cienne, alors souveraine, était que cette matière, dans sa conception, ne convenait pas aux étudiants, parfois très jeunes. Cette dialectique était artificielle, inutilement compliquée et, contrairement au but recherché, ne constituait pas une introduction à la pensée scientifique: elle n'avait que trop pris l'allure d'une discipline indépendante. Afin de mieux faire correspondre ce qui était enseigné à l'expérience personnelle des débutants, Ramus proposait des simplifications radicales consistant à ne pas enseigner les règles de la logique dans l'abstrait, mais à ne jamais oublier d'illustrer celles-ci d'exemples concrets empruntés à des textes, à des démonstrations scientifiques ou même à des poèmes. L'essentiel était d'être simple, compréhensible et concret.
Dans un souci de grande concision, Ramus aimait expliciter le texte à l'aide de tableaux, de schémas ou de diagrammes.
La réforme de la dialectique ne formait cependant que la première étape d'une rénovation générale de l'enseignement, qui devait concerner toutes les matières. En dehors de la dialectique et de la logique, Ramus se consacrait activement aux mathématiques, qu'il s'agît de ‘mathématiques pures’ (géométrie et arithmétique) ou de ‘mathématiques appliquées’ (optique, astronomie, etc.), matières qu'il s'efforçait également de rendre plus simples et plus concrètes en n'enseignant par exemple que les règles dont l'application pratique pouvait être démontrée.
Le zèle qu'il mit à promouvoir une réforme fondamentale de l'enseignement universitaire ne lui suscita pas que des admirateurs; il dut aussi compter avec de farouches adversaires. Entre 1543 et 1544, il lui fut officiellement interdit d'enseigner ses théories sur la logique (sur quoi cette tâche fut reprise par son ami et collaborateur Omer Talon, dit Talaeus). Alors qu'il effectuait un voyage d'études à travers l'Allemagne en 1568, sa bibliothèque à Paris fut pillée par la populace. Le bruit courut également que le meurtre de Ramus (qui s'était converti au protestantisme), lors de la Saint-Barthélémy (1572), avait été l'oeuvre de son ennemi juré, Charpentier, professeur à l'Université. Toujours est-il que les protestants comptèrent Ramus au nombre de leurs martyrs.
Frontispice du ‘Scholarum mathematicarum’ de Ramus (Bâle 1569). Ramus offrit cet exemplaire du recueil de ses dissertations mathématiques à son maître Johannes Sturm (Strasbourg), qui le donna à son tour à un élève en 1581 (B.U. d'Utrecht).
La Hieronymusschool d'Utrecht au xviiie siècle, l'une des écoles latines de la République où des ouvrages de Ramus occupaient une place centrale dans le programme. Rudolf Snellius a été élève de cette école. Isaac Beeckman y a enseigné un an, de 1619 à 1620 (B.U. d'Utrecht).