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Dietsche Warande. Jaargang 3 (1857)

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sec - letterkunde

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Dietsche Warande. Jaargang 3

(1857)– [tijdschrift] Dietsche Warande–rechtenstatus Auteursrechtvrij

Vorige Volgende
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[Franse bijlage]

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‘Dietsche Warande’.
1857. No. 1: Janvier et Février.

Discours
prononcé par M. Henri Tétar van Elven à la société ‘Architectura et Amicitia’,
au mois de décembre dernier.

L'Organisation du corps de jeunes architectes à Amsterdam, qui vient d'écrire la devise Architecturâ et Amicitiâ dans sa bannière, nous a de suite inspiré un certain degré de confiance, et nous avons cru, sans trop savoir pourquoi, qu'il y avait là de bons germes. Les membres s'étaient entendus sans qu'il y parut la main puissante soit de la Société pour les progrès de l'architecture, soit de l'Académie royale des beaux-arts, soit de la société des artistes Arti et Amicitioe. Rien moins que révolutionnaire, nous nous sentons pourtant de la sympathie pour tout groupe d'individus qui aime l'art et qui a le courage de se séparer de l'aristocratie artistique, d'abandonner les chemins battus des académies classiques et des clubs réalistes et industriels. A l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam, il est vrai, les exigences les plus impérieuses de l'ère nouvelle ne sont pas méconnues; au contraire: depuis le dernier demi-siècle on n'y a jamais travaillé si bien, et nous croyons qu'il y ait pen d'institutions de ce genre en Europe qui, comme elle, mènent de front nombre de hauts principes et une utilité pratique et raisonnable. A la tête de l'institution se trouve un artiste d'un esprit supérieur qui veille à ce que l'art ne se rabaisse pas au niveau d'une nature dégradée, et, dans les différentes classes, on ne tâche pas seulement de faire des artistes, mais en même temps des ouvriers experts, de bons artisans. 11 n'y a qu'une chose de regrettable - ici comme partout ailleurs - c'est que l'on n'a pas encore franchement remplacé les canons païens par les modèles chrétiens. L'académie étant avant tout une école, il est très simple que dans nos temps d'effervescence générale, de jeunes étudiants en architecture aient cherché une occasion de se rencontrer sur un terrain libre. C'est le propre des époques de transition que rien n'est stable, que tout est en mouvement, se décompose, se rallie, fait des efforts, des essais, et finit par retrouver ses véritables bases. La marche de la Société pour les progrès de l'architecture va trop lente, est trop entravée par le nombie et la

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‘qualité’ même de la plupart de ses membres, pour avoir pu offrir à nos jeunes architectes ce qu'ils cherchaient: des séances fréquentes et regulières, des discussions vives, des mesures promptes et nombreuses. Dans la Société des artistes, l'architecture, comme partout, ne peut se soutenir en présence de l'éclat des couleurs de nos Rembrandt modernes: ce cercle, non plus, ne pouvait donc pourvoir aux besoins des membres de la nouvelle société pour l'architecture. Si donc la naissance de cette jeune corporation se ressent un peu d'une souche révolutionnaire - elle est bien excusable à nos yeux, et par un acte double de courage et de bon sens elle nous a donné le droit d'attendre d'elle une bonne dose de bien pour le mouvement de nos jours.

Quand M. Tétar van Elven fils avait placé son monument décrit par nous à la page 64 du tome Ier de notre Partie française, et que dans les détails il avait fait un choix judicieux de moulures gothiques, en remplacement des recettes de Vignola, la Société lui a consacré - tout professeur à l'Académie qu'il est - une illumination de son local, portant un transparent, où le nom du lauréat figurait. Quelques mois après la Société a prié M. van Elven de bien vouloir prendre la parole dans une de ses séances; et c'est à cette invitation que nous devons l'excellent discours de notre ami, inséré dans la Partie néerlandaise de notre présente livraison.

Délivré en deux fois, le discours de M. van Elven a trouvé une division naturelle en deux parties distinctes. Dans la première il traite loyalement de l'excellence du style ogival et de sa prééminence sur les styles classiques; dans la seconde il énonce ses opinions par rapport à la matière délicate de l'architecture civile ou domestique pour nos jours. Partout, en traitant la première partie du sujet, les principes chrétiens sont mis en avant. Dans le jugement qu'il porte sur le XVe siècle et sur le gothique anglais M. van Elven est même plus sévère que nous; et si par quelques notes au bas des pages nous avons, comme directeur de la Revue, dû faire nos réserves par rapport à certaines expressions de notre collaborateur - nous sommes sûrs que la divergence d'appréciation existe plutôt dans les termes que dans nos convictions. M. van Elven est un peu timide à l'article des éléments mystiques et la crainte que son discours ne contracte un parfum d'encens d'office semble le faire hésiterquelquefois à accepter des conséquences qui découlent naturellement de son système. Une vague crainte d'un genre analogue empêche M. van Elven d'accepter aussi franchement qu'un jour il s'y verra conduit les principes de construction et de décoration du moyen âge, pour l'architecture civile de nos jours. M. van Elven est naturellement modeste et modéré; il semble craindre d'offusquer certaines tendances bienveillantes, ou d'éblouir des yeux qui ne sont encore qu'à leurs premiers essais des seuls principes logiques, s'il proclamerait avec trop de hardiesse et trop complétement la révolution qui doit tôt ou tard se consommer. En attendant l'oraleur a ridiculisé d'une manière spirituelle et inoffensive les façades rectangulaires (devant les toits en chevron) de nos villes hollandaises, en faisant circuler près de ses auditeurs des simulacres en miniature des forfaits architectoniques qu'il signalait à leur attention. Tout cela a été parfaitement compris et accueilli par la confrérie artistique. Nul doute que cette jeune institution ne se ressente de plus en plus des bonnes théories, et qu'elle n'aide puissamment au développement de l'art national. Déjà (pour

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qu'on juge de son esprit) elle a lu et étudié avec une chaleureuse sympathie le travail de M. Viollet-Leduc sur le ‘style gothique au XIXme siècle’, et elle ne s'est pas rangée du côté de l'Académie française.

La vie de Ste Lutgarde,
poëme hagiographique néerlandais du XIVe siècle.

