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Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565 (1841)

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Titelpagina van Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
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non-fictie

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non-fictie/brieven
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Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565

(1841)–G. Groen van Prinsterer–rechtenstatus Auteursrechtvrij

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Chapitre III.
Situation religieuse et politique.

Le titre de cette partie de nos Prolégomènes fera nécessairement pressentir que nous ne pouvons qu'effleurer un sujet sivaste. Nous exposerons d'abord quelle étoit, quand le Moyen Age fit place à l'Histoire Moderne, la nature des Gouvernements; ensuite quel fut le principe et quelle a été l'influence de la Réforme; à quoi nous ajouterons, dans une troisième Section, pour l'intelligence des commencements de notre Recueil, quelques remarques sur la position des différents Etats à cette époque.

§ I.
Nature des Gouvernements.

Assez généralement on a prétendu que les Monarchies de l'Europe au seizième siècle étoient des Républiques dégénérées.

Cette opinion, entièrement fausse, à notre avis, étant celle de la plupart des historiographes, des littérateurs, des philosophes politiques, et des politiques philosophes, il est urgent de montrer que leur accord apparent se résout et se dissipe en une foule d'assertions diverses; qu'au lieu d'unité de vues, il y a variété et contradiction, et qu'à vrai dire, ils ne se réunissent que pour proclamer, comme axiômes politiques, les bévues les plus énormes.

En effet les écrivains qui ne voyent à l'entrée du Moyen Age que des Etats populaires avec un Chef électif, dès

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qu'ils en viennent à exposer leur système, soutiennent avec ardeur et opiniâtreté des thèses diamétralement opposées.

C'est ce qu'a remarqué M. Guizot lorsqu'il écrit, à l'égard des temps où chaçun a nécessairement placé les bases de son édifice: ‘L'époque du 5e au 10e siècle s'est prêtée à toutes les vicissitudes de la société, à tous les besoins de l'esprit de parti, à toutes les hypothèses de la science... Elle a été complètement et diversement méconnueGa naar voetnoot1:’ Se condamnant, se réfutant, s'entredétruisant, comme autrefois les soldats de Cadmus, nos adversaires nous épargnent presque, par cette espèce de suicide collectif, la peine de les combattre.

En outre, la variété de leurs hypothèses correspond à leurs préjugés de caste ou de secte, et se ressent des opinions et des principes dominants de leur époque. ‘Lesvicissitudes,’ dit encore M. Guizot, ‘de l'opinion savante,’ lisez à demi-savante, ‘ont toujours correspondu aux vicissitudes politiques de la société mêmeGa naar voetnoot2:’ Cette conformité remarquable n'est assurément pas un indice d'un jugement impartial.

Enfin leur adhésion unanime à la supposition d'une démocratie royale, aboutissant à une usurpation monarchique, repose sur des données fausses et en outre par fois ridicules. Les trois exemples suivants peuvent faire juger du reste.

On affirme l'existence presque non-interrompue d'Assemblées nationales, décidant avec le Roi les affaires de l'Etat; des Champs de Mars ou de Mai législatifsGa naar voetnoot3; tandis

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qu'il n'y a rien, nous ne disons pas de moins avéré, mais de plus positivement faux.

On soutient avec opiniâtreté que la Monarchie étoit élective; tandis qu'il est indubitable que, dès qu'elle eut acquis de la fixité, la Couronne fut considérée comme héréditaire et patrimoniale, et les Etats partagés, comme un commun héritage, entre les Princes du Sang.

On répéte à satieté que le Roi et la Nation se partageoient le pouvoir législatif, et, pour preuve, on s'appuye sur un Capitulaire de Charles le Chauve qui n'a aucun rapport à l'objet auquel on le rattacheGa naar voetnoot1.

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Les écrivains les plus illustres sont tombés dans mille erreurs de ce genre. Il est bon d'en faire la remarque, afin de n'être pas entrainé par l'influence de leur renommée.

Durant une longue suite d'années nulle autorité, en histoire et en politique, ne fut plus imposante que celle de Montesquieu. La parole du maître (ipse dixit!) ne souffroit pas de contradiction. Sans discuter ici la valeur de ses conceptions sociales et législatives, nous le récusons comme autorité historique. Moreau observe spirituellement: ‘il a trop plané au dessus de tous les Gouvernemens de l'Univers; il les voit de trop loin, et, pour défricher les premiers siècles de notre Histoire, il faut ramper à travers des broussaillesGa naar voetnoot1.’ De même M. Guizot, ayant spécialement en vue l'Esprit des Loix, écrit: ‘Un grand nombre d'écrivains, et des plus érudits, surtout dans les deux derniers siècles, sont souvent tombés dans cette erreur de prendre les documens et les témoignages historiques pêle-mêle, sans critique, sans en examiner l'authenticité, sans en bien établir la date et la valeur.... Delà néanmoins dépend toute la valeur des résultatsGa naar voetnoot2.’

M. de MablyGa naar voetnoot3, ‘proximus, sed longo proximus inter-

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vallo,’ a eu, de son temps, un grand nombre d'admirateurs. A une époque où l'on dédaignoit la science modeste, une manière tranchée et hautaine d'exprimer des idées jusqu'alorsinouïes sembloit un gage de pénétration et un signe de talent. Nous nous bornons à transcrire l'opinion de Mr de Châteaubriand, pas trop exigeant, croyons nous, quant à la profondeur des recherches: ‘Ses observations’ dit-il, ‘sont écrites d'un ton d'arrogance et de fatuité;... il a le désir de dire des choses immenses en quelques mots brefs; il y a peu de mots en effet et encore moins de chosesGa naar voetnoot1.’

Nous professons une haute admiration pour le rare génie de Mme de Stael; mais elle est un exemple de plus qu'en histoire le génie, sans de fortes études, est un don dangereux. On n'en bâtit que plus aisément des systèmes qui péchent par la base. Parcourez, dans les Considérations sur la Révolution, le chapitre sur l'Histoire de la France. Elle y cite avec approbation le passage d'un auteur renommé, M. de Boulainvilliers: ‘les Français étaient des peuples libres qui se choisissaient des Chefs sous le nom de rois, pour exécuter des loix qu'eux mêmes avaient établies.’ Elle ne craint pas d'affirmer ‘qu'il ne reste aucune Ordonnance des deux premières races de la monarchie qui ne soit caractérisée du consentement des assemblées générales des Champs de mars ou de mai.’ Elle déclare, sans aucun scrupule, que ‘les Rois de France, depuis Saint-Louis jusqu'à Louis XI, ne se sont point arrogé le droit de faire des loix sans le consentement des Etats-Généraux.’ En histoire cette femme illus-

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tre, malgré son indépendance d'esprit et de caractère, a été l'esclave des préjugés de son temps.

La plupart des écrivains influents à une époque encore plus récente répètent, avec un redoublement de hardiesse, les assertions de leurs devanciers. Mr Mignet, par exemple, dans les premières pages de son Histoire de la Révolution Française, donne à plein dans les erreurs accréditées. Avec la concision et la netteté de style qui le distinguent, il a l'art de réunir un très-grand nombre d'assertions antihistoriques dans un très-petit nombre de lignes; son résumé de Droit Public est véritablement la quintessence des préjugés traditionnels. Il s'exprime ainsi: ‘Sous les premières races la Couronne était élective, la nation était souveraine, et le roi n'était qu'un simple chef militaire, dépendant des délibérations communes, sur les décisions à porter et les entreprises à faire. La nation élisait son chef; elle exerçait le pouvoir législatif dans les Champs de Mars, sous la présidence du roi, et le pouvoir judiciaire dans les plaids sous la direction d'un de ses officiersGa naar voetnoot1.’ On voit que cet écrivain n'est pas homme à biaiser et que, en ce qui regarde les commencements de la Monarchie Françoise, il a toute la hardiesse requise pour réformer l'histoire, disons mieux; pour mettre l'histoire à la réforme.

Ici encore M. de Chateaubriand doit être nommé. Peu d'auteurs ont eu autant de crédit sur cette classe nombreuse de lecteurs auquel le travail de la réflexion répugne; aucun peut-être n'est, à un tel degré, à la fois superficiel et positif. Il se débarrasse fort lestement des problêmes les

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plus difficiles. Jamais il ne doute, toujours il affirme. Il dit, par ex.: ‘Le chef du gouvernement était électif sous les deux premières races...; des Conseils décidaient les affaires avec le RoiGa naar voetnoot1.... L'élection du Maire du Palais appartenait à la nation tout aussi bien que l'élection du roi,’ et, pour prouver cette double erreur, il cite un passage de Tacite relatif aux Germains vivant encore dans leurs antiques forêtsGa naar voetnoot2: Il parle de ‘liberté politique carlovingienne,’ et prétend qu'au 8e et 9e siècle existoient déjà les Etats ‘tels qu'ils reparurent sous Philippe le BelGa naar voetnoot3.’ Lui aussi copie d'anciennes erreurs; mais, par un bon nombre de suppositions hasardées, et surtout par les vives couleurs de l'imagination et du style, il leur prête du relief, et leur donne une apparence de nouveauté.

 

En regard de cette diversité d'opinions manifestées par les écrivains qui, recherchant les élégances du style et les beautés de la forme, désirant faire sensation dans le monde politique, n'eurent garde de descendre fort avant dans les profondeurs de la science, nous placerons le jugement constant et unanime des savants véritablement érudits et consciencieux, qui, peu occupés du présent, sevouèrent presqu'exclusivement à la méditation des siècles écoulés. M. de Châteaubriand a parfaitement raison, plus même qu'il ne croit ou ne désire, en disant: ‘Il n'y a pas

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de frère lai, déterrant dans un obituaire le diplôme poudreux que lui indiquait Don Bouquet ou Don Mabillon, qui ne fût mille fois plus instruit que la plupart de ceux qui s'avisent aujourd'hui, comme moi, d'écrire sur l'histoireGa naar voetnoot1.’ Pour connoître un pays, le simple témoignage d'un habitant est préférable aux descriptions pompeuses de cent hommes, d'esprit et de talent sans doute, mais qui donnent, par oui-dire et suppositions, leurs impressions de voyage sur une contrée où ils ne mirent jamais le pied. De même il est bon d'ajouter plus de crédit à un seul de ces Bénédictins ou autres, ornements de la France érudite, au plus obscur des infatigables travailleurs qui passèrent leur vie au milieu des diplômes et des chartes, qu'à tous ces écrivains brillants qui, sans avoir jamais sérieusement consulté les sources, mettent les intérêts de l'histoire au second rang et visent, en premier lieu, à la renommée littéraire ou au pouvoir politique. En effet, tandis que ceux-ci, à la lumière vacillante de quelques recherches vagues et incomplètes, s'égarent par mille sentiers, en courant après le feu follet d'une hypothèse, ceux-là, véritables contemporains du Moyen Age par leurs travaux et leurs veilles, marchent tous ensemble dans la même direction et se rencontrent au moins sur les principaux traits et les linéaments distinctifs de chaque époque. Les grandes questions que l'opinion dominante tranche souvent avec une admirable naïveté, sont depuis longtemps décidées par eux, dans un sens diamétralement opposé, et ces prétendus Gouvernements républicains placés en tête du Moyen Age n'existoient, à leur avis,

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que dans le cerveau des rêveurs philosophico-politiquesGa naar voetnoot1.

 

Si les Gouvernements, tels que l'Europe Moderne au seizième siècle nous les offre, n'ont pas été populaires et électifs à leur origine, de quelle autre manière ont-ils donc été formés?

On ne s'attendra pas ici à une réponse détaillée à cette question. Nous ne pouvons que donner le résumé de ce qui eut lieu en France, faisant remarquer que, dans le développement de sa Constitution historique, il y a eu longtemps identité, plus longtemps encore analogie, entre ses destinées et celles des pays voisins. Et comme il est impossible de conduire le lecteur aux sources mêmes à moins de donner à une remarque faite en passant l'extension d'un volume, nous ferons appel au témoignage de deux écrivains, auxquels, pour la science des faits, aucun de ceux que nous venons de citer, ne sauroit être comparé; à Moreau dans ses Discours et à M. Guizot dans ses Essais sur l'Histoire de France. Le premier, historiographe de France du temps de Louis XVI, s'oc-

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cupoit, sous la protection du Gouvernement, de former une Collection générale des documents authentiques; dirigeant tous les efforts, il savoit en mettre à profit les résultats pour ses propres études et dans la composition de ses écritsGa naar voetnoot1. Quant à M. Guizot, nous n'oserions affirmer que, ramené chaque fois dans la sphère des intérêts du moment, il ait eu assez de loisir pour fouiller, à la manière des Bénédictins, dans les Archives et dans les vieilles Chroniques; nous avons avoué déjà qu'il a transporté par fois les souvenirs de son époque dans les événements des siècles passés et que ses espérances en ont coloré souvent le récit: toutefois il pénétre fort avant dans l'esprit du Moyen Age, et ne dédaigne pas les traditions de la science historique, pour mettre de vaines hypothèses à la place. On ne niera point sans doute qu'il surpasse de beaucoup la plupart de ses compatriotes par le travail de ses recherches, par la profondeur de ses vues, et par la rectitude de ses jugements.

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Gardons nous d'abord de chercher sous la première race, au milieu des désordres et des brigandages, conséquences inévitables de la corruption des Gaulois et de la barbarie des Germains, une Monarchie bien organisée; et toutefois ne perdons pas de vue, à travers cet assemblage confus d'éléments en fermentation, la tendance monarchique se faisant jour et prévalant, par les nécessités de la guerre, par les souvenirs des Césars, et par l'acquisition des domaines royaux. Pas d'assemblées populaires, pas de Princes électifs, pas de séparation des pouvoirs; la Royauté est une propriété de puissance, est transmissible, est un véritable patrimoine: ‘un pouvoir personnel, non un pouvoir public; une force en présence d'autres forces, non une magistrature au milieu de la sociétéGa naar voetnoot1.’

L'avènement de la seconde race ne change rien à cet état de choses; bien au contraire, la nécessité de maintenir le pouvoir royal contre les usurpations des grands fut le principe de la révolutionGa naar voetnoot2. Les Maires du Palais sauvent la Monarchie défaillante, en se mettant à la place du Souverain. Ici encore, dans ce retour au principe monarchique, il n'est question, ni ‘d'un peuple qui se gouverne lui-même en vertu d'institutions nationales, ni d'une aristocratie forte et constituée qui partage avec un Monarque le pouvoir SouverainGa naar voetnoot3.’ - Charlemagne sur-

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vient; singulier Chef d'une république: ‘il est le centre et l'âme de toutes choses;... en lui résident la volonté et l'impulsion; c'est de lui que tout émane pour revenir à luiGa naar voetnoot1:’

La Couronne est héréditaire et le génie est personnel. Charlemagne ne le transmit point à ses descendants. Dès lors, plus l'Empire avoit étendu ses limites, plus sa dissolution fut inévitable. Elle eut lieu par la nature des institutions même et par le développement de leurs germes vicieux. Les offices, c'est à dire, les hautes Magistratures, devinrent inamovibles; les bénéfices, c'est à dire, les terres dont le Monarque avoit cédé l'usufruit, furent conférés à vie; de là vers l'hérédité, et de l'hérédité à l'indépendance, il n'y eut qu'un pas. Le Roi fut dépouillé par le Clergé et la Noblesse. Les Grands traitèrent bientôt avec lui d'égal à égal; s'interposèrent entre le Souverain et le corps de la nation; et, n'étant plus sujets que de nom, se mettant au dessus des loix constitutives de l'Etat, rendirent leur protection nécessaire à tous ceux qui, après l'affoiblissement du pouvoir central, ne pouvant se défendre eux-mêmes, avoient besoin d'un appui. Il n'y a pas de confusion si affreuse qui ne tende à se régulariser. La société monarchique fut remplacee par une hiérarchie basée sur des pactes individuels. Le Souverain, quelque

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temps encore, fut le suzerain de ses vassaux; plus tard, en dehors d'un territoire fort restreint, le pouvoir royal fut entièrement annullé, oublié. Il y eut ‘une Confédération de petits despotesGa naar voetnoot1; une collection de despotismes individuels, exercés par des aristocrates isolés, dont chacun, souverain et législateur dans ses domaines, ne devoit compte à aucun autre et ne délibéroit avec personne de sa conduite envers ses sujetsGa naar voetnoot2:’ le peuple perdit son défenseur naturel et subit leur joug. A la fin, comme résultat, ‘un certain nombre d'hommes, sous le nom de seigneurs et de vassaux, établis chacun dans ses domaines, et liés entr'eux par les relations féodales, étaient les maîtres de la population et du solGa naar voetnoot3.’

Ce despotisme multiple, ce pouvoir d'autant plus violent qu'il étoit plus rapproché, devoit avoir un terme. Deux causes le battirent en brêche: la régénération de la Royauté et la naissance des Communes. Le nom de Roi, dévolu à Hugues-Capet, longtemps un vain titre, reprit une valeur réelle. A l'aide de ce titre, seul reste de son pouvoir, ‘le premier des Seigneurs féodaux travailla à se faire le maître de tous;’ et, par une révolution en sens inverse,’ à changer sa suzeraineté en souverainetéGa naar voetnoot4:’ ‘De son côté la masse du peuple essaya de reconquérir quelques libertés, quelques propriétés, quelques droits:’

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Les Rois, par politique, par instinct, favorisèrent ces efforts; la Royauté et la liberté se prêtèrent un mutuel appui, et le Tiers-Etat naquit à l'ombre du pouvoir royal. ‘Au commencement du 14e siècle la royauté est à la tête de l'Etat, les communes sont le corps de la nation. Les deux forces sous lesquelles devait succomber le régime féodal ont atteint alors, non pas certes leur entier développement, mais une prépondérance décidéeGa naar voetnoot1.’ La Monarchie féodale, organisant la féodalité que plus tard elle devoit abattre, au lieu d'être la dégénération d'une République, fut la résurrection de la Royauté presqu'anéantie par les Officiers de la Couronne, par les Magistrats et le Clergé.

 

Après avoir tracé ces linéaments de l'histoire constitutionnelle et monarchique de la France, qui se retrouvent dans d'autres contrées avec des différences secondaires, montrons encore comment on en est venu à se tromper si généralement à cet égard.

Les erreurs que nous venons de combattre, datent de loin, et il ne suffit donc pas pour les expliquer, d'avoir recours à l'influence des opinions révolutionnaires cherchant, depuis un siècle, des analogies, et, grâces à leur prisme trompeur, s'imaginant en faire une riche moisson. Sans exclure cette cause pour les publications de notre époque, nous ferons remarquer, en outre et en général, que si le Gouvernement, en France et ailleurs, n'a pas été Républicain, néanmoins, au 15e et au 16e siècle, il courut risque de le devenir et que c'est précisément cette

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dégénération de la Monarchie qui a faussé dès lors les doctrines politiques.

 

La tendance vers la République eut sa source entr'autres dans la convocation fréquente des Etats pour subvenir aux besoins du Monarque.

Ces Assemblées n'avoient aucune influence directe sur le Gouvernement. En effet, qu'arrivoit-il? De simples sujets se réunissoient, par ordre du Monarque, pour subvenir à ses embarras financiers; comme toujours, ils lui devoient obéissance et respect; ils ne recevoient aucune parcelle du pouvoir. Leurs refus ne mettoient pas le Souverain aux abois; car celui-ci, sans leur concours, percevoit le revenu de ses domaines, les impôts et les droits régaliens; il étoit maitre de faire des emprunts; et l'adage ‘point de redressement de griefs, point de subsides’ ne pouvoit avoir la signification anarchique que l'organisation actuelle des Gouvernements constitutionnels lui donne. La réunion des Etats étoit quelque chose d'irrégulier, d'accidentel; une mesure extraordinaire et exceptionnelle; non pas un élément constitutif, non pas une autorité permanente dans le système gouvermental. Toutefois leur influence grandit bientôt; et cela s'explique aisément. Avant de satisfaire à la demande, il falloit, pour en examiner les motifs, entrer dans le détail et l'appréciation des actes du Souverain. Puis, dans l'occasion, on mettoit le consentement à prix; on formoit obstacle aux déterminations du Monarque; des Privilèges, qu'autrefois on eut reçus comme dons grâcieux, prenoient aisément l'apparence d'un contrat synallagmatique; et, à mesure que les Rois s'habituèrent à mettre la main qui

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reçoit au dessous de celle qui donne, les Etats, la Nation, et quelquefois jusqu'au Souverain lui-même, surtout au milieu de l'agitation des crises politiques et sociales, se méprirent sur le véritable caractère de ces assemblées, sur l'origine de leur droit, sur sa nature, et sur ses limites.

D'autres causes encore vinrent, au 14e et au 15e siècle, donner aux tendances républicaines de la force et de l'essor. L'organisation démocratique ou aristocratique des communes, faisoit confondre la nature de l'Etat avec celle de la cité. Le retour fréquent des guerres nationales et des troubles civils contraignoit le Souverain à recourir sans cesse à la libéralité des sujets. Les rapports avec l'Italie, morcelée en Républiques, dont quelques unes avoient atteint un haut degré de splendeur, généralisèrent les doctrines de Machiavel. L'usage de la langue Latine introduisit des locutions républicaines, pour désigner des institutions monarchiques. L'autorité du Droit Romain mêloit aux souvenirs du Moyen-Age un autre ordre d'idées. L'enthousiasme pour les monuments impérissables du goût dans la littérature et dans les arts faisoit de la Grèce et de l'Italie une seconde patrie pour les savants; ils vivoient dans la Rome et dans l'Athènes des siècles passés; on désiroit imiter ces cités-modèles; les théories du Droit Public prirent l'organisation des communautés Grecques et Romaines pour base, et par là même devinrent hostiles aux Gouvernements et incompatibles avec la réalitéGa naar voetnoot1. Elles

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s'insinuèrent d'autant plus aisément qu'elles sembloient se prêter aussi bien aux exigences du pouvoir qu'à celles de la liberté. Les Jurisconsultes exploitèrent les souvenirs des Césars en faveur de l'autorité du Monarque. Ce fut un déplorable calcul et qui devoit aboutir à un résultat opposé. Tandis qu'ils s'imaginoient établir le pouvoir sur des fondements solides, ils en sapoient la base; car d'autres, s'appuyant sur les mêmes données, en tiroient des conséquences d'un genre tout différent. Oui, disoient-ils, le pouvoir des Empereurs ne connut pas de limites. Mais la situation de Rome alors, dans ces siècles de despotisme, étoit-elle un état normal? Au contraire; la liberté étoit anéantie, le droit du peuple méconnu, et les formes républicaines s'élevoient encore en témoignage contre l'usurpation d'une longue série de tyrans. - Les adversaires de l'autorité monarchique, profitant ainsi des faux pas de leurs antagonistes, se gardèrent de nier l'identité du pouvoir Impérial et de la Royauté moderne; ils acceptèrent la comparaison; mais ce fut pour attaquer le pouvoir dans son origine. D'analogie en analogie, on en vint à considérer la Royauté comme une oppression permanente des libertés populaires; et dès que diverses circonstances amenèrent des collisions, des griefs, on se persuada aisément que les Rois étoient des tyrans, des magistrats rebelles, des mandataires infidèles et coupables, et que les Assemblées des Etats étoient les organes légitimes d'un peuple souverain.

