d'auparavant) 9) comme apres l'assemblée de la Societé Royale nous estions a faire collation a un cabaret la aupres avec plusieurs de ces Messieurs, je luy fis entendre cette invention d'horologe 10). De sorte que Monsieur Hook ne doibt pas soupçonner que je l'aye empruntée de luy. Mais parce que vous dites, que le temps des circuits, dans celuy qu'il auoit fait faire estoit reduit a l'egalité, je serois fort aise de scavoir de quelle maniere il s'y est pris, car je ne pense pas que la proprietè de la paraboloide, dont je me suis servi pour cet effet, luy fust encore connue, la quelle depend de ces evolutions des lignes courbes, dont j'ay traittè dans mon livre de l'Horologe 11). {==*13==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding Page 38 des ‘Excerpta ex Adversariis’ de CHRISTIAAN HUYGENS.==} {>>afbeelding<<} {==315==} {>>pagina-aanduiding<<} Quand est ce que nous verrons la demonstration de la methode des Tangentes de Monsieur Sluse? 12) C'est cette mesme que je vous ay mandè que Monsieur Hudde et moy avions aussi 13). C'est pourtant Monsieur Hudde, qui m'en a monstrè la pratique, et j'en ay cherchè du depuis l'origine et demonstration a ma façon, la quelle en cas qu'elle soit differente de celle de Monsieur Sluze, je pourray donner aussi. Je ne croyois pas, que vous envoyeriez a Monsieur Newton ce que je vous ay escrit par ma derniere 14) touchant les refractions car je n'ay point fait de replique a sa responce 15) et ainsi il n'estoit pas besoin, qu'il vist ce que je vous mande. C'estoit assez qu'il sceust, que je ne veux plus disputer. L'on m'a envoiè de Hollande quelques observations de ce Leeuwenhoeck 16), dont vous nous faites mention {==316==} {>>pagina-aanduiding<<} dans ce dernier journal 17) comme aussi la description de son microscope, qui ne consiste qu'en une seule petite lentille, mais tres petite. Je ne scay si Monsieur Wallis et vos autres geometres ont examinè la Mechanique du P. Pardies, car apparemment ils vous auroient adverti, qu'il y a la dedans quelques demonstrations qui ne concluent pas fort bien, et mesme quelques paralogismes. Il avoit asseurement de meilleures choses a donner, et entre autres un petit traitè des Refractions qu'il m'a fait voir, et de belles speculations touchant le son et les flutes, trompettes &c. Je suis de tout mon coeur Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Hugens de Zulichem. Je n'ay pas maintenant assez de temps pour faire response a la lettre de Monsieur Wallis 18) qui m'accuse à tort comme j'espere de luy faire avouer. No 1952. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 30 juin 1673. La lettre se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. Elle fait suite au No. 1949. A Paris ce 30 juin 1673. Je scay bien que les affaires de vostre employ ne vous permettent pas de mestre en pratique les bons enseignemens que je vous ay donnè touchant la pierre philosophale de la lunetterie. Mais comme je vois que la possession de la science ne laisse pas de vous rejouir, je m'en vay vous la donner la plus entiere, qu'il me sera possible. Voicy donc pour ce qui regarde vos nouveaux articles. 1. Il place la forme sur une table devant luy, et prend la regle avec ses mains par les deux bouts, il y a assez de prise, parce qu'il n'est pas besoin de faire un grand effort, car ce qu'on oste ainsi en raclant est fort peu de chose, le tour ayant presque tout achevè. 2. C'est avec la regle seule qu'il perfectionne la forme et elle sert aussi pour {==317==} {>>pagina-aanduiding<<} la redresser. J'ay vu qu'ayant fait un second verre, et puis voulant polir plus exactement le premier, il a seulement repassè la forme avec la regle, et apres cela le premier verre a repris par tout et s'est poli parfaitement. 3. Les outils larges de 4 doigts sont tout d'une piece de fer de cette mesme largeur, et ont un tranchant a chaque bout qui est ajustè au cercle de la sphere fort exactement. Ces outils ne servent que tout sur la fin. 4. En raclant il faut tenir tousjours la regle perpendiculaire qui racle assez dans cette position, pour ce peu qu'elle a a faire. Elle est limee platte du commencement dans la largeur de sorte qu'elle fait comme une partie de surface cylindrique et non pas spherique, ce qui aide d'abord a mieux racler, mais a la fin en s'usant elle devient spherique. 5. La molette de plomb est aussi grande ou peu s'en faut que le verre. Mais quand le verre est mince, il faut qu'elle ne pese guere et pourtant sans presser aucunement, le poli s'ascheve. Il dit qu'a ce dernier verre de 7 pouces, il n'a estè qu'environ 4 heures de chaque costè a polir et il ne se peut rien voir de plus parfait. 6. L'emeril seul sert a doucir le verre. Je ne scay pas bien certainement si en le lavant seulement c'est a dire (niet afgieten) 1) il le rend si fin, ou s'il le passe aussi a travers du papier gris. Je m'en informeray plus precisement. 7. Pour faire la pottee d'estain, on prend 2 parties de bon estain d'Angleterre, et une de plomb. On les met dans un creuset, et dans un feu de charbons, et la matiere estant fondue et rouge on la remue continuellement, ce qui peu a peu la convertit toute en cendre. Pour haster la calcination on a accoutumè de mettre un peu de souphre au fond du creuset, mais cela ne se doit point icy, parce qu'il y cause quelque vitrification et des grains durs meslez parmy la potée. On brouille ensuite la potée dans de l'eau, en on la laisse un peu reposer, a fin que le plus grossier aille au fond; puis on verse l'eau dans un autre vaisseau ou la potée fine va aussi bientost au fond parce qu'elle est pesante. Mais pour separer encore de cellecy ce qu'il y a de plus fin, on passe l'eau ou elle est meslee, par un papier gris, qui n'en transmet qu'une petite partie, mais on n'en a pas a faire en grande quantité. Pour vous apprendre a faire ces entonnoirs de papier gris, prenez un morceau de ce papier et faites que le point du milieu deviene la pointe de l'entonnoir ou cone que vous en ferez, sans y rien percer ni couper. Tous les apothiquaires en scavent la methode mais voicy un modelle qui vous instruira pleinement sans les consulter. Vous admirerez, que cette construction ait fait une de vos principales difficultez. On remue l'estain fondu avec une verge de fer. 8. Le doucy de l'Emeril laisse le verre sans lustre aucun si ce n'est quand on le regarde contre la lumiere obliquement. {==318==} {>>pagina-aanduiding<<} 9. En polissant il commence a reluire par tout egalement, et c'est un des avantage des grandes formes, a ce que dit l'ouvrier, car dans les petites tousjours les bords demeurent un peu moins polis. Voila pour ce qui est de vos demandes. Je ne scay si je vous ay mandè que sa forme pour ces verres de 7 pouces pese quelques 40 ou 50 livres, et qu'elle est plus forte vers le milieu qu'aux bords. Avec cela elle plieroit encore, s'il ne prenoit garde de ne l'appuier que par la partie du milieu, ou il met quelques ronds de carton qui obeissent tant soit peu quand on travaille le verre. Peut estre ne seroit il pas mauvais d'y mettre par derriere une grosse crouste de plastre pour la fortisier. Apres que le verre a estè douci il faut nettoier la forme de l'Emeril, ce qu'il fait en y mettant du vinaigre meslè d'un peu d'eau forte, et de la potée aussi et y passant ensuite la regle de fer. Sans cela il ne seroit pas possible de donner le parfait poli. Je luy avois donnè un verre de 8 pouces que j'avois travaillè autrefois, dont peut estre il vous souvient. De cettuicy il en a fait un de 60 pieds qu'on dit estre fort bon, et pourtant il y a quelque peu d'ondes dans la matiere. Il croit que le premier qu'il a achevè du depuis de polir sera encore meilleur, quoy que de moins d'une ligne d'espaisseur. Les tuyaux de nos grandes lunettes sont de fer blanc de 8 ou 10 pouces de diametre, les quels on attache sur une longe vergue bien forte et pesante. Et cellecy on la tire vers en haut contre un mast plantè en terre, qui a en haut une poulie de bois de 2 pieds de diametre, a cause de la grosseur de la corde. Il y a un contrepoids de l'autre costè de cette corde qui pese autant que la vergue et la lunette ensemble et ainsi en tirant une moindre corde attachée au bas du contrepoids, on tire la lunette en haut, et on la fait descendre en tirant une corde pareille attachée a la vergue, ce qui est fort aisè. Notez que la poulie tourne sur un pivot, sans quoy on ne pourroit pas tourner la lunette tantost vers un endroit du ciel, et tantost vers un autre. Du costè de l'oeil il y a un pied pour soustenir le bout de la lunette, ou il y a un criq que l'on tourne pour hausser ou baisser ce bout. Il n'y a pas moyen de se servir des grandes lunettes pendant le jour, si ce n'est vers le soir quand le soleil est prest de se coucher, parce qu'autrement les vapeurs empeschent entierement la distinction des objects, mais le soir nous lisons fort bien des escritaux attachez fort loin, et je me souviens qu'avec une lunette de 50 pieds, nous discernasmes des lettres dans une telle affiche, dont avec une lunette a 4 verres de 3 pieds nous ne pusmes pas seulement voir en quel endroit estoit le papier. J'ay veu aussi de ces lunettes a miroir d'Angleterre mais elle n'estoit que de 8 pouces environ, et ne faisoit pas les objects bien clairs; avec cela tres difficiles a trouver, comme vous avez aussi remarquè; mais ils estoient droits, et non a costé. {==319==} {>>pagina-aanduiding<<} Et vous les avez veu ainsi parce que vous avez placè l'oeil a costé de la lunette et non pas couchè dessus. La Theorie pourtant de cette invention estoit belle, mais la matiere des miroirs est trop molle aupres de celle du verre, et ne souffre point le poli sans se gaster, ce que j'ay trouvè en voulant faire une belle lunette de 12 pieds 2). Je crois avoir respondu a tous les articles de vostre lettre et assez prolixement pour vous pouvoir contenter. Il y a 2 ou 3 jours qu'il a couru icy un faux bruit de paix, mais il s'est evanouy entierement. On n'a pas encore nouvelles du siége de Mastricht si non qu'il est commencè 3). Les particularitez du combat naval 4) se debitent tres differemment selon que les gens sont portez pour l'un ou l'autre parti. Je souhaiterois de scavoir ce qui en est dans la veritè. J'apprens qu'il y a bien des brigues chez vous pour la charge de feu M. van Bergen et M. Romf a ce qu'il m'a dit est un des pretendans. Adieu mon frere, et taschez de derober par fois quelque quart d'heure pour m'escrire. P.S. 5) Il n'a pas encore estè essayè que je scache. Adio. Je vous remercie de vos nouvelles. {==320==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1953. G. Mouton à Christiaan Huygens. 3 juillet 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Lyon le 3 juillet 1673. Monsieur Il n'est pas en mon pouvoir de vous remercier dignement de l'honneur, que vous m'avez fait, en m'envoyant votre livre 1). C'est un ouvrage, qui est dans sa derniere perfection, & qui meritoit de tomber entre meilleurs mains que les miennes; Il contient une doctrine si profunde, que si, pour raison de mon incapacité, je n'en peux beaucoup profiter, du moins j'en feray plus d'estime que personne: Car je suis persuadé, que rien ne peut partir de votre genie, qui ne soit tres excellent. Je vous auray obligation toute ma vie de la bonté & courtoisie, que vous m'avez temoigné en ce rencontre: Je vous offre en eschange mes petits services, vous priant de m'honorer de vos commandemens, & de me croire Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur G. Mouton. A Monsieur Monsieur Christian Huijgen de Zulichem A Paris. No 1954. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 7 juillet 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. La copie se trouve à Londres, Royal Society 1). Elle est la réponse au No. 1951. Huygens y répondit par le No. 1959. A Londres le 27 juin 1673. Monsieur C'estoit seulement à l'occasion de ce que ie trouvois à propos de faire voir à Mylord Brounker votre demonstration de la Cycloide, que ie parlay de mon in- {==321==} {>>pagina-aanduiding<<} tention de luy envoier l'exemplaire dont vous m'auiez fait present. Or puisque ie trouve que vous semblez estre surpris de ce que i'ay dit sur cette occasion, et que vous tesmoignez de ne vous souuenir pas de la personne à qui vous auiez envoié le 12me exemplaire, ie me sens obligé de vous en faire resouvenir par cete liste, asscavoir M. le Conte de Kincardin. M. Wallis. M. le Baron Brereton. M. Ball. M. Boyle. M. Newton. M. le Chevalier Moray. M. Gregory. M. le Chevalier Neile. M. Hook. M. Wren. Moymesme 2). {==322==} {>>pagina-aanduiding<<} Touchant la Demonstration du Synchronisme des vibrations dans vne Cycloide, imprimée dans les dernieres Transactions, ie ne doubte pas, Monsieur que lors que vous l'aurez attentivement releuë et bien considerée, vous et vos semblables ne s'en rendent maistres. Le Principe, sur le quel se fonde cete demonstration, est (come l'Autheur 3) me l'a dit) que, quand les hauteurs perpendiculaires sont en proportions doubles aux longueurs des lignes, dans lesquelles descendent les balles (respectivement) alors les temps des cheutes sont esgaux: Come dans vn {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} cercle, la proportion de cd à ce est double à la proportion de cb à ca; donc le temps de la cheute de la balle par cb et ca est egal. Or il est ainsi par toute la cycloide; donc le temps de la cheute de chaque point d'icelle est le mesme 4). Mylord Brounker ayant vû la lettre que vous m'auiez fait l'honeur de m'escrire, a trouué à propos de m'envoier par escrit la teneur de ce billet. asscavoir. ‘Monsieur Hugens m'oblige trop en ce qu'il dit sur l'occasion de ne m'auoir pas envoié un Exemplaire de son livre, come il a fait à d'autres de ses serviteurs icy: mais assurez le, ie vous prie, que ie fais si grand cas de ce livre lá (l'aiant lû par vostre faveur) que ie n'eusse pas manqué d'en acheter le premier que i'en eusse pû trouver, s'il ne m'eut anticipé par sa promesse de m'en envoier vn: dont vous aurez la bonté de luy faire mes remercimens. Touchant ce qu'il dit sur ma demonstration, i'advouë, que c'est beaucoup plus d'Inventer que de Demonstrer; et que dans ce cas icy ie n'eusse, peut estre, iamais fait ou songé au dernier, si M. Hugens n'eut pas fait et publié le premier. Et ce que i'y ay essayé de faire, n'a esté que pour ma propre satissaction en attendant que luy trouveroit bon de publier la sienne. Ny voudrois ie nullement me faire valoir par là; ce qui paroit assez de ce que ie ne voulois iamais consentir qu'on l'imprimât soubs mon nom, mais la laissois passer comme elle estoit, n'ayant point du loisir de l'expliquer (quoyque ie ne pense pas qu'elle en ait bien besoin;) Et ie fis cela plustost pour l'amour de la methode que de la chose mesme (ayant eu le malheur d'une incendie, qui a consumé quelques papiers dont i'eusse souhaité la conservation) auec intention de m'en servir cy-apres, si i'ay du temps pour presenter quelque chose au public, digne, peut estre, d'estre advoüé de Vostre affectionné et fidelle serviteur Brouncker. Vous voiez par lá, monsieur, la generosité aussi bien que la modestie de cete {==323==} {>>pagina-aanduiding<<} Illustre personne; ce qui me fait souhaiter que vous n'eussiez pas parlé si diminutivement de sa demonstration come vos paroles le portent, vû qu'il y va de l'interest des sciences, que les personnes d'esprit et de merite ne se chocquent point les vns les autres. Quant à la lettre de Monsieur Wallis 5), nous verrons par vostre responce ce qu'il en faudra juger. Nos mathematiciens icy se font fort, ce me semble, de pouuoir prouver, que le droit de l'Invention d'une ligne droite esgale à vne Paraboloide appartient à feu Monsieur Neile devant tout autre, et qu'il en a fort bien entendu le fondement. Touchant le pendule circulaire ie le dis encor, tesmoin le Registre de la Soc. Roiale, qu'il y a plusicurs annees, que M. Hook nous en montra icy les proprietez, et mesmes en fit construire des horologes veuës de plusieurs Estrangers. Et M. Wren en auoit desia parlé devant luy à quelques vns de ses amis icy, qui sont prests d'en rendre tesmoignage 6). Et quant à l'usage de l'Horologe à pendule sur mer, vous scavez que M. le Conte de Kinkardin 7) l'essaia le premier sur mer, et vous en racconta le succes à la Haye, lorsque vous auiez toute la difficulté du monde de croire que cela se pût ainsi pratiquer sur mer 8). Le dit conte estant astheur à Londres, nous en a repeté toute l'histoire auec toutes les circonstances, qui tesmoignent bien que le monde luy est redevable de la premiere prattique qui en fut iamais faite sur mer. Monsieur, permettez moy de vous dire, que m'estant despouillé de toute partialité, et resolú de donner à vn chacun ce qui luy est du autant que ie le scaurois apprendre, Je trouue que nos Philosophes icy ne sont pas portez à s'attribuer les descouuertes des autres: Mais aussi ne voudroient ils pas qu'on leur ostât, ou qu'on supprimât ce qui est veritablement de leur invention. Je le scay bonnement, que bien souvent les Anglois, estant fort Inventifs, devisent et trouuent des verités et des choses nouuelles fort considerables, dont ils parlent assez franchement à d'autres sans les publier aussi tost par la presse; quoyque dans ces dernieres annees, ayant vû comme on a tasché de leur oster l'honeur de leur descouuertes, ils ont pris vn peu plus de soin de se les conserver par mes Transactions. {==324==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous voulez bien, Monsieur, que ie vous en parle auec cete franchise, et vous donne a conoitre l'humeur de nos amis communs qui ne manquent pas aux occasions de parler advantageusement de vostre merite, bien qu'aussi ils ne laissent pas de resentir la diminution, que quelques vns taschent de faire à la doctrine et sagacité qu'ils possedent. Si la candeur regnoit par tout, quelles amitiez pourroit on establir parmi les scavans, et quelles advantages en tireroit le public? Vous me pardonnerez d'auoir fait cette excursion, que ie finiray par les assurances d'estre tousiours auec sincerité Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. Monsieur, vous trouuerez la maniere de la demonstration de M. Sluse touchant la methode des tangentes à toutes sortes de lignes courbes, dans les Transactions qui sont maintenant sous la presse 9), et qui vous seront envoiées, s'il plait à Dieu, la semaine qui vient. No 1955. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. [7 Juillet 1673]. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1954. Chr. Huygens y répondit par le No. 1959. Monsieur, ayant escrit ma lettre, ie receus la responce de M. Newton à deux ou trois des miennes, oú i'auois fait mention de quelques particularites que vous m'auiez mandées sur la theorie des couleurs, et touchant l'aberration des rayons dans les verres 1). Je me trouve obligé de vous en donner la copie; ce que ie feray en Anglois, comme ie l'ay receu 2). Monsieur Wallis estant de retour à Oxford, m'en a escrit une lettre du 23 juin 1673 oú il dit entre autres chose 3): Cum in nupera mea ad Cl. Hugenium epistolâ 4), de Nelio nostro, curvam recti- {==325==} {>>pagina-aanduiding<<} ficante omnium primo, Annum 1658 signaverim; addidi, si satis memini, chartis meis remotus. Quod non temerè adjectum video. Quippe domum reversus, id factum reperio A. 1657, toto anno prius quàm ego signaveram; adeoque biennio prius quàm A. 1659 id invenerit Heuratius. Et quidem (quod fecit ut annus ille animo meo occurrerit, cúm id ex memoria scripserim) A. 1658 Wrennius suam Cycloidalis curvae rectificationem adinvenit; anno prius quam Heuratius suam alterius curvae: quod tamen Hugenius sub idem tempus factum insinuat (quasi nec hic fuerit Heuratio prior) 5). No 1956. Is. Newton à H. Oldenburg. 3 Juillet 1673. Appendice I au No. 1955. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle a été imprimée par Horsley 1). Mr. Newton, june 23. 73 2). I receiued yr lettres wth Monsr. Hugens his kind present, for wch I pray you return him my humble thanks. I haue view'd it wth great satisfaction, finding {==326==} {>>pagina-aanduiding<<} it full of very subtile and usefull speculations very worthy of ye Author. I am glad, we are to exspect another discours of ye Vis centrifuga, wch speculation may prove of good use in natural Philosophy and Astronomy, as well as Mechanicks. In the Demonstration of prop. 8. de Descensu gravium, there seems to be an {==327==} {>>pagina-aanduiding<<} Illegitimat supposition, namly, That ye flexures at B and C do not hinder ye motion of ye descending body 3). For in reality they will hinder it, so yt a body, wch descends from A, shall not acquire so great velocity when arrived to D, as one wch descends from E. If this supposition be made, because a body descending by a curve line meets wth no such opposition, and this Proposition is laid down in order to ye contemplation of motion in curve lines; then it should have been shown, yt though rectilinear flexures do hinder, yet the infinitly litle flexures wch are in curves, though infinit in number, do not at all hinder the motion. {==328==} {>>pagina-aanduiding<<} The rectifying curve lines by yt way wch M. Hugens calls Evolution, I haue been sometimes considering also, and haue met wth a way of resolving it wch seemes more ready and free from ye trouble of calculation than yt of M. Hugens. If he please, I will send it hima⁾. The Problem also is capable of being improved by being propounded thus more generally; ‘Curvas invenire quotascunque, quarum longitudines cum propositae alicujus curvae longitudine, vel cum area ad datam lineam applicatâ, comparari possunt. 4) Concerning ye busines of Colors, I have this to return, that in my saying, when M. Hugens had shown, how white may be produced out of two vncompounded colors, I would tell him, why he can conclude nothing from that; my meaning was, That such a white (were there any such) would haue different proporties from the white of ye Sun's immediat light, of ye ordinary objects of our Senses, and of all white phaenomena yt haue hitherto falne vnder my observation. And those different properties would evince it to be of a different constitution; In somuch yt such a production of white would be so far from contradicting, yt it would rather illustrate and confirme my Theory; because by ye difference of that from other whites it would appear, yt other whites are not compounded of only two colors like that. And therefore, if M. Hugens would prove any thing, 't is {==*15==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding No. 1. Première page de la lettre de H. OLDENBURG à CHR. HUYGENS, No. 1955 de la Correspondance.==} {>>afbeelding<<} {==*17==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding No. 2. Première page de la lettre de Is. NEWTON à H. OLDENBURG, No. 1956 de la Correspondance.==} {>>afbeelding<<} {==*19==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding No. 3. Dernière page de la lettre de Is. NEWTON à II. OLDENBURG, Nos. 1956 et 1957 de la Correspondance.==} {>>afbeelding<<} {==329==} {>>pagina-aanduiding<<} requisite yt he do not only produce out of two Primitive colors a White, wch to ye naked ey shall appear like other whites, but also shall agree wth him in all other proporties. But to let you vnderstand, wherein such a white would differ from other whites, and why from thence it would follow, yt other whites are otherwise compounded, I shall lay down this position; ‘That a compounded colour can be resolved into no more simple colors than those of wich it is compounded’. This seems to be self-evident; and I haue also tryed it several ways, and particularly {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} by this wch follows. Let α represent an oblong piece of white papier about ½ or ¼ of an inch broad, and illuminated in a dark room with a mixture of two colors cast vpon it from two Prismes, suppose a deep Blew and Scarlet, wch must severally be as vncompounded as they can conveniently be made. Then at a convenient distance, suppose of 6 or 8 yards, view it through a clear triangular glass or crystal Prism, held parallel to ye paper and you shall see ye two colors parted from one another in ye fashion of two images of ye paper, as they are represented at β and γ, where suppose β ye scarlet, and γ ye blew without green or any other colour between ym. Now from ye aforesd Position I deduce these two conclusions: 1. That if there were found out a way to compound white of 2 simple colors only, yt white would be again resolvable into no more than two. 2. That if other whites (as yt of ye Suns light etc) be resolvable into more than two simple colors (as I find by Experient that they are) then they must be compounded of more than two. To make this plainer, suppose, yt A represents a white body illuminated by a direct beam of ye sun transmitted through a smal hole into a dark room, and α such an other body illuminated by a mixture of two simple colors, wch if possible, may make it also appear of a white color exactly like A. Then at a convenient distance view these two whites through a Prisme, and A will be changed into a series of all colors, Red, Yellow, Green, Blew, Purple, wth their intermediat degrees succeeding in order from B to C. But α, according to ye aforesd Experiment, will only yield those two colors of wch 'twas compounded, and those not conterminat like ye colors at B C but separate from one another, as at β and γ by means of ye different refrangibility of ye rays to wch they belong. And thus by comparing these two whites, they would appear to be of a different constitution, and A to consist of more colors than α. So yt what M. Hugens contends for, would rather advance my Theory by ye access of a new kind of white, than conclude agst it. But I see no hopes of compounding such a white. {==330==} {>>pagina-aanduiding<<} As for M. Hugens expression, yt I maintain my doctrine with some concern 5), I confess it was a litle vngratefull to me to meet wth objections wch had been answer'd before, without having ye least reason giuen me why those Answers were insufficient. The Answers, wch I speake of, are in the Transactions 6) from pag. 5093 to 5102; And particularly in p. 5095, to show yt there are other simple colors besides Blew and Yellow, I instance in a simple or homogeneal Green, such as cannot be made by mixing Blew and Yellow or any other colors. And there also I show, why, supposing yt all colors might be produced out of two, yet it would not follow, yt those two are ye only original colors. The reasons I desire you would compare wth what hath been now said of White. And so ye necessity of all colors to produce white might haue appear'd by ye Experiment p. 5097. where I say, yt if any color at ye Lens be intercepted, ye whitenes (wch is compounded of them all) will be changed into (ye result of) other colors. However, since there seems to haue happen'd some misvnderstanding between us, I shall endeavor to explaine myself a litle further in these things according to ye following method. Definitions. 1. I call yt Light homogeneal, similar or uniform, whose rays are equally refrangible. 2. And yt heterogenial, whose rays are vnequally refrangible. Note. There are but three affections of Light in wch I haue observed its rayes to differ, viz. Refrangibility, Reflexibility and Color; and those rays wch agree in refrangibility, agree also in ye other two, and therefore may well be defined homogeneal; especially since men usually call those things homogeneal, wch are so in all qualities yt come vnder their knowledge, though in other qualities, yt there knowledge extends not to, there may possibly be some heterogeneity. 3. Those Colors I call simple, or homogeneal, wch are exhibited by homogeneal light. 4. And those compound or heterogeneal, wch are exhibited by heterogeneal light. 5. Different colors I call not only ye more eminent species, viz. Yellow, Green, Blew, Purple, but all other ye minutest gradations: much after ye same manner yt not only ye more eminent degrees in musick, but all ye least gradations are esteem'd different sounds. {==331==} {>>pagina-aanduiding<<} Propositions. 1. The suns Light consists of rays differing by indefinit degrees of refrangibility. 2. Rays wch differ in refrangibility when parted from one another, do proportionaly differ in ye colors wch they exhibit. These 2 Propositions are matter of fact. 3. There are as many simple or homogeneal colors as degrees of refrangibility. For, to every degree of refrangibility belongs a different color by Prop. 2. And that color is simple, by Defin. 1 and 3. 4. Whitenes, in all respects like that of ye Suns immediate light and of all ye usual objects of our Senses, cannot be compounded of two simple colors alone. For, such a composition must be made by rays yt have only two degrees of refrangibility, by Def. 1 and 3, and therefore it cannot be like yt of ye suns light, by Prop. 1, nor for ye same reason like yt of ordinary white objects. 5. Whitenes, in all respects like yt of ye Suns immediat light, cannot be compounded of simple colors, wthout an indifinit variety of ym. For, to such a composition there are requisit rays indued wth all ye indefinit degrees of refrangibility by Prop. 1. And those inferr as many simple colors, by Def. 1 and 3. and Prop. 2 and 3. To make these a litle plainer, I haue added also ye Propositions yt follow. 6. The rays of light do not act on one another in passing through the same medium. This appears by several passages in ye Transactions p. 5097. 5098. 5100. and 5101. and is capable of further proof. 7. The rays of light suffer not any change of their qualities from refraction. 8. Nor afterwards from ye adjacent quiet medium. These two propositions are manifest de facto in homogeneal light, whose color and refrangibility is not at all changeable either by refraction or by ye contermination of a quiet medium. And as for heterogeneal light, it is but an aggregat of several sorts of homogeneal light, no one sort of wch suffers any more alteration, than if it were alone, because ye rays act not on one another by Prop. 6. And therefore ye aggregate can suffer none. These two Propositions also might be further proved apart by Experiments too long to be here described. 9. There can no homogeneal colors be educed out of light by refraction, wch were not commixt in it before; because, by prop. 7. & 8, Refraction changes not ye qualities of ye rays, but only separates those wch haue divers qualities, by means of their different refrangibility. 10. The Suns light is an aggregat of an indefinit variety of homogeneal colors, by prop. 1. 3. and 9. And hence it is yt I call homogeneal colors also primitive or original. And thus much concerning colors 7). {==332==} {>>pagina-aanduiding<<} M. Hugens has thought fit to insinuate, that ye aberration of rays (by their disserent refrangibility) is not so considerable a disadvantage in Glasses as I seem'd to be willing to make men belieue, when I propounded concave mirrors as ye only hopes of perfecting Telescopes. But if he please to take his pen, and compute ye errors of a glas and speculum that collect rays at equal distances, he will find, how much he is mistaken, and yt I haue not been extravagant, as he imagins, in preferring reflexions 8). And as for what he says os ye difficulty of ye praxis, I know it is very difficult, and by those ways wch he attempted it, I believe it vnpracticable. But there is a way insinuated in ye Transactions p. 3080 9), by wch it is not improbable but yt as much may be done in large Telescopes, as I haue thereby done in short ones, but yet not without more than ordinary diligence and curiosity 10). a) Sur cecy vous n'avez qu'a me faire savoir votre ordre [Oldenburg]. No 1957. I. Newton à H. Oldenburg. 3 juillet 1673. Appendice II au No. 1955. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la continuation du No. 1956, et a été publiée par J. Edleston 1). Pray wth these Notes return my thanks to Mr. Hugens for his book. By a former letter of yors, I was a little dubious whether Mr. Slusius might not {==333==} {>>pagina-aanduiding<<} apprehend by wt you wrote to him concerning me, yt I pretended to his Method of drawing tangents; untill I understood by M. Collins yt you signified to him yt you thought it here of a later date. ffor it seems to me that he was acquainted wth it some yeares before he printed his Mesolabum & consequently before I understood it. But if it had been otherwise, yet since he first imparted it to his friends & ye world, it ought deservedly to be accounted his. As for ye Methods they are ye same, though I believe derived from different principles. But I know not whether his Principles afford it so generall as mine whch extends to Equations affected wth surd terms, wthout reducing them to another form. But if you please let this pass 2). The incongruities you speak of, I pass by. But I must, as formerly, signify to you yt I intend to be no further sollicitous about matters of Philosophy. And therefore I hope you will not take it ill if you find me cease from doing any thing more in yt kind, or rather yt you will favour me in my determination by preventing so far as you can conveniently any objections or other philosophical letters, that may concern me. For your profer about my Quarterly payments I thank you. But would not have you trouble yor self to get them excused if you have not done it already. And now being tired wth this long letter, I must in haste write my self. Yor humble servant I. Newton. Cambridg. June 23. 73. No 1958. Christiaan Huygens à J. Gallois. 8 juillet 1673. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). a⁾ Si sur le fonds de dessus d'un vaisseau cylindrique plein d'eau on dresse perpendiculairement quelque tuyau estroit, qui entre dans le vaisseau, et que l'on {==334==} {>>pagina-aanduiding<<} verse de l'eau dans ce tuyau jusqu'à ce qu'il soit rempli, par ce moyen le fond de dessous du vaisseau sera autant pressè que si la hauteur du vaisseau dans toute sa largeur s'estendist jusqu'au bout du tuyau qu'on y a joint et que le vaisseau fust entièrement rempli d'eau. Soit le vaisseau cilindrique plein d'eau AAGG et dans le fonds d'enhaut GG soit adapté le tuyau MH et qu'en suite il soit rempli d'eau, je dis que par ce moyen le fonds AA etc. Soit posè le vaisseau AAGG fermement arrestè et le fond AA seulement {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} mobile et si juste dans 2) qu'il puisse monter et descendre sans que l'eau eschape du vaisseau. Et qu'une corde attachée à ce fond comme VOP passant par dessus la poulie S, soustiene de l'autre costè un poids R egal à la pesanteur d'autant d'eau qu'en contiendrait le cylindre AALL. Je dis que l'eau contenue dans le cylindre AAGG et dans le tuyau MMHH pressera de sorte contre le fond AA qu'elle fera équilibre avec le poids R; d'ou il sera manifeste qu'elle pressera autant sur ce fond que ferait le cylindre d'eau AALL. Si l'eau HMA ne fait point equilibre avec le poids R, supposons premierement que le poids fasse hausser quelque peu le fond AA jusqu'en EE d'ou s'en suivra que l'eau du cylindre AAEE montera en mesme temps par dessus la surface HH, comme jusqu'en KK, car il n'importe pas que ce soit precisement la mesme eau; et la hauteur HK sera necessairement plus grande que AE, parce que le cylindre HHKK a moins de diametre que le cylindre AAEE. Et la distance NO, depuis le centre de gravitè du cylindre AAEE jusqu'au centre de gravitè du cylindre HHKK, sera aussi plus grande que VH qui est la distance entre le fond AA et la surface LL. Donc l'espace NO auquel est montè l'eau AAEE aura plus grande raison à l'espace VE qui egale la descente du poids R, que celle de HV à VE, c'est a dire que celle de la pesanteur du cylindre d'eau LLAA a la pesanteur de l'eau du cylindre AAEE. c'est a dire que la pesanteur R à la mesme eau du cylindre AAEE. Donc le centre de gravitè de ce qui s'est meu auroit montè, ce qui est impossible. Que l'on dise maintenant que le fond AA descendra; par exemple jus- {==335==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} qu'en EE, ce qui fera hausser le poids R de la mesme hauteur EA. Or pour remplir le cylindre AAEE il faudra qu'il en descende autant du cylindre donc la hauteur HK sera plus grande que AE. d'ou il est manifeste que l'intervalle ON entre les centres de gravitè des cylindres HK et AE sera moindre que la hauteur LA, puisque en AL il faut adjouter la moitiè de AE et oster la moitiè de HK pour faire ON. Mais comme LA est à AE ainsi la pesanteur de l'eau du cylindre LA ou bien du poids R à la pesanteur de l'eau du cylindre AE, qui est la mesme de celle du cylindre HK, donc il y aura plus grande raison de la pesanteur R à la pesanteur de l'eau descendue, que de la descente de cette eau qui est ON, a la montée du poids R, qui est égale a AE. donc le centre de gravité de ce qui a remuè seroit montè ce qui est impossible. Je suppose que quand des corps pesants se meuvent par leur poids leur centre de gravitè ne scauroit monter plus haut qu'il n'estoit devant le mouvement. Je suppose aussi que l'on scache que quand de deux corps pesants l'un est montè et l'autre descendu, et que la montée ait plus grande raison à la descente, que la pesanteur de celuy qui descend à la pesanteur de celuy qui monte, le centre de gravitè commun est montè. a) donnè à Mr. Galois le 8. jul. 1673. [Chr. Huygens]. {==336==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1959. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. [10 Juillet 1673]. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1954. H. Oldenburg y répondit par le No. 1969. Demonstration du Probleme de Alhazen 1). Envoyè a Brounker un exemplaire 2). Sluse rien 3). Sluse point voulu donner sa demonstration des Tangentes 4). Apologies. Je mesure les choses par le plaisir 5). Ce n'est pas bien pourtant de n'avoir rien repliquè jusqu'icy aux civilités de Monsieur Brouncker, ni d'avoir remerciè Monsieur Boile 6). Je me suis attirè en quelque facon une affaire avec Monsieur Sluse par l'envoy du Probleme 7). Et une autre avec Monsieur Newton 8). Peut estre avec Milord Brounker aussi 9). Dans mon livre de l'horologe, m. de Cincardin j'ay pris soin expres de luy attribuer ce qui luy appartenoit 10), cependant vous me dites que je scay bien que c'est luy le premier qui ayt appliquè les horologes aux longitudes comme si je ne l'avois pas dit dans mon livre. Car je ne crois pas qu'il veuille passer pour le premier qui ait trouvè que des horologes justes depend l'invention des longitudes, ou que devant son essay, je n'eusse pas pensè d'y faire servir la miene, puisque dans le premier imprimè de mon horologe j'ay marquè cet usage 11). {==337==} {>>pagina-aanduiding<<} En ce qui regarde l'horologe au pendule tournant et la pretension de Monsieur Hook d'en avoir construit auparavant je vous avois alleguè que desià du temps que j'estois en Angleterre j'avois parlè de cette invention a Monsieur Wren [et] quelques autres de ces Messieurs 12). Et vous avois priè de me faire scavoir de quelle façon Monsieur Hook egaloit dans ces horologes les tems des cirulations de ce pendule. Sans quoy il n'y a point de justese dans leur mouvement 13). A tout cela vous ne faites aucune reflexion, mais me repondez seulement fort {==338==} {>>pagina-aanduiding<<} brusquement que vos Messieurs ne veulent pas qu'on oste leurs inventions, qui vaut autant que de me reprocher, que c'est moy qui tasche a les leur oster. Il n'y a rien dont je me sente moins coupable ni moins capable que de ce que vous m'imputez. Mais je vois bien 14). {==339==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1960. Christiaan Huygens à J. Wallis. 10 Juillet 1673 1)). La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse à la Lettre No. 1947. Clarissimo et celeberrimo Viro D. Johanni Wallisio Chr. Hugenius. S.P. Agnosco in nuperis tuis litteris eximiam humanitatem tuam, vir clarissime, cum de tantillo munere tam officiose gratias agis, idque multo potioribus antehac abs te affecto. Angosco et solitam benevolentiam quod nondum lecto ac vix inspecto opusculo, tanquam alicujus pretij futurum suscipere non dubitasti. Quam tibi opinionem si post institutum examen permanere contingat, non exiguum me laboris fructum tulisse existimabo. Ad Nelij vero causam quod attinet, doleo equidem si quoquo modo te malae fidei insimulatum putasti; cum hoc ex ijs quae scripsi nequaquam effici possit, ac plane contraria mihi mens fuerit. Nihil certe in dubium vocavi eorum quae circa hanc rem scripto olim vulgasti. Sed ex ijs ipsis quid colligendum videretur ingenue exposui, sola aequitatis ratione ductus, cum minus adhuc causam haberem, cur Heuratio ego, quam cur Tu Nelio, faverem, quippe cum ille et parum mihi notus fuerit, et non optime de me meritus 2). Quod si Nelio laudem istam asserere posthac tibi visum fuerit, ac rem gestam pluribus exponere, atque etiam Tibimet ipsi partem ejus inventi aliquan vindicare, nihil equidem est quod impediat 3). Verumtamen illud ipse satis perspicis, testimonia vestratium ad fidem faciendam minus ponderis habitura, cum suae quisque nationi favere plerumque exstimetur. Merito tibi dolet pigetque neglectam fuisse ab initio publicationem inventi; id enim {==340==} {>>pagina-aanduiding<<} multo melius fuerat, quam sero postea repetere. Nec sane tam parvi momenti illud fuisse dicere nunc potes, ut gloriabundi censendi fueritis, si, quam primum repertum fuerat, in lucem notitiamque omnium Geometrarum pervenire voluissetis; alioqui enim et nunc gloriolam istam insuper habere oporteret; sed, si verum dicere licet, nihilo minus Angli vestri quam aut Galli aut Batavi laudem appetunt, idque re ipsa saepius compertum est 4). Hoc autem tantum abest ut vitio vertendum putem, ut pulchrum et praeclarum existimem, dummodo citra alius injuriam suae quisque promovendae gloriae incumbat. Hujus contemptu contemni virtutem aliquis dixit ac recte quidem, meâ sententiâ. Sed de his jam nimium prolixe agere mihi videor cum hoc unum tantum hac epistola efficere proposuerim ne quid praeter meritum praeterque mentem meam mihi imputares, quod etiam magnopere te rogo, tum cupio. Vale Vir doctissime et nos amare perge. Dat. Parisijs, 10 Julij 1672 5). No 1961. J. Wallis à H. Oldenburg. 14 octobre 1673. Appendice I au No. 1960. La lettre a été imprimée dans les Phil. Trans. 1). Clarissimo Viro, Henrico Oldenburg; Johannes Wallis S. Octob. 4. 1673. Oxoniae. Clarissime Vir, Quod ad Rectisicationem istius Curvae spectat, quam ego Paraboloidem Semicubicalem appellare soleo; omnino errat Cl. Hugenius (pag. 71, 72. Horologii {==341==} {>>pagina-aanduiding<<} Oscillatorii) cum ejus inventionem primam tribuit Johanni Heuratio Harlemensi, Anno 1659. Quippe certum est, eandem Biennio priùs invenisse & demonstrasse Gulielmum Nelium Anglum, Equitis Pauli filium: Et, post illum, id ipsum demonstrasse (ne plures nominem) Honoratissimum D. Vice-comitem Brounckerum. & Cl. Wrennium, Anglos; circiter menses Junii, Juliique, Anni 1657. atque rem jam tum apud nostros notissimam fuisse; utpote inter eos (Geometras aliosque,) qui (Societatis Regiae appellationem nondum adepti) tum solebant in Greshamensi Collegio (post habitas ibidem praelectiones Mathematicas) statis diebus convenire, publicatam & cum plausa acceptam. Idque mihi literis suis, Augusto mane 2) tum sequente, ad me Oxonium datis, indicavit Honoratissimus D. Vice-comes Brouncker; suamque simul demonstrationem tunc misit; ipsissimam illam, quam, Latinè redditam, (ne verbulo, quod sciam, mutato) meamque simul (quae paulò seriùs secuta erat,) in meâ ad Cl. Hugenium epistolâ, tractatui de Cycloide subjunctâ 3), post editi Anno 1659, pag. 93. totamque simul rei gestae Historiam candidè & sincerè inserui. Ut mirum sit, Cl. Hugenium prioritatem temporis Heuratio jam tribuere 4), si ad illa satis attenderit quae tum scripsi; Idq; hoc solo praetextu, quòd non apud exteras gentes (nam apud nostros res percrebuit) statim exclamaverit εὕρηχα. Interea temporis, Cl. Wrennium nostrum, Anno 1658, Cycloidis Curvae (ejusque partibus) aequalem invenisse Rectam, res erat jam tum nota, non in Angliâ tantùm sed & in Galliâ Belgióque; ipsique speciatim D. Hugenio (ut ex suis ad me literis constat 5)) ignorato adhuc Heuratii invento; eumque omnium primum id invenisse, in confesso est. Atqui ne ipse quidem Wrennius praetendit se primum omnium invenisse Rectam Curvae aequalem: Noverat utique, nec dissimulat, id invenisse Nelium anno praecedente. (Nec quidem ignorare poterat; nam, hac occasione, ipse, inter alios, tum statim, post Nelium, id ipsum demonstraverat:) Hanc tantùm sibi praerogativam faciens; quod ipse Curvam Oblatam Rectificaverit; Nelius autem Curvam potiùs quaesivit Rectificationis capacem, (de Paraboloïdum quidem familiâ, sed quam nemo, quod sciam, Nelio prior speciatim consideraverat.) Wrennii verba haec sunt, (ad calcem suae de Cycloide demonstrationis, quam ab ipso acceptam subjunxi meo de Cycloide Tractatui, pag. 80. seu rectiùs 73. nam paginatum ibidem numerus perperam notatur;) Quod de nullâ Curvâ hactenus notâ (ne quidem assumptâ Circuli quadraturâ) Priùs demonstr atum fuit quam ego haec de Cycloide primariâ amicis communicaveram; nisi quòd Illustris Juvenis Gulielmus Nelius, curvam quandam ita construendam, ut sit Euthysmi capax, summâ cum laude invenerat. Quae certè Wrennius non dicturus esset, si Euthysmus ille Nelii non fuisset suo prior; quo tamen posteriorem esse Heuratianum in confesso est. {==342==} {>>pagina-aanduiding<<} Eandem autem Nelii curvam esse atque Heuratii, non ambigitur. Eam verò Paraboloeidem esse, non magis dixit Heuratius in demonstratione sua quàm in suâ Nelius 6) sed neque ex earum numero esse quarum puncta quaelibet Geometricè desiniuntur, quod in Neliana desiderat Hugenius; (ut neque hic Heuratii partes sint quam Nelii potiores:) quamquam ex utriusvis demonstratione id facile elicitur, (ut nec hic nec ille propterea censendus sit id ignorasse,) ut & ex illa Honoratissimi Brounckeri: (ut de mea nihil dicam; qua nominatim dicitur, & demonstratur esse, Paraboloides Semicubicalis:) Et quidem res erat tam manifesta, ut nemo nostrum (quod sciam) de illo quicquam dubitaverit. Et quidem demonstratio Nelii, prout eam ille primò publicavit, prolixior fuit & fusiùs explicata; sed Wrennii consilio, in breviorem formam statim contracta, (quam, mihi petenti missam, edidi,) rescissis omnibus quae non erant ad Euthysmi demonstrationem praecisè necessaria; (ut non mirum fit, ibidem non omnia comparere, quae aliàs de natura curvae dici potuissent, ut pote ad praesens negotium non spectantia.) Quod postquam à Wrennio resciveram, cupiebam quidem, ut & fusiorem illam formulam conspicerem; sed, cùm, ut à Nelio mihi mitteretur, literis petebam, pro responso nuncium accepi, obiisse Nelium; unde factum est ut illam non viderim. Sed perinde est; nam & eodem sensu, (vim demonstrationis quod spectat,) & eodem quasi tempore comparuit utraque; nescio an paucorum dierum intervallo; certè non tanto, ut alicujus sit momenti, Heur atium quod spectat. Et quidem, contractior illa formula, omnia habet ad demonstrationem necessaria; ipso quidem Hugenio profitente (literis suis 7) ad me datis 15 Julii 1660) his verbis: Fermatii libellum novum 8) simul ad me misit Carcavius, de Curvarum linearum cum rectis comparatione; in quo praecipue agitur de Paraboloïde illa, quam jam ante apud nos Heuratius, apud vos Gu. Nelius rectoe lineoc adocquavit. Post quod non speraveram, ab Hugenio dictum iri (quod jam video) non multum quidem ab invento illo Nelium abfuisse, neque tamen id planè assecutum esse. Atque ego Geometrarum omnium (qui vel D. Brounkeri, vel Nelii demonstrationem à me editam conspexerint) fidem testor, Annon fuerit rem demonstratu susceptam plane assecu- {==343==} {>>pagina-aanduiding<<} cutus. Sed & Honoratissimum D. Brounkerum testor, annon sua fuerit, atque ejusdem temporis, quam suo nomine Demonstrationem ediderem: Et Cl. Wrennium, (qui ipse Nelio superstes est,) annon prolixior Nelii demonstratio, fuerit (ejus consilio) in eam formam redacta, atque tum temporis, quum ego edidi. Audiebam porro, sub idem tempus, idem ab aliis Londini fuisse demonstratum: Sed postquam demonstrationem unam atque alteram vidissem, fueritque (nemine reclamante) pro demonstrato habitum, non eram solicitus plures conquirendi. Atque cùm Cl. Schotenius librum ab ipso tum nuper editum (cui Heur atianum hoc inventum subjunxit) mihi (pro humanitate sua) dono misisset, memini, me proximis ad eum literis significasse, Inventum hoc Heuratii id ipsum esse, quod ante duos annos invenerat Nelius; quodque ex eo tempore apud nostros pervulgatum fuit, & à variis demonstratum: quod ipsae (si extant) testabuntur literae Novemb. 26. 1659, datae. Idemque in suis; eodem ipso die ad me scriptis, habet Honoratissimus D. Brounkerus, his verbis, And indeed Heuraets invention is perfectly equipolent to Mr. Neil's. and for ought I know, he might have it from thence. Et quidem abundè testium tum esse posset (dum temporum momenta erant in recenti memoria,) si ulla foret suspicio, post tot tandem annos, litem de hoc negotio motum iri. Et quidem quod ad reliquas istius Curvae proprietates specata, ejusque genuinam naturam, (quas Heuratius non magis quam Nelius tradidit, sed disertis verbis declinat;) saltem Fermatius (vt ut Vir magnus) non modò non tradidisse sed neque tum perspexisse censendus erit. Quippe ille (quod certe non foret facturus, si satis intellexisset curvae illius naturam,) varia se invenisse Curvarum genera gloriatur; quae non sunt nisi eadem ipsissima Paraboloeides, sumptis tantum pro vertice punctis ejusdem curvae aliis atque aliis. Quod in meis ad D. Kenelmum Digby literis Parisios datis 24 Aug. 1660 (biduo postquam libellum illum, a D. Digboeo ad me missum, primum inspexeram,) demonstravi: Idemque in meis ad D. Hugenium, ejusdem mensis die 31 datis, indicavi 9). Sed metuo ne nimius videar in re perspicuâ. Nolim avtem ut haec malo animo dicta putes, sive in Heuratium (qui mihi neque beneficio neque injuria notus est,) five in Cl. Hugenium. quem magni semper habui, atque habiturus sum, & amicissimè semper tractavi; ejusqu; atq; inventorum suorum non iniquus fuerim aestimator; nedum in Fermatium, summum virum; sed ut nudae veritati testimonium perhiberem, Nelioque jam demortuo; iisque ex nostris omnibus, qui jamdiu ante Heuratum, id ipsum demonstraverant; atque, ne male fidei habear, in ea quam hac de re narrationem priùs edidi. Vale. {==344==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1962. Lord Brouncker à H. Oldenburg. 18 octobre 1673. Appendice II au No. 1959. La lettre a été imprimée dans les Phil. Trans. 1). Sir, It is very sure, that Mr. William Neil had in the year 1657 found out and demonstrated a Streight line equal to a Paraboloeid; and did then communicate and publish the same (though not in print) to my self and others, who used to meet at Gresham Colledge, and it was there received with good approbation; and the same was, presently afterwards, otherwise demonstrated by my self and others: And therefore ancienter than that of Monsieur Heurat, which (as it seems) is not pretended to have been done before the year 1659 2); and ancienter too than that of Sr. Ch. Wren, finding a Streight line equal to a Cycloid in the year 1658; and by him admitted so to be. Nor ought it at all to prejudice Mr. Neil, that M. Heuraet's was somewhat sooner abroad in print, than that of M. Neil, (though both in the same year 1659;) since it is well known to many of us, that Mr. Neil's was done before. Otherwise M. Hugens, by the same reason, will grant the precedency to Heuraet, of that which he now claims to be his own invention (that Rectifying the Parabolical Line and Squaring the Hyperbolical Space do mutually depend on each other:) for this was published in print by M. Heuraet (or M. Schooten for him) in the year 1659 3), and not by M. Hugens till now, 1673: And yet M. Hugens thinks, the may well claim that invention to be his own, because he now tells us 4), that he found it out about the end of the year 1657, and did (some time after) communicate it privately to some friends. And whereas, he doth suppose, that this invention of his might give occasion to that other of Heuraet, we may also as well suppose, that he might have taken such occasion from hearing of M. Neil having done the like, (for this had been then commonly known for a great while:) Or might have taken occasion (as well as Mr. Neil) from that of Dr. Wallis Schol. prop. 38. Arith. Infin. or from that of Sr. Ch. Wren having found a Steright equal to another Curve the year before: Or, if it were necessary to know their symbolization between the Parabolical Line and the Hyperbolical Space, he might have had it earlier from Dr. Wallis. For, when {==345==} {>>pagina-aanduiding<<} he had demonstrated (Schol. pr op. 38. Ar. Infin.) that the Particles which compose the Parabolical line, are in power equal to a Series of Squares increased by a series of Equals, suppose √ ∶ A2 + b2: And (prop. 35, 41. Conic. Sect.) that c the Ordinates to the Conjugate Diameter of an Hyperbola, (that is, the particles of which that Hyperbolical space consisteth,) are so also, viz. √∶ 1/4 T2 + T/L h2: (where A, T, L, are permanent quantities, and b, h, taken successively in Progression Arithmetical;) It was easie (for M. Heuraet, or M. Hugens, or any other,) to infer, That, if we can Rectifie the one, we may Square the other, & vice versa. But from whence soever M. Heuraet had it; we may, as before, reasonably conclude, that Mr. Neil had it before him: And M. Hugens is a person of that ingenuity, that, when he shall better consider of it, he will (I doubt not) be of the same mind. London, Oct. 8. 