PArmi les coryphées de la littérature néerlandaise, telle qu'elle est cultivée dans les provinces belges, l'on distingue la grande et expressive figure d'un savant d'une trempe toute particulière. Professeur de philologie classique à l'université wallonne de la ville épiscopale de S. Hubert, M.J.-H. Bormans a cependant fait une étude profonde de l'histoire philosophique du moyen âge. Il a jeté de longs et de puissants regards dans les mystères de la vie sociale et individuelle des siècles de S. François d'Assise et du bienheureux prieur de Groenendale, le créateur de notre prose orthographiée. M. Bormans a employé ses heureux loisirs à devenir un des littérateurs les plus spirituels, les plus savants, les plus délicats de la patrie thioise, notre commun terrain. Attentif à tout ce qui peut augmenter la richesse de notre littérature nationale le professeur liégeois a déjà fait de splendides découvertes dans les régions mystérieuses de notre ancienne histoire littéraire. Nous lui devons la connaissance de plus d'un fragment remarquable de poésie néerlandaise du moyen âge et bon nombre d'aperçus lucides, qui s'y rapportent et qu'il sait extraire des parchemins mutilés, qu'il enlève aux bouquins de la Renaissance.

Il y a déjà quelques années que, de nouveau, M. Bormans avait eu une de ces bonnes fortunes qui semblent lui être réservées. Il avait découvert le manuscrit de deux poëmes hagiographiques des plus remarquables: la vie de Ste Lutgarde de Tongres et celle de Ste Christine la Merveillense - deux gloires pures des Pays-bas, qui ont rempli le monde du XIIIe siècle d'étonnement au récit que des hommes sérieux, de pieux et judicieux savants, ont fait de leur vie extatique. La vie de Ste Christine a été publiée par M. Bormans avec un luxe bien mérité de beaux caractères minuscules gothiques et avec des commentaires et des notes de grande extension et d'une indisputable valeur intrinsèque. Par rapport à la vie de Ste Lutgarde M. le professeur Serrure de l'université de Gand a déclaré, il y a plus de seize ans déjà: ‘Avec un bien vif désir tous ceux qui s'intéressent à notre littérature attendent la publication de la vie de Ste Lutgarde, annoncée par le professeur Bormans.’ Et c'est aujourd'hui, et c'est dans la Dietsche Warande, que l'illustre philologue a bien voulu consentir à réaliser sa promesse.

La manière dont ces deux précieux monuments, la vie de Ste Christine et celle de Ste Lutgarde, traductions rimées du latin de Thomas de Cantimpré, devinrent la propriété de M. Bormans a été décrite par le savant éditeur avec un enjouement si gracieux et forme un petit tableau si bien colorié que nous tacherons de rendre une ombre de l'ex-

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cellent flamand du liégeois spirituel dans le médiocre français de notre plume néerlandaiseGa naar voetnoot1).

‘Le ms. appartenait il y a cinquante ans au couvent ou abbaïe de dames nobles, de Ste Catherine, à Milen, non loin de S. Trondet parait avoir été offert en hommage aux dames de Milen par un frère mineur, apparemment confesseur du convent, appelé Gérard. Quand la maison subit les conséquences de la première révolution française, les dames furent dispersées, mais non sans avoir porté en lieu de sureté leurs trésors les plus saints et les plus précieux. La dame qui seule survécut à toutes les autres légua le tout au monastère ou plutôt pensionnat de “Colen” près Borg-Loon (Looz). C'est là, dans cet institut, où les demoiselles des environs reçoivent une éducation pas trop coûteuse, que notre manuscrit ainsi que les siéges des SStes Lutgarde et Christine, avec d'autres reliques encore, trouvèrent un refuge. Les chaises pourvues d'une inscription furent placées dans le choeur de la chapelle, les autres objets tenus en vénération et en conservation, mais le manuscrit,.... qui sait, avec d'autres peut-être encore... fut.... En vérité, en vérité, petites soeurs de Colen - quoique vous n'entendiez pas le néerlandais, vous n'avez fait là rien de bon!’

‘Vers la mi-Septembre dernier, je me rendais de Liége à Bruxelles. Je m'arrêtai pendant une nuit à S. Trond et comme, selon mon habitude, j'allai passer la soirée chez mon bon ami le professeur Debruyn, celui-ci me parla d'un manuscrit très-aneien que son voisin, le peintre et brocanteur Aerts, venait de lui montrer; c'était en fort mauvais état, mais cependant il avait cru y reconnaître la vie de Ste Christine en anciens vers thiois. C'était huit heures du soir; le voisin Aerts fut immédiatement cherché et quelques minutes après je tins entre mes mains un manuscrit in 8vo le plus joli que j'eusse vu il y a longtemps: un velin propre et lisse, une grande lettre gothique carrée, les vers bien alignés, les inscriptions en tête des chapitres en beau vermillon, nême couleur que les initiales de chaque phrase, tandis que les majuscules qui ouvraient les divisions principales étaient d'un outre-mer très-vif; et, j'avais beau chercher, pas la plus petite abréviation: le tout aussi bien, oui mieux arrangé que si c'eût été imprimé! mais en même temps tous les feuillets dans le plus grand désordre, rognés, déchirés, taillés au ciseau, semblable à un grand jeu de cartes, retiré des mains des enfants. Mais le contenu... oui c'était bien “Sinte Kerftinen heilege leven” (la sainte vie de Ste Christive) et à ce qui semblait, celle de Ste Lutgarde.

Mais de quelle manière le sieur Aerts se trouvait-il être le possesseur de ce monument! Il nous raconta qu'étant à Colen avec ses ouvriers, pour y prêter ses services, il avait eu besoin d'une bonne colle et que, celle-ci ne se trouvant pas à portée, il avait demandé qu'on lui donnât du parchemin.... On lui apporte une vingtaine de feuillets, fraîchement coupés dans un livre qui devait en contenir encore d'autres. La beauté de l'écriture seule semblait déjà invoquer la pitié de celui qui aurait à décider de leur sort. Ce n'était pas la première fois que de pareils

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bouquins tombèrent entre les mains du sieur Aerts, et du moment qu'il vit que c'étaient des vers néerlandais, il demanda qu'on lui cédât ce qui en restait, promettant en échange, de fournir le lendemain nonseulement la colle, mais encore une certaine quantité de papier peint. Il tint parole et un de ses domestiques lui apporta le soir d'après les autres feuillets, noués ensemble avec une ficelle. Telles étaient les aventures de ce manuscrit malheureux, mais portant toujours les traces de sa grandeur passée. Par l'entremise de M. Debruyn, j'en fus propriétaire sous des conditions pas trop onéreuses. Je passai la moitié de la nuit à en mettre en ordre une bonne partie, et le matin je partis pour Bruxelles avec mon trésor déterré dans un moment si inattendu.’

