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Maatstaf. Jaargang 24 (1976)

Informatie terzijde

  • Verantwoording
  • Inhoudsopgave



Genre

proza
poëzie
sec - letterkunde

Subgenre

tijdschrift / jaarboek


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Maatstaf. Jaargang 24

(1976)– [tijdschrift] Maatstaf–rechtenstatus Auteursrechtelijk beschermd

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Portfolio Cyril Vassiljew
Jérôme Dumoulin

Le corps robuste, l'habit blanc, l'or de la chevelure et de la barbe, la transparence du regard surtout, composaient, à cette époque, l'image d'un personnage saint dont la beauté plaît à Dieu, et fait trembler les hommes. Cyril en jouait avec innocence et, parfois, avec volupté, à la manière de son père, son double nocturne.

Une des premières femmes qu'il croisa dans l'île s'arrêta, stupéfaite, et lui dit: ‘Tu es le Christ!’ Dans les temps plus anciens, elle se fut jetée à ses genoux. Mais de nos jours, la foi se méfie d'elle-même. Cyril, tout en la relevant, eut peut-être décidé de se faire moine. Pour résister à la tentation du péché d'orgueil. Aline avait une autre sorte de beauté. La beauté d'une devineresse qui vient d'être initiée, se tait et se renferme en elle-même. Il me semble, après tout, que le dieu ou l'esprit dont elle porte les attributs mystérieux ne pourrait être dévoilé impunément. Aline, je l'imagine encore assise sur l'un de ces chars de la Renaissance, menant avec un air grave et ingénu le cortège des allégories. Son trône est simple. Sa mise aussi: elle porte, comme à l'accoutumée, une robe de satin noir ou violet. Un peigne de Venise, en écaille de tortue, retient ses cheveux sombres. Une perle minuscule luit à son doigt. Elle nous fixe en silence, de ses yeux de chat. Sa bouche dessine un sourire imperceptible. On dirait qu'elle va parler. Mais rien! ‘Non capisco, Signora!’ Cyril et Aline sont tous deux issus de la vieille Russie, celle des rites de la Terre et de l'innocence sacrée. Je ne peux m'avancer dans ce monde de l'âme russe, mais qui veut mieux les comprendre devra le faire.

A Venise, ils habitaient sur le campo San Trovaso, à deux pas de ce petit ‘chantier naval’ où l'on peint et répare les gondoles, et que vénèrent tous les amoureux de la Cité des Doges, moins pour les gondoles, que pour le dernier triomphe, en ce lieu, du noir absolu de la Venise baroque.

L'appartement donnait sur le décor théâtral de la place, qu'ils ont peint sur un ‘tondo’, l'un de ces formats ronds qu'affectionnaient autrefois les Italiens. De la cuisine, on surplombait de vieux toits, du côté des Zattere: là, les chats du quartier attendaient en silence qu'on leur jette les restes des ‘scampi fritti’. Mais il y avait dans cet appartement, aux dires de Cyril, d'étranges ‘entités’, qui prétendaient régner en maître sur les lieux et ne pas tolérer d'intrus, qui ruinaient le travail d'un mois en secouant soudain la main du peintre, qui l'arrachaient au sommeil par d'affreuses visions. Bref, l'endroit était hanté par des puissances hostiles. A ces choses-là, Cyril et Aline sont toujours sensibles. Qui voit les anges voit les démons.

Un jour qu'ils dînaient chez un noble Vénitien, dans un de ces palais du Grand Canal, où la vie et le luxe se retirent aux étages supérieurs, abandonnant à l'invasion de l'eau les pièces du bas, Aline vit passer dans un coin du salon une vieille femme vêtue de gris, et venue de nulle part. ‘Ma chère Aline, lui dit son hôte, que je vous envie! Nombreux sont mes amis qui l'ont aperçue, cette vieille. Mais moi, je ne l'ai jamais vue!’

