le premier mot de la solennelle chronique familiale qui devait constituer le bouquet final de son Vita Brevis.
A l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Gilliams, la maison d'édition J.M. Meulenhoff d'Amsterdam a repris des parties de cette oeuvre inachevée dans deux beaux florilèges: Verzamelde gedichten (Recueil de poèmes) et Ik ben Elias (Elias, c'est moi). Les éditeurs Houtekiet et De Prom ont publié de concert une réimpression de De man voor het venster (L'Homme à la fenêtre), réunissant des notes de journal de Gilliams qui datent de la période 1932-1940. Ik ben Elias, où sont rassemblés tous les textes que Gilliams a consacrés à son alter ego Elias Lasalle, est la plus hardie de ces publications, la plus discutable également, et ce pour une double raison: d'une part, Gregoria, qui ne répondait pourtant pas aux normes personnelles que Gilliams s'était fixées, mais que l'écrivain Pierre H. Dubois, en 1991, avait préparé en vue de sa publication, a trouvé place dans ce recueil comme si cela allait de soi; d'autre part, Elias, roman des débuts de Gilliams (1936), s'y retrouve également intégré sous une forme que Gilliams lui-même avait désavouée.
La première édition d'
Elias était un diptyque dont le second volet - dit ‘second cahier’ - relatait le sombre épisode du séjour d'Elias en internat et
Maurice Gilliams (1900-1982) (Photo Marc Cels).
se terminait par son suicide. ‘Lorsque j'ai signé mon contrat avec Meulenhoff’, racontait Gilliams lors d'une interview en 1954, ‘
Elias n'était pas achevé (...) J'ai cependant tenu à respecter scrupuleusement le délai de remise de mon manuscrit. Un engagement que j'ai regretté amèrement dans la suite. Pour la deuxième édition, j'ai pu supprimer tout le second cahier. Quel soulagement!’
Gilliams a alors formellement enjoint à l'éditeur de ne jamais remettre le second cahier sous presse. Or, le voilà qui réapparaît dans Ik ben