M. Bormans réussit à recueillir encore quelques autres débris de sa trouvaille. Son vieil ami Debruyn et son nouvel ami le sieur Aerts se rendirent le lendemain par le plus méchant ‘temps du monde’ à ‘Colen’, pour y trouver les soeurs; ils y exposèrent aux bonnes religieuses le but de leur visite: le livre qu'on avait déchiré contenait les biographies des deux nobles vierges qui étaient presque révérées comme les patronnes du couvent - témoin leurs siéges qu'on gardait respectueusement dans le choeur de l'église - ce livre était un unicum, écrit dans la langue qu'à la vérité les soeurs de Colen ne parlaient plus, mais qui avait été parlée par leurs saintes en personne. Et maintenant, dit M. Bormans, honneur à vous, petites soeurs de Colen! si vous aviez commis une faute - vous avez été les premières à la pleurer et à faire tout ce qui était en vous pour la réparer!

‘On chercha par toute la maison les moindres parcelles des feuilles dispersées; on fouilla les coins; on parcourut les livres.... Car - voici ce qu'on avait fait. Vous connaissez ces signets en forme de coeurs ou de petites langues, où les ciseaux ont pratiqué une bifurcation, qui embrasse la feuille à l'endroit qu'on veut retrouver. Quarante-et-un de ces petits coeurs avaient été confectionnés avec une demie douzaine de chapitres de la vie de Ste Lutgarde! On me fournit encore quelques parcelles qui avaient servi à consolider de petites croix de papier en couleur.’ Bref - les soeurs ont fait ce qu'elles ont pu pour mettre M. le prof. Bormans à même de publier aujourd'hui dans la Warande la vie de Ste Lutgarde.

Rarement tant de soins consciencieux auront été mis en oeuvre pour restaurer un objet d'art (sans attribuer à son auteur des idées qui n'étaient pas siennes) que M. Bormans n'en a consacrés à la décente toilette (si j'ose m'exprimer ainsi) de la pieuse vierge Lutgarde, dépouillée comme on l'a vu. Par une série de combinaisons ingénieuses M. Bormans a réussi à restaurer de notables passages, tout en avertissant de la moindre déviation des éléments matériels qu'il a sous les yeux.

Ce qui rend les vies des SStes Christine et Lutgarde si remarquables c'est la circonstance que, dans ces biographies de frère Gérard publiées présentement, les particularités psychologiques et archéologiques qu'elles renferment n'ont subi aucune altération par la main des copistes: car M. Bormans a démontré jusqu'à l'évidence que nous avons ici sous les yeux l'oeuvre même de l'excellent auteur - tant pour la partie littéraire et philologique que pour les détails calligraphiques.

Frère Gérard fait des vers excellents et son oeuvre constitue un, témoignage irrécusable dans les procès de linguistique du moyen âge, qui s'intentent journellement.

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Dans la présente livraison M. Bormans publie environ 300 vers du poëme, précédés d'une introduction, dans laquelle le savant auteur développe avec son humour ordinaire un nouvel argument dans la plaidoirie engagée entre lui et M. le professenr Jonekbloet touchant l'ancienne prosodie néerlandaise.

Dans la prochaine livraison de la Warande nous publierons en fac-simile deux paires de ces malencontreux signets de livre, dont M. Bormans a parlé.

Ste Lydwine de Schiedam.

HU nombre des articles de peu d'étendue, insérés dans la Warande no 1, ponr 1857, se trouve un diplome intéressant, copié par M. Hofdijk aux archives de l'Etat. C'est un charte du comte et duc Jean de Bavière, du 5 août 1421, par lequel il confirme la relation que lui communiquent les échevins de Schiedam par rapport à la situation de la célèbre Lydwine, la sainte populaire de cette ville. Le duc s'avoue en même temps témoin oculaire. Voir la vie de la sainte par deux grands Néerlandais: Thomas a Kempis et Jean Brugman.

Quand l'occasion se présente nous continuerons la publication de documents authentiques qui ont de l'intérêt pour l'archéologie chrétienne dans sa plus large acception.

Expositions de tableaux
à Amsterdam, en 1856.Ga naar voetnoot1)

NOtre ami Foreestier de Buiksloot a tenu parole, et dans le présent numéro de notre revue il rend compte des impressions qu'il a reçues lui et ses amis et ses amies aux deux expositions d'Amsterdam. Ce qu'il donne, à vrai dire, n'est pas une critique complète des principales oeuvres d'art qu'on y a soumis à l'examen du public. C'est plutôt un développement de certaines idées d'esthétique à propos de certains tableaux. La palme, entre tous, est décernée à l'oeuvre sublime de M. Louis Gallait: son tableau de Jeanne-la-Folle, en présence du cadavre de son époux bien-aimé Philippe-le-Beau, roi d'Espagne depuis quelques semaines seulement, Duc et Seigneur des plus notables parties de ce cerele bourguignon, qu'il lèguerait à l'un des deux plus puissants empereurs de l'histoire moderne, et dont notre Hollande était un comté opulent. Cette toile avait été demandée à M. Gallait par notre Reine actuelle - la Reine Sophie, qui plus encore par les brillantes qualités de l'esprit et par la profondeur et la noblesse des sentiments, que par son auguste rang, était en droit d'attendre du pinceau de M. Gallait quelque chose de vraiment royal.