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Ainsi les Monarchies de l'Europe étoient essentiellement héréditaires et patrimoniales. L'autorité n'avoit, ni son origine, ni sa règle dans la volonté du peuple; mais, indivise et absolue, elle n'étoit cependant ni arbitraire, ni illimitéeGa naar voetnoot1; elle avoit pour loi suprême les préceptes de la justice et de l'équité et pour bornes les droits des vassaux et des sujets; par intérêt aussi bien que par devoir, elle tenoit compte des libertés et des privilèges des individus, des corporations, et des différents Ordres, des classes, des Etats de la Nation. Mais cette Constitution primitive étoit en effet fort dégénérée. Par les changements successifs des relations sociales, la plupart des institutions du Moyen Age avoient perdu leur signification et leur force. On avoit des formes surannées, sans esprit, sans vie; et le despotisme sembloit presque l'unique préservatif contre la dissolution. L'Angleterre étoit servilement soumise aux Tudor; la France avoit appris

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à fléchir sous la violence systématique et cruelle de Louìs XI; l'Allemagne étoit livrée, sous des chefs foibles par position ou par caractère, aux maux de l'anarchie et aux tiraillements des partis; là aussi on sentoit le besoin d'un pouvoir plus concentré et plus ferme. L'organisation historique, faussée par des abus et des empiétements divers, étoit en outre sourdement minée par les progrès de l'esprit républicain, manifestes dans les délibérations des Assemblées, dans les tendances des événements politiques, et dans les écrits des savants. Il y a de la réalité et de la force dans une opinion même erronée. Elle tend à maîtriser, à transformer ce qui existe. Partout à cette époque il étoit aisé d'appercevoir les commencements ou les signes précurseurs de l'agitation, du désordre, d'un bouleversement universel. On vit alors une situation qui devoit se reproduire, avec des symptômes semblables, mais d'après des principes bien autrement anarchiques, deux siècles plus tard. Heureusement au seizième siècle, au lieu de l'esprit impie de la Révolution pour élargir l'abyme, on eut l'esprit Evangélique de la Réforme pour le fermer.

§ II.
Principe et conséquences de la Réforme.

A l'entrée d'un Recueil consacré à l'histoire d'une Dynastie Réformée qui, dans un pays Réformé, se voua constamment au service de la Réforme, il est indispensable de caractériser la grande et sainte querelle qui,

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durant 150 années, domina l'Histoire Moderne. Cette nécessité se fait doublement sentir à une époque où, d'un côté le Catholicisme-Romain, et de l'autre un Protestantisme bâtard et incrédule s'efforcent, comme à l'envi, de dénaturer et de rendre méconnoissables les principaux traits de cette régénération Chrétienne et d'en faire un simple mouvement politique ou social.

C'est pourquoi nous résumerons briévement ce qu'il y a de constaté touchant les motifs, la nature, le point de départ, la marche, et les résultats de la Réforme.

 

Ses motifs. - Ce n'est pas surtout dans tel ou tel abus, c'est dans l'essence même du Papisme qu'on doit les chercher. La Réforme ne fut rendue inévitable, ni par le joug des cérémonies, ni par la corruption des moeurs, tant du Clergé que des laïques, ni par les prétentions de la hiérarchie, ni par les abominations des Couvents, ni par le culte des images, ni par la vente des indulgences, ni par le despotisme Papal, ni par les persécutions atroces contre ceux qu'on désignoit sous le nom d'hérétiques. Même sans commotion violente, il y eût eu moyen de s'entendre sur l'abolition d'horreurs et de scandales pareils. Beaucoup d'entre les Catholiques, sans vouloir toucher le moins du monde au dogme, déploroient ces énormités flagrantes; sentoient la nécessité et l'urgence d'un remède; déclaroient hautement qu'il falloit rétablir la discipline, veiller sur les moeurs, mettre fin à un honteux trafic, donner une autorité plus efficace aux Conciles, ne plus chercher dans les supplices une garantie de la foi. Mais, en admettant la possibilité de ces améliorations réelles, qu'en fût-il résulté? On eût ébranché

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l'arbre, mais sans couper le mal dans sa racine. Un prétendu vicaire du Christ s'arrogeoit insolemment l'autorité divine; l'oeuvre de l'Esprit par lequel le fidèle est sçellé pour la vie éternelle, n'étoit plus reconnue, si ce n'est par l'intermédiaire de l'Eglise visible, et sous le sceau du Vatican; les prêtres, par des traditions, souvent fausses et supposées, tordoient les S. Ecritures à leur perdition; la justification gratuite par le sang de Christ et le sacrifice vivant en actions de grâce faisoient place à l'observation des oeuvres cérémonielles et aux offrandes d'or et d'argent; un homme, pécheur et mortel, fermoit à volonté l'accès au trône des miséricordes ouvert par le Fils de Dieu. Une partie du Clergé ne connoissoit plus la Bible; le culte d'une foule d'idoles avoit remplacé celui du Seigneur; le pardon du crime étoit devenu vénal; l'incrédulité, quant au fond, étoit protégée, pourvu qu'il y eût hypocrisie dans les formes; on eût dit, sur le tombeau du Christianisme, la superstition, l'immoralité, et l'athéisme se tendant la main. Lors donc qu'il plut à Dieu de répandre son St. Esprit sur cette génération impie et perverse, tous ceux qui eurent faim et soif de la justice de Christ, éprouvèrent le besoin, non seulement de s'élever contre la manifestation extérieure et les conséquences funestes de l'erreur, mais avant tout de retremper les croyances de l'Eglise de Rome dans la Parole Sainte et dans les eaux vivantes de la foi.

 

La nature de la Réforme, devant correspondre à la nature du mal, fut un retour à l'Evangile. La lumière avoit été ôtée du chandelier, elle y fut replacée; on avoit obéi à

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l'homme, à son autorité, à sa parole, à ses commandements: on obéit de nouveau à l'autorité, à la Parole, aux commandements de l'Eternel; le Seigneur étoit enlevé, il fut retrouvé; le salut étoit obscurci, il fut remis en évidence; le Ciel étoit fermé: on entendit de nouveau la voix de Celui qui a les clefs de l'enfer et de la mort, qui est le chemin, la vérité, la vie, et la porte du Ciel.

 

A chaque réveil de l'Eglise Chrétienne il y a un point de départ; savoir un dogme Evangélique qui, pour ainsi dire, ouvre la marche; et, vû la liaison intime et l'unité admirable de toutes les croyances dont l'ensemble forme la voie du salut, ce dogme devient l'anneau par lequel on ressaisit la chaîne entière de la vérité. Comme l'abandon d'un seul article fondamental entraîne nécessairement l'abandon de tout le reste, de même le retour à un seul point essentiel, pour peu qu'on suive la voie à l'entrée duquel il est placé, conduit à une épuration complète et fait reconquérir l'ensemble de la doctrine par laquelle l'homme pécheur peut être sauvé. Ce point essentiel, cette vérité première fut, pour la Réforme au 16e siècle, la justification par la foi, le salut accompli, le pardon gratuit, au nom des mérites de notre Seigneur; pardon dont l'obéissance est le fruit, au lieu d'en être la condition et le moyenGa naar voetnoot1.

 

La marche de la Réforme fut successive et scripturaire.

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La Parole de Dieu fut le flambeau; on avança guidé par sa lumière: elle fut un glaive; avec cette arme flamboyante de l'Esprit, on renversa les ennemis, à mesure qu'ils se présentoient sur la route. A chaque erreur on opposa une vérité. On répondit à la doctrine des oeuvres: ‘vous êtes sauvés par grâce, par la foi; et cela ne vient point de vous; c'est le don de Dieu; non point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifieGa naar voetnoot1.’ Aux inepties sur la tendance qu'auroit le salut gratuit à rendre les Chrétiens inactifs, le verset par lequel cette déclaration sur la foi pure et simple est immédiatement suivie: ‘nous sommes créés en J.C. pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées, afin que nous marchions en elles.’ Au culte des images: ‘abstenez vous des idolesGa naar voetnoot2.’ A la messe: ‘nous sommes sanctifiés par l'oblation qui a été faite une seule fois du corps de J.C.Ga naar voetnoot3’ A la domination du Pape: ‘Paissez le troupeau de Christ, non point par contrainte, mais volontairement; non point pour un gain déshonnête, mais par un principe d'affection; et non point comme ayant domination sur les héritages du Seigneur, mais en telle manière que vous soyez pour modèle au troupeauGa naar voetnoot4.’ A l'invocation des Saints: ‘il y a un seul Médiateur entre Dieu et les hommes.Ga naar voetnoot5’ A l'exclusion des laïques: ‘il sembla bon aux Apôtres et aux anciens, avec toute l'égliseGa naar voetnoot6:’ ‘vous avez été oints par le St. Esprit et vous connoissez toutes chosesGa naar voetnoot7.’ A l'interdiction de la Bible: ‘que la Parole de Christ habite en vous

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abondammentGa naar voetnoot1.’ - En général les Réformateurs pouvoient dire: ‘Tu m'as rendu plus sage par tes commandements que ne sont mes ennemis, parceque tes commandements sont toujours avec moi. J'ai surpassé en prudence tous ceux qui m'avaient enseigné, parceque tes témoignages sont mon entretienGa naar voetnoot2.’

 

Au reste, durant le seizième siècle, on remarque dans l'histoire de la Réforme trois phases, assez distinctes en général, bien que différentes en divers pays, quant à leur durée; les temps du martyre, de la résistance, et de la sécurité.

Epoque de souffrance. - Dans la sainte guerre commencée contre l'erreur de l'homme par la vérité divine, d'un côté on employoit le fer et le feu, de l'autre ‘le bouclier de la foi, le casque du salut; et l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu.’ L'Evangile se propagea rapidementGa naar voetnoot3; la prédication la plus éloquente, la plus efficace partit des bûchers.

Epoque de lutte. - Après un demi-siècle les Chrétiens, las d'être martyrs, prirent les armes. Dieu lui-même sem-

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bloit préparer les voies et susciter des libérateurs; mais; par une conséquence inévitable de notre nature déchue, à une cause, si pure jusqu'alors, se mêlèrent bientôt les passions mondaines et les combinaisons politiques. La voix de l'Evangile, si pénétrante du milieu des tortures et du fond des cachots, fut moins persuasive sur les champs de bataille. Les Eglises se consolidèrent davantage, mais l'oeuvre se développa moins. Il y eut désormais rupture ouverte; il y eut deux camps à part et comme deux populations séparées; eette séparation mit des bornes au prosélytisme et arrêta les progrès et les conquêtes de la vérité.

Epoque de repos. - Le Papisme ayant senti que la violence n'étoufferoit plus la Réforme, se résigna et posa les armes; la vérité Evangélique eut son terrain, comme aussi l'erreur eut le sien. La sécurité est souvent pour l'homme ce qu'il y a de plus fatal. N'ayant plus rien à craindre du dehors, les Protestants commencèrent à se disputer entr'eux; les Catholiques-Romains en profitèrent; dès lors il y eut une décadence marquée de la Réforme, jusqu'à ce que de nouvelles guerres de religion, amenant pour les Chrétiens une longue suite de désastres, ranimèrent les flammes languissantes de la foi.

 

Les résultats de la Réforme firent, depuis les thèses de Luther jusqu'à la paix de Westphalie, le fond de l'histoire Moderne. Sans entreprendre de les résumer, nous en dirons un mot sous le rapport religieux et politique.

La foi vivante créa des Eglises dont le mot d'ordre fut le salut gratuit par le sang de la Croix. Prenant la Bible pour règle unique, elles formulèrent leurs croyan-

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ces dans ces Confessions si simples, si belles, si énergiques, dont le merveilleux accord est le témoignage le plus irrécusable de l'influence du St. Esprit qui conduit en toute vérité. Les disputes violentes qui formèrent souvent un déplorable contraste avec cette harmonie et cette unité, avoient leur source, non dans une différence de vues sur les vérités nécessaires au salut, mais dans la susceptibilité de l'orgueil humain, impatient de contradiction, voulant soumettre les vues de tous à ses vues particulières, et oubliant le précepte de St. Paul aux Philippiens: ‘Marchons suivant une même règle pour les choses auxquelles nous sommes parvenus, et ayons un même sentiment... Et, si en quelque chose vous avez un autre sentiment, Dieu vous le révèlera aussiGa naar voetnoot1.’ - Quoiqu'il en soit, la foi ne demeura point stérile; l'amendement des moeurs et le progrès des lumières manifestèrent l'influence des Eglises Evangéliques.

La condition de l'Eglise de Rome devint meilleure sous un rapport et pire sous un autre. Meilleure; car cette Eglise, déchue si profondément, fut émue à jalousie et entra dans la carrière d'amélioration et de progrès: indirectement les Protestants eurent une influence très-salutaire, même sur le Papisme. Par contre le Concile de Trente fut un misérable replâtrage; il donna à des assertions erronées une sanction solennelle et irrévocable. En face des Eglises Protestantes, l'Eglise Romaine formula ces erreurs; et, après avoir, jusqu'à cette époque, gémi, comme le disoit Luther, dans la captivité de Babylone, elle devint dès lors positivement hérétique.

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La question religieuse domina les rapports politiques. On lui subordonna tout; organisation intérieure, guerres, alliances, traités. Les liens d'une foi commune eurent infiniment plus de force que ceux du patriotisme; et la lutte prit et garda longtemps le caractère d'une guerre, à la fois intestine et universelle. Dans le co-religionnaire étranger, on voyoit un frère; et dans le compatriote, un hérétique et trop souvent un réprouvé. L'unité de croyances devint le principe d'après lequel se formèrent les Etats. Ils furent désormais Protestants ou Catholiques-Romains. Leurs alliances eurent les sympathies Chrétiennes pour mobile et les intérêts religieux pour but.

La Réforme opposa une digue à la superstition, à l'impiété, et au libertinage. Bref, la lumière reparut dans les ténèbres et l'esprit débrouilla encore une fois le chaos.

 

Examinons maintenant ce qu'en disent les Catholiques et ceux d'entre les Protestants qui n'ont du Protestantisme que le côté négatif. Nous avons à faire à des détracteurs fougueux et à de malencontreux panégyristes.

Et d'abord renversons l'assertion première d'où les reproches des uns et les éloges des autres découlent: savoir que la Réforme a eu pour principe une liberté d'examen illimitée.

 

Oui sans doute, la Réforme a voulu la liberté de conscience. L'homme, vis-à-vis des autres hommes, est libre de repousser l'Evangile, libre de négliger un si grand salut, libre d'interpréter la largeur, la longueur, la hauteur, et la profondeur de la charité Divine d'après les proportions de son entendement borné et de sa raison déchue; il est

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libre de renier Christ, de renier Dieu; libre de méconnoître le sens, et des paroles de l'Apôtre: ‘lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres quant à la justiceGa naar voetnoot1;’ et des paroles du Seigneur lui-même: quiconque fait le péché est esclave du péché...; si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libresGa naar voetnoot2.’ Il est libre de rester dans la situation où se trouve tout homme irrégénéré; situation que l'Ecriture appelle la mort du péché et la servitude de Satan. Le Chrétien déplore cette liberté funeste: mais il sait que l'homme n'a, ni le droit, ni le pouvoir de contraindre son prochain à renoncer à l'incrédulité; que la foi est un don de Dieu, que la conviction ne cède point à la force, que le coeur doit être un sanctuaire inviolable au prêtre et au Souverain, et que tout fanatisme persécuteur est en abomination à l'Eternel. Si c'est là ce qu'on entend, l'on a raison; les martyrs Protestants ont prouvé, par la victoire de leur foi, l'insuffisance des bûchers, et la Réforme Evangélique a proclamé que les supplices ne sont pas un moyen de conversion à l'usage des Chrétiens.

Mais on se trompe grossièrement, dès qu'on suppose que la Réforme ait exigé la tolérance pour la manifestation publique des croyances les plus diverses; en d'autres termes, qu'elle ait, pour ainsi dire, inauguré la souveraineté de la raison.

Si les Protestants demandèrent, outre la liberté de conscience qu'ils jugeoient devoir être commune à tous, l'autorisation de leur culte, ce fut parceque ce culte étoit Chrétien, conforme aux principes et aux Confessions de

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la sainte Eglise Universelle, et nullement d'après un droit général, dont ils n'avoient aucune idée et dont ils eussent eux-mêmes contesté la légitimité.

Les Protestants, car c'est des Chrétiens Protestants qu'il s'agit, prenoient pour guide, non pas la raison de l'homme, mais la Parole de Dieu. Toutes leurs Confessions sur ce point sont unanimes. ‘Tous les hommes d'eux mesmes sont menteurs et plus vains que la vanité mesme. Pourtant nous rejettons de tout nostre coeur tout ce qui ne s'accorde pas à ceste reigle infaillibleGa naar voetnoot1.’ Examiner, non pas si la Parole de Dieu est conforme aux idées des hommes, mais si les enseignements des hommes sont conformes à la Parole de Dieu, telle est la liberté d'examen que Rome avoit proscrite et que la Réforme revendiqua pour le Chrétien. Elle répudia l'autorité humaine, pour accepter l'autorité divine et pour amener toutes les pensées captives à l'obéissance de Christ.

Les Protestants n'eurent garde de vouloir former une Eglise nouvelle, en se détachant de celle du Seigneur. Au contraire dans le maintien des vérités Evangéliques ils reconnurent l'oeuvre permanente du St. Esprit, et continuèrent la ligne des fidèles qui forme, à travers les siècles, la grande communauté des saints. Aussi leurs Confessions ne furent-elles, par rapport aux Confessions antérieures, qu'un travail complémentaire, une protestation contre des erreurs nouvelles, qui, de cette manière et comme

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toutes choses tournent en profit pour la vérité, ne firent que donner un développement nouveau à l'expression variée d'une foi toujours identique.

 

La Réforme, qui ne vouloit pas de la licence en religion, en voulut tout aussi peu en politique.

Elle sanctifia l'obéissance en sanctifiant le pouvoir; elle rendit l'homme libre, non par le renversement de l'autorité, mais en lui faisant voir qu'en obéissant au souverain légitime, il obéissoit à Dieu, qui est le maître aussi du souverain. Les inégalités sociales furent à la fois maintenues et adoucies par ce sentiment d'égalité devant Celui par qui règnent les Rois et à qui tous rendront compte de leur administration. Les Principautés et les Trônes, ébranlés par les doctrines democratico-républicaines du 15e et du 16e siècle, furent replacés sur leurs véritables bases par le principe conservateur et par les doctrines anti-révolutionnaires du Protestantisme ChrétienGa naar voetnoot1.

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Il est incroyable jusqu'à quel point les premières illustrations de l'époque ont dénaturé ce qui se rapporte aux temps de la Réforme.

 

Les grands écrivains Catholiques ont multiplié des

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attaques, disons le hautement, indignes de leur talent et de leur juste renommée.

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M. de Chateaubriand, abuse du privilège qu'il a de faire lire tout ce qu'il écrit. Dans ses Etudes historiques il affirme gravement que le Protestantisme, qui cependant ne fit que tendre la main aux Pères de l'Eglise par dessus les superstitions du Moyen-Age, ‘se détacha du passé pour planter une société sans racines, et qu'il avoua pour père un moine allemand du 16e siècleGa naar voetnoot1.’ Puis il lui fait le procès dans quelques assertions dont la hardiesse va jusqu'à l'absurdité. Ainsi il prétend, par ex., que, ‘retranchant l'imagination des facultés de l'homme, le Protestantisme coupa les ailes au génie et le mit à pied; qu'il soulage l'infortune, mais n'y compâtit pas; que le pasteur protestant abandonne le nécessiteux sur son lit de mortGa naar voetnoot2; que la Réforme ébaucha Gustave-Adolphe, et n'aurait pas fait BonaparteGa naar voetnoot3:’ de toutes ces phrases étincelantes il forme un feu d'artifice, un acte d'accusation très-brillant, mais qui, dès qu'on veut le soumettre à l'analyse, s'évanouit.

M. de Haller, si admirable ‘quand il foudroie et pulvérise les fausses et dangereuses doctrines d'un contrat social originaire et de la souveraineté du peupleGa naar voetnoot4:’ sembloit avoir gardé dans sa Restauration politique des

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ménagements envers la Réforme. On aimoit à croire que le petit-fils du fameux Albert de Haller, en qui le génie et l'érudition s'unirent à la simplicité et à la ferveur de la foi, qu'un homme élevé lui-même dans les doctrines de la Réforme et qui ne pouvoit ignorer son histoire, entraîné vers Rome par une fausse application de ses théories politiques, répugneroit toujours à se faire l'écho des outrages dont lui du moins devoit sentir l'injustice et le néant. Il a donné un éclatant démenti à cet espoir dans sa Réforme Protestante de la Suisse OccidentaleGa naar voetnoot1. L'ignorance et l'immoralité du Clergé, vers l'époque de la Réforme, est reconnue, même des plus zélés Catholiques; néanmoins M. de Haller, oubliant l'adage, ‘qui nimis probat, nihil probat,’ affirme qu'avant la révolution du 16e siècle, ‘la presque totalité des pontifes, des évêques, et des prêtres étaient irréprochablesGa naar voetnoot2.’ Répétant, sans hésiter, les invectives contre Luther, il l'appelle ‘un homme orgueilleux, impudique, qui se signale par un effronté libertinageGa naar voetnoot3:’ S'il eût consulté les sources, il n'eût pas copié les calomnies contre les RéformateursGa naar voetnoot4; il n'eût pas dit du Catéchisme de Heidelberg, où respire d'un bout à l'autre la foi et la charité, ‘qu'il ne consiste que dans une polémique sèche, haineuse et pleine de mauvaise foi contre les CatholiquesGa naar voetnoot5:’ il n'eût pas, après la lecture même d'une seule page des magnifiques commentaires de Luther sur l'Epitre aux Romains, ou sur celle aux Galates, écrit qu'il ‘fallait, selon lui, pécher beaucoup pour que la grâce abondâtGa naar voetnoot6:’ S'il eût lu et médité ce qu'il cite, il n'eut pas trouvé dans les Actes du Synode de Berne de 1532 (qu'il a, dit-il, attentivement

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examinés) que ‘toute la religion se réduit à une vague croyance en J.C...., sans s'embarrasser de ses commandementsGa naar voetnoot1:’ et, s'il eût voulu conserver quelqu'ombre d'impartialité, il n'eût pas cité aux Protestants Chrétiens, comme témoinsirrécusables de leur croyance, le sceptique Bayle et le rationaliste PaulusGa naar voetnoot2.

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M. de la Mennais, lorsqu'il prêchoit la fidélité à l'Eglise de Rome, lorsqu'il ne persifloitGa naar voetnoot1 pas encore le Pape, et qu'il avoit horreur des sophismes révolutionnaires, écrivoit que la Réforme ‘ne fut dès son origine, qu'un système de philosophie anarchique et un monstrueux attentat contre le pouvoir général qui régit la société des intelligences. Elle fit reculer l'esprit humain

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jusqu'au paganismeGa naar voetnoot1’ C'est là le thême qu'il a reproduit sans cesse avec la flexibilité et l'énergie de son style de feu.

Une foule de passages tout aussi curieux et significatifs se trouve dans les écrits de M. de Bonald, Michelet, et autres que nous nous abstenons de citer.

 

Encore si nous n'avions à combattre que nos antagonistes Catholiques; mais il faut se défier en outre du secours de nos prétendus alliés Protestants.

Prenons pour exemple, ‘ex uno disce omnes’, M. Guizot, si distingué par ses talents et son érudition, et dont on aime à supposer la foi plus vivante que ne sem blent l'indiquer plusieurs de ses écrits. Eh bien! en traitant la question dans son Cours d'Histoire moderne, il s'imagine pouvoir considérer la Réforme, ‘sans rien dire de son côté purement dogmatique, de ce qu'elle a fait dans la religion proprement dite, et quant aux rapports de l'âme avec Dieu et l'éternel avenirGa naar voetnoot2.’ C'est parler de la Réforme, sans parler de son principe, de son but, et de son essence. On comprend toutefois l'opinion de l'auteur, en lisant ensuite: ‘la Réforme a été un grand élan de liberté de l'esprit humain, un besoin nouveau de penser,... une grande tentative d'affranchissement de la pensée humaine, et, pour appeler les choses par leur nom, une insurrection de l'esprit humain contre le pouvoir absolu dans l'ordre spirituelGa naar voetnoot3:’ ‘La crise du 16e siècle n'était pas simplement réformatrice, elle était essentiellement révolutionaire.

