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De Gemeenschap. Jaargang 1 (1925)

Informatie terzijde

Titelpagina van De Gemeenschap. Jaargang 1
Afbeelding van De Gemeenschap. Jaargang 1Toon afbeelding van titelpagina van De Gemeenschap. Jaargang 1

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Genre

proza
poëzie

Subgenre

tijdschrift / jaarboek


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

De Gemeenschap. Jaargang 1

(1925)– [tijdschrift] Gemeenschap, De–rechtenstatus Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd

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Le quinze Juillet

Je rentrai à Paris chez moi après trois ans d'absence. Je retrouvai les choses comme je les y avais laissées. J'avais dans une malle des draps neufs. Je dormis bien. Je fus réveillé, a l'aube, par les petites trompettes des voitures de légumes, mais je restai au lit. J'inspectai les murs, le plafond; puis je regardai autour et fus un peu honteux d'un tas de vieilleries qu'il y avait dans tous les coins. Mais j'étais bien, exquisement bien dans ce bon petit lit a corniches grises, et je restai ainsi trois heures a entendre la pluie se pelotonner doucement sur le zinc.

En regardant du coté de la porte je vis qu'une corne bleue dépassait. Une lettre. La curiosité de voir ce que cela pouvait être me fit lever. Ce n'était rien. J'ouvris la fenêtre et vaquai a diverses petites besognes qui étaient de mon train de vie d'autrefois. En cherchant bien je retrouvai du thé, du biscuit de mer, de l'alcool a brûler. Aussi, applaties dans des partitions, des vieilles cigarettes bleues. Après avoir siropté mon thé je fumai ces cigarettes délicieusement l'une après l'autre pensant a ce que j'allais faire. Je regardais ma table. Il y avait, sous un papier, Aristoxène ouvert ainsi que Meybom: dans un buvard grenat mes photographies du chapitre XV du commentaire de Porphyre aux Harmoniques de Ptolémée. Tout cela était bon et agréablement sollicitant, mais avant, comme le jour était pauvre, je nettoyai mes fenêtres. Egalement je refoulai la poussière dans la cheminée et fis un feu de journaux.

Je me sentais neuf et plein de courage.

J'avais devant moi les éléments d'un travail qui'il m'était cette fois possible de faire bien et sous une forme concise et agréable tout de suite. En cours de route et grace aux livres que les hasards avaient jeté sur mes pas il m'avait été donné de mettre au net les coins les plus rebeles de cette science. Je portai les yeux sur un passage qui avait été mon désespoir: il n'y avait plus rien que je ne comprisse parfaitement. Je commencai et aussitot je vis que ma rédaction sortait bien. A l'imprimé, me dis-je (et je voyais le format, je sentais l'odeur du brochage) ce sera ravissant: tout le monde en voudra: en 20 jours l'édition sera épuisée. Et ma main courait comme si une autre main l'eut tenue orientant mes tournures vers la fraicheur.

Je m'appliquai ainsi et toujours avec ce bel entrain 8, 10 jours.

Dehors il n'arrêtait pas de pleuvoir. Le corridor était moite et suintait. La rampe se déchaussait. Dans la cour des corniches de vieux plâtre - toutes les maisons de cette rue sont en style pompéien - se désagrégeaient et tombaient risquant d'assommer de vieux gros chats engourdis par l'humidité qui se poussaient toujours plus pour

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n'être pas mouillés mais finissaient par l'être et dormaient quant même en immobilisant une expression contrariée.

Or un Dimanche cela cessa; et il fit en trois jours une chaleur convenable: en 8, 10 jours une chaleur torride.