1673. No 1963. Chr. Wren à H. Oldenburg. octobre 1673. Appendice III au No. 1960. La lettre a été imprimée dans les Phil. Trans. 1). Sir, That I did, in the year 1658. find a Streight line equal to that of a Cycloid, and the parts thereof, was then very well known, not in England only, but in France and Holland. And I have not yet heard of any, who do pretend to have known it, before I discover'd it: which was the same year acknowledged in Print by those of France 2). But I do not pretend to have been the first that did ever find a Streight line equal to a Crooked. For I very well know, that Mr. William Neil had, the year before, found out and demonstrated, How to construct a Crooked line so as to be equal to a Streight, by a certain series of Numbers after the method of Dr. Wallis. And though He did not therein demonstrate the other properties of that Line; yet the same were presently after demonstrated by my self and others, and the nature of the Line fully discover's, being a certain Paraboloeid. And that which M. Heurat is said afterwards to have found out, in the year 1659, and M. Fermat in the year 1660, are but the same with that of M. Neile. {==346==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1964. Gillet 1) à Christiaan Huygens. 14 juillet 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Viro doctissimo salutem dat litterarum amans. Licet neque de facie neque de nomine tibi notus sim, vir nobilissime, nihilosecius ad credendum adductus sum tibi non ingratum fore, si quam in 5a propositione 4ae partis libri tui 2) habeo difficultatem, illam tibi salutato proponerem. Verum cum non adeo felix sim vt te domi reperiam, Epistola ista meas vices gerens quaenam sit mea difficultas, exponat; cum deberes probare lineam aee + bff + cgg/ad + bd + cd esse aequalem pendulo simplici, hanc aequalitatem supponis et ex hac suppositione probas aequalitatem motus, et ex aequalitate motus concludis aequalitatem linearum 3); perinde est ac si diceres, motus est aequalis quia lineae sunt aequales; lineae autem sunt aequales quia motus est aequalis; ex eoque magis apparet circulus quod si eadem aequalitas supponatur inter aee + bff + cgg/ad + bd + cd et quamlibet aliam lineam semper idem calculus reperiatur, eodemque modo probatur linea illa esse aequalis cuilibet lineae; neque minus a veritate mihi videris abhorrere qui lineas a.b.c.d.x. perinde atque earum extremitatum motum acceleratum, inter se referri existimaveris, cum hae lineae vel in eodem vinculo reserantur sicut quadrata motus accelerati vt facile probatur ex eo quod singula puncta soluta semper redeant ad eandem altitudinem unde descenderant conjuncta quandoquidem in disjunctione nulla pars neque intendit neque remittit motum; His solutis caetera optime cohaerent. Si hoc quid responsi non fastidis me tibi maximo beneficio devincies semperque Vir Clarissime Tibi paratissimus ero Gillet. Data Lutetiae pridie id. Jul. anno. ciƆiƆclxxiiia⁾. A Monsieur Monsieur Hugens à Paris. a) Logé rue des Noyers, proche des Carmes chez M. Gillet. [Chr. Huygens]. {==347==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1965. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 juillet 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1954. Chr. Huygens la laissa sans réponse 1). A Londres le 11 juillet 1673. Monsieur Celle-cy n'est que pour vous presenter ce livre joint de la part de Monsieur Boyle 2), auec ses humbles baisemains. Vous verrez bientost deux autres du mesme Autheur 3), qui ne vous desplairont pas, ie pense, non plus que celuy-cy; nostre amy travaillant auec beaucoup d'exactitude et d'integrité. Ces Messieurs Allemands, qui vous portent ce pacquet, seront bien aises de jouir de vostre humanité aux occasions. J'espere, que vous aurez receu ma derniere lettre 4) oú i'ay parlé de plusieurs particularitez qui vous concernent, estant Monsieur Vostre treshumble et tres-obeissant serviteur Oldenburg. Je seray bien aise d'entendre, que ce pacquet vous ait esté bien livré. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy a Paris. {==348==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1966. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 28 juillet 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 28 juillet 1673. J'ay imputè vostre silence aux affaires que vous avez depuis vostre nouvel employ 1) et je ne vous ay pas escrit pour ne vous pas obliger a me respondre, mais si vous en avez quelque fois le temps, il me semble que vous pourriez aussi bien qu'auparavant trouver des nouvelles pour nostre correspondance, puis que vous faites bien souvent des voiages a la Haye. Il est vray que mon Pere a la bontè de m'escrire par tous les ordinaires 2): mais il ne me mande guere de ce qui se passe hors de ce qui regarde nostre famille et le parentage, de sorte que je suis dans une profonde ignorance touchant les autres personnes et de ce qui est arrivè a toutes les belles de nostre connoissance, les Werfjes, Hoofjes, Heufjes, Leentjes, Ida, Tet 3) &c. J'ay seulement appris en general que non obstant la misere du temps la galanterie se maintient tousjours. Personne ne se marie t-il? et vous mesme n'y songez vous plus, ou attendez vous l'issue des troubles. La soeur de Zeelhem n'a t-elle point eu de grossesse ni demie, depuis deux ans que je suis icy de retour. Ce voiage de nos deputez qu'ils ont fait a la Haye me donne quelque esperance que le traitté pourroit reussir, mais j'apprehende que les Espagnols ne le retardent, et qu'on ne se laisse tousjours amuser par leurs promesses. Cependant l'hyver approche qui me paroit bien formidable. C'est Monsieur Cassini qui s'est avisè le premier des 2 nouveaux compagnons de Saturne, depuis que nous avons eu les Lunettes de Rome. Il a logè il y a pres d'un an a l'observatoire, et ne manque pas une nuict claire a contempler le Ciel; a quoy je ne voudrois nullement m'assujettir, me contentant de mes ancienes decouvertes, qui valent mieux que toutes celles qu'on a faites depuis. La beautè de nostre observatoire consiste jusqu'icy dans celle du bastiment, et de la belle veue qu'il y a de tous costez. Quand tout sera achevè il y aura du jardinage aussi qui ne sera pas a mepriser. Le vostre doit estre bien beau avec cette veue sur la riviere et l'eau vive qui y passe. Est ce cette eau vitriolée dont vous m'avez parlè cy devant, ou quelque petit ruisseau? Il me semble que vous devez estre bien au large dans vos appartemens de 4 ou 5 chambres de plein pied, et cela me fait {==349==} {>>pagina-aanduiding<<} croire que c'est plustost une maison que vous occupez par le droit de vostre charge, que de l'avoir louée si ample. Il est vray qu'elles ne sont pas si cheres en ce païs la qu'icy. dans mon apartement de l'observatoire il n'y a que 2 bonnes chambres, et encore ne m'ont elles coustè que trop a meubler. Ce sont des entresolles d'environ 22 pied de hauteur, mais la tapisserie ne va qu'a 11 pd. et le reste est en voute. Je fus il y a 4 ou 5 jours a la quarriere pres de Meudon d'ou l'on avoit tirè et desià embarquè sur la riviere une pierre 52 pieds de long, 8 de large et seulement 1½ d'epais. C'est l'une des 2 qui couvriront le frontispice du Louvre, et on est maintenant apres a la tirer du bateau qui l'a amesnée. Veu le peu de force qu'ont les pierres d'icy autour, je n'avois pas creu qu'on en seroit venu a bout; et je n'admire pas peu l'industrie du charpentier qui conduit cette affaire, qu'il a si bien commencée, que je ne doute nullement qu'il n'acheve de poser les pierres ou elles doivent estre, sans aucun inconvenient. Je vous donne a deviner et au frere de Moggers hil comment et par quelles machines tout cela se fait. Il me tarde fort d'apprendre quelque bonne issue aux affaires du dit frere 4), et je suis bien aise de ce que vous y travaillez avec quelque apparence de succes. Monsieur Perrault sera icy demain de retour de Viry, et je ne manqueray pas de luy lire vostre compliment. Je suis tousjours fort des amis de la maison, et il ne se passe guere de jour que je ne les voye. Il y a toutes les apresdisnees presque jeu et collation et bonne compagnie ou chez eux, ou chez ceux qui sont de la bande. Il faut bien que je joue aussi et comme je ne m'y scaurois appliquer avec l'attention necessaire, cela me couste quelque pistole de temps en temps. J'auray soin de vos chapeaux. Mes baisemains s'il vous plait a Monsieur van Leeuwen. Je ne scay si ce que je luy ay escrit y a contribuè quelque chose, mais l'on trouue le gazettier bien modeste presentement, et notamment en ce qu'il a mis touchant la prise de Mastricht 5). Ayez soin je vous prie de cette lettre a Monsieur Hooft. J'ay addressè une lunette que je luy envoie a mon Pere par un marchand qui est parti d'icy il y a 10 ou 12 jours, et qui porte quelques hardes pour M. Benting 6). {==350==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1967. Christiaan Huygens à J. Colbert. 9 août 1673. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. De l'effect des Lunettes d'approchea⁾. En supposant les regles de la refraction telles qu'on les avoit trouuees jusqu'icy sans y considerer autre chose, l'on pouuoit predire par avance l'effect des lunettes d'approche de quelque longueur qu'elles deussent estre et determiner la quantitè de leur grossissement à proportion de celuy des lunettes de longueur mediocre que nous avions desia. Et j'avois fait une table pour cela, dans la quelle en supposant, ce qui est vray, qu'une lunette de 12 pieds augmente les objects 72 fois selon le diametre, une de 30 pieds les devoit augmenter de 143 fois, une de 60 pieds 241 fois, une de 80 pieds 300 fois; une de 100 pieds 353 fois; une de 150 pieds 480 fois, une de 300 pieds 805 fois, une de 600 pieds 1354 fois. Mais il y a une certaine proprietè et defaut dans les refractions, qu'on a remarquè depuis peu 1), qui trouble ce raisonnement et fait que les grands verres des lunettes ne peuvent pas souffrir tant d'ouuerture qu'on leur donnoit dans le precedent calcul. Et comme la clartè depend de la grandeur de ces ouvertures, elles deviendroient trop obscures si on les vouloit faire grossir suivant la determination de la table susdite, de sorte qu'au lieu qu'une lunette de 60 pieds devoit grossir les objects 241 fois l'on trouue qu'elle ne peut aller qu'a 180, ou 200 sois au plus 2). Il en faudra venir de mesme a l'experience pour determiner l'effect de plus longues parce que le raisonnement en cecy n'estant plus fondè sur un certain principe l'on ne scauroit dire avec assurance quels doivent estre leurs effects quand par ex. elles seront de 100, 150 ou 300 pieds quoy qu'on puisse conclure, que d'autant qu'elles seront plus longues elles feront d'avantage, puis que l'experience nous a sait voir dans celles que l'on a faites jusqu'icy, qu'a mesure qu'elles se sont accrues leur effect s'est aussi tousjours augmentè. {==351==} {>>pagina-aanduiding<<} Pour faire voir cet effect par quelque chose de sensible dans les lunettes de 60 pieds qui sont les plus grandes que nous ayons presentement je prendray pour object les taches de la lune. Supposè donc que ces lunettes grossissent 200 fois. Elles feront paroistre le diametre de la lune sous un angle de 100 degrez puisque son diametre visible est d'un demi degrè. Or il est certain par ce diametre visible et par la distance de la lune, qui est de 30 diametres de la terre, que le diametre de la lune est d'environ 500 lieues d'allemagne estant au diametre de la terre comme 11 ad 40. donc puis que ces 500 lieues paroissent par la lunette sous un angle de 100 degrez il s'en suit qu'un endroit de la lune qui aura 5 lieues d'estendue paroistra sous un angle d'un degrè, c'est a dire que nous verrons cet endroit aussi grand et aussi distinctement qu'un rond d'un pouce en diametre nous paroit a la distance de 5 pieds. Par consequent un endroit de la lune de l'estendue {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} d'une lieue d'allemagne paroistra comme un rond de 2⅖ de ligne, c'est a dire comme le cercle marqué A, a la mesme distance de 5 pieds. Et un endroit d'une demie lieue d'allemagne comme seroit la ville de Paris, paroistra comme le cercle B vu de la mesme distance. En comparant cet effect des lunettes de 60 pieds avec ce que font celles de 20 pieds, qui grossissent 120 fois l'on voit bien qu'il s'en faut beaucoup que le grossissement ne croit pas a mesme proportion que la longueur car celles de 60 pieds a ce compte devroient grossir 360 fois, au lieu de 200 fois de sorte que pour obtenir un grossissement de 400 fois avec la distinction requise l'on peut dire qu'il faudroit la longueur de 200 pieds ou d'avantage, a la quelle il y a peu d'apparence qu'on puisse estendre les lunettes, a cause de l'incommoditè de s'en servir. Monsieur des Cartes, pour reduire cette longueur excessive des lunettes, et faire des effects prodigieux avec celles d'un mediocre volume, avoit proposè des verres de figure hyperbolique, mais il ne scavoit pas le defaut des refractions dont j'ay parlè cy dessus, qui ne peut estre ostè par quelque figure du verre que ce soit. Outre que pour faire voir comme il promettoit, des choses aussi distinctes dans les astres que nous en voions icy sur la terre, il ne se souuenoit pas qu'il eust fallu des verres plus grands que toute la ville de Paris. Car il est certain que suivant la proportion du grossissement des lunettes, il faut assembler plus grande quantitè des rayons qui vienent de l'object; de sorte que pour voir les choses mille fois plus grandes par la lunette que par nostre oeil sans lunette, il faut que la largeur du verre objectif soit a peu pres mille fois plus grande que celle de nostre prunelle. Et ainsi de mesme dans toutes les autres proportions de grossissement. a) Pour M. Colbert le 9 aoust 1673 [Chr. Huygens]. {==352==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1968. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 10 août 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 10 Aoust 1673. Hier on me dit pour tres asseuré que la milice Angloise estoit retournée et debarquée en Angleterre, d'ou je puis bien juger que l'alarme qu'on a eu chez nous n'aura pas durè longtemps 1). Asseurement ils n'auroient pas trouvè leur compte de tenter la descente tant que Monsieur de Ruyter avec la flotte estoit la aupres et en estat de les combattre et je crois qu'il a fait fort sagement de se tenir dans le poste avantageux ou il estoit. Je felicite ma soeur de ce qu'elle en a estè quite pour la peur, derriere sa Pingue 2), aussi c'auroit esté un coup trop malheureux qui l'auroit choisi parmi ce grand nombre de monde. Comment vont ses autres affaires? 3) Je prens en quelque façon pour bonne nouuelle quand on ne m'en mande rien; mais je voudrois une fois les voir terminees. Le nouveau traitè 4) dont vous parlez a estè aussi tost sceu icy, par quelques lettres interceptées a ce qu'on dit. Apparemment cela n'avancera pas la paix, a la quelle il me sembloit que les choses se disposoient. Mais je veux croire que vous autres Patres conscripti ne resolvez rien qui ne soit bien et a l'avantage de la patrie. J'ay envoiè vos chapeaux par Anvers. Vous ne m'avez pas mandè de quelle sorte vous les desiriez, c'est pourquoy j'ay pris un castor et un vigogne, pour la somme de 28 livres avec l'estuy. Ils devoient partir hier. Apres demain je dois tenir au baptesme un enfant de Monsieur Romf. Si j'avois {==353==} {>>pagina-aanduiding<<} pris avec moy l'eguière et bassin d'argent que Mon Pere me donna a mon dernier voiage cela me serviroit maintenant a en faire quelque pillegift 5). car a dire la veritè je n'abonde point en finance a cause de quelque frais extraordinaires qu'il a fallu faire 6). A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye. No 1969. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 14 août 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1959. Chr. Huygens la laissa sans réponse 1). A Londres le 4 Aoust 1673. Monsieur J'ay envoyé vostre lettre 2) enclose dans celle du 10 juillet 3) à Monsieur Wallis et ne manqueray iamais de contribuer tout ce que ie pourray pour maintenir vne mutuelle bienveillance entre les personnes illustres par tout. C'est pourquoy ie vous prie aussi de ne prendre pas mauvais que i'ay imprimè ce que Monsieur Newton a respondu 4) à vostre derniere, vû principalement que ie l'ay fait sans vous nommer pour eviter des reflexions, que l'on pourroit faire la dessus. La matiere estant importante, et ce discours de Monsieur Newton y apportant encore quelque lumiere, on l'a crû à propos de le publier par la presse à fin de donner tant plus d'occasion aux scavans d'y mediter. C'est encor la raison qu'on a fait imprimer la lettre de Monsieur Flamstead 5) {==354==} {>>pagina-aanduiding<<} nouvellement escrite à Signor Cassini à fin d'exciter les Astronomes par tout à faire des observations semblables. Vous m'obligerez de faire voir ces transactions audit Sieur Cassini avec mes humbles baisemains. Je ne doubte pas, que vous n'ayez receu le livre de Monsieur Boyle touchant la Relation entre la Flamme et l'Air etc. 6); comme aussi ce que ie vous envoiay de la part de Mylord Brouncker 7) dans ma lettre du 23 juin 8), qui ne vous fut pas encor baillée, lors que vous m'escrivistez la vostre 9) du 10 juillet 10). Vous trouuerez dans cet imprimé la description d'un nouveau livre de Monsieur Boyle 11), dont sans doubte il vous envoiera aussi vn Exemplaire, aussi tost qu'il sera de retour en ville. Nous aurons de luy vn troisiesme 12) dans quinze iours, traitant de la nature positive ou privative du Froid, auec plusieurs autres choses; où il examine tous les argumens, dont M. Gassendi se servit pour prouver la nature positive du Froid, les trouvant non concluans, sans pourtant determiner la question. Vous aurez l'occasion d'en juger dans peu de temps. Je suis Monsieur, Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à 46 β Paris. {==355==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1970. Bartholin à Christiaan Huygens. 22 août 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Coppenhague le 22 d'Aoust 1673. Monsieur Ayant reseu le beau liure 1), que Monsieur Picard m'a fait auoir de vostre part je me suis consolé des biens, dont je me suis privé, par la perte de vostre conversation. Vrayement ces sont de solides effets, et de sensibles obligations que je reçois de vostre bonté, faisants paroistre quelques signes de vie en nostre vieille amitié 2), lesquels me font connoistre que la longueur du temps n'a point de roüille qui puisse gaster les affections de vertueux. Monsieur Picart vous pourra rendre tesmoignage de l'estime que je fais de vos merites, et en quelle veneration m'est vostre vertu. Je vous remercie infiniment de cett excellent ouurage, lequel fera honte a tous les autres, qui sont venu du pais mesme d'ou nous est venu la Geometrie, de la boutique mesme d'Archimedes. Je connois assez le malheur de ma condition, par les occupations, qui m'empeschent d'employer le temps a des semblables matieres, qui ont autresfois entretenu mes soins. C'est pourquoy a vos excellentes demonstrations je ne respondray que par une grande admiration, et à vostre amitié, par beaucoup de reconnoissance, et une simple protestation, que je vous feray d'estre tousjours passionnement Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Bartholin. A Monsieur Monsieur Hugens a Paris. {==356==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1971. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 22 septembre 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 22 Septembre 1673. J'ay estè empeschè tantost par une chose tantost par une autre de vous remercier plustost de vos dernieres nouuelles. Par le dernier ordinaire je n'ay escrit a personne, parce que je me trouvay incommodè d'une colique qui m'a tourmentè pendant trois jours. Lors qu'elle me prit je remarquay a mon barometre un changement fort grand et soudain parce qu'en une nuict il avoit montè 8 pouces, c'est a dire que l'air estoit devenu beaucoup plus leger. Cela m'a fait songer a une remarque que Monsieur Boyle a faite quelque part, qu'une partie de la pression ordinaire de l'air sur nos corps estant ainsi ostée, le sang coule autrement qu'il ne faisoit, et s'il y a des vents dans le corps ils se dilatent. Je trouvay qu'en ce mesme temps plusieurs personnes se plaignoient de mal de teste et autres. Quand il arrivera de pareils changemens au barometre je verray s'ils confirment cette hypothese, mais j'espere, que ce ne sera pas a mes depens. Depuis 4 ou 5 jours le temps est icy fort beau et pas du tout si froid qu'il a estè auparavant. J'ay estè fort aise de la bonne nouvelle de la prise de Naerden 1). Cela donnera beaucoup de reputation a Monsieur le Prince et du courage a tous nos gens. Icy comme l'on a de la peine a demeurer d'accord qu'ils puissent rien faire de bon, l'on dit que la place estoit tres mal pourvue de munitions de guerre, ce que pourtant je n'ay point veu dans les relations qu'on a envoiées. Il y a 3 jours qu'on disoit que les troupes Imperiales apres avoir estè en presence avec l'armée de Monsieur de Turenne, avoient pliè et qu'elles s'estoient retirées. Maintenant on a nouvelle qu'elles ont passè le Main, et on dit qu'elles vienent joindre l'armée de Monsieur le Prince d'Orange, ce que pourtant je ne puis croire parce que le traject est encore bien grand, et que malaisement Messieurs les Allemands se voudront engager si avant. J'ay fait voir ces jours passez a Messieurs de nostre Academie, et ensuite aussi a Monsieur Colbert un essay d'une invention, que l'on a jugè fort bien imaginée, et dont j'espererois de grands effects, si j'estois asseurè qu'elle reussira en grand {==357==} {>>pagina-aanduiding<<} comme en petit. C'est une nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre a canon, et par la pression de l'air. En voicy la description. AB est un tuyau bien uni et d'egale largeur par dedans. D un piston au haut du tuyau, qui y peut couler dedans, mais ne peut point sortir vers en haut parce qu'il y a des arrets qui l'en empeschent. Au bas du tuyau il y a une petite boete. qu'on y attache a vis, avec du cuir entre deux, afin qu'elle ferme parfaitement. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} Aux endroits EE il y a des ouvertures au tuyau, et des boyaux de cuir mouillé EF liez a l'entour de ces ouvertures. Dans la boete C devant que l'attacher on met un peu de poudre a canon avec un morceau de mesche d'Allemagne, dont apres avoir allumè le bout, on attache la boete. Le feu prend alors a la poudre qui remplit le tuyau de flamme et en chasse l'air par les tuyaux de cuir EF, qui aussi tost apres se referment par la pression de l'air exterieur et s'aplatissent contre ces ouvertures, qui sont grillées, afin que les boyaux de cuir n'entrent pas dans le tuyau. Or ce tuyau demeurant vuide ou peu s'en faut par ce moyen, l'air presse avec une force tres grande sur le piston D et l'oblige a descendre dans le tuyau, tirant apres luy la corde DK, et le poids G, ou toute autre chose a quoy l'on attache cette corde. La quantitè de cette force se calcule aisement par la connoissance qu'on a de la pesanteur de l'air sur une surface donnée. Et quand le tuyau a un pied de diametre, le poids de l'air sur le piston est de 1800 livres, et aux autres grandeurs a proportion de leur surface. C'est a dire si le tuyau se vuidoit entierement d'air, mais il en reste tousjours quelque partie. Quand le tuyau estoit de 2½ pouces de diametre et de 2 pieds de haut, il se vuidoit avec le poids de 5 ou 6 grains de poudre, et il y restoit environ ⅙ de l'air. Quand il est d'un pied de diametre et de 4 pieds de hauteur, il se vuide avec une drachme et demie de poudre, mais il y demeure presque la moitié de l'air, ce qui diminue beaucoup de l'effect. Mais je crois que ce deffaut vient en partie de ce que les ouvertures pour faire sortir l'air sont beaucoup trop petites, ce qui reste a estre examinè par d'autres essais. Cependant avec ce tuyau d'un pied de diametre vuide seulement a moitiè, j'ay fait voir des effects surprenans a elever des poids et des hommes que tiroient la corde HG. Si l'on pouvoit bien vuider l'air ce seroit encore bien autre chose; et comme le tuyau n'a pas besoin d'estre bien fort, parce qu'il fait voute contre la pression de l'air de dehors, et que par consequent on le pourroit faire assez leger il ne seroit pas impossible de construire par ce moyen quelque machine (je n'ose pas dire pour voler) mais qui s'eleveroit du moins en l'air et celuy qui s'y voudroit {==358==} {>>pagina-aanduiding<<} fier. J'attendray vostre avis sur toute cette invention et si vous trouvez quelque chose pour la perfectionner vous me ferez plaisir de me la communiquer. Est il vray ce que ma soeur me mande de mad. H.H. 2) que depuis une fausse couche qu'elle a eue sa beaute est si fort diminuee qu'elle n'est pas reconnoissable j'ay de la peine a le croire et je scay que Monsieur Brasser de qui elle le tient parle quelques fois hyperboliquement. Nous avons icy une dame qui n'est pas mal faite; qui souffre aussi beaucoup depuis qu'elle a eu un pareil accident. C'est la femme de Monsieur Perrault le Controlleur 3). Elle est presentement a Troye en Champagne aupres de Monsieur son Pere ou Monsieur Perraut le Receveur 4) l'est allè accompagner. Il m'a priè par sa derniere lettre de vous faire ses baisemains; la semaine qui vient ils se rendront a Viry, ou nous les irons joindre. Adieu. No 1972. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 27 octobre 1673. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Depuis la derniere lettre de mon Pere, j'apprehende extremement l'issue de l'affaire du frere de Moggershill 1) que je croiois puisque entierement hors de danger apres que le Conseil d'Estat en avoit pris connoissance. J'attens maintenant avec impatience quel aura estè l'effet de l'intercession de Monsieur van Leeuwen qui agit si genereusement contre ces injustes et pressantes persecutions. Je ne suis pas {==359==} {>>pagina-aanduiding<<} peu en peine quand je pense a l'inquietude que toutes ces violences doivent causer a nostre bonne soeur et a ma Tante. Je n'ay pas le loisir presentement de vous donner plus d'eclaircissement touchant ma machine 2). Vous aurez veu, par ce que j'en ay escrit dernierement a mon Pere que ce n'estoit pas par la legerete du vuide que je pretendois de l'elever en l'air, mais par la force du mouvement adaptè a des aisles ou quelque chose de semblable. Toutefois ce n'est que Theoreticè que j'avance cette pensée, saschant fort bien {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} combien l'execution en seroit difficile ou mesme impossible. Pour ce qui est du Barometre, qui fait des grandes differences, je croiois que vous en scaviez la construction parce que je l'ay envoyée a mon Pere il y a longtemps dans le journal des Scavans 3). Il est de mon invention, composé d'un tuyan de verre double, ou il y a du Mercure d'un costè, et de l'eau qui ne puisse point geler de l'autre. Je vais vous en faire la description. Depuis A jusques a B il y a du vuide. Depuis B jusques a D du vif argent. Depuis D jusqu'en E l'autre liqueur colorée; et en F le tuyau est ouvert. La surface de la liqueur E baisse quand l'air devient plus pesant, et s'elesve quand il devient leger, ce qui arrive tousjours quand il doit pleuvoir ou faire grand vent 3 ou 4 heures apres. Et ces changemens sont douze ou treize fois plus grands que dans les Barometres ordinaires. Ce qui vient des boetes B et D. On a fait quantitè de ces machines icy que l'on enchasse dans des belles bordures dorées. Il ne vous sera pas malaisè de le faire imiter, en observant qu'il faut laisser purger d'air le Mercure pendant 10 ou 12 jours, ayant fait le vuide en AB, et bouchant cependant le bout A de cire. Apres cela on met l'autre liqueur, et on scelle la pointe A hermetiquement. Je suis pressè de finir, mais je vous diray auparavant pour nouvelle, que Mademoiselle Marotte 4) vient de se marier. L'espoux est un jeune homme assez bien fait, et qu'on dit avoir du bien. L'extraction peu de chose, car son Pere estoit chirurgien. Je n'ay point estè des nopces, pour estre tousjours mal avec le Pere, quoyqu'assez bien avez l'epouse. A Paris ce 27e Octobre 1673. {==360==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1973. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 13 novembre 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Elle fait suite au No. 1969. Huygens la laissa sans réponse. ndes vacations on a les dont ie prens la liberté vne ye jointe; dont vous, Monsieur Sluse faitez une grande partie 2). Vous y trouuerez d'un nouveau liure 3) de Monsieur Hobbes qui antiqu per obtinet. Monsieur Wallis nous donnera ses remarques lá dessus dans le iournal prochain 4), si ie ne me trompe fort. Je vous envoiay au mois de Juin 5) quelque chose de la part de Mylord Brouncker touchant vostre livre, et au mois d'Aoust 6), s'il me soubvient bien, ie vous dis de vous auoir envoyé le livre nouueau de Monsieur Boyle, de Effluviis etc. par vn certain Allemand, appellé Munchausen. Mais ie ne iamais sceu, si ces choses vous ont esté rendües ou non 7); ny receu le livre que vous disiez auoir destiné á Mylord Brouncker 8). J'espere, que vous me delivrerez de la peine que me donne la pensee de la perte de tout cela. Je suis sincerement Monsieur Vtre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Londres le 3 Novembre 1673. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à 50 β Paris. {==361==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1974. P. Guisony à Christiaan Huygens. 18 novembre 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur A l'occasion de quelques entretiens de philosophie que i'ay l'honneur d'auoir icy aueq des personnes de qualité, i'ay prié le R.P. Goudin 1) de me procurer la machine pneuphmatique de Monsieur Boyle vótre ami & le mien; & de la faire examiner à quelque intelligente personne, auant que de me l'enuoïer, de peur que la faute de l'ouurier me donna de la confusion dans l'execution des experiences. Sans mentir ie n'ay pas en cella ioüé d'un mediocre bonheur, quand il s'est adressé à vous, & qu'en acceptant le parti Vous luy aïés temoigné de ne m'auoir pas entierement oublié. Depuis que i'eus l'auantage de vous aborder quelquefois à la Haye 2), ie conceus Monsieur, des sentimens si releués de vous, que méme ie ne pùs pas etant à Rome vous en cacher quelque legere demonstration 3) sur le suiet de votre systeme de Saturne; & ce qu'il y à de gens d'etude & d'esprit en ces prouinces sáuent assez à quel point i'estime le vótre, & que l'áquisition que le Roy à faite de vótre personne à la France surpasse á mon auis la conquete de Hollande. Ce seroit sans doute, Monsieur, porter trop loing ma curiosité, que d'ambitioner de sáuoir vótre vie, vos decouuertes & vos desseins dans les sciences; J'oseray bien vous dire ingenúment que la passion de m'instruire est en moy si forte, que ie souhaiterois méme de penetrer jusqu'à la moindre de vos pensées. S'il y auoit en ce païs, Monsieur, quelque chose digne de vos recherches, ie prendrai la liberte de vous y offrir mes derniers empressemens; & de vous asseurer qu'il n'y a personne au monde qui soit aueq plus d'estime & de respet que moy Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Guisony. A Auignon le 18e 9bre 1673. {==362==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1975. G. Campani à Christiaan Huygens. 30 novembre 1673. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Illustrissimo Signore Patrono Colendissimo. Hieri mi fú cónsignato da Monseur Asout pér parte di V.S. Illma un libro sopra il moto de Pendoli dé gl' Horologij, il qualé tanto piu 'stimo, che riuscirà bello é prosittevolé, quanto maggioré è il grido della sua virtù, e valorè stimato, et ammirato da mè al maggior segno. Non perderó témpo di leggerlo, spérando cavarné, é gusto, é profitto, é mentré la ringratio infinitamente di questo honoré ché mi ha fatto, lo prégo darmi campo con qualche suo commando di réndermi degno per l'aveniré di quelle gratié, ché mi véngono sénz' alcun' merito compartité da V.S. Illma alla quale fo' summa riuta. Roma li 30 9bre 1673. di V.S. Illma Hummo Devmo et obligmo Serre Giuseppe Campani. A la Bibliotheque du Roy rue vivienne. A Monsieur Monsieur Christian Hugenius Zulichemius matematisien a la Academie Roialle a paris. {==363==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1976. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 7 décembre 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 7 Decembre 1673. Des personnes que je considere beaucoup 1) et dont l'amitiè m'est extremement chere m'ont priè d'escrire en Hollande en faveur de leur parent Monsieur de la Lande 2), demeurant en ce païs la depuis 30 ans et, depuis dix ans a Naerden, ou il a estè arrestè prisonnier lors que dernierement Monsieur le Prince a repris cette ville; sous pretexte d'avoir assistè ou servi d'interprete aux officiers François pendant qu'ils y estoient les maistres, et a estè jugè en suite par nos officiers qui y sont maintenant en garnison et condamnè a une amende de 60 mille livres. Mais ayant appellè de leur sentence à Messieurs les Estats d'Hollande il y a estè receu, et obtenu surseance de l'Execution. Je me remets a ceux qui vous rendront cette lettre de vous informer plus particulierement touchant cette affaire, dont peut estre vous aurez desia connoissance pour avoir estè a l'assemblee lors qu'il en a esté parlè. Je vous diray seulement que je souhaite fort de la voir terminee au plustost a la satis- {==364==} {>>pagina-aanduiding<<} faction de l'appellant dont je suppose l'innocence, croiant qu'on ne luy en veut que parce qu'il a de l'argent et que ceux de sa nation trouvent peu d'azile chez nous dans la conjoncture presente. Je vous recommande d'autant plus d'en vouloir entreprendre la protection et de parler en sa faveur a ceux que vous connoissez des Messieurs de la Cour d'Hollande aux quels je crois que l'affaire aura estè renvoiée. Enfin je vous prie d'y agir de mesme que si elle me regardoit, et de croire que vous ne scauriez me faire plus grand plaisir que de me faire recevoir des remercimens des bons effects de ma sollicitation. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem Grand Bailly de Gorcum et du païs d'Arkel, A la Haye. No 1977. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 décembre 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1973. Chr. Huygens la laissa sans réponse. A Londres le 8 Dec. 1673. Monsieur Voicy 1) la suite de ce qui s'est passé entre vous et Monsieur Sluse sur le probleme d'Alhasen, dont ie vous envoiay le commencement dans ma lettre du 3me Novembre 2), vous demandant au mesme temps de vos nouuelles touchant ce que ie vous auois envoyé auparavant de la part de Mylord Brouncker et Monsieur Boyle, le dernier desquels vous a destiné vn autre sien livre, que ie vous feray tenir par quelque ami, qui passera d'icy à Paris. Vous trouuerez aussi dans ces Transactions quelques lettres 3) de nos mathematiciens touchant la priorité de {==365==} {>>pagina-aanduiding<<} l'invention de l'egalité d'une Paraboloide auec vne ligne droite: ce qu'on à trouué a propos d'inserer icy, à fin de donner à vn chacun ce qui luy est du, autant qu'il se peut faire. Je suis persuadé, que vostre candeur prendra cette justice en bonne part de celuy, qui est Monsieur Vostre treshumble & tresobeissant Seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 28 β No 1978. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 29 décembre 1673. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 29 dec. 1673. Je vous remercie bien fort de ce que vous avez fait a ma recommandation dans l'affaire du Sieur La Lande 1). Je feray veoir a ses parents ce que vous m'en mandez, par ou ils verront qu'ils n'ont pas esté bien informez de l'estat du proces, et le peu d'apparence qu'il y a d'une bonne issue. En effect cette lettre de Monsieur le Prince est de tres mauuais augure, et me fait croire qu'il y a quelque chose de plus dans l'accusation que d'avoir servi d'interprete; quoyque d'un autre costè aussi je ne comprens pas comment on pretend punir la trahison d'une amende pecuniaire. J'en escriray encore un mot a mon Pere a fin qu'il tasche de radoucir Monsieur le Comte de Waldec 2). J'en avois escrit a Monsieur van Leeuwen en mesme tems qu'a vous, mais si Messieurs les Estats abandonnent l'affaire tout cela ne servira de guere. {==366==} {>>pagina-aanduiding<<} Je ne scaurois presentement vous rendre un compte exact des millions que le papier des Formules raporte, si non que pour ce qui est de la generalité de Paris, l'on m'a dit que cela monte a pres de trois millions. Ce n'est jusqu'icy que sur le papier qui sert aux proces et aux contracts que s'etend l'imposition; mais avec le temps elle pourra devenir plus ample, et l'on parloit dernierement que l'on obligeroit tous les marchands et ouvriers de se servir de ce papier, pour escrire toutes leurs parties. Il y en a de differens prix, comme de 5 sous de 10 de 15 de 30 et jusqu'a 4 frs. J'envoieray querir l'Edict et apres cela, je vous en pourray parler plus precisement. Je prendray du Banquier de Monsieur Hooft 3) l'argent que vous luy avez envoiè pour mon compte. Je dois luy envoier encore 3 lunettes, dont l'une est de 20 pistoles pour son cousin Mels. Elle sera de 21 pied, et du bon ouvrier. Si elle estoit faite je pourrois l'envoier par une commoditè qui se presente d'un confiturier qui part pour Amsterdam, mais cet homme est fi fort employè qu'on ne scauroit avoir de son ouurage, qui ne consiste pas seulement en lunettes mais aussi en instruments de mathematique d'argent en quoy il n'a pas son pareil. Je verray ce qu'il y a des livres nouveaux pour vous les envoier par ce mesme passager. Je n'ay pas veu Monsieur Perrault depuis que vostre lettre m'a estè rendue, qui n'a estè que hier, parce que les pacquets ont estè arrestez. Je m'assure qu'il sera tousjours bien aise de renouveller avec vous le commerce. On parle fort de l'entreprise de Monsieur le Prince, et on tient Monsieur de Luxembourg 4) embarassè 5). Nous verrons bientost comment cela se terminera. Je suis bien aise de voir que vous songez a desseischer les pays inondez. Que ce ne soit pas trop tost pourtant et qu'il ne faille pas y faire venir l'eau une seconde fois. Je crois que je ne vous ay pas encore mandè que le bon Monsieur Petit est paralytique depuis 7 ou 8 mois 6); en sorte qu'il garde presque tousjours le lict et ne scauroit parler que malaisement. Cela fait qu'on ne le voit presque plus. Sa fille avec cela n'en laisse approcher personne que le moins qu'elle peut, parce qu'elle s'est mise en teste qu'il voudroit se marier. Il n'y a rien de plus plaisant que ce mesnage. Le pauvre Monsieur Chapelain est depuis un mois dans le mesme estat et encore pis, car on dit, qu'il ne parle point. {==367==} {>>pagina-aanduiding<<} Monsieur Justel s'en va aussi, et on a desià priè pour luy a Charenton deux dimanches de suite. Dieu nous veuille garantir de ces maux et de tous autres et vous donne une heureuse année de 1674. S'il y a moyen scachons un peu au vray ce qu'il y a de cette affaire de Mademoiselle Julie. No 1979. M. Charas à Christiaan Huygens. 1673. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). De Monsieur Charas. Pour faire de la poudre fulminante R nitri purif partes 3 Sulphuris unam. Salis tartari 1½ misceantur in pulverem redacta. Probatum. On met un grain ou 2 de cette composition sur une plaque de fer blanc et on l'echaufe par dessous, avec une chandelle. apres quelque minute de temps elle pete. No 1980. Benoit à Christiaan Huygens. 1673. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Pour peindre sur le plastre et pour le preserver des injures de l'air. dans une pinte d'huile faite cuire et bien mesler une demie livre de cire. Chauffez bien la figure de plastre, et l'y appliquez tout chaud avec une esponge ou grosse brosse. du Sr. Benoit peintre a Paris 2). {==368==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1981. Cousin 1) à Christiaan Huygens. 1673a⁾. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Reponses aux remarques de Mr. Hugens sur mon nouveau partage de la ligne harmonique 2). Au 1er article. Je dis que Je n'ay pas entrepris de prouuer par raison que le partage, qui augmente le semiton majeur de ¼ de comma, soit le plus desplaisant a l'oreille, mais qu'il n'est pas le plus conforme au temperamment de l'orgue: Et que le plus grand agrément des consonances a l'oreille ne doit pas regler la mesure des consonances, d'autant que l'ancien partage, qui met les consonances dans leur plus grand agrement a l'oreille, est le plus defectueux de tous; et qu'ainsy la fausseté de quelques consonances, qui se rencontre plus ou moins grande dans mon partage que dans le nouveau des autres auteurs, ne le rend pas plus vicieux; pourveue que lon trouue par experience qu'il est le plus conforme au temperamment de l'orgue, qui doit estre la regle du partage de la ligne harmonique dans vne orgue bien accordée par le jugement de l'oreille. Au 2e article. Je dis que lon peut et que lon doit aussy experimenter sur l'orgue quelle est la juste mesure du semiton majeur de l'orgue par le moyen du monochorde, a l'experience du quel il faut s'en raporter, et non pas a la seule raison qui ne doit point estre crüe si elle n'est appuyée de l'experience. Au 3e article. Je dis qu'il est vray que lon pouuoit plus facilement se seruir des logarithmes, mais que mon calcul n'est pas moins juste ny moins sur. Au 4e. et dernier grand article. Je dis que la meilleure diuision doit estre celle qui est la plus conforme au temperamment de l'orgue, soit que les consonances se trouuent plus ou moins eloignées de leurs proportions arithmetiques ordinaires, toutes, ou quelques vnes d'elles, et qu'ainsy la plus nouuelle diuision des auteurs precedens enoncés dans cet article 4. sera la meilleure, si elle se trouue la plus conforme au temperamment de l'orgue en augmentant le semiton majeur de ¼ de comma et en diminuant le ton majeur une moitie de comma, et que ma diuision ne sera pas si bonne, si elle ne se trouue pas si conforme au temperamment de l'orgue en laissant le semiton majeur dans sa proportion ordinaire de 16. a 15. et en diminuant le ton majeur de ⅖ de comma, c'est a dire en faisant le ton dans la pro- {==369==} {>>pagina-aanduiding<<} portion de 75. a 67. ce que lon peut cognoistre facilement par experience en confrontant l'orgue ou le clauessin auec le monochorde diuisé selon l'vne et lautre de ces deux manieres de diuision, par laquelle experience il se trouuera, si mes oreilles ne m'ont autrefois trompé, que le semiton majeur de l'orgue est dans sa juste proportion de 16. a 15. le ton dans celle de 75. a 67. la tierce majeure plus grande que celle de 5. a 4. Et la sexte mineure plus petite que celle de 8. a 5. outre lordre de lautre diuision, qui sera recognue pour la meilleure, si l'experience du monochorde fait voir que le semiton majeur sur l'orgue est augmenté dvn quart de comma, et que le ton majeur est diminué dvne moitié de comma, la tierce majeure conseruée dans sa juste proportion de 5. a 4. Et la sexte mineure dans la sienne de 8. a 5. comme on le dit ou comme on le suppose. Secondement je dis que jay recommencé mon calcul de la quinte, et que je n'y ay point commis d'erreur en la faisant differer de celle de 3. a 2. de 1/394 et non pas de 1/409 come dans la tierce majeure. Troisiesmement je dis que l'accord des Instruments de clauier est egalement facile sans le ministere du monochorde soit que la tierce majeure demeure dans sa juste proportion ordinaire soit qu'elle l'eccede, par ce que, pour accorder ses instruments a clauier, l'oreille de ceux qui s'y cognoissent n'a pas besoing d'autre ministere que de celuy des sons des mesmes instruments en les accordant, soit que leur temperamment se suporte auec ma diuision on auec lautre, puis qu'il est vray qu'il n'appartient qu'a l'oreille seule de mettre d'accord les instruments a clauier, et que par consequent la raison doit recevoir la loy de l'oreille sur un instrument a clauier bien accordé, pour partager la ligne harmonique, et cela par le moyen du monochorde qui seul peut, estant confronté auec cet instrument a clauier, determiner les justes mesures de ses consonances, et faire voir la bonté ou le defaut de mon partage, ou bien la bonté ou le defaut de l'autre partage ordinaire. a) De Monsieur Cousin. Ce partage n'estoit pas bon. 1673 [Chr. Huygens]. {==370==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1982. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 12 janvier 1674. La lettre et la copte se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 12 janvier 1674. Le Frere et autres parens du Sr. de la Lande 1) me sont venu remercier et tesmoigner qu'ils sont extresmement satisfaits de la maniere dont vous avez agi en cette affaire. Ils m'ont aussi montrè tout le proces imprimè, par ou il paroit assez que les accusations contre ce pauvre homme sont mal fondées. Il y a jusqu'icy surseance d'execution a ce qu'ils me disent et ils vont presenter requeste a Monsieur le Prince pour le supplier de vouloir prendre luy mesme connoissance de l'affaire, esperants qu'il ne voudra pas condamner un homme innocent pour avoir ignorè les formes de proceder, et n'avoir pas recusè des juges incompetents. Dans l'assemblée d'Hollande plusieurs villes avoient opinè en sa faveur a ce qu'ils m'ont assurè, ce qui ne seroit pas arrivè sans doute, s'il n'y paroissoit de l'injustice dans cette persecution. Ils se louent particulierement de la ville de Leyden et de Monsieur van Leeuwen a qui j'avois aussi escrit pour cet effect. Si vous voyez encore du jour dans cette affaire, et que cela se puisse sans deplaire a Monsieur le Prince, je vous prie de ne la point abandonner. Des gens de nostre païs qui sont icy en pourroient souffrir si l'on fait veoir qu'on a condamnè des francois par dela sans suject et comme par haine de la nation. Vous scaurez desia la detention de Madame de Buat, et que ce n'est que par represaille de ce qu'on a arresté en Anvers Madame de Groot 2). Je l'ay estè veoir 2 ou 3 fois, et il y a tousjours bonne compagnie chez elle, mais un officier qui la garde en est tousjours aussi, et outre cela il y a 3 gardes encore dans la maison, le tout entretenu a ses despens. Voicy le Tarif des formules 3), qui a ce que vous verrez ne montent pas a un si haut prix que l'on m'avoit dit. Il y a des bureaux a Paris et dans les provinces, ou des commis establis pour cela les debitent. Sur ces papiers et parchemins il n'y a imprimè autre chose, si non pour les actes des notaires ou pour les actes de la Chancellerie &c. quoyque dans l'ordonnance il est fort parlè de l'utilitè de ces {==371==} {>>pagina-aanduiding<<} formules. Comment se leve chez vous le Familiegelt 4)? Il y a une invention nouvelle icy, preste a paroistre, d'un chariot sans roues, et qui ira sans cahos, je n'en scay pas encore toute la construction, mais seulement a peu pres, et il me semble qu'elle pourra reussir. Le modelle va fort bien a ce qu'on m'a dit, et avec tres peu de force. Vous jugerez bien par la que c'est quelqu'autre chose qu'un traisneau. On fait la machine en grand presentement et nous verrons quel en sera le succes 5). Si vous voiez le frere de Moggershil demandez luy s'il veut que je luy envoie le nouveau Vitruve francois 6) car peut estre l'aura-t il desià, ou par ce qu'il a d'autres occupations depuis sa fascheuse affaire 7), il ne se souciera guere de ces choses, quoy qu'il les ait aimees autrefois 8). No 1983. M. Campani à Christiaan Huygens. 13 janvier 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Per Illris et Clarissime Domine D. mi Colendme. Occasione, qua nudius tertius adij Domum D. Auzout, ipsum rogatum, ut sibi complaceret, librum tuum mihi legendum concedere per aliquot dies, quem, inaudieram, nuper editum de Horologio oscillatorio; ambo simul animadvertimus, quem, illum unicum sibi servatum, è tribvs a te ad eumdem missis, benignissime esse mihi inscriptum, ac liberalissimè à te dono missum: alterum verò suum (nescio quo fato circa propria nomina aequivocando) iam diù, tuo nomine con- {==372==} {>>pagina-aanduiding<<} signauerat Josepho Campano, fratri quidem meo, et de me valde benemerito; verumtamen ingratudinis vitio in me nimium laboranti. Ergo immortales tibi ago gratias Domine mi Hugeni, de tanto dono: precorque Deum, ut te semper bene fortunet de tam multis beneficijs orbi collatis per tua ingeniosissima inventa: Circa quae, si aliquando per otium licebit (continuo equidem premor diu, noctuque à gravi Animarum Cura, qua unius Parochiae Urbis fungor) aliàs tecum agam; ingenue tamen, et citra ullum Eminentissimi Ingenij tui praeiudicium: Cum Nobilissime Domine valere te, et perennare cupio. Romae Idibus Januarij 1674. PerIllustris et Clarissimae Dominationis Vestrae Humillimus et Addictissimus famulus certissimus Mattheus Campanus Alimenius. Per Ill.ri Domino, et Clarissimo Viro Domino Christiano Hugenio Zulichemio Parisios. No 1984. A. Auzout à Christiaan Huygens. 24 janvier 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. a Rome ce 24 janvier 1674. Je m'estois trompé Monsieur quand jauois cru par le passé que jetois hors de votre souuenir aussi bien que de celuy de beaucoup dautres mais la grace que vous maues faite de menuoier votre liure 1) ma rendu temoignage du contraire ie vous en suis extremement obligé et quoyque ie ne laye parcouru que legerement jy ay trouué par tout des choses dignes de vous dont Jespere profiter dauantage au premier loisir, jen receus trois exemplaires par la voie de Monsieur Renault 2) qui me {==373==} {>>pagina-aanduiding<<} marquoit quil y en auoit vn pour le Signor Michelang Ricci 3) vn autre pour le Signor Campani et le troisieme pour moy. Jenuoiay les deux a ces Messieurs mais ie fis vn Equiuoque car naiant pas regardé au bas ce que vous y auies ecrit je crus que vous lenuoijes au Campani qui fait des lunetes ne mestant pas venu dans lEsprit que vous auies eu autrefois communication par lettres auec le Signor Mateo son frere, ainsi je lenuoiay au Signor Giuseppe 4) mais depuis aiant decouuert lEquiuoque que jauois fait en voiant au bas de celuy qui mestoit resté par megarde le nom de Mateo Campani, ie luy ay donné le sien et le mien est resté au Signor Giuseppe qui ma pourtant promis de me le rendre tant a cause quil a sceu quil netoit pas pour luy que parcequil nentend pas le latin quoyque ie le luy aie offert pour la peine de ma beueue et parce quil ma dit quil vous en àuoit remercié par une lettre 5). cet accident a causé le retardement a ma lettre et a celle du Signor Mateo 6) et lhistoire que ie vous en fais vous otera de l'esprit ou vous auroit pu mettre vn remerciement de deux endroits pour vn meme liure. Au reste Monsieur je vous supplie de disposer de moy en ce pais cy pendant que iy seray si vous me juges capable de vous y pouuoir seruir en quelque chose, et de me croire auec passion Votre tresobeissant seruiteur Auzout. A Monsieur Monsieur Hugens Zulighem A Paris. {==374==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1985. De Regnauld à Christiaan Huygens. 