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Il est impossible de lui enlever ce caractère, ses mérites et ses vicesGa naar voetnoot1.’ - En décrivant la Réforme d'une manière si opposée à sa nature, à sa règle, et à son but, on justifie complètement les assertions des Catholiques touchant les affinités entre elle et les aberrations les plus terribles de la Révolution.

Ces idées se retrouvent chez une infinité de philosophes protestants et de théologiens rationalistesGa naar voetnoot2.

Il y a plus. Ces reproches injustes et ces éloges non mérités, reparoissant partout chez les auteurs dont les études

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et la carrière sont en rapport direct avec la théologie, l'histoire, et la politique, ont été adoptés aveuglément et ardemment par ceux qui dans d'autres genres, en poésie, en littérature, exercent une grande influence sur l'opinion publique. On a répété, commenté, dépassé leurs bévues et leurs fausses hypothèses. Les Réformateurs et la Réforme ont été indignement travestis dans des tragédies et des romans soi-disant historiques, et dans mille et mille articles de Journaux. Chacun a lancé sa pierre ou apporté sa couronne; Voltaire et Robespierre, à n'en pouvoir douter, descendoient en droite ligne de LutherGa naar voetnoot1.

Les moyens ne manquent point aujourd'hui pour rectifier de pareilles erreurs. M. Merle d'Aubigné publie son Histoire de la RéformeGa naar voetnoot2, si propre à dissiper les préjugés d'une ignorance, souvent presque complète, par la simplicité et les détails du récit. M. Ranke répand avec profusion les trésors de la science dans des Ouvrages où l'on trouve partout l'exposition consciencieuse des faitsGa naar voetnoot3. En Allemagne et ailleurs on se livre avec une

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ardeur nouvelle à l'étude des temps passés. Ayons donc confiance; un examen critique et de bonne foi nous suffit.

 

Nous n'avons qu'un mot à ajouter sur le Papisme et sur la Révolution.

Le reproche de favoriser les tendances révolutionnaires, adressé à la Réforme, sied-il bien aux Catholiques? Ici encore remarquons d'abord qu'il est malaisé de saisir l'unité de la foi Romaine à travers ses transformations successives et ses contradictions manifestes. Nous ne prétendons pas nier que la Cour de Rome ait recommandé quelquefois l'obéissance au Souverain; bien au contraire, elle aussi invoquoit les principes de soumission, quand les circonstances rattachoient ses intérêts propres à l'affermissement des pouvoirs politiques. Mais, et voici ce qu'il est important de signaler, nous ne nous souvenons guère qu'à l'instar des Protestants, les Papistes persécutés ayent respecté les droits de l'autorité, à leur détriment, à leur péril, à leur perte. D'ailleurs l'obéissance au Monarque vient en seconde ligne, après celle qu'on doit au Pontife Romain. Rome semble établir dogmatiquement une suprématie complète de son Evêque sur l'Eglise et sur l'Etat. Rien de plus naturel. Le Chrétien reconnoit que toute Souveraineté temporelle, comme tout pouvoir spirituel, émane de Dieu, et qu'au Christ seul est donnée toute puissance dans le Ciel et sur la terre. Rome met le Pape à la place du Christ. Dès lors l'Evêque de Rome, s'arrogeant en tout point le Vicariat du Seigneur, se croit appelé à commander aux Empereurs et aux Rois, qu'il considère comme ses Ministres, soumis ou rebelles,

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auxquels il prête son appui ou qu'il destitue à volontéGa naar voetnoot1. Il domine par les Rois sur les peuples, ou par les peuples sur les Rois. Il se sert à cet effet de voies diverses. Tantôt il délie les sujets de leur serment de fidélité; tantôt il fait tourner à son profit les principes les plus dangereux.

En outre il est digne de remarque que les sophismes anarchiques reproduits de nosjours et qu'on a complaisamment déduits des principes et des raisonnements qu'on supposoit avoir été ceux de Luther et de Calvin, forment au contraire la base des théories exposées, à différentes époques, avec l'assentiment formel ou tacite de la cour de Rome, dans les écrits des Auteurs Catholiques. On y prêche la souveraineté du Peuple, comme un dogme universel, applicable aux formes les plus diverses de la société; la permanence de ce pouvoir souverain; la légitimité du tyrannicide. Au dessus de tous, peuples et Rois, plane l'autorité du Pape; songer à lui désobéïr est un crime de lése-majesté divine: au reste c'est là l'unique différence d'avec les doctrines du contrat social et les dogmes du plus fougueux radicalismeGa naar voetnoot2.

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On parle souvent des analogies de la Révolution et de la Réforme; tàchons de les résumer.

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La Révolution part de la souveraineté de l'homme; la Réforme de la souveraineté de Dieu. L'une fait juger la révélation par la raison; l'autre soumet la raison aux vérités révélées. L'une débride les opinions individuelles; l'autre amène l'unité de la foi. L'une relàche les liens sociaux et jusqu'aux relations domestiques; l'autre les resserre et les sanctifie. Celle-ci triomphe par les martyres, celle-là se maintient par les massacres.

L'une sort de l'abyme et l'autre descendit du Ciel.

§ III.
Situation des Etats.

Quand on considère au seizième siècle les rapports mutuels des Etats, un fait dominant se présente; savoir la rivalité entre la France et l'Espagne, entre la Maison de Valois et celle de Habsbourg. Les autres Etats, les autres Dynasties se trouvoient dans une position secondaire et souvent presque subalterne.

 

Déjà la France préludoit à ses magnifiques destinées. Son étendue, sa population, les richesses de son sol, le caractère vif et ardent de ses habitants, lui assuroient une prépondérance marquée, surtout depuis que les ressources du pays se concentroient sous l'influence renais-

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sante du pouvoir Royal, et après que les longues guerres contre les Anglois, en ranimant la nationalité, en avoient fait sentir le prix et la force. Toutefois, à l'entrée de la carrière, elle rencontra un antagoniste; ce fut l'Autriche. Cette puissance, qui de longtemps n'eût pu se mesurer avec aucun Etat du premier ordre, décupla rapidement ses forces par la plus douce des combinaisons politiquesGa naar voetnoot1. Trois mariages lui valurent sa grandeur. Par Marie de Bourgogne, elle eut le riche domaine des Pays-Bas; par le Roi Louis, la Hongrie; par Jeanne d'Arragon, l'Espagne, Milan, Naples, et la Sicile. La France fut, de toutes parts enveloppée; surtout quand la Couronne Impériale, pomme de discorde que convoitoit François I, fut devenue le partage de son heureux rival. Dès lors, par nécessité de position non moins que par les inspirations de la jalousie, la guerre devint imminente, inévitable, interminable; jusqu'à cinq foisGa naar voetnoot2 elle éclata avec fureur; les Traités n'étoient que des Trèves, arrachées, par le besoin de réparer ses forces, à la lassitude des combattants. Les Pays-Bas et surtout l'Italie furent le théâtre de cette lutte. Le partage de l'Italie sembloit le seul moyen efficace pour concilier les antagonistesGa naar voetnoot3. Même après une tentative pareille, le résultat n'eût pas répondu à l'attente. Quand deux puissances formidables se rencon-

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trent partout; quand chacune d'elles aspire à une domination universelle; après s'être partagé le monde, elles redoubleroient d'acharnement pour le posséder en entier. Cette rivalité a eu de grands avantages; elle a été la sauvegarde des foibles et la garantie efficace de l'équilibre politique. Elle a préservé l'Europe du despotisme de Louis XIV; elle a rendu inutiles, à une époque antérieure, durant la guerre de 30 ans, les tentatives ambitieuses et fanatiques de l'Autriche; et l'on vit les Princes d'Allemagne, déjà au 16e siècle, recourir à la France et faire échouer, par son secours, les projets de Charles-QuintGa naar voetnoot1.

Il n'y eut que la Réforme qui rapprocha plus d'une fois ces ennemis, par le triste lien d'une haine commune. En 1526, l'Empereur et le Roi s'allient pour des ‘expéditions tant contre les Turcs et infidèles que contre les hérétiques aliénés du grème de la St. EgliseGa naar voetnoot2’ En 1559, Philippe II traite avec Henri II une alliance d'extermination contre la RéformeGa naar voetnoot3. Et en 1563 Charles IX offre du secours pour le maintien de l'obéissance dans les Pays-BasGa naar voetnoot4.

Néanmoins en France on étoit assez porté, par sagesse humaine, à ne pas entraver par des scrupules de religion le libre cours des intrigues politiques. La persécution des Huguenots n'empêchoit pas le Roi de former alliance avec les

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Protestants d'Allemagne. Dans cette complication d'intérêts divers l'Autriche suivoit une marche simple et facile; car, en combattant la France, elle réprimoit en même temps les entreprises des Princes Evangéliques. Au contraire les Princes de la Maison de Valois flottoient entre deux idées impossibles à concilier; l'extinction du Protestantisme, considéré par eux comme le germe fatal des discordes civiles, et l'abaissement de l'Espagne, dont ils voyoient avec déplaisir les formidables ressources. Tantôt, brûlant de se mettre en garde contre leur voisin, ils tâchent de le supplanter dans la succession au Trône Impérial; ils lui suscitent des difficultés dans les Pays-Bas, ils lui cherchent des ennemis jusque chez les Turcs. Tantôt, au contraire, ils craignent de nuire aux intérêts catholiques et de favoriser l'hérésie en s'alliant aux Chefs du parti de la RéformeGa naar voetnoot1.

 

Henri II régnoit en France depuis 1547. Ses fils lui succédèrent, François II en 1559, Charles IX en 1560.

La Cour étoit livrée à la corruption et à la débaucheGa naar voetnoot2; le Royaume en proie aux troubles religieux qui prenoient de plus en plus une couleur politique. Longtemps les Protestants avoient pu dire ‘nous ne sommes pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.... Eprouvés par des moqueries

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et par des coups, par des liens et par la prison; mis à mort par le tranchant de l'épée, errants çà et là, réduits à la misère, affligés, tourmentés, errants dans les déserts et dans les montagnes, dans les cavernes et dans les trous de la terreGa naar voetnoot1.’ Mais enfin l'Evangile avoit pénétré dans les hautes classes. Deux partis puissants s'étoient formés. D'un côté les Guise, de l'autre les Princes du sang et les Châtillon. La résignation eut un terme. On se groupa autour des hommes puissants, que Dieu sembloit appeler à être les défenseurs de la foi. Bientôt le choc des armées succéda au brûlement des hérétiques. Notre premier Tome est plein de détails sur les événements de la guerreGa naar voetnoot2, sur le caractère des personnagesGa naar voetnoot3, tant des zèlés défenseurs de Rome ou de la Réforme, que de la Reine Catherine de Médicis, longtemps contraire aux persécutions, abhorrant les guerres civilesGa naar voetnoot4, et dont Granvelle caractérise fort bien la politique, lorsqu'il écrit: ‘elle croit qu'en perpétuant la discorde entre les deux partis, elle avancera ses affaires et établira son

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pouvoirGa naar voetnoot1’ ‘Elle est longuement persuadée que, pour se maintenir en auctorité, il convient maintenir les deux parties, que, comme je tiens, sera la ruyne du Royaulme et du Roy son filzGa naar voetnoot2.’

Bien que des motifs particuliers se mêlassent de part et d'autre aux discordes civilesGa naar voetnoot3, chez plusieurs le zèle de la religion ne fut pas douteux; et, quoique les Calvinistes de France, après avoir saisi les armes, n'ayent pas toujours, dans la pratique, respecté scrupuleusement les droits du Souverain, ils étoient bien loin cependant de les méconnoître entièrement, même au plus fort de la lutteGa naar voetnoot4.

Les événements de la France agirent puissamment sur les Pays-Bas. La foi est communicative; des émissaires et des émigrés François y prêchèrent l'Evangile, et le désir de suivre l'exemple des Huguenots se fortifioit à l'ouïe aussi bien de leurs souffrances que de leurs succès. La situation des partis, la nature des intérêts, étoit à peu près la mêmeGa naar voetnoot5. En 1560, Granvelle redoute une

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altération dans les Pays-Bas, si les mouvements de révolte en France continuentGa naar voetnoot1: en 1562, il craint que quelques uns ne soient à l'affût, désirant le succèsGa naar voetnoot2: en 1564, on se plaint ‘que les Franchois et même les Huguenotz de France mènent incessamment les practicques contre ces paysGa naar voetnoot3. Les Franchois se vantent de beaucoup d'intelligencesGa naar voetnoot4.’

La fraternité Chrétienne avoit ici des antipathies à surmonter. On n'aimoit pas les François dans les Pays-Bas, pas même dans les Provinces WallonnesGa naar voetnoot5. La déhance envers eux avoit de bons motifs. ‘Quand ils flattent,’ dit Granvelle, ‘ils ont desseing de tromperGa naar voetnoot6.’ De même Madame de Bréderode: ‘quand ils montrent bon visage, on est asseuré qu'ils couvent quelque chose de malGa naar voetnoot6.’

 

Nous allons considérer la Maison de Habsbourg dans ses relations avec l'Empire et avec ses Etats patrimoniaux.

En 1555 eut lieu l'abdication de Charles-Quint. Son âge mûr fut l'époque de ses revers. Peu d'hommes furent, à un tel degré, le favoir et le jouet de la fortune. A sept ans, Seigneur des Pays-Bas; à quinze, Roi d'Espagne et de Naples, et Duc de Milan; à dix-huit, Chef de l'Empire; à vingt-quatre, maître, par la bataille de Pavie, de son rival captif; quelle destinée, quel avenir! Mais des événements divers

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interrompent le cours de ces prospérités: l'ennemi terrassé se relève, la guerre recommence, les difficultés se multiplient; l'Allemagne, divisée par la Réforme, augmente les embarras de tout genre; les Princes Allemands se coalisent, résistent, menacent. Toutefois ce n'est qu'une crise passagère. La France accepte la paix; Charles-Quint en profite; il écrase les Protestants d'Allemagne; tout tremble, tout obéit, et la guerre de Smalcalde, en 1547, semble mettre un terme à toutes les résistances. Jeux bizarres du sort, disons mieux, dispensations justes et sévères de l'Eternel! A son apogée, cet astre brillant pâlit et marche rapidement vers son déclin. AmisGa naar voetnoot1 et ennemis se réunissent, et le vainqueur superbe se sauve à peine par une fuite précipitée, poursuivi par ceux-mêmes qu'il avoit comblés de bienfaits. Après avoir acheté la paix par de grands sacrifices, il veut venger ses injures sur la France et ressaisir les districts envahis par elle: nouveau mécompte; il est forcé de lever le siège de Metz. Aux souffrances de l'âme se joignent celles du corps; des maladies l'assaillent, sa vigueur l'abandonne; et, tandis que les dangers redoublent, la force pour les affronter lui échappe. Ayant eu trois projets favoris, l'union de l'Empire avec l'Espagne, l'extirpation de la Réforme, et l'abaissement de la France, il désespère de leur réussite. Ferdinand son frère, jaloux de la Couronne Impériale, lui refuse ce qu'il désiroit, soit pour le bien de l'Empire, soit pour la grandeur de la Maison de Habsbourg; et les vicissitudes que l'Empereur éprouve, lui

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font craindre d'être forcé à ternir l'éclat de son règne en signant à la fois le triomphe de la France et celui des Protestants. Faut-il s'étonner qu'il ait senti les atteintes du découragement, qu'il ait déposé la couronne, qu'il ait cherché la solitude, le recueillement, et la mort; que, dégoûté des choses de la terre, il ait cherché peut-être celles du Ciel!

L'opposition très-vive de FerdinandGa naar voetnoot1 fut un bonheur pour l'Allemagne et la Chrétienté: sans elle, la Maison de Habsbourg eût acquis une puissance presqu'irrésistibleGa naar voetnoot2. Au contraire, le souvenir d'une tentative pareille fut un germe de désaccord dont les ennemis de cette Dynastie surent tirer plus d'une fois parti. Philippe II semble

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avoir entièrement abandonné l'idée de fixer l'Empire dans sa FamilleGa naar voetnoot1; formant des relations en Allemagne, il évite tout ce qui pourroit alarmer Ferdinand: étant ‘d'intention de faire et dresser quelque ligue avec aulcungs Princes de l'Empire, sa M. n'a voulu mestre ce en train sans préalablement en avoir le bon avis du Roy des RomainsGa naar voetnoot2;’ et celui-ci de son côté répond avec une grâce et une obligeance parfaiteGa naar voetnoot3. Mais le trait avoit pénétré fort avant dans l'âme de MaximilienGa naar voetnoot4. Du même âge que Philippe, il y avoit entr'eux antipathie et contrasteGa naar voetnoot5. La défiance et la jalousie fortifièrent cette inimitié naturelle. Rival, adversaire du Roi d'Espagne dans tous les intérêts de famille, Maximilien, par là même, étoit l'espoir des mécontentsGa naar voetnoot6.

Les forces de la Maison de Habsbourg perdirent l'unité

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qui les avoit doublées sous Charles-Quint. L'Autriche et l'Espagne furent des Puissances distinctes et quelquefois séparées.

 

La ligne Autrichienne eut Ferdinand I et Maximilien II pour Chefs. Tous deux se concilièrent, ce qui n'étoit pas alors chose facile, amour et respect.

Maximilien II étoit partisan de la Réforme. Les Protestants attendoient de lui de vigoureuses résolutions. Il alloit, croyoit-on, marcher sur Rome et contraindre le Pape à se renfermer dans les limites de ses droits spirituelsGa naar voetnoot1. Mais il s'apperçut bientôt qu'il ne suffit pas de vouloir, qu'exécuter est moins facile que promettre, et

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que la position de Prince héréditaire n'est pas la même que celle de Souverain.

 

Le pouvoir Impérial étoit considérablement diminué. Au 15e siècle l'Empereur Fréderic III fut réduit par fois à un dénuement qui faisoit pitiéGa naar voetnoot1 et qui rendoit fort difficile le maintien de ses prérogatives. Maximilien I, son fils, eut à soutenir, de 1493 à 1517, une lutte presque non interrompue contre les Etats de l'Empire; ceux-ci formèrent avec persévérance une organisation, une opposition compacteGa naar voetnoot2, dont la résistance étoit redoutable et qui sut profiter aussi, d'abord de la jeunesseGa naar voetnoot3, et plus tard des embarras de Charles-Quint.

Ce que nous avons dit de l'Europe en général, touchant le manque de fixité dans les rapports, s'applique particulièrement à l'Allemagne. Là surtout il y avoit cette agitation intérieureGa naar voetnoot4, ce balancement des esprits, inséparable de chaque époque où les institutions, ayant survécu à leur principe, ne possédent plus aucune garantie de leur

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durée. Chacun aspiroit à l'indépendance, et faisoit bon marché de celle d'autrui. L'affaissement du pouvoir légitime amenoit le règne de la violence et du désordreGa naar voetnoot1. On en étoit à cette alternative fatale où il n'y a de choix qu'entre l'anarchie et le despotisme. La Réforme (car c'est à elle qu'est dû ce service immense) remit au jour un principe d'obéissance et de liberté; toutefois elle ne mit l'ordre dans le chaos, qu'après un demi-siècle de déchirements affreux. Outre les luttes sans cesse renouvelées contre les Turcs et contre la France, il y eut la guerre des paysans, en 1525; les ligues et les contreligues des Catholiques et des Protestants; les excès criminels des Anabaptistes; le rétablissement du Duc de Wurtemberg à main armée, en 1534; l'expédition contre le Duc de Brunswick, en 1545; les triomphes de l'Empereur, en 1547, et ses défaites, en 1552. Et quelle fut, dans l'organisation politique, l'issue de cette série de guerres, de révolutions, et de désordres? La consolidation et l'accroissement du pouvoir des Princes; leur Souveraineté territoriale triomphaGa naar voetnoot2.

Ils profitèrent aux dépens de l'Empereur et du PapeGa naar voetnoot3.

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La Réforme agrandit le cercle de leurs attributions. Le pouvoir Impérial fut de beaucoup restreint. L'Allemagne devint ainsi une espèce de République féderative et presque une association de SouverainsGa naar voetnoot1, présidée, d'après les loix d'un contrat réciproque, par un chef électif.

La résistance, au lieu d'ébranler, vint encore consolider ce pouvoir. Les Comtes, les Chevaliers, les Villes, accoutumés aux rapports directs avec l'Empire, qui d'ordinaire mettoient peu d'entraves à leur liberté, redoutoient fort une suprématie souvent insolente et tracassière de la part de cette nouvelle classe de Seigneurs. La répugnance à plier sous un joug que plusieurs considéroient comme illégitime, le désir de conserver ou de reprendre une indépendance à laquelle on attachoit un si haut prix, causèrent une fermentation prolongéeGa naar voetnoot2, qui, par de sourdes menées et des commotions violentes, trou-

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bla le repos de l'Allemagne. Les projets vagues et gigantesques de Sickingen se rattachoient à cette opposition turbulenteGa naar voetnoot1; ceux de Grumbach, mis à mort comme brigand, mais dont les desseins avoient une haute portée, en furent, un demi siècle plus tard, pour ainsi dire, un dernier écho. Sa défaite fut pour la Noblesse moyenne un coup mortel.

 

L'Allemagne, plus qu'aucun autre pays, mérite le nom de patrie de la Reforme. Les destinées de la vérité Evangélique y sont le centre vers lequel tous les événements aboutissent. Le Protestantisme (nous parlons ici des armes, non de la chair, mais de l'Esprit) attaqua d'abord; il fut réduit à se défendre plus tard. Entre ces deux époques la Paix de Religion, en 1555, forme la limite. Le besoin impérieux de repos assura seul quelque durée à ce pacte; c'étoit du reste un singulier compromis; car, au lieu de résoudre les difficultés, il ne faisoit que constater, par des décisions et des réserves, les points sur lesquels devroit un jour recommencer la lutte.

Après cette paix, l'incompatibilité entre Rome et la Réforme fut bientôt constatée. ‘Il n'y a pas d'accord possible,’ disoit un Prince Evangélique, ‘entre Christ et

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Bélial: les Papistes trouveront toujours moyen de faire condamner et de poursuivre les vrais ChrétiensGa naar voetnoot1.’ Aussi les Protestants n'étoient pas toujours dupes des prévenances Catholiques: on n'a qu'a lire la réception peu amicale des envoyés du Pape à la Conférence de NaumbourgGa naar voetnoot2. Bientôt la séparation devint complète; il dût en être ainsi, quand le Concile de Trente eut stéréotypé les erreurs de Rome, en les résumant sous la forme de dogmes irrévocablesGa naar voetnoot3.

Il y eut réaction du Catholicisme-Romain, dans une grande partie de l'Europe et surtout en Allemagne; les Jésuites mirent à cette oeuvre de la suite, et y déployèrent une extrême persévérance et une grande habileté. Il y avoit une question bien importante, sur laquelle dans les Diètes les Protestants revenoient chaque fois à la charge. Ils prétendoient que les Evêques devoient rester Evêques, même après avoir embrassé la Réforme: Rome, au contraire, ayant le sentiment que, privée de l'appui des intérêts mondains, elle seroit perdue sans ressource, n'osant donc lutter à armes égales, écartoit chaque annéeGa naar voetnoot4

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une solution qui lui eût, complétement et définitivement, enlevé l'Allemagne.

