Gaston Eyskens: un ténor de la politique belge
Le 3 janvier 1988, Gaston Eyskens est décédé à Louvain. Il est certainement l'un des hommes politiques belges les plus importants de l'après-guerre. De la fin de la seconde guerre mondiale aux années soixante-dix, il a joué un rôle important dans la vie politique belge.
Gaston Eyskens est né à Lierre en 1905. Il a étudié les sciences politiques et sociales ainsi que l'économie à la Katholieke Universiteit Leuven et à la Columbia University de New-York. Dès 1934, il a été professeur à la faculté des sciences économiques de l'université de Louvain. Eyskens était issu d'un milieu bourgeois qui n'était pas très flamingant. Il entra en contact avec le Mouvement flamand à l'université. En 1934 il entra à la rédaction de la revue Nieuw Vlaanderen (Flandre nouvelle), qui servait de trait d'union entre l'aile modérée du parti nationaliste flamand, le Vlaamsch Nationaal Verbond (Union nationale flamande, VNV), et les flamingants mécontents du parti catholique. En 1936, Gaston Eyskens signa, au nom du Katholieke Vlaamsche Volkspartij (Parti social catholique flamand, KVV), un accord avec le VNV. Cet accord fut toutefois rompu lorsque le VNV afficha de franches sympathies pour le régime nazi allemand.
Ce n'est qu'après la guerre que sa carrière politique démarra véritablement. Au sein du premier gouvernement du socialiste A. van Acker (en 1945), il fut ministre des Finances. Sa tâche consista essentiellement à mener à bien l'opération drastique d'assainissement monétaire lancée par son prédécesseur, C. Gutt. En 1949, Eyskens devint premier ministre pour la première fois. La question royale dominait alors toute la vie politique belge. Sous le gouvernement Eyskens fut organisé un référendum qui trancherait si le roi Léopold III serait autorisé à remonter sur le trône et donc à rentrer de son lieu d'exil, Strobl (Autriche), où il avait été maintenu prisonnier par les Allemands. Après le référendum, le gouvernement démissionna et un gouvernement catholique homogène, dirigé par J. Duvieusart, lui succéda. Au sein de ce nouveau cabinet, Eyskens fut ministre des Affaires économiques et des Classes moyennes. En dépit du fait que ce gouvernement était favorable au Roi, il ne put empêcher
Gaston Eyskens (1905-1987).
l'abdication de celui-ci, provoquée par la grande agitation qui avait gagné le pays. Les royalistes reprochèrent âprement aux catholiques de n'avoir pas pu maintenir le roi Léopold sur le trône et Eyskens, notamment, fut mis sur une voie de garage pour une paire d'années.
Cependant, il revint très vite au premier plan. En 1958 la guerre scolaire éclata en Belgique. Cette année-là, Eyskens reforma un gouvernement catholique homogène. Il débattit alors avec ses adversaires politiques de la question scolaire et aboutit à un compromis. Ce pacte scolaire rétablit la paix dans l'enseignement. Après la signature de ce pacte scolaire, aujourd'hui encore très important, Eyskens élargit son cabinet en y incluant les libéraux.
Le gouvernement Eyskens-Lilar, qui vit ainsi le jour, fut également confronté à de graves problèmes. Au cours de cette période, le Congo belge acquit l'indépendance et la Belgique fut littéralement submergée par une vague de grèves. Ces troubles sociaux trouvaient leur origine dans la Loi unitaire, par laquelle le gouvernement voulait améliorer la situation économique du pays. La pression fiscale devait être accrue, certaines mines wallonnes fermées et les dépenses dans les secteurs public et social sensiblement réduites. En outre, tout un programme fut mis en oeuvre afin de faire bénéficier la