J'ai retrouvé Cyril et Aline chez Montin. Dans l'enclos vert et bleu de la tonnelle, nous avons échangé des baisers et bu la ‘grappa’ aux raisins de Smyrne. Ils étaient devenus, en peu de mois, Vénitiens de coeur, et le sont restés. Cela nous rapproche. J'ai rencontré l'un de leurs amis, grand écumeur des lagunes: une vie partagée entre les bateaux de course, les

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Aline Vassiljew La Petite Fille 1975 35 cm × 87 cm


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Aline en Cyril Vassiljew Ile de Ré Venetië 1972 236 cm × 120 cm


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Cyril Vassiljew Rio St Trovaso Venetië 1974 41 cm × 33 cm


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Aline Vassiljew Peace Regnier Venetië 1974 41 cm × 33 cm


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Cyril Vassiljew La Maison Rose Venetië 1975 41 cm × 33 cm


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Aline Vassiljew La Chaise Longue 1973 61 cm × 46 cm


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Cyril en Aline Vassiljew Ile de Ré La Pointe du Lizay 1973 65 cm × 50 cm


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Cyril Vassiljew La Gondole dans les Marais 1973 46 cm × 33 cm


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maîtresses de rêve et le casino. Ils ont fréquenté l'un des miens, oiseau de nuit logeant un jour dans un palais aux murs tendus de brocart rouge, où l'on venait d'assassiner un comte. Et le jour suivant, au fond d'une ruelle dans une pièce obscure et froide qu'il avait badigeonnée de jaune et d'or, pour se donner du coeur.

Lorsqu'Aline et Cyril allaient sur la lagune faire moisson de lumière et de brume, du côté de Torcello, ils rêvaient de planter pour toujours leur chevalet sur l'une de ces petites îles à l'abandon qu'ils auraient repeuplée de leur présence, de leurs fantômes et de leurs dieux.

Mais c'est dans une grande île de l'Atlantique qu'ils se sont établis après leur départ de Venise. Derrière leur maison, des massifs de fusains et de lauriers, la dune herbeuse et puis la mer sonore et blanche de la ‘côte sauvage’. Les amis se retrouvaient chez eux, le soir, parmi les vapeurs d'encens, les lumières étouffées sous des châles de soie et les orages du Requiem de Verdi.

L'aventure mystique battait son plein, nourrie par la jolie marie-jeanne qui poussait en pot sur le rebord de la fenêtre. Une nuit, Aline me demande quelles images forme, à l'instant, mon imagination.

Je lui décris une plage, une vague en suspens, ourlée d'écume, un quai léché par le flot et quelque part de grands arbres. Alors, elle me dévoile un grand tableau qui correspond trait pour trait à ma description: l'oeuvre amorçait, dans le creuset d'une chambre exotique et nuptiale, la fusion du paysage vénitien et du paysage de l'île, le mariage des eaux, les noces du Grand Canal et de la ‘côte sauvage’.

Ces liens subtils entre Venise et l'île, Aline et Cyril les ont à la fois révélés et multipliés. Ils m'ont convaincu, par un tableau, qu'une gondole était venu s'échouer dans un marais de l'île.

D'avoir, ensemble, peint et signé de grands paysages de rêve - et je les ai vus, dans un silence inspiré, penchés sur le même arbre pour le faire verdir - il demeure entre eux, malgré la séparation d'aujourd'hui, plus qu'un concours d'intérêts ou que l'exceptionnelle connivence de deux peintres: un courant d'échange et d'amour, par quoi la peinture de l'un se nourrit de celle de l'autre, et réciproquement, sans fausse pudeur.

Mais laissez-moi la nostalgie d'hier: les prodiges, alors, remplissaient les lieux que vous habitiez. Les esprits ameutés vous suivaient dans vos périgrinations et se dissimulaient, pour notre plaisir, jusque dans les brins d'herbe de vos tableaux. Cette boule de feu qui s'était aventurée, une nuit, dans votre chambre, vous l'aviez représentée, plus tard, flottant sur un paysage de rochers rouges. Ah! Vos marais sertis de fourrure grise, vos eaux dormantes, vos grèves désertées, je n'aurais pas voulu les explorer pour un empire! A cause de vous, l'île m'a fait trembler de tout mon être. En ce temps-là, vous viviez vos rêves.


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Over het gehele werk

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  • Karl Arnold Kortum

  • Herman Dijkstra

  • Fritzi ten Harmsen van der Beek

  • T.A. Steinlen


Over dit hoofdstuk/artikel

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  • Jérôme Dumoulin

  • Cyril Vassiljew