Les liens de la communion Evangélique ne furent que trop souvent déchirés par les disputes entre les Luthériens et les Calvinistes; relatives à la signification de quelques dogmes, particulièrement au mode de la présence réelle du corps de notre Seigneur dans les signes Eucharistiques. On n'examina point ces questions subtiles avec la modération et la tolérance que l'Evangile prescrit à l'égard de tous et surtout envers des frères en Christ. Les passions s'en mêlèrent; la jalousie, l'ambition, l'orgueil, l'animosité, la haine; la science qui enfle, au lieu de la charité qui édifieGa naar voetnoot1.

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Ces différends, que le Landgrave de Hesse avoit bien raison de nommer une querelle mauditeGa naar voetnoot1, eurent une influence fatale sur les affaires de la Chrétienté. Les ennemis des Réformés de France endormoient les Princes Evangéliques d'outre-Rhin, en leur assurant que ce n'étoit pas le Protestantisme, mais l'exécrable Calvinisme qu'on vouloit extirperGa naar voetnoot2. Les Princes Luthériens ne vou-

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loient guère faire des sacrifices pour les Pays-Bas, à moins qu'on n'y abjurât les opinions calvinistesGa naar voetnoot1.

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Ce zèle outré, en soufflant la discorde parmi les Protestants, fut extrêmement favorable à la restauration du Papisme. L'influence de l'Allemagne au dehors fut long-temps neutralisée. Une stérile orthodoxie, remplaçant la foi, étouffa la charité. Les moeurs se relâchèrent; l'ardeur que donne l'esprit de parti, en tout ce qui a trait au dogme, s'allia fort bien à la tiédeur, l'indifférence, et l'égoïsme dans la pratique. - La religion de Rome poussa de nouveau des racines; s'étendit, s'affermit, répara ses pertes, refoula la Réforme vers le Nord, et l'Allemagne expia par une guerre de trente années sa négligence et son lâche abandonGa naar voetnoot1.

Il y a peu de chose à dire sur les possessions patrimoniales de la Maison de Habsbourg en Allemagne; l'Autriche, la Bohême, et la Hongrie. La Réforme y avoit fait des progrès considérablesGa naar voetnoot2. Quant à la Hongrie, elle étoit continuellement assaillie par les Turcs.

 

Si maintenant nous feuilletons notre premier Tome pour y chercher ce qui concerne les différents Etats de l'Allemagne, nous n'y trouverons guère de détails sur les Princes Catholiques-Romains; pas même sur ces puissants Ducs de Bavière, qui, se concertant avec le Pape, profitèrent de la Réforme, et obtinrent, pour prix de leur fidélité intéressée, une espèce de suprématie sur le Clergé.

Il y a exception pour les Ducs de Brunswick. Henri le

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Jeune, déjà vieux, étoit ami du Prince d'OrangeGa naar voetnoot1; amitié qui ne tint point contre le dévouement au Pape. Il étoit peu recommandableGa naar voetnoot2; ‘fort suspect à ses voisins à cause de la religionGa naar voetnoot3:’ ayant ‘le corps remply de sang Espagnol et mauvais François jusqu'à la gorgeGa naar voetnoot4.’

Son cousin, Eric II de Brunswick-Calenberg, né en 1528, abjura la Réforme et mourut en 1584. En 1563 il est ‘à Bruxelles, pour certaines grandes entreprises, more solitoGa naar voetnoot5;’ personnage turbulent, ne visitant ses Etats que pour les exploiter; courant le monde pour chercher des occasions de faire la guerre; et préférant la mort au repos. Les Protestants redoutoient sa présence dans les Pays-BasGa naar voetnoot6.

Guillaume, Duc de Clèves et Juliers, ne fut ni décidément Protestant, ni décidément Catholique. Né en 1516, allié de la France, il fit valoir ses prétentions sur la Gueldre contre Charles-Quint. Défait, humilié en 1543, il devint en 1545 gendre de l'Empereur Ferdinand et demeura fidèle à l'Autriche. Il ne sut pas résister aux exigences des Papistes. Toutefois ses antecédents le rendoient suspect au Roi d'Espagne; d'autant plus qu'il entretint

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longtemps des rapports assez intimes avec les Chefs de l'opposition dans les Pays-BasGa naar voetnoot1.

Parmi les Princes réellement Evangéliques, parmi les hommes qui se servirent de leurs biens, de leurs talents, de leur influence, pour l'avancement du règne de Christ, il faut compter le Duc Christophe de Wurtemberg, l'ami intime de l'Empereur Maximilien IIGa naar voetnoot2. Très-exclusif dans ses opinions ultra-Luthériennes, il étoít excellent Chrétien.

L'Electeur PalatinGa naar voetnoot3, si distingué par une foi vivante, active, et ferme, et qui plus tard fit à la cause des Pays-Bas de si grands et de si douloureux sacrifices, y étoit, comme en AllemagneGa naar voetnoot4, mal vu de plusieurs, à cause de son attachement aux opinions qu'on décrioit sous le nom de doctrines CalvinistesGa naar voetnoot5. On admiroit néanmoins la fran-

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chise avec laquelle, au risque de perdre la dignité Electorale, il confessoit sa croyance; on attachoit du prix à ses conseilsGa naar voetnoot1.

Dans le Brandebourg régnoit, depuis 1535, l'Electeur Joachim II, né en 1505, et qui avoit, en 1539, embrassé la Réforme; modéré, pacifique, ayant une influence considérable en AllemagneGa naar voetnoot2. Mais il fut loin de prendre aux grands événements de son époque une aussi large part que trois Princes dont le nom revient à chaque page des premiers Tomes de notre Recueil: savoir Auguste de Saxe et les Landgraves de Hesse.

 

L'Electeur de Saxe étoit frère et successeur de ce Maurice, dont Charles-Quint récompensa la fidélité, probablement pas tout-à-fait désintéresséeGa naar voetnoot3, en transférant l'Electorat

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de la branche Ernestine à la branche Albertine ou cadette; dont on a pu dire, en quelque sorte, que, par son secours nécessaire et par son intervention subite, il avoit deux fois changé la face de l'Empire, et qui périt en combattant, n'ayant encore atteint que sa 32e année. Auguste fut un des Princes les plus puissants de l'AllemagneGa naar voetnoot1, ami de Maximilien II, et beau-frère du Roi de Danemark, mais du reste distingué, à notre avisGa naar voetnoot2, ni par la grandeur de son âme, ni par la sagacité de son espritGa naar voetnoot3.

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Il se montra peu généreux envers son cousin le Duc Jean-Frédéric IIGa naar voetnoot1, devenu odieux par son ultra-LuthéranismeGa naar voetnoot2, suspect et dangereux par ses rapports avec GrumbachGa naar voetnoot3. Mis au ban de l'Empire, assiégé, saisi, jeté en prison, cet infortuné Prince mourut après une captivité de 28 années.

 

Philippe le Magnanime, Landgrave de Hesse, durant

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vingtcinq années chef des Princes Evangéliques, défenseur des libertés de l'Allemagne, antagoniste redoutable de Charles-Quint, avoit une grande habiletéGa naar voetnoot1; mais sa force consistoit moins encore dans ses talents que dans la bonté des principes et la fermeté du caractère. Franc et intrépide, sa hardiesse auroit pu dégénérer en imprudence, si elle n'eût été contenue et dirigée par les sentiments Evangéliques; elle avoit sa source dans un dévouement qui, dès que le devoir a clairement parlé, ne calcule, ni les sacrifices, ni les périls. Presque toutes les mesures de vigueur de la part des Protestants émanèrent de lui: leur attitude courageuse en 1530 à Augsbourg; la ligue de Smalcalde, qui manifesta la résolution de ne pas se renfermer dans un système passif; la réintégration du Duc Ulric de Würtemberg en 1534, qui enlevoit à l'Autriche un pays qu'elle avoit eu dessein de garder; l'envahissement subit du Duché de Brunswick, en 1542, qui mit hors de combat un des ennemis les plus acharnés de la Réforme; enfin la guerre de 1547 qui, après quelques années de revers, eut néanmoins l'abaissement de l'Em-

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pereur, la liberté de l'Allemagne, et la paix de Religion pour dernier résultat. Sans dissimuler ses écarts et ses chutes; sans atténuer le scandale et le désordre qui, par un second mariage, du vivant de sa femme, deshonorèrent, malgré les prétextes et les apologies, sa vie domestiqueGa naar voetnoot1, on auroit tort de révoquer en doute la sincérité de la foi d'un homme, qui non seulement avoit une connoissance très-approfondie de la véritéGa naar voetnoot2, mais dont l'esprit Chrétien se révèle dans ses écrits, ses discours, et ses actes, et qui, à la lueur de la Parole de Dieu, évita, presque toujours au milieu des orages, un grand nombre d'écueils. Il ne foiblit pas devant la sédition et le fanatisme, même

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quand ils prenoient le zèle religieux pour masque; il contribua puissamment à terminer la guerre des paysans et à délivrer la Westphalie des excès et des fureurs des Anabaptistes. Dans les disputes contre les Papistes, sa fermeté fut inébranlable, en tout ce qui se rapportoit aux bases de la foi, et sa condescendance extrême sur tout le resteGa naar voetnoot1. Enfin dans les dissidences des Protestants, il insista toujours sur l'obéissance au précepte Apostolique: ‘la vérité dans la charitéGa naar voetnoot2.’ Ses Lettres, par la naïveté et la fraicheur du style, semblent indiquer la droiture et la franchise de l'écrivainGa naar voetnoot3. Après s'être opposé au mariage du Prince

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d'Orange avec sa petite-fille Anne de Saxe, sans user de détoursGa naar voetnoot1 et pour de bons motifsGa naar voetnoot2, il ne garde pas rancuneGa naar voetnoot3; il montre un intérêt touchant pour le salut éternel de la jeune PrincesseGa naar voetnoot4, et le Prince d'Orange eut à se louer de la sagesse de ses conseilsGa naar voetnoot5.

 

Durant sa longue captivité, son fils Guillaume le Sage, très-jeune encore, fit preuve de cette prudence qui lui valut un si honorable surnom. Lors de la réaction des Protestants contre Charles-Quint, qui amena la paix de Passau, non seulement l'Electeur Maurice, par un calcul égoïste, inclinoit à accepter des conditions insuffisantes, mais en outre le Landgrave Philippe, captif et craignant que l'Empereur, poussé à bout, ne se vengeât en le faisant mourir, enjoignoit à son fils, dans les termes les plus formels et qui trahissoient la vivacité de ses angoisses, de ne pas se montrer trop difficileGa naar voetnoot6. Guillaume, dans ce conflit appa-

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rent de devoirs, sans oublier les intérêts de son père, n'oublia point aussi qu'on avoit commencé la lutte pour les intérêts de la liberté politique, et surtout pour ceux de la RéformeGa naar voetnoot1.

Ce Tome contient dix-sept Lettres du Landgrave Guillaume, presque toutes au Prince d'Orange, ou à son frère Louis de Nassau. Il respectoit l'unGa naar voetnoot2; il chérissoit l'autreGa naar voetnoot3. Zèlé pour la cause de l'EvangileGa naar voetnoot4, il détestoit la polémique haineuse des théologiensGa naar voetnoot5. Marchant avec plus de précaution que son père, il marchoit néanmoins droit et ferme. Ses Lettres abondent en expressions qui dénotent l'énergie et la vivacitéGa naar voetnoot6.

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La Suède et le Danemark étoient unis à l'Allemagne par des affinités d'origine et de langage, par des sympathies religieuses et politiques.

En Suède, au noble et brave Gustave-Wasa succède, en 1560, un fils très-peu digne de lui; Eric XIV, soupçonneux, vindicatif, et qui, pour prix de sa défiance et de sa cruauté, perdit le trône en 1568 et la vie en 1578.

Sa légéreté et son étourderie se montrent dans une double négociation de mariage entamée, en Hesse avec une fille du Landgrave; en Angleterre avec la Reine ElizabethGa naar voetnoot1.

Dans le Danemark Christiern II avoit été dépossédé en 1523 par le Duc de Holstein, Fréderic I, dont le petit-fils, Fréderic IIIGa naar voetnoot2, monta sur le trône en 1559. Le Roi déchu étant mort la même année, sa fille, la Duchesse de Lorraine, se flattoit de faire reconnoitre les droits du Duc de Lorraine son fils, et se donna des peines infinies pour exécuter ce projetGa naar voetnoot3. Mais elle avoit surtout compté sur l'appui de la Maison d'Autriche, l'épouse de Christiern ayant été soeur de Charles-Quint. Cet appui lui manqua: ni l'Empereur, ni le Roi d'Espagne ne profitèrent des embarras du DanemarkGa naar voetnoot4, et loin d'attaquer le Roi, on

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n'épargna rien pour gagner et conserver l'amitié d'un Monarque qui pouvoit nuire au commerce, en fermant à volonté le SondGa naar voetnoot1.

 

Venons à la ligne Espagnole. Jetons d'abord un coupd'oeil sur le caractère et les actes de celui qui en fut le Chef; pour considérer ensuite les différents Etats soumis à son pouvoir.

 

Le nom de Philippe II, mêlé comme celui de Charles-Quint, durant un demi-siècle à tous les grands intérêts de la Chrétienté, inspire sous quelques rapports, une hor-

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reur très-légitime; car la réprobation attachée aux doctrines, rejaillit inévitablement sur leurs défenseurs. Toutefois on a fait peser trop exclusivement sur lui une responsabilité commune à son époque. C'est pourquoi, désirant être juste envers tous, nous ajouterons à ce que nous avons dit ailleursGa naar voetnoot1, quelques remarques sur la tendance et les motifs de sa politique.

On doit repousser les calomnies, admettre les excuses, et préciser les griefs.

Il n'est point avéré que Don Carlos ait péri de mort violenteGa naar voetnoot2; il est hors de doute que ce jeune homme, doué, de par les romanciers et les poètes, de toutes les qualités imaginables du coeur et de l'esprit, étoit non seulement inhabile à règner, mais tout-à-fait incapable de se gouverner soi-même; que, loin d'avoir des relations intimes avec les grands Seigneurs des Pays Bas, on y faisoit peu de cas de sa personneGa naar voetnoot3; que sa mélancolie habituelle dégénéroit

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par fois en véritable fureur, et qu'il nourrissoit contre son père d'abominables desseins. Il est résulté d'un examen approfondi qu'il n'y a aucun motif de croire à l'empoisonnement de la Reine Isabelle; peut-être des recherches ultérieures réduiront d'autres accusations du même genre à néant.

Apprécions ensuite les difficultés de la position de Philippe II. Pour lui autant d'ennemis que de voisins. La France étoit en état permanent d'hostilité ouverte ou cachée. Les Princes d'Allemagne, qui avoient souffert pour l'Evangile ou qui s'étoient crus lésés dans leurs droits politiques, haïssoient en lui le fils de Charles-Quint. Le Roi d'Espagne, malgré son zèle pour la religion Romaine, comptoit, chose incroyable! même le Pape parmi ses antagonistes. Puis il faut mettre en ligne de compte l'étendue et la variété de ses Etats: car la diversité et l'antipathie mutuelle de tant de nations dont il étoit le Souverain, lui causoit des soucis et des embarras continuels. Ensuite il voyoit le culte Catholique-Romain, dont l'organisation étoit entrelacée par une infinité de liens avec les institutions politiques, assailli de toutes parts par des croyances qui sembloient tendre au renversement de l'ordre social. Enfin il fut le successeur d'un Prince, dont le règne avoit eu un très-grand éclat, qui avoit su se concilier l'affection de ses sujetsGa naar voetnoot1, et il monta sur le trône, à une époque

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où Charles-Quint lui-même avoit quitté les grandeurs de la terre parcequ'ayant épuisé ses ressourcesGa naar voetnoot1, il reculoit devant une situation presque désespéréeGa naar voetnoot2.

On reproche à Philippe II de s'être ingéré des affaires des autres, afin de parvenir à la domination universelle par l'intrigue et la discorde. Mais on n'a pas suffisamment remarqué peut être que, dans les grands intérêts de la Chrétienté, le maître de tant d'Etats avoit le droit et que même c'étoit son devoir d'exercer une influence considérable sur les délibérations communes. On a trop aisément ajouté foi à des inculpations hasardées; il auroit fallu s'en défier; car la puissance d'une Monarchie telle qu'étoit alors l'Espagne, excite nécessairement des craintes, des soupçons; qui, pour être chimériques, n'en acquièrent pas moins presque toujours un certain degré de consistance et de

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probabilitéGa naar voetnoot1. La conduite de Philippe II, durant tout le cours de son règne, a été en général pacifiqueGa naar voetnoot2; il a constamment désiré la paix; il n'a fait la guerre qu'avec répugnance, après de longs délais, et le plus souvent parceque ses adversaires l'y avoient contraint par leur perfidie et par leur astuceGa naar voetnoot3.

On l'accuse d'avoir maintenu le Papisme, d'avoir obéi,

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en esclave, aux volontés du Pape, d'avoir persécuté la Réforme. - La première accusation n'en est pas une; les yeux fermés à la lumière, il confondoit l'Eglise de Rome avec la Sainte Eglise Universelle; il étoit donc tenu de la maintenir; devoir auquel, d'après un usage immémorial, il s'étoit obligé par sermentGa naar voetnoot1. Quant à son obéissance au Pape, elle ne fut jamais implicite; dévoué à la Religion Romaine, il veilloit néanmoins à l'indépendance de l'EtatGa naar voetnoot2. Enfin l'hérésie lui parut un crime digne de mort; mais cette opinion détestable est presque un dogme essentiel du Papisme.

Avec des talents très-médiocres, Philippe II avoit une aptitude, disons mieux, une application extrême au travail; c'étoit peut-être le plus grand travailleur de ses

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EtatsGa naar voetnoot1. Absorbé dans les petites affaires, incapable, par là même, de s'éléver jusqu'aux grandes, il se faisoit illusion par son incroyable activité de cabinet. Il n'étoit pas exempt de cet orgueil, de cette morgue Castillane, si odieuse aux autres nationsGa naar voetnoot2; toutefois il s'efforçoit de surmonter ce penchant; peut-être même, par suite d'une timidité naturelle, l'embarras, le manque d'aplomb, le sentiment de ne pas être à sa place, contribuèrent-ils beaucoup à lui donner des apparences hautainesGa naar voetnoot3.

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On vantoit généralement sa bonté et sa douceurGa naar voetnoot1. Il avoit peu d'énergie; il étoit habituellement indécis, irrésoluGa naar voetnoot2. Quelquefois il s'est montré magnanimeGa naar voetnoot3. Il étoit religieux, non, comme son père, principalement par politiqueGa naar voetnoot4, mais avant tout par conviction sincère et avec un dévouement qui ne connoissoit ni exception, ni limite. Hors de l'Eglise de Rome il n'admettoit pas la possibilité du salut: donc il falloit contraindre à y entrer; il falloit sauver les âmes par le supplice du corps; il falloit être, en quelque sorte par charité, inexorable et cruelGa naar voetnoot5. Dès lors on ne sauroit être surpris, en examinant l'administration de ses Etats, de rencontrer partout des

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marques, disons mieux, des flots de sang, de ce sang innocent que rien n'efface; et c'est ainsi qu'on a pu donner le nom de Démon du Midi à un Roi qui cependant écrivoit à la Duchesse de Parme, sa soeur, dans une Lettre destinée à rester secrète: ‘Dieu sait que je n'évite rien plus volontiers que l'effusion du sang humain et tant moings de mes subjects de par delà, et je tiendrois bien pour un des plus heureux poincts de mon règne qu'il n'en fust jamais besoinGa naar voetnoot1.’

 

L'Angleterre est tout-à-fait en dehors du cercle de ses Etats. Il fut, pendant quelques années, le mari de la Reine, de cette Marie Tudor, dévote et sanguinaire, qui fit heureusement place à Elizabeth. Celle-ci, demandée en mariage par Philippe, se soucia fort peu de suivre l'exemple de sa soeurGa naar voetnoot2. Elle maintint son indépendance personnelle et celle de son Royaume et, loin d'entrer dans les vues du Roi d'Espagne, favorisa la RéformeGa naar voetnoot3.

 

Dans notre Correspondance il n'est guère fait mention de l'Italie; ni de Naples, ni du Duché de Milan.

 

Il y a plusieurs passages relatifs à l'Espagne. Une Lettre à Gonzalo PérezGa naar voetnoot4, une autre du Duc d'Albe; celle-ci est très-caractéristiqueGa naar voetnoot5.

On voit souvent percer des sentiments de crainte et de jalousie envers les EspagnolsGa naar voetnoot6.

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Toute influence étrangère blesse partout et toujours l'amour propre national. En outre le caractère des habitants de Espagne avoit quelque chose de particulièrement offensant par sa hauteurGa naar voetnoot1. Race opiniâtre et passionnée, ils avoient contribué à étendre la domination de Charles-Quint et à établir son pouvoir: ils aspiroient à une suprématie que les autres nations n'étoient guère disposées à leur déférer. On les haïssoit en ItalieGa naar voetnoot2 et en Allemagne.

Plusieurs parties de la Monarchie étoient des pays conquis. Les Espagnols le leur faisoient durement sentir. Même sans parler des horreurs commises en Amérique, leur domination, par exemple, à Naples et en Sicile étoit de nature à inspirer aux autres peuples un amour d'autant plus vif pour leur indépendance et leurs libertésGa naar voetnoot3.

On frémissoit à l'idée de leurs institutions religieuses et politiques. Le Gouvernement en Espagne étoit trèsabsolu; surtout depuis la repression du mouvement des

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Communes en 1520. Une attaque qui échoue étant toujours doublement avantageuse au vainqueur, l'influence des Cortès fut depuis lors en grande partie annulléeGa naar voetnoot1: en Castille la Noblesse entouroit presque dévotement le trône et les Evêques étoient nommés par le RoiGa naar voetnoot2. Partout les libertés avoient grandement souffert, si du moins on peut parler de libertés dans un pays qui tolère les procédures atroces de l'Inquisition.

 

Les Pays-Bas étoient, depuis le 15 siècle, le centre du commerce, de l'industrie, et des richesses de la Chrétienté. La fertilité du sol dans les superbes plaines de la Belgique, l'accroissement rapide de la navigation, une position centrale offrant de tous côtés des débouchés et des ressources, la prospérité croissante de tant de populeuses cités, l'augmentation des fabriques, le courage des bourgeoisies et la valeur brillante de la Noblesse, le luxe et la civilisation importés par les Ducs de Bourgogne, une Cour distinguée par sa magnificence et par son éclat; surtout un peuple industrieux, entreprenant, actif en tout genre de négoce et de travail; tant d'avantages réunis faisoient de ces Provinces, bien que peu étendues, un des Etats les plus florissants et les plus remarquables, et dont

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l'influence n'étoit pas à dédaigner dans le balancement des intérêts politiquesGa naar voetnoot1.

La Constitution y étoit Monarchique. Les Ducs et Comtes, ayant succédé aux droits de l'Empereur, par l'hérédité des bénéfices et par l'abandon successif des prérogatives du SuzerainGa naar voetnoot2, ne conservant avec l'Empire que des rapports vagues et insignifiants, étoient Seigneurs du territoireGa naar voetnoot3; vivant de leurs domaines, donnant des loix, faisant administrer la justice, déclarant la guerre ou concluant la paix, levant des tributs, exerçant les droits régaliens, accordant des faveurs et des Privilèges, et y

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ajoutant des conditions d'après leur bon plaisir; c'est-à-dire, non pas en violant les droits des autres, mais sans être tenus à demander, dans ce qui concernoit l'exercice de la Souveraineté, l'avis et le consentement de leurs sujets.

