Pierre Vlerick
Entre le paysage et le mystere
Pierre Vlérick appartient à la génération de la quarantaine, celle qui, en art, accède à la maturité. Né à Gand en 1923, élève de l'Académie de cette ville de 1940 à 1946, il fréquenta ensuite pendant un an l'Académie de la Grande-Chaumière à Paris, où il reçut l'enseignement d'Othon-Friesz. Après avoir exposé à Bruxelles et à Gand, il occupa en 1960, puis en 1962, les cimaises de notre Palais des Beaux-Arts. Dès lors cornmença pour lui une carrière ascendante qui se traduit notamment par une participation à diverses manifestations artistiques à l'étranger - Pittsburg, Madrid, Ljubljana, Oslo, Washington, Stuttgart, Tokyo - auxquelles il importe d'ajouter sa présence àa la Biennale de Venise et au Prix Marzotto en 1964, puis tout récemment à la Ve Biennale Internationale d'Art Contemporain de la République de Saint-Marin, où une distinction lui fut octroyée. Retenons aussi qu'il fit, en 1963, un voyage aux Etats-Unis où il prit temporairement la releve de Jan Cox comme professeur au Fine Arts Museum School, à Boston et qu'il vient d'obtenir tout récemment à Bruxelles, le Prix Olivetti. Connu aujourd'hui comme graveur aussi bien que comme peintre, il est chargé depuis quatre ans du cours de gravure à l'Académie des Beaux-Arts de Gand.
Mais plutôt que d'énoncer les références de sa fiche signalétique, nous avons hâte de parler de ses tableaux. Combien nous sommes loin, chez ce citoyen du pays de la Lys, de l'emprise matérielle de l'expressionnisme et de ses compacités tonales. Ses interprétations correspondent à l'abstraction des perceptions visuelles par quoi se définit, en Belgique, depuis une quinzaine d'années, un large secteur de la peinture. A mi chemin de la transposition intérieure du paysage et des sollicitations indéterminées du mystère, chacune de ses oeuvres puise dans cette dualitè les sources personnelles de leur espace poétique.
Avec la complicité de tons évanescents, presque pastellisés, Vlérick soustrait sa peinture aux structures formelles pour mieux saisir la musicalité des thèmes colorés. Toujours une sensation familière de ciel, d'eau, de climat végétal paraît en suspens dans l'effusion de la sensibilité picturale. Car il ne s'agit pour lui, nous l'avons noté, de décrire, ni de figurer les rencontres des saisons. Tout s'y glisse dans les chemins détournés de l'allusion et se trace une voie sousjacente vers les décan-