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Et M. Gallait, tout homme des temps nouveaux qu'il soit, a rempli dignement la tâche qui lui avait été confiée par son illustre patronne. Si le choix du sujet, en rapport avec le talent hors ligne du peintre, pouvait révéler un esprit supérieur dans celle qui l'avait recommandé à l'artiste, d'un autre coté on n'aurait mieux pu réprondre à un appel plus honorable. Nous n'essaierons pas de donner une description des lignes et des tons, dans lesquels M. Gallait fait apparaître sa grande conception: ce roi mort, le prince le plus beau et le plus généreux de son temps et néanmoins pas digne de la passion qu'il inspirait à la fille de la grande Isabelle d'Espagne, cette main glacée qui, tombant du lit, a laissé choir son sceptre tout neuf, et touche du bout des ongles le tapis du parquet, cette pauvre, cette belle et noble personne penchée sur le cadavre, dont elle presse la droite contre son coeur agité, tandis que le froid semble se communiquer à travers un linge blanc à cette poitrine centre d'une ardeur qui s'y refoule et ne se traduit plus dans les yeux mornes, dans l'ombre d'un vague sourire, dans le front mystérieux de la princesse; elle, qui veut regarder fixément ces traits chéris et déjà un peu decomposé, et qui ne trouve que des lueurs égarées pour satisfaire à son désir, elle qui, il y a un instant a couché son front tiède sur la face de marbre de son époux, dont elle presse encore une mêche de eheveux bruns entre les doigts délicats de sa main gauche; cette femme malheureuse, ce prie-Dieu, où la folle a voulu adresser une prière au Créateur et restaurateur du monde, ce tapis, dont les légers plis semblent raconter que ce pied nud, un pied de reine, dont on voit le bout sous la robe d'une négligence magnifique, s'est attaqué au parquet dans l'horreur des combats qui se sont livrés dans cette âme blessée..... pour bien décrire tout cela, il faut une plume éloquente, il faut ici une plume française.

Honneur à vous, o noble peintre! Vous qui respectez dans l'art la royauté et la plus royale des vertus - la pureté. Vous méprisez les petits moyens. Vous ne savez ce que c'est que faire étalage de science, étalage de couleur, étalage de concupiscence. Tout, chez vous, est dans un ordre parfait et nulle part les éléments d'un rang inférieur ne prennent la place des objets principaux de l'oeuvre. M. Gallait c'est, dirionsnous, un Paul Delaroche perfectionné encore pour le sentiment et pour la couleur. Nous n'en dirons rien de plus.

C'est bien dommage que dans le genre religieux les expositions ne nous ont offert aucune page qui pût sous tous les rapports rivaliser avec le poëme épique de M. Gallait. Néanmoins, constater qu'à l'Exposition de l'Académie des Beaux-Arts il y avait une Vierge avec l'enfant de M. Ittenbach, c'est assez dire que la grande école religieuse était là qui disait: ‘Si nous le voulions, nous pourrions venir éclipser ici non seulement tout ce que vos De Keyser, vos Guet, vos Schiavoni, vos Baudin, vos C. Sohn e tutti quanti ont exposé de plus lâchement lêché, de plus franchement licencieux; mais encore nous lutterions avec avantage contre toute tendance d'un art même sérieux, d'un art qui se respecte et qui commande le respect; ou, disons plutôt, nous entonnerions notre note dans l'accord de la vraie beauté naturelle et métaphysique - beauté qui ne prêche pas la morale, mais qui jamais ne l'offense.

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Le marchand aux oeufs et la laitière d'Anvers.
Les quatre fils Aymon de Louvain.

DAns toutes les cités, où la conscience communale (s'il est permis de s'exprimer ainsi) est vivace, il y aura une ou plusieurs images, quelque pierre, un ou plusieurs monuments, qui semblent participer à la vie de la bourgeoisie. On connait le Pasquino et le Marforio de Rome, le Manneken-pis de Bruxelles, la Lanterne de Strasbourg. Mon grand-père m'a souvent parlé du Steenen Roelandt, qui se trouvait vis-à-vis de la maison d'Amsterdam où je suis né; c'était un exemplaire d'une de ces figures en pierre, auxquelles on avait donné le nom du plus fameux paladin de Charlemagne et qui marquaient communément dans les villes la place où se tenait un marché principal. Tout le monde a vu les géants, qui font une course périodique par les rues de certaines villes de la Belgique. Les Quatre fils Aymon, qui logent à Malines et ceux de Louvain, sont également des images ‘péripatétiques’. Nous publions dans la présente livraison de la Warande une chanson de ces quatre preux, du XVIe siècle, que M. Edw. van Even a bien voulu nous copier aux archives de Louvain, confiées à ses soins. M. Jean van Rotterdam, l'un des prineipaux rédacteurs de la revue Vlaemsche SchoolGa naar voetnoot1) nous a permis d'imprimer dans notre revue la monographie spirituelle qu'il a faite de deux monuments populaires qui se trouvent à Anvers. Ce sont des statues en pied d'un Marchand d'oeufs et d'une Laitière. Ces deux personnages s'intéressent vivement à la chose publique dans leur chère commune. Les Fils AymonGa naar voetnoot2) de Louvain se permettent, dans leur chanson, d'avertir leurs concitoyens de ne pas se fier aux ramoneurs sans échelle (aux espagnols). Le Marchand d'oeufs et la Laitière d'Anvers n'ont pas cessé de vivre la vie du peuple qui les comprend et qui les aime. A toute solennité nationale, dans des temps prospères et dans les jours nébuleux, nos deux campagnards ne manquent jamais d'adresser un mot de sympathie à leurs voisins du marché. Le paysan, qu'on appelle Teun Koekeloer, est un censeur spirituel; sa femme Lijn (abréviation de Katelijn = Cathérine) est une babillarde d'nn bon naturel. Teun est en pierre; Lijn en bronze. Ils occupent l'un la pompe du marché aux oeufs, l'autre celle du marché au lait. Quand il y a une grande fête publique l'administration enfermait Teun dans une espèce de chenil, ce qui n'empêchait pas le brave homme de prendre la parole, soit en vers, soit en prose, du bas de son piédestal, au moyen de ses placards ordinaires. A la kermesse, au jour de l'an et à d'autres grandes fêtes les femmes du quartier habillent et décorent la femme Lijn de leur mieux: on lui met un chapeau de

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paille sur la tête, et elle porte la jupe, la jaquette, le mouchoir de cou et le tablier.

L'on trouve ci-contre l'image fidèle de nos deux personnages, que l'obliçeance exquise de la commission pour la publication des inscriptions monumentales de la province d'AnversGa naar voetnoot1) nous a permis de reproduire au moyen des planches xylographiques qu'elle en a fait faire.