Ce pouvoir absolu n'étoit donc, ni sans règles, ni sans limites. Maître de ses domaines, le Souverain des Pays-Bas étoit soumis aux loix de la justice et de l'équité; lié par les droits du Clergé, de la Noblesse, des Villes, des corporations, des particuliers, il avoit besoin, pour le plus léger subside extraordinaire, du consentement formel des Etats. Leurs Assemblées, où les différentes classes des habitants envoyoient des députés, inconnues dans les Pays-Bas avant le quatorzième siècle, se réunissoient par ordre du Prince, quand il le vouloit, aussi longtemps qu'il le jugeoit bon, pour délibérer sur les propositions qu'il leur faisoit soumettre.

Malgré le nom générique de Pays-Bas, il n'y avoit ni fusion, ni amalgame. - Au contraire, chaque Province, par son existence propre et ses souvenirs particuliers, formoit une agrégation séparée. On remarque une opposition de races tranchée entre les Provinces Wallonnes et Germaniques. Il y avoit dans les Pays-Bas des idiômes, des peuples différents, des antipathies, des hostilités par tradition et presque par instinct. Les guerres entre Namur et l'Artois, entre la Flandre et le Brabant, entre la Hollande et la Frise, entre la Hol'ande et la Flandre, avoient laissé des traces presqu'ineffaçables dans la mémoire des habitants. A peine se fait-on une idée de la diversité des lois, des droits, et des coutumes que le Prince étoit tenu de respecter. Le droit public ne varioit pas avec le changement de Souverain. La Maison d'Autriche avoit acquis ces

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provinces successivement et à différents titres, comme Duchés, Comtés, Seigneuries; les nouveaux sujets stipuloient presque toujours le maintien et l'inviolabilité de leurs droits spéciaux; et même il n'étoit pas besoin de le stipuler expressément.

Les Ducs de Bourgogne et les Princes de la Maison d'Autriche s'étudièrent à délier les liens de suzeraineté qui unissoient ces Provinces, soit à l'EmpireGa naar voetnoot1, soit à la France, à les ranger peu à peu sous des lois communes, et à faire de tant de Principautés diverses, sans effaroucher l'esprit de localité, des parties intégrantes d'un seul et même EtatGa naar voetnoot2. Ils restèrent en deçà du but de leurs efforts. L'union plus intime des Provinces devoit naître plus tard de la résistance au SouverainGa naar voetnoot3.

 

Durant le Moyen Age l'histoire des Pays-Bas est le récit presque non-interrompu de séditions et de révoltesGa naar voetnoot4.

Les villes puissantes, où se concentroient les travaux et les trésors de l'industrie et du commerce, étoient le plus souvent en proie au luxe, aux passions, et au désordre. Leur administration, d'abord très-populaire, avoit pris, de degré en degré, un caractère très-aristocratique. A des émeutes contre le pouvoir souvent oppressif des Ma-

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gistrats, succédoient des rebellions contre le Souverain. Toutefois, depuis l'avènement de Philippe le Bon, l'autorité du Prince, malgré des réactions funestes sous Charles le Téméraire et durant la régence de l'Archiduc Maximilien, avoit triomphé enfin de ces soulèvements du peuple; et Charles-Quint, en chàtiant l'insolence des Gantois, réprima, pour le reste de son règne, les velléités d'indépendance et les tentatives de l'esprit républicainGa naar voetnoot1. - Le

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Brabant avoit sa Joyeuse Entrée. En cas de violation des libertés du pays, on n'étoit pas tenu d'obéir avant que les torts fussent réparés; mais ce refus d'obéissance étoit temporaire et tout-à-fait exceptionnel.

La Réforme, nonobstant les placards sévères de Charles-Quint, avoit jeté dans les Pays-Bas de profondes racines. L'Evangile y pénétroit de tous côtés, à la faveur des rapports de commerce multipliés et continuels avec la France et l'Allemagne; puis il y avoit parmi les troupes beaucoup de Suisses et d'Allemands, qu'on ne pouvoit priver entièrement de l'exercice de leur culte; en outre des milliers d'Anglois, proscrits par le fanatisme de la Reine Marie, s'étoient réfugiés en BelgiqueGa naar voetnoot1; et, quoiqu'ils ne pussent professer ouvertement leur croyance, ils faisoient beaucoup de prosélytes. La persécution opposoit inutilement des digues au torrent. - L'exemple de la France, où le Roi étoit contraint de pactiser avec les Protestants, donnoit du courage et de l'espoir: du reste, malgré les affinités

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de langue et d'origine, on n'aimoit pas les François, même dans les Provinces WallonnesGa naar voetnoot1.

Les Pays-Bas fournirent des sommes considérables au Roi d'Espagne: ils supportèrent la plus grande partie des frais de la guerre de 1552 à 1559Ga naar voetnoot2. - Les Villes, dont les trésors étoient incessamment alimentés par le commerce, avoient peu souffert et promptement réparé leurs pertes. La Noblesse au contraire étoit fort appauvrieGa naar voetnoot3, par les dépenses des camps et surtout par celles de la Cour, où régnoit souvent un luxe effréné.

Le Roi avoit dans les Pays-Bas trois Conseils; celui des Finances, pour l'administration de ses domaines et de ses revenus; le Conseil Privé, pour les affaires de la Justice; le Conseil d'Etat, pour le Gouvernement. Mais ce Conseil, comme les autres, n'avoit que des avis à donner, obéissant du reste au SouverainGa naar voetnoot4.

Il y avoit en outre dans les Pays-Bas l'Ordre de la Toison d'Or, crée par Philippe le Bon et dont les Chevaliers avoient sur les affaires importantes une influence au moins indirecteGa naar voetnoot5.

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Revenons encore un instant à Philippe, pour examiner sa conduite particulièrement envers les Pays-Bas.

D'après l'opinion universellement admise il vouloit y conquérir un pouvoir sans limites; y établir la domination des Espagnols, y extirper la Réforme par l'inquisition d'Espagne; et il tendoit à ce triple but sans modération, sans concession quelconque. Considérons chacun de ces reproches séparément.

On prouveroit difficilement, croyons nous, que Philippe II ait eu dessein de mettre les libertés du pays à néant. Au commencement de son règne rien ne justifie cette suppositionGa naar voetnoot1. Puis, dans la question des privilèges, il ne faut jamais perdre de vue que le maintien de la religion Romaine étoit précisément un des privilèges les mieux établis, que la violation des libertés et des coutumes fut plutôt une conséquence de la guerre qu'elle n'en fut la causeGa naar voetnoot2, et que l'administration violente du Duc d'Albe fut, on peut le dire, une anomalie dans le règne de Philippe II. En effet, ce ne fut qu'après de longues hésitations que le Roi se décida à envoyer ce général, étant poussé à bout par les excès, à son avis, sacrilèges des iconoclastesGa naar voetnoot3. D'ailleurs,

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tout ne se fit pas d'après ses ordres. Puis, quelqu'horrible que fut la réalité durant ces années d'extermination et de massacre, le pinceau des historiens en a encore surchargé le tableau. Enfin, il seroit en tout cas, injuste de vouloir apprécier la vie entière et le gouvernement du Roi d'après cet affreux épisode.

Espagnol, il donnoit la préférence aux Espagnols; il aimoit à s'en entourer; il en formoit sa Cour, son ConseilGa naar voetnoot1. Il n'avoit pas le talent de faire oublier aux autres nations le tort de son origine. Mais on prétend sans motif qu'il donna à ses compatriotes une autorité excessive dans les Pays Bas. La Gouvernante étoit née en BelgiqueGa naar voetnoot2; dans les Conseils il n'y avoit, parmi les adhérents du Roi, que Granvelle auquel on pût donner le nom d'étranger; encore étoit-il Bourguignon. Le nombre des soldats Espagnols, dont la présence, après le départ du Roi, fit jeter de si hauts cris, n'étoit certes pas tel qu'on put fonder sur eux des projets d'arbitraire et de despotisme.

En voulant déraciner la Réforme, il ne fit que suivre l'exemple et les conseils de Charles-QuintGa naar voetnoot3. Sous le règne

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de celui-ci on avoit fait les Placards contre les hérétiques, et l'Empereur en avoit recommandé l'exécution à son fils.

En refusant d'admettre l'exercice d'une autre religion que la sienne, le Roi agissoit conformément au droit public de cette époqueGa naar voetnoot1. Un tel refus étoit son droit. La publicité des prêches eut été une concession énormeGa naar voetnoot2: on n'en trouve guères d'exemple, si ce n'est en France en 1561, et encore ce fut le signal de la guerre civile. Tolérance envers les Réformés étoit un motif de rebellion pour les Papistes. Eux aussi approuvoient, exigeoient la repression de ce qu'ils nommoient l'hérésie; s'il y eut des excep-

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tions, ce fut lorsqu'ils eurent besoin des Protestants, pour des intérêts, soit de commerce, soit de liberté.

Philippe II n'eut jamais l'intention d'établir dans les Pays-Bas l'Inquisition d'Espagne. Il faut, afin de s'abstenir d'une accusation gratuite, distinguer trois espèces d'Inquisition: celle des Evêques dans leur diocèse, celle du Pape qui envoyoit des Commissions extraordinaires dans des cas particuliers; enfin le régime inquisitorial introduit en Espagne et tout-à-fait exceptionnelGa naar voetnoot1. On ne pouvoit s'élever contre la première, conséquence nécessaire et attribut naturel du ministère épiscopal. On voyoit de mauvais oeilGa naar voetnoot2 les juges délégués extraordinairement par le Siège soi-disant Apostolique, soit pour remédier à la nonchalance des Evêques, soit pour soutenir leurs efforts; mais le but de ces Commissions spéciales, nullement inusitées dans les Pays-BasGa naar voetnoot3 devoit en grande partie cesser précisément par l'augmentation des Evêques, projetée par PhilippeGa naar voetnoot4. En tout cas il étoit déraisonnable de confon-

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dre ces Commissions avec l'Inquisition d'Espagne, dont le Roi, pour plus d'un motifGa naar voetnoot1, ne pouvoit guères désirer l'introduction; tribunal perpétuel, terrible par son activité secrète, par les raffinement des tortures, par l'absence de toute garantie pour les accusés, et par sa tendance à affermir l'autorité du Clergé Romain et le despotisme royal.

Enfin il est complètement faux que le Roi se soit refusé opiniâtrement à toute espèce de modération. Bien au contraire, excepté sur un seul point, à l'égard duquel toute transaction lui paroissoit illicite, il inclinoit constamment à temporiser. Il y eut de 1561 à 1567, comme on peut le voir ci-dessus, une série de concessions, qui semblent quelquefois à peine compatibles avec la dignité du

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Souverain. La venue du Duc d'Albe, il est vrai, y mit un terme; mais bientôt on s'apperçoit que le Roi revient à un systême de pacification. On en trouve des preuves sensibles dans la nomination du Duc de Médina-Céli et de RequesensGa naar voetnoot1, dans la délégation du pouvoir au Conseil d'Etat, dans l'envoi de Don-JuanGa naar voetnoot2, dans celui du Duc de Parme, et dans le retour de sa mère pour gouverner les Pays-Bas. Les Provinces qui se rallièrent à l'Eglise de Rome obtinrent la paix à des conditions extrêmement avantageusesGa naar voetnoot3.

 

Avant de terminer nos Prolégomènes, il convient d'énumérer encore les principaux personnages qui, par leur position, leurs talents, leur caractère, eurent de l'influence sur la marche des affaires au commencement des troubles dans les Pays-Bas.

 

D'abord le Comte d'Egmont, Prince de Gavres; fameux par les victoires de St. Quentin et de Gravelines. Son mariage avec Sabine de Bavière et l'amitié de l'Empereur Maximilien IIGa naar voetnoot4 lui procuroient beaucoup de relations en Allemagne.aant. Il avoit, à un trop haut degré, peut-être, la

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conscience de ses mérites, il savouroit sa renommée; il avoit de la fierté, il n'étoit pas sans orgueilGa naar voetnoot1. Toutefois, si, d'après le témoignage de plusieurs de ses contemporains, il étoit altier, présomptueux, irascibleGa naar voetnoot2, on convient qu'il ignoroit la dissimulation, l'intrigue, et les arrière-pensées. FrancGa naar voetnoot3 jusqu'à l'imprudenceGa naar voetnoot4, accessible à la flatterie, et se laissant mener par de plus habiles que lui, il fut plus grand capitaine que politique. Son esprit flottoit souvent entre les opinions diversesGa naar voetnoot5.

Philippe de Montmorency, Comte de Hornes, AmiralGa naar voetnoot6. Le Prince d'Orange se servit de son nom et de son crédit: du reste il semble devoir être rangé parmi ces hommes que les révolutions mettent en évidence, parceque leur position les grandit malgré leur médiocrité.

Son frère, Florent de Montmorency, Baron de Montigny, étoit plus habile que lui; zélé pour la religion

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Romaine; mais pas disposé à obéir aveuglément au SouverainGa naar voetnoot1.

Antoine de Lalaing, Comte de Hoogstraten, leur beaufrèreGa naar voetnoot2; homme de grand mérite, distingué par son courage militaire et politiqueGa naar voetnoot3.

Jean de Glymes, Marquis de Berghes; fort populaire, ayant des talents et de la hardiesse, mais ingrat et intéresséGa naar voetnoot4.

Philippe de Croy, Duc d'Aerschot, Prince de Chimay. Le souvenir de ses ayeux, riches, puissants, comblés d'honneurs et de grâces par leurs Souverains, servoit de nourriture à son orgueil et de fondement à des prétentions démésuréesGa naar voetnoot5. Attaché au Roi et à la Religion de RomeGa naar voetnoot6, il avoit une ambition extrême, et sa fidélité à ses

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intérêts le rendoit parfois inconstant dans ses opinions et dans ses actesGa naar voetnoot1.

Le Comte de Berlaymont, distingué par ses talents, sa fermeté, son zèle pour les intérêts du Roi. Avec sa nombreuse famille il étoit un des plus fermes soutiens du pouvoir monarchiqueGa naar voetnoot2.

Puis le Comte d'Aremberg et le Comte de Megen; le Seigneur de GlajonGa naar voetnoot3 Pierre Ernest, Comte de Mansfeldt, capitaine vieux et expérimenté, Gouverneur du Luxembourg; Allemand, mais depuis un grand nombre d'années demeurant dans les Pays-Bas; compagnon d'armes de Charles-Quint; brave et vaillantGa naar voetnoot4.

 

Parmi ces Seigneurs (dont aucun n'eût favorisé les Espagnols) quelques uns refusoient décidément d'entrer dans la voie des innovations. Le Comte de Berlaymont, sans être ami de GranvelleGa naar voetnoot5, résistoit à toutes les sollicitations des Seigneurs ligués. Il étoit en mauvaise grâce

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auprès d'euxGa naar voetnoot1. On tâchoit de les réconcilierGa naar voetnoot2; mais lui, qui pénétroit leurs desseins, répondoit toujours ‘qu'il tiendroit la ligue du maître, demandant s'il y pouvoit estre meilleure ligue que celle qu'il portoit, monstrant son ordre; qu'il tiendroit le parti du Roy et point d'aultreGa naar voetnoot3.’ Aerschot suivoit cet exempleGa naar voetnoot4; Mansfeldt, au contraire, se rangeoit du côté des mécontentsGa naar voetnoot5. Aremberg et Megen de même: ils reprochent amèrement à Montigny d'avoir fait mettre à mort des hérétiquesGa naar voetnoot6: toutefois Aremberg ne persista pas longtemps dans sa résistanceGa naar voetnoot7. Quant à Montigny, Hoogstraten, et Berghes, leur marche étoit plus franche et plus décidée. Toutefois les véritables chefs de l'opposition étoient le Prince d'O range, les Comtes d'Egmont et de Hornes, espèce de

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triumvirat qui, comme d'ordinaire, se résumoit dans la direction et la suprématie d'un seul.

Ces trois Seigneurs étoient à la tête de la plus grande partie de la NoblesseGa naar voetnoot1. Cependant il y avoit déjà plusieurs personnes dont les voeux et les espérances dépassoient de beaucoup les projets du Prince d'Orange et des siens.

 

Le Comte Henri de Bréderode, issu de la Maison des Comtes de Hollande, mais dont les sentiments répondoient mal à la noblesse de son origine. Il ne méritoit les éloges que l'esprit de parti lui a prodigués, ni par son caractère peu recommandable, ni par ses moeurs très-dissolues, ni par ses talents fort médiocres: les circonstances le portèrent en avant; sa prééminence apparente et passagère ne fut due qu'à son nom illustre et peut-être à cette étourderie qui l'emportoit au delà des limites que prescrivoit la raison. Ce jugement, bien que sévère, est pleinement justifié par les détails que l'histoire a transmis à son égard et surtout par les Lettres de notre Recueil. L'écriture même est caractéristique; souvent presqu'inlisible, tant les mots sont tracés avec négligence et désordre. Le style aussi retrace l'écrivain par le décousu des idées, par l'inconvenance des expressions, quelquefois telle que nous avons dû les omettre. Plusieurs passages respirent le vin et la débaucheGa naar voetnoot2; d'autres abondent en locutions triviales et

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déplacéesGa naar voetnoot1. La violence et la forfanterie semblent lui avoir été habituellesGa naar voetnoot2. Ses vues politiques n'avoient pas une haute portée: fougueux, irréfléchi, écervelé, il vouloit une rupture, sans en calculer les suitesGa naar voetnoot3; il amenoit les dangers, faute de les prévoir. Il compromettoit ses amis, en donnant l'éveil à ses antagonistes. Il mourut misérablementGa naar voetnoot4.

Le Conseiller Renard, natif de Bourgogne, créature des Granvelle, paya très-mal leurs bienfaitsGa naar voetnoot5. Son ambi-

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tion n'étant pas satisfaite, il voulut se venger de ses mécomptes en suscitant des embarras au GouvernementGa naar voetnoot1. Le Duc d'Albe écrit qu'il cause les troubles, qu'il en est le levainGa naar voetnoot2. ‘Grand remueur de mesnageGa naar voetnoot3,’ d'après l'Ambassadeur d'Espagne en Angleterre. Il s'entendoit parfaitement avec les Seigneurs de la ligueGa naar voetnoot4, et ne quitta les Pays-Bas que lorsqu'il y fut contraint par l'ordre du RoiGa naar voetnoot5.

Lazare de Schwendy, capitaine Allemand, servit avec distinction, sous Charles Quint et Philippe II, et acquit une très-grande renommée par son habileté dans les guerres contre les TurcsGa naar voetnoot6. En prudence et en expérience de l'art

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militaire il n'avoit guères d'égalGa naar voetnoot1. Le Prince d'Orange avoit en lui beaucoup de confianceGa naar voetnoot2. Dans les Pays-Bas il fut lié avec ceux qui vouloient marcher en avantGa naar voetnoot3; mais son séjour auprès de l'Empereur Maximilien II, qui le prit à son service, semble avoir modifié sensiblement ses opinionsGa naar voetnoot4. Il étoit pour la Réforme; du moins la liberté de conscience lui paroissoit devoir être accordéeGa naar voetnoot5. Ses Lettres sont pour la plupart, très-intéressantesGa naar voetnoot6; mais son amitié pour le Prince d'Orange ne fut pas toujours la même dans les revers et dans les succèsGa naar voetnoot7.

Günther, Comte de SchwartzbourgGa naar voetnoot8, surnommé le Belliqueux, beau-frère du Prince d'OrangeGa naar voetnoot9. Il servit le Danemark contre la Suède; il étoit poussé aux combats par le désir de la gloire et par les ennuis du désoeuvre-

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mentGa naar voetnoot1. Il avoit de l'habileté et de la finesseGa naar voetnoot2. Le ton de ses Lettres est légerGa naar voetnoot3. Se souciant assez peu des disputes sur la ReligionGa naar voetnoot4, il étoit enclin à favoriser l'opposition contre le Cardinal.

Le frère du Prince, le Comte Louis de Nassau, né en 1538Ga naar voetnoot5, fit des études à Strasbourg et à Genève, vint de bonne heure dans les Pays-Bas, à la Cour et à l'armée; et prit part à la bataille de St. QuentinGa naar voetnoot6. Ce jeune héros dont la valeur jeta un si vif éclat, qui fut l'âme de la Confédération des Nobles et le bras droit du Prince d'Orange dans la délivrance des Pays-BasGa naar voetnoot7, s'étoit voué, de bonne

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heure, au service de son frèreGa naar voetnoot1. Il lui étoit d'une grande utilité, par ses relations en France et en AllemagneGa naar voetnoot2. Ses Lettres sont écrites d'un ton éveillé, gai, jovialGa naar voetnoot3. Il ne semble pas s'être astreint à un genre de vie extrêmement sévèreGa naar voetnoot4; toutefois, en lisant sa correspondance, on s'apperçoit bientôt que l'exemple et les enseignements de ses parents, la pieuse tendresse de sa mère, et les fréquentes discussions sur les grandes vérités Evangéliques n'avoient pas été sans fruit pour son âmeGa naar voetnoot5; il avoit de la foi et du

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lèze; son exemple et ses exhortations ont été bénies pour plusieurs et pour le Prince d'Orange en particulier.

 

Le Gouvernement des Pays-Bas étoit confié à Marguerite, Duchesse de Parme, fille naturelle de Charles Quint, née à Gand, en 1522; fort habile, très-attachée au PapismeGa naar voetnoot1. S'il y eut une époque à laquelle, intimidée par les dangers et les menaces, ou gagnée par les flatteries et les promesses, elle laissa presque flotter les rênes au gré de l'opposition, elle reprit bientôt courage, et sut, en 1566, parfaitement profiter des fautes et des excès de ses antagonistes. A son départ elle fut généralement regrettée; surtout quand l'administration sanglante de son successeur eut mis les Pays-Bas au régime de la potence et du feu. Granvelle, qui avoit à se plaindre d'elle, faisoit en 1578 son éloge et désiroit son retourGa naar voetnoot2; mais l'honneur de réconcilier une partie des Pays-Bas avec le Roi étoit réservé au fameux Alexandre de Parme, son filsGa naar voetnoot3.

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Dans un poste aussi difficile Marguerite avoit besoin de conseils. Probablement le Roi comptoit le plus sur les talents et le dévouement d'Antoine de Perrenot, Evêque d'Arras, ensuite Cardinal de Granvelle, né à Besançon en 1517, et fils de Nicolas de Perrenot, qui fut Chancelier sous Charles-Quint et l'un des hommes les plus remarquables de cette époqueGa naar voetnoot1.

Personne n'a contesté les talents de Granvelle et son étonnante habileté; au dire de tous, il étoit actif, infatigable, clairvoyant dans les desseins des autres, persévérant dans ses voies, fécond en moyensGa naar voetnoot2.

Mais on le haïssoit, et cette haine datoit de loin. Les Princes d'Allemagne imputoient à son père et à lui les mesures les plus odieuses de Charles-Quint; les empiétements sur la Constitution Germanique, les violences con-

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tre les Protestants, la détention du Landgrave de Hesse et de l'Electeur de SaxeGa naar voetnoot1. Cette haine redoubla de violence dans les Pays-Bas. On détestoit en lui un étranger, un ami des Espagnols, un ennemi des libertés publiques, un conseiller astucieux et perfide, auteur de tous les griefsGa naar voetnoot2, tâchant de garder des troupes Espagnoles dans le pays, désirant faire augmenter le nombre des Evêques, poussant à la violence, perdant les Seigneurs dans l'esprit du Roi, homme faux, vindicatif, n'ayant pour but que son intérêt personnel. - Examinons le fondement de ces griefs.

