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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[pagina 139]
[p. 139]

[XXVI]

Mais qu'avais-je? Mes cheveux tombaient, des maux de gorge me harcelaient, j'avais des poches sous les yeux, je souffrais tous les mois de douleurs atroces; j'étais irritable et incommensurablement triste; des peurs et des transes m'obsédaient... puis je souffrais moralement. Comment André, qui m'aimait, pouvait-il tolérer ce partage? J'étais à bout et décidée à lui parler. Mais de quelle façon aborder ce chapitre que nous évitions?

Le soir, quand il vint, j'étais très abattue.

- Il ne fait pas gai chez toi, Keetje, tu as perdu toute ta vivacité, tu es là sans énergie...

- Je suis malade, je ne sais ce que j'ai... Quand je vais chez les peintres, ils me disent ‘Quelle tête tu as, il faut te soigner...’ De quelle nature était ta piqûre anatomique?

- J'avais demandé à mon chef de service; il m'a dit en ricanant: ‘Ça y est, tu crèveras de syphilis...’ Mais, comme il me détestait, à cause de mes idées, et parce que je distribuais aux malades mes appointements d'interne, j'ai cru à une méchanceté. Plus tard, quand je t'ai

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[p. 140]

connue, je suis allé consulter M...; il m'a assuré que c'était une piqûre sans importance. Je lui ai demandé s'il n'y avait aucun danger pour la femme; il m'a répondu très sérieusement: ‘Aucun.’

- Ce n'est donc pas ça...

Et, la tête sur la table, je me mis à sangloter.

- André, je ne peux plus vivre ainsi, je ne peux plus me partager. C'est odieux! c'est odieux! Comment supportes-tu cette situation? Est-ce parce que je t'ai raconté ma vie? A toi, je croyais devoir tout dire.

- Oh! Keetje! pour moi tu es pure: comment te rendrais-je responsable des crimes de la société? Tu es une de ses victimes...

- Victime de la société... ici, je le suis des hommes... et toi, pour combattre la société, tu n'es pas obligé de m'infliger ce partage de moi-même.

- Le jour où la cause que je défends aura besoin de moi, je dois être libre.

- Si tu ne me méprises pas et si tu m'aimes, tu n'as pas le droit de m'imposer semblable torture.

- Je n'aurais pas dû te rencontrer, je ne suis pas fait pour la femme: c'est un ami que je devrais avoir, avec qui marcher. Je n'hésiterais pas un instant entra l'amitié et ce que la femme nous offre.

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[p. 141]

- Avec ça que tu me donnerais pour l'amitié de L...?

- L... est un à peu près, mais le vrai ami, avec qui on lutte, doit avoir la première place dans notre vie.

- Eh bien, pas pour moi: tu es mon premier bien... peut-être jadis, quand il s'agissait des petits...

- Ce que je lutte de puis que je te connais, pour ne pas me laisser envahir par ce sentiment inférieur qui est l'amour de la femme, tu n'en as pas d'idée... mais tu ne peux pas comprendre. La femme croit qu'elle n'a qu à se donner pour abolir tous les autres devoirs de la vie. Elle ne veut pas qu'on vive pour une cause, pour une idée... Mon père...

- Ton père s'est marié, a fait des enfants, et a gagné plus d'argent qu'il ne lui en fallait pour vivre.

- Il a compris que, sans argent, on est esclave du bourgeois, et, comme il a dû gagner sa vie. au lieu de pouvoir se vouer à la cause de l'humanité, il a voulu que j'eusse de l'argent pour être indépendant et pouvoir agir en toute liberté.

- C'est très beau... Cependant ton père ne voulait pas que tu parles aux domestiques: c'est aimer le prolétaire un peu à distance...

- Nous devons tes affranchir sans leur con-

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[p. 142]

cours: ils ne savent pas, ce sont des salariés à la merci de ceux qui les emploient.

- Ils ne savent pas! Je ne sais pas non plus sans doute?... André, ce n'est pas tout ça... Ma vie est intolérable: si tu ne peux pas me laisser une petite place dans la tienne, séparonsnous... Ne crois pas que j'y apporte de la roublardise, que je veuille t'accuser parce que je sais que tu m'aimes; non, mais je ne peux plus, je me sens plus misérable qu'avant... Je suis sans doute vouée à l'abjection, pour que même toi, tu m'y laisses pour des théories... A la fin vous me rendrez folle. L'un doit me quitter pour épouser une dot, l'autre pour ses idées humanitaires. Va encore pour ce piètre personnage, mais toi... Non, ce n'est pas tout ça!... ce n'est pas tout ça!... La souffrance humaine est faite de cas particuliers et, sous prétexte de travailler pour la masse, créer de la douleur autour de soi est de la dureté ou de l'hypocrisie... Tu n'es ni dur ni hypocrite, tu es faussé... Grand Dieu, André, regarde donc à côté de toi; tu es toujours dans des théories, ou tu fais joliment partie de cette société que tu conspues... tu n'es pas affranchi de ses préjugés, voilà toute l'affaire

- C'est bien ça... mon père a raison: la femme est incapable d'un sacrifice, elle ne pense qu'à elle.

- Il est joli, le sacrifice que tu m'imposes...

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[p. 143]

Du reste, tu m'as déjà dit tout cela la nuit de nos noces...

J'essuyai mes yeux.

- Restons-en là: moi, je n'ai jamais assez vécu dans les nuages pour ne pas être gênée des ordures qui m'entourent, quoique j'aie dû y marcher à pleins pieds... Je suis plus méprisable qu'avant, si je continue cette existence malpropre... Ce qu'il ya de plus navrant dans tout cela, fis-je, en me remettant à pleurer, c'est que mon bel amour est gâché, et que, quoi qu'il arrive, les deux années de torture que je viens de passer, ne me sortiront jamais de la mémoire.

J'arpentais la chambre, me tenant la tête à deux mains.

- Ecoute. Keetje, je n'ai au monde que mes deux vieux parents et toi; je t'aime complètement, mais il ya tant à faire dans l'état social actuel. qu'on n'a pas le droit de penser exclusivement à soi. Tu me donnes le bonheur le plus pur, le plus complet; quand je suis avec toi, il m'arrive d'oublier tout et de n'aimer qu'à te regarder et à t'écouter... Puis-je me laisser aller à cela et abandonner ceux qui souffrent? car le bonheur absorbe, rend égoïste...

Je ne savais plus que dire: il avait raison et il avait tort, comment en sortir?... Ah! zut! nous avons bien le droit d'avoir une part de bonheur

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[p. 144]

et de nous aimer, sans équivoque entre nous... Moi surtout, je ne dois pas oublier ceux qui sont lésés... Si l'on monte des barricades, je suis sûre de les escalader avant lui... Que ce doit être bon de se faire tuer pour une belle cause, et la plus belle cause est celle de l'humanité: on peut bien être deux pour cela...

Vit-il ce qui se passait dans ma tête enfiévrée? Il m'enferma dans ses bras.

- Keetje, ma femme! garde-moi toujours...


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