Vandalisme.

A Leyde on vient d'abattre une jolie façade de la période 1550-1620. Elle était ornée des images en bas-relief de St Joseph et des quatre sculpteurs chrétiens: Claudius, Nestorianus (sic), Castorianus et Sempronianus (sic), tous pourvus des instruments de leur métier. Le cinquième, Simplicius (le converti), n'y était pas. Les quatre autres portaient des couronnes. Nouvelle preuve que les Quatre Couronnés et les SS. Sculpteurs, célébrés le même jour (12 nov.), se confondaient aisément dans le souvenir du peuple. Le petit bâtiment, qui se distinguait par cette jolie façade, était l'ancienne maison de la confrèrie des charpentiers. Le propriétaire a donné une place à St Joseph dans son jardin. Les SS. Castorien et Nestorien (Nicostrate) ont été réclamés par un antiquaire; mais leurs deux compagnons, ainsi que le reste des ornements, ont été mis en poudre, pour en faire le badigeon, nécessaire à l'entretien(!) d'autres monuments architectoniques.

 

Nous empruntous à la Revue de l'art chrétien ce qui suit:

- ‘Le Conseil municipal d'Amsterdam a voté la démolition d'une charmante construction de 1620, un des rares spécimens de l'architecture hollandaise de cette époque, en briques rouges et en pierres peintes. Une pétition, signée des noms les plus honorables, avait réclamé la conservation de cet édifice: mais l'édilité a répondu que “l'entretien quelquefois coûteux d'anciens bâtiments ne méritait pas de recommandation illimitée.”

- Les Revues allemandes nous font connaître le débat qui s'est élevé entre M. Aug. Reichensperger et M. Zwirner, architecte de la métropole de Cologne. Ce dernier, au lieu de suivre les anciens plans, et d'abriter le grand escalier [de la tonr septentrionale] dans une tourelle extérieure, l'a placé dans un pilier. L'Organe de l'art chrétien, l'Ecclésioloyiste et la Revue neérlandaise se sont élevés contre cette innovation, au point de vue de la solidité et de l'esthétique. Ces journauxGa naar voetnoot2) condamnent également la toiture en fer dont on couvre la cathédrale ainsi que l'usage du gaz pour éclairer le sanctuaire.’

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Bibliographie.

‘Revue de l'art chrétien’ - Directeur: M. l'abbé Jules Corblet. Ire année, Ire et IIme livr. Paris, Pringuet. C'est avec bien du plaisir que nous avons annoncé dans notre partie néerlandaise la publication de l'oeuvre périodique du digne président de la société des antiquaires de Picardie. La doctrine de cette revue est encore (il est presque superflu de le dire) la doctrine de tous les amis de l'art chrétien qui ont coöpéré au mouvement des dernières années. M. Didron doit voir avec une vive satisfaction que sa cause devient la cause de tous les archéologues et artistes chrétiens et que partout les ‘Annales archéologiques’ se fraient un chemin, soit par elles-mêmes, soit par l'organe de leurs descendants. Nous espérons bien que ceux d'entre nos compatriotes qui n'osent aspirer aux avantages d'être abonné aux ‘Annales’ par suite du prix de l'abonnement, se feront souscripteurs à la revue de M. l'abbé Corblet.

Nous remettons à la livraison prochaine de notre revue le compterendu des autres notices bibliographiques du Ier no de la Warande néerlandaise, pour laisser encore quelques moments la parole à l'honorable directeur de la ‘Revue de l'Art chrétien’:

Le titre de ce nouveau Recueil archéologique et artistique en indique assez le but et les tendances pour que nous soyons dispensé de formuler un long programme. Nous nous bornerons donc à exposer sommairement les motifs qui nous ont engagé à fonder cette publication, conçue en dehors de tout esprit de spéculation lucrative.

Vingt années se sont à peine écoulées depuis que l'art du moyenâge a été, en France, l'objet de sérieuses investigations, et déjà nous sommes au niveau de l'Angleterre qui nous avait devancés dans ses actives explorations. De courageux pionniers de cette science nouvelle ont ouvert des voies inconnues jusqu'alors; de nombreux disciples ont marché à leur suite; ils ont dressé 1 inventaire raisonné de toutes les richesses artistiques de nos provinces. Ils sont parvenu à fonder l'enseignement archéologique, en même temps qu'ils assuraient un respect protecteur aux gloires du passé et qu'ils concouraient à la renaissance de l'art catholique.

Dès que l'archéologie religieuse, en précisant un certain nombre de principes incontestables, eut pris rang parmi les sciences positives, elle trouva un favorable accès dans les académies, dans les sociétés savantes, dans les revues littéraires et même parfois dans la presse quotidienne. Elle eut des organes spéciaux qui exploitèrent avec une louable ardeur le domaine historique de l'art chrétien; ces recueils archéologiques, ces annales des sociétés savantes de Paris et de la Province, les nombreuses publications qui, depuis trente ans, ont paru en France et à l'étranger, sont certainement d'importants et précieux éléments d'études: mais, pour diverses raisons qu'il serait trop long d'énumérer, ils sont souvent inaccessibles à ceux qui auraient le plus besoin d'y puiser des enseignements: aux prêtres et aux artistes. Le moment était donc venu d'entreprendre une publication accessible à tous, par son prix modique, et qui puisse résumer, dans des articles substantiels, toutes les connaissances acquises, mettre au grand jour de la publicité des découvertes et des travaux dont les résultafs sont

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consignés dans les mémoires des sociétés savantes, qui ne franchissent guère le seuil de leur province. Notre Revue a donc pour but de populariser l'archéologie chrétienne; de la rendre palpable et pratique par de nombreux dessins; de tenir ses lecteurs au courant de tout ce qui sera écrit, peint, sculpté ou bati selon les saines traditions de l'art chrétien. Tout en professant une vive admiration pour les chefs-d'oeuvre du moyen-âge, et surtout du XIIIe siècle, la Revue n'aura aucune prévention exclusive pour toute oeuvre d'art animée d'un esprit vraiment religieux, quelles qu'eu soient la date et la nationalité.