Un étranger? - Mais, né à Besançon et par conséquent dans le Cercle de Bourgogne, Granvelle observoit avec raison: ‘le Comte de Mansfelt se peult dire estrangier, largement plus que moy, qui suis, moy et les miens, vassal et subject de sa M.Ga naar voetnoot3

Un ami des Espagnols? Mais il les juge sévèrementGa naar voetnoot4; il attribue à leurs excès tous les malheurs qui affligèrent les

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Pays-BasGa naar voetnoot1; il se justifie, sur ce point par, plusieurs faits, d'où il résulte qu'au commencement du règne de Philippe II il écarta les troupes EspagnolesGa naar voetnoot2, que jamais il ne favorisa ceux de cette nationGa naar voetnoot3; qu'il hâta en 1560 le départ des soldatsGa naar voetnoot4, que lorsqu'il étoit question de la venue du Roi, il l'engagea à mener avec lui peu d'EspagnolsGa naar voetnoot5.

Ennemi des libertés publiques? - Mais il ne vouloit pas la violation des privilèges et des libertésGa naar voetnoot6: même dans un

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écrit où il semble déposer sa pensée intime, il justifie le zèle des habitants des Pays-Bas pour la conservation de leurs droitsGa naar voetnoot1.

L'augmentation des Evêques fut décidée par le Roi à son insuGa naar voetnoot2.

Loin de conseiller des mesures violentes, il engagea constamment à revenir aux voies de modération et de douceurGa naar voetnoot3.

Au reproche d'avoir desserviles Seigneurs auprès du Roi, d'avoir dénaturé leurs intentions et leurs actes, il oppose la dénégation la plus expliciteGa naar voetnoot4, et nous avons la preuve en main que ce témoignage est conforme à la véritéGa naar voetnoot5. -

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Profond politique, il avoit de la réserve, il ne dévoiloit pas les secrets du Souverain, il n'épanchoit pas ses craintes, ses espérances, ses projets dans le sein de ses antagonistes; toutefois il n'y a guères de motif pour l'accuser, du moins quant aux Pays-Bas, de fausseté et de perfidie. Loin d'être un courtisan empressé, adulateur, et servile, il exhortoit la Duchesse de Parme avec beaucoup de libertéGa naar voetnoot1, et ne craignoit pas de dire souvent et, sans détours, de dures vérités au Roi lui-mêmeGa naar voetnoot2.

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On auroit tort de lui attribuer un caractère vindicatif. Au contraire, il juge et traite ses adversaires les plus violents avec une modération peu communeGa naar voetnoot1; il étoit fort disposé à pardonner les injuresGa naar voetnoot2; il savoit rendre le bien pour le malGa naar voetnoot3.

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I lne se distinguoit, ni par la ferveur de sa pieté, ni par la régularité de sa conduite. Il aimoit le luxe, la magnificence; l'orgueil de la vieGa naar voetnoot1. Il n'avoit pas renoncé aux convoitises mondaines, pour vivre dans le présent siècle sobrementGa naar voetnoot2.

Quels que puissent avoir été ses défauts et ses travers, il servoit le Roi avec zèle et fidélité. Il croyoit devoir s'opposer aux entreprises de la NoblesseGa naar voetnoot3.

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Il redoutoit fort la réunion des Etats-Généraux, qu'il considéroit comme une anomalie dans la constitution du paysGa naar voetnoot1. Il vouloit le maintien de l'autorité royale et de la religion Romaine; et, pour leur défense, il faisoit preuve de courage, de fermeté, et de dévouementGa naar voetnoot2.

Ses ennemis eux-mêmes lui rendirent témoignage après son départGa naar voetnoot3; l'administration des affaires s'en ressentit.

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Il fut bientôt question de son retourGa naar voetnoot1; plusieurs de ceux qui avoient contribué à le faire partir, eussent été charmés de le revoir. Le principal grief de ses antagonistes étoit qu'il avoit l'oeil trop ouvert sur leurs desseinsGa naar voetnoot2.

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Nous publions trois lettresGa naar voetnoot1 intéressantes du Seigneur de ChantonayGa naar voetnoot2, frère de Granvelle. Il étoit assez bien avec les SeigneursGa naar voetnoot3, qui le trouvoient franc, ouvert, et libre, moyennant que son frère ne le gàtaGa naar voetnoot4. Impatient, frondeur, mettant de l'impétuosité dans ses discours et dans ses démarches, il n'aimoit pas les EspagnolsGa naar voetnoot5, il avoit coutume de se plaindre assez vivement du RoiGa naar voetnoot6: de là des sympathies. Mais d'un autre côté il n'abandonnoit pas son frèreGa naar voetnoot7 et il étoit extrêmement zélé pour la religion

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[p. 193*]

RomaineGa naar voetnoot1: de là des soupçons et des dissentimentsGa naar voetnoot2.

 

Viglius ab Aytta, Président du Conseil Privé, joignoit à une grande érudition et à une prudence consommée beaucoup de fermeté dans le caractère. Il étoit entièrement dans les principes et dans les idées de GranvelleGa naar voetnoot3. Avancé en âge, incapable d'opposer aux Grands une résistance efficace, découragé surtout par la connivence de la Gouvernante, qui voyoit de fort mauvais oeil les amis du Cardinal, Viglius aspiroit à quitter les affairesGa naar voetnoot4, mais Granvelle l'animoit toujours et fortement à resterGa naar voetnoot5. Aussi se laissa-t'il persuaderGa naar voetnoot6; et, malgré une santé délabréeGa naar voetnoot7, il

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vécut assez longtemps pour montrer sous le Duc d'Albe une constance admirable à repousser ses mesures oppressives et illégitimes.

 

Il nous reste à parler du Prince d'Orange.

Fils aîné du Comte Guillaume, il naquit à Dillenbourg, le 25 avril 1533.

On sait peu de chose de son enfance. Son éducation fut soignéeGa naar voetnoot1 et surtout très-religieuse. Son père savoit que craindre Dieu et garder Ses commandements est le tout de l'homme; sa pieuse mère l'aura élevé dans la crainte du SeigneurGa naar voetnoot2.

Il devint un personnage important par les dispositions testamentaires du Prince René. Ces dispositions n'avoient rien que de fort naturel. Le jeune Comte de Nassau, proche parent du testateur, alloit être un jour le chef de la Famille, et Charles Quint devoit souhaiter ne pas voir s'éteindre dans les Pays-Bas une Maison à laquelle sa Dynastie, et lui en particulier, avoit eu, durant une longue suite d'années, de grandes obligations.

A l'âge de onze ans Guillaume se trouvoit avoir une existence des plus brillantes. Héritier de la succession de Châlons et de celle de Bréda, il étoit le réprésentant de ces Princes d'Orange, qui avoient illustré l'Italie par leurs faits glorieux; le réprésentant de ces Comtes de Nassau,

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soutiens de la Bourgogne et de l'Autriche, respectés depuis un siècle, par leur richesse, leurs dignités et leurs talents.

Les Pays-Bas revendiquoient à juste titre le rejeton de cette noble race. S'il étoit né ailleurs, là néanmoins devoit être la patrie de son choix; son éducation devoit y être achevée. Aussi vint-il à Bruxelles peu de semaines après la mort du Prince RenéGa naar voetnoot1.

On en a fait un reproche à ses parents; on est allé jusqu'à prétendre que, pour des intérêts terrestres, ils avoient fait changer de religion à leur fils.

Ce reproche provient d'une fausse supposition. On a confondu les époques.

La scission des Protestants d'avec Rome n'étoit pas consommée. Ils admettoient encore qu'une réconciliation étoit possible; d'autre part on vouloit une réforme des abus; on ne se refusoit point à examiner de commun accord dans des Conciles la valeur réelle des doctrines accréditéesGa naar voetnoot2.

Les Protestants ne désespéroient pas de Charles-Quint. Malgré la sévérité des Placards dans ses Etats héréditaires, l'Empereur sembloit par fois, dans ses relations avec les Princes d'Allemagne, s'adoucir envers les Luthériens. L'inimitié du PapeGa naar voetnoot3 devoit lui faire rechercher leur

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appuiGa naar voetnoot1; il faisoit des tentatives pour opérer un rapprochement de doctrines; ses espérances, loin de paroître chimériques, avoient été presque réalisées dans les Conférences de Ratisbonne, en 1541Ga naar voetnoot2.

L'on ne craignoit pas de proposer à Charles-Quint des résolutions très énergiques à l'égard du PapeGa naar voetnoot3. Remarquons aussi que, même en 1548, après que l'Empereur eut remporté sur eux un triomphe complet, il se garde de montrer un dévouement servile aux intérêts de la Cour de Rome. On n'a qu'à se rappeler l'Interim qui ne satisfit guères aux prétentions des PapistesGa naar voetnoot4.

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Précisément en 1544, c'est-à-dire, à l'époque où le jeune Guillaume quitta ses parents, l'Empereur montroit de fort bonnes intentionsGa naar voetnoot1. En effet il avoit des motifs pour désirer la paix de l'Allemagne; il refusoit de prêter l'oreille aux exhortations du fanatismeGa naar voetnoot2.

Enfin la confirmation même du Testament de René, malgré ceux qui ne vouloient pas laisser succéder le fils d'un hérétiqueGa naar voetnoot3, étoit une preuve de modération.

Le départ du jeune Prince n'entraînoit nullement une abjuration de sa foiGa naar voetnoot4. Des parents Chrétiens pouvoient consentir à un éloignement que les circonstances rendoient naturel et inévitable; puis ils virent avec plaisir sans doute que leur fils alloit être élevé à la Cour de la Reine Marie, veuve du Roi de Hongrie et Gouvernante des

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Pays-BasGa naar voetnoot1, qu'on savoit pencher vers les croyances EvangéliquesGa naar voetnoot2.

Le jeune Prince étoit d'ordinaire à BruxellesGa naar voetnoot3.

Le soin de son éducation fut confié à un des fils du Chancelier de Granvelle, à Jérome,aant. frère cadet du CardinalGa naar voetnoot4.

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L'Empereur lui témoigna toujours une bonté et une confiance extrêmesGa naar voetnoot1.

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En 1551 il épousa Anne d'Egmont, Comtesse de BurenGa naar voetnoot1.

Ses talents étoient extraordinaires; les charges qui lui furent confiées, en font suffisamment foiGa naar voetnoot2.

Ses opinions et sa conduite étoient à peu près semblables à celles des autres jeunes Seigneurs à une Cour où le luxe et la prodigalité étoient extrêmes et les moeurs assez relâchées. Il vivoit magnifiquement, sa table étoit somptueuseGa naar voetnoot3, son hospitalité sans bornesGa naar voetnoot4. Il menoit une vie joyeuse et dissipée; la religion n'étoit alors pour lui qu'une affaire de bienséance et de routineGa naar voetnoot5.

Son premier mariage semble avoir été médiocrement heureux. Les Lettres à son épouse contiennent des expressions de tendresse tout-à-fait charmantesGa naar voetnoot6, mais qui

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peut-être n'étoient pas superflues pour écarter de tristes soupçons; il paroît du moins, par d'autres indices, qu'on avoit une opinion peu favorable du Prince sur ce pointGa naar voetnoot1, et qu'également plus tard durant son mariage avec Anne de Saxe, dont la conduite fut d'abord si bizarreGa naar voetnoot2 et ensuite si scandaleuse, il y eut matière à récriminationGa naar voetnoot3.

Il ne se piquoit ni de sévéritéGa naar voetnoot4, ni d'une fort gran-

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[p. 202*]

de économieGa naar voetnoot1. Il étoit dominé par l'ambition et par l'égoïsmeGa naar voetnoot2.

A l'Electeur de Saxe il fait affirmer qu'il a des sentiments très-favorables à la Réforme. Il promet que son épouse ne sera nullement gênée dans l'exercice de sa religionGa naar voetnoot3. Il s'exprimoit sur les intérêts de la Réforme de

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[p. 203*]

manière à ne donner nul ombrage aux Princes EvangéliquesGa naar voetnoot1.

En même temps il avoit garde de trop effaroucher PhilippeGa naar voetnoot2. Quelquefois il affectoit un beau zèle pour le maintien du Papisme: Granvelle lui-même y fut trompéGa naar voetnoot3.

Le Prince ne songeoit pas encore sérieusement aux intérêts de son âmeGa naar voetnoot4; il étoit beaucoup plus occupé des

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[p. 204*]

jouissances et des grandeurs du monde que de son salut éternel. N'ayant aucune idée de l'importance réelle des questions agitées par la Réforme, il devoit, vû la liaison intime entre les rapports politiques et les institutions religieuses, considérer avec défaveur les ébranlements d'une foi traditionelle, dont le renversement alloit, selon l'opinion de plusieurs, amener inévitablement le désordre, l'anarchie, et la ruine des Etats. D'un autre côté les souvenirs d'enfance ne s'étoient pas complètement effacés; les relations de famille et de parenté agissoient sur lui; il prévoyoit d'ailleurs que l'amitié des Protestants pourroit lui être utile, et, même avant de s'être pénétré des vérités Evangéliques, il sentoit la nécessité de mettre un terme à une foule d'abusGa naar voetnoot1. Il s'indignoit, en voyant, à cause d'une différence en matière de foi, livrer aux plus affreux supplices un grand nombre de Chrétiens, et ces horreurs avoir lieu au nom de Celui qui a dit: ‘vous ne savez de quel esprit vous êtes: car le Fils de l'homme n'est pas venu pour faire périr les âmes, mais pour les sauver’Ga naar voetnoot2. Il tâchoit d'être bien avec tous les partis, vivant en Catholique RomainGa naar voetnoot3, accueillant les Protestants, montrant, selon les circonstances, du zèle pour l'Eglise Romaine et de la commisération pour les hérétiques; trouvant dans le vague de ses convictionsGa naar voetnoot4 des facilités pour sauver les

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[p. 205*]

apparences, mais non pas pour se mettre à l'abri des soupçonsGa naar voetnoot1.

Si depuis le départ du Roi, le Prince fit une opposition systématique; s'il voulut, d'abord, un gouvernement ou comme une espèce de contrôle national, pour garantie contre les empiétements des Espagnols; puis, le maintien et même l'extension des droits de la Noblesse, comme moyen de contenir le pouvoir du Monarque; enfin la révocation des Placards, pour mettre les consciences en liberté; si même, de temps à autre, il prévoyoit la possibilité d'un recours aux armesGa naar voetnoot2; ses arrière-pensées à cette époque n'alloient certes pas au delà d'une résistance à des ordres iniques et cruels; résistance que ses propres convictions et de nombreux exemples dans la Chrétienté lui faisoient considérer comme parfaitement légitime.Ga naar voetnoot3

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[p. 206*]

Le Prince, par la mort de son père en 1559, devint le Chef d'une nombreuse famille. Ses frères, les Comtes AdolpheGa naar voetnoot1 et HenriGa naar voetnoot2 étoient fort jeunes encore; mais le Comte JeanGa naar voetnoot3, aîné du Comte Louis, et qui, distingué par sa prudence et sa pietéGa naar voetnoot4, rendit plus tard de grands services aux Pays-Bas par lui-même et par ses enfants, pouvoit l'assister déjà de ses utiles conseils. Parmi les beau-frères du

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[p. 207*]

PrinceGa naar voetnoot1, les Comtes de Nuenar et de Berghes étoient peu recommandables. Le dernier embrassa les croyances Calvinistes et joua d'abord un rôle assez considérable dans les troubles; mais la suite des événement dévoila son caractère et ses motifs: plus d'une fois, au moment du danger, il se rendit coupable de lâcheté et de trahison, et compromit gravement les intérêts de la cause qu'il avoit favorisée. Le Comte Gunther de Schwartzbourg fut parfois utile au Prince, pour autant qu'il pouvoit l'être sans nuire à ses propres intérêts.

 

Le Recueil commence au mois de juin 1552; c'est-à-dire, à la mémorable époque où l'Empereur Charles-Quint, surpris par l'Electeur Maurice de Saxe, attaqué par le

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[p. 208*]

Roi de France Henri II, alloit être forcé à constater son humiliation par le Traité de PassauGa naar voetnoot1.

voetnoot1
Essais sur l'Histoire de France, p. 349.
voetnoot2
l.l. p. 346.
voetnoot3
Louis XVIII lui même a jugé devoir en faire mention honorable dans le Préambule de la Charte. Qui croiroit, en lisant ce qu'on a débité à cet égard, que, parmi les Annalistes de la première race, il n'y en a qu'un, Grégoire de Tours, qui fasse mention d'un Champ pareil; qu'il en parle une seule fois, et que, dans ce passage unique, il s'agit d'une revue simplement militaire, sans le moindre rapport à des loix ou à des délibérations communes; ‘phalanx ostensura suorum armorum nitorem.’ Qui croiroit que dans la Collection de Formules par le moine Marculfe, où se trouvent les protocoles des procédures même les moins intéressantes, il n'y en a pas une qui se rapporte, de près ou de loin, à la tenue de l'Assemblée générale de la Nation. Qui croiroit enfin que, ni sous la première, ni sous la seconde race, il n'y eut de réunions générales, si ce n'est les Plaids Royaux; c'est à-dire le Conseil du Monarque, auquel n'assistoient que ceux qu'il vouloit bien y admettre, et où, sans être lié par des avis, même unanimes, il décidoit à volonté.
voetnoot1
Il y est dit: ‘Lex fit consensu populi et constitutione Regis.’ La simple lecture de l'acte en son entier fait voir qu'il ne s'agit nullement d'une loi générale; mais, selon le contexte et la signification usuelle des termes populus et legem facere, uniquement de l'instruction d'un procès d'après le témoignage des habitants, de la population, d'une Cité. La chose est prouvée jusqu'à l'évidence par Moreau, Discours sur l'Histoire de France (Paris, 1789), IV. p. 283-301.
voetnoot1
l.l. V. p. 265.
voetnoot2
Histoire de la Civilisation en France (Brux. 1835), IV. p. 243.
voetnoot3
Observations sur l'Histoire de France. - Sur les bévues des historiens de la France, même les plus renommés, il y a des remarques frappantes dans les Lettres de M. Thierry (Paris, 1827). Il a raison de dire: ‘sans une vue ferme des premiers temps de notre histoire, il est impossible de bien juger les événements postérieurs:’ p. 38.
voetnoot1
Etudes Histor., I. 61.
voetnoot1
I. p. 4. sq.
voetnoot1
III. p. 213.
voetnoot2
‘Reges ex nobilitate, duces ex virtute sumunt.’
voetnoot3
III. p. 269.
voetnoot1
l.l. I. p. 30.
voetnoot1
Aucun d'eux ne prétendra, par ex., que le Royaume de France ait été électif sous la 1e race. Du Tillet, Fauchet, Bignon, les Bollandistes, le Cointe, Adr. de Valois, toutes ces lumières de la France avant la Révolutíon, ont fait voir le contraire, et surtout M. de Foncemagne, dans une Dissertation spéciale, insérée aux Mémoires de l'Académie des Inscriptions (T. vi. et viii) et où la chose a été prouvée jusqu'à l'évidence. (‘Ik verbeelde mij dat die verhandeling de zaak tot een betoog gebracht heeft, ten minste voor dezulken die niet willens blind zijn, of door sterke vooroordeelen beneveld:’ Rluit, Hist. der Holl. Staatsreg. V. 119.) Aucun aussi ne prétendra assimiler aux Etats du 13e et 14e siècle les Plaids de Charlemagne ou les revues militaires des Mérovingiens.
voetnoot1
‘L'organisation du travail,’ écrit M. Champollion-Figeac, ‘étoit sagement centralisée dans ses mains.’ Position unique pour l'historien: voici ce qu'il en dit lui-mème. ‘Plus à portée que personne de profiter des lumières de ces Savans, j'assiste à leurs conférences, et intéressé à tirer d'eux toutes les connoissances qui me manquent, je parcours tous ces documents, je les distribue, je les classe, je profite des notes dont ils les enrichissent’ (T.X. p. xliii). Et Kluit, dont le jugement met, croyons nous, quelque poids dans la balance, atteste à l'égard de ses Discours: ‘Ad veras origines, progressus, ac pristinum regni ac populi Gallici per varias Epochas statum, et ad diversa publici Regiminis fata recte intelligenda, plus, me judice, conferunt quam sexcenti alii qui nostris diebus in lucem protruduntur in Galliâ libri ac libelli:’ Hist. Federum, p. xiv.
voetnoot1
Guizot, Essais, p. 305.
voetnoot2
‘Le pouvoir ne fut que déplacé, il ne fut point dénaturé:’ Moreau, T. XI. Avert. x.
voetnoot3
Guizot, l.l. p. 335. Moreau, réfutant l'opinion de Mably que Charlemagne ne fut que le premier Magistrat de la Nation, chargé de publier et d'exécuter les loix d'une immense Démocratie, consacre deux volumes (VII et VIII) à examiner quelle fut, sous ce règne, la nature du Gouvernement et de la Législation. Partout il arrive au résultat que la Souveraineté indivise appartenoit au Roi. Il y avoit des délibérations sans doute: ‘Charlemagne écoutoit, examinoit, consultoit: mais non seulement on n'ordonnoit point sans lui, on n'ordonnoit point même avec lui: il commandoit seul:’ XIII, p. 148.
voetnoot1
p. 336.
voetnoot1
Guizot, p. 355. - ‘Une foule de despotes qui ne reconnoissent plus ni règle, ni autorité commune. Le Roi et la Nation vont toujours ensemble, et, lorsque l'un est sans pouvoir, il faut que l'autre soit esclave:’ Moreau, T. XI. p. xi.
voetnoot2
Guizot, p. 358.
voetnoot3
p. 354.
voetnoot4
p. 363.
voetnoot1
Guizot, Hist. de la Civilisation en Fr., IV. p. 7.
voetnoot1
Il y a beaucoup de vérité dans ce que dit M. von Haller: ‘On ne peut se dissimuler que l'étude exclusive de la littérature romaine, l'usage de la langue latine généralement répandu parmi les savans, et un certain respect idolàtre pour le droit romain n'aient été la première et presqu'imperceptible cause qui fit méconnoître la différence essentielle entre les monarchies et les républiques (entre les seigneuries et les communautés), et donner l'idée d'un contrat social pour base à tous les empires:’ Restauration de la science politique, I. 98.
voetnoot1
Ne confondons pas l'autorité absolue avec ce que, de nos jours, on appelle communément absolutisme; c'est-à-dire, un pouvoir sans frein et sans limites. ‘Dire que le pouvoir de nos Rois est absolu, c'est dire qu'il n'y a en France d'autre Souverain que le Roi:’ Moreau, Discours, I. p. 15. ‘Etre absolue, est la nature de toute espèce de Souveraineté, appartint-elle au peuple:’ p. 2. ‘Ce n'est pas le pouvoir absolu qni caractérise le Despotisme, c'est son usage arbitraire, c'est l'absence des loix, c'est le mépris des formes, c'est la funeste habitude de substituer à l'autorité constante et à l'exercice uniforme de la règle, les volontés passagères et les caprices injustes du prince:’ p. 13. ‘L'autorité royale est absolue. Pour rendre ce terme odieux et insupportable, plusieurs affectent de confondre le Gouvernement absolu et le Gouvernement arbitraire; mais il n'y a rien de plus distingué:’ Bossuet, Politique tirée de l'Ecrit., IV. art. 1.