29 janvier 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Lyon ce 29e Janvier 1674. Monsieur Jay a vous remercier de vre beau traitté des pendules que Monsieur Mathion 1) me fit tenir auec dautres pour Messieurs Ausout Ricci et Campani 2). Je vous en rans mille graces cest un ouurage digne de vous et que personne que vous ne pouuoit faire. Jenuoyay a Monsieur Ausout les 3 Exemplaires que Jauois receu pour luy et ces deux Messieurs. Il ma escrit quil les a receu et qu'il a fait tenir a Messieurs Ricci & Campani ceux qui êtoint pour eux; Je l'auois prié de tirer reponse de ces Messieurs et de me les enuoyer; mon dessein etant de vous les faire rendre par Monsieur Mathion et dy joindre en meme temps mes ciuilités. Mais comme Je m'imagine que ces Messieurs auront pris dautres voyes pour vous escrire je nay pas voulu differer daduantage a le faire, et a vous temoigner les ressantimans que J'ay de vos bontez et le cas que ie fais de votre merite. Le Public vous a les dernieres obligations des veritez que vous luy apprenez qui auoint eté impenetrables a tout aultre que vous. Votre Reigle des pendules Isochrones est merveilleuse; la resolution lineaire ou lEffection geometrique en est aisée quand il ne sagit que de deux poids, voicy celle que iay trouuées soit que les poids {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} B, C, passéz a une verge, mobile autour du point A, soint ou de meme part comme en la 1ere figure, ou depart et d'autre du point A comme en la 2e figure. Car au 1er cas: menéz BD, et CE perpendiculairement et de differante part sur la verge; et que BD soit a CE reciproquement comme le produit du poids C multiplié par sa distance CA est au produit du poids B multiplié par sa distance BA; {==375==} {>>pagina-aanduiding<<} Joignez DE couppant la verge en F; AF sera la longueur du pendule Isochrone, conformement a uos reigles. Et au cas de la 2e figure menez de meme part les perpendiculaires BD, CE; faisant que BD soit a CE reciproquement comme le produit du poids C multiplié par sa distance CA, est au produit du poids B multiplié par sa distance AB; Joignez DE et la continuez alinfiny, au cas que ces produits soint Inegaux, elle rancontrera la verge comme en F, du costé du poids le plus fort. Et AF sera la longueur du pendule Isochrone, conformement a vos reigles. D'ou il est manifeste que votre reigle a lEgart de deux poids peut etre conceüe et enoncée en cette maniere. au 1er cas. Comme laggregé des momans (Jappelle momant le produict dun poids par sa distance) des poids, qui est BD + CE, est au momant BD du poids C le plus esloigné du centre A; ainsy BC la differance des distances soit a BF, quil faut adjouter a AB la distance du poids B le plus proche du centre A, pour auoir AF longueur du pendule Isochrone. Et au 2e cas comme la differance des momans des poids B, C, qui est GD est au plus petit des momans scauoir EC, ainsy soit laggregé des distances BA + AC, ou GE, soit a CF quil faut adiouter a AC distance du poids le plus fort, pour auoir AF longueur du pendule Isocrone ce qui ayant eté practiqué a lEgart de deux poids le peut etre ensuyte alEgart de trois et de dauantage. Je ne doute point Monsieur que vous nayez eu toutes ces veues; mais votre proposition est faite en des termes si generaux et si beaux que vous auez eu raison de n'en point choisir dautres, et ce que Jallegue icy n'est que pour vous faire voir que ie my suis arresté. tout votre ouurage est si merueilleux que vous deuez etre persuadé que tous ceux qui le verront ladmireront; a mon sens lapplication de la cycloïde au pendule lEuolution de cette ligne et les centres dagitation dans les corps sont les derniers efforts de lEsprit humain. Je vous supplye de me continuer lhonneur de votre affection et de me croire Monsieur Vostre treshumble et tresobeïssant serviteur De Regnauld. A Monsieur Monsieur Huguens de lAcademie Royalle des Sciences A Paris. {==376==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1986. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 9 février 1674. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 9 février 1674. Ayant communiquè, pour autant que je l'ay jugè a propos, aux parens de Monsieur de la Lande 1) ce que vous m'avez mandè touchant son affaire, ils m'ont priè d'interceder encore aupres de vous a fin que vous vouliez indiquer, a ceux qui vous consultent par de là, quelque personne qui pourroit se charger de faire la proposition a Monsieur le Comte de Waldec que vous scavez. Sur quoy j'ay promis de vous escrire, quoyque je le croie fort superflu, parce que sans doute vous leur aurez desia donnè conseil la dessus ou quelque autre de leurs amis, dont il me semble qu'ils ne scauroient estre si fort depourveus que d'en manquer pour une chose comme celle là. Le recours qu'ils ont a cette voye de composition me fait croire que la requeste a Monsieur le Prince n'aura pas fait grand effect, parce qu'il aura esté prevenu des informations de Monsieur le Comte susdit, quoyque dans le fond je crois qu'on fait injustice a ce pauvre homme. Messieurs Berchoffer et Riomale 2) sont parti a la fin de la semaine passée, mais parce qu'ils sont allez auec le messager et seulement avec des valises pour tout bagage, je n'ay pas voulu les charger des hardes pour mon Pere ni de livres pour vous et pour le frere de Moggershill. esperant de les pouuoir envoier et plus seurement et plus commodement par Monsieur Romf qui doit partir bientost. J'ay seulement donnè a Monsieur Berchoffer 4 exemplaires de mon livre de l'Horologe, et un exemplaire des Pseaumes de mon Père 3) ce que je vous prie de luy dire. Vos Vitruves 4) et ces coujonneries que vous avez demandée sont prestes et empacquetées. Je n'ay pas bien le temps de vous expliquer maintenant l'invention du nouveau chariot 5); mais je vous diray en somme, que ce sont des rouleaux sur lesquels passe le corps de cette voiture. Il y a une chaisne de ces rouleaux de chaque costè, et chaque rouleau porte attachée a soy une planche quarree de 16 ou 18 pouces; les {==377==} {>>pagina-aanduiding<<} quelles planches vienent poser a terre a mesure que le chariot avance et ainsi il roule tousjours sur trois ou 4 rouleaux pendant que leur planches (auxquelles chaque rouleau est attaché par un petit axe de fer qui le traverse) demeurent en repos. Le frère de Moggershil vous aidera a dechiffrer cecy, et je vous en feray quelque sigure une autre fois. J'ay veu marcher le modelle avec bien du plaisir, mais parce que la machine est un peu bien composée je ne voudrois encore rien decider touchant le succes. Les avantages seroient que ces chariots iroient avec moins de chevaux, sans cahos, et qu'ils rendroient les chemins tousjours meilleurs en les applanissant avec ces planches. Le grand qu'ils font de 16 pieds de long, sera bien tost achevè. A ce que j'apprends les 2 propositions importantes dont vous parliez dans vos dernieres, ont estè arrestées de la maniere que vous l'attendiez; dont l'une n'est pas peu importante pour nostre maistre 6) et par consequent pour ceux qui en dependent. Mandez moy je vous prie comment se portent les 2 soeurs grosses dont il y a longtemps que je n'ay ouy parler. Et faites leur mes baisemains. Madame de la Fertè accoucha avanthier d'une fille, et se porte bien. Il y en a icy qui disent de Madame sa mere la mesme chose, ce que mon Pere me mande que l'on croit par de la. Je ne voudrois pas respondre que cela n'arrivast quoyqu'il y a bien de raisons et de considerations qui devroient l'empescher 7). {==378==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1987. Christiaan Huygens à R.F. de Sluse. 28 février [1674]. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). 28 febr. Nobilissimo Clarissimoque Viro Renato Francisco Sluzio Christianus Hugenius S.P. Misi ad te Vir clarissime aestate praeterita Exemplar libri mei recens tunc editi de Oscillatorio Horologio seu motu Pendulorum, ac seorsim binas subinde literas 2). Nec adhuc scire mihi licuit utrumne aut illud, aut harum aliqua ad te pervenerit 3). Existimo tamen, quod per hosce bellorum tumultus mirandum non esset, in itinere detentas vel neglectas intercedisse, potius quam ut tuum silentium culpem, cujus tantam, quantam in alio nemine semper humanitatem expectus sum. Caeterum cum diebus hisce audente quodam ex amicis, de infortunio hoc meo conquererer, operam ille suam obtulit, suisque literis (nam continuum illi cum Leodiensibus commercium est) meas, si quas dare ad te vellem inclusurum promisit, curaturumque ut certo tibi reddantur. Itaque oblatam opportunitatem non dimittendam esse censui, ut semel dubitatione ista me liberarem, aut saltem te certiorem redderem non ideo libri mei copiam tibi factam non esse, quod a me missus non sit. Quaero itaque ut verbo significes sitne perlatus nec ne, ut si opus sit aliud exemplar melioribus auspicijs viae committam. Plurimum enim mea referre arbitror, ut Slusium lectorem habeam, quo nemo nunc mortalium melius certiusve judicare queat quid recte quidve reprehensione dignum scripserim. Vale Vir Praestantissime, meque eodem quo semper affectu tuum credito. Si quid responde inscribe si placet Epistolae, ne aberret, à la rue Viviene a la Bibliotheque du Roy. {==379==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1988. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 12 mars 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1977. Chr. Huygens y répondit par le No. 1991. A Londres le 2 mars 1674. Monsieur Voicy encor vne fois mon Journal 1), que ie vous envoye pour acheuer vne centurie, et pour essayer, si ie suis capable de vous resveiller, qui me devez, pour parler franchement, cinq ou six lettres 2). Vous semblez tout à fait oublier l'interest que vous auez dans la Societé royale, ou vous prenez en mauvaise part (ce que pourtant ie ne voudrois pas facilement croire) que l'un ou l'autre de ce corps lá prend la liberté de parler auec franchise de quelques particularitez, que vous mettez au public. Quoy qu'il en soit, vous pouuez estre assuré, que nos Messieurs ne manquent pas d'auoir la mesme estime qu'ils ont tousiours euë de vostre merite, et qu'aux occasions ils en rendent tesmoignage, qui ne peut que vous contenter. Je receus l'autre iour vne lettre de Monsieur votre Pere 3) de la Haye, qui me parle d'un certain chariot sans rouës et sans cahos, qu'on pretend mettre en pratique à Paris; et il dit auec cela, que le modelle de ce chariot vous en auoit fait esperer quelque chose; que cependant ce n'estoit pas traineau ny chose semblable: ce qui me rend le probleme assez estrange, et partant fort desireux de scauoir de vous les particularitez de sa structure, demeurant Monsieur Vostre treshumble et tressobeissant serviteur H. Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem à la Bibliotheque du Roy à Paris. {==380==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1989. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 9 avril 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1988. Chr. Huygens y répondit par le No. 1991. Monsieur C'est de la part de Monsieur Hook, que ie vous envoye l'imprimé cy joint 1). Vous ayant escrit depuis peu et assez souvent, ie ne diray plus rien sauf que ie suis Vostre treshumble serviteur Oldenburg. A Londres le 30 Mars 1674. Il vous plaira de faire scauoir à Monsieur Hook, que ie vous ay fait tenir cet inprimé. No 1990. M.A. Ricci à Christiaan Huygens. 6 mai 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll Huygens. Illmo Sigr mio e Patrone Collmo. Vorrei, che fosse uscito alcuni anni prima il Libro di V.S. Illma, che per le mani del Sigr Auzout hò ricevuto più settimane sono, perche io allora vivendo libero dagli affari publici, che mi hanno costretto ad abbandonar gli studi più conformi al mio genio per darmi tutto alle cose sacre, della Teologia, dè canoni, e dell' erudizione ecclesiastica, mi sarei pasciuto con diletto incredibile della bel- {==381==} {>>pagina-aanduiding<<} lissime, e curiosissime invenzioni, che vedo nell' Opera di V.S. Illma. Non hò tuttavia lasciato di trascorrerla, e considerare attentamente le proposizioni della Cicloide, e della misura di varie linee curve, si per esser' ingegnosissime, come ancora per avermi rinouata la memoria, e 'l gusto di certe mie speculazioni, che al Sigr. Torricelli già communicai, e potero, à mio credere, aprir la strada all' invenzione di molte pellegrine verità. Presa la retta AB di qualsivoglia lunghezza, sopra di essa vi s'intendano due semicerchi {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} simili, et equali, e similemente posti, BCD, AGE, con i lori diametri BD, AE, perpendiculari all' AB, e prendendo nella periferia i punti C, C, &, si tirino le CF, CF & parallele alla base AB, con tal proporzione, che BCD alla DC, DC &, sieno, come AB alle CF, CF &. I punti F, F & descriveranno una linea, che sarà cicloide primaria, se AB si porrà eguale alla periferia BCD, ò secondaria, se la supponerno disuguale: e la medesima curva DFFA, quasi diametro del curvilineo paralelogrammo DCCBAGE, lo segherà in due parti eguali; dal che segue, che'l triangolo curvilineo AFFDCCB sia la mesà d'esso, e del suo eguale rettangolo AEDB; e tirata la retta AD, il curvilineo ADFFA sarà eguale alla figura genitrice BCD. Questo che si è detto del semicerchio è vero anche della parabola, dell' iperbola, e d'ogn' altra figura intorno l'asse, che uada mancando verso la cima, e sia caua indentro, com'io lo dimostrai allora con modo universale, facilissimo, e breve. La curva poi DFFA serve per diuidere in qualsivoglia data proporzione la linea curua genitrice DCB ò sia circolare, ò parabolica, ò altra con le due sudette condizioni. Parmi di poter' anche truouare, per un certo barlume, che ne hò, la misura delle linee curve genitrici, e delle superficie da loro descritte. Mà queste cose secessum scribentis, et otia quaerunt. Hò voluto accennarle à V.S. Illma, per confermare ciò che le accennai del mio genio à questo soggetto, e per conseguenza il sommo piacere preso in leggere le sue nobili, e pellegrine maniere. A.V.S. Illma rendo uiuissime grazie, che abbia avuto memoria della mia osservanza, e che m'abbia onorato col dono fattomi, e la supplico à porgermi occasioni di mostrarle con le opere, che sono di V.S. Illma Diumo e Obblimo Servre Michel Angelo Ricci. Roma li 6 Maggio 1674. {==382==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1991. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 15 mai 1674. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos. 1988 et 1989. H. Oldenburg y répondit par le No. 1993 1). A Paris ce 15 may 1674. A Monsieur Grubendol Monsieur C'est avoir de la bontè que de continuer tousjours de m'escrire et de m'envoyer tout ce qui se fait de nouveau chez vous, non obstant un si long silence, et je me sens obligè par la a vous en faire scavoir la cause, qui n'est autre chose si non que j'ay veu que mes lettres ne servoient qu'a me mettre mal avec vos Messieurs dela, les vns ne prenant pas en bonne part la libertè dont j'usois a dire mes sentiments sur leurs ouvrages, et a leur faire des objections, les autres se formant d'autres sujets de mecontentements, ou je n'en attendois point du tout 2). Je crois avoir receu tout ce que vous m'avez envoyè tant par la poste que par voie d'ami, c'est a dire, outre vos lettres et transactions le livre de Monsieur Boyle de la flame, et depuis peu celuy de Monsieur Hook du mouvement de la Terre prouvè par observations 3). Je vous supplie de leur en faire mes treshumbles remercimens. Le premier contient quantitè d'experiences curieuses et nouuelles, parmi les quelles celles touchant l'explosion par le meslange des liqueurs ne me semblent pas les moins considerables, pouvant auoir d'autres usages, outre celuy d'expliquer le mouvement des muscles, suivant l'hypothese d'un de vos Messieurs de la Societé Royale. Les observations de Monsieur Hook sont tres belles et de grande consequence mais il faut les continuer, et voir si dans le cours d'une ou plusieurs années les parallaxes respondent entierement au mouuement de la Terre, a quoy nous travaillerons aussi de nostre costè, et le puits qui est dans nostre observatoire de 28 toises y servira utilement. Ce sera une conviction presqu'entiere des Anti-Coperniciens, car il ne leur restera qu'un subterfuge ridicule, de dire, que le cen- {==383==} {>>pagina-aanduiding<<} tre la sphere des estoiles fixes change continuellement de place, par un mouuement annuel. Il y a longtemps que j'ay envoyè un exemplaire de mon livre a Milord Brouncker 4), par un Gentilhomme, que m'avoit indiqué mademoiselle Freser 5) et j'espere qu'il l'aura receu. Il n'y a rien de plus obligeant, que ce que vous me mandastes de sa part 6) en responce de mes excuses d'avoir oubliè de luy presenter ce livre. Pour ce qui est de sa demonstration de la cycloide, je m'asseure qu'il ne pretend pas que son authoritè (qui autrement est fort grande a mon esgard) me fasse receuoir pour vrayes des choses, qui sont de Geometrie. J'avois aussi envoyè l'estè passè vn des livres a Monsieur Sluse, et du depuis je luy ay escrit par trois fois 7), sans que jamais il m'ait fait response, de sorte que je ne scay s'il est vivant ou non, et si vous me pouuez faire scavoir de ses nouvelles, vous me ferez grand plaifir. Je remarquay, lors que je vis vostre Journal, ou il y a de nos lettres sur le probleme d'Alhasen 8) que les mienes estoyent bien mal traduites, et je ne crois pas que ce soit de vostre latin, parce que je le connois d'ailleurs. Au reste j'ay trouvè, ayant eu occasion d'examiner encore le mesme probleme, qu'il y avoit un chemin infiniment plus court pour venir a sa solution, que tout ce que nous vous en avons escrit, et qui conduit aussi a une demonstration fort courte de la construction que j'en ay donnée. mais cela paroistra en son temps, et je ferois scrupule de vous fatiguer de nouveau sur ce sujet. Je suis de tout mon coeur Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur de Grubendol A Londres. {==384==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1992. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 25 mai 1674. La lettre, la minuteet la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 25 May 1674. C'est a la priere de Monsieur de Nielle 1) que je vous escris cette seconde fois pour vous recommander l'affaire de son parent le pauvre Monsieur de la Landes. 2) qu'on laisse perir dans la prison et que l'on maltraite avec la derniere rigueur pour l'obliger a payer une taxe enorme qui le doit depouiller de son bien. Comme j'ay appris par les pieces du proces combien peu il a meritè sa condamnation je vous assure que j'en ay pitiè et que je vois a regret que dans nostre païs on excerce des injustices de la sorte. On nous assure que Monsieur le comte de Waldec peut tout dans cette affaire, c'est pourquoy vous estes suppliè de vouloir prendre la peine de luy escrire un mot en faveur du prisonnier, à qui peut estre dans son absence l'on fait souffrir plus qu'il ne scait. Je crois que sans entrer dans la discussion de la cause, vous pourriez seulement luy remonstrer que ceux qui intercedent pour Monsieur de La Lande sont des personnes qui meritent qu'il ait quelque consideration pour eux, et particulierement celuy qui m'a demandè cette lettre, qui comme vous scavez est connu aimè et estimè de tout ce qu'il y a d'honnestes gens a la Cour. Estant outre cela vostre ancien amy, je m'assure que vous voudrez bien avouer à Monsieur le Comte la part que vous prendrez a l'obligation qu'on luy aura de terminer une fois ou du moins de diminuer la misere de celuy dont il s'agit. Pour moy je vous puis dire en veritè que je souffre avec luy, et que cela seul m'obligeroit a tascher de le secourir quand je n'en serois pas requis d'ailleurs. Je vous prie d'en escrire aussi au frere de Zeelhem. A Monsieur Monsieur de Zulichem &c. A la Haye. {==385==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1993. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 4 juin 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 1991. Chr. Huygens y répondit par le No. 2003. A Londres le 25 May 1674. Monsieur Ce m'est vn desplaisir sensible de trouuer par la vostre du 15 May, que vous semblez relascher vostre correspondence auec nous à cause des mescontentements que vous croyez estre néz de vostre liberté envers nos Messieurs. Je vous puis assurer, que ceux de vostre connoissance icy ne manquent point de continuer tousiours la mesme affection et estime pour vostre personne et merite, et qu'ils ne font rien autre que de prendre la mesme liberté envers vous, que vous prenez envers eux, qui est, de dire auec franchise leur sentiments de vos ouvrages, et de rectifier quelques fois les beveües, qu'ils y pensent estre commises, touchant la priorité de quelques inventions. Veniam damus petimusque vicissim. Cela se pratiquant de part et d'autre, il faut, ce me semble, entretenir constamment la mesme amitié, et ne commettre rien qui puisse emousser ny desunir les forces des Esprits, qui travaillent heureusement à l'advancement des sciences. Monsieur Hook est bien aise, que vos Astronomes sont resolus de s'employer dans vostre Observatoire à continuer les observations commencees touchant le mouvement de la Terre; et il ne pense pas, que parmy les Anti-coperniciens il y aura des personnes, qui se prostitueront à tel degré que de se servir du subterfuge frivole, que vous avez mentionné dans vostre lettre. Mylord Brouncker n'a pas receu l'Exemplaire de vostre livre des Pendules, que vous ditez luy auoir envoié par vne personne, que vous auoit indiquée Mademoiselle Frezer. Il faut voir si on le peut recouvrer: Cependant Mylord Brouncker vous en fait ses humbles remerciments; qui au reste ne peut pas deviner quel sujet il vous ait donné de dire, que vous vous assurez qu'il ne pretend pas que son authorité vous fasse receuoir pour vraies les choses qui sont de geometrie. Il aime trop la raison et il l'a trop forte pour pretendre à vne chose qui ne peut tomber que dans vn esprit bien foible, et qui, outre cela, ne s'accorde nullement à vne personne, laquelle a esté par tant d'annees, et est encor aujourdhuy President d'une Societé dont vous scauez estre la Devise, Nullius in verba. Monsieur Boyle a fait depuis peu imprimer vn Discours 1) touchant l'Excellence de l'Hypothese Mechanique par dessus celles des Peripateticiens et Chymistes: {==386==} {>>pagina-aanduiding<<} dont il vous envoiera vn Exemplaire par la premiere commodité de quelque amy qui passera en France. Je m'estonne que Monsieur Sluse ne vous ait pas respondu sur vos trois lettres 2). Il se porte tousiours bien, ayant escrit à la Societé Royale, et à moy en particulier, fort nouuellement, ses lettres estant datées le 19 de ce mois de May 3); dans lesquelles il a voulu reconoitre la bonté dudit corps de l'auoir eslû solemnellement pour en estre membre 4); ce qu'il a fait de la maniere la plus obligeante du monde. Je suis tresmarry, que vous trouuez à redire à la traduction de vos lettres touchant le probleme d'Alhazen. Vous m'obligerez, de me marquer les particularitez, oú on a manqué, à fin que ie le puisse mettre dans les Errata de quelque Journal, que ie feray imprimer 5), et de vous tesmoigner par là aussi bien que par d'autres voyes, qui me seront possibles, que ie suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 36 β No 1994. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 juin 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1993. Chr. Huygens y répondit par le No. 2003. A Londres le 11 june 1674. Monsieur Dans ces Transactions 1) vous trouuerez vn discours, qui, peut estre, ne vous desplaira point, sur le vitriol 2) fait par vn assez jeune medicin, membre de la {==387==} {>>pagina-aanduiding<<} Societé Royale, nommé Monsieur Daniel Coxe 3), qui a beaucoup travaillé dans la Chymie, mais en vray philosophe, et de la maniere de Monsieur Boyle. Vous y verrez aussi la description d'un discours nouveau dudit sieur Boyle 4) tout fraischement imprimé, sur l'Excellence de l'Hypothese Mechanique; dont il vous envoiera sans doubte vn Exemplaire par la premiere commodité. Le dit discours est ioint à vn autre 5), qui traite de l'Excellence de la Theologie conferée auec la philosophie naturelle. Ainsi nostre amy tesmoigne d'estre tel philosophe, qui n'a pas honte d'estre Chrestien. J'espere que Monsieur Cassini et d'autres de vostre Academie feront l'observation de Monsieur Hook 6). Comme ils ont toutes choses necessaires pour cela, ils verront, si elle est juste ou non, apres l'auoir fait plusieurs fois 7). Je demeure Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 34 β {==388==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1995. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 19 juillet 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1994. Chr. Huygens y répondit par le No. 2003. A Londres le 9 juillet 1674. Vous verrez, Monsieur, par l'imprimé ci joint 1) comment vne personne considerable de la Loy, qu'on appelle icy Mylord chief Justice of the Kings Bench a entrepris de destruire la solution, que les meilleurs philosophes de nostre siecle ont donnée touchant l'Experience de Torricelli. Il dresse principalement ses objections et Experiences contre Monsieur Boyle, qui pourtant ne prendra pas la peine, à ce que ie croy, d'y respondre. Peut estre, quelque autre, qui a plus de loisir et qui aime les disputes, y repliquera; Monsieur Boyle poursuivant son chemin d'Experiences, et de raisonnemens modestes lá dessus, qui ne luy permettent pas de se divertir par des repliques à ces sortes d'autheurs. Adieu, Monsieur Vostre tres humble serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du roy à Paris. 40 β {==389==} {>>pagina-aanduiding<<} No 1996. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 3 août 1674. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 3 Aug. 1674. J'ay leu avec une extreme satissaction ce que vous venez de me mander touchant l'heureux succes et les douceurs de vostre estat conjugal 1), a quoy s'accorde encore parfaitement ce que mon pere m'escrit par sa derniere lettre, de sorte que je puis vous en feliciter maintenant de certaine connoissance et non pas comme l'on fait aux Espoux in fieri, a qui l'on a plus de suject de souhaiter du bonheur que de ce se conjouir de celuy qui leur est arrivè. Il est vray qu'ayant il y a longtemps l'honneur de connoistre vostre chere consorte, je ne pouuois guere douter que vous n'eussiez toute sorte de contentement en la possedant; mais je ne laisse pas d'admirer que vous soyez tellement satissait que de prescher aux autres le mariage comme si c'estoit le souverain bien. Car je connois des gens qui, encore que bien mariez, en parlent plus moderement, et apres en avoir estalè tous les plaisirs et les avantages, en veulent bien advouer aussi les incommoditez. Pour moy je ne scay quel pouvoir auront quelque jour sur moy vos exhortations et vos exemples, mais tant que je seray en ce païsicy, je vous puis assurer que je cheriray la libertè sur toutes choses, et cela pour beaucoup de raisons. Je vois cependant, que malgrè tout ce que j'en proteste on ne laisse pas de faire courir des bruits au contraire, et qu'il en est venu jusqu'a mon Pere qui semblent luy donner quelqu'inquietude. Mais il n'a que faire d'apprehender, et se peut mocquer en toute seuretè de ces donneurs d'avis. A propos de mariage vous scaurez que le fils ainè de madame Caron espouse la fille d'un Joaillier appellè Pitau 2), homme assez riche a ce qu'on tient, et qui donne 60 mille livres a cette fille, mais d'ailleurs de condition peu relevée comme vous pouvez juger. Cette affaire s'est conclue a mon insceu, ou du moins sans qu'on m'en ait demandè avis, mais la mere en a parlè a Monsieur Colbert qui connoist fort ce futur beaupere parce qu'il trafique continuellement a la Cour, et que toutes les pierreries du Roy passent par ses mains, et elle m'assure qu'il approuve ce mariage. Madame de la Fertè n'en a rien sceu, non plus que moy, qu'apres la première annonce faite et je crois que la noblesse de Normandie 3) ne sera pas bien aise de cette alliance. l'Espouse au reste est une fort jolie fille et unique avec 2 freres. {==390==} {>>pagina-aanduiding<<} L'on parle icy fort de l'approche des deux armées entre elles, et qu'il y a grande apparence qu'elles ne seront pas longtemps sans se livrer combat. Grave est assiegée, selon quelques uns 4); d'autres disent qu'on l'a quitée, pour attaquer Maestricht. On fait cependant des rejouissances a la Cour, et je fus samedy passè a Versailles avec bonne compagnie pour y voir le festin et le feu d'artifice qui estoit quelque chose de tres beau. Il y en aura un autre encore plus magnifique dans 8 ou 10 jours, qui a ce qu'on m'a dit doit finir avec une sortie de 6 mille fusees a la fois. J'ay rendu vostre lettre a Monsieur Perrault qui en est satisfait, comme vous de la sienne. Adieu. mes baisemains alla Signora sposa. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem Grand Bailly de Gorcum et du pais d'Arkel en Hollande. A Gorcum. 6 β No 1997. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, père. 17 août 1674. La pièce se trouve à Londres, Royal Society 1). Extract. Paris le 7/17 of August 1674. I am obliged to the civilitie of Mr. Hooke for what he writes to yu concerning my Book 2). But he doth wrong me; saying I had notice of his contriving of a {==391==} {>>pagina-aanduiding<<} circular pendolo-watch. Sr. Robert Morray nor any body else did ever write to me of it, and I wonder how he can assure that Sr. Robert Morray should himself have told it him. I invented that circular Pendolo shortly after the other vz. in the year 1658. And in 1661 being at London in companie of divers gentlemen of the Royal Society, I did expound to Mr. Wren all what belongeth to the sayd Invention, as I believe he doth remember. And yet I do not accuse Mr. Hooke to have known it from him 3), because it happeneth many times that one doth invent things which he did not know to have been invented before. Nor also must he accuse me, to have borrowed any thing of his invention which he says to have propounded ao 1666. The thing I wonder at in this is, that he saith, he hath found that the weight of the circular Pendulo must move in parabolick surface, and hath determined the crooked line by which the weight is forced to turn in that surface. for I thought surely to have sirst found those two things, which do depend from what I have put in my booke, touching the motion circular or centrifugal and of the evolution of crooked line whereof no body yet had treated 4). And I doe not know why we have seen nothing of it in the transactions, if so be that Mr. Hooke had laboured with good succes about those new speculations specially where it was sufficiently known in England that I was ready to have these treatises printed. Concerning the Instrument to measure the descent of weighty bodies 5), it is true Sr. Rob. Morray had sent me long agoes that which Mr. Hooke had invented, but that which I have expounded in my book 6) is very much different from it, as may be seen comparing them together. I doe not wonder at what he sayth to have observed touching the insuffisience of the Pendulo's, to find the longitude, because he hath only seen the experience of those which the Earl os Kinkardin had caused to be made and such like, for they had yet very considerable defaults. The last form I have reported in my Book 7) is a great deale better and I am still in good hope of it, expecting that a {==392==} {>>pagina-aanduiding<<} tryal be made of it at sea, which without these unhappy warres, had been done by this time. His new way of Telescope by reflection 8) is very wel imagined, althoug the difficulty he moveth himselve doth not seeme a little one to me, namely to provide that the rays entring before doe not trouble the vision. Besides which there is the great obstacle in this manner of Telescopes, vz. the softnesse of the metal in comparison of Glasse, wherefore it doth not receive so perfect a polishing, neither is it able to keep it, so that I hope but little of it, for practice. I beseech yu to communicate all this to Mr. Hooke; and to let him know the reason why this answer cometh thus late. [Constantine Hugens. Extract and traslation of his son's (Christian Hugens) Letter to asserting his invention of the circular pendulum. The insuffisance of pendulum for finding the longitude. Hookes Reflecting circle. Entd. L.B. Suppl.] 9). No 1998. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 2 novembre 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 1995. Chr. Huygens y répondit par le No. 2003. Monsieur Ayant rencontré cette bonne occasion du retour de Monsieur Esnault en France, ie m'en suis voulu servir, au lieu de la Poste, pour vous envoyer cet in- {==393==} {>>pagina-aanduiding<<} primé, estant marri que ie n'ay pas quelque chose qui merite d'estre lû de vous et demeurant Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Londres le 23 Octobre 74. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. No 1999. Christiaan Huygens à G.W. Leibniz. 7 novembre 1674. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle a été publiée par Uylenbroek et Gerhardt. A Monsieur Leibnitz. Ce 7 novembre 1674. Monsieur Je vous renvoie, Monsieur, Vostre escrit touchant la Quadrature Arithmetique 1), que je trouve fort belle et fort heureuse. Et ce n'est pas peu à mon avis d'avoir decouvert, dans un Probleme qui a exercè tant d'esprits, une voye nouvelle qui semble donner quelque esperance de parvenir a sa veritable solution. Car le Cer- {==394==} {>>pagina-aanduiding<<} cle, suivant vostre invention estant a son quarrè circonscrit comme la suite infinie de fractions 1/1 - ⅓ + ⅕ - 1/7 + 1/9 - 1/11 etc. à l'unitè, il ne paroistra pas impossible de donner la somme de cette progression ni par consequent la quadrature du cercle, apres que vous aurez fait voir que vous avez determinè les sommes de plusieurs autres progressions qui semblent de mesme nature 2). Mais quand mesme l'impossibilitè seroit insurmontable dans celle dont il s'agit, vous ne laisserez pas d'avoir trouvè une proprietè du cercle tresremarquable, ce qui sera celebre a jamais parmi les geometres. Pour ce qui est de la ligne courbe Anonyme qui sert a Vostre demonstration, j'avois envie de la baptizer, en luy donnant quelque nom composè des noms de deux lignes dont je trouvois qu'elle estoit produite, qui sont le cercle et la Cissoïde des anciens 3). Mais ayant vu du depuis que cette mesme ligne a estè premierement mise en avant par l. Gregorius 4), je crois qu'il luy faut laisser le droit de la nommer comme il voudra. Il s'en est servi pour demonstrer le rapport qu'il y a entre la mesure de la Cissoïde et celle du cercle, qui est de mon {==395==} {>>pagina-aanduiding<<} invention 5), ainsi qu'il paroit par le traitè de M. Wallis de Cissoide 6), et par ce que le mesme autheur en a dit dans son traitè du mouvement 7), ou la demonstration que j'ay donnée de ce Theoreme est inserée. Laquelle estant supposée, vous pourriez par là abbreger 8) de beaucoup vostre demonstration de la Quadrature Arithmetique. Mais vous ferez en cela comme vous le jugerez à propos. Je vous donne le bon jour et suis tout a vous etc. No 2000. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 19 décembre 1674. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle sait suite au No. 1998. Chr. Huygens y répondit par le No. 2003. Monsieur, Je prends cete bonne occasion, que Monsieur Walter 1) me presente, de vous envoyer les deux dernieres Transactions 2) ayant baillè le nombre 106, il y a quelque temps, à vn Italien, passant d'icy à Paris, appellé Benedetto Signori, que vous aurez vû sans doubte. Je ne vous entretiendray pas de ce qui se fait icy, le porteur de celle-cy estant capable de le faire mieux, particulierement sur le sujet d'un Quadrant de l'Invention de M. Hook, fourny d'un dioptre telescopique, et designé pour faire des observations plus exactes qu'aucun Instrument aye fait iusques icy; touchant quoy il a fait vn discours en Anglois assez ample 3), qui sortira dans {==396==} {>>pagina-aanduiding<<} peu de iours hors de la presse et peut estre encore devant que M. Walter part d'icy, en quel cas il ne manquera pas de vous en apporter vn Exemplaire. Je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Oldenburg. A Londres le 9 Decembre 1674. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. No 2001. Constantyn Huygens, père, à Condé. 20 décembre 1674. La minute se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. 20 Dec. 1674. Monseigneur Je suis si peu capable d'exprimer par escrit et en langue estrangere le ressentiment qui me demeure des grandes bontez dont il a plu à V.A. de nous obliger moy et les miens que j'ay eu de la peine à l'oser entreprendre. J'espere, monseigneur, que pour mon secours celuy de mes enfants qui est en france, et vient d'estre nouuellement comblé de si grand nombre de vos faueurs, aura tasché de s'en acquitter de bouche, et selon son devoir. Encor sera ce bien loin au dessous de ce que ce devroit estre; tout son dehors ne respondant guere a ce qu'on veut dire qu'il possede d'interieur. Je le trouue tout rejouï et glorieux de ce que V.A. a voulu auoir la patience de l'entendre raisonner sur ce qu'il n'a pû s'empescher de produire et pour la demonstration au sujet de sa Pendule pour fermer la bouche aux Italiens qui auoyent commencé à se declarer auteurs de ceste Inuention au fonds de la quelle il a voulu prouuer qu'ils n'ont rien compris jusqu'à present. Je rends graces tres-humbles a V.A. de ce qu'elle a daigné honorer le veritable auteur de {==397==} {>>pagina-aanduiding<<} ceste conuersation. Au sortir de la quelle il n'a pû se saouler de me tesmoigner auec combien destonnement il a veu V.A. comprendre les dernieres subtilitez de la matiere plus promptement qu'il n'a eu moyen de les exposer. Pour moy Monseigneur ce rapport ne m'a nullement surpris. J'ay sceu de fort longtemps (et qui ne le sçait pas?) tant de ce qui est du grand coeur de V.A. que de la vaste estendue de son genie en toute sorte de sçauoir. Mais ce que j'ay touiours admiré de plus parmi tant de qualitez incomparables, c'est de les auoir sceu et veu accompagnées de ceste douceur et bienveillance si noble et si exemplaire qui brille en toutes ses actions et qui, pour dire tout, a bien faict juger à la petite Prouince d'Utrecht, que si d'abord V.A. s'y fust trouuée beaucoup de bons bastimens et beaucoup de beaux plantages innocens seroyent encor sur pied, dont la destruction et le rauage n'a de rien serui à personne 1). C'est donc, monseigneur, la connoissance et le souuenir de ceste mesme douceur et discretion tant renommée qui m'a faict prendre la liberté de souffrir que vostre Alt. fust importunee de ma part sur la restitution d'un pauure volume de ma main, inutile à tout le monde qu'à mon fils aisne, faisant presentement la charge dans la quelle dieu m'a laisse viellir 2). Je retourne monseigneur à vous rendre le tres-humble remercimens que je doibs de ce surcroist de nouuelle obligation que V.A. a esté contente de s'acquerir sur moy en ceste occasion et la supplie de croire, que le plus interessé en ce bienfaict, qui me doibt suruiure s'il plaist à dieu ne cessera d'en reconnoistre la faueur par ses tres-humbles respects et obeissances, et que pour le Pere, tant qu'il luy restera un jour de ceste vie qui va finir, il se tiendra tres-heureux de le pouuoir employer à faire paroistre à quel point il estime la grace de se pouuoir dire etc. {==398==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2002. De la Voye 1) à Christiaan Huygens. 17 janvier 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. a brest du 17me Janvier 1675. Monsieur La personne dont je vous auois ecrit et qui pretend auoir trouué le secret de la longitude a ensin obtenu aupres d'vn capitaine de s'embarquer et va faire preuue de son secret dans vn voyage de terre neuue et de lamerique il fait icy grand bruit et la chose passe quasi pour assurée aupres de la plus part des marins qui ne connoissent la longitude que de nom, ce nest pas que monseigneur de Segnelay 2) m'a fait l'honneur de m'escrire quauparauant quil sembarquast il falloit voir, si la chose auoit quelque apparence de succes mais comme il se fuit de moy, qu'il ne veut communiquer ny declarer son secret a personne qu'a son retour et apres lauoir prouué autentiquement dans ce voyage jay cru qu'il falloit le laisser satisfaire puis qu'il en est si fort entesté sans que j'y voye (autant que jen ay pu apprendre) grand fondement. Comme J'ay vn beaufrere fort intelligent dans la nauigation qui apres auoir couru la plus part des mers depuis quinse ans est reuenu depuis peu au logis et se doit embarquer sur vn escadre de vaisseaux que lon arme en ce port tant pour terre neuue que pour les costes j'ay cru que vous ne seriés point fasché que je vous fisse derechef offre de mes seruices pour lepreuue de vostre inuention ne pouuant la mettre en meilleures mains ny d'vne personne plus intelligente me reseruant lobseruation du depart et celle de son retour, il y a pres d'vn mois que je l'instruis sur ce suiet et y continue touts les jours en cas que vous soyés dans les mesmes sentiments. Si vous souhaites m'enuoyer vostre instrument et vne petite instruction sur son suiet je prendray tout le soin qui sera necessaire pour l'en instruire, desorte que jespere que vous en aurés vne satissaction entiere. Si vostre instrument nestoit pas prest encores, je le ferois retarder icy en attendant de vos nouuelles sur ce suiet je vous prie de croire que je ny veux prendre autre Interest que celuy de vostre satisfaction de celle d'vn peu de ma curiosité et de l'enuie de vous faire voir que je suis auec bien du respect &c. Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur De la Voye. {==399==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2003. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 30 janvier 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 1). La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse aux Nos 1993, 1994, 1995, 1998 et 2000. H. Oldenburg y rèpondit par le No. 2009. A Monsieur Grubenol. a Paris ce 30 Janvier 1675. Monsieur Quoyque je ne m'acquite que par grands intervalles du devoir de vous remercier de la continuation de vos bontez, je vous prie de ne juger pas par la que j'en sois peu sensible. Vostre derniere lettre avec les deux Journaux m'ont esté rendus il y a 4 jours, par le frere de Monsieur Walter 2); luy mesme n'ayant pas encore eu le loisir de me voir. J'ay veu entre autres choses avec plaisir dans ces journaux les dissertations 3) du Doct. Coxe 4) qui consirme si bien et par raisons et par experiences ses opinions paradoxes en Chymie, qu'elles me paroissent tout a fait vraysemblables. Vous y faites mention a la marge d'un nouveau traitè de Monsieur Boyle touchant des qualitez latitantes dans l'air 5) dont j'attends l'extrait dans le prochain journal avec impatience, et j'aimerois encore mieux le {==400==} {>>pagina-aanduiding<<} traitè mesme si vous trouviez occasion de me l'envoyer. Je souhaite aussi fort celuy que vous me promettez de Monsieur Hook de la construction de son quart de cercle (car je crois que c'est cet instrument que vous avez voulu dire en mettant quadrant) pour voir s'il aura trouvè moien à encherir par dessus ce que l'on a pratiquè icy, en ce qui regarde les dioptrics telescopiques, dont je me souviens d'avoir veu le premier essay, mais encore rude au College de Gresham. Je voudrois bien scavoir quelle foy on adjoute chez vous aux observations de nostre Monsieur Leeuwenhoek qui convertit toute chose en petites boules 6). Pour moy apres avoir en vain taschè de voir certaines choses qu'il voit, je doute fort, si ce ne sont pas des deceptions de sa vue, et encore plus, quand il pretend decouvrir les particules, dont l'eau, le vin et d'autres liqueurs sont composées, a quoy il a mandè a mon pere qu'il estoit occupè. Je crois vous avoir demandè par ma derniere 7) des nouvelles de Monsieur Sluse, de qui n'ayant point eu de response a trois lettres que je luy ay escrites, je suis encore incertain s'il aura receu l'exemplaire de mon livre des Pendules. Je vous seray fort obligè Monsieur, si en luy escrivant vous voulez avoir la bonté de luy en toucher un mot. J'ay peur d'estre hors de ses bonnes graces sans scavoir pourquoy. A propos de Pendules, je vous diray devant que finir que J'ay trouvè depuis peu une nouvelle invention d'Horologes a la quelle je fais travailler presentement et avec apparence d'un bon succes. J'en mets icy le secret, en anagramme; comme vous scavez que j'ay fait autre fois en cas de nouvelles decouvertes et par la mesme raison. 4 1 3 5 3 7 3 1 2 3 4 3 2 4 2 a b c e f i l m n o r s t u x 8) Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Hugens de Zulichem. {==401==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2004. Christiaan Huygens à J.B. Colbert. 5 février 1675a⁾ La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. Le Sr. Hugens de Zulichem, de l'Academie Royale des sciences, ayant inventè une construction nouuelle d'horologes portatives dont le mouvement est egal comme celuy des Pendules et dont le secret consiste en un ressort tournè en spirale et attachè par son extremitè du milieu a l'arbre d'un balancier equilibre plus pesant et plus grand qu'aux ouurages ordinaires, les quelles horologes estant construites en petit, seront des montres de poche tres justes, et dans une plus grande forme pourront seruir utilement par tout ailleurs et particulierement pour trouver les Longitudes tant sur mer que sur terre: Et desirant de mettre au jour la dite invention pour l'utilitè publique, supplie tres humblement le Roy qu'il plaise a sa majestè de luy accorder un Privilege pour 20 ans par lequel il luy soit permis de faire fabriquer les horologes et montres de cette nouvelle façon a tel ou tels ouvriers qu'il voudra, avec defense a tous autres qui n'auront pas eu la permission de les contrefaire ou imiter en tout ou en partie, en quelque forme que ce soit ni mesme sous pretexte d'aucun changement ni deguisement quelquonque; comme aussi de vendre ni debiter des semblables horologes qui auront estè fabriquees hors du Royaume, le tout sous peine de deux mille livres d'amande, outre la confiscation des ouurages quelque part qu'on les trouuera. Et afin d'empescher qu'il ne soit contrevenu a ce privilege, il demande qu'il luy soit permis de mettre une marque particuliere aux ouvrages de cette sorte, avec pouvoir de confisquer tous ceux qui seront trouvez n'avoir pas la dite marque 1). a) Memoire donnè à Monsieur Colbert le 5 sevrier 1675. {==402==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2005. De Briou à Christiaan Huygens. 8 février 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Monsieur Jay tousjours differé a oser prendre la liberté de vous escrire pour vous remercier premierement du present que vous m'aués liberalement fait de vostre liure 1) dont Je uous demeure infiniment obligé, Il y a plus de six mois que Je deurois l'auoir fait mais Je n'ay osé prendre cette liberté crainte de uous importuner et vous distraire de vos nobles occupations, neantmoins mon deuoir m'y oblige amoins de passer pour ingrat et mesconnoissant dun si grand bien-fait, Excusés moy donc Monsieur sil vous plaist de cette faute que le respect m'a fait commettre, n'ayant pas manqué de volonté de m'en acquiter plus tost, pour vous faire en mesme temps vne petite deduction des entreprises que Jay faites vo[us] supliant de l'agreer et d'auoir la bonté de mesclaircir sur quelque difficultés occurentes dans la construction de mon horloge que Je desire parfaire sur le modele de vos principes pour la justesse du pendule auec son cycloide. Je desire cet horloge de seruice po[ur] un timbre vn peu fort ainsy la premiere rouë est denuiron six pouces ½ de diametre de 72. 1. tour la seconde a proportion de 5. po[uces] ½ de 64. pignon 8 - fait 9 tours la 3e. de rencontre de 3. po[uces] ½ de 25. pignon 8. - fait 72 tours ce nombre bat les secondes estant de 3600. batemens 2), le tout de cuiure toutes mes rouës sont taillées, et la cage faite aussy de cuiure que Jay fait faire auparauant par vn menuissier po[ur] lordonnance des piliers et montants et lay assemblée auec 8 bonnes ecrouës qui porteront leurs vases dessus et culs de lampes dessous haute de 10 a 11 po[uces] large de 10: et longue de 13. il ny a plus qu'a enarbrer les rouës et bien ajuster le pendule mais comme cette piece est grosse et bien materielle J'ose vo[us] consulter vn peu accause que Je ne uois point que uous determiniés de mesures pour la longueur de la fourchete a proportion de la longueur de pendule, cest ou Je uois de la difficulté po[ur] moy a cause que cet horloge asses materiel demandera bien plus de poids que le vostre et requerera peutestre le pendule plus ou moins long...po[ur] le cycloide Je tascheray den aprocher et ce qui membarasse un peu cest que je uois en la page 11e. de vostre liure que le cycloide est plus ouuert que celluy en la page 13. quoyque le diametre de loperation de celuy cy soit plus grand que le diametre de lautre en la susdite page 11e. Je me suis exercè sur vn horloge commun de cuiure qui auoit reueil que Jay {==403==} {>>pagina-aanduiding<<} aporté de Paris...1. Jauois fait et adjousté vne rouë au mouuement accause du peu de nombre et refait vne rouë de rencontre qui tournoit de lautre sens par laddition de cette 4e rouë neantmoins quoyque le pendule neust que six pouces de long lheure duroit vne heure et demye, ensuite il a fallu reuenir aux mesmes rouës auec le pendule de 3. pieds ½ et comme Jauois mis vne fourchete a larbre des palettes qui estoit uertical comme a son balancier premier, il faloit plus de 30 ℔ de poids ainsy Jay osté cette premiere fourchette et mis ledit arbre horisontal auquel est la fourchette du pendule, et va bien mieux et auec 17 ℔ mais comme cest encore beaucoup de poids po[ur] vn petit horloge Je crois selon vostre meilleur auis que la fourchette est trop courte nestant que de 4. ou 5. po[uces]. Et que plus la fourchette est longue lhorloge peine moins a mener son pendule et par consequent avec moins de poids...de plus Je me suis seruy de l'occasion du reueil pour y mettre vn mouuement de minuttes ayant adjoutté une rouë dans l'arbre de la rouë horaire auec vne superieure toutes deux de nombre esgal et laiguille des minutes est celle dont on se seruoit au parauant pour le reueil, la sonnerie battoit a ressort en dedans du timbre. Jay fait une autre detente qui jouë auec vn fil de fer et le timbre audehors a lair...Jy ay encore adjoutté des apeaux par le moyen dun viel horloge de fer que Jauois cy deuant, et ay triplé la rouë de la sonnerie a cause des 3. petits timbres qui sonnent a la demye et a lheure, et comme cette sonnerie est a lordinaire a 8 cheuilles il y a 3. coups pour la demye la sol fa) et alheure il y a 5 coups la sol fa sol la.) re pour le timbre de la sonnerie) qui fait vne quinte daccord auec le dernier coup des appeaux quand lheure sonne, y ayant mis 2. cheuilles a la roue horaire. Ainsy de cet horloge commun auec son balancier ancien Jen ay fait vn horloge asses joly auec pendule, minuttes et appeaux, le cadran en est de 3 pieds de diamettre bien peint auec minutes et fait face a mon logis dans mon jardin leffect en est asses agreable le tout de ma main et auec vn petit horloge denuiron 4. a 5. pouces en quarré, Je me suis ainsy diuerty et fait experience auant dacheuer mon autre de consequence...Il me reste encore a poser mon cadran aux vents quil y a plus de 2 ans qui est fait, il faut que Jaye la peine de le repeindre, il sest gasté a la poudre, Jen ay entrepris le mouuement moy mesme sans auoir neu le vostre que de loin Je lay conceu ainsy...a la verge de la girouette qui va au centre du cadran sur vn piuot Jy ay mis vn pignon a lanterne, et a larbre de laiguille vne roue de champ comme la roue H de vostre horloge de mesme nombre que le susdit pignon. Je me persuade que cella doit reussir neantmoins Je crois que 2. molettes ou Rosettes comme on se sert pour renuoys seroient plus doux et agiroient plus aisement que ces 2. rouës...Si jay asses de bon-heur d'auoir un petit mot de responce de vostre bonté Je lattendray auant de le poser, ces 2 rouës me seruiront a autre chose quelque Jour. Comme Je me diuertis aussy aux cadrans solaires verticaux reguliers et declinans Je uo[us] suplie de me conseiller si Je seray asses asseuré dune boussolle de Dieppe quun de mes amys promet de me faire faire par le meilleur ouvrier dudit {==404==} {>>pagina-aanduiding<<} Dieppe Je ne my fie gueres car tous ceux que Jay faits depuis 2 ans ça esté sans aucun ayde de la boussolle, mais seulement par le meridien trouué auec vn style droit au milieu de plusieurs circonferences, cest bien le plus seur mais quelques fois le soleil no[us] trompe car il le faut voir 3. fois. deuant midy, apres midy et au moment de midy le lendemain po[ur] le prendre sur le cadran. Jy ay esté quelque fois 7 ou8 fois po[ur] vn cadran cela est ennuieux ainsy vne bonne boussolle expedieroit bien, et mesme elle peut seruir a beaucoup dautres operations necessaires: ces cadrans de Diepe sont asses propres mais bien faux a moins quils ne soient faits a plaisir et par vn homme bien versé car Je ne souhaitterois qu'une veritable aiguille aimantée...J'abuse monsieur de vostre patience Je uous en demande tres humblement excuse, et de me pardonner si Jay esté si long-temps a vo[us] remercier du present que me sistes il y a vn an, moy qui vous estois entierement inconnu et qui ne meritois nullement cette liberalite, Je me suis exercé comme vous uoyes mais bien ennuyé dans cette petite ville ou Je nay personne po[ur] conferer et me diuertir, les grandes villes sont bien vn autre sejour, si Jay asses de bon-heur dauoir vn petit mot de responce et de vostre bon Conseil cella [me] 1) remettra et m'aydera beaucoup dans l'esloignement ou Je suis de vostre chere personne et abandonné de bons auis. Si vous aues cette bonté uo[us] ferés sil uo[us] plaist rendre vostre lettre a Monsieur De Gedoin gouuerneur de monsieur le Duc de Vermandois 2) ches monsieur Colbert auprés de vous qui me la fera addresser, Jay lhonneur destre conu de luy et de visiter quelque fois vn petit chatteau fort propre quil a en ces quartiers; Jespere Dieu-aydant auoir lhonneur de vous saluer apres ces Pasques et vous tesmoigner de bouche et de viue uoix que Je suis auec respect et de tout mon coeur. Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur De Briou, chanoine de Meun sur loire. A Meun ce 8e feurier 1675. Excusés moy sil vo[us] plaist de ce long entretien Je ne croyois pas vo[us] {==405==} {>>pagina-aanduiding<<} estre si ennuyeux et mestendre tant que Jay fait les disciples ont tousjours des difficultés a deuelopper. A Monsieur Monsieur Hugens Professeur et Directeur ès mathematiques demeurant a la bibliotheque du Roy pres mr. Colbert A Paris. No 2006. Christiaan Huygens à J.B. Colbert. 9 février 1675a⁾ La pièce et la minute se trouvent à Leiden, coll. Huygens 1). le 9 fevr. Ayant estè adverty par quelques uns de mes amis que l'horologer Thuret se veut approprier ma nouvelle Invention d'horologes, et qu'il a estè montrer le modelle du balancier a Monseigneur auparavant moy; J'ay creu que sans differer d'avantage je devois faire scavoir a Monseigneur la veritè de ce qui s'est passè dans cette affaire a fin qu'il pust d'autant mieux verifier ce que je diray, s'il luy plait d'avoir cette bontè. Je trouvay l'invention de ce Balancier reglè par un ressort en spirale, le 20e Jan. Le lendemain 21e, qui estoit un lundy je fus veoir Monsieur Perrault le Receveur, à qui je dis que j'avois trouvè cette invention, sans luy en decouvrir le secret. Je luy dis aussi que j'allois chez Thuret pour luy en faire faire l'essay. Monsieur Perrault a remarquè le jour et le peut tesmoigner. Je ne trouvay Thuret chez luy que le jour d'apres, scavoir le 22 Jan. mardy. Luy ayant demandè s'il avoit le temps de travailler, je luy expliquay ma machine, et je me souviens qu'il me dit, ne la comprenant pas encore tout a fait, cela me semble si beau que j'apprehende tousjours qu'il ne soit pas ainsi. Je luy fis promettre qu'il n'en diroit rien a personne, et je n'usay pas d'autre precaution avec luy, parce qu'il estoit depuis longtemps de mes amis 2), et que mesme il m'avoit de {==406==} {>>pagina-aanduiding<<} l'obligation de luy avoir donnè de l'instruction et de la pratique en ce qui regarde les Pendules 3). Il me fit tout sur l'heure le premier modelle qui est celuy que j'ay eu l'honneur de montrer a Monseigneur. Je demeuray pour cela dans sa boutique jusqu'a trois heures apres midy sans disner, ce qui fait que mes gens se souvienent du jour, et sçavent qu'ils m'ont vu revenir avec ce modelle enveloppè dans du papier. Le jour d'apres qui estoit mercredy 23 Jan. je dis dans nostre assemblée a Messieurs Picard Cassini et Mariotte, que j'avois trouvè cette invention, et en mesme temps Thuret me fit appeler hors de l'assemblée pour me montrer un autre modelle du mesme balancier qu'il avoit fait pour luy. Je ne pus m'imaginer alors pourquoy, sinon par ce qu'il affectionnoit fort la chose. Il me recommanda extremement le secret, et je crois maintenant qu'il ne venoit que pour cela, et que des lors il avoit le dessein de s'attribuer cette invention. Je n'en eus pas le moindre soupçon alors, ni mesme plusieurs jours apres, pendant lesquels je donnay avis de cette decouuerte a mes amis tant icy qu'en Angleterre 4) et en Hollande. Ayant en suite fait avec Thuret quelques essais sur des montres de poche pour m'assurer tout a fait du succes de l'invention, je crus qu'il estoit temps d'en parler a Monseigneur, et de la luy faire voir, comme je fis le 31 Jan. jeudy, ne scachant encore rien du tout du dessein de Thuret, a qui je dis le mesme jour que j'avois montré mon modelle a Monseigneur, que je luy avois dit que je faisois travailler a une montre de cette façon pour estre presentée au Roy. Il me conseilla de ne haster pas la demande du privilege disant qu'il faloit voir premierement l'effect assurè de nos montres, et que d'ailleurs le privilege ne serviroit de guere. Il commença aussi a me dire obscurement qu'il esperoit bien que je luy donnerois quelque part a l'invention, a quoy je respondis qu'apparemment il y profiteroit plus que moy, et que je tesmoignerois tousjours qu'il avoit contribuè beaucoup de son industrie a l'executer. Il repliqua encore quelques mots, qui me firent comprendre qu'il souhaitoit avoir part a l'honneur de l'invention, ce qui me paroissant fort deraisonnable, je n'y respondis rien, et parlay d'autre chose. Le lendemain 1 fevr. quelqu'un me dit qu'on parloit de cette invention comme si Thuret y avoit bonne part. Et de la, en faisant reflexion de ce qu'il m'avoit dit le jour d'auparavant je commencay a me douter de son mauuais procedè, qui m'a esté confirmè en suite de tous costez 5). a) Point envoyée [Chr. Huygens]. {==407==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2007. Christiaan Huygens à J. Galloisa⁾. 11 février 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 11 févr. 1675. Pour faire veoir la mauvaise foy de Thuret et qu'il s'est voulu attribuer l'honneur de mon invention des horologes reglees et portatives, je prouveray que le lendemain du jour que je luy eus communiquè cette invention et luy en eus fait faire le modelle, il est allè montrer un pareil modelle ou un peu deguisè a Monseigneur Colbert, comme estant de luy et sans m'en rien dire. Et voicy la preuve. Je fis veoir mon modelle du balancier egal, a Monseigneur Colbert le 31 Jan. un jeudy. Le voiage d'auparavant, que Monseigneur estoit venu a Paris, Thuret luy avoit montrè un modelle d'un pareil balancier ou un peu deguisè. Ce que Je dis avoir estè un mercredy, 23e Jan. justement 8 jours auparavant que je montrasse le mien, mais un jour apres que j'eus communiquè mon invention a Thuret et que je luy eus fait faire mon modelle, comme il paroistra par ce qui s'ensuit. Le 21e Jan. lundy je fus veoir Monsieur Perrault le Receveur a qui je dis que j'avois trouvè cette invention, Et que j'allois chez Thuret pour luy en faire faire un modelle. Monsieur Perrault a remarqué le jour et le peut tesmoigner. Je ne trouvay Thuret chez luy que le jour d'apres, scavoir le mardy 22 Jan. a qui j'expliquay mon invention et luy en fis faire le modelle, qui est celuy que j'ay eu l'honneur de montrer a Monseigneur Colbert. Je demeuray pour cela jusqu'a 3 heures apres midy dans sa boutique sans disner, et emportay le modelle avec moy. Monsieur Perrault le Receveur fut le jeudy d'apres scavoir le 24 Jan. veoir Monsieur Galois, et ils se dirent l'un a l'autre qu'ils scavoient chacun deux personnes qui pretendoient avoir trouvè le secret des Longitudes, Monsieur Perrault me prenant pour l'une de ces personnes a cause de ce que je luy avois dit trois jours auparavant touchant mon invention des horologes. Et Monsieur Galois ayant Thuret en sa pensée, a cause du modelle qu'il avoit vu qu'il avoit presenté le jour d'auparavant scavoir mercredy 23 Jan. à Monseigneur Colbert, ou il y avoit Monseigneur le duc de Luines 1) et encore d'autres personnes. Monsieur Galois nous a avouè que cela estoit ainsi, lors que samedy dernier 9e fevr. nous fusmes assemblez, luy, Thuret, et moy, chez Monsieur Perrault le Controlleur des bastiments. Il est donc certain que ce mercredy 23e Jan. que Thuret alla mon- {==408==} {>>pagina-aanduiding<<} trer son modelle à Monseigneur Colbert, estoit le lendemain du Mardy 22e Jan. que je luy avois communiquè mon invention et fait faire le premier modelle, ce qu'il faloit prouver. Thuret ne sceut que contredire a cela dans la conference que je viens de marquer, sinon que Monsieur Galois ne se souvenoit pas bien du jour, et qu'il y avoit bien 15 jours qu'il avoit montrè son modelle a Monseigneur Colbert devant que je montrasse le mien. Mais cela ne se peut puis que Monsieur Galois et Monsieur Perrault le Receveur convienent dans le jour qu'ils se sont veus, le quel jour outre cela Monsieur Perrault scait de certaine science que c'estoit le troisieme apres que je luy eus parlè de mon invention scavoir le jeudy 24 Jan. Et puis Monseigneur Colbert pourra se souvenir que la sepmaine d'auparavant que je luy presentay mon modelle, il avoit estè a Paris et avoit vu celuy de Thuret. Hugens de Zulichem. a) Envoiè a Monsieur Galois pour faire veoir a Monsieur Colbert. [Chr. Huygens]. No 2008. Christiaan Huygens. 1675-1676. La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Balancier de montre reglè par un ressort {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} tambour dessus la platine et grand comme le balancier comme a la pag. suivante. Ressort de cuivre battu pourroit servir peutestre. le ressort doit se tenir en l'air dans le tambour et estre rivè au costè et a l'arbre. {==409==} {>>pagina-aanduiding<<} le balancier en forme d'anneau comme aux montres ordinaires. Axis circuli mobilis affixus in centro volutae ferreae. Envoiè en Anagramme a M. Oldenburg secrete. de la Soc. Royale le 30 Jan. 1675 et mandè que c'estoit une invention nouvelle d'horologe. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} partager le poids du balancier en deux balanciers égaux qui tournent de sens contraire l'un a l'autre, et tous deux ensemble par la communication de leur pignons. Cela fera qu'en tournant la montre dans le plan du balancier, il n'en diminuera, ni n'en augmentera son bransle ce qui arrivoit au balancier simple. le frottement sera moindre si l'on fait les 2 balanciers mesme dentez, sans pignons. Dans les grands pour les longitudes, le balancier sera suspendu pour estre plus libre, et il ne faudra qu'un seul balancier. 21 Jan. Lundy. dit a M. Perrault 2) le Receveur que j'avois trouvè cette invention. le mesme matin et l'apresdiner estè chercher Thuret l'horologer pour la luy {==410==} {>>pagina-aanduiding<<} communiquer et faire faire le modelle du Balancier, mais point trouuè chez luy par 2 fois. 22 Mardy. Estè chez M. de Maubuisson 3), a qui je dis d'avoir trouuè une belle invention en mechanique ce que j'avois aussi dit a M. Libnitz. Coffé 4). le mesme matin retournè chez Thuret, à qui je communiquay l'invention sub fide silentij. Et luy fis faire le premier modelle que j'emportay avec moy estant demeurè jusqu'a 3 heures apres midy sans disner. En la luy expliquant il dit, ne l'entendant encore qu'a peine, je trouue cela si beau que je me défie tousjours qu'il ne soit ainsi. 23e Mercredy. Je dis a l'assemblée de l'Academie a Messieurs Cassini, Picard et Mariotte que j'avois trouuè une belle invention et que c'estoit des horologes et montres portatives reglees comme les pendules. Thuret m'apporta un autre modelle qu'il avoit fait pour luy. 24e. 25e. Thuret me montra des essais sur une montre a laquelle il avoit adjoutè l'invention. 26e Samedy. M. Picard me dit a l'assemblee que mon affaire alloit bien, que Thuret luy avoit fait entendre dans une boite un mouvement de balancier egal comme la pendule. 30e Merc. J'envoyay l'anagramme de l'invention a M. Oldenburg 5). 31. Jeudy. Je montray mon modelle a M. Colbert, dans sa Bibliotheque qui le vit seul. la mesme apresdisnee je fus chez Thuret et luy dis que je l'avois montrè a M. Colbert et parlè pour un privilege qui m'avoit estè promis. Il commenca a me dire sourdement qu'il esperoit bien que je luy donnerois quelque part a l'invention. Je dis qu'il y gaigneroit plus que moy et que je tesmoignerois tousjours qu'il avoit contribuè beaucoup de son industrie a l'execution. Il me repliqua encore entre ses dents et me fit entendre obscurement qu'il souhaitoit que je luy donnasse part a l'honneur de l'invention. Ce qui me paraissant impertinent je n'y respondis rien, et luy parlay ensuite d'autre chose, et touchant la montre qu'il alloit faire fabriquer de cette nouvelle facon, pour estre presentée au Roy. il me dissuada de haster la demande du privilege et je promis d'attendre. Ce 1 fevr. Vendredy. Je montray au soir apres l'assemblee qui estoit extraordinaire a cause de la feste du lendemain a Mrs. Perrault mon modelle. M. le medecin, a qui je le montray, le premier, me dit qu'il y avoit des gens qui disoient que Thuret avoit bonne part a cette invention quoyqu'on la faisoit passer sous mon nom. M. le Controlleur me le confirma aussi que Thuret luy en avoit parlè d'une maniere a faire croire la mesme chose. Cela me fit resoudre a haster le privilege, {==411==} {>>pagina-aanduiding<<} et d'escrire ce journal que je commencay ce jour. Je donnay avis a mon Pere ce mesme jour de ce que j'avois trouuè, et proposay de le faire valoir en Hollande. 2 fevr. Samedy. l'apresdiner je fus avec M. le Receveur chercher Thuret pour voir s'il soustiendroit devant moy qu'il eust contribuè quelque chose a l'invention. mais nous ne le trouvames pas chez luy, ni 2 heures apres que nous y repassames en venant de chez M. de Beaulieu 6). Nous remismes d'y retourner a lundy. 4 fevr. lundy. Je ne trouvay pas M. le Receveur le matin. Apresdisner y estant retournè il me dit qu'il n'avoit pas creu que je serois venu le prendre le matin. qu'il avoit estè ce matin chez Thuret pour faire racommoder une montre sans luy parler d'aucune defiance que j'avois. qu'il luy avoit fait l'execution de l'invention pour les montres de poche bien diffcile. Il m'offrit d'y retourner avec moy; mais ayant songè qu'il valoit mieux d'avoir premierement le privilege que d'en venir a cet eclaircissement, j'aimay mieux y aller seul pour voir quelle mine il feroit. Je ne luy tesmoignay aucune defiance; mais seulement ayant parlè de quelques gens qui pretendoient scavoir le secret, je dis qu'il importoit de faire depescher le privilege et que je tascherois de l'avoir au plustost, à quoy il ne trouva point de raisons à opposer, de sorte qu'il tesmoigna d'en demeurer d'accord. Il me dit avoir montrè le modelle a M. Picard. 5. fevr. mardy. M. le Controlleur Perraut me promit qu'il envoieroit quand il seroit levé, (car il estoit tard au lict a cause de quelque indisposition) mon memoire pour le privilege 7) a M. Colbert a S. Germain. 6 fevr. mercr. M. Perraut n'eut pas encore de response. M. Carcavy me demanda a l'assemblée, si moy ou Thuret s'estoit avisè le premier de cette invention de montre. 7. Jeudy. pas encore de response. M. Perraut encore indisposè. Je fus voir M. Case qui me dit que Thuret luy avoit parlè de l'invention comme si nous l'avions trouuee en semble. 8. Vendredy il [y] avoit response de M. Colbert, qui avoit mis a la marge du memoire, J'en parleray au Roy. M. du Vernay 8) me vint veoir et me dit qu'il avoit appris que Thuret avoit estè chez M. Colbert et presentè un placet. Je le dis a M. Perrault, qui m'apprit ce qu'il avoit seu jusques la, que Thuret avoit montré mon invention a M. Colbert 8 jours devant moy. Ce que je crois estre vray; et que c'aura estè le modelle qu'il me sit voir le mercredy 23e Jan. qu'il aura estè montrer le lendemain. Et je crois que M. Galois y aura estè present. Je me souviens que quand {==412==} {>>pagina-aanduiding<<} je dis a Thuret que je venois de montrer mon modelle a M. Colbert, il en parut un peu troublè. Et comme je luy dis que M. Galois avoit dit qu'il en scavoit quelque chose et qu'il devinoit par la figure de la boite que la chose estoit en rond et que je ne croiois pas qu'il en pust rien scavoir. Il me dit qu'il y avoit quelque temps que M. Galois luy avoit fait porter un modele de pendule a M. Colbert, qui avoit un poids dessus et dessous, et a celuy de dessous un ressort spirale attachè, et que c'estoit cela qui luy seroit demeurè dans l'esprit. mais c'aura estè sans doute le modelle de mon Invention. car que vouloit dire ce ressort en spirale appliquè par un bout à la pendule? Et M. Perraut me dit que Thuret luy avoit dit le 31 Jan. ou 1 fevr. qu'il avoit montrè une nouuelle invention a M. Colbert, apres je fus revoir M. Perraut qui avoit estè saigné; il me promit qu'il prieroit M. Galois ce soir de luy venir parler. le 9 Sam. Je fus chez M. Perrault le Contr. qui fit prier M. Galois d'y venir aussi et envoia en mesme temps querir Thuret. Estant venus nous eclaircismes cette affaire et je convainquis Thuret d'avoir estè montrer, le lendemain du jour que je luy eus fait faire mon modelle, un pareil modelle a M. Colbert, à mon insceu, et comme estant de son invention par les raisons suivantes. Voiez le papier icy joint 9). J'envoyay ces raisons a M. Galois pour faire voir a M. Colbert, ce qui n'arriva que 2 jours apres. le 11e. Thuret vint parler a M. Perraut le Contr. et luy avoua que c'avoit estè le lendemain du jour que je l'avois fait travailler qu'il estoit allè montrer son modelle a M. Colbert comme de son invention, ce qu'il avoit niè si fort 2 jours auparavant. 10) Je donnay la montre a faire a Gaudron parent de M. Papin 11). {==413==} {>>pagina-aanduiding<<} le 16e j'avois ecrit une lettre a M. Colbert 12), mais M. Perraut me conseilla d'aller moy mesme a St. Germain. M. Perrault me fit dire qu'il estoit venu a Paris, et m'y mena pour luy parler. mais a peine eusje commencè qu'il me dit que mon Privilege 13) estoit expediè et scellè, dont je fus fort satisfait. Mr. du May 14) me dit chez M. Colbert que le jour d'auparavant l'on avoit montrè a S. Germain une nouuelle invention d'horloge ou il y avoit un ressort tortillè de cette facon a ce qu'il me fit entendre {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} et que c'estait d'Alesme 15) qui est a M. de la Feuillade 16) qui en estoit l'autheur. {==414==} {>>pagina-aanduiding<<} 18e Lundy. M. Picard vint me parler en faveur de Thuret. a qui je dis qu'il devoit commencer par avouer sa faute et que je verrois apres. Au soir je trouuay mon Privilege que M. Colbert m'avoit enuoyè. Je donnay la figure du balancier a graver pour mettre dans le Journal des Scavants 17). 19. Mrs. Perrault le Receveur et le Controlleur me vinrent voir, et le premier m'apporta un billet que lui avoit dictè Thuret, contenant qu'il me vouloit dire que le Privilege lui avoit fait peur s'imaginant qu'il ne seroit traitè que comme estranger quoy qu'il eust travaillè a cette affaire mais qu'il ne pretendoit pas en estre l'inventeur et qu'il le tesmoigneroit a tout le monde 18). Au soir M. l'Advocat me parla encore fort pour luy chez M. Perrault le medecin. Mais je ne voulus me relascher {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} en rien et dis que s'il avouait sa faute je luy permettrois de trauailler en acheptant de marques comme aux autres horologeurs, mais que je ne voulois plus de commerce avec luy. 21 fevr. Je montray mon modelle a M. Francini 19), puis M. le duc de Roanes et a M. la Chaise 20). M. le duc de Roanez me parla de l'invention d'Alesme, et dit qu'elle estoit assez differente de la miene, mais qu'elle n'estoit pas la moitie si bonne {==415==} {>>pagina-aanduiding<<} ni si simple. Je luy dis ce que m'en avoit dit M. du May, scavoir du ressort cylindrique, et il m'avoua que c'estoit cela, et qu'il n'adjoutoit point de poids a ce ressort mais que c'estoient ses vibrations mesmes entretenues par la mouvement de l'horloge. Je luy montray ma maniere de doubler le balancier s'il en estoit besoin, parce qu'il m'avoit dit que d'Alesme avait aussi un remede contre certain mouvement qui peut nuire. Lundy 25e Thuret me vint voir, qui me dit pour excuse que comme il avoit cherchè cette invention et qu'il l'avait concuë confusement dans son esprit, il avait creu y pouvoir pretendre part, et que craignant que je ne luy aurois fait aucun avantage, il s'estoit adressè a M. Colbert pour luy faire veoir qu'il luy en appartenait quelque chose. Que M. de Neurè 21) rendoit tesmoignage que n'y ayant que luy, Thuret et moy, Thuret avait parlè d'appliquer un ressort en spirale pour regler le balancier. Je luy reprochois toutes les faussetez qu'il avoit faites en cette affaire, et quant au tesmoignage de M. de Neurè, que je ne croiois pas qu'il voudroit maintenir une chose fausse, que je le verrois et M. Case, qui, à ce qu'il dit, avait receuilly et mis par escrit toutes ces depositions de M. Neurè et M. Picart. Mais que quelque chose qu'ils pussent dire je sçavois bien ce qui en estoit; et qu'il paroistrait tousjours qu'il n'avoit pas sceu cette invention puisqu'il n'en avoit fait le moindre essay ni modelle devant que je le fisse travailler au mien. Il me dit que c'estoit certains petits tremblements du ressort qui lui avait fait concevoir de la difficultè, et empeschè de rien executer. Je repondis que ce qu'il disoit de l'inconvenient de ces tremblements estait une chose controuvée pour faire paroistre qu'il scavoit quelque chose de l'application du ressort, mais que cela mesme faisoit voir qu'il n'en avoit rien sceu, parce que s'il eust conceu d'attacher la ressort par ses deux bouts il aurait bien veu aussi que ces tremblements n'estoient d'aucune consideration, ne pouvant arriver que lors qu'on frappe ou heurte contre la montre, et alors mesme ne nuisant rien à l'effect du ressort. Il me dit que la montre qu'il faisoit estait presque preste, et m'offrit d'en disposer comme je voudrais. A quoy je repondis que je la voulois bien en la luy payant et non pas autrement. Il me dit aussi qu'il l'avait portée dans sa poche a Charenton, et qu'au retour elle s'accordoit fort bien avec la Pendule sur la quelle il l'avait mise en partant. 22) Il fit encore bien de friponneries dans la suite, trop longues a escrire. Madame Colbert et M. le duc de Chreveuse 23) qui protegeoient Thuret firent à la fin en sorte que je luy donnay permission de travailler comme aux autres horlogeurs en mettant ma marque. Apres qu'il m'eust escrite une lettre (dont M. {==416==} {>>pagina-aanduiding<<} Galois lui fit la minute) par la quelle il reconnoissoit que c'estoit moy qui luy avoit montrè cette nouvelle construction, qu'il ne pretendoit rien a l'honneur de l'invention et qu'il estoit faschè de ce qui s'y estoit passè 24). En quittant Paris le prem. Jul. 1676 pour aller en Hollande apres une maladie de 5 mois, je laissay libertè entiere a tous les horlogeurs de travailler a cette Invention, voyant que le Privilege m'aurait encore coustè des sollicitations pour le faire enregistrer au Parlement, et que mesme apres j'aurois tousjours des proces et des embaras nouveaux. No 2009. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 12 février 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2003. Chr. Huygens y répondit par le No. 2034. A Londres le 2 Fevr. 1675. Monsieur, Voicy les deux livres, que vous auez desiré de voir dans la vostre du 30 Janvier. Monsieur Boyle vous fait present du sien 1), auec ses humbles baisemains, et vous en demande votre sentiment. Celuy de Monsieur Hook 2) n'est pas encor achevé, quant à quelques particularités, qu'il se croit obligé d'expliquer; ce qu'il nous a promis de faire au premier iour, s'il n'en est pas diverti par d'autres occupations plus pressantes. J'y adjouste mon journal du mois de Decembre 3), puis que vous auez la bonté de ne les mespriser pas. J'y ay joint aussi le Discours du chevalier Petty 4) qu'il fit, il n'y a pas longtemps, devant la Société Royale, dont ie seray bien aise aussi d'entendre vos pensees. Au reste, i'ay fait voir à nos amis communs l'Anagramme 5) touchant votre nouuelle invention d'horologes. Ils m'ont tesmoigné leur grand desir d'en voir l'effect, et s'en promettent des nouuelles de votre bonté. {==417==} {>>pagina-aanduiding<<} Quańt aux observations de Monsieur Leeuwenhoeck, la pluspart de nos curieux sont de vostre advis, doubtant fort si ce ne sont des deceptions de sa vuë. J'ay pourtant receu depuis peu vne longue lettre de luy 6), oú il me parle d'une nouuelle maniere d'observer, qu'il dit estre exempte de telle doubte, et par laquelle neantmoins il voit, à ce qu'il dit, presque les mesmes choses, qu'il a vuës auparavant, quant aux globules etc. On taschera icy auec le temps de descouvrir, s'il a esté trompé ou non. Je ne manqueray pas de vous obeir en ce que vous m'auez ordonné touchant Monsieur Sluse, que nous avons depuis peu receu 7) dans la Societé Royale, son merite et sa vertu n'estant pas ordinaires. Il est trop raisonable, que de discontinuer ses respects et affections envers les personnes de vostre merite 8). J'adjousteray seulement vn mot sur ce que Monsieur Hook a remarqué dans son livre touchant le pendule circulaire; qui est, de vous prier de ne vous offencer point sur quelques paroles qui vous touchent 9). Il y a des personnes qui n'ayant pas vû beaucoup de monde, ne scavent pas la maniere d'observer le decorum qu'il faut parmi les honestes gens. C'est entre vous et moy, qui suis Monsieur Vostre tres humble et obeissant seruiteur Oldenburg. Pour Monsieur Hugens de Zulechem. No 2010. R. Hooke. 1674 1). Appendice au No. 2009. I shall not now spend any more time in the Explication of the making or contriving the circular Pendulum, reserving it for another opportunity and Discourse 2), {==418==} {>>pagina-aanduiding<<} wherein I shall shew several useful Contrivances and Inventions about the same, and particularly about this and some other Experiments of motion, which was the cause of the Invention thereof by me long since, in the year 65. Upon which occasion, I cannot but take notice of a Publication, made by Christianus Hugenius Zulichemus Consi. F. in his Book call'd, Horologium Oscillatorium sive demotu Pendulorum ad Horologia aptato demonstrationes Geometricoe; containing a short Description of a circular Pendulum, with somewhat about the Explication of it 3), without naming me at all 4), as concern'd therein, though I invented it, and brought it into use in the year 1665; and in the year 1666 5), I communicated it to the Royal Society, at their publick Meeting, both as to Theory 6) and Practick thereof, and did more particularly explain the Isocrone motion of the Ball of a Pendulum, in a parabolical Superficies, and the Geometrical and Mechanical way of making the same move in such a Superficies, by the help of a Paraboloeid, which I caused also to be made and shew'd before the same Society, upon several days of their publick Meeting, where besides many of the Society, were divers strangers of forreign parts. This many of the Royal Society can bear me witness, and the publick Registers thereof do testifie and make appear, and I was told by Sr. Robert Moray 7) that he did then write to Monsieur Zulichem 8) concerning the same. But of this more hereafter, when I examine some other things in that Book, about finding the descent of heavy Bodies 9), and of finding the Longitude of places 10), and publish some more certain and practicable ways of doeing them. {==419==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2011. Colbert à Christiaan Huygens. 15 février 1675. La pièce se trouve à Paris, Archives Nationales 1). Privilège pour faire faire des montres et horloges d'une nouvelle invention pour le Sr. Hugens de Zulichem, de l'Académie des Sciences. Louis, etc. A nos amez et feaux les gens tenans nos cours de Parlement, Bailliss, Seneschaux, Prevosts, leurs Lieutenans et tous autres nos justiciers qu'il appartiendra, Salut. Nostre bien amé le Sieur Hugens de Zulichem, de l'Académie des Sciences, nous a très humblement fait remonstrer qu'il anroit inventé une construction nouvelle d'horloges portatives dont le mouvement est égal à celuy des pendules et dont le secret consiste en un ressort tourné en spirale qui règle les tours d'un balancier équilibre, plus grand et plus pesant qu'aux ouvrages ordinaires, lesquelles horloges estant construites en petit seront des monstres de poche très justes et pourront servir dans une plus grande forme partout ailleurs, et particulièrement à trouver les longitudes tant sur mer que sur terre, et desirant mettre au jour ladite invention d'horloges pour l'utilité publique, il nous a très humblement fait supplier de luy accorder le privilège de faire fabriquer des monstres et horloges de cette nouvelle façon, à l'exclusion de tous antres. A ces causes et autres à ce nous mouvans, nous avons permis et permettons par ces presentes signées de nostre main audit Sieur Hugens de Zulichem de faire fabriquer les monstres et horloges de cette nouvelle invention, les vendre et debiter à toutes sortes de personnes et en tous les lieux et terres de nostre obeissance en telle qualité et quantité qu'il desirera et ce durant l'espace de vingt années, faisans à cet effet très expresses inhibitions et deffenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient de construire lesdites nouvelles horloges en aucuns lieux de nostre Royaume durant ledit temps, soubs pretexte d'augmentation, correction, changement ou autrement, en quelque sorte et manière que ce puisse estre, ny de vendre ou debiter de semblables horloges ou montres qui auront esté fabriquées hors de nostre Royaume, à peine de XVc ℔ d'amende applicable, sçavoir, un tiers à nous, un tiers à l'hostel-Dieu de nostre bonne ville de Paris et l'autre tiers audit de Zulichem, auquel permettons en outre de mettre une marque particuliere pour connoistre les montres et horloges de son invention et qui auront esté faites avec sa permission. Si vous mandons que ces presentes vous ayez à faire enregistrer et du {==420==} {>>pagina-aanduiding<<} contenu en icelles jouir ledit de Zulichem pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens au contraire. Car, etc. Donné à Saint-Germain-en-Laye, le XVe jour de février l'an de grace 1675 et de nostre règne le trente deuxiesme. Signé Louis [et plus bas], par le Roy. Colbert. No 2012. Christiaan Huygens à J.B. Colbert. 16 février 1675a⁾. La copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 16 fevr. 1675. Monseigneur J'ay eu tant de confiance en la bonté de ma cause et en vostre justice et grand discernement, que je n'ay pas creu necessaire jusqu'icy de vous soliciter en ma faveur pour me guarantir de la supercherie que me veut faire l'horlogeur Thuret. Mais voyant qu'il persiste tousjours dans son mauvais dessein, et apprehendant que par les faussetez qu'il debite, il n'obscurcisse en quelque sorte la veritè, je me trouve obligè Monseigneur de vous la representer dans cette petite deduction, et de vous supplier treshumblement de ne pas permettre qu'il me soit fait un si insigne tort dans une affaire qui m'est de grande consequence et ou ma reputation mesme est interessee. Lors que j'eus l'honneur de vous presenter le modelle de ma nouvelle invention vous vous serez souvenu Monseigneur que 8 jours auparavant Thuret vous avoit montrè un pareil modelle ou peu different; et je ne doute pas que me voyant ignorant de ce qui c'estoit passè, vous n'ayez jugè qu'il n'agissoit pas de bonne foy avec moy; parce que s'il tenoit de moy cette invention, il faisoit mal de la produire comme en estant l'autheur, ou s'il la sçavoit auparavant moy, il m'en devoit avoir averty lors que je m'estois adressè et confiè a luy, et ne pas me laisser m'exposer à recevoir de la honte en vous offrant la mesme chose comme estant de moy. Je n'appris, que quelques jours apres, que Thuret m'avoit fait ce mauvais tour, et qu'il taschoit de s'attribuer mon invention, ce qui m'obligea de chercher les raisons pour le convaincre. A la fin Monsieur Perrault le Controlleur l'ayant fait venir chez luy, et ou j'estois, ou Monsieur Galois voulut bien aussi se trouver, je fis veoir clairement, que le jour que Thuret vous fit veoir son modelle, estoit le lendemain du jour que je luy avois decouvert ma nouvelle invention, et que je luy eus fait faire un modelle pour moy. Il s'opiniatra pendant toute cette conference {==421==} {>>pagina-aanduiding<<} (comme Monsieur Galois peut tesmoigner) à nier ce fait, assurant qu'il avoit montrè son modelle longtemps auparavant que je luy eusse parlè de rien. Mais du depuis il a estè contraint de l'avouer a Monsieur Perrault, se voyant convaincu par de certaines dates, dont il constoit manifestement. Monsieur Perrault rendra tesmoignage de cet aveu, qui non seulement fait veoir l'effronterie de Thuret d'avoir soustenu une chose qu'il scavoit estre fausse, mais qui donne en mesme temps une forte presomption contre luy en ce qui regarde la chose mesme. Car s'il est vray qu'il n'a produit l'invention de ce balancier que le jour d'apres que je luy en eus communiquè la construction, il est bien apparent qu'il ne l'a eüe que de moy. Le seul moyen qui luy reste pour soustenir sa fourberie c'est qu'il s'efforce de persuader a tous ceux qu'il connoit, qu'il m'a mis dans la voie et donnè la premiere ouverture pour parvenir a cette invention, dans des recherches que nous aurions fait ensemble touchant le mouvement et les vibrations egales des ressorts. A quoy je dis premierement que s'il estoit vray ce qu'il dit de ces recherches, et que de là j'eusse trouvè l'invention qu'il n'a point trouvée, elle ne laisseroit pas de m'appartenir. Mais ce qu'il en dit est une fausseté controuvée, parce qu'en tout ce que nous avons jamais parlè ensemble il n'y a eu rien qui m'ait facilitè le moyen de trouver cette nouvelle facon de montres. Et s'il pretend prouver (comme on me l'a dit) par des tesmoins, qu'il ait jamais proposè en ma presence, aucun moyen d'appliquer le ressort au balancier d'une montre, ce seront de faux tesmoins. Que si apres tout ce que je viens de dire, il vous restoit encore quelque doute Monseigneur touchant la veritè de la chose, je vous demande la grace que vous me fassiez venir avec Thuret en vostre presence, pour juger par la maniere dont il soustiendra ses pretensions, si elles sont justes on non. Cependant comme il a entre ses mains la montre que je luy sis faire pour estre presentée au Roy, j'ose esperer Monseigneur que vous ne souffrirez pas qu'en cela il me previene. Vous suppliant treshumblement ou de luy ordonner de me livrer cette montre, ou que je puisse avoir le temps de faire achever celle que je fais faire par un autre ouvrier. Me consiant entierement en vostre bonté je demeure avec beaucoup de respect et de sousmission. Monseigneur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. a) Point envoiée [Chr. Huygens] 1) {==422==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2013. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 20 février 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society 1). La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. La lettre s'est croisée avec le No. 2009. H. Oldenburg y répondit par le No. 2016. A Monsieur Oldenburg. a Paris le 20 fevr. 1675. Monsieur Je vous envoiay par ma derniere du 30 janvier 2) le chiffre d'une nouvelle invention d'horloge, dont peutestre vous aurez esté informè du depuis, et scaurez desia ce que c'est car le secret ne s'en est pas bien gardè icy, par la mauvaise foy de l'horloger 3), que j'employay a l'executer, qui des le lendemain que je luy eus communiquè cette invention et fait faire le modelle, en fit aussitost un autre, et a mon insceu l'alla montrer a Monsieur Colbert et a plusieurs autres personnes se disant en estre l'autheur. Que si d'avanture vous n'en avez pas encore connoissance, voicy ce que contenoit mon anagramme. il contenoit ces mots Axis circuli mobilis affixus in centro volutoe ferreoe. C'est que cette invention consiste en un ressort tournè en spirale, attachè par son extremitè du milieu a l'arbre d'un balancier circulaire et equilibre qui tourne sur ses pivots; et par son autre extremitè a une piece qui tient a la platine de l'horloge. lequel ressort, lors qu'on met une fois le balancier en bransle, serre et deserre alternativement ses spires, et conserve avec le peu d'aide qui luy vient par les roues de l'horologe, le mouvemens du balancier. Et cela en sorte que quoy qu'il fasse plus ou moins de tour, les temps de ses reciprocations sont tousjours egaux les uns aux autres. Les horologes de cette façon estant construites en petit, seront des montres de poche tresjustes et en plus grande forme pourront servir utilement par tout ailleurs et particulierement a trouver les Longitudes tant sur mer que par terre puisque leur {==423==} {>>pagina-aanduiding<<} mouvement est egal comme celuy des Pendules et que nulle sorte de voiture ne les peut faire arrester. Vous verrez dans le premier Journal des Scavans, qui paroistra dans 4 ou 5 jours la figure gravèe, avec la description de la machine 4). La mechancetè de cet ouvrier, dont je vous ay parlè, m'a donnè beaucoup de peine et de fascherie. Mais ayant a la fin fait connoistre son mauvais procedè, et l'en ayant convaincu, Monsieur Colbert m'a fait justice et m'a fait avoir un Privilege 5) du Roy pour cette invention: apres quoy mon plagiaire voiant qu'il s'est attirè une tresmeschante affaire, et ne scaschant que devenir, me fait solliciter par tous ceux qu'il connoit de luy pardonner sa faute et de l'emploier comme auparavant promettant de tesmoigner a tout le monde, qu'il ne pretend aucune part a l'invention. Mais la chose seroit plustost pardonnable a tout autre qu'a luy, parce que sa malice est jointe avec une extreme ingratitude, car c'est qu'il m'avoit de l'obligation en plusieurs manieres 6). Je vous raconte cecy si particulierement Monsieur, parce qu'il se peut faire qu'on vous aura informè touchant ce demeslè, suivant le bruit que cet homme, et ceux de sa cabale ont fait courir, qui a esté si fortement soustenu que j'ay reconnu par la que j'ay plus d'envieux que je ne scavois. Au reste Monsieur si vous croyez qu'un privilege en Angleterre pourroit valoir quelque chose, et que ou la Societé Royale ou vous en vouliez tirer de l'avantage, je vous offre volontiers tout ce que j'y pourrois pretendre. l'on me fait accroire, qu'il m'en pourra revenir quelque chose en ce pais icy 7). Pour eviter la contravention au Privilege l'on m'a accordè d'y pouvoir mettre une marque particuliere en forme de petite medaille ou autrement pour connoistre les montres qui auront estè faites avec permission, ce que vous pourriez obtenir par dela de mesme. Je vous baise les mains et suis entierement Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. P.S. Si peutestre vous trouviez a propos de faire imprimer quelque chose du {==424==} {>>pagina-aanduiding<<} contenu de cette lettre, je vous prie que ce ne soit que ce qui regarde l'explication de l'invention et de son usage 8). No 2014. Christiaan Huygens à J. Gallois. [février] 1675. Appendice au No. 2013. La lettre a été publiée dans le Journal des Sçavants du 25 février 1675. Ayant trouvé une invention long-temps souhaitée, par laquelle les horloges sont renduës tres justes ensemble & portatives; je crois que ce sera faire chose agreable au public de luy en faire part. C'est pourquoy je vous envoye la description & la figure du modèle, qui contient ce qu'il y a de particulier dans cette invention; afin que parmy d'autres nouveautez en matiere de sciences, vous puissiez, s'il vous plaist, les inserer dans vostre Journal. Les Horloges de cette façon estant construites en petit seront des montres de poche tres-justes, & en plus grande forme pourront servir utilement par tout ailleurs, & particulierement à trouver les longitudes tant sur mer que sur terre, puisque leur mouvement est reglé par un principe d'égalité, de même qu'est celuy des pendules corrigé par la Cycloïde, & que nulle sorte de voiture ne les peut faire arrester. Le secret de l'invention consiste en un ressort tourné en spirale, attaché par son extremité interieure à l'arbre d'un balancier equilibre, mais plus grand & plus pesant qu'à l'ordinaire, qui tourne sur ses pivots; & par son autre extremité à une piece qui tient à la platine de l'horloge. Lequel ressort, lors qu'on met une fois le balancier en bransle, serre et desserre alternativement ses spires, & conserve àvec le peu d'aide qui luy vient par les rouës de l'horloge, le mouvement du balancier, en sorte que quoy qu'il fasse plus ou moins de tour, les temps de ses reciprocations sont toûjours égaux les uns aux autres. Dans la figure la plaque de dessus de l'horloge est AB. le balancier circulaire CD. dont l'axe ou arbre est EF. Le ressort tourné en spirale GHM, attaché à {==425==} {>>pagina-aanduiding<<} l'arbre du balancier en M. Et à la piece qui tient à la plaque de l'horloge, en G, toutes les spires du ressort se tenant en l'air sans toucher à rien. NOPQ est le cocq dans lequel tourne l'un des pivots du balancier. RS est une des rouës dentées de l'horloge, ayant un mouvement de balancement que luy donne la rouë de rencontre. Et cette rouë RS engraine dans le pignon T, qui tient à l'arbre du balancier, duquel par ce moyen le mouvement est entretenu autant qu'il est necessaire. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} No 2015. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 15 mars 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 15 Mars 1675. Je considere de mesme que je crois que vous faites Signor fratello qu'ayant les occupations que vous avez, la correspondence avec moy ne vous pourroit servir de guere, parce que vous n'avez nullement le temps de rien executer des inventions ni des curiositez que je pourrois vous communiquer. Sans cela vous devez croire que je ne laisserois pas ainsi passer des annees entieres sans vous escrire une seule {==426==} {>>pagina-aanduiding<<} fois 1). Je vous remercie de la felicitation cordiale au suject de mon invention des montres justes, qu'on appelle icy Pendules de poche, qui n'a pas fait moins de bruict icy que par dela, comme vous pouvez croire; et il a estè plus grand a cause de la contestation impertinente d'un mechant homme 2) qui a voulu passer pour autheur de cette invention. Quoyque je fusse encore a faire les premiers essais de l'application aux montres, on a voulu d'abord, que le succes fust indubitable d'une chose pour laquelle on voioit qu'on se debattoit avec tant de chaleur. Cependant il y a eu des difficultez a l'executer en petit, qu'il a falu surmonter; ce qui a coustè de la peine et du temps. Mais tout va bien presentement, et la premiere montre de cette facon ayant soustenu toutes les epreuves, celles que l'on fera en suite seront encore plus parfaites. J'en viens d'en commander une pour Monsieur le Prince et auray soin qu'elle s'ascheve au plustost, et de la maniere que vous souhaitez. Le Roy n'en a pas encore parce que la boete de celle dont j'ay parlè n'est pas encore faite, et mesme quand elle sera faite je doute si ce sera celle la que je luy presenteray, parce que les suivantes seront assurement meilleures. Je vous prie donc de ne vous impatienter point. Adieu. Pour mon frere de Zeelhem. No 2016. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 mars 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2013. Chr. Huygens y répondit par le No. 2034. A Londres le 11 Mars 1675. Monsieur, J'ay iusques icy differé ma responce à vostre derniere du 20 Fevrier, dans l'esperance de receuoir le Journal des scavants, que vous disiez devoir paroitre dans 4 ou 5 iours et contenir la figure gravée, auec vne entiere description de la machine nouuelle de vostre invention. Mais ledit Journal tardant trop longtemps sur le chemin, ie n'ay pas voulu manquer de vous faire scauoir cependant, que nos Messieurs receurent auec des tesmoignages d'une singuliere affection les nouuel- {==427==} {>>pagina-aanduiding<<} les, qu'il vous plaisoit leur communiquer touchant la dite invention; dont pourtant ils suspendirent leur jugement iusques a ce qu'ils pûssent auoir le bien d'en voir la figure et vne plus ample description, vû principalement que Monsieur Hook inventa, il y a quelques annees, vne chose semblable 3), comme il croit, laquelle pourtant ne reüssit pas alors tout à fait conformement à son souhait, mais qu'il pense neantmoins capable d'estre reduite à vne plus grande perfection. Je ne doubte pas, Monsieur, que vous n'ayez consideré les effets de la temperature de l'Air, et principalement ceux de la chaleur, sur les ressorts de cete nature lá, que le vostre semble estre. Il paroit assez difficile, de prevenir cela, ou d'y remedier, et de faire en sorte, que les temps des reciprocations soient tousiours esgaux les uns aux autres auec durée. Mais, ie dis, vostre sagacité l'a assurement prevû, et trouué moien d'assurer la machine contre cet inconvenient. Je n'en ay encore rien imprimé dans mes transactions (dont ie vous envoye les dernieres de l'annee 4)) parce que ie fais estat de le faire le plus advantageusement que ie pourray, aussi tost que i'en auray vû la figure. Cependant ie vous suis tres obligé de vostre generosité envers moy, en m'offrant ce que vous y pourriez pretendre en Angleterre, quant a vn privilege. La Societé Roiale me laissera volontiers iouir de l'avantage, qui en pourra resulter, si les effets seront conformes à l'attente, et si ie n'en suis pas debouté par quelque invention du païs; dont vous serez averti cy-apres par Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. Voicy vne lettre 5) de M. Ball qui n'a receu vostre livre imprimé que fort tard, parceque ie l'ay tousiours attendu qu'il viendroit en ville, du champ, oú il demeure la plus part du temps. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 30 β {==428==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2017. W. Ball à Christiaan Huygens. 20 mars 1675. Appendice au No. 2016. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Mamhead ☿ March 10-74. Honor'd Sr From Mr. Oldenburg, I am ashamed to say how long since, but partly by his delay, I had yor excellent booke, Horologium Oscillatorium, I am yet very vnhappy wanting leisure from ye troublesome incumbrances of a country life, vsually esteemed retiremt & full of time for all sedate contemplations, but mine is farre other, hauing ye care of much husbandry for my Father 1) as well as my selfe lyeing 3 miles distant wch is a considerable circumstance to distract my serious thoughts but more to disable my body wch is not yet perfectly restored though (I thanke God) very nere & much beyond wt any one expected after my dismall fall, thirty foot high, on hard ground, may 28. 1661. I thinke I had not ye happines to see you since, but have often heard of yor eminent efforts for ye good of mankind, wch makes every one yor debtor; especially my selve by this yor vnexspected remembrance, wch doth really ravish mee & exalt my poore low thoughts to encorage their progresse in wt I lately but very faintly designed anew hauing long since designed somewt more then ordinary as soone as I could haue necessary accommodations; yor coming very happily not long after my reading Mr. Hookes Attempt 2), to prooue ye motion of ye Earth, I invited or operator at Gresham colledge to come to mee last November to haue assisted mee to sett a tube for ye like observation; but his leisure (nor myne neither as itt vnexpectedly fell out after) not suiting hath hitherto hindred all my endeavours towards itt, wch is noe small trouble to mee, ye sole ease I haue in itt is yt itt hath beene a very darke season & I could not haue done much; now since I am yet to begin I shall bee proud if I may haue a line, when you are very much att leisure, of instruction from soe great a master as yor selfe how I may proceed, I hope to begin something this summer, being pretty well furnished wth tools of such a worke in proportion to my small share of ye world; & a neibouring hill almost a mountaine where I might haue a pitt 360 or 600 ft. deep 3), Mr. Hooke mentions one in Surry {==429==} {>>pagina-aanduiding<<} 360; & yor selfe speake of one 28 fathom, as I remember, this is a great thought for one of my low sphere but I doe not despaire yt a few yeares diligent contrivance may doe something considerable in itt, if you can pardon this, bolder then Mr. Hookes attempt, wth a small encouragemt you may haue farther trouble from mee. I haue many times peep'd att ye starres & sett downe some observations not unlike Mr. Horrox, in ye late booke printed London 4to 4), but I am troublesome wth my impertinencies & conclude while ye paper affords roome to say I am Sr Yor highly obliged & most faithfull freind & Servant Will. Balle. if you thinke mee worthy ye favour of a line direct itt to mee at Mamhead in Devon to bee left att ye posthouse in Exeter, or to Mr. Oldenburg att London & 't will come safe. I am nere the mouth ye river Exe 3 mile west you may find itt in ye map a great city consisting of ye church & my fathers house. For his much honored freind Msr. Christian Hugens van Zulichem These. {==430==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2018. Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens. 22 mars 1675. La copie se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. La lettre a été publiée par P. Houtman 1). A Paris ce 22 Mars 1675. Par ma derniere lettre a mon Pere 2) je souhaitois un heureux accouchement a Madame vostre chere Espouse. Mais a ce que je vois par la vostre de l'onzieme de ce mois, l'effect a prevenu mes veux et vous voila Pere pour la premiere fois et Pere d'un beau garçon 3), qui est la supreme ambition de tous les nouveaux mariez. Je vous assure que j'en ay bien de la joye, et je vous en felicite et la puerpera d'aussi bon coeur que vous venez de me feliciter de ma nouvelle production des pendules de poche. Il y a du plaisir d'avoir ainsi matiere de se faire des felicitations reciproques a l'un pour des enfans de chair a l'autre pour des enfans d'esprit. Si vostre garçon est beau ma fille la nouvelle invention est aussi belle en son espece et vivra longtemps, de mesme que les enfans du bon Epaminondas, avec sa soeur la pendule aisnée, et son frere l'anneau de Saturne. En effect cette affaire va tres bien, et quoyqu'il y ait eu un peu de peine a executer la machine en petit volume, la premiere que j'ay fait faire a si bien reussi qu'elle sera presentée au Roy, si tost que ses ornements et ajustemens pour la parer seront achevez. Pour la maniere dont vous me conseillez d'user du Privilege, elle s'accorde tout a fait avec le dessein que j'avois. Si la somme que j'en tireray s'accorde de mesme avec celle a quoy vous taxez l'invention j'auray beaucoup plus que je ne me promets. L'embaras et la fascherie que j'en ay eu dans ces commencements meritent bien quelque recompense. Cependant vous pouvez bien juger qu'il me faudra encore du temps pour establir mon droit et puis pour m'en defaire, et que cela fera que mon voiage ne pourra pas encores estre entrepris si tost. Pour l'autre project que vous faites, de me faire quiter tout a fait ce Pais icy, nous 'en delibererons a loisir, et pourveu que cela se puisse honnestement, je crois que je n'auray pas trop de peine a suiure le conseil qu'on me donnera la dessus. Adieu, et faites mes treshumbles baisemains a Vostre chere Espouse a qui je souhaite une prompte reconvalescence et vie et santé a son gros Dauphin. {==431==} {>>pagina-aanduiding<<} l'on me dit hier que don Sebastian 4) doit passer bien tost icy en revenant de Madrid. ce que apparemment vous devez bien scavoir par dela et je ne scay pourquoy l'on ne m'en a donné avis si je pouvois l'accompagner le reste du chemin j'en aurois bien de la joye, on luy a fait avoir d'icy un passeport. A Monsieur Monsieur L. Hugens de Zulichem, drossart de Gorinchem et du pais d'Arkel A Gorcum. No 2019. Constantyn Huygens, père, à H. Oldenburg. 