La Revue de l'Art Chrétien ne saurait être ni une concurrence à prix réduit, ni une rivalité littéraire pour les éminentes publications qui jouissent de l'estime du monde savant; c'est un nouvel auxiliaire qui, comme ses devanciers, a sa raison d'être, et prend une place inoccupée jusqu'alors, en circonscrivant ses études archéologiques dans le domaine religieux et en s'occupant également des modernes manifestations de l'art chrétien.

En nous restreignant dans cette spécialité, nous n'en aurons pas moins un vaste champ à parcourir: outre les questions d'histoire et de plastique, nous traiterons de la philosophie de l'art. La science liturgique nous expliquera les symboles peints ou sculptés, et la théologie nous viendra parfois en aide pour nous développer les sublimes enseignements qu'ont traduits les oeuvres des artistes catholiques.

La Revue de l'Art Chrétien, dirigée dans cet esprit, s'adresse aux membres du Clergé qui, en raison de leurs augustes fonctions, sont les conservateurs-nés des monuments religieux, et sont appelés à diriger ou à surveiller les travaux de restauration et d'embellissement et parfois la construction de nouvelles églises; aux Architectes, aux Sculpteurs, aux Peintres, à tous les Artistes qui ont à coeur d'imprimer à leurs oeuvres un caractère véritablement chrétien; elle s'adresse également aux hommes du monde qui consacrent leurs loisirs à l'étude de l'histoire et de l'archéologie.

La Revue embrassera dans ses études les matières suivantes:

1o.Archéologie: Esthétique, - Histoire de l'art, - Architecture, - Sculpture, - Toreutique, - Orfévrerie, - Ferronnerie, - Glyptique, - Numismatique, - Céramique, - Peinture, - Émaux, - Mosaïques, - Tapisseries, - Aneiens tissus, - Vêtements sacerdotaux, - Vases sacrés, - Liturgie artistique, - Iconographie, - Sépultures, - Musique et plainchant, - Poésie religieuse du moyen-âge, etc. - Outre les articles inédits que nous publierons sur ces diverses branches de l'art, nous donnerons l'analyse ou la traduction des plus importants travaux de cette nature qui paraîtront en Angleterre, en Allemagne, en Hollande et en Italie.
2o.Application des principes de l'esthétique chrétienne à l'art moderne, pour tout ce qui concerne les sciences ecclésiologiques, depuis la construction des églises jusqu'à l'imagerie populaire. Cette partie de notre oeuvre est la plus importante à nos yeux, parce qu'elle a pour but d'exercer une action salutaire sur l'art contemporain, d'encourager les intelligentes imitations du moyen-âge et de proscrire les trop nombreux pastiches, où l'ignorance le dispute au mauvais goût.
3o.Mélanges et chronique: correspondance, nouvelles, découvertes, actes de vandalisme, restaurations, nouvelles constructions d'églises romanes et ogivales, mouvement archéologique, industrie ecclésiologi-

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que, travaux des sociétés savantes, congrès scientifiques, programmes des concours d'architecture et d'archéologie, documents inédits, expositions de peinture, nécrologie, etc.
4o.Bibliographie. La Revue rendra compte des principales publications archéologiques de la France et de l'étranger.

Mélanges.

M. Didron Aîné au directeur de la ‘Dietsche Warande’.

Paris, le 20 nov. 1856.

Monsieur et bienveillant ami,

 

Nous avons trouvé à Brou, dans l'église, le caveau où sont ensevelis: Philibert-le-Beau, duc de Savoie; Marguerite de Bourbon, sa mère; Marguerite d'Autriche, sa femme. Le tombeau de Philibert est seul bien conservé. Ceux des deux Marguerite sont effondrés par le bas. Les 3 cercueils sont en plomb, posés sur des tréteaux en fer. Ceux de Philibert et de Marguerite de Bourbon portent des inscription sur le couvercle; celui de Marguerite d'Autriche a une inscription sur cuivre, plantée devant la tête du cercueil. Ces inscriptions donnent la date de la mort: 1483 pour Marguerite de Bourbon; 1504 pour Philibert; 1530 pour Marguerite d'Autriche.

A la fin de ce mois de novembre, aura lieu dans l'église de Brou une cérémonie religieuse accomplie par Mgr l'évêque de Belley, en présence d'un ambassadeur de Sardaigne, pour replacer les débris dans des cercueils nouveaux.

De l'architecte, Van Boghem, nous n'avons trouvé aucune trace dans l'église; les seules archives de Bourg et de Lille en font mention. Je fais copier à Bourg et à Lille tout ce qui concerne la construction de l'église de Brou.

 

Bourg est une petite ville, chef-lieu du département de l'Ain. Cette ville possède une église paroissiale qui s'appelle Notre-Dame, mais qui n'est pas l'église de Brou. - Un des faubourgs de Bourgs s'appelle S. Nicolas. A l'extrémité de ce faubourg est assise une ancienne église conventuelle, aujourd'hui église du grand-séminaire du diceèse de Belley. Cette église est précisément celle qu'ont bâtie Marguerite d'Autriche et l'architecte Van Boghem. C'est celle qu'on appelle église de Brou, du nom même du lieu; ou bien encore S. Nicolas-de-Tolentin de Brou, nom du patron; ou bien enfin Notre-Dame de Brou, parce que la Ste Vierge y était spécialement honorée. De l'église paroissale Notre-Dame de Bourg à l'église cx-convenluelle de Brou, il y a moins d'une demi-lieue. C'est à Notre-Dame de Brou et non à Notre-Dame de Bourg que nous avons trouvé la sépulture du prince de Savoie, de sa mère et de sa femme, la célèbre Marguerite d'Autriche.

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Discours
De S. Em. le Cardinal-archevêque de Cologne
prononcé à la dernière séance de la réunion générale des sections de l'association allemande pour la rénovation de l'art chrétien.Ga naar voetnoot1)

Messieurs,

 

Le but que vous vous proposez, celui de favoriser le retour des arts aux principes du christianisme et de le faire sous la protection de l'Eglise, de concert avec l'épiscopat, est vraiment beau, et vous avez choisi une route qui vous y conduira infailliblement. Il n'est personne qui ne sache que depuis la grande séparation des peuples, par laquelle le monde païen descendit dans la tombe, tandis que l'Europe se retrempa sous les nouvelles nationalités chrétiennes, l'Eglise seule sauva les sciences et les arts, et les conserva pour les générations naissantes. En effet, tandis que les destinées des peuples flottaient incertaines au souffle des guerres incessantes, les sciences et les arts trouvèrent un asile au sein de l'Eglise, et l'on vit, par exemple, les trésors scientifiques des anciens, copiés par la main laborieuse des paisibles habitants des cloîtres, non seulement conserver leur langue et leur esprit pour la postérité, mais recevoir l'ornement d'images magnifiques autant qu'ingénieuses.