voetnoot1
Aussi le Landgrave Guillaume de Hesse écrit-il: ‘Quand un vieux bâtiment s'ébranle en un ou deux endroits, et surtout lorsque l'article de la justification commence à retentir, toute la boutique Papale est près de crouler:’ p. 235.
voetnoot1
Eph 2. v. 8 et 9.
voetnoot2
1 St. Jean. 5, v. 21.
voetnoot3
Hebr. 10, v. 10.
voetnoot4
1 Pierre 5, v. 2.
voetnoot5
1 Tim. 2, v. 5.
voetnoot6
Actes 15, v. 22.
voetnoot7
1 St. Jean. 2, v. 20.
voetnoot1
Col. 3, v. 16.
voetnoot2
Ps. 119, v. 98, sq.
voetnoot3
Le triomphe ne fut pas douteux; les souffrances devinrent des victoires. Il fut prouvé que l'Evangile, comme le disoit de la Noue, ‘ne se plante ès entendemens des hommes qu'avec la prédication accompagnée de la sainteté de vie,’ (p. 540) ou, comme disoit le Landgrave Philippe, que ‘Dieu maintient la cause des Chrétiens Evangéliques, non par l'épée et la violence, mais par la prédication, la confession, les souffrances, la mort, et la croix.’ Henry, Leben Calvins, II. 361.
voetnoot1
Ep. aux Philipp. 3, v. 15.
voetnoot1
Ep aux Romains, 6, v. 20.
voetnoot2
St. Jean, 8, v. 34 et 36.
voetnoot1
Confession de Foi des Eglises Réformées du Pays-Bas; Art. 7. Les Confessions ne sont donc pas la règle, mais l'expression et le témoignage de la foi.
voetnoot1
Et cependant on reproche à ces doctrines de favoriser les révoltes et les révolutions. Et pourquoi? Parcequ'à la suite de la Réforme il y a eu des excès, des bouleversements politiques. Mais ces excès étoient-ils des déviations ou des développements de la Réforme? Voilà ce qu'il falloit examiner. On fera aisément le procès à la vérité même, dès qu'on rend une doctrine responsable des méfaits commis en son nom, mais contre son esprit et ses préceptes. Les révolutions des Pays-Bas, les guerres civiles de la France, que furentelles, si ce n'est les suites nécessaires d'un despotisme qui vouloit régir les consciences par la terreur du supplice et des massacres? On a cité des écrits révolutionnaires de quelques Protestants; mais il n'y a pas solidarité entre les écrits des Protestants et les principes de la Réforme. D'autres doctrines (les opinions républicaines, fruit de la confusion des temps anciens et modernes) égarèrent ces publicistes. D'ailleurs les livres qu'on a surtout en vue, sont, pour la plupart, des déductions historiques, applicables à tel ou tel pays en particulier, mais auxquelles on n'avoit garde de vouloir donner un caractère d'universalité. Ni Buchanan dans son livre sur l'Ecosse, ni Hotoman dans sa Franco-Gallia, qui n'est qu'un malentendu historique perpétuel, ne semble avoir formulé une théorie générale, un corps de doctrine. Languet lui même, dans ses Vindiciae contra Tyrannos, tout en considérant les Rois comme les Magistrats suprêmes de la République, n'exclut néanmoins pas la possibilité et la légitimité de Gouvernements où le Monarque seroit véritablement le Souverain. - Quoiqu'il en soit, un acte d'accusation doit se fonder sur des faits personnels à l'accusé; et puisque les Eglises Réformées ont donné leurs Confessions de foi, c'est d'après ces pièces qu'il faut les juger. Dans celle des Eglises de France on lit: ‘Nous croyons que Dieu veut que le monde soit gouverné par loix et police, afin qu'il y ait quelque bride pour réprimer les appétits désordonnez du monde; et ainsi, qu'Il a établi les Royaumes, Républiques, et toutes autres sortes de Principautez, soit héréditaires ou autrement... Il faut donc, à cause de Lui, que non seulement on endure que les supérieurs dominent, mais aussi qu'on les honore et prise en toute révérence... Nous tenons donc qu'il faut obéir à leurs loix et statuts, payer les tributs, impôts, autres devoirs, et porter le joug de sujection d'une bonne et franche volonté, encore qu'ils fussent infidèles; moyennant que l'Empire souverain de Dieu demeure en son entier’ Art. 38 et 39. Citer une de ces Confessions, c'est les avoir cité toutes; chacune d'elles contient, en termes à peu près identiques, un résumé du droit public Chrétien. En comparant ces déclarations si simples et si évangéliques aux écrits verbeux des publicistes, on seroit porté à s'écrier, comme Cicéron, en parlant de la législation antique des Romains: ‘Fremant omnes licet; dicam quod sentio; bibliothecas mehercule omnium philosophorum unus mihi videtur libellus, et auctoritatis pondere, et utilitatis ubertate, superare:’ de Oratore, I. 44. Ceci suffit quant à la théorie; voyons maintenant la pratique. Irons nous chercher des excuses? Non certes; ce n'est pas à de pénibles justifications que nous aurons recours. La résistance des Protestants aux persécutions les plus atroces, constamment entremêlée de ménagements envers le Prince légitime et naturel, fournit à chaque instant la preuve d'une fidélité scrupuleuse au Souverain; on en trouvera des exemples nombreux dans notre Recueil. Et, préalablement à cette résistance, quel spectacle s'offre à nos regards? Un demi-siècle de dévouement sublime; des hommes, non seulement prêts à mourir pour leur foi, mais, qui plus est, par respect pour l'autorité établie de Dieu, se laissant passivement égorger. Et puisqu'on reproche souvent à Luther d'avoir favorisé une opposition séditieuse, nous rappellerons ici, en les traduisant, les paroles de M. Ranke (Deutsche Geschichte, III. p. 185, sq.), sur ce que firent en 1529, d'après les conseils du Réformateur, les Princes Evangéliques de l'Allemagne. L'Empereur se préparoit à leur faire la guerre; on ne se faisoit aucune illusion sur ses desseins; on étoit convaincu qu'il alloit se porter aux plus terribles extrêmités; on étoit encore à même de former contre lui une Alliance redoutable; et néanmoins on repousse cette idée. Par crainte, par défiance de ses propres forces? Nullement; par des motifs de religion. Malgré la grandeur et l'imminence d'un danger qui semble inévitable, on ne veut pas mêler à la défense de la foi des intérêts politiques: puis, on ne veut défendre que sa propre foi, non par intolérance, mais parcequ'on tient à péché de s'associer sans être complètement d'accord sur tous les points essentiels au salut: enfin, malgré l'avis contraire des juristes et d'un grand nombre de théologiens, on doute si, d'après le Droit Public de l'Allemagne, il est permis de résister. Luther; ‘séducteur, De ligues, de complots pernicieux auteur;’ Luther, le révolutionaire Luther déclare que, si l'Empereur paroît pour exercer des violences, il faut lui donner libre entrée et le laisser agir d'après sa volonté. On ne consulte qu'avec Dieu et la conscience. On attend le péril. Le Seigneur est fidèle, dit Luther, et ne nous abandonnera point. M. Ranke ajoute: ‘Gewisz, klug ist das nicht, aber es ist grosz.’ Ce n'est pas de l'habileté politique; mais c'est de la grandeur d'àme; c'est mieux encore, c'est le renoncement et la confiance à toute épreuve du Chrétien.
voetnoot1
I. 177.
voetnoot2
IV. 271.
voetnoot3
IV. 276.
voetnoot4
Ancillon, Nouv. Essais, II. 139.
voetnoot1
3e Ed, Paris, 1838.
voetnoot2
p. 6.
voetnoot3
p. 7.
voetnoot4
p. 264.
voetnoot5
p. 398.
voetnoot6
p. 294.
voetnoot1
p. 96
voetnoot2
p. 340, sq. - Nous donnerons, sans le qualifier, encore un exemple frappant du crédit qu'on peut ajouter aux assertions de M. de Haller dans ce libelle si peu digne de lui; même quand il déclare avoir puisé dans les documents authentiques. Il s'agit du Colloque de Lausanne en 1536 et spécialement de la thèse sur la justification par la Foi. L'auteur cite l'excellent ouvrage de M. Ruchat sur la Réformation Suisse. En parcourant, dans le 15e Livre de cette Histoire, les actes abrégés de la dispute, il a dû lire plusieurs déclarations du pieux et courageux Farel semblables à celles-ci: ‘Il faut en l'affaire de la Foi tenir le droit chemin, sans décliner n'à la dextre n'à la senestre... Ceux vont droitement et selon Dieu, qui... croyant vraiment en Jésus, n'ont une Foi vaine et oisive, sans rien faire et pour demeurer en la fange, mais font les bonnes oeuvres:’ T. iv. p. 216. ‘On a grand tort d'accuser les réformés de détruire la nécessité des bonnes oeuvres, puisqu'ils les inculquent de tout leur pouvoir, mais ils veulent enseigner aux hommes quelle en est la véritable source, savoir la Foi; car sans la Foi nous ne pouvons pas avoir l'Esprit de Dieu. Et sans l'Esprit, nous ne pouvons pas faire les fruits de l'Esprit:’ l.l. p. 227. Maintenant dans le résumé de M. de H. que lit-on? La plus acerbe des remarques, en contradiction manifeste avec ces témoignages positifs. ‘La justification par la foi sans les oeuvres,’ dit-il, méritait le premierrang, car les réformateurs avaient pour cette doctrine commode,... une prédilection particulière... Quant aux oeuvres, ils en étaient dispensés:’ p. 294.
‘Point de salut par les oeuvres, point de salut sans les oeuvres;’ tel est le principe de l'Evangile remis en évidence par la Réforme. Cela n'empêche pas que ce qu'on vient de lire, ne soit une des calomnies les plus habituellement répandues dans les écrits de beaucoup de Catholiques. Récemment encore M. l'Evêque de Liége n'a pas craint d'écrire: ‘le Protestantisme admet la nécessité de la foi, moins l'obligation d'y conformer sa vie, en niant la nécessité des bonnes oeuvres: Exposé des vrais principes de l'Instruction publique (Liège, 1840), 3e Partie, p. 383.
voetnoot1
Cette expression n'est pas trop forte envers l'Auteur des Affaires de Rome et des Paroles d'un Croyant. Nous pourrions citer bien des passages qui la justifient. Celui-ci par ex.: ‘le gouvernement pontifical, si renommé pour sa sagesse, n'a garde d'embarrasser le moins du monde sa politique par rien de ce qui ressemble à de la gratitude, et c'est le côté par où il s'élève le plus au-dessus des choses humaines:’ (Oeuvres complètes, Brux. 1839 II. 524). Ailleurs, le récit du voiturier Pasquale, qui, célibataire, ‘peut-être serait devenu cardinal, peut-être pape: qui sait? on avait vu des choses plus extraordinaires... Un peu de bonheur, un peu de faveur, on arrive à tout avec cela. Et quelle douce vie, que de loisir, que de repos, que de far niente1’ l.l. p. 546. Il est vrai, l'auteur a soin d'observer: ‘j'ai voulu seulement donner une idée du genre d'esprit qui caractérise le peuple romain et de sa mordante verve:’ l.l.). Puis l'antithèse foudroyante par laquelle il nie que le christianisme auquel les peuples se rattacheront, puisse être jamais celui qu'on leur présente sous le nom de Catholicisme: ‘d'un côté le pontificat, de l'autre la race humaine: cela dit tout:’ p. 600.
voetnoot1
Oeuvres complètes, I. p. 30.
voetnoot2
12e Leçon, p. 33.
voetnoot3
p. 18.
voetnoot1
p. 22. - La Réforme sans doute fut un progrès, mais en quel sens? Voyez notre Tome III. p. lxxiii.
voetnoot2
Un de leurs chefs de file, J.J. Bousseau, très-fort en théologie, comme chacun sait, après avoir parlé des Réformateurs, s'écrie: ‘Voilà donc l'esprit particulier établi pour unique interprête de l'Ecriture; Voilà l'autorité de l'Eglise rejetée; voilà chacun mis pour la doctrine sous sa propre juridiction. Tels sont les deux points fondamentaux de la Réforme: reconnoître la Bible pour règle de sa croyance et n'admettre d'autre interprête du sens de la Bible que soi. Ces deux points combinés forment le principe sur lequel les Chrétiens Réformés se sont séparés de l'Eglise Romaine’ (Lettres de la Montagne, dans les Oeuvres de J.J.R. Amst. 1764 IX. p. 43). On est conduit nécessairement à se former des notions aussi fausses sur le caractère de la Réforme, dès qu'on méconnoit les doctrines des Réformateurs et de l'Evangile touchant le Saint Esprit et la Sainte Eglise Universelle: l'oubli de ce point fondamental a été et est encore l'erreur capitale de mille et mille auteurs et même prédicateurs Protestants à la Rousseau. Si nos antagonistes s'en prévalent pour dénaturer la Réforme, nous pourrons riposter en caractérisant le Catholicisme-Romain d'après les opinions de Voltaire et par les écrits d'abbés et de prêtres déïstes ou athées. Néanmoins, avant de prendre part à cette ignoble lutte, nous attendrons qu'on nous fasse voir ce que la vérité gagne à des discussions pareilles.
voetnoot1
‘Wer hat es nicht gesagt das die Reformation eine Art von Vorbereitung war für die Bewegungen der Revolution? Victor Hugo drückt es so aus: “Luther devait, préparant l'anarchie politique par l'anarchie religieuse, introduire le germe de mort dans la vieille société pontificale et royale d'Europe.” Es sind das Gedanken, die Allen angehören, die alle nachsprechen und keiner untersucht:’ Ranke, Hist. pol. Z. II 606.
voetnoot2
Paris et Genève, 1835 et 1837.
voetnoot3
L'artifice grossier et ridicule par lequel, à Paris, on a voulu catholiciser son Histoire des Papes en la traduisant avec des variantes qu'on présentoit comme conformes à l'original, n'a servi qu'à couvrir de honte ceux qui ne craignoient pas de commettre un faux littéraire à leur profit.
voetnoot1
Ce système est parfaitement formulé dans la fameuse bulle de Boniface VIII; ‘Le glaive spirituel et le glaive matériel sont l'un et l'autre en la puissance de l'Église; mais le second doit être employé pour l'Église, et le premier par l'Église. Celui-ci est dans la main du prêtre; celui-là est dans la main des rois et des soldats, mais sous la direction et la dépendance du prêtre. L'un de ces glaives doit être subordonné à l'autre, et l'autorité temporelle doit être soumise au pouvoir spirituel.’
voetnoot2
Tel étoit bien le système de M. de la Mennais. De nos jours Rome le désavoue; mais désavouoit-elle également ces principes au temps de la Réforme? M. Ranke a donné à cet égard des renseignements curieux. Il expose le Droit public des Jésuites d'après leurs principaux Auteurs; d'abord dans son Hist-Pol. Zeitschrift (Die Idee der Volkssouveränetät in den Schriften der Jesuiten; II. p. 606-616); ensuite dans son Ouvrage Fürsten und Völker (III. p. 179-190; Kirchιch politische Theorie). Il montre, par de nombreuses citations, qu'ils avoient, pour ainsi dire, greffé l'omnipotence du Pape sur la souveraineté du peuple. ‘Sie trugen kein Bedenken die fürstliche Macht vom Volke herzuleiten. Mit ihren Lehren von der papstlichen Allgewalt verschmolzen sie die Theorie von der Volkssouveränetät zu einem Systeme:’ F.u.V., l.l. p. 184. Ainsi, par ex., en 1562 Lainez, Général des Jésuites, se trouvant au Concile de Trente, affirme qu'originairement tout pouvoir réside chez le peuple ou la commune; celle-ci le délègue à ses magistrats, mais ne s'en dépouille point. Hist.-P.Z., l.l. p. 608. Bellarmin, en citant l'Ep. aux Romains, chap. 13, ajoute: ‘Potestas totius est multitudinis... Nota hanc potestatem transferri a multitudine in unum vel plures eodem jure naturae... Pendet a consensu multitudinis super se constituere regem, vel consules, vel alios magistratus.’ Mariana pose en principe la guerre de tous contre tous. La société, selon lui, est née du chaos: ‘adjuncta est regia majestas.’ La monarchie n'est qu'une forme de la république. La volonté du peuple est toujours le droit suprême. ‘Respublica non ita in principem jura potestatis transtulit ut non sibi majorem reservârit potestatem.’ Il est aisé de s'appercevoir où ces maximes aboutissent. Le peuple change les loix à volonté; le Roi est sa créature, à laquelle il commande, de même qu'un père commande à son fils. Quiconque prend ou retient le pouvoir contre le gré du peuple, est tyran; le tyrannicide est glorieux. Telle étoit la doctrine; en France, en Angleterre, et dans les Pays-Bas, des assassins se chargèrent de la pratique. Les Jésuites, à ce qu'on dit, ont condamné le livre de Mariana: ont-ils condamné ceux de Lainez et de Bellarmin? La Cour de Rome a-t-elle manifesté sa réprobation? Il nous semble que M. de Haller, en écrivant l'Histoire philosophique de la théorie révolutionnaire (Restauration de la Science politique, I. p. 86), auroit pu faire aux Jésuites une plus large part. Leur système, comme on vient de le voir, étoit le Contrat Social de Rousseau - plus un Pape.

