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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[pagina 81]
[p. 81]

[XX]

Eitel était employé volontaire chez un grand banquier, il recevait deux cents francs par mois de son père; moi, je donnais le plus clair de mes gains chez nous. Notre appartement coûtait soixante francs par mois, le piano vingt-cinq: nous étions donc très serrés.

Eitel, avec sa garde-robe apportée de chez lui, avait toujours son air de prince creux et engoué de soi. Ce fils de famille était cependant courageux devant la ruine, et j'étais étonnée de voir comment ce jeune homme, élevé dans le luxe, savait diviser notre budget: autant pour le loyer, autant pour la nourriture, autant pour les vêtements et les distractions...Si mes parents avaient eu le dixième de cet ordre... Quelle bêtise je dis là! quand il nous tombait du pain ou des pommes de terre, nous étions si affamés que nous étions hors d'état de penser qu'il nous fa[...]drait manger aussi le lendemain...

Un ami d'Eitel lui procura une agence de renseignements commerciaux. Il recevait 1 fr. 50 par renseignement et j'en cherchais dix à douze par jour: avec mon air de demoi-

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selle aisée et comme il faut, cela allait tout seul. C'est ainsi que j'appris à connaître la ville dans tous ses recoins et à l'aimer.

Eitel m'avait dit que je devais m'informer si les gens étaient estimés et solvables et si leur commerce marchait. J'allais dans le voisinage demander simplement ce que je désirais savoir. Il paraît que j'étais très adroite, car on nous envoyait des éloges sur la façon dont nous prenions les renseignements.

Il m'arrivait des choses très embarrassantes, d'où je me tirais comme je pouvais... Je devais prendre dans le quartier de la rue Haute des informations sur une marchande de soldes. J'entre, à deux maisons de la sienne, dans un petit estaminet où, du dehors, je n'avais pu voir les consommateurs. Mais à l'intérieur il y avait trois femmes attablées, et à une autre table un homme. Les femmes buvaient des liqueurs aux fruits. Comme je restais près du comptoir, attendant les cabaretiers, une des femmes me demanda de loin ce que je désirais, ajoutant qu'elle était la ‘Madame’. Je vais près d'elle et lui dis à voix basse que je voulais lui demander des renseignements sur madame *** la marchande de soldes de deux maisons plus loin.

- Ah! mais adressez-vous à elle, la voilà...

Et elle me montra une des deux femmes attablées avec elle.

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[p. 83]

Fichtre!...

- C'est à moi que tu veux parler? pourquoi ça est donc?

C'était une formidable Bruxelloise, de cinquante ans environ, rouge de teint, avec de grands yeux gris injectés de sang. Elle avait les bras sur la table et y enfouissait à chaque instant la tête, comme quelqu'un tombant de sommeil. Ses mains trop courtes avaient des doigts comme des boudins, aux ongles bordés d'un bourrelet de chair. Elle se tourna un peu de côté, leva vers moi la tête et son regard endormi; dans ce mouvement, la masse énorme de son corps eut un remous de gélatine qui tremblerait sous une couche de graisse.

Comme je ne pouvais détacher mon regard de son énorme corps:

- Tu te dis qu'on pourrait bien en couper trois, comme toi, dehors de moi?

- Trois, non, fis-je naïvement, mais...

- Deux et demi, tu veux dire... que pèsestu?

- Quarante-huit kilos.

- Comme je disais: trois... j'en pèse cent quarante-cinq.

Son coup d'oeil endormi me jaugeait avec un telle indifférence, et me disait si nettement que cela lui était bien égal ce que je lui voulais ou ce que je pensais d'elle, que je n'avais aucune im-

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portance... Aussi la moitié de mon embarras disparut.

- Mon Dieu, madame, lui dis-je carrément, ‘je suis tombée dedans’, je ne savais pas que vous étiez ici.

- Pourquoi ça est donc? répondit-elle.

- C'est un renseignement commercial que mon frère, qui habite l'Allemagne, me demande pour vous.

- D'Allemagne? je n'ai rien commandé en Allemagne, ça est une ‘carabistouille’... J'achète mes marchandises sur place, chez les commerçants en faillite, ou bien en fin de saison. Comme voilà, de madame, je viens d'acheter un stock de corsets...

La femme qu'elle me montrait me dévisageai depuis le commencement.

- Avouez que c'est pour une maison de renseignements, fit elle, car, l'autre jour, vous êtes venue chez moi, vous informer sur la grande maison de fourrures d'en face. Je vous vois du reste battre la ville dans tous les sens. Moi, je suis toujours en route pour écouler mes stocks de corsets: quand on vous a vue une fois, avec vos bandeaux, on vous reconnaît...

Bah! fit la brocanteuse, ça m'est égal ce que ‘Madameke’ me veut... Puis-je t'offrir une cerise ou prune, c'est bon pour la digestion... ça ne m'inquiête pas pourquoi que tu viens.

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[p. 85]

Très embarrassée, je refusai, mais n'osai partir sans dépenser: je pris une tasse de thé. La marchande de soldes ne voulut pas me la laisser payer.

- Petite, tu as une jolie taille, mais, avec un corset, tu serais beaucoup plus chic: j'ai là ton affaire, une vraie occasion... demande à madame qui me les a livrés.

L'homme riait, en me regardant d'un air goguenard.

Pendant des années, j'ai fait ce métier. J'étais souvent fatiguée à ne pouvoir dormir. Après avoir posé toute la journée, je commençais mes pérégrinations, et, pendant trois à quatre heures, je marchais jusqu'aux confins de la ville, et d'un bout à l'autre sans prendre le tramway. Eitel m'avait dit que je pourrais mettre tous les jours vingt centimes dans ma tirelire, si je ne prenais plus de tramway.

Mais j'étais très contente et fière d'aider sérieusement à nous faire vivre.


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