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Kermesses (1944)

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Kermesses

(1944)–Georges Eekhoud–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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Les Vachers du Meer

A mon ami Ch.H. de Tombeur.

Le petit vacher de la ferme du Moulin nous accompagnera au Meer, but de notre excursion; il nous servira à la fois de guide et de commissionnaire, car la patache qui nous charrie depuis Cappellen, par la chaussée de Bergen-op-Zoom, ne peut nous conduire à travers les dunes.

Drôle d'hommelet que ce Tôn, le vacher. Douze ans; plutôt maigre que gras, la face large, le nez crochu; l'oeil gris, malin et froid; l'air spéculatif, la bouche trop fendue, les allures régulières; quelque chose de vieillot, de précoce, épandu dans toute sa petite personne vêtue de la défroque de son maître.

Un panier de provisions sous chaque bras il ouvre la marche:

- Fumez-vous, Tôn?

- Ja, Mijnheer!

Il allume méthodiquement, avec une lenteur et des précautions de fumeur émérite, un des pâles régalias achetés à la frontière. En cheminant, de loin en loin nous parvenons à arracher un mot à notre guide. Il ne parle que lorsqu'on l'interroge. Nous apprenons qu'il gagne trois florins par semaine chez le baes du Moulin. Il est né à Ossendrecht, du côté des Polders, neuvième enfant d'un manouvrier; son père et ses frères turbinent dans une fabrique de chicorée.

Il ne sourit que par condescendance, lorsque nous nous

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efforçons de le dérider. Ce sourire est silencieux, presque protecteur. Tout dans sa physionomie, dans son regard sec, dans son intonation claire mais sans timbre, semble dire: ‘Il faut être peu sérieux pour venir de la ville et se promener en plein midi dans les ronces et les sablons!’

Il nous conduit au sommet des dunes encaissant les deux lacs; là, il s'arrête et dépose ses paniers. Nous sommes arrivés; si notre guide ne nous le fait entendre que par sa pantomime, le spectacle devant nous l'annonce sans équivoque. Voilà bien les nappes d'eau tant vantées.

Dans cette nature septentrionale, généralement plane, les moindres monticules permettent au spectateur d'embrasser une région de plusieurs lieues. Des bords du Meer nous découvrons la contrée adorablement farouche, l'étendue sablonneuse tachetée de bruyères roses comme l'améthyste et de sapinières sombres comme le jaspe. Un silence presque absolu enveloppe cette immensité: le bruissement des ailes de la sauterelle, le sautillement et le cri de quelque poule d'eau parmi les broussailles; la sourdine incessante des moucherons, voilà tout ce qu'on entend. En face de nous, un héron, mélancolique pêcheur, campe sur une patte.

Nous sommes bien loin de la ville, bien loin des beaux parleurs et des fâcheux.

L'eau que fait miroiter le soleil d'août est si claire qu'on en distingue partout le fond couleur de rouille. Et l'élément exerce sur nous sa graduelle et irrésistible attraction. La dame du Meer nous murmure à l'oreille de ces invites que notèrent les ballades primitives. D'abord nos mains sont allées au devant des caresses de la nixe, puis débarrassés de nos vêtements, nous plongeons dans l'eau pure comme celle des glaciers alpestres, mais tiède comme un golfe méditerranéen.

Des heures se passent ensuite à déjeuner, à paresser.

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à admirer. Tôn a mangé de bon appétit avec nous. Le reste du programme - bain, sieste, contemplations - a dû lui paraître absurde.

Nous regagnons le Moulin et allons remonter en voiture non sans avoir glissé quelques sous dans la main de notre guide.

Un incident nous attarde:

Sur la grand'route s'avancent, chantant et dansant, sept à huit jeunes drilles en blouse bleue, la haute casquette de soie noire renversée dans la nuque ou posée la visière de travers. L'un d'eux arrache à un accordéon catarrheux les quintes d'un air triste comme le sont tant de refrains de kermesses; un second bat du triangle; le reste clame et balle à contretemps. Rouges, poupins, ces gars approchent et en nous dévisageant avec des yeux dilatés et humides de somnambule, se poussent par les épaules, l'un derrière l'autre, envahissent le cabaret, trahissent l'impatience agitée d'ouailles mottées par un Berger Invisible.

Là, toujours aux sons de leur musique élémentaire, un quadrille s'engage entre les quatre couples de palots éméchés.