Nous savons comment les Evêques et les Abbés, les prêtres et les moines cultivèrent les sciences et les arts, qui partout eussent péri si les écoles des cathédrales et des couvents ne les eussent conservés et perpétués. On vit même plusieurs Evêques et Abbés tracer le plan et diriger la batisse des cathédrales et des églises (je rappellerai ici seulement Walther, évêque de Spire, et Bennon, évêque d'Osnabruck), et créer des écoles longtemps florissantes pour la construction des édifices religieux, celles de Spire et de Strasbourg par exemple. D'autres surent modeler et ciseler de leur propre main des chefs-d'oeuvre de l'art plastique, ouvrages en fonte ou en sculpture: tel fut Bernward de Hildesheim; des prêtres et des moines enrichirent les temples de tableaux où la fraîcheur du coloris le dispute à la beauté du sentiment, ou d'images sculptées de la Mère de Dieu et des Saints, au riche et profond symbolisme. D'autres, enfin, produisirent des chefs-d'oeuvre d'orfévrerie, ou donnèrent l'impulsion aux métiers pour la confection de parements ecclésiastiques qui fussent, par leur beauté, dignes de la maison de Dieu. Ce fut, personne ne l'ignore, l'un des plus grands Papes qui régularisa le chant ecclésiastique de telle sorte que ce chant, tel qu'il l'avait fait, s'est conservé jusqu'à nos jours, et que sa sainte dignité et sa profondeur sévère l'a rendu à tout jamais le modèle de la véritable musique d'église. C'est ainsi que, de tout temps, l'Eglise professa l'art, et que les artistes - prêtres et laïques - travaillèrent sous sa tutelle maternelle et sous son inspiration.

Plus tard cependant d'autres temps amenèrent un autre esprit

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Quittant et reniant le sol de l'Eglise, l'art se répandit dans le monde; il voulut retourner vers l'antiquité, se réformer ou renaître (c'est ainsi qu'on s'exprimait) par le paganisme et par les formes païennes. Dès lors les arts ne tendirent plus à représenter le monde du christianisme en Dieu, mais à reproduire le monde dans sa vie selon la nature, sans Dieu: l'art voulut être son but à lui-même. S'étant ensuite essayé de différentes manières et pendant longues années dans un cercle d'action profane, demeurant toujours mondain et devenant parfois païen, il finit par entreprendre d'envahir l'Eglise et d'y mettre en honneur ses sentiments mondains et ses formes païennes. Il en résulta que l'on vit se poser dans nos temples, à côté des dernières productions chrétiennes d'un âge meilleur, des choses sans nom qui n'étaient chrétiennes ni par l'essence, ni par la forme. Qui pourrait s'en étonner? l'esprit de l'Eglise ne présidait pas à ces efforts. A côté de constructions qui permettaient encore de découvrir en elles la maison du Seigneur, nous en vîmes surgir d'autres qui, quoique édifiées selon les règles de l'architecture, plaisant par leur forme, et étant propres à devenir des lieux de réunion profane, des auditoires ou des salles de concert, manquaient de tout ce qui constitue uue église. D'où provenaient ces aberrations? On en trouvera l'explication dans cette maxime: Quand on ne sent pas vivement qui est Celui pour lequel on construit le temple, quand on n'est pas intimement pénétré de la majesté de Celui qui doit habiter dans le tabernacle et de la sublimité sévère des actes liturgiques qui s'y font pour sa glorification, on n'est jamais capable de construire une église. C'est par suite du même engouement qu'on nous a infligé, sous le nom de Saints, tant de figures peintes ou sculptées selon toutes les règles et usages de l'art classique, et où l'on peut voir, si l'on veut, des héros et des héroïnes, mais où il est impossible de reconnaître les serviteurs et les servantes de Dieu. La raison de ees tristes méprises est celle que je disais tout à l'heure: celui qui ne sait pas comprendre la vie et les sentiments des Saints ne saura jamais les exprimer; celui qui ne sait pas prier les Saints tentera vainement de les peindre. On nous a donné aussi de nouveaux cantiques, bien limés, bien rimés, mais dont le contenu est d'un vide effrayant: réflexions morales fades et froides, sans fondement dogmatique et sans foi, du moins sans cette foi vive qui s'est épanchée à travers les siècles dans ces hymnes et dans ces proses magnifiques qui font encore notre joie, et voilà pourquoi ces nouveaux chants religieux sont si complétement dépourvus d'ardeur et de véritable lyrisme. Et que dirons-nous de ces messes faites pour les salles de concert, très propres à éveiller la sensualité, mais non le sentiment religieux, à remuer le coeur, mais non à lui inspirer la prière, à l'élever vers Dieu? Les fidèles jugent ces messes en disant qu'elles distrayent et empêchent de prier, et ainsi le bon sens populaire les apprécie déjà à leur juste valeur. L'explication de ces productions monstrueuses est fort simple encore: celui qui veut composer une messe ne doit pas être étranger à la signification et aux profondeurs incommensurables du sacrifice de nos autels; car l'homme qui ne sait pas se prosterner de corps et de coeur devant le Dieu présent à la consécration essaiera en vain de composer une messe; jamais il ne parviendra même à chanter une messe véritablement inspirée par l'esprit catholique.