29 mars 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. La copie se trouve à Amsterdam, Académie Royale des Sciences. Monsieur Ce fut en Aoust ou Septembre dernier que je vous envoijaij une sorte d'Apologie 1) de mon Archimede se defendant contre ce qu'il avoit pleu au bon Monsieur Hooke luy imposer 1), de ce qu'il avoit eu connoissance de sa construction d'une Horologe à pendule circulaire, proposée par le dit Sr. Hook l'an 1666 chose que le dit Archimède avoit desjà inventée 8 ans auparavant, qui fut en 1658, comme en 1661 il l'avoit expliquée a Monsieur Wren et plusieurs autres membres de la Societé Royale. A present voyci ce qu'il m'escrit. ‘Je ne scay si Monsieur Hook aura receu vostre Lettre 1) par laquelle vous luy avez faict part de ma defence contre ce qu'il m'impute, touchant la Pendule circulaire; mais ie voy que dans un escrit 2) qu'il vient de faire imprimer contre He- {==432==} {>>pagina-aanduiding<<} velius, il s'attribue ceste invention, et m'accuse de l'avoir publiée, comme estant de moy, sans faire mention de luy. ne disant mot de tout ce que je vous ay mandé.’ Vous voyez, Monsieur, que je suis icy reduit à prouver et justifier ma loijauté, à l'instance et pour l'intêret d'un enfant que j'ay un peu sujet de cherir. Je vous supplie de me sortir de ce pas, et en suite de scavoir un peu, à quel dessein Monsieur Hook en use ainsy envers un pere et un fils, qui desirent si fort de conserver le bien de son amitié, et honorent tant son beau scavoir. Il importe d'agir candidement par tout. Ainsi, sans faute, m'en verrez vous user en toutes choses de mon pouvoir et de vostre service, faictes moy la faveur de vous y fonder et de me croire Monsieur, Vostre treshumble et tres affectionné serviteur C. Huygens de Z. Mon fils me mande aussi, qu'il s'estonne de n'avoir receu aucune de vos nouvelles, sur ce qu'il avoit escrit 3) de sa nouvelle invention de pendule de poche, comme les françois la baptisent. Mes tres humbles baisemains, s'il vous plaist à vostre precieux phenix, monsieur Boyle. J'espere que Mademoiselle Brown vous aura faict rendre ma derniere du 13e du courrant. A Monsieur Monsieur Grubendol au Pallmail à Londres. [Const. Hugens to Old. concerning his son's invention of the circular Pendulum Entd. L.B. Suppl.] 4). {==433==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2020. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 6 avril 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2016. Chr. Huygens y répondit par le No. 2034. A londres le 27 Mars 1675. Monsieur J'oubliay dans ma precedente du 15 1) courant de vous saluër de la part de Mylord Brouncker et de vous prier en son nom de le vouloir obliger et luy envoier le plustost que vous pourrez vne des montres de vostre nouuelle invention. Il ne manquera point de vous faire rendre ce qu'elle coutera. Je vous supplie donc, Monsieur, d'y donner ordre, et de faire parler à Monsieur Justel, qu'il aye la bonté de bailler le pacquet oú la montre sera mise, à quelque personne seure qui pourra passer bientost en Angleterre. Depuis ma derniere i'ay receu de la part de M. Justel le iournal 2) oú il est parlé de la dite invention. Icy on doubte, que la chaleur ne change fort le ressort; quoyqu'on ne doubte point, que vous n'ayez consideré cete objection; au nombre desquels est Monsieur, Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy, à Paris. 10 β {==434==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2021. Cl. Perrault à Christiaan Huygens. 19 avril 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Je vous enuoye Monsieur, le projet de lettre 1) que le Sr. Thuret propose d'escrire a Monsieur le duc de cheureuse, pour scauoir si vous en estes content. Perrault. Ce 19 avril 1675. No 2022. Christiaan Huygens à [J. Gallois?] 21 avril 1675. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 21 Avril 1675. Monsieur J'ay veu le project de lettre a Monseigneur le Duc de Chevreuse, que Thuret luy devoit escrire pour reparer le tort qu'il m'a fait au suject de la nouvelle invention d'horloge. Et puis qu'il faut que j'en dise mon sentiment, vous me pardonnerez si je dis librement que bien loin d'y trouver de quoy me trouver satisfait, j'ay reconnu qu'il persiste tousjours dans son mauvais procedé, et que mesme j'ay lieu de croire qu'il se mocque de moy. car qu'est ce autre chose d'avancer des faussetez, que luy et moy sçavons estre telles, pour donner a entendre qu'il m'auroit ouvert le chemin à cette invention, et de pretendre que je laisse passer ce qu'il dit comme veritable en tesmoignant d'en estre satisfait. Il scait qu'il n'y a rien de plus faux que ce qu'il raporte de m'avoir consultè sur les difficultez qu'il trouvoit dans l'application du ressort spirale aux montres, et il est a croire qu'il est aussi faux qu'il y ait jamais pensè de luy mesme, ni fait des essais, comme il dit, de cette application, puis qu'il ne scauroit produire personne a qui jamais il ait montrè aucun de ces essais, si non le lendemain du jour que je luy communiquay l'invention et que je luy fis faire le premier modelle. Et quant au tesmoignage de Monsieur de Neurè, s'il est vray qu'il atteste d'avoir entendu que Thuret m'ait {==435==} {>>pagina-aanduiding<<} parlè d'appliquer des ressorts spirales aux horloges, il faut qu'il se soit laisse persuader par luy que cela est vray, mais la veritè est qu'il n'en est rien. Je crois vous avoir dit que le moyen dont s'est servi Thuret pour persuader plus facilement Monsieur de Neurè, c'estoit de luy dire que je le decriois pour fol, qui est une mechante sinesse. Mais tout son procedè estrange est si injuste que quand j'y pense et que je considere d'un autre costè la bontè que font pour luy Monseigneur le duc de Chevreuse, Madame Colbert et d'autres personnes de cette qualitè et vertu je ne scaurois l'attribuer qu'a un principe de charitè qui s'estend a avoir mesme pitiè des mechants parce qu'ils sont miserables, car si ces mesmes personnes adjoutent quelque croiance au recit qu'on leur a fait de mon costè de la maniere que cette affaire s'est passée; (comme je veux esperer qu'ils font et je serois au desespoir s'il en estoit autrement) je scay bien qu'elles ne protegent pas Thuret en vertu du merite de sa cause. Ils ont estè informez comment nonobstant les obligations qu'il m'avoit de l'avoir employè 7 ou 8 ans durant de luy avoir donnè de l'instruction et de la pratique autant qu'il m'a estè possible en ce qui regarde les Pendules, et de m'estre adressè de mesme a luy cette fois pour le faire profiter de ma nouvelle invention; il a taschè au lieu d'en estre reconnoissant, de s'attribuer l'honneur de cette invention, et ce qui est pis de me faire passer pour plagiaire (car vous scavez Monsieur qu'il vous avoit desia persuadè, comme a beaucoup d'autres, que la chose luy appartenoit, et que je voulois me l'approprier). Et quand on scait tout cela il est aisè de juger qui de nous deux a tort dans cette rencontre. Pour revenir au project de lettre de Thuret je vous diray Monsieur qu'outre les faussetez que j'ay desià remarquees, il me deplait encore fort en ce qu'il commence par dire dans cet escrit pour justisiser du procedè qu'on l'accuse d'avoir tenu a mon egard, supposant par la qu'on l'a accusè a tort. C'estoit bien assez de dire qu'il escrit pour tascher de se justifier, et encore ne scay je pas comment il s'y prendra, [s'il est tenu] 2) s'il faut qu'il ne dise rien que de vray. Cela fait qu'au lieu de reformer son projet je crois qu'il vaudroit mieux de l'obliger a suivre celuy que vous luy avez envoiè, et dont vous eustes la bontè de me dire le contenu a vostre dernier voiage. Il le peut sans se faire tort, et il n'en doit pas faire difficultè s'il veut que je reste satisfait. J'espere que ces personnes illustres qui daignent prendre connoissance de cette affaire, auront assez de bontè pour moy pour ne m'obliger point a accepter de composition que celle qui n'interessera pas mon honneur, et pour cela je les supplieray encore treshumblement de ne point vouloir qu'en consequence de la satisfaction que me donnera Thuret, je luy accorde quelque preference par dessus les autres gens de son mestier, comme Monsieur Perrault m'a dit qu'il avoit osè pretendre, parce que sans compter le tort que cela feroit a ces autres ouvriers, l'on ne manqueroit pas de l'interpreter a mon desavantage et comme une reconnoissance de sa juste pretension a l'invention. Je vous prieray Monsieur en finissant d'aider a máinte- {==436==} {>>pagina-aanduiding<<} nir mes interest aupres de Monseigneur Colbert et de l'assurer qu'apres tout je me remets entierement a ce qu'il luy plaira d'ordonner; ne pouvant assez le remercier de ce que par sa protection il m'a empeschè dans cette assaire de recevoir le plus sensible deplaisir qui pust jamais m'arriver. [Je vous demande pardon de l'importunité de cette longue lettre] 3). Je vous demande pardon de la longueur importune de cette lettre et suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. No 2023. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 26 avril 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 26 Avril 1675. Vous ne devez pas trouver estrange que je ne me sois pas hastè a faire achever la montre que vous avez demandee pour Monsieur le Prince, puisque l'experience m'a decouvert, dans celle que j'ay, des inconvenients ou il est besoin de chercher remede, comme vous avez desia sceu. Pour ce qui est de l'arrest qui peut arriver par le contretemps de la secousse circulaire je n'en suis plus guere en peine, parce qu'en portant la montre comme tout le monde les porte icy, dans une petite poche proche la ceinture du haut de chausse, je trouve que jamais ce contrecoup n'arrive, et lors qu'il est arrivè a ma montre, c'estoit que je la mettois dans une poche profonde, qui estoit secouée continuellement quand je marchois et encore plus en montant des degrez. Toutefois comme en maniant la montre à la main ce mouvement luy arrive quelques fois par hasard je n'ay pas laissè de chercher a y pourvoir, et j'ay un moyen assez bon pour cela, mais voicy autre accident qui ne pouvoit estre apperceu que par longue experience; afin que vous ne m'accusiez pas de ce que je n'ay pas tout preveu et considerè dans le commencement. C'est que par le frottement des pivots du balancier, qui est incomparablement plus pesant que dans les montres ordinaires, il s'engendre de la crasse qui peu a peu en embarasse le mouvement; et peut estre quelque defaut dans l'ouvrage contribue aussi a causer par fois des foiblesses; tant y a que je trouve de temps en temps ma montre {==437==} {>>pagina-aanduiding<<} arrestée, sans que je la porte sur moy. Il faudra trouver remede a tout cela s'il est possible, et ne croiez pas que j'en desespere, mais il faut du temps; c'est pourquoy je vous prie de ne me point presser, car je ne voudrois pas vous envoier une machine qui eust le defaut que je viens de dire. Si mon cocquin d'horloger 1) ne m'eust pas obligè de faire bruit de cette invention en m'opposant a ses meschancetez, j'aurois eu le loisir de m'assurer du succes parfait devant que de rien promettre, et c'est de quoy je luy veux le plus de mal. Dans l'execution en grand je ne scaurois encore prevoir aucun empeschement, parce qu'il n'y aura point de frottement aux pivots du balancier, ni aucun contretemps de mouvement en rond a une horloge qui sera dans un vaisseau. Depuis que cette invention est publique il y a une infinitè d'autres gens qui sont apres a inventer des rectifications de montres, la pluspart en empruntant mon mesme principe, et quelques uns par d'autres voies 2), mais je ne vois encore rien de meilleur que ce que j'ay fait. Un petit abbé 3) entre autres s'est opposè a la verification de mon privilege en alleguant {==438==} {>>pagina-aanduiding<<} qu'il a inventè cy devant d'attacher une lame droite, ou long ressort, au lieu de pendule aux horloges, lequel ressort estoit mesnè tout de mesme par une fourchette 4). Vous pouvez croire que je n'en suis guerre en peine, ni qu'il me soit difficile de refuter des folles pretentions comme celle là, mais le principal est de faire bien reussir la chose, et c'est a quoy je songe uniquement. Pour ce qui est de la boete de vostre montre vous voiez bien que vous aurez le temps de l'ordonner, celle de la mienne est d'or, avec une autre boete de chagrin par dessus avec des petits clous, la grosseur n'est pas extraordinaire, mais si on la trouvoit incommode on pourroit la porter sans la boete de chagrin qui en effect n'est pas necessaire. Je crois que mon voiage, ainsi que vous le souhaitez, ne pourra estre que vers l'automne et j'en auray assurement bien plus de satisfaction quand je vous trouveray a la Haye avec tout le reste du parentage. L'on parle icy de nouveau de quelque apparence de paix sur ce qu'il est venu nouvelle à l'Evesque de Strasbourg 5) que l'Empereur consent a mettre le prince de Furstenberg 6) en liberté. Dieu le veuille. Vous aurez la bontè de communiquer a mon Pere tout ce que je viens {==439==} {>>pagina-aanduiding<<} d'escrire touchant l'horlogerie, et quant au doute qu'il a, pourquoy la montre estant arrestée ne se remet en mouvement d'elle mesme, vous scaurez que cela est impossible, de mesme qu'a une pendule, qu'on a arrestée, à reprendre ses vibrations. S'il en estoit autrement le petit ressort du balancier ne regleroit pas le mouvement de la montre. Vous pouvez la dessus consulter Meester 7), qui vous dira que ce point est irremediable entierement. mais il faut faire en sorte qu'il n'arrive point d'arrest. No 2024. J. De Hautefeuille. 1675-1676. Appendice au No. 2023. Factum, 1) touchant Les Pendules de Poche, Et Inventaire de production servans de raisons, causes & moyens d'opposition, Que met & baille pardevant vous, Nosseigneurs de Parlement, M. Jean de Hau- {==440==} {>>pagina-aanduiding<<} tefeüille, Chapelain en l'Eglise Royale de S. Aignan d'Orleans, Opposant à la verification & enregistrement des Lettres de Privilege 2) obtenuës par le Deffendeur cy-aprés nommé, pour la fabrication & debit des Horloges, & des Montres de nouvelle invention, & Deffendeur. CONTRE Maistre Christian Huguens Sieur de Zulichem, de l' Academie Royale des Sciences, Deffendeur à ladite opposition, & Demandeur en Requeste du 16. May 1675. suivant & pour satisfaire à l' Appointement en droit du 17 juillet 1675. A ce qu'il plaise à la cour recevoir le dit de Hautefeüille Opposant à la verification & enregistrement desdites Lettres de Privilege, faisant droit sur l'opposition les declarer subceptivement obtenuës, debouter ledit Huguens de l'enregistrement d'icelles, avec deffenses de se dire ny qualifier Inventeur du Secret desdites Horloges & Montres dont est question, sauf audit de Hautefeüille à se pourvoir pardevant le Roy pour obtenir le mesme Privilege, comme premier & seul Inventeur du Secret, & condamner ledit Huguens aux dépens. L'opposition formée par le Sieur de Hautefeüille est fondée sur un interest tresloüable & tres-sensible. L'application qu'il a donnée à la Physique & aux Mathematiques, luy ont fait trouver le secret de faire des Horloges & des Montres aussi justes que les Pendules, mais en mesme-temps portatives. Il en a donné l'avis à l'Academie Royale 3) des Sciences, pour faire part de cette Invention aux Sçavans & au Public. Le Sieur Huguens jaloux & usurpateur de la gloire des autres, s'est fait l'honneur de se publier Inventeur de ce Secret. C'est sur ce faux Titre & sur cette qualité usurpée, qu'il a obtenu du Roy par obreption & subreption le Privilege de la fabrication & du debit de ces Horloges & de ces Montres. Le Sieur de Hautefeüille, comme veritable Inventeur, s'y est opposé avec raison, afin qu'un autre ne luy enleve pas la gloire de l'Invention, & le fruit de son travail. Voilà en substance l'idée du Procés, & l'estat de la contestation. L'importance de l'opposition du Sieur de Hautefeüille se doit mesurer par l'importance du Secret dont on veut lui dérober l'honneur. On a cherché depuis long-temps le moyen de rendre les Horloges & les Montres d'une justesse toûjours égale, mais on ne l'a point trouvé: en recherchant ce moyen on a inventé celuy des Pendules, dont tous les Sçavans ont reconnu l'utilité par l'égalité & la justesse de leur mouvement. La Pendule estoit sans doute le moyen le plus facile & le plus certain pour connoistre les longitudes sur la Mer, si avec la perfection de l'égalité & de la justesse, elle n'eut point eû le défaut de n'estre pas portative, & de ne pouvoir estre müe avec le corps auquel elle est attachée sans s'arrester, en telle sorte que l'agitation des Vaisseaux interrompt necessairement son mouvement, qui est un inconvenient {==441==} {>>pagina-aanduiding<<} que l'on n'a pû éviter malgré toutes les precautions & tout l'Art que l'on y a apporté jusques à present. C'estoit donc une chose tres-avantageuse d'inventer une Horloge qui eut la perfection de la Pendule, c'est-à-dire une justesse toûjours égale, mais qui n'en eut point le défaut de ne pouvoir estre transportée sans interrompre son mouvement. Le Sieur de Hautefeüille en a le premier trouvé la maniere, qui consiste en un Ressort composé d'une lame d'Acier, tres-mince & tres-delicate attachée au corps de l'Horloge, dont la vibration toûjours égale donne à l'Horloge un mouvement reglé aussi juste que celuy des Pendules, mais qui ne s'interrompt point en quelque situation qu'on la mette, les Horloges & les Montres par ce Ressort sont justes tout ensemble, & portatives. Le Sieur de Hauteseüille a l'avantage d'avoir preuve écrite de ce qu'il avance. Il rapporte une Expedition à luy délivrée par le Sieur Gallois Secretaire de l'Academie des Sciences, du Memoire par luy donné de cette découverte, au bas duquel il se voit que cet écrit a esté presenté à l'Academie Royale des Sciences par le Sieur de Hautefeüille le septiéme Juillet 1674. pour estre examiné. La datte est à observer, comme décisive. Par ce Memoire il a expliqué d'une façon naïve & sincere, les reflexions qui l'ont conduit à cette invention, les espreuves & les experiences qu'il a faites sur ce sujet, la maniere d'appliquer ce Ressort, les differens usages qu'on en peut faire, soit pour les Horloges, soit pour les Montres de poche; les moyens en un mot de pratiquer & de perfectionner ce qu'il a inventé. Pour appliquer la preuve au fait; ce Memoire, avec le Certificat de l'Academie estant au bas dudit jour septiéme Juillet 1674. Signé Gallois, sera icy produit & cotté par A 4). Le Sieur Huguens n'estant pas content de l'estime que son propre merite luy a acquis, cherche encore à l'augmenter en s'apropriant les Ouvrages d'autruy, après avoir esté instruit du Secret du Suppliant, par cet écrit donné à l'Academie dont il est membre, il a eu la vanité de s'en dire l'Autheur 5). Pour s'en acquerir le nom, il l'a d'abord fait publier dans le Journal des Sçavans du quinzième 6) Février 1675. par une Lettre qu'il écrit sur ce sujet à l'Autheur du Journal dont la datte est tres-considerable, estant posterieure de plus de six mois à l'écrit du Sieur de Hau- {==442==} {>>pagina-aanduiding<<} tefeüille. Conferant cette Lettre du Sieur Huguens au Memoire dudit de Hautefeüille, on voit que l'une est extraite & formée sur l'autre, l'une & l'autre estant toute conforme, tant sur la fin & l'utilité que sur la substance mesme du Secret. Quant à la fin & l'utilité, voicy comme le Sieur de Hautefeüille s'est expliqué dans son Mémoire. J'ai crû que si on pouvoit inventer une Horloge dont la justesse fut égale à celle des Pendules, & qui n'en eut point le défaut (de ne pouvoir estre müe avec le corps auquel elle est attachée, sans s'arrester) on aur ait infailliblement trouvé le secret des longitudes. Et plus bas; Je ne doute point que si on fait les Montres de poche selon ce moyen, elles ne soient tres-justes, & qu'enfin une Horloge de cette manière ne soit d'un grand usage pour rectifier les Pendules sur la Mer. Il avoit dés le commencement marqué le défaut des Pendules, qui est, que l'agitation des Vaisseaux en interrompt & arreste le mouvement. Le discours du Sieur Huguens dans sa Lettre est tout semblable, & il n'y a de difference que dans le tour des paroles: Ayant trouvé [dit-il] cette invention long-temps souhaitée par laquelle les Horloges sont renduës tres-justes ensemble & portatives. [Et dans la suite] Les Horloges de cette façon estant construites en petit seront des Montres de poches tres-justes, & en plus grande forme pourront servir par tout ailleurs & particulierement à trouver les longitudes tant sur Mer que sur Terre, puis que leur mouvement est reglé par un principe d'égalité de mesme qu'est celuy des Pendules corrigé par la cycloide, & que nulle sorte de voiture ne les peut faire arrester. Touchant la substance du moyen & du Secret, la Lettre du Sieur Huguens imite aussi le Mémoire dudit de Haütefeuille. Le Mémoire dit, Que ce Secret est un Ressort composé d'une lame d'Acier tres-mince & tres-delicate, fortement attachée au corps de l'Horloge. La Lettre du Sieur Huguens dit, Que c'est un Ressort attaché à une piece qui tient à la platine de l'Horloge. Si le Sieur Huguens pretend avoir ajoûté quelque chose au Memoire du Sieur de Hautefeüille, quand il a dit, que ce Ressort est tourné en spirale; On lui répond, 1o. Que la sigure du Ressort est indifferente au Secret, toute la découverte consiste uniquement dans l'invention d'un Ressort attaché au corps de l'Horloge ou de la Montre, lequel par ses vibrations égales fait la justesse de l'Horloge ou de la Montre, qui par ce moyen est juste tout ensemble & portative. Quand le Sieur de Hautefeüille n'auroit dit que cela il a tout dit; La figure du Ressor n'est pas un Secret, il y a une infinité de figures dans la nature qu'on luy peut donner, & l'experience nous confirme que les Horlogers en ont déja mis en pratique de prés d'une douzaine de façons. Si le Sieur Huguens pour avoir exprimé la figure spirale se croit Inventeur du Secret, tous les Artisans qui ont imaginé d'autres figures differentes, auront le mesme droit que luy de s'en dire les Inventeurs, & d'obtenir tous des Privileges. La figure n'est qu'un accident du Ressort, elle est de l'Ouvrier & non pas de l'Inventeur; & c'est pour cela que le Sieur de Hautefeüille dans son écrit presenté à {==443==} {>>pagina-aanduiding<<} l'Academie, après avoir expliqué la nature, la proprieté, les vibrations, & l'effet de ce Ressort, laisse aux Artisans le choix de la figure, & de la maniere de l'attacher, en ces termes: Il y a plusieurs manieres de mettre ce Ressort en mouvement que je ne rapporteray point, les Artisans trouveront assez de moyens de mettre en pratique cette machine. Le Sieur de Hautefeüille n'a point specifié & determiné aucune figure particuliere à ce Ressort, ayant dit seulement en general, une lame d'Acier tres-mince & tres-delicate attachée au corps de l'Horloge dont les vibrations reglent le mouvement., Mais si on examine le Memoire du Sieur de Hautefeüille sans preoccupation, on y trouvera la figure spirale exprimée quoyque le mot n'y soit pas, quand il dit, qu'on peut faire les Montres de poche tres-justes selon ce moyen, car les Montres de poche ne pouvant à cause de leur petitesse souffrir un Ressort droit d'une grande longueur, & la spirale estant une figure capable de contenir une grande longueur en tres-peu de lieu, il est facile à voir, & le Sieur Huguens ne s'est pas beaucoup fatigué pour trouver qu'il faut se servir de la spirale dans les Montres qui sont extrémement petites, puis que mesme les Ressorts communs qui sont dans les tambours des Montres ordinaires, sont tous tournez de cette maniere. Ainsi le Sieur de Hautefeüille a dit la chose, & le Sieur de Huguens a dit le nom. D'ailleurs, si le Sieur de Hautefeüille s'est particulierement servy du Ressort droit dans les experiences qu'il a faites, c'est parce qu'il est le premier & le plus parfait de tous, & le plus facile à executer; & quand bien mesme le Ressort en spirale auroit quelque proprieté particuliere, le Ressort en spirale n'est-il pas tiré du Ressort droit, & qu'est-ce autre chose sinon un Ressort droit tourné & replié en luymesme? Si l'imagination d'une figure particuliere & vulgaire, estoit une perfection ou une addition au Secret, le Sieur Huguens ne pourroit pretendre au plus que d'avoir perfectionné ce que le Sieur de Hautefeüille a inventé, & le Sieur de Hautefeüille l'obligeroit de convenir avec tous les hommes, que Difficile est invenire, facile autem inventis addere. Ainsi la Cour voit qu'il n'a mesme rien ajoûté à la découverte du Secret, & que tout ce qu'il en a dit, soit pour la fin, soit pour la substance, soit pour la maniere, est entierement tiré du Memoire du Sieur de Hautefeüille. Pour faire connoistre cette veritè ledit de Hautefeüille produit le Journal des Sçavans du quinze 7) Février 1675. dans lequel est transcrite ladite Lettre du Sieur Huguens sur le Secret dont est question, que la Cour pourra conferer avec le Memoire dudit de Hautefeüille cy-dessus produit, & est ladite piece cy cottée par B. 8) {==444==} {>>pagina-aanduiding<<} Le Sieur Huguens aprés avoir trompé le Public, & s'estre arrogé l'honneur de l'Invention, s'en est encore procuré l'utilité & la recompense, par le Privilege qu'il a obtenu de Sa Majesté, de la fabrication & debit de ces Montres pendant vingt ans. Le Sieur de Hautefeüille peut dire par imitation de ce larcin que lui fait le Sieur Huguens, ce que disoit le Poëte en se plaignant d'une semblable usurpation; Haec nova Pendula ego inveni, tulit alter honores 9). C'est le motif raisonnable de son opposition qui se reduit à deux moyens: Le premier, Que dans les Lettres obtenuës par le Sieur Huguens, il y a obreption & subreption, puis qu'il s'est dit Inventeur, quoy qu'il ne le soit pas, & que sur le fondement de cette qualité, qui ne luy appartient pas, il a surpris le Privilege qui est dû au veritable Inventeur. Surprise d'autant plus blâmable, que le Sieur Huguens a abusé en cela de la bonne foy & de la sincerité du Sieur de Hautefeüille, du Memoire duquel il s'est servy pour former le projet de son usurpation, s'imaginant sans doute, ou que le Sieur de Hautefeüille n'en seroit pas averty, ou qu'il n'auroit pas la force ny le credit de s'en deffendre: Le second, Qu'il est important pour l'honneur de l'Academie, & pour le progrez des Sciences, de conserver à un chacun la gloire de ses Découvertes & de ses Inventions, c'est le fruit de leur travail & de leur estude, qu'on ne peut leur ravir sans injustice. Si le credit de quelques-uns, dont le merite s'est trouvé appuyé du secours de la Fortune, étouffoit ainsi le merite & la reputation des autres; si l'on souffroit qu'un Particulier se donnast la liberté dans le Public de se publier Autheur de l'ouvrage d'autruy, ce seroit une tâche à l'Academie, & un moyen de refroidir l'ardeur & le courage de tant de Studieux qui y aspirent comme à la fin de leur loüable ambition. S'il y a donc un Privilege à obtenir, c'est le Sieur de Hautefeüille qui a droit d'y pretendre, puis qu'il a preuve par écrit, c'est-à-dire par son Memoire certifié de l'Academie, qu'il est le premier & seul Inventeur du Secret, & non pas le Sieur Huguens qui n'a point de preuve de ce Titre qu'il s'attribuë, sinon de s'en estre vanté dans le Journal des Sçavans & dans l'exposé de ses Lettres. Produit ledit de Hautefeüille son Acte d'opposition du cinquième Avril 1675. à la verification & enregistrement desdites Lettres qui sera cotté par C. Le Sieur Huguens est accoûtumé à ces sortes d'entreprises, & le Sieur de Hautefeüille n'est pas le premier qui s'en est plaint, tout le monde sçait qu'il s'est fait honneur des Découvertes de Galilée 10) & de son fils, sur le sujet des Pendules; Il a abusé de mesme d'un Barometre inventé par Monsieur Descartes 11), & Grillet {==445==} {>>pagina-aanduiding<<} Horloger se plaint de l'usurpation d'un pareil instrument 12), & accuse le Sieur Huguens d'avoir fait en cette occasion-là ce qu'il a fait en celle-cy, d'authoriser d'abord son usurpation, & de surprendre l'opinion publique, en le faisant publier dans le Journal des Sçavans, pour preuve de cela ledit de Hautefeüille produit l'Ecrit qui en a esté fait & publié sur ce sujet, qui sera icy cotté par D. Pour justifier de l'instruction, le Sieur Huguens connoissant le vice de ces Lettres, a eû bien de la peine à les communiquer, les Sommations ayant esté inutiles pour l'y obliger, son Procureur n'y a enfin satisfait que par ordre de Monsieur l'Avocat General, la veille seulement de la plaidoirie. Produit 4, pieces: La premiere du 16. May, est copie de la Requeste dudit Huguens, par laquelle il a demandé, que sans avoir égard à l'opposition dudit de Hautefeüille, il soit passé outre à l'enregistrement des dites Lettres, & cela sans donner copie desdites Lettres ny des pieces justificatives de la Requeste, comme il y estoit obligé par l'Ordonnance. La seconde du 13) est une Sommation faite à la requeste dudit de Hautefeüille audit Huguens, de donner copie de ses Lettres. La troisiéme du 16 Juillet, est la signification faite par ledit Huguens, de la copie de sesdites Lettres la veille de la plaidoirie. La quatriéme du 17. juillet, est l'Arrest contradictoire, par lequel les Parties sur l'opposition du Sieur de Hautefeüille sont appointées en droit, & joint à la demande d'enregistrement desdites Lettres, & sont lesdites pieces cy cottées E. Item, Produit le present Inventaire servant d'avertissement, cy cotté par F. Arrault, Avocat. Comme il ne s'agit pas tant en cette Cause de l'interest & du gain que l'on peut faire dans le debit de ces nouvelles Montres, que de l'honneur & de la gloire d'avoir fait une des plus belles découvertes de ce siecle; on a cru devoir se deffendre en public & rapporter les raisons que l'on a de se dire Autheur de cette Invention, afin de dissiper les mauvaises impressions que Monsieur Huguens & ses partisans ont mis dans l'esprit de la plus part du Monde. On avoit eu pensée pour cet effet de faire un Factum de plusieurs pages, dans lequel on auroit déduit fort au long toutes les preuves que l'on a sur ce sujet, les objections que l'on y peut faire avec leurs solutions, le mauvais procedé de Monsieur Huguens, & ce qui s'est passé dans tout le cours de cette affaire: Mais comme on ne pouvoit le faire sans se plaindre hautement de quelques personnes, & sans y avancer plusieurs choses fortes & hardies qui auroient pû attirer l'envie de quelques-uns, on n'a osé le faire; ce que Ciceron a tres-bien remarqué en quelque endroit de ses Offices. {==446==} {>>pagina-aanduiding<<} Sunt enim (dit-il) qui quod sentiunt, etiam si optimum sit, tamen invidioe metu non audent dicere. On a donc jugé plus à propos de publier simplement la Production que l'Avocat qui a plaidé cette Cause a dressé pour l'instruction de Monsieur le Procureur General, de Monsieur Mandat Rapporteur, & pour celle de tous les autres Juges. Les Personnes d'un sçavoir mediocre y auront pû appercevoir que ce n'est pas sans fondement que l'on a fait cette opposition: & à l'égard des Sçavans, par ce que l'on n'a pas eu la liberté de joindre dans cette production plusieurs choses qui concernent les Sciences, on les a ajoûtées icy, afin qu'ils puissent juger plus sainement & avec une plus grande connoissance de Cause, quel est le véritable Inventeur de cette découverte. Monsieur Descartes & les autres Sçavans de qui on a quelques-fois dérobé les pensées, n'ont point cru avoir de meilleures preuves qu'en faisant voir que les Plagiaires qui se les estoient attribuées ne les avoient pas entenduës, ou que, ne les ayant donné qu'imparfaites, ils les publioient dans leur perfection & leur donnoient toute l'étenduë dont ces pensées estoient capables. Il me semble que je puis aujourd'huy à leur imitation faire voir que Monsieur Huguens n'a pas plus pénétré dans cette découverte que plusieurs Artisans qui y ont travaillé; que pour certaines raisons, je n'avois donné dans mon Ecrit qu'une partie de mon secret, & que l'autre que je m'estois reservée & que je donne presentement, n'est pas moins considerable; & qu'ensin j'ay plus medité cette Invention que luy, ou du moins que j'ay eu plus de bonheur. Les Personnes qui ont connoissance de la Pendule ordinaire, sçavent qu'à son occasion on a trouvé deux choses considerables outre la justesse de son mouvement. La premiere est une Pendule circulaire, qui n'est autre chose qu'un poids pendu à un fil qui en se mouvant décrit des cercles parallelles à l'horizon, plus pettis ou plus grands, selon que la force qui l'éloigne du centre est plus ou moins grande, & ce mouvement est continué par les rouës & les poids d'une Horloge construite de la maniere necessaire pour produire cet effet. La seconde est une mesure universelle, invariable, & qui ne périra jamais. Ceux qui ont une mediocre intelligence de l'Antiquité, sçavent que nous n'avons aucune certitude de la veritable longueur du Pied antique Romain, non plus que de la grandeur du Pied dont se servoient les Grecs & les Hebreus & toutes les autres Nations anciennes, les pierres les plus solides & les metaux les plus durs, sur lesquels ils les avoient empreints & gravez, ayant esté rongez & destruits par le temps. Il n'en sera pas de mesme de la grandeur du Pied & de toutes les autres mesures dont on se sert aujourd'huy en France & ailleurs. Car les ayant une fois déterminées par le moyen des Pendules, & selon la proportion qu'elles ont avec certain nombre de vibrations simples qui se font dans un temps déterminé, il est {==447==} {>>pagina-aanduiding<<} indubitable que pendant que l'on aura ce nombre, on aura infailliblement la juste grandeur de ces mesures en quelque temps & en quelque lieu que ce soit. Je ne m'estendray point sur cette matière, ceux qui ne l'entendront pas assez, se la pouront faire éclaircir par des personnes intelligentes. A l'occasion pareillement des Pendules de poche ou des Horloges dont le mouvement est reglé par les vibrations d'un ressort, j'ay fait deux autres découvertes. La premiere est une nouvelle Pendule, que je nomme Pendule perpendiculaire, parce que ses vibrations se font perpendiculairement. La seconde est un poids horaire universel, invariable, & qui ne perira jamais. La peine dans laquelle nous sommes de connoistre la grandeur du Pied antique Romain, de celuy des Hebreux & des Grecs revient à l'égard de leurs poids, & la diversité d'opinions dans laquelle tous nos Autheurs sont partagez pour cette mesure se trouve la mesme lors qu'il s'agit de determiner leur poids: Car s'estant servis des mesmes pierres & des mesmes metaux sur lesquels ils avoient gravé leurs mesures pour conserver ces poids, il ne faut pas s'estonner, si ces mesures estant peries par la longueur des temps, les poids se soient aussi anéantis dans la durée des siecles. J'espere qu'il n'en sera pas de mesme des poids qui sont en usage à present, car ayant une fois determiné le nombre des vibrations qu'un poids fait dans un temps donné, il est certain qu'ayant un Ressort pareil & ce Nombre de vibrations, on aura en tous lieux & en tous temps le mesme poids. La maniere de faire l'experience de ces deux découvertes est tres-facile & de nul coust; Il faut prendre une corde d'épinette ou tout autre fil de metal, de telle longueur & de telle grosseur que l'on voudra, & la tortiller ensuite sur un Cylindre dont le diamettre sera pareillement à discretion, en tel sorte neantmoins qu'il y ait quelque proportion, car le fil de métal pourroit estre si delié, & le Cylindre si gros, ou au contraire, que cela ne produiroit point l'effet que l'on souhaite. On prendra donc une corde d'Epinette de moyenne grosseur, que l'on tortillera autour d'un Cylindre de 4. ou 5. lignes de diametre, laquelle estant tortillée autour de ce Cylindre descrira une Helice pareille à celle que l'on voit dans la premiere Figure marquée A, B 14), l'extremité A sera attachée fixe en quelque endroit, & à l'autre marquée B on y mettra un poids C que l'on tirera d'abord en bas, & l'ayant laché, on le verra aussi-tost remonter de lui-mesme & descendre, puis s'eslever derechef & s'abaisser; & fera ainsi de suite plusieurs vibrations perpendicures, de la mesme maniere que le Pendule simple ordinaire fait les siennes lors que l'on esloigne son poids de la perpendiculaire. Si on prend la peine de compter les vibrations, qui se font dans un temps donné comme d'un quart-d'heure ou d'une demie-heure, on en trouvera un certain nombre. Mais si on change le poids C, on ne trouvera plus le mesme nombre de Vibrations, & il y en aura assurément {==448==} {>>pagina-aanduiding<<} plus ou moins, selon la difference du poids que l'on aura chargé; s'il est plus leger il y aura un plus grand nombre de vibrations, s'il est plus pesant il y en aura moins; & ce changement arrive toûjours, quelque petite que soit la difference des poids. Je mettrois volontiers ici toutes les experiences que j'ay faite sur cette matiere; Mais estant si faciles à executer & de si peu de coust, on aura beaucoup plus de satisfaction de les faire soy-mesme. On remarquera visiblement par ces experiences que les grandes & les petites vibrations ne se font pas dans un temps égal, & que c'est le contraire de ce qui arrive dans les Pendules simples dont les vibrations qui se font par de grands arcs employent plus de temps que celles qui se font par de petits; & les grandes vibrations de ces Ressorts en employent moins: De maniere que si on prend deux Pendules simples égaux en toutes choses, dont l'un d'ecrive un Arc de 30. ou 40. degrez & l'autre seulement de 8. ou 10. il est constant que ce dernier fera beaucoup plus de vibrations que le precedent dans un mesme temps donné: Au contraire, si on a deux Ressorts en Helice ou d'autre figure égaux en toute chose, dont l'un fasse de grandes vibrations & l'autre de petites, celuy-cy en fera moins dans un mesme temps donné, & cela s'accorde avec l'experience de toutes les Montres à Pendule qui avancent au commencement & lors que [le] Ressort est extremement bandé, & qui retardent sur la fin. Lors que l'on a mis ces Helices ou ces Ressorts en mouvement, ils font comme j'ay dit quantité de vibrations, lesquelles diminuent toûjours de plus en plus jusques à ce qu'elles soient parvenuës à leur repos, & si on en veut avoir un plus grand nombre, il faut derechef les mettre en mouvement. Mais par ce que la necessité d'estre toûjours present, est une chose incommode & tres-facheuse, aussi-bien que de compter incessamment les vibrations, & que l'on se peut mesme tromper, il faut appliquer ces Ressorts à l'Horloge, & par ce moyen on aura le nombre des vibrations qui se font dans chaque heure chaque minute & chaque seconde. Il y a tant de manieres de faire cette application, qu'il seroit inutile d'en parler, estant mesme une chose qui depend plus de l'industrie des Artisans, que de la Science de tous les Mathematiciens. Mais parce que Monsieur Huguens pour avoir trouvé une seule maniere d'appliquer les Ressorts aux Montres, m'a fait un procés 15), que j'aurois peut estre évité si dans l'Ecrit que j'ay presenté à Messieurs de l'Académie Royalle des Sciences, j'eusse fait mention de quelques manieres d'appliquer ces Ressorts que j'avois pour lors dans l'esprit, j'apprehende que luy ou quelque autre ne se serve encore de cette occasion pour m'en susciter un nouveau, soit en inventant un autre moyen de continuer le mouvement à ces Helices, soit en ajoûtant ou changeant quelque chose à leur figure. Pour à quoy obvier, je décriray icy la maniere dont je l'ay executée, & qui m'a semblée la {==449==} {>>pagina-aanduiding<<} meilleure de toutes celles que j'ay imaginées, mais je ne pense pas que quand Monsieur Huguens ou quelqu'autres en trouveroient de plus simple, qu'ils pussent pour cela obtenir avec justice un Privilege, & se dire les Autheurs de cette Invention. On sçait que toutes les découvertes, mesme les plus belles & les plus simples n'ont jamais esté trouvées dans leur perfection, & l'on ajoûte tous les jours à celles que les Anciens ont inventées, & nous ne nous en attribuons point pour cela la gloire, joint que je ne desespererois pas de les perfectionner moy-mesme si j'avois le temps & les moyens de le faire. {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} On imagina donc une Horloge avec ses rouës, ses pignons & ses aiguilles que l'on a obmis à dessein, & qu'un chacun peut facilement supléer, pour y donner la description du balancier marqué A, B, C, D, Figure seconde qui est denté par dessous, comme une roüe de champ, avec sa verge E, F, & ses pallettes G, H. Ce balancier engrenne dans le pignon I, K, & ce pignon en tournant fait hausser & baisser la cremaillere L, M, qui monte & descend perpendiculairement. Cette cremaillere est attachée à l'extremité B du Ressort en Helice de la Figure premiere, & l'on peut mettre le poids C, à l'autre bout de la cremaillere marqué M. Ces choses estant ainsi disposées, on donnera le premier mouvement à la cremaillere, qu'elle continuëra toûjours, pendant que les poids & les cordes appuyeront sur les rouës de l'Horloge. On pourra se servir non-seulement du Ressort en Helice, mais generalement de tous les Ressorts ausquels on donnera toutes les Figures {==450==} {>>pagina-aanduiding<<} imaginables qui sont dans la Nature, pourvû quelles soient capables de faire des vibrations, on en trouvera peut-estre mesme qui auront quelque proprieté particuliere, & qui feront que les grandes & les petites vibrations s'achevent dans un temps égal. J'avois pensé pour cet effet aux Anisocycles, c'est-à-dire aux Ressorts qui forment des cercles inegaux, & que l'on a tortillé sur une Cone, & plusieurs autres, dont je mettrois icy les experiences, & ce qui arrive en se servant pour poids de boules de cuivre creux, & de celles qui sont de plomb & de bois solides & toutes les autres remarques que j'ay fait sur ce sujet, si je ne travaillois à un ouvrage dans lequel je parleray de toutes ces choses fort au long & dont voicy le dessein. Je feray d'abord la description des Horloges & des Pendules, avec la perfection qu'il me semble leur pouvoir donner, par une decouverte qui est telle qu'à la reserve de l'application du Pendule & du Ressort, je ne pense pas que l'on en ait fait une plus belle depuis que l'Horlogerie est en usage. Je m'estendray sur la proprété de ces Pendules pour les mesures universelles, & sur celle, de determiner exactement par leur moyen l'espace que parcourent dans un temps donné les Corps qui tombent perpendiculairement. J'y donneray en mesme-temps un nouvel instrument avec lequel on pourra mesurer toutes sortes de hauteurs perpendiculaires par la chute des Corps & qui aura peut estre d'autres usages. Je passeray ensuite à celles des Pendules portatives & qui sont reglées par les vibrations des Ressorts. J'y descriray toutes les manieres dont on travaille à present, avec celles que je croy avoir de particulieres & quelque perfection que je prétens leur donner plus que les autres. Je m'arrêteray pareillement sur leur proprieté d'avoir par leur moyen les longitudes, & je donneray la maniere de les connoistre, tant sur Terre que sur Mer. Je parleray en passant de l'inegalité des jours naturels, & de l'équation du temps; Je viendray ensuite aux Pendules perpendiculaires & sur leur proprieté pour le poids horaire universel; j'y respondray à toutes les objections que l'on peut faire contre ce nouveau Problême, & je feray mention de tout ce que j'ay oublié dans cet Ecrit. A l'occasion de la mesure du temps & des Horloges Automates, je traiteray de celles qui se font au Soleil, & je feray la description d'un Quadran au Soleil qui marquera les minutes & les secondes, j'y ferai aussi celle d'un Instrument Astronomique avec lequel on prendra la hauteur du Soleil & des autres Astres jusques aux minutes & aux secondes; & parce que les Lunettes d'approche sont necessaires dans ces instruments, j'y decriray une nouvelle Lunette, par le moyen de laquelle on verra 8 ou 10 fois plus d'objets qu'avec les autres, & un nouveau Microscope fondé sur le mesme principe & qui produit le mesme effet; Mais je m'arresteray particulierement sur une nouvelle Lunette, qui fera autant d'effet qu'une qui seroit deux & trois fois plus longue, & par mesme moyen je donneray la maniere de se servir des Lunettes de 150 & 200 pieds, avec autant de facilité & aussi peu de frais que l'on ferait d'une de 60 ou 80, suposé que les Ouvriers puissent parve- {==451==} {>>pagina-aanduiding<<} nir à la précision que demande la speculative, dont je ne desespere pas, étant la chose la plus facile de toutes celles ausquelles ils travaillent. Au reste je ne pretens point estre garand de l'excellence de ces decouvertes, mais seulement de leur nouveauté, lesquelles je m'assure, auront du moins autant d'utilité que la Lunette de Monsieur Newton, laquelle Monsieur Huguens exalte & éleve si haut dans le Journal des Sçavans du 29 Février 1672 16). Pieces justificatives du proces. Certificat de l'Academie Royale des Sciences 17). On ne produit point le Journal du 15 18) Février 1675. de mesme que l'Acte d'opposition, & les autres pieces du Procès, parce que le premier est public, & que les dernieres sont inutiles. On ne produit pas l'Ecrit du Sieur Grillet, dans lequel Monsieur Huguens est convaincu de s'estre attribué dans le Journal des Sçavans du 22 Decembre 1672. un Baromettre inventé par M. Descartes, & dont on trouve la description dans l'Equilibre des liqueurs de Monsieur Paschal, que ceux qui en douteront pourront conferer l'un à l'autre. Lors que l'on a dit que Mr. Huguens s'estoit fait honneur des Découvertes de Galilée & de son fils sur le sujet des Pendules, on n'a pas joint la preuve au fait, parce qu'il eut esté difficile de mettre un gros livre in folio dans le sac avec les autres pieces: mais ceux qui ont quelque connoissance de ce qui se passe dans la Republique des Lettres, sçavent que le grand Galilée a esté le premier qui s'est servi du Pendule simple pour les Observations Astronomiques; qu'il eut seulement la pensée & le dessein de l'apliquer à l'Horloge, qu'il n'executa point; que son fils qui luy succeda le mit en pratique, mais d'une maniere si grossiere & si imparfaite qu'il ne crût pas avoir fait une Découverte assez considerable pour la tenir secrette, & se donner le temps de la persectionner, estant d'ailleurs persuadé que toute la beauté de cette invention consistoit dans le Pendule simple. Il ne fit donc point difficulté de declarer la pensée à ses amis, qui l'ayant divulguée çà & là, vint enfin à la connoissance de M. Huguens, lequel ayant beaucoup de penetration d'esprit, s'aperceut bien que ceux qui avaient fait cette Découverte n'en voyoient point la beauté, & y ayant travaillé & l'ayant persectionnée en quelque chose crût qu'il estoit en droit de se l'attribuer; ce qu'il fit & s'en empara, comme on sait à l'Armée d'une place que les Ennemis abandonnent; mais prevoyant bien {==452==} {>>pagina-aanduiding<<} qu'il auroit besoin un jour de preuves, & que ceux à qui elle apartenoit ne manqueroient pas de se la revendiquer, il obtint un Privilege 19) des Etats Generaux des Provinces-Unies le 16 juin 1657. qui fut enregistré sans peine, ceux qui étoient en Italie n'ayant point fait d'oposition à un Privilege obtenu en Hollande. Il fit l'année suivante un petit Livret de la description de la Pendule, qu'il dédia à Messieurs des Etats Generaux de qui il implore la protection contre les Plagiaires, & contre lequels il fait les mesmes plaintes que j'aurois droit de faire contre luy. Aussi-tost que ce Livret parut, & se fut répandu dans le monde, le veritable Inventeur 20) & ceux de sa nation s'en plaignirent, & firent leurs efforts pour recouvrer leur Invention, mais il n'estoit plus temps M. Huguens en estoit en possession, & tâche de s'y maintenir encore aujourd'huy. Je sçay qu'il répond à cecy dans son dernier Livre de la Pendule, mais cette contestation estant purement de fait, je m'assure que l'on preferera toûjours l'authorité & le temoignage d'une Academie toute entiere, aussi celebre & aussi illustre qu'est celle du Grand Duc de Florence, au témoignage & à l'authorité du M. Huguens. On pourra voir dans le Livre de leurs Experiences qui porte pour Titre, Saggi di naturale esperienze fatte nell' Academia del cimento sotto la protezzione del Serenissimo Principe Leopoldo di Toscana e descrite dal Secretario di essa Academia. in Firenze. On y lit à la page 21. ces paroles. Fu stimato bene applicare il Pendolo all' Orivolo, su l'andar di quello che prima d'ogni altro immagino il Galileo, e che dell' anno 1649. messe in pratica Vincenzio Galilei suo figlivolo 21). Mais si on examine le procédé & la maniere d'agir que Mr. Huguens a tenu pour s'attribuer l'invention des Pendules ordinaires, on en verra une presque semblable pour s'attribuer celle des Pendules de poche. Il obtient un Privilege en Hollande pour celle-là, il obtient un en France pour celle-cy; il compose un Livret pour se declarer l'Inventeur de ces premieres, il fait publier cette derniere dans le Journal des Sçavans à mesme dessein. Enfin il n'y a point de difference, sinon que j'ay reconnu la beauté de mon Invention, & que je ne l'ay point abandonnée; car dans la multitude de manieres dont l'on pouvoit appliquer ces Ressorts, & dans l'impuissance où je me voyois de faire toutes les experiences qui auroient esté necessaires pour juger quelle estoit la meilleure, je n'ay point trouvé de meilleur expedient & de moyen plus authentique pour me conserver cette Decouverte, que de la presenter à l'Academie Royale des Sciences. On a signifié la copie de cette production au Procureur de Mr. Huguens il y a près de deux mois & demy, c'est-à-dire le 20. de Decembre 1675. 22) à la quelle il n'a {==453==} {>>pagina-aanduiding<<} point encore fait de contredits, on ne pense pas aussi que Monsieur Huguens luy puisse donner des moyens d'en faire, les objections qui viennent de sa part sont si faibles, que l'on a honte de les rapporter. Je n'ay point étably de fondement sur ce que Mr. Thuret Horloger, à qui je communiquay mon Ecrit peu de jours après l'avoir presenté à l'Academie, pretend avoir appliqué le Ressort en spirale, & avoir declaré sa pensée à Mr. Huguens, parce que cela ne me touche point & ne fait rien au Procés, & estant une chose qui dépend de la bonne foy de tous les deux, je ne prefere point le témoignage de l'un à celuy de l'autre. Enfin, je ne reponds rien à toutes ces personnes, qui se vantent d'avoir fait cette Decouverte il y a 10. 15. & 20. ans, parce que cela ne le merite pas, estant facile à un chacun d'en dire autant, non-seulement de celle-cy, mais mesme de toutes celles que l'on fera à l'avenir. J'ajouteray seulement que tout ce que j'ay avancé, n'a point esté dans le dessein de choquer Mr. Huguens, qu'il y a peu de personnes qui connoissent mieux son merite que moy, & qui l'honorent plus que je fais, que la seule necessité de me deffendre m'y a engagé, & pour me servir de ses paroles mesme, Et haec quidem necessariac defensionis causa dicenda fuere 23). {==454==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2025. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 29 avril 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2020. Huygens y répondit par le No. 2034. A londres le 19 Avril, 75. Monsieur Depuis qui ie vous envoiois 1) le Nomb. 111 des Transactions, ie vous ay demandé par ma lettre du 22 Mars 2) la gráce de faire faire vne de vos nouuelles {==455==} {>>pagina-aanduiding<<} montres pour Mylord Brouncker, qui en a bonne opinion, et la voudroit bien confirmer par l'autopsie. J'espere, que cete lettre vous a esté renduë, et que vous ne refuserez point de faire ce bon office à nostre President, qui ne manquera pas d'en paier l'ouvrier tout ce qu'il luy faut. Vous verrez par cet imprimé 3), comme ie me suis servi de la permission, qui vous m'auez donnée 4) de faire imprimer en Anglois la description de la dite montre 5). Monsieur Hook a aussi demandé un privilege icy pour vne sienne montre 6), qu'il pretend dependre du mesme principe, et qu'il dit auoir euë il y a plusieurs années. Nous verrons par les effets, laquelle sera la meilleure. Vous trounerez dans ce mesme imprimé vn Extrait du livre de la mesure de la terre de M. Picart 7), qui m'a esté communiqué par vn amy qui l'auoit lû. S'il y a des beveuës i'espere, que l'autheur fera debiter par tout les Exemplaires du livre mesme, comme on en a envoyé quelques vns dans 2 ou 3 quartiers du monde, sans trouver bon d'en faire part à l'Angleterre, non obstant toutes les sollicitations, que i'en auois faites à mes correspondens a Paris. Je croy, que M. Hook donnera au public luy mesme ses observations touchant le dernier Eclipse de la Lune 8). Je ne doubte pas, que vous n'ayez vû celles de {==456==} {>>pagina-aanduiding<<} Monsieur Hevelius, auxquelles M. Bouillaud 9) trouve a redire, et non pas sans raison, à l'avis de Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 6 β No 2026. Christiaan Huygens à H. Justel. 