des séries de grande qualité tandis que ses ‘verdures’ ont fait la réputation d'Audenarde. Beaucoup de ‘paysages’ y ont en effet été fabriqués mais la ville a également produit des ‘tapisseries historiées’ de grande qualité.
Le tissage de tapisseries s'est développé à Audenarde en même temps que l'industrie linière et la draperie. L'histoire de l'industrie textile y est principalement caractérisée par une symbiose réussie entre la ville et la campagne. Souvent, la production se faisait hors les murs. Dans la ville même habitaient les commerçants; artisanats, commerces et corporations y avaient leur siège. La marque de la ville d'Audenarde consistait en trois bandes rouges sur montées de bésicles.
Au xvie siècle, les liciers d'Audenarde produisirent des pièces de grande qualité. La ville fut cependant atteinte par les troubles religieux durant la seconde moitié du siècle. Nombre d'artisans migrèrent vers le Nord, où ils jetèrent, comme par exemple à Gouda, les bases d'une industrie tapissière florissante. C'est seulement à partir de 1580 que la corporation connut un regain d'activité à Audenarde, avec notamment des exportations massives vers l'Espagne. L'occupant français, de 1668 à 1678, apporta la prospérité économique à Audenarde. Les bonnes relations de Claudius Talon, l'intendant français de la ville, avec le pouvoir central à Paris, insufflèrent une nouvelle vie à l'économie. D'ailleurs plusieurs liciers d'Audenarde exerçaient en France, entre autres aux Manufactures royales de tapisseries de Beauvais, dirigées à partir de 1683 par un enfant d'Audenarde, Philips Behaeghele. Au xviiie siècle, le nombre des liciers diminua rapidement. Du fait des difficultés économiques, de la concurrence des grands centres de production français et du changement de la mode, la demande s'effondra. En 1772, le dernier atelier ferma ses portes.
On peut retrouver les tapisseries d'Audenarde dans les collections de musées importants. Depuis 1980, la ville fait régulièrement l'acquisition de tapisseries historiques. Aujourd'hui, la collection est déjà riche de 23 pièces. Récemment, on a pu encore mettre la main sur une série de trois tapisseries du xvie siècle, qui représentent l'histoire d'Alexandre le Grand. Il s'avère que cette série se compose des plus belles tapisseries d'Audenarde. Lors de l'entrée solennelle d'Alexandre Farnèse dans la ville en 1582, les autorités offrirent une telle série au gouverneur. La municipalité a décidé d'aménager la halle aux draps restaurée, située au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville gothique, en musée de la tapisserie. Le nouveau musée a ouvert ses portes en avril 2000. En 1984, la municipalité a également créé un atelier de restauration et de tissage.
Des années durant, les tapisseries flamandes ont fait partie des produits majeurs à l'exportation. Grâce à la compétence professionnelle des artisans et à l'ingéniosité des marchands, elles étaient célébrées dans le monde entier. Les milliers de visiteurs qui se sont pressés aux différentes expositions organisées en 1999 et 2000 démontrent que ces oeuvres d'art peuvent, aujourd'hui encore, compter sur un nombreux public d'admirateurs.
Dirk van Assche
(Tr. M. Harmignies)
guy delmarcel, Het Vlaamse wandtapijt (La tapisserie flamande), Lannoo, Tielt, 1999, 384 p. (ISBN 90 209 2677 2).
ingrid de meûter, martine van welden, Tapisseries d'Audenarde du xvie au xviiie siècle, Lannoo, Tielt, 1999, 320 p. (ISBN 90 209 372 94).
guy delmarcel, Los Honores: tapisseries flamandes pour Charles Quint, SDZ/Pandora, Anvers, 2000, 176 p. (catalogue d'exposition).