Voilà donc ce que l'art dévoyé fournit à l'Eglise de temples d'images, d'ornements et de chants. Mais, Dieu merci, un autre solei'

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s'est levé. On a commeneé à voir qu'au milieu de tant de prétendues richesses artistiques on était tombé dans la dernière et la plus déplorable pauvreté; et ce mal une fois senti', on a cherché le remède. Çà et là l'architecture a entrepis de réparer ou d'achever, conformément aux bonnes traditions, les vieilles cathédrales, elle construit de nouvelles églises conformes aux exigences du culte du Seigneur qui les habite, l'art de l'ornementation a su les embellir de meubles et de vases dignes de leur destination. Nous avons la joie de voir les magnifiques broderies, les habits liturgiques des temps anciens se reproduire sous des mains pieuses autant qu'habiles. La peinture et la sculpture ont prouvé par des oeuvres charmantes et par des oeuvres grandioses que le monde des saints ne leur était pas fermé pour jamais. La poésie et la musique religieuses ont commencé à se ressouvenir de leur haute mission, et on voit reparaître les splendeurs trop longtemps voilées qui ont jeté un si grand éclat dans l'Eglisé pendant les siècles écoulés depuis saint Grégoire.

Or, c'est pour assurer le développement de cette rénovation dans l'architecture, la peinture, la plastique, la poésie et le chant religieux, que votre honorable association s'est constituée. Vous voulez que l'art regagne la conscience de sa sainte mission, qui est de glorifier Dieu, de louer ses saints, d'embellir le culte pour l'édification des fidèles. Le but de votre association est, en résumé, de rendre les arts chrétiens. Pour cette belle oeuvre, l'Eglise et son Episcopat vous dispensent sa bénédiction: car ce que vous voulez l'Église le veut aussi. L'Eglise veut que l'art soit chrétien, tel qu'il l'a été jadis pendant un si grand nombre de siècles. Mais notre intention n'est pas, comme on pourrait nous le reprocher, de ressusciter l'antiquité catholique dans son ensemble; de reproduire, de copier servilement et sans jugement. Ce que nous voulons, c'est que l'art quitte les voies du paganisme dans lesquelles il s'est engagé, et qu'il ne lui soit plus permis d'entrer dans le sanctuaire avant d'avoir opéré sa conversion; nous voulons revenir aux saines traditions des âges de foi, nous en approprier les principes dans ce qu'ils avaient de plus élevé; nous voulons développer ces principes et produire de nouvelles créations selon l'esprit des anciens. Mais, pour en venir là, il nous faut avant tout recouvrer et nous incorporer l'esprit chrétien et catholique, cet esprit qui vivifia les arts lorsqu'ils élevèrent et décorèrent si admirablement nos magnifiques cathédrales, soit romanes, soit ogivales. On y retrouvait partout ses inspirations: des autels elles se communiquèrent aux tableaux et aux statues, aux calices et aux ciboires, aux ostensoirs et aux reliquaires; et depuis les vêtements sacerdotaux jusqu'aux bainières, depuis les croix jusqu'aux encensoirs au bas de l'autel, tout s'en ressentait: partout c'était le même art, la même splendeur, la même vérité. Partout on reconnaissait cette esthétique, cette foi qui voit dans l'Eglise la maison de Dieu, et qui construit et orne cette maison comme un édifice que Dieu lui-même habite. Aussi, dans ces églises, soit qu'il prie, soit qu'il chante, soit qu'il contemple, le chrétien se sent en présence de l'Eternel et élève son coeur vers lui. L'art alors, dans l'humilité de son recueillement, avait la conscience que, si grand qu'il soit, dans l'Eglise il doit servir et non pas commander, et que la religion seule y est souveraine dans la plénitude de sa majesté; il savait, il n'oubliait jamais que le très saint sacrifice est le grand centre vers lequel convergent toute prière et tout cantique; que, par conséquent, le compositeur d'une messe doit

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contenter du rôle d'auxiliaire, et qu'enfin, plus il s'attache à la grande action avec humilité et recueillement, plus aussi il y a d'art et de vérité dans son oeuvre.

Tels furent les principes qui guidèrent nos aïeux, et ce fut par la foi qui illuminait leur art qu'ils produisirent tant de chefs-d'oeuvre en architecture, en sculpture, en peinture, en parements et en musique religieuse. Ce sont là aussi les principes que nous nous efforçons de faire prévaloir dans toute leur étendue, et que doivent s'approprier nos artistes; qu'ils étudient les oeuvres de leurs pères; qu'ils se pénètrent de la foi qui les inspira; que cette foi domine leur coeur et leur intelligence. Voilà ce que nous demandons. Tel est notre but; tendre vers cette fin, en favoriser de toute manière la réalisation, voilà ce que votre association se propose. Ce projet, Messieurs, est beau et digne de vous! L'Eglise et l'épiscopat vous encouragent à poursuivre votre oeuvre. Continuez donc, ne vous lassez pas dans vos efforts, et le Seigneur, dont vous défendez la cause, vous dispensera sa grace; c'est pour vous obtenir ce divin secours que je vous donne de tont mon coeur la bénédiction épiscopale. Poursuivons notre route sous la devise: Domine, dilexi decorem domus Tuoe et locum habitationis glorioe Tuoe. -

 

IL S'AGIT DE LA GLOIRE DE DIEU: QU'ELLE LUI SOIT RENDUE PARTOUT ET TOUJOURS!

voetnoot1)
Voir le tome Ir du Middelaer, l'organe historique et littéraire de notre respectable ami M. le chan. David, professeur à l'université de Louvain. Il est bien regrettable que cette excellente revue ne s'est publiée que pendant de courtes années.

voetnoot1)
Voir ‘Warande’, partie française, I, pag. 86.
voetnoot1)
Voir Warande, partie franc. I, p. 30.
voetnoot2)
Voir, pour de plus amples détails relativement à ces héros vraiment populaires dans tous les Pays-Bas page 42-43 de notre Littérature néerlandaise. Dans la ville d'Amsterdam, où les souvenirs du moyen âge sont si rares, nous connaissons encore deux bas-reliefs du XVIIe sièele représentant les fils Aymon sur leur cheval Bayard, et nous avons une tour qui porte le nom du château du plus vaillant des frères, Renaut de Montalbain.
voetnoot1)
Voir tome Ier, pag. 71.

voetnoot2)
Malheureusement ceci n'est pas d'une parfaite exactitude. L'Ecclesiologist, à notre avis, est trop indulgent envers la matière privilégiée de Tubalcaïn.

voetnoot1)
Traduction du journal l'Univers - sauf quelques rectifications légères, pour lesquelles nous nous fondons sur le texte original, tel que l'excellent Organ für christliche Kunst l'a reproduit, dans son no du 15 Sept. 1856.

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