1er mai 1675. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. 1 May 1675. Pour M. Justel. Quant a la premiere difficulté que le P. Cherubin 1) propose il est vray qu'un ressort ayant estè tirè de son repos jusqu'a un certain terme passe en retournant au {==457==} {>>pagina-aanduiding<<} dela de son repos, car il passe autant au dela qu'il estoit en deca, mais c'est de quoy il faut plustost inferer l'egalitè de ses vibrations que leur inegalitè, comme fait le pere. La seconde objection n'a pas plus de lieu contre ce balancier reglè par un ressort que contre le pendule d'une horloge, par ce que l'un ne souffre pas plus que l'autre de l'inegale incitation de la roue de rencontre, la quelle incitation est tres petite en comparaison de celle du ressort spirale qui pousse le balancier, ou de la pesanteur qui fait aller le pendule. Je ne crois pas que le Pere ait trouvè par experience ce qu'il objecte en troisieme lieu touchant le roidissement du ressort par le froid. pour moy je n'ay point trouvè qu'en chauffant considerablement le ressort aupres du feu, et laissant alors aller le balancier ses vibrations en fussent plus lentes, que lors qu'il estoit froid. Pour la rouïlle il faut l'empescher en mettant de l'huile au ressort et en tenant l'horloge bien fermée et on la peut nettoier quand elle commence a venir. A sa 4e et cinqe objection je dis que la pesanteur du balancier fait que la force des roues y fait moins d'impression, et ainsi cette pesanteur sert a la justesse de l'horloge de mesme que la pesanteur de la boule d'une pendule contribue beáucoup a la faire mieux aller. Et comme l'inegalitè des roues est corrigée par le pendule, ainsi elle l'est par mesme raison par le ressort spirale joint au balancier et l'Experience le fait voir. No 2027. Christiaan Huygens à Contesse 1). 6 mai 1675a⁾. Le lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. ce 6 May 1675. Je vous envoie l'escrit du Sr. de Hautefeuille 2), copiè sur l'original que j'ay entre mes mains. Son invention n'estoit autre chose, comme il paroit par son propre raport, qu'une lame d'acier ou ressort droit, attachè a une horloge au lieu de pendule, et agitè de mesme que le pendule par le moyen d'une fourchette. L'on fit peu de reflexion dans nostre assemblee sur cet escrit quand il fut presentè, tant par ce que l'inutilitè de l'invention paroissoit par l'aveu mesme de l'autheur, que {==458==} {>>pagina-aanduiding<<} parce qu'on scavoit que d'autres que luy avoient tenté la mesme chose et sans succes 3). Il s'agissoit de rendre les horloges justes et portatives, et pour cela il falloit qu'on les pust tourner en tous sens sans prejudice de l'egalitè de leur mouvement, ce que le Sr. de Hautefeuille avoue luy mesme dans cet escrit, avoir trouvè autrement dans les essais qu'il avoit fait de son horloge. L'on verra au reste en comparant sa construction que je viens d'expliquer, avec la miene qui est dans la figure du journal 4) que je vous envoie combien elles sont differentes, puisque outre un ressort tout autrement appliquè et tout autrement formè que le sien, j'employe un balancier qui tourne sur ses pivots, et que mon invention consiste en l'assemblage de ces deux choses. Je suis vostre tres humble serviteur H. de Z. a) Pour Monsieur Contesse, Procureur. No 2028. J. de Hautefeuille à l'Académie des Sciences. 7 Juillet 1674. Appendice I au No. 2027. La pièce originale 1) et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Elle a été publiée dans le Factum de de Hautefeuille 2). a⁾ Je ne scay si tous les scavans demeureront d'accord que la pendule soit le meilleur et le plus facile de tous les moyens pour avoir une connoissance certaine des Longitudes supposé que l'agitation des vaisseaux n'interrompe point son mouvement qui est une chose que l'on n'a pu eviter malgré toutes les précautions que l'on ait prises jusques a present. Plusieurs etant de ce sentiment et en etant prevenu jay crû que si on pouvoit inventer un horloge dont la justesse fut égale a celle des pendules et qui n'en eut point le defaut de ne pouvoir etre mue avec le corps au- {==459==} {>>pagina-aanduiding<<} quel elle est attachee sans sarrester infailliblement on auroit 3) trouvé le secret des Longitudes. Dans cette pensee j'imaginay plusieurs especes de pendules touts differens 4) mais il ny en eut point qui me satissit davantage que celuy que est fait dune lame dacier tres mince et tres delicate attachee fortement au corps de lhorloge qui a le mesme mouvement que le pendule ordinaire mais qui ne s'interrompt point quelque situation qu'on luy donne 5). Voulant un jour changer un horloge a balancier en pendule je mavisay de joindre une lame de fer assez platte que je rencontray par hazard. Je mapperceus aussy tost que le mouvement en etoit fort reglé et layant examiné avec un pendule de la longueur necessaire jy trouvé tres peu de différence. Javois autant de sujet d'attribuer cette petite inégalité au pendule qui nestoit point suspendu entre des cycloides qu'au ressort dont je m'etois servy. Je voulus pousser l'experience plus avant et voir si en augmentant le poids considerablement cette machine auroit le bel avantage des pendules de rester egales quelque poids que lon y adioute apres cela je n'eusse plus douté quelle neut eté la plus utile de toutes celles que lon eut pu souhaiter sur ce suiet. Mais japerceus que lextremité de mon ressort faisoit bien plus de chemin que devant et que les vibrations en etoient beaucoup plus frequentes. Il y avoit encore un defaut qui est que ce ressort etant agité par une fourchette assez longue et assez pesante et etant luy mesme tres lourd et tres grossier il avoit plus de peine a se mouvoir lors que je le mettois horizontalement mais etant posé verticalement il etait tres juste soit que la fourchette 6) fut en bas a lordinaire soit quelle fut renversee et a contresens. Il semblera d'abord que cette inegalité de mouvement et ces autres defauts que jay experimenté moy mesines suffisent pour prouver l'inutitilité de cette invention mais je prie aussy que lon considere que la machine etoit fort grossiere que nulle piece navoit eté faite expres et 7) que je me servois de tout ce que je pouvois rencontrer dans lempressement ou jestois den voir le succes et ce quil y a de plus cest que cette lame et la fourchette pesoient pres de demye livre. Si on sarreste a la speculative le p. pardies et quelques autres ont demontré que les vibrations des ressorts etoient egales outre quil ne seroit peutestre pas impossible dy aiouter une cycloide s'il en etoit besoin quand bien mesme ce dernier ne pouroit s'executer et qu'en aioutant du poids considerablement les vibrations en fussent inegales 8) je ne doute point que si on fait les montres de poche selon ce moyen elles {==460==} {>>pagina-aanduiding<<} ne soient tres justes et qu'enfin un horloge de cette maniere ne soit d'un grand usage pour rectifier les pendules sur la mer. Il y a plusieurs manieres de mettre le ressort en mouvement que je ne rapporteray point les artisans trouveront assez de moyens de mettre en pratique cette machine facile est inventis addere. a) Presenté à la Compagnie le 7. juillet 1674 par le Sr. Hautefeuille pour estre examiné. [Gallois]. No 2029. Christiaan Huygens à [Contesse?]. [1675]. Appendice II au No. 2027. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Je crois qu'il faut insister principalement a faire voir que mon Invention est tout a fait differente de celle que l'Abbé de Hautefeuille s'est imaginè, qu'il n'a trouvè rien de bon et que ce qu'il a proposè n'a pu me donner moyen d'inventer mes nouvellés montres 2). Pour faire voir en mesme temps et cette diversitè et l'inutilitè de la pretendue invention, il ne faut qu'examiner le contenu de son escrit dans lequel il proposa cette invention à l'Academie Royale des Sciences 3). Il paroit la dedans que tout {==461==} {>>pagina-aanduiding<<} ce qu'il fait c'est qu'au lieu d'adjouter un pendule a une vielle horloge qu'il avoit il y a mis au lieu de pendule une lame d'acier toute droite, la quelle il a fait agiter par une fourchette de mesme que Mr. Huguens a fait agiter les ancienes pendules dont il est l'inventeur. Le Sr. Hautefeuille esperoit en se servant des vibrations de cette lame d'acier qu'il auroit la mesme justesse des pendules et que son horologe ne recevroit point d'alteration par l'agitation du vaisseau, et qu'ainsi elle pourroit servir a la decouverte des Longitudes; mais dans la suite du mesme escrit ou il proposa son invention il avoue qu'elle n'avait point la justesse des pendules, parce qu'en augmentant le contrepoids de l'horloge elle alloit beaucoup plus viste ce qui n'arrive point aux pendules. Et il avoue aussi en suite que les diverses situations nuisoient beaucoup au mouvement de sa lame d'acier, de sorte que ceste horloge n'auroit pu souffrir l'agitation de la mer et pouvoit encore moins estre portative. Estant donc question de faire des horloges justes et portatives, l'Abbé Hautefeuille n'a fait ni l'un ni l'autre par sa propre confession. Et quant à ce qu'il pretend avoir donnè moyen a Mr. Huguens, par ce qu'il a proposè, d'inventer les montres dont il a obtenu le Privilege il ne faut que voir ces montres apres avoir compris ce qu'a proposè l'Abbè Hautefeuille. L'on verra que l'invention de M. Huguens est un ressort tournè en spirale appliquè à l'arbre d'un balancier qui tourne sur ses pivots, et que son secret consiste en l'assemblage du ressort avec le balancier, au lieu que l'Abbè Hautefeuille s'est servi d'une lame ou ressort droit tout seul sans balancier par lequel moyen il est impossible de rien effectuer. Au reste l'egalitè des vibrations d'un ressort avoit estè connue et consideree il y a longtemps comme l'Abbè Hautefeuille l'avoue luy mesme. Et c'estoit une chose tres aisée, en voyant la construction des ancienes pendules, d'appliquer ces vibrations du ressort de la maniere que l'Abbè l'a fait. ce qu'on scait mesme avoir estè tentè par plusieurs personnes devant luy mais qui n'en ont rien voulu dire à cause qu'ils voyaient que la chose ne pouvait reussir. {==462==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2030. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 15 mai 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2025. Chr. Huygens y répondit par le No. 2034. A Londres le 5 May 1675. Monsieur, Je renvoye par les mains de Monsieur Rodenberg Alleman, estudiant en Medicine, la mesure du pied de Paris, qui me fut recommandée pour y faire exactement marquer le pied d'Angleterre selon le standard. Je vous puis assurer, et vous vous pouuez y fier, que i'ay obey les ordres de vostre Illustre Academie auec la plus grande exactitude possible. J'y fus present, quand le Chevalier Sr. Jonas More 1), et Monsieur Flamstead, dont le premier est le surintendant de l'Artillerie, l'autre vn des plus scavans Astronomes du païs prirent et marquerent la mesure du pied Anglois in Standard sur vostre verge de fer, oú vous trouuerez sur la longue piece d'airain vne ligne tirée au travers, laquelle termine ledit pied Anglois, commencant au mesme point dans le petit cercle de l'autre bout, oú commence la mesure du pied de Paris. Et par cete mesure il se trouue, que la difference de ces deux pieds est de 79/100 d'un pouce Anglois quam proxime 2). Je vous supplie, Monsieur, de vouloir assurer tous les Messieurs de vostre celebre Academie de mes profonds respects et de mes tres humbles services tout et quantes fois qu'il me feront l'honeur de m'employer icy. Je ne scay pas, Monsieur, si vous auez receu les deux lettres, que ie vous escrivis le 22 de Mars 3), et le 19 d'Avril 4) y inserant le n. 112. des Transactions, oú i'ay fait mettre la description et la figure de vostre montre. J'y vous fis la priere de la part de Mylord Brouncker, pour faire faire vne de vos montres le plustost qu'il seroit possible et de me l'envoyer par quelque amy, qui passeroit en Angleterre, pour le service dudit Seigneur, qui ne manqueroit pas d'en faire payer promptement ce que la montre couste, et qui outre cela tascheroit de reconoistre vostre bonté aux occasions semblables. Je vous supplie encore monsieur, de me gratisier en cete affaire, á fin que ledit lord Brouncker ne pense que i'y aye negligemment agi; en quoy vous obligerez tres particulierement Monsieur Vostre tres-humble & tres-obeissant seruiteur Oldenburg. {==463==} {>>pagina-aanduiding<<} il y a une tasche à vn des bouts de vostre pied de Paris justement lá oú on a tracé l'extremité dudit pied; laquelle tasche y estoit, quand ie receus cete mesure lá, mais qui ne nous a nullement empesché de la prendre comme il falloit. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulechem, dans la bibliotheque du Roy à Paris. Auec le pied de Paris. par amy. No 2031. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 20 mai 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2030. Chr. Huygens y répondit par le No. 2034. A Londres le 10 May 1675. Voicy, Monsieur, vn autre Journal Anglois 1) oú vous trouuerez la montre 2) de M. Leibnitz, comme i'auois mise la vostre dans la precedente, que ie vous en- {==464==} {>>pagina-aanduiding<<} voiay le 19 Avril 3); apres quoy ie vous ay addressé 4) vn jeune medecin Alleman, vous portant vostre mesure du pied Parisien, auec celle du pied Anglois marquee lá dessus, comme on l'auoit desiré par vn billet donné a Monsieur Fendekeller, Alleman aussi. J'espere, que vous aurez bien receu tout, et que vous m'en assurerez par deux mots, comme aussi de ce que Mylord Brouncker doit attendre de vostre montre, qu'il a si instamment desiré de vous par la main de Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. 40 β No 2032. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 24 mai 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 24 May 1675. J'auray soin d'observer dans la fabrique de la montre 1) et de la boete ce que vous me mandez. le chiffre sera mieux de GG et HH simplement. Je feray mettre des cristaux des deux costez, a fin que sans ouvrir la montre ou puisse voir le mouvement du balancier. Elle pourra couster environ 200 ℔ et la chainette d'or 33 ℔ tellement que vous n'aurez qu'a m'envoier une lettre de change de 100 escus afin que j'y adjoute encore ces autres choses que vous demandez; et si je n'emploie pas tout cet argent, je vous feray rendre le reste; de celuy que mon Pere a de mes {==465==} {>>pagina-aanduiding<<} rentes a vie. Je voudrois estre un peu assurè du transport quand tout sera prest et j'attens pour cela de voir arriver un pacquet que ma soeur devoit m'envoier par la voiture que vous dites. Tout estant plein de trouppes sur la route il me semble qu'il y a beaucoup a apprehender. Je ne doute pas que le Sieur Oosterwijk 2) et tous nos horlogeurs n'ayent grande impatience de voir la nouvelle montre, car asseurement ce ne leur sera pas un petit avantage, d'apprendre sans aucune peine ce qui m'en a coustè beaucoup, et a l'horlogeur que j'employe, à defricher. Rien ne leur pourra estre difficile si ce n'est la fabrique du petit ressort. Pour ce que est du contretemps qui fait arrester, et du remede, j'en escris amplement a mon pere. l'Experience me fait voir que ce defaut n'est pas assez considerable pour meriter qu'on le corrige en adjoutant quelque chose au volume de la montre, car autrement j'en scay un moyen asseurè, et dont l'invention est belle et simple. Si l'ouvrier qui veut entreprendre le miroir ardent sçait faire une bonne mixtion pour la matiere, et entend le poly, il ne luy manque pas beaucoup de ce qu'il faut pour cet ouvrage. Il faut que le miroir ait environ ½ pouce d'espaisseur, qu'il contiene 1/12 de la circonference du cercle, et qu'il ait la figure spherique tres exacte. Le nostre a ces proportions 3); il brusle a 3 pieds de distance et a autant de diametre. ces pieds sont plus grands de 5 lignes que ceux de Rhynland 4). Il y a un homme icy qui a estè 5 ans a travailler a un miroir plus grand que le nostre de 6 pouces, mais ni la matiere ni la forme sont comme il faut. On dit que l'ouvrier de Lion qui a fait le nostre en a fondu un de 4 pieds, mais qu'il fait difficultè d'entreprendre a l'achever si on ne luy avance de l'argent. Adieu, je souhaite pour le moins autant que vous la fin de cette facheuse guerre, et que je vous puisse voir tous en santè apres la fin de la campagne. A Monsieur Monsieur de Zeelhem. No 2033. De la Voye à Christiaan Huygens. 3 Juin 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2002. Chr. Huygens y répondit par une lettre que nous ne connaissons pas. a brest ce 3me Juin 1675. Lentretient que j'eus ces jours derniers auec Monsieur Chapelain touchant la pendule de poche que vous aués trouvée et que vous luy aues fait voir, m'a extre- {==466==} {>>pagina-aanduiding<<} mement resioui et ma curiosité m'a fait prendre la liberté de vous en escrire et de vous faire ofre de mes seruices en tout ce dont vous me jugeres capable en ce pays, dans lequel jay depuis consideré que toutes les experiences que vous souhaiteres faire pour le pendule ou de ce que vous auriés pu trouuer de nouueau pour ce suiet se peuuent faire icy facilement, sans aucun enbaras sans depence et auec plus de seureté que si vous les faisies dans de longs voyages. J'y contribueray de tout mon coeur lorsque vous le souhaiteres sans autre pretention et dautre esperance que celuy de vostre amitié et de vostre bienveillance. Le moyen que je me suis imaginé est que nous auons icy des flustes et autres bastiments qui restent armées tout le long de lannée qui voyagent a nantes bordeaux et la rochelle bayonne et autres lieux qui reuiennent touiours à brest d'ou ils repartent bientost apres pour aller se recharger des choses necessaires a cet arsenal. L'on y pouroit mettre quelqu'vne de vos horloges dans vn lieu expres que je ferois accommoder et fermer et jy ferois embarquer vn homme qui nauroit autre soin simplement que de le remonter et toutes les fois que ces bastiments partiroint comme lorsquils arriueroint en ce port jaurois soin dy faire les operations necessaires et vous instruire de tout ce que jy aurois fait obseruer ou obserué moy mesme affin qu'en suite vous y pussies adiouter ou diminuer selon que vous le jugeriés a propos et les reduire dans vne entiere perfection. Jexecuteray tout auec joye et auec grand plaisir et sans bruit lorsque je scauray que lossre que je vous faits de mes petits 1) en ce rencontre ne vous sera point desagreable vous pouuant protester que desormais jy ny prendray autre interest que vostre seule satisfaction et ma propre curiosité. nous auons icy vn homme qui dit depuis longtemps auoir trouué la longitude non seulement sur terre 2) mais depuis peu sur mer. y ayant trauaillé depuis dixsept ans sans succes et qui sestonne ce dit il que tant de grands hommes qui ont trauaillé et sur mer et sur terre ne layent pu rencontrer quoy que cela consiste quasi en vn rien et que ce soit vne chose si facile que lon sera surpris dauoir demeuré si longtemps dans l'aueuglement il vous cite fort parmy ce nombre de grands hommes auec la pendule et croit que vous estes vn de ceux qui en aues aproché de plus pres. Je ne scay dou il a pu aprendre cela si ce nest qu'il layt appris de quelqu'un qui layt appris de moy. Je ne scay pourquoy je nay pu jusqu'a present auoir aucune conserence auec luy ny luy faire ouurir la bouche tout ce que jen ay pu apprendre par ce que monsieur lintendant 3) ma dit qui 4) luy a fait voir en confiance cest quil fait consister vne bonne partie de son secret dans vn instrument qui est fait comme vne sphere plate et quil dit que lon l'enserme a fond de calle sans boussole et sans horloge et quau bout de 2 mois on luy donne lair il dira ou il sera, il na jamais este a la mer il parle fort dastronomie a ce qu'on dit deuant quel- {==467==} {>>pagina-aanduiding<<} ques pilotes mais je ne luy en ay pu arracher vn mot. il fait grand bruit parmy la marine et parmy les pilotes et sapuye volontiers de gens puissants mais peu eclairés en ces matieres. et comme a ce que jay appris il presupose des cartes et des tables des planetes fort justes je croy que cela se terminera a rien. lon a demandé a monseigneur colbert et ecrit affin quil luy donne permission de sembarquer sur quoy je luy [ay] aussi ecrit en passant que je croyois quil seroit apropos de scauoir auparauant quil sembarquast si son inuention auoit quelque apparence de succés affin que la recherche de cette inuention ne fust point tournée en derision. voila ce que je vous puis ecrire de nouueau sur cette matiere si jeussé eu le temps dans le dernier voyage que je fis a paris jeusse bien eu de la joye de vous voir mais mes affaires particulieres mobligerent de partir au plutost. Pardonnes a ma liberte et croyes moy auec bien du respect Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur De la Voye. No 2034. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 8 juin 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse anx Nos. 2009, 2016, 2020, 2025, 2030 et 2031. H. Oldenburg y répondit par le No. 2035. A Paris ce 8 juin 1675. Monsieur Quoy que je sois demeuré en faute pendant quelque temps de faire responce a deux ou trois de vos lettres, je n'ay pas laissè d'avoir soin de la commission que vous m'avez donnée de la part de Milord Brouncker, et vous aurez dans peu de jours la montre de la nouuelle fabrique qu'il souhaite. Le Sieur Dominique 1), un {==468==} {>>pagina-aanduiding<<} des Comediens Italiens m'a offert de s'en charger, qui part avec la troupe dans la semaine prochaine. Cette invention ne m'a pas coustè peu de peine et de soin a la mettre au point qu'elle est. quoy que l'ouvrage paroisse assez simple: et c'est en partie cela qui m'a empeschè de vous faire response, par ce que je voulois voir auparavant la chose bien confirmée par l'experience. Je ne doute pas qu'avec le temps elle ne se persectionne encore d'avantage et j'ay mesme quelques essais a faire pour cela dont je vous rendray compte cy apres. Le procedè de M. Hooke me paroit ni bon ni honneste de se vouloir faire autheur de tout ce qui se trouve de nouveau 2), et particulieremment dans ce qui regarde cette invention il a mauvaise grace de dire qu'il l'a eue il y a longtemps, n'ayant rien produit lors que je vous ay envoiè l'anagramme que vous scavez, lequel je vous dis contenir une invention nouuelle d'horloge 3). Ceux qui sont capables de trouver des belles inventions d'eux mesmes n'en usent pas ainsi. Je vous rends graces de vos derniers journaux 4) et a Monsieur Boyle du present de son liure 5) qui contient quantitè de belles experiences. Je suis tout a fait de son avis que toutes sortes de corps sont meslez dans l'air, par ce qu'il faut seulement qu'ils soient tres minces pour y pouvoir estre soustenues, quand ce seroit de l'or mesme, supposè l'agitation continuelle de cet element. Mesme dans le vuide de Mr. Boyle les parties de l'eau montent facilement, comme il paroit par l'experience, car elles vont faire des goutes au haut du recipient. En ce qu'il dit de l'experience de l'acier de Damas, je doute si c'est l'air qui le rend meilleur, parce que dans un corps metallique l'air ne semble pouuoir avoir effect que sur la surface 6). Pour voir aussi si c'est l'air qui fait les esslorescences sur les marcassites 7), il seroit bon de les enfermer dans le vuide, et la mesme chose se pourroit pratiquer dans plusieurs experiences qu'il allegue, car par fois on pourroit douter s'il ne sort pas quelque chose du dedans des corps qui fasse l'essect que nous attribuons a l'air. {==469==} {>>pagina-aanduiding<<} Je n'ay pas le temps de vous en dire d'avantage, mais seulement que je suis parfaitement Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur de Grubendol A Londres. No 2035. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 17 juin 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2034. Chr. Huygens y rèpondit par le No. 2040. A Londres le 7 Juni 1675. Monsieur Je conois fort bien le Sr. Dominique, et ie me tiens assuré qu'il aura soin de vostre montre, que nous souhaitons fort de voir icy. Mylord Brounker estoit tresaise des nouuelles, que vous luy en mandastez par vostre derniere, et vous prie d'en nommer le prix, àfin qu'il se puisse acquiter de son devoir, et remettre l'argent à Paris au mesme temps qu'il vous assure de sa reconnoissance. Quant à M. Hook, c'est vn homme d'une humeur extraordinaire; je souhaiterois cependant, que vous escrivissiez trois mots à Mylord Brouncker 1) pour luy representer que vous n'auiez rien sceu de l'invention de M. Hook devant que vous auiez envoyé l'anagramme 2), lequel vous disiez contenir vne invention nouuelle d'horologe; à quoy vous pourriez, s'il vous plait, adjouster, qu'une personne, qui a le premier appliqué le pendule aux horologes, et descouvert la figure cycloidale pour regler les vibrations, pourra facilement deviser quelque moyen pour suppleer le pendule par vn ressort commode 3). Ce que ie conseille pour nulle autre fin, {==470==} {>>pagina-aanduiding<<} si non que ie desire de tout mon coeur que chacun recoiue ce qui luy est dû, et que les jalousies des beaux Esprits n'interrompent point leur amitié, et le commerce qui est si utile a l'accroissement des arts et des sciences. J'y offre tout ce qui depend de moy, et ie suis persuadé, que nostre President jugera de l'affaire avec candeur et sans aucune partialité, estant homme de beaucoup d'honneur et de grande sagacité. Monsieur Boyle vous saluë tres-humblement, et tesmoigne d'estre bien-aise d'auoir vostre approbation sur son livre. Quant à ces particularitez qui admettent des doubtes, il dit de n'en auoir rien dit positivement et d'auoir entretenu les mesmes soupcons, que vous declarez dans vostre lettre. Il fait imprimer à present vn petit traité, touchant les Effets des mouuemens mesme languides des corps; et vn autre touchant la production mechaniques des qualités sensibles. Auxquels il pourra adjouster vn discours sur l'imperfection de la doctrine des chymistes vulgaires 4). Je prends la libertè de grossir cete lettre de mes transactions 5) du mois de May, croyant que ie vous ay desia envoyé toutes les precedentes. Si vous trouuez bon d'escrire à Mylord Brounker, ie vous prie de m'y nommer pas, pour des raisons, qu'il n'est pas à propos de dire icy. C'est Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur H.O. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. 36 β {==471==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2036. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 21 juin 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle s'est croisée avec le No. 2035. H. Oldenburg y répondit par les Nos. 2039 et 2043. A Paris ce 21 Juin 1675. Monsieur Je vous envoye, comme je vous ay promis par ma derniere lettre 1) la montre de ma nouuelle invention pour Milord Brouncker. Le Sr. Dominique, qui en est le porteur s'en est chargè d'autant plus volontiers que cette commission luy donne acces aupres de vous, car aymant les belles sciences, il sçait que vostre connoissance ne luy peut estre que tres avantageux. Il semble qu'il ait l'esprit tournè du costè de la philosophie, et qu'il auroit pu y reussir s'il s'y fut appliquè, mais il est si agreable d'ailleurs dans l'exercise de sa profession qu'on ne voudroit pas souhaiter qu'il se fust adonnè a autre chose. Pour ce qui regarde l'intelligence de la montre, je vous prie de dire a Milord Brouncker, qu'on la monte une fois en 24 heures, et qu'il faut tourner la clef du mesme sens que tourne l'eguille de la montre, que pour en avancer ou retarder le mouuement, on accourcit ou alonge le petit ressort spirale, par le moyen de la piece coulante dans la quelle passe ce ressort. et que pour faire couier cette piece il faut premierement avec la clef desserrer la vis, qui la tient serree sur le petit bras fixè aupres du dit ressort. Il remarquera en ce qui regarde le mouvement du balancier, qu'on peut donner de certaines secousses a cette montre, dans le sens du quadrant, en la faisant tourner circulairement, qui peuvent nuire et mesme arrester (quand on les scait donner a propos) le mouuement de la montre, mais ces contretemps ne peuvent jamais arriver en la portant sur soy, et dans une petite poche peu profonde, comme toutes les montres se portent. Autrement il y a plus d'un moyen d'oster mesme cet inconvenient, et le plus aisè est de faire ces montres en sorte que le balancier fasse des tours plus frequents. Un autre moyen qui oste radicalement ce defaut est par un double balancier en sorte qu'ils engrainent l'un dans l'autre par des pignons, ce qui les fait tourner de mouuement contraire l'un a l'autre; et alors les contretemps de quelque maniere qu'ils soient ne peuvent rien alterer dans les tours des balanciers. Vous m'obligeres de me mander a quoy en est Mr. Hooke avec ce qu'il a entrepris en ces sortes d'ouurages. lcy il y en a plusieurs qui ont voulu produire des {==472==} {>>pagina-aanduiding<<} constructions differentes, ou varier celle que j'ay donnée, mais jusqu'icy l'on n'a veu rien paroitre de bon. Le prix de la montre que j'envoye est de 27 escus ou 80 ℔. a quoy je l'ay taxée quoy que l'ouvrier 2) pretendu vendre plus cher ces premiers ouurages. No 2037. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 1er juillet 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2035. Chr. Huygens y répondit par le No. 2040. A londres le 21 juin 1675. Monsieur, Je receus hier vostre montre par la main de Sigr. Dominique, et Mylord Brouncker me venant voir deux ou trois heures apres, ie la luy baillay en main propre. Il vous saluë bien-humblement et vous rends graces de ce que vous auez pris tant de soin pour luy accorder son desir. Il vous prie tres-instamment de luy vouloir mander ce que la montre couste, et à qui il doit payer ici l'argent; vous promettant, qu'apres l'auoir essayée il vous en rendra conte auec vne entiere impartialité, ne souhaitant rien autre sinon que chacun aye ce qui luy sera dû. Le Sr. Dominique me parla d'une lettre que vous luy auiez donnée pour moy 1), mais qu'il l'auoit mise dans son coffre qui n'estoit pas encor arrivé. J'espere, que ie trouueray la dedans ce que Mylord Brouncker desire de scauoir, c'est à dire, les despens que vous auez faits pour ladite montre. Quant à celle de M. Hook, elle nous est encor cachée, le roy seul l'a veuë, et ne la fera point publique, que le privilege n'en soit expedié. C'est vn homme, qui est d'une humeur toute particuliere, laquelle il faut souffrir auec tant plus de patience, parce qu'il a vne grande fecondité d'esprit pour inventer des choses nouvelles. Nullum magnum ingenium sine etc. 2). {==473==} {>>pagina-aanduiding<<} Dans peu de temps sera publique l'Anatomie des Plantes 3) de Signor Malpighi 4), et Monsieur le Docteur Grew 5) le suivra bien tost, en faisant imprimer quelques discours sur la mesme matiere 6), qui confirmeront les descouvertes de Malpighi, et y adjouteront quelques particularités du sien, si ie ne me trompe. Monsieur Boyle, qui vous fait ses humbles baisemains, fait aussi imprimer quelque chose de nouveau, qui ne vous desplaira point, que ie croy, qui suis Monsieur Vostre treshumble et tressobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. {==474==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2038. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 5 juillet 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 5 juillet 1675. Mon frere Monsieur Boreel 1) vous rendra cellecy et une boete ou j'ay enfermè la montre que vous scavez 2). comme encore un petit paquet ou il y a les 4 paires de ciseaux que vous auez demandez. Il m'a mandè que je luy envoiasse le tout dès aujourdhuy, de sorte que la garniture d'espée n'estant pas encore preste, je croy qu'il en faudra charger quelqu'autre de nos prisonniers relachez, qui partira quelques jours apres luy. La montre comme vous verrez se monte par le costè du quadrant, et il faut tourner la clef du sens que l'eguille marche et jusques a ce que vous sentiez qu'elle ne puisse tourner d'avantage, comme aux pendules. Il y a une petite clef pour faire avancer ou reculer la petite piece qui est au ressort spirale tournant premierement la clef, pour desserer la vis qui arreste cette piece, et puis la faisant glisser sur le petit bras pour racourcir le petit ressort si la montre retarde, ou l'alonger si elle va trop viste, ce qui estant fait on serre derechef la vis. Il faut monter la montre une fois en 24 heures. S'il faloit pour quelque accident qu'un horlogeur defist la montre il doit estre adverti d'oster premierement la platine esmaillée du quadrant, afin de pouvoir detendre commodement le grand ressort. Notez que ce grand ressort se relachera quelque peu les premiers 2 ou 3 mois ce qui diminuera un peu les tours du balancier, mais il en a aussi de reste. Vous avertirez Monsieur le Prince que la montre doit estre portée dans une pochette qui ne soit pas profonde, et qui ne serve qu'a cela. Cela conservera en mesme temps la boete d'or, a la quelle je n'ay pas fait faire d'estui de chagrin parce que je ne trouve pas qu'il serve à rien, et qu'il grossit beaucoup le volume. Je ne scache pas que jaye d'autres avertissemens a vous donner. La figure de poire a ce que je crois ne sera pas trouvée desagreable, et elle a sa {==475==} {>>pagina-aanduiding<<} raison qui est que le bacillet du grand ressort par ce moyen est plus grand qu'il ne seroit si la montre estoit ronde, et que le balancier peut estre placè au milieu de la platine. Pourtant dorenavant nous trouverons moyen d'avoir assez de force en conservant la figure ronde, et on fera les montres si petites qu'on les a faites sans cette invention. Adieu. J'ay receu l'argent de vostre lettre de change. A Monsieur Monsieur de Zeelhem Conseiller et Secretaire de S. Ae Monseigneur le Pr. d'Orange. No 2039. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 8 juillet 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2036. Chr. Huygens y répondit par le No. 2048. A Londres le 28 juin 1675. Monsieur Par ma derniere du 21 courant ie vous rendis graces pour le soin de nous envoyer vostre nouuelle montre. J'ay esté desiré depuis ce temps lá de Mylord Brounker de m'informer de vous, si la dite montre auoit esté ajusté à Paris ou non. Si non, combien elle s'esloignoit en son mouuement de la verité, et si elle alloit trop viste ou trop lentement. On croit, que l'information de ces particularitez importe beaucoup pour juger comme il faut de la bonté de cete machine. Quant à celle de M. Hook, elle est encor entre les mains du Roy, qui n'en veut parler que le privilege n'en soit public; seulement il donne à entendre, qu'il en a fort bonne opinion. Au reste, Mylord Brouncker est prest de payer l'argent que vous auez nommé, s'il vous plait seulement d'appointer la personne, à qui vous voulez qu'on la paye icy; dont i'attendray vostre ordre par le prochain ordinaire, demeurant Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. Ayant escrit ce que de l'autre costé, ie receus vne lettre de M. Gregory d'Escosse, qui parle d'une autre maniere de prouuer le mouvement de la terre, que celle de M. Hook. Je vous la donneray en ses propres mots. {==476==} {>>pagina-aanduiding<<} Since I haue read M. Hooks treatise about ye motion os ye Earth 1), I haue had some thoughts thereon, wch perchance (if not too obvious, and already known to you) may be of some consequence. Let C, D, be 2 fixt stars, S ye Sun, CDBA a plain going through ye 3 points C, D, S, and cutting ye orbe of ye Earth in A and B. Let a circle pass through ye points A, C, D, cutting CB in E. The sine of ye Angle CAD is to ye sine of ye angle CBD as DB to DE; wch proportion may be pretty sensible, if ye Star D be much nearer than C; yea sometimes perchance so sensible, yt D may from B seem on ye one side of C, and from A on ye other side. The points A, B, in ye Orbe of ye Earth, may be {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} with ease found out more precisely, than is required fore this busines. My thoughts briefly are these: If from A and B ye Angles CAD, CBD be observed and found vnequal, from thence two things may be inferr'd, hitherto question'd, viz. ye motion of ye Earth, and ye unequal distance of ye Fixt Stars. And these Angles (as to their inequality, if such a thing be) may be observ'd easily, because any two Stars in ye firmament, if they fall wthin one view of ye Telescope, may be chosen for this effect; one of which may be a larger Star of ye 1. magnit; and consequently in all probability near to vs; and ye other of ye 6th; yea perhaps of ye 60th magnitude, and far from vs. And wch ye most of all, this, without any considerable praeparation, may be easily and exactly observ'd by any sort of a micrometer; or (if D. be seen on both sides of C, wich may sometimes fall out), wth a simple Telescope. If it be said, yt from this only can be gathered yt ye Fixt Stars haue parallax, and not how much it is in this or yt Star; I answer, yt 't is ye main busines to prove, they haue parallax: And yet from a third observation, as suppose at F, may be gathered geometrically ye parallax of both C and D, if yt be esteemed operae pretium 2). A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la bibliotheque du Roy, a Paris. 10 β {==477==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2040. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 11 juillet 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse aux Nos. 2035 et 2037 et s'est eroisée avec le No. 2039. H. Oldenburg y répondit par le No. 2044. A Paris ce 11 Juillet 1675. Monsieur Je suis bien aise que ma montre vous ait estè rendue, et en bon estat. Il y avoit un billet dans la mesme boete, qui contenoit une partie des instructions necessaires pour la gouverner, le reste estoit dans la lettre qui sans doute vous aura estè rendue du depuis par le Sieur Dominique. Mais a une personne intelligente comme est Mylord Brouncker il ne faut que voir l'ouurage pour en comprèndre tout le mistere. Quant a l'exactitude de ces montres je la donne pour incomparablement plus grande que n'est celle des ordinaires, mais moindre tousjours que celle des pendules principalement les longues, la difference vient de ce que le frottement des pivots est plus considerable aux petits ouurages qu'aux grands et de la force superflue qu'il faut donner au grand ressort de ces montres pour les guarantir de l'arrest, au lieu que dans les pendules, qui demeurent en repos, il ne faut que justement la force pour entretenir leur mouuement. J'ay fait depuis ma derniere, l'experience du double balancier pour remedier au contrecoup et j'ay trouuè qu'effectivement cela empesche cet inconvenient, mais d'un autre costè le mouuement du balancier en est embarassè, en sorte qu'il faut plus de force pour entretenir ce mouuement. Il y a un autre remede plus simple que je fais pratiquer maintenant et qui succede parfaitement bien. Par ce que vous m'avez mandè par vostre lettre du 7 Juin 1) il semble que Milord Brouncker fust en doute si je n'avois rien sceu de l'invention de Mr. Hooke lors que je vous envoiay l'anagramme de la miene. Sur quoy je vous prie de me dire si auparavant que de recevoir cet anagramme l'on scavoit que Mr. Hook pretendoit avoir une nouuelle invention d'horloges. Car vous ne m'en avez rien fait scavoir 2) si non apres que mon invention a estè imprimée dans le Journal 3). Je ne scay comment on souffre chez vous les vanteries mal fondees de cet homme, et qu'on ne considère pas que s'il avoit eu une invention si utile et si importante, il n'auroit pas manquè de s'en prevaloir et de la mettre en effect. Je vous supplie {==478==} {>>pagina-aanduiding<<} de communiquer ce que je vous en dis a Milord Brouncker, de l'équitè et impartialitè duquel je suis autant persuadè que vous mesme. Je ne dois pas finir cette lettre sans vous recommander celui qui en est le porteur, qui est Monsieur Papin 4). Il y a deux ans qu'il demeure avec moy, m'aydant a faire toute sorte d'experiences. Et vous aurez veu, comme je crois, un petit traitè 5) qu'il a fait imprimer touchant celles du vuide, ou il y a aussi sa maniere nouvelle d'ajuster ces machines, qui est ingenieuse et qui reussit tres bien dans la pratique. Il a eu envie d'aller voir ce qu'on fait en vostre pais mesme avec dessein de s'y establir, s'il en pouuoit trouuer occasion. Je vous prie de luy vouloir accorder votre faueur et protection, et que par vostre moyen il puisse estre connu de vos illustres amis, sur tout de Monsieur Boile et Milord Brouncker. Il entend fort bien tout ce qui est des mechaniques et scait aussi de la geometrie. Au reste pour estre sage et modeste j'en puis respondre par l'experience que j'en ay eue pendant tout le temps qu'il a estè avec moy, et il est de parents trop honnestes pour manquer de ce costè-la. Je vous supplie de faire mes tres humbles baisemains à ces Messieurs que je viens de nommer et de me croire Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. Milord Brouncker aura la bontè de payer les 80 ℔ de la montre a Mr. Papin, qui a donnè cette somme a l'horloger. No 2041. De la Voye à Christiaan Huygens. 12 juillet 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse à une lettre de Chr. Huygens que nous ne connaissons pas. a brest ce 12me Juillet 1675. Monsieur Je receus il y a quelque jours vne lettre de Monseigneur de Segnelay 1) dans vn article de la quelle il me fait lhonneur de me mander quil ecriuoit a Monsieur de {==479==} {>>pagina-aanduiding<<} Süeil Intendant de ce port affin de voir si la proposition de ce nouueau pretendant 2) aux longitudes estoit receuable et en cas quil y eust quelqu'apparence quil luy facilitast touts les moyens pour en faire les experiences mais monsieur lintendant ma temoigné que monseigneur de Segnelay ne luy en auoit rien ecrit. Je n'ay rien appris de nouueau du fondement de cet homme si non qu'il fait consister tout son secret particulierement sur vn Instrument qu'il a composé luy mesme basti á ce que ma tesmoigné Monsieur lintendant comme vne sphere plate qu'il cache auec grand soin ne layant fait voir qu'a monsieur de Süeil seulement mais comme Mon dit sieur de Süeil na pas beaucoup de connoissance de ces sortes de matieres, je n'en ay pu apprendre rien de plus particulier et ne croy pas en estre plus scauant a lauenir. il est parti d'icy depuis quelques jours et n'entends plus parler dans les six mois quil y a residé. Je nay pu auoir aucune conference auec luy sur ce suiet se cachant a moy. Je nay point apris que personne d'icy ayt ecrit sur ce suiet a monsieur perrault mais je croy que monseigneur colbert luy a temoigné ce qu'on luy en a ecrit, J'ay tant dobligation a mon dit sieur perrault que n'ayant point doccasion de luy temoigner si vous le trouués bon Je vous supplie de lassurer de mes tres humbles respects et obeissances et que je ne perdray jamais le resouuenir des graces que jay receues de luy. Jay esté surpris du procedé du Sr. Turet 3) sur vostre nouuelle Inuention que jattends auec impatience je seray raui quelle reucisse comme vous le souhaites et vous puis assurer quant a moy que je nepargneray rien de tout ce qui poura contribuer a vostre plaisir et a vostre satisfaction et que jy prendray plaisir en mon particulier ne souhaitant rien avec plus de passion que de vous temoigner que je suis Monsieur Vostre treshumble & tresobeissant Seruiteur De la Voye. Leclipse 4) ne nous a point paru a cause des nuages. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy rue viuienne a Paris. 15 {==480==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2042. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 19 juillet 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 19 Juillet 1675. Je crois que mon Pere vous aura fait scavoir il y a longtemps que vostre montre vous seroit apportée par Monsieur Boreel, qui estant parti il y a 8 jours doit estre arrivè au camp de Monsieur le Prince a l'heure que je vous escris 1). Je luy ay aussi donnè la garniture d'espée et les 4 estuis avec des ciseaux, chaque paquet estoit cachetè apart et la montre dans une boete, ou j'ay aussi mis une lettre pour vous 2), qui contient la maniere de gouverner cette montre. Ie doute si j'y ay adjoutè qu'il faut la porter dans une petite poche apart et qui ne soit pas profonde. Vous me ferez plaisir de me le mander quand vous l'aurez receuë, et comment vous l'avez trouvée a vostre grè. Le Sieur du Pont m'est venu trouver mais trop tard. Je n'ay pas le temps presentement de vous entretenir comme vous souhaitiez touchant la Lunetterie. Je vous diray seulement que je pense avoir decouvert encore quelque chose de plus que ce que je vous ay communiquè cy devant 3), touchant la fabrique de verres. Mais le bon le Bas 4) ne me dit pas pourtant tout son secret. Il fait tourner la forme dans la quelle il acheve ses occulaires et il a accommodè une petite machine pour cela, avec la quelle sa femme fait de ces verres au lieu de filer. Il avoit dessein d'en faire une autre pour faire 10 ou 12 verres a la fois. Il est a une maison de campagne depuis quelque temps pour tascher de se guerir du crachement de sang et d'une petite toux, que j'apprehende fort qu'elle ne luy soit fatale. A Monsieur Monsieur de Zeelhem &c. {==481==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2043. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 25 juillet 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2039. Chr. Huygens y répondit par le No. 2048. A Londres le 15 Juillet, 1675. Monsieur, Voicy les transactions 1) du mois du Juin, qui sont presque remplies de la description 2) d'un instrument de M. Boyle pour descouvrir par vne methode assez facile et parable la vraye monnoye d'auec la fausse etc. Je n'ay pas encore receu vostre responce 3) sur ce que i'ay desiré touchant l'assignation de la personne, à laquelle Mylord Brouncker doit faire payer l'argent dû pour vostre montre: touchant laquelle i'ay á vous dire de sa part, qu'elle va tres-juste pendant qu'elle marche, mais qu'elle s'arreste quelque fois apres les 12. premieres heures qu'elle a esté montee, mesme quand on la porte sur soy et dans vne petite poche peu profonde, sans qu'on luy donne des secousses à propos. C'est pourquoy Mylord Brouncker, qui est fort porté à vous servir en cete invention, vous prie de luy vouloir faire faire vne autre le plustost qu'il se peut faire, dans laquelle cet inconvenient soit radicalement osté par vn double balancier, selon la teneur de vostre derniere lettre 4). Il ne manquera pas d'en payer tout ce qu'il faut; et vous eussiez desia receu les 80 livres, si nous eussions sceu à qui vous les vouliez auoir payés icy. Quand à la montre de M. Hook, elle est encor entre les mains de l'ouvrier, qui pretend de la vouloir faire en sorte qu'on n'y trouve rien à redire. Ledit Mylord Brouncker souhaite fort d'auoir vne des vostres auec vn double balancier devant que celle de Monsieur Hook paroisse, s'estant proposé de vouloir mettre la vostre contre celle de M. Hook et croyant qu'elle l'emportera par dessus celle-cy. {==482==} {>>pagina-aanduiding<<} Vous pouvez estre persuadé, que l'on vous fera toute la justice icy, vû principalement que ladite personne ait entrepris d'essayer l'une et l'autre auec toute la precision aussi bien qu'auec vne entiere impartialité. Je vous conseille donc, Monsieur, en amy, de faire despescher la seconde montre, comme elle a esté desirée; et tant plus, que Mylord Brouncker ne voudroit pas faire defaire celle qu'il a par aucun ouvrier icy, parce qu'il l'estime tant pour sa justesse, qu'il n'en voudroit pas estre destitué si long temps; outre qu'il souhaite d'en auoir deux, à cette fin qu'en cas qu'une des deux s'arreste, l'autre soit trouuée en mouvement. Je vous prie de m'advertir, que vous auez receu celle-cy de la part de Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 50 β No 2044. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 1 août 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2043, et est la réponse au No. 2040. Chr. Huygens y répondit par le No. 2048. A Londres le 22 Juillet, 1675. Monsieur, Je prens encore la liberté de vous importuner par ces lignes, qui vous prient de vouloir faire faire des minutes, pour le moins, (si non des secondes) dans la montre seconde, que Mylord Brouncker vous a fait demander par ma derniere du 15 courant, luy ayant envie (come ie vous escrivis alors) de la vouloir confronter en toutes manieres auec celle de M. Hook, lors qu'elle apparoitra, la- {==483==} {>>pagina-aanduiding<<} quelle aura des minutes tout au moins. Qu'il vous plaise donc de ne manquer point à inciter l'ouvrier à l'expedition aussi bien qu'à l'exactitude. Monsieur Papin m'a apporté vostre lettre 1); je tascheray de le servir au possible, vû principalement qu'il tesmoigne d'auoir les qualitez par lesquelles vous l'auez recommendè à Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. 10 β No 2045. Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère. 9 août 1675. La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 9 Aoust 1675. Je suis bien aise de ce que la montre vous a esté rendue en bon estat 1), et que Monsieur le Prince la trouve a son gré. Il n'est pas malaisè d'en faire de forme rondea⁾, et il y en a plusieurs comme cela, entre autres celle que je porte sur moy, mais elles ne scauroient porter un balancier si pesant, au moins jusqu'icy on n'en a pas trouvè la maniere. L'on fait pourtant des essais pour cela et dans peu vous en scaurez le succes. J'ay veu une montre de la vielle façon que mon horlogeur avait rajustée comme le Sr. Meester se l'est imaginè, mais le balancier n'estoit pas a beaucoup près si grand que celuy que vous avez veu. Peut estre que luy trou- {==484==} {>>pagina-aanduiding<<} vera quelque chose de meilleur pour cela et il vaut la peine d'y songer. Celle que je viens de dire ne laissoit pas d'aller incomparablement plus juste que les montres anciennes. Ce qu'on vous a dit de mon plagiaire 2) est vray, qui n'osant paroistre lui mesme a s'opposer a l'Enregistrement de mon privilege, a suscitè un petit fol d'Abbè 3) sous le nom duquel il agit. Et quoy que la pretension de cet Abbè soit chimerique et sans fondement 4), (car elle consiste en ce qu'il avoit essayé sans succes, il y a un an, d'appliquer un ressort droit au lieu de pendule qui estoit menè et faisoit des balancemens de mesme que les longs pendules) la chicane n'a pas laissè de me traverser jusqu'icy, et je n'aurois jamais vu la fin de cette affaire au Parlement par les brigues et menees de ce fripon d'horloger, mais je l'ay evoquée au Conseil du Roy, ou Monsieur Colbert m'a promis de me faire depescher un arrest par lequel j'auray autant, que si le privilege estoit enregistrè. Je verray quel en sera l'effect, et je suis resolu ou d'avoir raison de ce coquin et la satisfaction que je desire, ou de quitter tout en ce pais icy 5). Meester a bien jugè que ce petit bout qui sort a la pointe de la poire est pour aider a demonter le grand ressort, que l'on retient avec la clef pendant qu'on lache un crochet qui respond a ce petit bout. Cela ne sert que quand on defait toute la montre. J'espere au moins que Monsieur le Prince ne la met pas dans une poche ou il y a des clefs ou autre chose, qui la pourroit endommager, n'estant pas bien forte d'or, et sans estuy. Mais le meilleur seroit d'avoir une petite poche apart et peu profonde, et la portant ainsi je responds de l'arrest. Le tour qu'on vous a fait voir est surprenant mais nous le scavions icy. Celui du baston qu'on casse sur deux verres sur lesquels il appuie par ses bouts est fondè sur la mesme raison. Je vous ay peut estre nommè cy devant le Sr. Borel 6) pour avoir trouvè moyen de polir sans papier, mais sa methode ne vaut pas celle de le Bas 7) parce qu'elle n'acheve pas le poly dans cette perfection. Je ne vous ay rien dit de ce que j'avois decouvert du depuis touchant cette methode parce qu'il faudroit copier des memoires que j'en ay escrits, et cela ne vous serviroit de rien. L'on a bien de la peine a avoir de l'ouvrage de le Bas, parce qu'il n'a point de santé, crachant du sang et estant incommodè d'une toux qui est de mauvais presage. J'ay deux de ses lunettes de 3 pieds a 4 verres, dont l'une est dans un baston peint de ce beau vernis. J'en ay achetè une pour Mr.... 8) a Amsterdam, de 20 pieds {==485==} {>>pagina-aanduiding<<} qui a cousté 20 pistoles. Et nous en avons deux pareilles a l'observatoire 9), avec une de 60 pieds 10) mais qui n'est pas tout a fait parfaite, a cause de la matiere du verre. Celle de Campani de 36 pieds est tres bonne 11), et dont on se sert le plus, parce que les 60 pieds sont tres difficiles a manier. Il y en a autrement une de cette longueur de Divini, qui est bonne. Borel se vante d'en avoir de 150 pieds, mais il est Gascon. Ces desseins dont vous parlez ne sont pas ceans mais aux Gobelins chez M. le Brun. J'en ay veu autrefois la plus grande partie chez Jabach 12), mais pour vous en pouvoir faire raport je les iray bien encore voir chez M. le Brun. les oculaires chez le Bas se polissent de mesme que les objectifs, mais dans une forme qui tourne. Il en fait aussi de petites a 4 verres, mais l'on estime plus celles d'un pied a 2 verres qui grossissent autant que celles de 3 pieds a 4 v. Je vis hier M. de Ruytenburg 13) qui est tousjours au lict d'une blessure qu'il s'est faite en voulant sauter hors d'un carosse, et il n'en sortira encore de 3 semaines. Il me dit qu'il vous avoit escrit par 2 fois pour vous prier d'envoier un passeport pour Mad. la grand duchesse de Toscane 14) qui veut faire venir des chevaux de nostre païs, et me prie de vous en faire souvenir. Je vois bien qu'il en souhaite fort l'expedition parce qu'on luy en demande souvent des nouvelles. a) Cellecy estoit en forme de poire [note dans la copie]. {==486==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2046. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 9 août 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2044 et s'est croisée avec le No. 2048. A londres le 30 juillet 1675. Monsieur Je me sers de la voye de celuy qui vous donne cete lettre pour vous faire tenir vne autre 1) qui est de M. Smethwic 2), auec vne boite qui contient quelques verres desa construction, qu'il vous prie de vouloir examiner et de luy en dire vostre sentiment. Il vous plaira de recevoir la personne, qui vous porte ces choses auec vostre humanité ordinaire et de luy permettre de venir vous voir par fois, estant gentilhomme de la Lusace, nommé Tschirnhaus 3) et aimant fort l'estude des Mathematiques, et principalement de l'Algebre, dans laquelle vous le trouuerez, si ie ne me trompe, fort scavant. Au reste, souvenez vous de la seconde montre, que ie vous ay demandée au nom de Mylord Brouncker, par deux lettres 4), et taschez, ie vous prie, de me l'envoyer le plus promtement que vous pourrez dans la derniere perfection, que vous luy pouuez donner: C'est vostre propre interest, qui y est concerné dans la persuasion de Monsieur Vostre tres humble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à Paris. auec vne petite boite ronde. {==487==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2047. Fr. Smethwick à Christiaan Huygens. 10 juillet 1675. Appendice au No. 2046. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Chr. Huygens y répondit par le No. 2063. Sir as you highly obliged me by yor taking notice of so vnworthy a person as J am in a letter to the worthy Gent. Mr. Oldenburgh 1): so let me tell you that you haue cast the same obligation vpon the whole world, whom you haue astonished to an amazement by yor happy and rare invention of the Pendulum, by which you haue contributed so much to the advance [me] nt of mankind whether in relation to their divine or morall concernments that I know not what Trophy adaequate or proportionable to yor meritt can be erected for you. And one thing further I cannot choose but take notice off that you were desig'nd not onely the first Inventor but also at one and the same time the finisher of so happy an invention; where by you seeme to haue contradicted that known maxime Nihil simul et natum et perfectum esse. The Particulars you mentioned in the foresaid letter concerning Perspective were two. First that you would willingly be informed what successe I had found in grinding of Glasses not sphaericall, and secondly that it would be esteemed no small secrett to render the sphaericall, superficies perfect & wel polish't. In order to the first I haue assum'd the confidence to present vnto yor more critical and mature iudgment a Specimen of the true Figure plano-convex fitted to a Focus of about 3 inches and its Aperture 1 inch, wch is 8 or 9 times greater then the best sphaericall glasse can possibly admit of. As to the second particular, I haue sent likewise another plano-convex fitted neer vpon to the same focus of a superficies (if I may say it) perfectly sphaericall and truly pollished vp to the edges from off the Tool which vpon larger segments of ye sphaere (as I conceiue) has not hitherto by any bene acurately and faithfully performed, both wch I hope may render their severall effects somewhat considerable in their proper applications. Now Sr giue me leaue onely to add thus much to what I haue imparted to you that as I shall liue in the admiration of yor trancendent gifts & faculties, so I shall euer remain in a cheerfull readinesse to serue you by my pen here, whilst I am debarr'd by an vnhappy distance of place from the enjoyment of the presence of {==488==} {>>pagina-aanduiding<<} so renown'd a person as yor self, a free converse wth whom, would add much to my content and happinesse who am Sir Yor admiring and devoted servant Fr. Smethwick. S. Petr. West vlt. Jun. 1675. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy a Paris. No 2048. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 10 août 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse aux Nos. 2039, 2043 et 2044 et s'est croisée avec le No. 2046. H. Oldenburg y répondit par le No. 2050. A Paris ce 10 Aoust 1675. Monsieur J'ay estè a la campagne pendant quelques temps ce qui m'a empeschè de receveoir vos 2 lettres du 15 et 22 juillet avec les dernieres Transactions, dont je remercie tres humblement. Ce que vous me mandez touchant la montre de Milord Brouncker, qu'elle s'arrete quelque fois dans la poche m'estonne parce que je l'ay portée assez longtemps icy sans que jamais cet accident luy soit arrivè. Il se pourroit faire qu'en l'ouvrant souuent, pour la faire veoir, il y fust entrè de la poudre a quoy le remede est de la faire nettoyer, mais il faut que l'horlogeur a qui on le commet scache bien remettre le petit ressort, et en sorte que le balancier ne cloche point comme une horloge a pendule quand elle n'est pas suspendue bien droite. Pour ce qui est de la seconde montre que Milord Brouncker demande je vous prie de luy dire que j'ay fait essayer le double balancier et qu'il fait l'effect {==489==} {>>pagina-aanduiding<<} que je m'estois proposè, scavoir d'oster l'accident du contrecoup; mais que d'un autre costè il embarasse trop le mouuement a cause du frottement d'un pignon, qu'il y faut de plus pour communiquer les tours des deux balanciers: de sorte qu'il faudroit plus du double de force au grand ressort pour entretenir une montre de cette facon. Je vous ay mandè par ma precedente 1) que j'avois trouuè un autre remede au contrecoup qui en effect est meilleur, et ne consiste qu'a faire les tours du balancier plus frequents, comme d'en mettre 240 dans une minute au lieu [de] 120 qu'il y en avoit. Cela estant on ne peut pas rencontrer le contretemps qu'il faut pour faire arrester la montre, quoy qu'on le veuille expres. Car pour dans la poche, il faut seulement leur donner bien de la force a fin qu'elles soient exemptes de cet accident. Et j'en porte une qui ne bat que les demi-secondes, qui ne s'arreste jamais. Si Milord Brouncker le souhaite je luy en seray faire une ou il y ait des minutes car pour les secondes nous ne sommes pas encore parvenus a la perfection qu'il faut pour cela, et je ne crois pas qu'en petit on y puisse parvenir du moins en voulant que les montres soient portatives. Si Mr. Hook y trouve a rafiner d'avantage, il surpassera mon attente, mais sa construction ayant le mesme fondement que la mienne comme vous m'avez mandè cy devant, l'on ne me feroit pas justice, si l'on considereroit son invention comme un autre original. Car sa pretension 2) d'y avoir songè il y a long temps me semble fort frivole, et il devroit du moins avoir fait voir quelque chose lors que j'envoyay l'anagramme que je marquay expres qu'il contenoit une nouuelle invention d'horloge 3). Je vous suis obligè de la bonne volontè que vous tesmoignez d'avoir pour procurer du bien a Mr. Papin 4), qui ne se scauroit louer assez de la reception que vous et ces autres Messieurs luy ont faite. Je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Hugens de Zulichem. J'avois oubliè de mettre dans la lettre que si l'on venoit a demonter la montre pour en voir toute la construction ou pour quelque accident il faut prendre garde de defaire la platine esmailléc du quadrant, rond la quelle il y a une piece qui sert a demonter le grand ressort. Il faut encore scavoir que quand on a ostè le balancier et qu'en le remettant, il cloche (comme une horloge a pendule qui est suspendue de travers) alors il faut {==490==} {>>pagina-aanduiding<<} corriger ce defaut en faisant engrainer autrement les dents de la petite roue dans le pignon du balancier apres qu'on a defait cette petite roue. Il faut en montant le ressort tourner la clef jusqu'a ce qu'elle ne puisse pas aller plus loin comme une horloge a pendule. No 2049. D. Papin à Christiaan Huygens. 10 août 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle a été publiée par M.E. Gerland 1). de Londres ce 10e Aoust 1675. Monsieur Le gentilhomme Alleman 2) qui vous rendra celle cy est fort entendu dans les mathématiques et l'ayant rencontré diuerses fois chez mess.rs Oldembourg et Boyle il m'a temoigné auoir pour vous toute l'admiration que vos ouurages donnent a ceux qui les entendent, et ainsi j'ay pris la liberté de vous ecrire par luy. J'ay veu la montre de mil. Brounker et j'ay trouué qu'asseurement son bransle est diminué 3) mais il me dist pourtant que les douze premieres heures elle s'arreste fort rarement et ainsy il n'a qua la remonter deux fois par jour. Au reste il se deffie si fort de l'addresse des ouuriers de ce pays icy qu'il n'ose faire demonter sa monter 4) jusques a ce qu'il ayt receu l'autre qu'il vous a demandée, et il ne la demandoit a double balancier que sur vne lettre par ou vous mandiez que cestoit le moien d'empescher le contrecoup 5), mais a present, Monsieur, il vous prie simplement de luy en enuoyer vne de la maniere que vous jugez la meilleure, et vous asseure que le rapport qu'il en fera sera fort equitable. Je n'ay point encore eu l'honneur de le voir depuis celle que vous m'auez fait l'honneur de m'ecrire 6) quoyque je sois allé deux fois chez luy. Je ne manqueray pas a la premiere veue de m'acquitter de ce que vous m'auez ordonné. Je n'ay pas non plus veu Monsieur Hook et {==491==} {>>pagina-aanduiding<<} quand j'ay demandé des nouuelles de sa montre a Monsieur Oldemburg il m'a dit qu'elle ne paroissoit pas encore et qu'il croyoit mesme qu'elle ne paroistroit point mais il ne me dist pas pourquoy, du reste je ne croy pas que la Societé royalle fasse grande chose et Mr. Boyle m'a dit qu'il y a bien neuf mois qu'il n'y est allé et quand je suis arriué icy il y auoit desjà du temps que les vacances estoient commencées 7) et elles ne doiuent finir de long temps 8). Il y a icy quelque bruit pour les nouueaux mestiers de rubans et de bas de soye les artisans a qui cela fait tort s'estants attrouppez pour empescher les nouueaux de trauailler, on croit que cela hastera le retour du Roy et cependant il y a tous les jours des bourgeois soubs les armes. J'exerce mon Anglois a traduire le liure de Monsr. Boyle 9) tou [chant] 10) la possibilité de la resurrection dont je ne vous diray rien, Monsieur, sachant que vous lauez veu, mais je croy que je pourray auoir bientost d'autres occupations aupres d'un jeune gentilhomme dont Monsieur Oldembourg m'a parlé, a qui il faut vn precepteur et dont le pere a de l'inclination pour les experiences, si cela reussit je vous prieray Mr. de me donner la liberté de vous consulter quelque fois et je m'informeray le mieux qu'il me sera possible de tout ce qui se fera icy de nouueau, pour vous en faire part comme vous me l'ordonnez, et je mestimeray trop heureux d'auoir ainsi quelque sujet de vous presenter mes respecs et de vous asseurer que je suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Papin. A Monsieur Monsieur Hugens a la Bibliotheque du Roy A Paris. {==492==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2050. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 22 août 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2048. Chr. Huygens y répondit par le No. 2062. Monsieur Il est vray, que dans deux de mes dernieres lettres 1) nous avons desiré une de vos montres auec vn double balancier, mais c'estoit sur ce que vous escrivitez dans la vostre 2) du 21 juin; que le double balancier osteroit le defaut du contrecoup radicalement. Si ie ne me trompe fort, que 3) vous ay prié du depuis par vne 3me lettre 4), de faire faire pour Mylord Brouncker une telle, qui vous jugeriez la plus parfaite et la plus exacte de tout, et particulierement auec ce remede, dont vous fitez mention dans la vostre du 11 juillet 5) disant, qu'alors vous le faisiez pratiquer, et qu'il succedoit parfaitement bien. Nous vous prions encor, de donner ordre, si vous ne l'auez pas fait desia, qu'une telle soit faite le plus promptement qu'il sera possible et de nous l'envoyer par vne seure voye. Mylord Brouncker vous saluë tres affectueusement; et i'espere que ie placeray bientost Monsieur Papin 6); demeurant Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Oldenburg. A Londres le 12. Aoust 1675. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy á Paris. 34 β {==493==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2051. De Nyert 1) à Christiaan Huygens. 28 août 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. a fontainnebleau le 28 aoust. Je ne fis point responce Monsieur a la lettre que vous me fistes lhonneur de m'escrire 2) en m'enuoyant la montre du Roy parce que ie voulois pouuoir uous mander comment sa maiesté s'en trouueroit. Je la luy donnay des le soir mesme et depuis ce temps la elle ne sest point arrestée. elle a un peu retardé d'abord mais ie me suis seruy des leçons que uous m'auiés données pour l'auancer et a present elle est d'une fort grande iustesse. on estoit tellement accoustumé Monsieur a uous uoir produire des choses extraordinaires que cette derniere icy n'a nullement surpris et n'a fait que consirmer tout le monde dans l'opinion qu'il auoit de uous. Soyés je uous prie persuadé que parmy tous les gens qui rendent iustice à uostre merite il n'y a personne qui uous honore si parfaittement ny qui soit plus ueritablement que moy Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur De Nyert. A Monsieur Monsieur Huguents A Paris. {==494==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2052. Christiaan Huygens à Ch.H. D'Albert de Luynes, duc de Chevreuse. 31 août 1675. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Paris ce 31 Aoust 1675. A Monsieur le duc de Chevreuse a Fontainebleau. Monseigneur J'ay sceu de M. Perrault qu'ayant eu l'honneur de vous voir a Versailles peu devant vostre depart vous l'aviez entretenu longtemps sur le suject de Thuret 1) et que vous aviez tesmoignè de nouveau de souhaiter que je l'employasse et que mesme j'eusse plus de consideration pour luy que pour d'autres de son mestier. Cela m'a fait voir qu'il continue de vous solliciter a mon prejudice, et qu'il est necessaire pour luy resister que je retourne a vous recommander mes interests et a vous supplier tres humblement de ne point vouloir proteger contre moy un homme qui ne cesse de me persecuter par toute sorte de moyens. J'ay trouvè a mon regret que M. Perrault 2) mesme, qui a bien voulu quelques fois soustenir ma cause aupres de vous, parce qu'il scavoit combien elle estoit juste, maintenant me parle autrement qu'il ne faisoit et que par beaucoup de raisons il tache de me persuader que j'accorde a Thuret tout ce qu'il demande, m'assurant que l'on ne me blamera jamais de ce que i'auray fait, puis que c'aura estè pour donner contentement a Madame Colbert et a Monseigneur le duc de Chevreuse. C'est sans doute le respect qu'il a pour tous les deux et la crainte de leur deplaire qui ont operè ce changement en Mr. Perrault; Et je puis vous assurer Monseigneur que ces mesmes sentiments ne sont pas moins forts en moy. Mais la chose me touche de plus pres, et jespere que par cette raison vous me pardonnerez plus facilement si j'ose me defendre devant vous contre vous mesme. La somme de ma defense est Monseigneur que je ne puis comprendre pourquoy vous voudriez qu'a un homme qui m'a fait une trahison non obstant les obligations qu'il m'avoit, qui a taschè de me faire passer pour plagiaire quand il l'estoit luy mesme, et qui en fin m'a fait tout le mal qu'il a pu, pourquoy vous voudriez disje que je luy fisse des graces et des avantages preferablement a ceux qui m'ont bien servi et avec fidelitè. Car pour ce qui est de la satisfaction qu'il offre de me faire (quoy qu'a y bien penser je doute si elle me servira de rien) il me semble que tout ce qu'elle pourroit meriter ce seroit que je luy {==495==} {>>pagina-aanduiding<<} pardonnasse et que je n'usasse pas du droit de mon Privilege pour l'empescher de travailler. Mais qu'il ose demander ce que avec raison j'aurois pu luy refuser quand mesme il en auroit bien usè, scavoir de travailler à ces nouvelles montres sans estre tenu au privilege, c'est ce qui me semble eloignè de toute raison, et je me souviens que Mad. Colbert elle mesme lors qu'elle me fit la grace de m'ecouter la dessus me temoigna d'estre du mesme sentiment. Il n'est pas malaisè au reste de voir que le dessein de Thuret, en faisant cette demande, n'est pas tant d'eviter la charge du payement (car elle tombera plustost sur ceux qui acheteront de ces montres) que d'oster la pratique aux autres horlogeurs, et d'insulter a ceux d'entre eux qui m'ont esté affectionnez et qui se sont mis en devoir de refuter ses calomnies. Mais a moy plus qu'a personne, parce qu'il ne manqueroit pas de se vanter de m'avoir contraint par l'authoritè de puissances superieures de faire ce qu'il auroit voulu. Car encore que devant vous Monseigneur il paroisse soumis, et que peut estre il n'ose rien dire contre moy, je sçay qu'ailleurs il n'a pas cette mesme retenue et que il continue tousjours son imposture, se plaignant que je luy ay volè son invention; Et je pourrois nommer les personnes qui diront que je ne l'accuse pas a tort. Je vous supplie donc Monseigneur de vouloir considerer qu'il s'agit de defendre mon honneur contre les attaques et les machinations d'un homme a qui l'on ne peut point se fier, et que je n'ay point d'autre moyen pour cela que le pouvoir de mon Privilege. C'est là la raison pourquoy je l'ay souhaitè plus que pour autre chose, Et l'ayant obtenu par la bontè de Monseigneur Colbert malgrè tous les obstacles, j'espere qu'il me permettra de m'en servir pour une fin si juste. Ce n'est pas pour exclure Thuret du nombre de ceux qui travailleront a mon invention, mais pour l'empescher qu'il ne retourne a me faire des outrages. Que si on ne le trouve pas a propos, et que de plus l'on veuille m'obliger à m'en demettre d'une partie, pour gratifier un homme qui ne cherche qu'a me nuire et qu'a me fascher, je suis prest de remettre plustost le Privilege entre les mains de Monseigneur Colbert, et de le prier de laisser egalement la libertè à tous les ouvriers parce que cela me sera plus honorable et me delivrera de toute inquietude. Je me fie tant en la bontè que vous m'avez tousjours tesmoignee Monseigneur que je n'apprehende pas que vous trouviez mauvais que je vous escrive si librement mes raisons et mes sentimens. Je conteray pour grace singuliere si vous leur deferez quelque chose et quoy qu'il en arrive je seray tousjours avec beaucoup de respect et de passion Monseigneur etc. {==496==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2053. J. Gallois à Christiaan Huygens. 2 septembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A fontainebleau le 2 septembre 1675. Monsieur J'ay rendu compte à Madame 1) de l'entretien que j'eus dernierement auec vous touchant le sieur Thuret 2). Elle m'a tesmoigné qu'elle vous estoit obligee de ce qu'en sa consideration vous voulez traitter fauorablement le dit sieur Thuret, et elle m'a chargé de terminer entierement auec vous cette affaire aussi tost que je seray à Paris, où j'auray l'honneur de vous voir la semaine prochaine. Cependant comme elle a appris que l'on auoit signifié depuis peu des deffenses au dit sieur Thuret de faire des montres de vostre nouuelle inuention, elle ma ordonné monsieur, de vous escrire de sa part, qu'attendu quil en acheue presentement quelques vnes qu'elle luy a commandée, elle vous prie de le laisser trauailler en liberté. Je vous puis assurer, monsieur, qu'elle a pour vous vne tres grande estime, et que son dessein n'est pas de rien faire pour le dit sieur Thuret à vostre prejudice: mais elle est persuadée que vous pouuez sans vous faire tort, accorder à sa recommandation quelque grace pour cet homme qui offre d'ailleurs de vous donner toute sorte de satisfaction. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Galloys. {==497==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2054. Christiaan Huygens à [Claude Perrault]. [septembre 1675]. La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. Monsieur Quoyque j'espere de vous revoir bien tost, je ne puis m'empescher devous escrire ces lignes pour vous remercier de l'honneur de vostre souvenir, et afin que vous soiez informè au plustost touchant mon affaire d'horlogerie, dont vous temoignez estre en peine sur ce que Madame vostre femme vous en a fait scavoir. Ce ne peut avoir estè que par ses premieres lettres, car peu de jours apres vostre depart je fus a Versailles, ou par la mediation de Monsieur Colbert, Monsieur le Duc de Chevreuse, et Monsieur Galois, il fut conclu une espece d'accommodement pour ce qui regarde Thuret, scavoir qu'il m'escriroit une lettre dans la forme qui fust convenue 1), pour tesmoigner qu'il ne pretendoit nulle part a l'invention, et qu'il estoit fasché des bruits qui avoient couru du contraire. Qu'apres cela je luy donnerois la permission de travailler comme aux autres horlogeurs, et que je ferois present a Madame Colbert d'une 50e de medailles dont elle promest de ne luy en donner que selon qu'il se comporteroit bien, c'est a dire en parlant conformement a ce qu'il auroit escrit, et ne me donnant point de suject de plainte. Vous trouverez comme moy qu'il n'y a pas beaucoup de justice dans ce dernier article, mais quel moyen de refuser la demande venant de cette part. L'execution du traité ne s'en est pas encore suivie, et l'on attend pour cela le retour de Monsieur Colbert en cette ville. Apres tout ce tracas et bien de la peine et de fraix, je doute encore fort si le Privilege me vaudra quelque chose ou non. Du moins je ne vois pas qu'aucun se haste de venir acheter des marques. peut estre parce qu'ils esperent tous que la chose ne se pourra maintenir 2). Nous verrons avec le temps ce qui en sera. Pour mon voiage d'Hollande, j'ay mandè a mon Pere qu'il falloit le differer jusqu'au printemps, de quoy il ne paroit pas fort satisfait et encore dans sa lettre, que je viens de recevoir aujourdhuy il m'allegue sa 79e année, et qu'elle me doit faire haster cette visite. Cependant je ne vois pas moyen de pouvoir partir dans quelques mois d'icy, et vous pouvez estre asseuré, que vous m'y trouverez a vostre retour. Nous fusmes hier nous promesner a Seau Mr. vostre frere Madame sa femme Mademoiselle de Niert 3) et moy par un fort beau temps. Les voiages de Viry a ce que je vois se {==498==} {>>pagina-aanduiding<<} different, jusques a ce que vous y soyez. Je vous prie que ce soit bien tost car les feuilles commencent a jaunir et nous avons d'ailleurs besoin de vous. Je vous baise les mains et suis parfaitement Monsieur Vostre treshumble et tresobeïssant serviteur Chr. Huygens de Zuylichem. No 2055. Thuret à Christiaan Huygens. 10 septembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. ce 10e Septembre 1675. Monsieur Jay apris que sur le bruit que quelq'uns ont fait courir que j'estois l'auteur de la nouuelle inuention des montres qui ont vn ressort spiral attaché, a l'axe du balancier, vous auez tesmoigné estre en colere contre moy. Je suis tres faché que vous ayez eü ce deplaisir, ce qui peut auoir donné lieu a ce bruit est peut-estre que jay faict il ny a pas longtemps plusieurs pendules auquelles je me suis seruy d'un bout de ressort droit au lieu de fil qui soutient le pandule, ce qui fait vn tres bon effet, mais je suis tout prest de desabuser ceux qui auroient encore la pensee que je fusse l'auteur des nouuelles montres, cest vous Monsieur qui m'en auoit communiqué l'inuention et le premier modele que j'en ay fait je lay fait sur ce que vous m'en auez dit, cest pourquoy je ne pretends rien a la gloire de cette inuention laquelle vous appartient entierement. Je vous suplie donc de n'auoir contre moy aucun chagrin sur ce sujet et de croire que je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Thuret. A Monsieur Monsieur Huguens A Paris. {==499==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2056. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 23 septembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2050. Chr. Huygens y répondit par le No. 2062. A Londres le 13. Sept. 1675. Monsieur Vous ayant plusieurs fois escrit depuis peu, et vous sollicité de la part de Mylord Brouncker, que vous luy vouliez envoier au plustost vne seconde montre, telle que vous jugeriez la plus satisfaisante, et n'y ayant recû nulle responce, ie commence à doubter si toutes mes lettres vous ayent este rendues. C'est pourquoy ie prends la liberté, y estant poussé par ledit Seigneur, de reiterer le contenu de mes precedentes, et de vous prier, de vouloir presser l'ouurier à finir une telle montre, et de prendre soin à la faire si nette et exacte, qu'elle puisse soustenir l'espreuve qu'elle subira icy par les plus intelligens dans cete matiere. Celle de Monsieur Hook va fort esgalement, et bat des secondesa⁾. Mais neantmoins Mylord Brouncker a tousiours meilleure opinion de vostre facon; dans laquelle il voudroit bien estre confirmé par vne telle montre, qui ne s'arreste point (comme fait souvent celle qu'il a, sans qu'il y soit entré de la poudre), et qui aye ce remede appliqué, dont vous parlez dans vostre derniere du 10 Aoust 1). Si vous en auez de faite pour vous, vous feriez bien, ce me semble, et ce seroit de vostre interest, de me l'envoier le plus promtement que vous pourrez, si vous la trouuez à vostre gré. Vous pourrez prendre celle-lá, à laquelle on travaille astheure à Paris pour ledit Mylord. Touchant M. Papin 1), ie croy vous auoir desia mandè, que ie l'ay placé pour estre precepteur dans vne honeste maison icy a Londres 2). C'est que i'ay deferé, outre son merite, à la recommendation que vous auez faite à son esgard à Monsieur Vostre tres-humble et tres-obeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la Bibliotheque du Roy à à Paris. 10 β a) Monsieur Hook ne fait que ce que plusieurs horlogeurs d'icy ont fait, qui est de varier la construction, ce qui n'est pas difficile, et [Chr. Huygens]. {==500==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2057. G.W. Leibniz à Christiaan Huygens. [1675] 1). La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle a été publiée par P.J. Uylenbroek 2) et par C.I. Gerhardt 3). Chr. Huygens y répondit par le No. 2058. Monsieur Je vous envoye le liure de Bombelli 4), dont je vous ay parlé. Vous y verrez pag. 292 comment il se sert des racines imaginaires, (:il appelle par exemple √ - 121, ou 11 √ - 1, piu di meno 11; et - √ - 121 ou - 11 √ - 1 mene di meno 11:), et comment il trouue par la la racine de l'equation 13 Π 151 plus 4, c'est à dire y3Π 15 y+4. Il dit d'en avoir une demonstration en lignes, qu'il met aussi pag. 298. mais il y prouue seulement qu'une telle equation est possible, et que sa racine {==501==} {>>pagina-aanduiding<<} est quelque chose de reel, qui se peut donner en lignes. Mais il ne s'ensuit pas que l'operation par son piu di meno est bonne. Car quoyque il dise à la fin de la page 294 que ces racines sont venues de l'equation ce n'est pas pourtant sans supposition. Il paroist aussi par la page 293. qu'il ne pouuoit pas resoudre par cette methode l'equation y3 Π 12 y + 9, dont la racine rationelle est fausse ou negative, sçavoir - 3. Il trouve neantmoins en essayant, par une autre methode (: tirée aussi de Cardan:) que l'equation se peut diviser par y + 3, ne scachant pas que par cette même raison - 3 en est la racine fausse: et il trouue par ce moyen la vraye 1½ + √ 5¼ la quelle estant composée d'un nombre et d'une racine quarrée ne pouuoit pas estre tirée des formules de Cardan: parce que les racines qu'on a par ces formules sont tousjours ou irrationelles cubiques ou nombres. D'ou vient qu'il a crû que les formules de Cardan ne servent pas en cette rencontre, et ne sont pas generales. Ainsi je croy d'avoir demonstré le premier (1) que les formules de Cardan sont absolument bonnes et generales, soit extrahibles, soit non extrahibles; soit vrayes, soit fausses ou negatives (2) que nous avons par ce moyen la resolution generale de toutes les equations cubiques. (3) J'ai trouvé le premier qu'on peut former des racines composées non extrahibles de tous les degrez pairs, qui contiennent des imaginaires, et dont neantmoins la realité peut estre renduë palpable sans extraction: pour faire juger que la realité de telles formules n'est pas bornée par l'extrahibilité: dont l'exemple de la formule {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} qui vaut √6, est une preuue tres considerable (4) je demonstre, ce que personne a demonstré encor, que toute l'equation cubique qui peut estre deprimée contient une racine rationelle pourveu que l'equation même soit proposée en termes rationaux. D'ou il s'ensuit que celle qui ne peut estre divisée par l'inconnue + ou - un diviseur rationel du dernier terme, est solide. Proposition tres importante, puisqu'elle nous donne un moyen asseuré de scavoir si un probleme est solide en effect ou s'il l'est seulement en apparence. Monsieur Des Cartes ne parle pas si positivement, car il dit 5), qu'il faut examiner toutes les quantités qui peuuent {==502==} {>>pagina-aanduiding<<} diviser le dernier, qu'il suppose estre un entier et rationel: et il semble qu'il n'ose pas dire, tous les nombres, ou toutes les quantitez rationelles. De sorte qu'il nous laisse en doute, s'il ne faut pas aussi examiner les diviseurs irrationels: soit qu'il n'avoit point de demonstration assez convaincante pour les diuiseurs rationels à l'exclusion des irrationels; soit qu'il n'ait negligé de parler plus exactement. De la vient aussi qu'on peut demonstrer en cinquieme lieu (5) par la seule analyse, sans aide de Geometrie, que toute l'equation cubique est possible, pourveu qu'elle soit conceue en termes possibles. De plus (6) l'obstacle qui a embarassé principalement la resolution des equations par racines irrationelles estant levé, ceux qui chercheront des formules pour les plus haut degrez, ne seront plus rebutez par la rencontre des irrationelles, au lieu que sans cela ils chercheront envain des expressions differentes de celles qu'ils ont deja trouuées. D'ou vient que des personnes fort habiles en ces matieres ont crû avant cela qu'on ne scauroit trouuer une expression generale pour tout un degrez: persuasion qui les obligeroit à examiner inutilement toutes les formules, et toutes les combinaisons possibles des irrationelles, pour chercher des expressions particulieres pour certains cas qui semblent n'estre pas compris dans la generale. (7) Lorsqu'on aurait trouué les racines irrationelles des equations, tous les problemes qui peuuent estre reduits à une equation reviendront seulement à deux problemes de Geometrie, sçavoir à la section de l'angle, et à celle de la raison. J'entends par la section de la raison, ou si vous voulez, des Logarithmes, qui répondent en quelque façon aux arcs; l'extraction des racines. (8) Vous connoistrez mieux tout ceci par l'écrit 6), que je vous ay fait voir, et vous jugerez par les autres, que vous avez veu de même, de ce que j'appelle section des puissances, et de cette Table de Theoremes, qui peut estre continuée à l'infini, et qui a de grands usages, tant pour resoudre quelques equations affectées, que pour donner des abregez considerables dans le calcul, lorsqu'il s'agit de purger une equation des quantitez irrationelles, et de calculer par les puissances des grandeurs composées. Et comme ces theoremes donnent aussi la resolution de quelques formules des equations affectées de tous les degrez à l'infini, vous trouverez en (9) lieu, que c'est la premiere fois qu'on donne la resolution de quelques equations indeprimables plus que solides, par les irrationelles de leur propre degrez, puisqu'on n'en a pas encor trouué aucun exemple dans le 5me de- {==503==} {>>pagina-aanduiding<<} gré seulement, bien loin d'avoir donné une table, qui passe par tous les degrez à l'infini, comme j'ay fait 7). Enfin, il n'y a personne, qui puisse mieux juger que vous de la qualité de deux inventions que je n'ay pas encor expliquées, qui sont (10) l'une de la Methode de tirer en nombres veritables ou approchans, les racines des binomes, ou il entre des imaginaires: et l'autre du compas des equations, qui donne sans aucun calcul, tout à la fois, toutes les racines d'une equation proposée de quelque degré et de quelque formule d'un degré donné qu'elles puissent estre; soit geometriquement en lignes soit arithmetiquement en nombres approchans, dont on peut incontinent tirer les veritables s'il y en a, sans aucun calcul. Il semble qu'apres cet instrument 8) il n'y a quasi plus rien à desirer pour l'usage que l'Algebre peut ou pourra avoir dans la méchanique et dans la practique. Il est croyable que c'estoit le but de la Géometrie des anciens, (: au moins de celle d'Apollonius:) et la fin des lieux qu'ils avoient introduits; par ce qu'ils avoient reconnûs que peu de lignes determinent en un instant ce que de grands calculs en nombres ne scauroient faire, qu'apres un long travail, capable de rebuter le plus ferme. Ils n'avoient pas poussé la chose fort loing: Mr. Des Cartes a suivi leur traces 9), et a donné une methode de digerer par ordre les courbes et de les accommoder aux problemes. Mais il ne s'y est pas pris de la maniere la plus simple et la plus naturelle pour ce qui est de les accommoder aux equations; d'ou vient que pour ces sursolides par exemple, il aura déja besoin quasi d'autant d'instrumens differens qu'on luy proposera de problemes. J'ay eu le bonheur de rencontrer le chemin que la nature semble avoir fait exprés. Les constructions s'y font sans calculs, et sans autre preparation que celles de changer les ouvertures des parties d'un meme instrument; le quel, à raison de sa grandeur, sert à toutes les equations imaginables. Vous m'exhortez, Monsieur, de publier ces pensées et quelques autres, que vous avez veu de moy, du temps passé. Si vous témoignez d'estre encor de cette {==504==} {>>pagina-aanduiding<<} même opinion, j'y travailleray tout de bon, et le sentiment que vous en avez me tiendra lieu d'approbation generale, dont je me flatte apres la vostre. Au reste je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Leibniz. No 2058. Christiaan Huygens à G.W. Leibniz. 30 septembre [1675]. La lettre se trouve à Hannover, le sommaire se trouve à Leiden. Le sommaire a été publié par P.J. Uylenbroek et la lettre par C.I. Gerhardt. Elle est la réponse au No. 2057. Sommaire 1): Pour M. Leibnitz. Le principal sera de montrer la maniere d'extraire les racines quand il y a des quantitez imaginaire comme de 6 + √ - 1225/27, que c'est 2 + √ - ⅓, car assurement celle de Schoten n'y sert pas 2). Bombellus ne dit pas par quelle methode il extrait cette racine. Il est vray qu'il le fait tentando, dans les cas ou il n'y a point d'imaginaires, mais il met encore une autre regle, dont je souhaite scavoir vostre pensée. La remarque est confiderable de la somme des racines √ (1 + √ - 1) + √ (1 - √ - 1) et autres telles, qui, nonobstant des quantitez imaginaires composent une quantité reelle. Il faut demontrer clairement que toute aequation cubique rednisible a une racine rationelle. Il faut aussi demontrer ce qu'il dit qu'on ne doit pas esperer des formules a ces aequations, ou il n'y ait point d'imaginaires. Ses theoremes de sectione potestatum sont utiles. Et les racines qu'il donne par la de quelques aequations du 5e. et autres plus hauts degrez font voir partie de cette utilité mais ce seroit bien autre chose, si par leurs moyens il pouvoit donner des formules generales pour la solution de ces aequations. L'instrument qu'il promet pour tirer les racines, selon ce qu'il me paroit, doit estre d'assez {==505==} {>>pagina-aanduiding<<} difficile construction, mais apres avoir vû celuy d'arithmetique, que vous avez trouvè, je ne doute pas que vous n'en veniez a bout. Qu'il scait au reste que ces choses servent plus a faire voir la force de l'esprit et de la meditation que l'utilitè, parceque ces racines (comme disoit dernierement un de mes amis fort plaisamment) ne se mangent point. Ce 30 Sept. J'ay retenu plus longtemps que je ne devois, Monsieur, les escrits 3) que vous m'avez prestez, mais je crois que vous recevrez mes excuses quand je vous diray qu'ayant este fort longtemps hors d'exercice pour ce qui regarde ces sortes d'Equations Algebraiques, il m'a falu du temps pour les estudier de nouveau a fin de pouvoir juger de vos nouvelles inventions. Vous vous estes mis a chercher une chose qui doit estre bien difficile a trouver puis qu'elle ne l'a pas estè encore, qui est de donner des formules de racines pour les Equations du 5e degrè et au delà. Et quoyque vous n'en serez pas encore venu a bout, c'est quelque chose d'avoir trouvè de ces racines dans beaucoup de cas, et d'avoir decouvert des Theoremes, qui semblent devoir faciliter le chemin aux regles generales. Pour ce qui est de l'usage des racines de Cardan dans les cas mesme ou elles sont meslees de quantitez imaginaires, il est certain qu'elles servent tousjours dans les problemes d'Arithmetique, et vous avez plus fait que Bombelli en faisant voir que lors mesme que l'on ne peut pas tirer la racine des binomes, leur racines ne laissent pas de signifier des quantitez reelles. Mais a fin que l'on s'en puisse servir utilement il faut que vous nous donniez la methode que vous dites avoir trouvee pour tirer les racines de ces sortes de binomes tant au cas qu'elles sont extrahibles, qu'a ceux ou l'on ne les peut avoir que par approximation. Je vois que Bombelli en a extraict dans ces premiers cas, mais il y a apparence que ce n'a estè qu'en tastonnant, comme dans les autres extractions des racines cubes des binomes reguliers: quoyque il pretende d'avoir aussi quelque regle assurée pag. 151, de la quelle je seray bien aise d'entendre vostre avis. Vous assurez une chose que je voudrois bien voir demontrée, sçavoir qu'il n'est pas possible de trouver des formules de racines sans quantitez imaginaires dans les cas ou la regle de Cardan produit de cette sorte de quantitez. La preuve de ces negatives est difficile. Pour ce qui est de celle de cette autre proposition importante que toute equation cubique qui peut estre deprimée contient une racine rationelle, il sera bon que vous fassiez voir comment elle suit de la realité des racines de Cardan dans tous les cas, car j'avoue que je ne le conçois pas encore clairement. La remarque que vous faites touchant des racines inextrahibles, et avec des quantitez imaginaires, qui pourtant adjoutees ensemble composent une quantité reelle, est surprenante et tout a fait nouvelle. L'on n'auroit jamais cru que {==506==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding ==} {>>afbeelding<<} fist √6, et il y a quelque chose de caché la dedans qui nous est incomprehensible 4). L'instrument que vous promettez pour resoudre toute sorte d'Equations me paroit quelque chose de fort beau et je vous defierois d'en venir a bout si je n'avois veu desia ce que vous scavez faire par la machine d'Arithmetique 5). Je suis etc. No 2059. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 4 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2056. Chr. Huygens y répondit par le No. 2069. A Londres le 24 Sept. 1675. Monsieur, Je souhaite fort vne si bonne occasion pour nous faire porter vostre seconde montre, comme estoit celle du Sieur Dominique 1), qui vous rendra celle-cy, et qui s'acquitta fidelement de ce que vous luy auiez confié. Il est, ce me semble, plus honeste homme que de n'auoir point d'autre employ, que de jouër des comedies. Vous estez obligé, à mon avis, de luy tesmoigner vostre bienvueillance, aussi bien que nous auons tasché de le servir en ce païs icy: Et s'il eust voulu, on eut eu de loisir de faire connoissance auec Mylord Brouncker, il ne l'eut pas receu auec moins d'humanité, qu'il fit M. Papin 2). Au reste, i'espere, que la montre, que nous auons tant de fois desiré de vous 3), sera parti devant que celle-cy vous sera rendue. Celle de M. Hook donne iusques icy tout contentement au Roy, qui pourtant ne montre pas encor son ouvrage interieur: C'est pourquoy nous voudrions bien, que la vostre parût icy promptement. J'ay baillé au porteur de celle-cy vn Exemplaire de l'Anatomie des Plantes de Malpighi 4) pour le service de Monsieur Justel à qui ie le devois, et qui pourtant {==507==} {>>pagina-aanduiding<<} ne manquera pas de vous la faire voir et fueilletter, comme ie l'ay prié de le prester à Monsieur du Hamel, qui sera prest de vous en donner part. Vous m'obligerez de m'indiquer, quand l'ouvrage de vostre Academie sur les vegetaux 5) sera imprimé, et le dessein d'iceluy. C'est Monsieur, à Vostre treshumble et tres-obeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. No 2060. Les Etats Généraux des Provinces Unies à Christiaan Huygens. 4 octobre 1675. La pièce se trouve à la Haye, Archives de l'Etat 1). Octroy op een horologie voor Christiaen Huygens van Zuylichem. De Staten Generael der Vereenichde Nederlanden, allen den geenen die desen sullen sien ofte hooren lesen Salut, doen te weeten, dat wij ontfangen hebben d'ootmoedige supplicatie aen ons gepresenteert, uyt den naem ende van wegen Christiaen Huygens van Zuylichem inhoudende hoe dat onlanghs, bij hem sijnde geinventeert seeckere nieuwe constructie van horologien bequaem om in de sack te werden gedragen welckers beweginge niettemin even soo eenparigh exact ende seecker blijfft, als die van de slingerwercken voor desen bij hem supplt. geinventeert ende nu alomme in groot gebruyck, ende alsoo by supplt. genegen was deselve inventie ten dienste van t' gemeen aen den dach te brengen, soo versocht {==508==} {>>pagina-aanduiding<<} hij ten dien eynde ons Octroy; welcker aengemerckt, soo ist, dat wij ons ter beede van den voornoemden supplt genegen vindende, denselven geconsenteert, geaccordeert ende geoctroyeert hebben, consenteren accorderen ende octroyeren mits desen, dat hij alleen ende met seclusie van allen anderen voor den tijt van vijffthien naestcomende jaren, in dese Vereenichde Nederlanden geassocieerde lantschappen, steden ende leden van dien de voors. nieuwe constructie van horologien sal mogen maken practiseren in t' werk stellen ende gebruycken, doen maecken, practiseren, in t' werck stellen ende gebruycken, oock venten ende vercoopen, verbiedende oversulcx allen ende eenen ygelijcken ingesetenen van de voors. Vereenichde Nederlanden, geassocieerde lantschappen, steden ende leden van dien binnen den voors. tijt van vijffthien naestcomende jaren, de voors. nieuwe constructie van horologien in t' geheel ofte ten deele in t' groot ofte int kleyn het zij dan oock onder pretext van eenige veranderingh ofte herschickinge ofte andersints, in wat maniere het soude mogen wesen, sonder sijn supplts permissie naer te maecken, doen naermaken, practiseren ende met seecker sijn supplts eygen merck niet geteeckent sijnde, ofte elders naergemaeckt hier te lande te brengen om vercoft ofte gebruyckt te werden, op de verbeurte van alle de naergemaeckte horologien, ende daer en boven van een somme van duysent guldens ten behoeve van de suppliant, mits dat het sij eene nieuwe inventie noyt voor desen hier te lande geinventeert, gebruyckt (ofte gebruyckt) 2), ofte gepractiseert ende deselve inventie gebracht ende gestelt werde in volcomen perfectie binnen een jaer naer date deser vallende, op poene van het verlies van desen onsen octoye, ontbieden ende bevelen daer omme allen officieren, justicieren, magistraten ende inwoonders van de voors. landen, mitsgaders allen anderen, dien dit aengaen mach dat sij den meergenoemden supplt. doen ende laten gebruycken t'volcomen effect van desen onsen Octroye, consenterende previlegien cesserende alle beleth ende wederseggen ter contrarie behoudelijck nochtans dat hij supplt. gehouden blijfft op desen onsen octroye te versoecken, oock t'obtineren attache van soodanige provincie, off provincien alwaer hij sijne voors. nieuwe inventie sal willen practiseren, ende int werck stellen. Gegeven in den Hage onder onsen cachette paraphure ende de signature van een van onse Griffiers op den 4e October 1675. {==509==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2061. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 7 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2059. Chr. Huygens y répondit par le No. 2062. Londres le 27 Sept. 1675. Monsieur, Venant de parler auec Mylord Brouncker il m'a desiré de vous prier de faire haster la seconde montre au possible, et d'auoir soin, qu'elle aye la plus grande perfection, que vous et l'ouvrier luy pouvez donner, elle estant destinée pour son Altesse royale le Duc de York 1) mesme, qui porte astheur dans sa poche celle 2) de Mylord Brouncker; lequel vous prie de plus, de vouloir faire faire le plus promptement que vous pourrez, encor vne demi douzaine de vos montres, et de les envoier icy, ledit Mylord Brouncker engageant sa parole de faire payer pour tout, aussi tost qu'elles seront arrivées icy. Monsieur, vous ne manquerez pas de donner bon ordre à tout ce qui dessus, c'estant fort pour vostre credit. Je suis Monsieur vostre treshumble serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. 10 β {==510==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2062. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 12 octobre 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse aux Nos. 2046, 2050, 2056 et 2061. H. Oldenburg y répondit par le No. 2068. A Paris ce 12 oct. 1675. Monsieur Il y a longtemps que j'aurois envoiè a Milord Brouncker la montre que vous m'avez demandée de sa part, si ce n'avoit estè que je souhaite de luy envoier quelque chose de meilleur que n'est la premiere de cette façon. Je trouue depuis que plusieurs horlogeurs ont commencè a travailler a cette invention, qu'elle se perfectionne de plus en plus et particulierement en ce qui regarde le contrecoup par le quel on pourroit arrester ces montres. Car on en fait maintenant ou ce defaut est entierement ostè sans que cela nuise a la justesse, au moins a ce que disent ceux qui en ont essayè, car je n'en ay pas pu avoir encore a ma disposition. J'en feray depescher une pour Milord Brouncker de cette derniere façon, le plus tost que je pourray, mais il faudra encore chercher moyen pour la luy faire tenir. En escrivant celle cy voilà une autre lettre 1) qui m'arrive de vostre part par la quelle vous en demandez encore une demi douzaine, ce qui me rejouit de ce qu'on s'assure assez de la bontè de cette invention pour hazarder tant a la fois, mais pour en pouuoir avoir des ouvriers il faudra les payer d'avantage que m'a coustè 2) celle que j'ay envoyée, par ce qu'a cause de la nouueauté ils en trouuent facilement le debit et en vendent cent escus la piece quand elles sont d'or. Je tascheray d'avoir celles d'argent pour 100 ℔ lesquelles on vend 10 et 12 louis d'or. Et j'espere que vous ne me suspecterez pas de vouloir profiter des commissions que l'on en donne. Si l'on trouve encore que le mouuement du balancier de la montre que j'ay envoyée diminue, il faudra mettre tant soit peu d'huile a ses pivots, car j'ay trouuè que c'en est le remede par ce que le grand mouuement deseche et fait evanouir cette huile. Je crois que, sans rien demonter a l'ouurage on pourroit en fournir de nouuelle a ses pivots. Je ne vois pas que je doive me mettre en peine de la comparaison que l'on fera de mes montres avec celle de M. Hook, qui ne fait autre chose que ce que font {==511==} {>>pagina-aanduiding<<} les horlogeurs d'icy, qui est de varier la construction et l'application du ressort qui regle le balancier, ce qui n'est pas difficile apres qu'on l'a vu reussir en une maniere. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Hugens de Zulichem. Je vous prie treshumblement de vouloir faire tenir la lettre cy jointe 3) a Mr. Smetwick. A Monsieur Monsieur de Grubendol A Londres. No 2063. Christiaan Huygens à Fr. Smethwick. 9 octobre 1675. Appendice au No. 2062. La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens. La lettre est la réponse au No. 2047. A Mr. Smethwick a Londres. A Paris ce 9 oct. 1675. Monsieur L'obligeante lettre, que vous m'avez fait l'honneur de m'escrire datée du 30e juin avec la boete qui contenoit les verres de vostre façon, ne m'ont estè rendues {==512==} {>>pagina-aanduiding<<} que vers la sin de Septembre par le gentilhomme Allemand 1), que Monsieur Oldenburg en avoit chargè, qui m'apporta en mesme temps une lettre de sa part du 30 juillet, c'est pourquoy je vous prie de ne m'attribuer pas la faute entiere du retardement de cette response. Je ne me souvenois plus de ce que j'avois escrit a Monsieur Oldenburg touchant le travail des verres 2). Je ne doute pas qu'en parlant de ceux de figure non spherique je n'aye adjoutè que je croiois qu'il estoit impossible d'en venir a bout, et que quand mesme on y auroit reussi ils ne feroient pas plus que les spheriques ce qui se peut demonstrer par des raisons tres certaines. Ce n'est pas que la Theorie de Des Cartes touchant les verres Hyperboliques et Elliptiques ne soit bonne; mais il y a un defaut dans la refraction mesme, qui n'estoit pas connu à Des Cartes. Mais a ce que je puis comprendre par les echantillons que vous avez eu la bontè de m'envoier, vous ne vous estes point appliquè a ces figures difficiles, et les non spheriques dont vous parlez sont les planoconvexes. Car vos deux lentilles sont de cette figure. Au reste quant au travail il est fort beau et ce n'est pas peu de scavoir si bien achever de si grandes portions de sphere. Cependant en regardant le bord de vos verres avec des lentilles qui grossissent les objects, il me semble qu'il y manque encore quelque chose a la derniere perfection, et je jugerois que vostre poly s'acheve dans des formes de plomb; car il est trop bon pour avoir estè fait sur du papier ou de la toile collée dans la forme, et non pas assez pour avoir estè fini sur le fer ou le cuivre. Nous avons icy un excellent ouvrier 3) qui a trouvè le moyen de cela, en sorte qu'il ne manque rien a son poly, et que la figure du verre se perfectionne d'autant plus qu'il le continue de polir longtemps. Il m'a dit quelque chose de sa methode, mais je ne puis pas me vanter de la scavoir entierement. Cette grande perfection au reste n'est pas tant requise aux oculaires comme vous scavez, qu'aux verres objectifs, et sur tout à ceux des longs telescopes de 20 ou 30 pieds; aux quels si vous avez travaillè, je seray bien aise d'apprendre avec quel succes c'aura estè. Je scay quelle peine j'y ay pris autrefois, et j'affectionne tousjours extresmement cet art, qui nous a fait decouvrir tant des merveilles dans la nature. Vous ne devez donc pas douter Monsieur que vous ne me fassiez grand plaisir toutes les fois que vous prendrez la peine de m'entretenir touchant ces choses rien ne pouvant d'ailleurs m'estre plus agreable que le commerce avec une personne de vostre merite. Je ne responds rien a ce que vous dites tres obligeamment au suject des Pendules, ne voulant rien oster de l'estime que {==513==} {>>pagina-aanduiding<<} vous faites de cette invention, puis qu'elle vous en fait avoir en mesme temps pour l'autheur qui est Monsieur Vostre treshumble et tressobeissant serviteur Chr. Hugens de Zulechem. No 2064. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 21 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle s'est croisée avec le No. 2062. Chr. Huygens y répondit par le No. 2069. A Londres le 11 octobre 1675. Monsieur Depuis ma derniere il est arrivé icy vne chose qui m'oblige de vous escrire celle-cy. C'est que M. Hook, ayant sceu que vous m'auiez donné la permission de me servir de l'avantage que vous pourriez pretendre d'un privilege pour vostre montre en ce païs icy 1), a esté si temeraire et impudent, que de dire publiquement, que vous m'auez donné cete permission en recompense de vous auoir descouvert son invention, y adjoustant auec la plus grande effronterie du monde, que ie suis icy vostre espion pour vous communiquer tout ce qui se descouvre icy de considerable, et que ie l'ay voulu defrauder du profit de son invention. Comme ce sont des accusations aussi atroces que fausses, et que ma reputation, qui m'est plus chere que la vie, y souffre extremement, vous ne ferez point aucun scrupule, Monsieur, scachant mon innocence, que d'escrire à nostre President, Mylord Brouncker 2), que cet homme lá me fait le plus grand tort du monde, et que sur vostre honneur (la chose, que vous ditez, estant veritable) ie ne vous ay iamais rien communiqué de cete invention, ny d'aucune autre, qu'apres que vous nous auiez descouvert la vostre; apres quoy ie vous aye fait scauoir, que ce calomniateur en auoit inventé quelque chose de semblable 3). Monsieur, ie vous prie de dire la verité de tout, aussi pleinement qu'il vous sera possible, et auec telle force, que la chose le {==514==} {>>pagina-aanduiding<<} requiert, á fin de vindiquer ma reputation aussi bien que la vostre; sans quoy ie patirois beaucoup à vostre occasion, au lieu d'en tirer aucun avantage, vû que nostre homme s'est tellement prevalu à la Cour, qu'on luy donnera un privilege, auec vn rebut entier de ce que i'y ay voulu pretendre à vostre nom et par vostre bonté. Cependant i'espere, que vostre seconde montre est sur chemin; ce que Mylord Brouncker souhaite fort, croyant que le defaut de la premiere se trouvant corrigé dans la seconde, il la pourra mettre icy en credit, non obstant le grand cri de nostre effronté, lequel s'appuyant sur ce qu'il est natif, croit de pouuoir opprimer vn estranger, le plus innocent du monde. Monsieur, vous ne ferez aucun delay en cete affaire, ce que ie me promets de vostre justice; mettant vostre lettre audit Mylord soubs mon couvert, addressé á Grubendol, comme de coustume. Dum existimatio est integra, facilé solatur egestus honestatem: C'est la devise Monsieur de Votre treshumble et tresobeissant serviteur H.O. Monsieur, apres vous auoir servi de cete lettre, vous la mettrez au feu, ie vous prie. Pour donner quelque raison de ce que vous auez voulu m'offrir l'advantage de vostre montre en ce pais icy, vous pourrez dire (ce qui est, ie pense, la pure verité) que scachant les peines, que ie prends et ay prises par tant d'annees, pour faire advancer toutes sortes de sciences solides et utiles, et pour resveiller les gens d'esprit par tout le monde à fin de s'y appliquer serieusement; et d'ailleurs scachant aussi, rem mihi esse angustam domi, vous auez voulu tesmoigner vostre affection envers moy en me faisant ledit offre etc. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 10 β {==515==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2065. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 22 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2064. Chr. Huygens y répondit par le No. 2069. A Londres le 12 octob. 1675. Monsieur, C'est le fils 1) unique de monsieur Evelyn 2) qui vous rendra celle-cy, venant à Paris dans la suite de l'Ambassadeur du Roy, pour y faire conoissance auec des personnes de vostre merite. Vous aurez la bonté, Monsieur, de luy permettre qu'il vous vienne voir aux occasions, et profite de vostre science et vertu; et vous ne manquerez pas, ie suis persuadé, de luy faire voir toutes les curiositez de la Bibliotheque royale, et l'introduire dans la conoissance d'autres personnes d'honeur et de scavoir. Il vous porte les Transactions nouuellement imprimees 3) ou vous trouuerez quelques positions 4) de M. Linus 5) touchant l'Arc en ciel, sur lesquelles ie seray bien aise d'entendre vostre sentiment, qui suis Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Oldenburg. Monsieur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. p. amy. {==516==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2066. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 25 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll Huygens. Elle fait suite au No. 2065. Chr. Huygens y répoudit par le No. 2069. le 15 octob. 1675. Monsieur, Apres auoir escrit celle-cy 1), on m'envoye vne piece 2) de M. Hook (que voicy jointe à mes Transactions,) touchant les Helioscopes et quelques autres Instrumens, avec vne promesse assez enflée 3) de plusieurs autres grandes choses et inventions. Vous verrez dans son Post-script 4) ce qu'il dit de vous, et des nouelles montres d'aujourdhuy, comme aussi du pendule circulaire. Il y auoit meslé plusieurs mesdisances contre moy, m'ayant appellé vostre Espion 5), et accusé de l'auoir defraudé du profit de son invention a l'esgard de la montre disputée; mais il s'est advisé, sur la remontrance qu'on luy a faite la dessus, de retraiter et effacer ces grosses calomnies lá 6); quoy qu'il y a laissé neantmoins quelques paroles, qui peuvent tousiours insinuer aux lecteurs attentifs, comme si i'avois vous communiqué secretement sa maniere de pendule. Sur cela, Monsieur, vous pouuez prendre vos mesures, que vous jugerez à propos: Je vous prie seulement, de vouloir auoir esgard, comme à mon innocence, ainsi à mon repos, en ne faisant aucune mention, ny en public, ny en particulier, de ce que ie vous ay mandé touchant la retractation, que cet homme a esté obligé de faire, des calomnies qu'il auoit semees contre moy: Seulement vous pouuez assurer sur vostre honneur, que ie ne vous ay iamais rien communiqué de l'invention, dont il m'accuse, ny d'aucune autre, qu'apres qu'elle fut publiquement conuë 7). Et si vous en faitez imprimer quelque chose pour vostre justification et la mienne, ie me fie entierement {==517==} {>>pagina-aanduiding<<} à vostre prudence et candeur, à fin que [je] me puisse delivrer des soupcons, dont nostre homme a envie de me charger sans aucune raison, Adieu. Nostre homme a fait imprimer ces papiers des Helioscopes a l'insceu de Mylord Brouncker, ayant clanculairement obtenu vne permission de quelcun qui n'entend pas ces matieres, et l'imprimeur Martyn n'ayant iamais leu son Postscript, dont ie suis tres-assuré. Mais il ne faut dire mot de tout ce cy; c'est seulement pour prevenir la blame, que vous pourriez, sans cela, jetter sur nostre President, et l'imprimeur. Bruslez ce papier, ie vous prie. No 2067. R. Hooke. 1675 1). Appendice I au No. 2065. Postscript. I Should have here taken leave of my Reader for this time, but that finding in the Transactions 2) a passage inserted out of the French Journal de Scavans 3), about the invention of applying a Spring to the Ballance of a Watch for the regulating the motion thereof, without at all taking notice that this Invention was first found out by an English-man, and long since published to the World: I must beg the Readers patience, whilst I, in vindication of my own right against some unhandsome proceedings, do acquaint him with the state of this matter. About seventeen years since, being very inquisitive about the regulating the measure of Time, in order to find the Longitude, I did from an Art of Invention, or mechanical Algebra 4) (which I was then Master of) find out and perfect this {==518==} {>>pagina-aanduiding<<} contrivance, both as to the Theory and Experimental verification thereof, of which I then discoursed to divers of my Friends but concealed the modus. About fifteen years since, to wit, in the year 1660, presently after his Majesties happy Restauration, I was in treaty with several Persons of Honour 5) (some of which are yet living, though one of them is since dead 6), but I have sufficient evidence to produce in his own writing that he was one) for the discovery thereof, upon proposed Articles of encouragement. This I can prove by undeniable Witnesses yet living and I have still all the Papers, Articles, and Transactions of this matter by me, in their own hand-writing. In order to bring this Treaty to pass, I was necessitated to discover something of [my] Invention about measuring Time, which was, this way of applying Springs to the arbor of the Ballance of a Watch, for the regulating the vibrations thereof in all postures. And this I did, to the end that I might gain somewhat of belief in those Noble Persons (with whom I was to treat) That I had somewhat more than ordinary, and was not one of the heard-of Pretenders to that Invention: which effect it had, and their Treaty with he had finally been concluded for several Thousand pounds, had not the inserting one Clause broke it off, which was, That if after I had discovered my Inventions about the finding the Longitude by Watches, or otherwise (though in themselves sufficient) They, or any other Person should find a way of improving my Principles, he or they should have the benefit thereof, during the terms of the Patent, and not I. To which Clause I could no waies agree, knowing 't was easie to vary my Principles a hundred waies, and 'twas not improbable but that there might be made some addition of conveniency to what I should at first discover, it being facile Inventis addere 7). And judging it most unreasonable to be deprived of the benefit os my Inventions, in {==519==} {>>pagina-aanduiding<<} themselves sufficient, because others might vary them, or any other ways improve them, of which it was very probable they would have no thought, if they had not the advantage of being instructed by my discovery, it having lain hid some thousands of years already, as indeed the effect hath made evident and certain, there having been nothing done by any body else upon that matter for these fifteen years. Upon this point our Treaty was broken off, and I concealed the farther discovery of the other more considerable parts of my Inventions, for the regulating of Time-Keepers, as hoping I might find some better opportunity of publishing them together with my way of finding the Longitudes of Places, for which I hoped to have had some benefit for all the labour, study, and charge I had been at for the perfecting thereof. Upon this I was told, That I had better have then discovered all, since there were others that would find it out within six months, to which I answered, that I would try them one seven years; and it is now about twice seven, and I do not find it yet found out. Indeed Mr. Hugens hath made use of that part I discovered, and somewhat Mr. Leibnitz 8) hath hit upon, but both of them are imperfect as I shall hereafter shew 9). 'T is true, I was alarum'd by one of those Persons about two years after that, who told me, That he had news that the Longitude was found out by a Person of Honour 10), by a way of carrying Mr. Hugens's Pendulum-Clock, at Sea, by the help of a Ball and Socket, hung to the underside of the Deck of a Ship. But having a description of it, I presently told that Person, That that invention would do mine no harm; and indeed we experimentally found it useless to that effect not long after, upon a trial made of carrying the said Clocks off to Sea in one of His Majesties Pleasure-Boats, in the year 1662. The invention indeed in it self was ingenious, and did much more than what Mr. Hugens did expect, as I was then informed by the Right Honourable the Earl of Kincardine 11) the Author and perfecter of that part of the Invention. But wanting a little addition (which I concealed, and Mr. Hugens hath not got yet that I hear of) it failed of the effect that was expected. Notwitstanding this, it was not long after published in Low Dutch 12), and presently after in {==520==} {>>pagina-aanduiding<<} English 13); wherein what made for it was related, but what made against it was concealed, though they were both equally known. But on the otherside, all that I could obtain was a Catalogue of Difficulties, first, in the doing of it, secondly in the bringing it into publick use, thirdly, in making advantage of it. Difficulties were propounded from the alteration of Climates, Airs, heats and colds, temperature of Springs, the nature of Vibrations, the wearing of Materials, the motion of the Ship, and divers others. Next it would be difficult to bring it to use, for Sea-men knew their way already to any Port, and Men would not be at the unnecessary charge of the Apparatus, and observations of the Time could not be well made at Sea, and they would no where be of use but in East and West India Voyages, which were so perfectly understood that every Common Sea-man almost knew how to Pilot a Ship thither. And as for making benefit, all People lost by such undertakings; much had been talkt about the Praemiums for the Longitude, but there was never any such thing, no King or State would ever give a farthing for it, and the like; All which I let pass. At the earnest importunity of a Dear Friend of mine, since deceased, I did, in the year 1664, read several of my first Cutlerian Lectures upon that Subject, in the open Hall at Gresham Colledge, at which were present, besides a great number of the Royal Society, many Strangers unknown to me, I there shewed the ground and reason of that application of Springs to the Ballance of a Watch, for regulating its motion, and explained briefly the true nature and principle of Springs, to shew the Physical and Geometrical ground of them. And I explained above twenty several ways by which Springs might be applied to do the same thing and how the Vibrations might be so regulated, as to make their Durations either all equal, or the greater slower or quicker than the less, and that in any proportion assigned. Some of these ways were applicable to lesser Vibrations, others to greater, as of 2, 3, 4, 5, 6. or what number of Revolutions were desired; the models of which I there produced, and I did at the same time shew wherein the aforesaid Sea-Clocks were defective. All these particulars also were at several other times, at the Publick meetings of the Royal Society, discoursed, experimented, and several Models produced. I did also, at the earnest desire of some Friends, in the year 1664 and 1665, cause some of the said Watches to be made, though I was unwilling to add any of the application of the Spring to them, as waiting a better opportunity for my advantage. Of all these things the Publisher of the Transactions was not ignorant, and I doubt not but Mr. Hugens hath had an account, at least he might have read of it in the History of the Royal Society as was enough to have given him notice of it, {==521==} {>>pagina-aanduiding<<} for page 247 of that History 14) amongst other Experimented Inventions, there are recounted several new ways of Pendulum Watches for the Pocket, wherein the motion is regulated by Springs, &c. The account of the several ways was given somewhat larger to the Learned Author of that excellent History, though he, as judging it more proper to his design, was pleased to give only this summary account. Mr. Hugens might therefore, if he had pleased, have mentioned the first Inventer, Nam ingenuum est fateri; as he might also that of the Circular Pendulum, which is mentioned in the Same page 15) of the aforesaid History. But though he would not please to confess he knew may published Invention, yet I am sure he hath manifested, that he knows no more then what I had formerly discovered, he having not in [the] least mentioned the other Contrivance, which is the principal, and without which the first part of the Invention is but lame and imperfect, and doth but limp on one leg, and will some time hobble, and stumble and stand still. And the said Watches will not be tres-Juste 16) nor shew {==522==} {>>pagina-aanduiding<<} the Longitude at Sea or Land, but, on the contrary, they will be subject to most Inequalities of motion and carriage, and with many of those motions will be apt to stand still, whatever to the contrary is affirmed in the French Journal or in the English Transactions. I forbear now to mention any further the carriage of the Writer 17) of the Transactions in this Affair, and begging my Readers excuse for this digression, I shall conclude this Tract with a short communication of the general ground of my Invention for Pocket-Watches, the number of particular ways being very great, which (that the true Lovers of Art, and they only may have the benefit of it) I have set down in the Universal and Real Character of the late Reverend Prelate, my Honoured Friend Dr. John Wilkins 18), Lord Bishop of Chester, deceased. In which I could wish, that all things of this nature were communicated, it being a Character and Language so truly Philosophical, and so perfectly and thoroughly Methodical, that there seemeth to be nothing wanting to have the utmost perfection, and highest Idea of any Character or Language imaginable, as well for Philosophical as for common and constant use. And I have this further to desire of my Reader, who will be at the pains to decipher and understand this description, that he would only make use of it for his own information, and not communicate the explication thereof to any that hath not had the same curiosity with him self 19). {==523==} {>>pagina-aanduiding<<} This I do, not so much to hinder the spreading of this Description here delivered, as to revive, and, if possible, bring into use and practice that excellent Designe: {==524==} {>>pagina-aanduiding<<} It being a Character and Language perfecty free from all manner of ambiguity, and yet the most copious, expressive and significative of any thing or Notion {== afbeelding Tabula III.==} {>>afbeelding<<} imaginable, and, which recommends it most to common use, the most easie to be understood and learnt in the World. See Table the third 20). {==525==} {>>pagina-aanduiding<<} To fill the vacancy of the ensuing page, I have here added a decimate of the centesime of the Inventions I intend to publish, though possibly not in the same order, but as I can get opportunity and leasure; most of which, I hope, will be as useful to Mankind, as they are yet unknown and new. 1. A way of Regulating all sorts of Watches or Time-keepers, so as to make any way 21) to equalize, if not exceed the Pendulum-Clocks now used 22). 2. The true Mathematical and Mechanical form of all manner of Arches for Building, with the true butment necessary to each of them. A Problem no Architectonick writer hath even yet attempted, much less performed, abcccddeeeee f gg iiiiiiii ll 23) mmmm nnnnn oo p rr sss ttttttt uuuuuuuu x. 3. The true Theory of Elasticity or Springiness, and a particular Explication thereof in several Subjects in which it is to be found: And the way of computing the velocity of Bodies moved by them. ceiiinosssttuu 24). {==526==} {>>pagina-aanduiding<<} 4. A very plain and practical way of counterpoising Liquors, of great use in Hydraulicks. Discovered. 5. A new sort of Object-Glasses for Telescopes and Microscopes, much outdoing any yet used. Discovered. 6. A new Selenoscope, easie enough to be made and used, whereby the smallest inequality of the Moons surface and limb may be most plainly distinguished. Discovered. 7. A new sort of Horizontal-Sayls for a Mill, performing the most that any Horizontal-Sayls of that bigness are capable of; and the various use of that principle on divers other occasions. Discovered. 8. A new way of a Post-Charriot for travelling far, without much wearying Horse or Rider. Discovered. 9. A new sort of Philosophical-Scales, of great use in Experimental Philosophy. cdeiinnoopsssttuu 25). 10. A new Invention in Mechanicks of prodigious use, exceeding the chimera's of perpetual motions for several uses. aaaaebccddeeeeeegiiilmmmnn ooppqrrrrstttuuuuu. aaeffhiiiilnrrsstuu. {==527==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2068. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 28 octobre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2062. Chr. Huygens y répondit par le No. 2069. A londres le 18 oct. 75. Monsieur Ayant receu vostre derniere auec celle, qui est pour M. Smethwick 1), ie trouue, qu'il y aura de la difficulté pour rencontrer vne bonne occasion de nous faire tenir une de vos montres perfectionnees, sur cela ie vous prie de vouloir vous informer chez Mylord Herbert 2) (jeune seigneur Anglois) et Monsieur Chamberlain 3) son gouuerneur, ou chez Monsieur Justel s'ils ne scavent quelque amy qui passera bientost en Angleterre, à qui on pourra confier vne telle chose. Mylord Brouncker vous fait ses baisemains, et vous prie de luy envoier ladite montre le plustost qu'il vous sera possible, ne doubtant pas quelle n'aye aussi pour le moins, vne main qui montre de minutes. C'est tout ce que i'avois à vous dire presentement, si non que ie suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem à la Bibliotheque du Roy à Paris. 10 β {==528==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2069. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 1er novembre 1675a⁾. La lettre se trouve à Londres, British Museum. Elle est la réponse aux Nos. 2059, 2064, 2066 et 2068. H. Oldenburg y répondit par le No. 2072. à Paris ce 1 Nov. 1675. Monsieur J'ay estè fort surpris de ce que vous m'avez fait scavoir de l'insolite accusation que M. Hooke a controuvée contre vous et moy. J'avois bien remarquè depuis quelque temps qu'il estoit vain et extravagant, mais je ne scavois pas qu'il estoit malicieux et impudent au point que je le vois maintenant. J'en ay escrit a Mr. Brouncker ainsi qu'il faloit et vous envoye la lettre cy jointe 1). Ce seroit bien estrange qu'on fust prevenu à la Cour par la seule accusation d'un homme sans aucune preuve, mais peut estre aura-t-il trouvè des partisans qui l'appuieront pour estre interessez avec luy et en ce cas vous ne ferez pas mal de dresser une contrebatterie pareille. Je viens de recevoir vostre lettre du 18 octobre et suivant ce que vous me mandez je m'informeray chez Milord Herbert, que j'ay l'honneur de connoistre, par quel moyen je vous pourrois faire tenir la montre. Je doubte si j'en pourrois avoir une d'argent qui aie des minutes parce que je n'en ay pas commandè de cette facon mais il y en a d'or, et s'il se presente quelque occasion prompte je ne feray pasdifficultè d'en envoier une de celles cy parce qu'elles sont tres bien faictes et exemptes du contrecoup, de sorte qu'elles vaudront tousjours leur argent. Mais s'il faut attendre j'en auray d'argent comme je crois que Mr. Brouncker les veut. Mr. Dominique m'a apportè vostre lettre du 24 sept. 2) mais je ne l'ay pas encore vu. Je suis bien aise que l'ouvrage de Malpighi de l'anatomie des plantes soit achevè et le verray avec plaisir. Il ne s'imprime rien de nostre Academie qu'une introduction à l'histoire des plantes 3) et un petit traitè des eaux minerales de France de M. du Clos 4) qui sera bien tost achevè. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Hugens de Zulichem. {==529==} {>>pagina-aanduiding<<} Monsieur de Roberval mourut ces jours passez et a laissé ses escrits à nostre Academie 5). A Monsieur Monsieur Grubendol à Londres. a) Rec. le 31 octobre 75. Respondu le 1 novembre [H. Oldenburg]. No 2070. Christiaan Huygens à W. Brouncker. 31 octobre 1675. Appendice au No. 2069. La lettre se trouve à Londres, British Museum. La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens. W. Brouncker y répondit par le No. 2073. A Paris le 31 oct. 1675. Monsieur Je prens la liberte de vous escrire ces lignes, y estant obligè par l'interest que ie prens en l'honneur de M. Oldenburg et au mien propre puisque j'apprends que l'un et l'autre est attaquè par les calomnies de Mr. Hook au suject des nouuelles montres, dont il pretend estre l'inuenteur, et dit auec beaucoup d'effronterie, que M. Oldenburg m'ayant decouuert son secret, c'est en recompense de cela et de ce qu'il me sert d'espion dans la Soc. Royale, que ie luy ay cedè mon droit de demander priuilege pour cete invention en Angleterre. J'ay creu Monsieur que pour me justifier et M. Oldenburg en mesme temps d'une crimination si fausse et si indigne, ie ne pouuois pas m'adresser mieux qu'a vous, esperant que vous adjouterez quelque croiance a ce que je diray, et scachant que le rang que vous tenez, et la reputation que vous avez d'integritè et d'equitè donneront grand poids au jugement que vous ferez de cete affaire. Je dis donc, et ie vous garantis sur mon honeur que ie dis vray, que ni cete fois, ni jamais auparavant Mr. Oldenburg ne m'a communiquè aucune invention ni entreprise de par de là, dont ie creusse qu'on fit un secret; et que quant a cette derniere, c'est moy qui luy ay mandè le premier (sans rien scavoir de ce que Mr. Hook pourroit auoir tentè) que j'auois trouvè une nouuelle invention d'horloge, dont ie luy envoyay le secret, cachè sous un ana- {==530==} {>>pagina-aanduiding<<} gramme 1) qui est, comme vous scavez, une precaution inventée par Galilée, et qui est tres utile. Il me respondit par sa lettre du 2e février 2) en ces mots: J'ay fait voir a nos communs amis l'anagramme touchant vostre nouuelle invention d'horologes. Ils m'ont tesmoignè leur grand desir d'en voir l'effect, et s'en promettent des nouvelles de vostre bontè. Il n'adjouta rien touchant Mr. Hook, mais quand ie luy eus envoyè 3) en suite une description de l'invention, il me manda dans sa response de l' 11 mars 4) que M. Hooke disoit d'auoir trouuè une chose semblable à ce qu'il croioit, il y avoit quelques annees, laquelle pourtant ne reussit pas alors conformement a son esperance, mais qu'il la croioit pouvoir estre reduit à une plus grande perfection. C'est là la premiere nouuelle que j'ay eüe des pretensions de M. Hooke les quelles j'ay pris pour un effect de sa vanitè accoustumée de vouloir avoir inventè toute chose: et quant a la maniere de sa construction, ie l'ignore encore. Il est donc faux qu'en recompense de m'auoir rien decouuert i'aye voulu gratifier Mr. Oldenburg, et le seul motif que j'ay eu pour cela, c'est que j'ay creu qu'il meritoit bien de profiter quelque chose des nouuelles inventions qu'il a tant de soin de publier dans ses Transactions, au grand avantage des sciences, et que d'ailleurs il en pourroit auoir plus besoin qu'aucun autre de mes amis en Angleterre. Il seroit fort malheureux, si au lieu du bien que j'ay eu dessein de luy procurer il recevoit de la honte et du deplaisir. Mais personne ne sera si injuste que de le condamner sur la simple accusation d'un homme tel que M. Hooke, qui de plus est poussè dans ce rencontre par son interest. Et j'ose esperer de la bontè du Roy, qu'estant informè de la chose, il ne permettra pas que l'innocence de Mr. Oldenburg soit opprimée, ni que je sois blasmè à tort. Je vous prie tres humblement de vouloir contribuer de vostre costè pour empescher une si grande injustice et de croire qu'il n'y a personne qui vous honore d'avantage ni qui soit plus veritablement Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. {==531==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2071. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 4 novembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2068 et s'est croisée avec le No. 2069. Chr. Huygens y répondit par le No. 2078. A Londres le 25 oct. 75. Monsieur, Venant d'entendre de Mylord Brouncker, qu'il y a presentement plusieurs gentilshommes Anglois à Paris, prests de faire le traject à Londres, et desquels on pourroit trouuer quelcun, qui se voulût charger de la montre que nous attendons de vous, ie n'ay pas voulu manquer de vous en advertir, à fin que vous prenniez toutes les occasions de vous enquerir de quelcun, qui en voulût prendre soin. Si cela vous manque, Myld Brouncker vous conseille de faire mettre ladite montre dans le premier pacquet que l'on addressera de Paris à Monsieur de Ruvigny 1) icy, faisant l'inscription du pacquet à Mylord Brouncker oú à moy, qui ne manqueront pas d'en payer le port comme il faut. Si vous eussiez sceu la commodité de l'envoyer par Monsieur Godolphin 2), qui est nouuellement arrivé icy de Paris auec vn livre pour moy, nous eussions eu la montre auec suretè. Je demeure Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Oldenburg. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du roy à Paris. {==532==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2072. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 11 novembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle est la réponse au No. 2069. Chr. Huygens y répondit par le No. 2078. A Londres le 1 Nov. 75. Monsieur, J'ay receu vostre derniere, oú il y auoit iointe celle 1) a Myld Brouncker, qui vous rend graces tres humbles pour le soin que vous voulez bien prendre en luy envoiant auec la premiere bonne commodité vne seconde montre, qu'il aimera bien qu'elle soit d'or, pourvû qu'elle aye des minutes. Ne faitez donc, ie vous prie, aucun scrupule d'en envoier vne telle le plustost que vous pourrez auec sureté. Vous m'auez fait justice en ce que vous auez escrit audit Mylord touchant mon integrité en matiere de la controverse qui est entre vous et Hook touchant la nouuelle montre. Mais c'est vn homme (ce dernier) qui abonde tant de son sens propre, que c'est laterem lavare, de le vouloir detourner de l'opinion, dont il s'est preoccupé, principalement en matiere de la priorité de quelque invention. Je verray pourtant ce qu'il dira là dessus, et vous en donneray advis, comme Monsieur Vostre trèshumble et trèsobeissant serviteur Oldenburg. Myld Brouncker vous prie de vouloir assigner la maniere de la quelle vous voulez que l'argent soit payé pour la montre que vous luy envoierez. il ne manquera pas de l'observer punctuellement. Monsieur, vous vous pouvez servir, s'il vous plait, pour l'envoy de la montre du pacquet qu'on envoye par la poste à Monsieur de Ruvigni, son secretaire m'ayant promis de me faire tenir ce qu'on y aura renfermé pour Myld Brouncker ou moy. Mylord Brouncker vous respondra par la prochaine ordinaire 2). A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, à la bibliotheque du Roy à Paris. 10 β {==533==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2073. W. Brouncker à Christiaan Huygens. 18 novembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens 1). Elle est la réponse au No. 2070. A Londres le 8 Nov. 75. Monsieur, Bien que i'estois entierement satisfait de l'innocence de M. Oldenburg en tout ce que M. Hook luy a voulu imputer; si est ce pourtant que ie vous remercie tres-affectionement de ce qu'il vous a plû m'escrire en son endroit et pour sa vindication, dont ie me serviray à toute occasion pour luy rendre justice. Ces passages severes, dont vous faitez mention, ont esté effacés, et le Postscript corrigé en plusieurs endroits, (quoy que non pas tant qu'il falloit) devant que l'imprimé fut debité 2), et M. Oldenburg s'est rendu à soy mesme quelque justice dans les Transactions nouuellement publiées 3). Quant à vous mesmes, Monsieur, quoyque rien de ce que M. Hook puisse ou dire ou faire, soit capable de deroger de vostre reputation, qui estez trop conu à tous les scavans de l'Europe par vos rares Inventions et excellentes pieces données au monde, i'ay neantmoins tasché à cete occasion de vous faire icy toute justice, {==534==} {>>pagina-aanduiding<<} en alleguant ma propre experience de l'insuffisance de sa montre, et de ce qu'il l'auoit entierement abandonné jusques à ce que l'imprimé de la vostre apparut icy; et en y adjoustant la grande difference qui se trouue entre elles; de sorte qu'il n'y manque rien que de produire vne des vostres qui soit complete, laquelle ie vous prie de vouloir me faire tenir le plus promptement, que vous pourrez; ie veux dire, vne d'or, la voulant mettre entre les mains de son Altesse Royale 4) qui a eu vostre premiere, laquelle luy plaisoit bien, mais qu'elle s'arresta souvent (quoy que nous puissions faire,) et manqua des minutes, qu'on desire fort icy. Au reste, vous pouuez estre persuadé, que ie suis Monsieur Vostre tres humble et tres affectioné serviteur Brouncker. A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy à Paris. 10 β {==535==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2074. H. Oldenburg à Christiaan Huygens. 18 novembre 1675. La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. Elle fait suite au No. 2072. Chr. Huygens y répondit par le No. 2079. A Londres 8 Nov. 75. Monsieur, Voicy les Transactions oú ie responds aux accusations de M. Hook. Je le fais auec autant de douceur que i'ay pû 1). Et si Mylord Brouncker ne l'eut obligé de retracter plusieurs mots de calomnie et de mesdisance, qu'il auoit desia fait imprimer, sans pourtant en debiter des exemplaires, i'eusse esté contraint de le traiter plus severement. Ce livre d'Helioscopes etc. fut imprimé à l'insceu de nostre President, qui n'en fut informé que par accident; ce qui le fit seulement capable d'en faire changer et effacer les plus rudes passages, me laissant la liberté de respondre moy mesme au fait. Ce que vous pourrez faire de mesme, lorsque vous recevrez le dit imprimé d'Helioscopes, dont i'ay baillé un Exemplaire au jeune Monsieur Evelyn, qui est prest à faire le traject en France, et de vous saluër à Paris. Si vous trouuez à propos de faire inserer vostre vindication 2) (qui ne pourra pas estre separée de la mienne) dans le Journal des Scavans, vous ferez bien d'en envoyer vn Exemplaire au Seig. Hook mesme, avec son addresse, dans vne lettre cachetée; tout soubs mon couvert addressé comme de coustume à Monsieur Grubendol. Monsieur Dalence 3) m'en envoiera à moy vn autre exemplaire, comme de coutume; à sin que ie scache l'importance de vostre responce, aussi bien que nostre Calomniateur. Nous attendons à tout moment vostre montre d'or auec des minutes; et cela tant plus, que celle que nous avons est tout à fait en desordre, s'arrestant fort souvent, et nos ouvriers n'y pouvant remedier, à ce qu'on a informé Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur H.O. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem dans la bibliotheque du Roy à Paris. 3-6 {==536==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2075. H. Oldenburg. octobre 1675. Appendice I au No. 2074. La pièce a été imprimée par Oldenburg dans les Philosophical Transactions 1). II. A Description of Helioscopes and some other Instruments, made by Robert Hook, Fellow of the R. Society: London, printed for John Martyn, at the Bell in St. Paul's Churchyard. 1675. in 4o. Touching the Contents of this Book, as far as they relate to the Instruments therein described, I need say nothing here; I shall only touch upon some sorts of Passages in the Postscript of it, in which I find one of these our Tracts concerned. The said Postscript then takes the Liberty of reflecting upon a Passage in Numb. 112th of these Transactions, viz. about the Invention of applying a Spring to the Ballance of a Watch finding Fault with the same for not having taken Notice, that this Invention was first found out by an Englishman, and long since published to the World, and complaining thereupon of unhandsome Proceedings. Now forasmuch as the former Part of this Accusation doth directly concern the Author of the Transactions, and the latter is so ambiguously worded, as that it may be referr'd to the said Author, as well as to the French Journal des Scavans, it was thought fit to acquaint the Impartial and Candid Reader with the plain Truth of this Matter. 'T is certain then, that the Describer of the Helioscope, some Years ago, caused to be actually made some Watches of this Kind, yet without publishing to the World a Description of it in Print, but it is as certain, that none of those Watches succeeded, nor that any thing was done since to mend the Invention, and to render it useful, that we know of until Monsieur Hugens, who is also a Member of the Royal Society, as well as he is of the Royal Academy at Paris, sent hither a Letter dated January 30. 1674/75 2), acquainting us with an Invention of his of very exact Pocket-Watches, the Nature and Contrivance of which he imparted to us {==537==} {>>pagina-aanduiding<<} (as he is wont to do other Inventions of his) in an Anagram; which he soon after, in a Letter of Febr. 20. 1674/75 3) explained to us by a full Description; for which the R. Society thought fit to return him Thanks, yet so as to intimate to him, that Mr. Hook had some Years ago invented a Watch of the like Contrivance 4). Not long after this there came over in the Journal des Scavans a printed Description 5) of M. Hugens's Invention, together with a Delineation of the Figure of the same, which the Author of the Transactions produced at the publick Meeting of the R. Society, where M. Hook not only saw it, but took a Copy of the Figure it self at the same Time, unwilling to let him, that presented it there, take it Home without permitting him first to copy it. Which done, Mr. Hugens's Explication of his own Way, together with the Figure thereof, was, at his Desire, and after the perusal of the Noble President of the R. Society, printed the 12th of March 1674/75, in Numb. 112. of the Transactions; the Describer of the Helioscope well knowing, that it was designed to be published in one of those Tracts; who, if he had given to the Author of them the least Intimation, importing that he desired, Notice might be taken at the same Time of his Invention of the like Kind, it would have been certainly done, as hath been done upon other Occasions, witness several of the same Tracts, wherein divers Discoveries of this Accuser have been formerly both printed and vindicated from the Usurpations of others; though indeed it was not necessary it should there be done now, since the said Animadverser could speak for himself in Print as soon as he pleased, as having laudably made use of late of the Press for publishing himself his own Inventions. This is the very Truth of the Matter, in which whether there be any Thing on the Part of the Publisher of the Transactions, that deserves that Name of unhandsome Proceedings, he very willingly leaves to all ingenious Readers to judge: Besides, it might justly be considered, that pregnant and inventive Heads, well versed in the Mathematicks and Mechanicks, and furnish'd with a genuine Method of Investigation, may, and not seldom do, fall upon the same Discoveries and Inventions about the same time, especially if their Minds have been long addicted to and engaged in the same Researches: Of which, if there be Occasion, several considerable Instances may be produced to verify the Assertion. One of which, and fit to be taken Notice at present, is that the Publisher of the Transactions did, not long since, shew to the Accuser that Way of Monsieur Leibnitz, concerning exact portable Watches, which was printed in Numb. 113. of these Tracts 6), he did acknowledge, that though he had known that Way too, ever since A. 1660, {==538==} {>>pagina-aanduiding<<} yet he never declared it to any Body, and therefore could not say, M. Leibnitz had taken it from him. Thus I shall dismiss him, not doubting, but that all Candid Readers will blame him for the Expression he uses p. 30. of his said Post-script, which is, that he forbears now to mention any further the Carriage of the Writer of the Transactions in this Affair: And only adding, that if this Writer of Mechanick shall think fit to explain what he means by it, he will certainly meet with a full Answer, vindicating the Integrity of the Publisher in such a Manner, that all impartial and good Men shall be abundantly satisfied therewith - Speque metuque procul. Horat. 7). No 2076. R. Hooke 1). 1676. Appendice II au No. 2074. The Publisher of Transations in that of October 1675. indeavours to cover former injuries done me by accumulating new ones, and this with so much passion {==539==} {>>pagina-aanduiding<<} as with integrity to lay by discretion; otherwise he would not have affirmed, that it was as certain that none of my Watches succeeded, as it was that I had made them several years ago; For how could he be sure of a Negative? Whom I have not acquainted with my Inventions, since I looked on him as one that made a trade of Intelligence. Next where as he says I made them without publishing them to the world in Print, he prevaricates, and would have it believed that they were not published to the world, though they were publickly read of in Sir John Gutlers Lectures before great numbers at several times, and though they were made and shewn to thousands both English and Foreiners, and writ of to several persons absent, and though they were in the year 1665. in the History of the Royal Society published to the world in Print 2) because forsooth, they were not printed in his Transactions. Thirdly, whereas the Publisher of Transactions makes a long story of my seeing in his Journal De Sçavans, and my desire to transcribe that part of it which concerned this matter, as if I had requested some singular favour thereby. I answer, First that he knew I designed presently to have printed it with Animadversions, but he endeavoured to prevent me, designing first clancularly to get a Patent of it for himself, and thereby to defraud me. Next, I say, I had a right without his favour to have seen, perused, and copied it, as I was one of the Royal Society, the intelligence he there brings in being the Societies. Then it is denied that the Describer of Helioscopes well knew that the Transcriber of Intelligence would publish it in his Transactions, though it was believed if the publishing it would injure me it would not be long concealed; which was the sole reason of Printing in the same Transactions, viz. 112. a Letter which he had several years before 3). Thirdly, whereas he asserts that several discourses of the Accuser had been vindicated from the usurpation of others. It is answered, the clean contrary is upon good grounds suspected from the Publication of a Book about Earthquakes, Petrifactions, &c. Translated and Printed by H.O. the manner of doing which is too long for this place. Such ways this mis-informer hath for vindicating discoveries from the usurpation of others 4). {==540==} {>>pagina-aanduiding<<} To his upbraiding me with his having published some things of Mine; I answer, he hath so, but not so much with mine as with his own desire, and if he send me what I think worth publishing I will do as much for him, and repay him in his own coyn. Lastly whereas he makes use of We and Us ambiguously, it is desired he would explain whether he means the Royal Society, or the Pluralities of himself. If the former, it is not so, as I can prove by many Witnesses; if the later, I neither know what he is acquainted with, or what has been imparted or explained to him. So not designing to trouble my self any further with him, unless he gives me occasion, I dismiss him with his: Speque metuque Procul hinc procul ito. Ho. {==541==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2077. La Societé Royale de Londres et H. Oldenburg. 1676. Appendice III au No. 2074 1). A Declaration of the Council of the Royal Society, passed Novemb. 20. 1676; relating to some Passages in a late Book of Mr. Hooke entituled Lampas, &c. 2). Whereas the Publisher of the Philosophical Transactions hath made complaint to the Council of the Royal Society of some Passages in a late Book of Mr. Hooke entituled Lampas, &c. and printed by the Printer of the said Society, reflecting on the integrity and faithfulness of the said Publisher in his management of the Intelligence of the said Society: This Council hath thought fit to declare in the behalf of the Publisher aforesaid, That they knew nothing of the Publication of the said Book; and further, That the said Publisher hath carried himself faithfully and honestly in the management of the Intelligence of the Royal Society, and given no just cause of such Reflections. The Council having thus justified the Publisher; he shall only add that part of a Letter, written to him by M. Christian Hugens de Zulichem the 20th of Februar. 1675, which relates to the taking out a Patent of his, the said M. Hugens's Invention; and then let the world judge of the Postcriber's accusation about an endeavour of defrauding him of his Contrivance: The words of the said Letter, Englished, are these: For the rest, Sir, if you believe, that a Priviledge (so he calls a Patent) in England would be worth something, and that either the Royal Society or You {==542==} {>>pagina-aanduiding<<} might make some advantage thereof, I willingly offer you all I there might pretend to. So, that if there was a desire in the Publisher to take out a Patent, it was for no other contrivance, but M. Hugens's formerly sent to the Royal Society, and printed in Numb. 112. of these Transactions. No 2078. Christiaan Huygens à H. Oldenburg. 21 novembre 1675. La lettre se trouve à Londres, Royal Society. Elle est la réponse aux Nos. 2071 et 2072 et s'est croisée avec le No. 2074. H. Oldenburg y répondit par le No. 2081. A Paris ce 21 Nov. 1675. Monsieur Je viens de voir Monsieur Chamberlain, qui m'a dit que Mr. Ken 1), venu depuis peu d'Italie, partiroit demain pour Angleterre, et que c'estoit une occasion tres sure pour vous faire tenir la montre que vous m'avez demandée, de sorte que j'ay trouuè bon de la luy consier. Elle est de Thuret, qui jusqu'icy fait les meilleurs et en a grand debit. C'est le mesme qui en avoit usè si mal avec moy 2), lors que je luy consiay cette invention, mais s'estant a la fin retractè par une lettre 3) qu'on l'a obligè de m'escrire, et m'estant venu demander pardon je ne fais plus de difficultè de l'emploier. Il fait valoir la nouveautè en debitant ces ouvrages et les vend jusqu'a 40 louis d'or. Celle cy m'en couste 25, et je n'ay sceu l'avoir a moins. Je crois que c'est a peu pres tout ce qu'on peut donner de perfection a cette invention en petit, estant necessaire que le mouvement ne puisse pas arrester la montre. Je l'ay examinée pendant deux jours, et en suis assez satisfait, car d'en attendre une pareille justesse que des pendules, ce seroit vouloir l'impossible. Il doit suffire qu'elles aillent incomparablement mieux que les montres ordinaires. Pour la mettre juste a l'heure il y a un bouton dorè qu'on fait couler avec les doigts pour accourcir ou alonger le petit ressort. Et outre cela il y a un autre bouton, qui est de mesme mobile et sert a faire echapper egalement les dents de la roue de rencontre, par ce qu'avec ce bouton l'on transpose le petit ressort qui {==543==} {>>pagina-aanduiding<<} y est attachè par un bout. Milord Brouncker n'aura pas de difficultè de comprendre tout cela. Je n'ay pas encore receu sa responce 4) que vous me promettez par vostre derniere 5), mais cela ne presse point, je souhaite seulement que la lettre 6) que je luy ay escrite ait pu contribuer a vostre justification et a la miene. Pour le remboursement de l'argent de la montre voiez je vous prie si cela se pourroit par le moyen de Milord Herbert, si vous ne trouvez pas d'autre voie plus commode. Si j'eusse pu avoir une montre d'argent avec les minutes, je l'aurois envoiée au lieu de celle cy, mais cet ouvrier n'en fait que d'or, ou il trouve mieux son compte, et les autres ne sont pas encore assez stilez en ce travail. J'espere pourtant que d'en 7) peu j'en pourray avoir d'argent qui soient bonnes, et avec quelque changement dans la construction qui la rendra plus simple et plus facile. Je vous prie de m'advertir de la reception de plus tost qu'il sera possible et de me croire Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur Hugens de Zulichem. En montant la montre il est bon d'appuier par les deux bouts de la clef, par ce que cela se fait plus facilement de cette maniere. A Monsieur Monsieur Oldenburg Secretaire de la la [sic] Soc. Royale A Londres. avec une boete. {==544==} {>>pagina-aanduiding<<} No 2079. Christiaan Huygens à H. Oldenburg 1). 23 novembre 1675. La lettre se trouve à Londres, British Museum, coll. Birch. Elle est la réponse au No. 2074. H. Oldenburg y répondit par le No. 2081. A Paris ce 23 Nov. 1675. Monsieur Je n'ay que ce moment pour vous dire que je viens de recevoir vostre dernier pacquet ou sont vos Transactions et en mesme temps la responce de Mil. Brouncker 2) a la lettre que je luy avois escrite 3). J'attens avec impatience ce livre de Mr. Hooke 4) pour voir de quelle nouvelle extravagance il aura usè a mon endroit et s'il vaut la peine que j'y responde C'est a 5) de satisfaction de ce que 5) paroi 5) di 5) de la justice de ma 5). Je mis avanthier la montre d'or entre les mains de Mr. Chamberlain gouverneur de mil. Herbert afin de la donner a un nommè Mr. Ken 6) qui devoit partir hier pour Angleterre, m'ayant assurè qu'elle seroit fidellement adressee. J'y ay joint une lettre 7) ou il y a quelques instructions pour l'usage. Mons. d'Alencè 8) m'a dit qu'il me donneroit dorenavent les Transactions, que vous luy envoieriez, apres les avoir lues, pour me les laisser joindre a mon recueil. de sorte qu'il ne sera pas necessaire de m'en faire un paquet à part. A celuy que j'ay receu ce matin on avoit attachè l'autre qui estoit pour luy et on m'a fait encore la mesme chose cy devant me faisant payer le port de tous les deux. Cela est de peu d'importance, mais il ne faut pas donner lieu a la tromperie de ces gens de la poste qui sachant que M. d'Alencè ne paye rien de ses paquets se sont avertis de m'en charger. Ce professeur Espagnol 9) 5) {==*21==} {>>pagina-aanduiding<<} {== afbeelding No. 1 (p. 545).==} {>>afbeelding<<} {==545==} {>>pagina-aanduiding<<} vous 5) paroit estre un observateur peu 5) pendules ne doivent pu estre des meilleurs 5) observations et celles de nos Mrs. Picard et Cassini s'accordent parfaitement quant à l'inegalitè des jours a ce que j'en ay defini dans la table 10) qui est dans mon livre de Horolog. Oscil. Je suis Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur Grubendol A Londres. No 2080. Pailheres à Christiaan Huygens. 30 novembre 1675 1). La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens. A Bourdeaux ce 30e Novembre 1675. Monsieur Je ne saurois comment excuser la liberté que je prens de vous escrire, si vne telle occasion comme celle qui fait le sujet de cette lettre ne se fut pas presenté ainsy Monsieur, scachant auec quelle assiduité vous trauaillez a enrichir les sciences, sur tout celles de l'astronomie, par des continuelles et tres exactes obserua- {==546==} {>>pagina-aanduiding<<} tions jay crû que vous series bien aise de receuoir les figures d'vn parhelie qui sont aussy particulieres que ces sortes de phoenomenes sont rares et extraordinaires, et que vous auriez ensuitte la bonté de nous faire part de vos conjectures sur la nature et la cause de ce metheore. Parmy ce grand nombre de Parhelies, dont nous auons les memoires, il me semble que celui cy est des plus considerables, quoy quil ne soit compose de tant de Soleils que beaucoup d'autres et jy trouue quelque chose de plus remarquable qu'en ceux des annees 1625 2), et 1629 3), dont on fait tant de cas, vous le jugerez Monsieur, par les descriptions que je vous enuoye en ayant veu moy mesme vne partye, et ayant apris le reste par la bouche d'autruy. des gens di