Je n'arrêtai pas. J'avais eu, relisant mes premières pages, le sentiment d'avoir oublié quelque chose. Comme la matière qui en faisait la consistance était ardue et n'aurait pas pu être introduite sans préparation, j'aurais, si je l'avais simplement inserée dans mon texte, gaté mon commencement si bien établi, si frais. Je ne pouvais, d'autre part, me dispenser d'y faire allusion. Je tournai la difficulté en composant une note. Ce fut ardu, terrible. Une note se peut avoir 12 pages, et il y avait déja dans ces 12 pages la quintescense de 200 pages. Alors que faire? Je pris le parti de me sauver dans la campagne. J'allai par Chaville et Vélisy me perdre dans de grandes étendues de terre blanche et de terre rouge. Je m'arrêtai à Saclay où je connaissais une auberge. Je restai là huit jours à regarder les libellules planer sur des bouts de fer et les juliennes. Enfin, me sentant mieux, je recomposai en écriture serrée toute ma note en une page et quart. On comprendra ou on ne comprendra pas, me dis-je, mais dans cette note il y a tout: elle est parfaite. Je payai assez cher ma dépense a l'auberge et rentrai chez moi pour coller tout de suite ce bout de page à sa place. En réalité je ne fus à Denfert-Rochereau qu'après minuit. Je m'étais intéressé a des chevaux de bois entre des tilleuils odorants et avais du prendre le train, laissant ma bicyclette en consigne.

Le lendemain je ne fis qu'écrire.

Le surlendemain je ne fis qu'écrire.

Dix jours de suite je ne fis encore que cela.

Finalement ma bibliothèque entière me tomba sur la tête et je mourus. Huit, quinze heures après je revins a la vie avec une soif énorme. J'allai à Montparnasse. Je trouvai la Ortiz, Abdul, de Frémminville, Laurent, Zawadowsky (un homme tel que l'on peut faire cinq fois le tour de la terre avant de recontrer son semblable), de l'Orbe, Beer, Arnolds, O Connor, L. de Loudinof, Bruks, Brooks, Leonardi, Conrad Beerly de Saint-Gall, Wladimir Péclard, Rosset, Frau Doktor, Adams, le céleste Adams, Ko-Ni-Tsin, Fussoyama.

Dix sept verres se trouvaient sur la table. J'en pris un et, bien qu'il n'y eut aucun suedois parmi nous - il y avait un norvégien mais gare à qui confond un norvégien avec un suédois - je dis:

- Sköl.

Et j'ajoutai ce qu'il faut ajouter a moins d'encourir le risque de passer pour un intrus dans le quartier:

- Din sköl och min sköl och alla vachra sköls!

Il y avait, au mur, des toiles et quelques unes boinnes, mais qui ne re-

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présentaient rien qui semblat motivé par une appétence réelle des spectacles qui y étaient figurés. Les êtres simples quand ils dessinent des anges ou des chemins de fer les font quelquefois miraculeusement beaux. Ils les font ainsi d'abord parce qu'ils bruitent, ou, d'une facon ou d'une autre élancent leur désir de leur être. Moi je ne voudrais chez moi une nature morte représentant des fruits ou un gigot que si de telles images avaient été tracées par des êtres assoiffés de fruits ou délirants de faim au point de se jeter sur le premier mouton venu pour en dévorer l'arrière train.

Le sujet, au contraire de ce qui a été dit pendant les 50 dernières années me parait être la seule valeur importante en art.

Personellement, de toute la peinture de nôtre époque, je n'aime qu'un plafond qui se trouve dans un petit bar qui se trouve dans la rue du Chevalier de la Barre et qui est l'oeuvre d'un grand catholique.

Comme je faisais ces réflections, des gens douteux qui pouvaient être des faux Bourbons mélangés de rentenmark entrèrent laissant persister un courant d'air aussi antipathique qu'eux mêmes. Non contents de nous atteindre par ce couperet d'en bas et de renverser, en s'excusant trop, du café crème dans notre direction, ils émirent, a ce que je me souviens, une prétention de participer dans la mesure ou la fausse idée qu'ils se faisaient de notre entrain semblait devoir les y autoriser. Pour ma part je m'absentais une minute. Mais ou je voulais aller il y avait une brouette et de gros trous avec des sacs et des planches, en sorte que je préférai gagner la rue.

A neuf heures j'etais de nouveau chez moi, mais je n'avais pas mangé. J'allai dans un petit restaurant du voisinage.

- Avez vous de la saucisse Toulouse?

- Plus de saucisse Toulouse.