La baezine du Moulin, en train de leur verser à boire, nous apprend que les vachers et les valets de ferme du pays passent de cette façon les après-midi dominicales. Ils se sont cotisés pour la location de leur orchestre et réunissent leurs semaines afin de gobeloter de compagnie. Ils se rendent dans tous les cabarets de leur clocher, même dans les herberges les plus écartées au fond des varennes.

Joie démonstrative, mais sans entrain! Poignants déduits rappelant les gaîtés menteuses des conscrits les soirs du tirage au sort; rire forcé qui grimace et qui dissonne; pirouettes de victimes qui tournent sur ellesmêmes avant que les fasse s'effondrer le coup irrémissible; fallacieuses réactions des profondes douleurs, des

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nostalgies longues comme l'existence, qui cherchent à se donner le change, à s'étourdir quand même!

Tôn les a vus passer comme nous et je crois qu'il les a regardés, en faisant une moue répulsive, l'air d'un sage au-dessus des communes faiblesses. Il semble même étonné de notre hésitation à escalader le marchepied et à nous arracher à cette énervante orchestrique.

C'est plus fort que moi; j'ai la gorge serrée; ils ne me sont pas indifférents ces passants de la grand'route.

Tandis que la patache retourne à Putte et que nous nous taisons, j'écoute encore - je l'écouterai longtemps - le bruit grêle du triangle, les hoquets de l'accordéon et la chanson plus crispante qu'un miserere.

Avec le crépuscule, des vapeurs blanches sourdent comme une haleine des campagnes navrées. En s'élevant elles revêtent des formes fantastiques et s'accrochent échevelées ou caressantes aux dentelures des sapins, et se dissolvent et se recondensent. On dirait d'une traînée de fantômes pourchassés mais tenaces. Puis, derrière les bois, la lune se lève et monte, lentement, blanche, solennelle, triste comme le Viatique porté à l'agonie du jour.

Aux approches de Putte des gens se tiennent devant leurs portes; sur les seuils les commères conversent languissamment; les vieux pipent, les bras croisés, la turbulence des gamins assaille notre impassible cocher et son fouet leur impose à peine. A l'écart, sur les accotements, au bord des fossés, les gars haletants courtisent les pataudes rougissantes, et je devine des couples furtifs qui s'éloignent, par les sentes, tendrement enlacés.

Mais, las, ma pensée nostalgique retourne irrésistiblement aux danseurs goffes de tout à l'heure. Je les revois s'avancer en fringuant et nous dévisager avec quelque chose de suppliant dans leurs grands yeux bénins et de douloureux dans leur grosse bouche convulsée. Encore une fois, que me veulent ces batteurs de cabarets?

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La lune plane; je me dis qu'elle les voit et je l'envie. Je me représente à présent leurs silhouettes telles que l'astre les reproduit en les agrandissant le long des arbres ou sur le sol. J'assiste à leurs gauches ébats; leurs déhanchements balourds me requièrent; je voudrais être là-bas, derrière nous, d'où nous venons, plus loin même, en pleine campagne, entre les enfilées d'arbres obscurcis où ils se trémoussent en ce moment, la voix fêlée, les gestes spasmodiques...

Alors me vient tout à coup cette pensée singulière que Tôn avec son air de vieux, prévoyant et thésauriseur, et son énigmatique rire silencieux, ne déambulera pas, lui, lorsqu'il aura leur âge, le long des routes solitaires, vers les cabarets perdus, aux sons d'un triangle et d'un accordéon.

Je pressens qu'il ne restera pas au nombre des trimeurs passifs et résignés que leurrent et que daubent les possesseurs de la terre. Va, laisse baguenauder sous les étoiles la kyrielle des garçons de charrue et des batteurs en grange; laisse-les liés par je ne sais quelle camaraderie douloureuse de forçats, s'enivrer chaque dimanche de bière, de saltations et de musique; toi, petit Tôn, vacher de la ferme du Moulin, esprit positif et pratique - mets patiemment à rémotis sou par sou, épargne et ruse, dissimule, caponne, tu iras loin.

Des fous ceux qui se grisent d'alcool comme ces lugubres palots - de plus grands fous, dirais-tu, si tu les connaissais, ceux qui se saoulent d'art et de poésie! N'est-ce pas, Tôn, déconcertant petit vacher, futur bourgeois, futur baes aux champs comme à la ville?

Ah! je sais à présent pourquoi l'afflux de sympathie pour ces pendards fut si impétueux qu'il me suffoquait! Je sais toutes nos affinités, ce qui me rend solidaire de ces maroufles. Si je les aime à ce point, c'est parce que je te hais.


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