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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[XXXVIII]

Les quatre mois où je fus en Suisse, je les passai presque tout le temps au lit. Le peu que je pus voir du pays m'horripilait: toujours une montagne devant soi... Pendant le voyage de retour, une fois en Belgique, je ne détournai pas la tête de la portière: je ne pouvais assez me rassasier de nos petites maisons blanches aux toits rouges, de nos flèches d'église, de nos champs découpés comme des gâteaux, de nos prairies, des bois, des grands horizons, de la qualité savoureuse de la verdure et de la lumière argentée et enveloppante... Ah! non, je

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suis du Nord: il ne m'en faut pas, ni de la Suisse, ni du Midi, je n'y respire littéralement pas à l'aise.

Rentrée à Bruxelles, j'y fus comme perdue. Je n'y avais personne. J'errais dans les rues où j'avais habité et où avait habité André; j'y retournais comme un chien à son ancien gîte. Il me semblait que ces quartiers, ces maisons, les gens, devaient cependant m'avoir adoptée un peu. La Montagne de la Cour était démolie; l'Université, où j'allais l'attendre, se trouvait dans un bas fond; tout le quartier aux alentours était défoncé: plus aucune rue dans ce bas de la ville, où je pusse m'orienter. Où était-ce donc que je m'étais promenée avec André, pleine de jeunesse et d'orgueil d'avoir pu fixer un homme comme lui? Ah, Dieu, je n'ai plus un point de repère, même pour y pleurer... Je m'en vais, je vais à Amsterdam: peut-être que là je pourrai me refaire une vie.

Je m'installai sur le Canal des Empereurs, dans un appartement meublé, je battis la ville dans tous les sens. J'allai dans les ruelles et sur les canaux puants du Jordaan, revoir toutes les impasses, toutes les caves, toutes les masures que nous avions habitées: la plupart étaient fermées, avec une pancarte sur la porte: ‘Inhabitable pour insalubrité’; d'autres avaient été démolies pour la même raison.

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Puis quoi?... quel moi a vécu là? pas le moi de maintenant... Est-ce que les mêmes joies et les mêmes douleurs me causeraient encore les mêmes impressions? La Keetje d'alors, la Keetje d'il y a vingt ans, et la Keetje d'aujourd'hui, qu'avaient-elles de commun?... et laquelle était la plus misérable?...

La nouvelle ville ne m'intéresse pas. Je me promène in[la]ssablement sur les quais de la vieille ville, m'adossant aux arbres pour mieux pouvoir regarder le haut des maisons. J'ai peur, en reculant, de tomber à l'eau, ce qui montre bien que je ne suis plus de la ville: quand j'étais petite, je jouais aux osselets sur les dalles en granit qui bordent les canaux. Comme je passe et repasse tous les jours devant les mêmes maisons, les bonnes appellent leurs maîtresses pour me montrer. Le vieux monsieur avec la vieille dame se soulèvent de leurs fauteuils pour me regarder, et je vois à leurs bouches qu'ils se disent: ‘Voilà encore cette dame étrangère...’ La jeune bonne, que j'ai prise à mon service, vient aussi me raconter combien les fournisseurs s'informent comment mange, boit et parle la dame étrangère... C'est bien ça: étrangère partout! je n'ai de racines nulle part, et personne pour se soucier de moi...

Ah! je ne reste pas ici, je pars pour Paris:

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ce foyer d'art et d'aspirations vers le meilleur doit offrir des compensations.

Marthe était dans la joie de me voir. Je déjeu[n]ai chez elle; elle me parla de ses succès et de s[e]s ennuis. Nous allâmes en automobile chez Redfern, chez son coiffeur, puis elle me déposa aux Tuileries. Elle avait tant et tant à faire... et ne me demanda même pas si je quittais Paris ou si j'allais y rester.

Je me gorgeai du Louvre, je me gorgeai des Français, des ballets russes, et même des Music Hall... Puis je rentrais seule à mon hôtel: pas un chat, pas un chien, pour venir vers moi.

Cette vie me conduira au suicide; j'ai cependant des rentes maintenant... Ah! je voudrais être née dans un petit village que je n'aurais jamais quitté, et où tout le monde serait mon cousin. Je n'aime que les figures que j'ai toujours vues: je puis les lire, je crois que je leur suis quelque chose, et elles me sont beaucoup. Je suis toujours fière quand on me traite familièrement et qu'on me demande un service: alors c'est que je ne leur suis pas indifférente, pas étrangère surtout...

... Je revois continuellement nos enfants petits, quand nous appartenions à la même nichée et qu'ils faisaient un avec moi... Puis André, qui est venu dans ma vie comme le

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Prince Charmant, que je ne croyais exister que sur les images: il a illuminé ma vie, comme d'une torcbe éclairant toujours, et montrant le chemin à suivre... Puis Wimpie, avec ses beaux yeux, son front clair et ses grosses petites pattes: il m'était comme nos enfants, mais avec l'idée en plus de le perfectionner par l'étude, et à l'abri du besoin... Et Suzette, l'adorable chatte qui me léchait comme un de ses jeunes, et dont les yeux d'or diaprés d'émeraude et la robe fauve, soyeuse, m'attiraient comme vers un objet précieux plein de mystère...

Tous disparus! Comment et par quoi les remplacer? Ils étaient mon àme: est-ce qu'on remplace son âme!... Ce n'est cer[te]s pas parmi ces gens pressés qui se bousculent ici que je trouverai aucun intérêt pour moi... c'est comme un courant qui déferle, et un autobus me passerait dessus qu'il ne pourrait se détourner.

Je m'en vais!... où?...


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