- Donnez moi une entrecote Bercy et des pommes soufflées.

- Plus de Bercy et pas de soufflées.

- Donnez moi alors n'importe quoi: du jambon et une salade de pissenlit avec oeuf dur.

- Pas de salade et plus d'oeuf dur.

Il me semblait qu'il y avait de l'allégresse dans ces réponses. La colère, sentiment cultivé chez mes ascendants qui en avaient eu le droit et le devoir ayant des porteurs d'eau à malmener et qui, trois siècles durant, n'eurent jamais le dessous en Asie mais qui, a Paris, de nos jours, est tellement inopportune qu'elle presque attrayante, ne gonflait les tempes. Je leur dis plusieurs choses dont l'une, immédiatement, se retourna contre moi. Je leur dis qu'en Italie non seulement a 9 h. il y avait de tout, mais qu'a 10 h., 11 h., et même a 4, 5 h. de l'après midi l'on pouvait manger et fort bien et que tout le personnel était debout pour vous servir. L'on me répondit ce que j'avais entre-

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vu pendant le temps même que je parlais, a savoir que si je me plaisais en Italie je n'avais qu'a y rester. Mais cela ne fut pas dit ainsi. Cela fut dit avec beaucoup de calme, je dirai même avec un certain respect que me valait, fin de comptes, l'étrangeté de mon manteau et du petit col de renard que j'y avais fait coudre. Quand j'eus mangé ce qu'il y avait a savoir du veau froid avec de la chicorée tiède, la patronne qui était une ample dame en bleu ciel descendit de son comptoir pour me dire combien elle aimait l'Italie ou son fils était élevé chez les Jesuites. (On peut avoir, dit elle, les opinions que l'on voudra, mais l'instruction est l'instruction) avec ses neveux, car sa fille et son gendre habitaient Novarre ou ils tenaient une fabrique d'épingles de sureté

- Ce qu'il y a dans ce pays c'est le ciel. Jamais je n'oublierai ce ciel. Et puis les monuments et cette langue qui est une musique!

J'eus en sortant l'idée d'aller travailler, mais je n'étais pas content de mes dernières chapitres et ma bibliothèque était par terre.

Je me laissai descendre jusqu'a la Gare du Nord. Ensuite je pris le métro jusqu'au Chatelet. De là je me balladai, trainant les pieds dans de vieilles rues.

Vers minuit j'étais assis contre un grille polie au fond du quartier juif.

Jamais le rue n'est si belle que la nuit quand le pavé est encore tiède et que les maisons pleines de fillettes a bottines blanches et de gens moites refont, désesperées de chaleur, Antioche. L'on n'entend rien sinon, toutes les 17 minutes, le virage cataclismique de l'autobus. On lit: Rue du Rosier, aussi Restaurant en lettres juives qui sont brunes comme du mauvais jaune d'oeuf.

Devant le temple des billettes il y a un banc.

Un homme grogne.

‘Je sais bien .... Je vous dis .... je sais très bien .... vous êtes très forts, .... je vous remercie quant même .... je vous dis m .... l'enseignement c'est l'enseignment .... oui c'est oui ....’

Une femme et un vieillard traversent la rue. Ils tierment a peine. Leurs enfants, princiers par la tenue - le respect de l'ivresse et, dès cet instant, une initiative, improvisent ce miracle - marchent a une distance calculée. Ils ont des clefs et parlent de choses a eux dans un français expansif et correct.

Plus la nuit s'avance plus il fait lourd, plus on se sent étreint comme si d'immenses bêtes feutrées voulaient progressivement vous ôter le sang et vous tuer. On veut fuir. On craint le moment ou l'on n'aura plus le sens de le faire. Mais fuir c'est abandonner cette chose précieuse et douce et fine plus que tout ce qu'il y a de précieux de doux et de fin au monde qu'est Paria a ce moment énorme. Mourir, d'autre

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part, la nuque plantée dans un tesson d'eau minérale tandis que la vierge aux voiles sorbétiques vour aspire n'est pas encore ce qu'il faut. Je sais une gare. J'ai l'heure précise d'un train: un but: retirer ma belle bicyclette bleue laissée en consigne dans la banlieue. Oui, tout a coup, l'idée de grands frais qui s'amoncelent m'irrite. Béni soit Adonaï qui a mis dans le coeur de l'homme la colère de ses intérêts qui le fait vivre. Je pars, je dors un peu, j'arrive.

Il est minuit trois quart. Je donne a un employé qui tourne des disques dans des haricots mon récépisse et beaucoup d'argent. Il me remet mon véhicule. Je roule 200 mètres de voie bitumée jusqu'à un carrefour ou croise une chaussée d'ancien pavé royal. Après le bitume recommence. Il est exquis. Le rouleau vient de passer. Les blés célèbrent Dieu. Le lune jette. Voici 5, 6 villages et après, dans la vitesse qui ne coute rien, une fêrot, des cressonnières, un viaduc ou passe, tout petit, a cause de la Lune qui le communie entièrement, le train, (a Quahuatexil-de-Santa-Luisa le contraire se passe; c'est le train entier qui stoppe et reçoit, d'un évèque indigene, l'hostie petite ronde et blanche). Huit Kilomètres encore et voici un autre village comme ceux que je viens de traverser. Une place, un débit de tabac, une église, une mare. C'est là que stupide d'air je m'arrête. J'essaye de résumer. Je m'assieds sur le mur de la mare. Je roule une cigarette. Je la fume. La lentille de la mare est si épaisse que la pierre que j'essaye de lancer dans l'eau s'y pose et reste au lieu de s'enfoncer. J'admire ma bicyclette. Elle n'est plus bleue: elle est de marcassite. La lune est si ardente que je vois très nettement sur le cadre ses armes bien peintes qui sont celles de la ville de Monza. Ce petit héraldisme m'inspire des hardiesses. Je vois que la porte de l'église est entre-ouverte. J'entre. L'harmonium n'est pa fermée a clef. J'ôte une fourre de soie brodée qui recouvre le clavier. Je tire le faux-bourdon; je tire la harpe éolienne et la sourdine. Je tire aussi l'expression pour avoir le souffle au bout du pied. Je me sens très coupable d'oser toucher à ces choses la nuit.

J'ore néaumoins jouer. J'écoute ce qui sort. De très beaux sons dans une haleine de poussière et d'os retrouvent le credo de Lully qui est du plain-chant Vécu: du vrai plain-chant de routes, de blé, de chevaux de Lune. Une ancienne odeur de pain bénit m'approuve. Aussi une tète polynesienne blanche qui depuis neuf siècles de morts et de vivants tient la voute. Vraiment personne n'entend rien. Le village est liuré a la Lune, a elle seule. Vraiment s'il y a quelque part des gens ils dorment et si profondement que leur présence n'est pas plus à redouter que s'ils étaient en roking-chair en train de se balancer dans les canaux de Mars.

Cépendant je m'en vais. A quelques Kilomètres un arbre cassé me

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barre la route. J'y cueille des petites poires que je mets dans ma poche. Un peu plus loin je prends du répos dans la salle d'attente d'un chemin de fer économique. On appèle ainsi des chemins de fer qui ont l'écartement Decauville et qui desservent de grandes étendues dans la Bauce ou la Vendée. Au petit jour des gars arrivent avec des caisses a lait qu'ils jettent, a grand fracas, les unes sur les autres a un endroit précis ou doit les prendre le train.

Vers 6 heures quelque chose craque dans le mur. Un guichet se révèle. Je vois une très jolie tète poudrée. Je dis:

- Mademoiselle!

- ................

- Mademoiselle!

- Hé?

- Voulez vous cette rose?

C'était une rose artificielle que j'avais trouvé dans l'harmonium.

- C'est pour enregistrer. Je vais vous donner de la colle.

- Non .... je vous aime.

 

Paris.

CHARLES ALBERT CINGRIA.

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illustratie
DE BEWEENING VAN CHRISTUS · LINO NAAR EEN SCHILDERIJ VAN HENK WIEGERSMA DOOR OTTO VAN REES



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