voetnoot1
‘Bella gerant alii, tu, felix Austria! nube.’
voetnoot2
En 1521, 1525, 1528, 1536, 1541.
voetnoot3
C'étoit l'opinion du Landgrave de Hesse: ‘wen der Franzose Mailandt, der Keiser Romaniam hette, und weren die grossen häubter also im vermügen einander gleich in Italia,... so wurdt das mistrawen zwischen den grossen häubtern gestilt mügen werden:’ v. Rommel, Ph.v.H. III. 91.
voetnoot1
De la Noue écrit: ‘Les Allemands ne voudroyent pas aussi aider à la ruine de la France, la quelle ils sçavent estre, pour le dedans de la Chrestienté un bon contrepoids et pour le dehors un très-ferme escusson:’ Discours, p. 543.
voetnoot2
Dumont, IV. 1. 405a.
voetnoot3
p. 34.
voetnoot4
p. 171.
voetnoot1
Surtout dans notre 4e Tome il y a, durant l'année de la St. Barthélemy, des exemples frappants et déplorables de ce revirement continuel.
voetnoot2
Le Duc Christophe de Wurtemberg écrit en 1564: ‘Adi France mit aller seiner Untrew, Leichtfertigkeit, Ueppigkeit, und Uuglaubens:’ Pfister, H. Chr. p. 417.
voetnoot1
Cela n'empêche pas que M. de Châteaubriand ne dise, ‘le protestantisme s'introduisit par la tête de l'Etat, par les princes, et les nobles, par les prêtres et les magistrats, par les savans et les gens de lettres, et il descendit lentement dans les conditions inférieures:’ Etudes histor. I. p. 175.
voetnoot2
Voyez par ex., les Lettres 46, 47, 50. Aussi p. 97, 132, 270.
voetnoot3
Sur Condé et Coligny voyez T. III p. 283. Sur le Cardinal de Lorraine I. p. 240. ‘Il touche véritablement au doibt que la [présence] des pasteurs (dans leurs diocéses) est ung des souverainz remède aux calamités de ce temps.’
voetnoot4
p. 380.
voetnoot1
p. 382.
voetnoot2
p. 419. Voyez aussi T. IV. p. 109. De Bèze écrit: ‘jusqu'alors (en 1559) la Royne-mère avoit donné quelques signes de n'estre point ennemie de la religion:’ Hist. des Egl. R. I. 211. Et en 1560 ‘elle sembloit ne servir que d'ombre en les entreprises des Guise:’ l.l. p. 250.
voetnoot3
Le Prince d'Orange écrit: ‘les picques et inemités sont si grandes.. qu'i, je suis seur, ne cherchent aultre chose, que comme ils pourront donner ung coup de bâton l'ung à l'aultre...; et tous sur prétext de maintenir la religion;’ p. 430.
voetnoot4
T. III. p xxxvi
voetnoot5
Strada a relevé ces ressemblances et ces analogies. ‘Haec Gallorum mala in Belgium plane eadem transmissa facile comperiet cui otium sit conferendi haereticorum utrobique conatus, utriusque aulae dissidia;... eadem ferme omnia, nempe ex eisdem causis.’ I. 126.
voetnoot1
p. 61.
voetnoot2
p. 130.
voetnoot3
p. 336.
voetnoot4
p. 339.
voetnoot5
T. II. p 196.
voetnoot6
p. 270.
voetnoot6
p. 270.
voetnoot1
‘Les Allemands ne le désirent pas plus puissant, de crainte qu'il ne jettast la patte sur eux, comme sur le Duc de Saxe et sur le Landgrave:’ de la Noue, Discours, p. 542.
voetnoot1
En 1547 à Augsbourg l'Empereur négocia pour qu'on élût son fils Roi des Romains. Mais Ferdinand ‘respondit Philippum Hispaniae ac tot aliis ingentibus aliquando Regnis imperaturum, addito Germaniae Imperio magis obrui ac pessundari quam juvari honorarique:’ Pontus Heut., Rer. Austr. p. 301. L'Empereur n'insista point, soit qu'il vit que son frère étoit inexorable, soit qu'il sentit la justesse de sa remarque: il paroit que la Duchesse Marguerite de Parme croyoit à ce dernier motif: p. 112 sq. Outre la difficulté de régir un si grand nombre d'Etats, il étoit évidemment impossible de ne pas sacrifier quelquefois aux intérêts de l'Empire ceux des pays patrimoniaux. On y voyoit rarement le Prince; on y étoit entraîné dans des guerres sans fin. Les Pays-Bas avoient beaucoup souffert. En Espagne on disoit: ‘das Kaiserthum sey eines groszen Baumes Schatten, ein Nichts, welchem der König keines wegs aus leerer Eitelheit nachtrachten solle:’ v. Raumer, Gesch. Europas, I. 114.
voetnoot2
Mornai écrit en 1584, ‘l'Empire d'Allemagne et tout l'Estat que tient le Roy d'Espagne se verront rejoints ensemble. Alors ce sera la plus grande Monarchie qui fut onc, redoutable sans doute à tous les Princes de l'Europe:’ Mémoires, I. 363.
voetnoot1
p. 112.
voetnoot2
p. 30.
voetnoot3
p. 31.
voetnoot4
p 30.
voetnoot5
T. III p. 473.
voetnoot6
En 1562 le bruit courut que les Grands Seigneurs des Pays-Bas lui offroient la Souveraineté (p. 128, sq.); et trois ans après Granvelle écrit: ‘J'entendis, il y a diverses foiz par desà que tous les Pays désiroient l'Empereur ou ses enfans, sinon nostre Maison.’ (p. 394). Auparavant il écrit: ‘Plusieurs, pour leurs particuliers respectz et désirantz la ruyne de la Maison, procurent d'y mestre deffiance’ (p. 115), et l'on ne sauroit douter que beaucoup de personnes n'aient désiré et fomenté le désaccord. Plus tard la tentative de l'Archiduc Matthias vint causer de nouveaux embarras à Philippe: ‘il ne nous manqueroit, en sus de tant de maux, que la division dans la famille, pour achever de perdre le tout’ (T. VI. p. 195). Du reste le Roi d'Espagne songea de bonne heure au mariage d'une Infante avec un Archiduc (T. IV. p. 33*, 39*), projet accompli dans les personnes d'Albert et d'Isabelle, et qui sembloit concilier tous les intérêts par un terme moyen.
voetnoot1
Voyez p. 282. Cette opinion étoit exagérée. ‘Nous avons de nouveau,’ écrit Guillaume de Hesse, ‘un Empereur pieux, intelligent, et pacifique’ (p. 293). Et Schwendi: ‘le nouveau Empereur embrasse fort ses affaires et crois qu'il gouvernera singulièrement bien’ (p. 295). Maximilien ne put réaliser, quant à la Réforme, les belles espérances qu'il avoit données. L'Electeur Palatin lui écrit, à son avènement: ‘als ich mich des gantz christlichen und trewhertzigen Gesprechs so E.M mit mir zu Heydelberg, gleich nach jüngst gehaltenem zu Franckfürth Wahl- und Krönung-tag, auch etlicher massen daselbst unser wahren ungezweiffelten Religion halben gehalten,... so hab ich nicht umbgehen sollen dessen E.M... zu erinnern dasz sie in solcher ihr Kayserlicher Regiering ihr die Bekanntnisz, Pflanzung und Fortzetzung unserer wahren Christlichen und allein seeligmachenden Religion fürnemlich befohlen sein lassen...’ Strueve, Pfältz, K. Historie, p. 145. Déjà Schwendi ajoute: ‘Je ne pense pas qu'il fera quelque soudain changement ès choses de l'encienne religion, mais je croys que peu à peu il les accommodera à quelque réformation, toutefois le plus moderrement et avec la moindre offence de ceulx d'Eglise qu'il peult faire:’ l.l.
voetnoot1
‘Der Inhaber einer Gewalt, welche ihrer Idee nach die Welt beherrschen sollte, forderte gleichsam das Mitleiden heraus:’ Ranke, Deutsche Geschichte, I. 84.
voetnoot2
‘Die Städte traten den Magnaten in Deutschland nicht entgegen, sondern zur Seite. Zusammen bildeten diese Stände eine compacte Corporation, gegen welche kein Kaiser etwas ausrichten konnte, in welcher die Summe der Reichsgewalt representirt war: ’ Ranke, l.l., p. 92.
voetnoot3
‘Im J. 1521 setzten die Stānde ihren alten Gedanken durch und brachten es zu einem Antheil an der Reichsregierung, den ihnen Maximilian nach dem ersten Versuch niemals wieder hatte gestatten wollen:’ Ranke, l.l., p. 458.
voetnoot4
‘Eine innere Gährung;’ décrite par Ranke, l.l., p. 200-218.
voetnoot1
‘Da die höchste Gewalt sich so wenig geltend machen, so wenig Billigung und Anerkennung gewerben konnte, so erwachte ein allgemeines Streben nach Selbständigkeit auf eigne Hand, eine allgemeine Gewaltsamkeit, welche diese Zeiten höchst eigenthümlich charakterisirt:’ Ranke, l.l., p. 203.
voetnoot2
‘In den Fürstenthümern machte sich die Landeshoheit weitere Bahn:’ Ranke, l.l.
voetnoot3
Par ex., en 1521. ‘Die Bestimmungen gereichten hauptsächlich zum Vortheil des Fürstenthums... Für den gemeinen Mann geschah eigentlich gar nichts...; der Adel war und blieb von aller Theilnahme an den Reiehsgeschäften ausgeschlossen:’ Ranke, l.l., p. 464.
voetnoot1
Le Landgrave Philippe de Hesse, écrivant en 1530 à Luther, lui décrit le droit Public de l'Allemagne: ‘Es ist mit den deutschen fürsten vil ein ander ding dan mit den vorzeiten, die schlecht landpfleger gewest sein, und nit erbhern... Nie hat ein kaiser macht gehapt einichen underthan eines fürsten mit gewalt zu fahen... Kein Kaiser hat jhe in deutschen landen macht gehapt einichen fürsten mit gewalt 1 gulden abzufordern... Der kaiser ist uns so wol gelobt und geschworen als wir Ime; wir seind Ime nicht allein geschworen, sondern Im und dem reich zugleich:’ v. Rommel, Ph.v.H. III. 43.
voetnoot2
‘Die Reichsritterschaft war über den Einflusz unzufrieden der von den Mächtigen auf das Gericht ausgeübt werde:’ Ranke, D. Gesch. I. p. 202. ‘Vor allen fühlten sich die Ritterschaften von der zunehmenden Fürstenmacht eingeengt:’ p. 204. ‘Grafen, Herrn und Edelleute waren über die rechtlichen Austräge gegen Fürsten und Churfürsten, die sie schleuniger und gleichmäsziger verlangten, in steter Aufregung:’ p. 464.
voetnoot1
‘Sickingen und die Ritterschaft hielten die Opposition (gegen die Fürsten) allein aufrecht. Der Gedanke erhob sich in ihnen noch einmal die alten Grundlagen der Unabhängigkeit des Adels zu beleben, sich der Territorialherrschaft geistlicher und weltlicher Fürsten zu entledigen, der neuen religiösen Ueberzengung Bahn zu brechen:’ Ranke, D.G. II. 119.
‘Der Adel war in einer allgemeinen und lebhaften Gährung gengen die... Fürstenmacht. In dieser Gesinnung fand W. von Grumbach Anbalt und Hoffnung:’ Ranke, Hist. Pol. Zeit. l. 300, sq.
voetnoot1
p. 361.
voetnoot2
p. 91.
voetnoot3
C'est cette réaction que M. Ranke a décrite dans son Ouvrage ueber die Römischen [...]äbste: ‘Nach den tridentinischen Concilium ward Rom noch einmal eine erobernde Macht; es machte Entwürfe, es fing Unternehmungen an, wie sie von diesen sieben Hügeln in der alten Zeit, in den mittlern Jahrhunderten ausgegangen waren:’ Fürsten u. Völker. III. p. 4.
voetnoot4
Déjà en 1545 le Landgrave Philippe écrit: ‘Man hat auf allen Reichstage hart daruf bestanden das man di religion nit solt einzeunen lassen:’ v. Rommel, Ph v.H. III. p. 114. Ailleurs il dit qu'il faut mettre ‘Got aus der acht und bann:’ l.l., p. 91.
voetnoot1
Les Calvinistes des Pays-Bas déplorent ce manque de charité, d'une manière belle et touchante, dans leur allocution à l'Empereur et aux Etats de l'Empire, à la Diète de Spires, en 1570: ‘Nos qui unum Deum ac Patrem Jesu Christi, qui unum Servatorem Christum Jesum verum Deum verumque hominem pro nobis crucifixum, qui unum Spiritum Sanctum vobiscum profitemur: in unǎ Christi satisfactione acquiescimus: ejusque nomine, patriâ bonisque omnibus privamur, et quasi oves ad occisionem destinamur: unam sanctam Ecclesiam agnoscimus: unum Verbum Dei pro salutis nostrae fundamento recipimus: unam denique a mortuis Resurrectionem vitamque aeternam ex gratuitâ Dei misericordiâ ac liberalitate vobiscum expectamus: nolite existimare diversam a vobis religionem profiteri. Quod si in nonnullorum verborum explicatione quaedam fortasse est discrepantia, cogitate ne Apostolos quidem ipsos eorumve discipulos per omnia ita ad amussim convenisse, ut non esset aliquâ parte dissensio. Cogitate in veteri Patrum Ecclesiâ multa summorum hominum ac praestantissimorum doctorum non modo errata, sed apertas inter se repugnantias extitisse. Quod certe Domini providentiâ certissimâ ac sapientissimâ ita comparatum fuit, ut imbecillitate ingenii nostri agnitâ, in uno Dei Verbo discamus acquiescere, neque vel hominum authoritatem, vel nostra judicia Verbi Dei authoritati anteponere: sed alteri alterorum onera portare, atque errata et infirmitates Christianâ charitate tegere ac prudentiâ tolerare... Nolite permoveri neque committie ut adversariorum calumnia plus ad disjunctionem corporis Christi, quam ipsius Christi Jesu praeceptum ac verbum... ad conjunctionem copulationemque ejusdem corporis valuisse videatur, neve plus momenti habuisse unius vocis paulo diversior interpretatio quam totius reliquae Scripturae, fidei, religionis certa atque indubitata consensio.’ Gerdes, Scrinium Antiquarium sive Miscellanea Groningana, VIII. 647.
Chez plusieurs théologiens, ‘écrit le Landgrave Guillaume de Hesse, ‘l'amour fraternel est si refroidi et l'orgueil diabolique s'est tellement accru qu'avant d'abandonner le plus petit point de leurs opinions, ils préféreroient laisser périr des Royaumes entiers: et dès que quelqu'un ne veut pas approuver en tout leurs chimères et leurs raisonnements scolastiques, ils fulminent contre lui, comme s'il étoit le plus méchant Arien sur la terre.’
voetnoot1
‘verfluchter Zank:’ II. p. 391.
voetnoot2
Mezeray (V. 51) en donne un exemple. ‘Le Duc de Guise et le Cardinal son frère feignirent adroitement une grande propension vers la doctrine de Luther, et firent entendre au Duc de Wirtemberg que s'ils étoient d'intelligence avec les Princes Alle mans, qui suivoient presque tous cette croyance, ils rangeroien à la raison, et les Catholiques, et les Zwingliens, et par ce moyen rétabliroient l'unité de l'Église. Le Duc de Wirtemberg se laissa prendre à cet appât et se détacha d'autant plus aisément des Huguenots, que les Luthériens ne les haïssoient guères moins que les Catholiques Romains.’ Languet écrivoit, en 1561, à Auguste, Electeur de Saxe, qui lui-même étoit un des partisans les plus outrés de l'opinion Luthérienne: ‘Miror aliquos principes Germanicos esse adeo faciles, ut possint ipsis persuadere Guisii se boc agere ut Augustana confessio hic (Lutetiae) recipiatur, sed impediri a Genevensibus... Si cupiunt consultum iis qui causam Christi agunt, credant nostrorum hominum actionibus potius quam verbis..... Quam deplorandum est multos ex Germanis ita esse affectos, ut magis favere videantur parti Pontificiae; cujus rei causam si quis ab iis requirat, nihil aliud respondent quam nostros esse Calvinistas; quasi vero dissentire in modo praesentiae corporis Christi in coena, et in ipsius coenae effectibus et in omnibus aliis religionis partibus consentire, sit aliquid multo deterius quam more Pontificiorum totam religionem profanare. Si vel minimum in nobis esset istius charitatis et fraterni amoris quem tantopere commendat Christus, is haec omnia odia facile restingueret. Sed usitatum est hominibus dicere se hoc zelo pietatis facere quod faciunt indulgentes suis affectibus.’ Epistt. secr. II. 142.
voetnoot1
En 1566 et 1567 les Calvinistes ne cédèrent point à ces exigences; et dès lors le secours fut refusé et la résistance devint impossible. III. 66. La Députation des Princes Allemands, en faveur de leurs co-religionnaires, fut presque sans objet: III. p. 80, sq. En 1575 l'Empereur favorisoit les Pays-Bas, prévoyant que ‘si l'on ne pacifie avec les Gueux, l'Empire sort de la Maison d'Austriche, et que c'est la résolution des Electeurs: ’ V. 81; mais bientôt l'ultra-Luthéranisme, en lui ôtant cette crainte, par l'élection de son fils Rudolphe, fit rentrer la Diète dans son insouciance et dans son inactivité: V. p. 299, 342. Durant les troubles, l'obéissance des Luthériens en Hollande, à Anvers, et ailleurs (II. 475, III. 51), semble avoir été motivée aussi par le désir de se distinguer avantageusement des Calvinistes.
voetnoot1
Ce fut un sujet continuel de désolation et de plaintes pour le Comte Jean de Nassau: on le remarquera dans un grand nombre de ses Lettres.
voetnoot2
Sur l'Autriche voyez la Lettre 83; sur la Hongrie la Lettre 120, in f.
voetnoot1
p. 51.
voetnoot2
Philippe de Hesse fait sans doute allusion à lui, quand il parle de Princes qui trahissent l'Evangile ‘um ihres hasz willen den sie etlichen personen haben, deshalben das ihn ire laster angetzeigt worden seind:’ v. Rommel, Ph.v.H. III. 44. Il donne à entendre qu'il a fort peu de confiance en ses promesses: p. 306.
voetnoot3
p. 108.
voetnoot4
T. IV. p. 2*.
voetnoot5
p. 182.
voetnoot6
p. 209.
voetnoot1
p. 161 et passim. Ce personnage, dont la jeunesse fut très-agitée, avoit beaucoup de foiblesse dans le caractère et une grande susceptibilité (T. III. p. xxxi. ‘Le moyen sera un peu difficile à trouver pour contenter le Duc de Clèves; car cognoissés l'umeur de ce bon Prince:’ I. p. 186. ‘Vous cognoissés l'home, je ne le veus fascher:’ p. 374. ‘Vous congnessés l'homme, il y oroit assés à grogner pour toute ma vye:’ p. 384).
voetnoot2
Nous avons publié deux de ses Lettres (L. 77 et L 297).
voetnoot3
Ses trois prédécesseurs avoient professé les croyances Evangéliques; Louis, de 1517 à 1544, avec modération; Fréderic II, de 1544 à 1546, avec timidité; Otton-Fréderic, de 1546 à 1559, avec zèle.
voetnoot4
On comprend que le Prince d'Orange, allié à la Maison de Saxe et nullement porté pour le Calvinisme, n'étoit pas content que son frère voyageat ‘avecque un gentilhomme Alleman qui at esté au Conte Palatin ou avecque son fils:’ p. 400.
voetnoot5
L'Electeur écrit en 1566 au Comte de Henneberg: ‘Sie sollen wissen das ich weder uff Calvinum oder einigen Menschen, sondern uff Christum getaufft bin, darum ich mich auch desselbigen Nahmens allein berühme... Ich kan es, mit Gott und meinen Christlichen Gewissen, bezeugen das ich Calvini Bücher bisz daher nie gelesen:’ Strueve, Pf. Kirchen-G. p. 211.
voetnoot1
Le Landgrave Philippe aimoit à prendre ses avis: voyez par ex. p 218, sq. La Lettre 102b (p. 357-365) est apparemment de lui. Il y montre que les propositions d'accord de la part des Papistes en France ne sont qu'un leurre pour mieux tromper les Huguenots.
voetnoot2
‘Gutmüthig, prachtig, freigebig: ein Fürst, welcher lebte und leben liesz. Seine Politik war die Reformation ohne Ungestum, durch allmählige Aenderungen, ohne viel Streitigkeiten mit Kaiser und Reich, ins Werk zu richten:’ Ranke, Hist.-pol. Zeit. I. p. 240. Il est fait mention de lui T. II. p. 512, parmi les Princes qui vouloient intercèder auprès du Roi d'Espagne pour les Luthériens des Pays-Bas. - Il y avoit un pacte de famille entre le Brandebourg, la Saxe, et la Hesse.
voetnoot3
Le Landgrave Philippe connoissoit parfaitement son gendre: en 1543 il écrit à Bucer: ‘wir gleuben unser lieber sohn herzog Maurizen mocht ein gute reformation leiden und gern sehen das man zu einer vergleichung keme; dasz aber sein liebte solten di spitz gegen den pfaffen abbeissen, haben wir ursach das solchs schwerlich bescheen werde: dann gegen euch vertreuelich zu melden,... halten wirs dafür es werd seiner liebten ein beinlein im mund geworffen sein, mit einem stifft vor iren Bruder Herzog August:’ v. Rommel, Ph.d. Gr. III. 98. En 1547 Maurice ne se fit pas scrupule d'accepter les dépouilles de l'Electeur: Philippe écrit: ‘es bekomert mich nit wenig das S.L. sich des überreden lest das S.L. des Churfürsten landt einnehmen und ime ein verwarung zuschikt:’ p. 170. ‘Es ist on zweiffel die Pfaffen werden lachen und frolocken das sie diese beide Chur- und Fursten, so eines gepluts, standes und glaubens..., selbst under ein verderben:’ p. 192. Plus tard, indigné de la détention de son beaupère et de l'influence Espagnole en Allemagne, Maurice tourna ses armes contre l'Empereur.
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‘Der mächtigste und reichste Fürst von Deutschland:’ Ranke, Hist.-pol. Z. I. 239.
voetnoot2
T. III. p. xxix.
voetnoot3
Nous le verrons manquer de procédés et même de bonne foi envers le Landgrave de Hesse dans une affaire très-délicate: p. 88. Il ne pouvoit exister entre eux une fort grande amitié; car Auguste, successeur de Maurice, avoit, au moins d'une manière indirecte, participé aux évènements qui causèrent la longue captivité du Landgrave: celui-ci n'avoit pas oublié en 1552 la crise fatale de 1547; L'Electeur, de son côté, n'en avoit pas perdu le souvenir, et l'on hait aisément ceux à qui on a fait tort. - Auguste n'aimoit pas la guerre; le Comte de Schwartzbourg, qui donnoit dans l'excès contraire, semble lui reprocher ses goûts pacifiques et sa parcimonie extrême: ‘er thut mit das mist seines holzes ab und macht eine mappa, bekümmert sich umb keinen krigh:’ p. 158. - Il donna l'exemple déplorable de jeter les Calvinistes dans les prisons. M. Ranke écrit: ‘er befolgte, wie in dem Innern des Landes, das er zu guter Aufnahme brachte, mächtig und rücksichtslos bewältigte, so in den Sachen des Reiches eine entschlossene Politik:’ Hist.-pol. Z. I. 240.
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Né en 1529 et régnant depuis la mort de son père, Jean-Fréderic le Magnanime en 1554.
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Seul il refusa, lors de la Conférence de Naumbourg, de signer la Confession Augustane. Le Comte de Schwartzbourg, du reste peu compétent en pareille matière, écrit: ‘denn seine schwermer haben es ihm widerrathen:’ p. 90. Et le Comte Louis de Nassau observe, d'un ton moqueur, qu'il ‘est parti opiniâtre, comme une principale personne qui s'entend mieulx aux choses de la religion que tous les aultres, comme il présume:’ p. 87.
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Aussi le Landgrave de Hesse déconseille-t-il au Prince d'Orange de former des relations avec lui: ‘damitt biedurch der Churfürst, an dem mehr gelegen, nicht von E.G. alienirt:’ T. II. p 420. Le Prince tenta des voies de réconciliation: l.l. p 451.
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Il étoit bon capitaine; dans plusieurs expéditions il en donna des preuves non équivoques. Il est vrai, en 1546 l'issue de ses efforts fut malheureuse; mais on l'abandonna: ‘Denmark, Pfaltz, Pommern, Leunnenburg haben gar nichts zu disem zug gethan; die neutrales unserer religion haben zum theil gantz nichts, und zum theil gar wenig gethan...; Franckreich und Engelland haben viel verhaissen und wenig geleistet:’ v. Rommel, Ph. der Gr. III. 174. Durant la bataille on ne suivit pas ses conseils: ‘het mann des Lantgraven bedencken gevolgt, so wer (wie die freundt und zum theil auch die vheindt sagen und offentlich bekennen) der Keyszer des tags geschlagen geweszen:’ p. 143.
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Il en fut puni, comme le Roi David, par les malheurs de sa famille. Le jugement de Dieu s'exerça d'une manière terrible sur les enfants de cette seconde union. Trois fils périrent en 1569 et 1570, en combattant contre les Huguenots; un quatrième mourut, la même année, à l'Université de Tubingue; un autre, peu après, dans une expédition contre la Suède; le sixième, de maladie en 1575; enfin le dernier expia ses écarts par une captivité de plus de 30 années. Une fille unique vécut jusqu'en 1608. (v. Rommel, Neue Geschichte Hessens, I. p. 87, sqq.). Le Landgrave Guillaume écrit en 1595: ‘Man erkenne nun den schrecklichen Zorn Gottes ueber das unordentliche Beilager, und dasz der Eltern Missethat an den Kindern gerochen werde. Aber Gott müsse man demüthig bitten dasz er nicht an ihnen ihre eigenen und ihrer väter Missethaten strafe, denn da sechs junge Personen so plötzlich gestorben seyen, so könnte Gott auch sie züchtigen:’ l.l. 91.
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Pour s'en convaincre on n'a qu'à parcourir le 3e volume de sa Biographie (v. Rommel, Gesch. Philips des Gr., Urkundenband). Dès les premières pages, les Lettres qu'il écrit, à l'âge de 15 et 16 ans, à sa mère Anne de Mecklembourg et à son beau-père le Duc George de Saxe, montrent un esprit nourri de la Bible, et qui en fait l'application pratique aux différentes circonstances de la vie.
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Encore en 1542 il veut conserver la dignité du Pape: ‘dem Bapst musz auch ein zimlich underhalt gelassenn werden, als das er ein Bischoff zu Rom wie von altershero, bliebe:’ v. Rommel, III. p. 91. Il ne considère pas toutes les cérémonies, en elles-mêmes, comme un si grand mal: ‘sein viel Ceremonien im Babstthumb welche man lciden konte:’ Ibid. p. 117; mais il en réprouvoit l'abus, et jugeoit beaucoup d'entr'elles illicites. ‘Die papistische und deren kirche Ceremonien, ler, und satzung seint widder Got und sein wort:’ p. 77.
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Déjà en 1530, il écrit à ses Députés à Augsbourg: ‘In keinen weg verwilligt das man die Zwinglischen mit gewalt dempffe, noch verjage oder überziehe. Dann Christus hatt uns nitt beruffen zu vertreyben, sonder zu heilen:’ v. Romm. III. 41. Il se consuma en efforts inutiles pour réunir les opinions divergentes: à Marbourg en 1529, à Wittemberg en 1536. Peu avant sa mort il écrivoit douloureusement aux Chrétiens de Zurich: ‘Wir befinden das der Zangk so grosz, und deme das mehrer Theil in Teutschland so geheszig, auch das kein theil von seinem fürnehmen abweichen will, das wir also nicht wissen wie der Handel antzufahen unnd antzugreiffen ist.’ Ibidem, III. 339.
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En compulsant le Recueil de M. von Rommel, on pourroit citer de nombreux documents, où l'on admire la simplicité, la bonhomie, autant que la foi, la grandeur d'àme, et la fermeté de Philippe: par ex. la Lettre à Luther (n. 11); celle à l'Electeur de Brandebourg, trop circonspect peut-ètre et qu'il adjure de permettre la prédication du pur Evangile (n. 19).
voetnoot1
Il le déclare au Prince lui-même (voyez la Lettre 28).
voetnoot2
p. 49, p. 58, sq.
voetnoot3
Voyez la Lettre 38.
voetnoot4
Voyez la Lettre 41, où il s'enquiert de la Princesse ‘ob E.L. bey der religion, darinnen E.L. uff erzogen ist, bestendig pleiben.’
voetnoot5
Il leur dut peut-être la vie. Le Landgrave, instruit par l'expérience, lui recommandoit, en 1567, à l'approche du Duc d'Albe, ‘sich durch wörtt nit das maul schmiren oder zu viell versichern lassenn wollen:’ T. III. p. 42.
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‘Gueter und geldt kann Gott dir und mir noch wol geben, ein andern Vatter aber von natur kannst du nit bekommen:’ v. Rommel, III. p. 283.
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Il écrit à l'Electeur Maurice: ‘E.L. wolle auch in alwege dahin verdacht sein das man bevor allen Dingen unsere wahre Christliche Religion und lobliche Freiheit erhaltte, da ohne das wehre beszer wir hetten dieses wercks nie nit gedacht, viel weniger das wir ausgezogen wehren:’ v. Rommel, III. 291.
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La première Lettre en est déjà une preuve remarquable: p. 133, sq. Dans l'affaire du mariage du Prince il avoit usé de beaucoup de réserve: lui-même affirme ‘se ne, aut parentem, aut principem offenderet, nec suasisse, nec dissuasisse:’ Languet, II. 116.
voetnoot3
‘Ich wolte Lo'zgen sonderlich gern in der compaignie mit haben:’ p. 154.
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Ayant appris qu'on vient d'octroyer en France la liberté Evangélique, il s'en réjouit vivement; ne doutant point que la parole de salut, désormais annoncée en beaucoup d'endroits, ne pousse racine par la grâce du St. Esprit: p 148. Il sent très-bien quelles sont les bases de la vérité qui sauve: p. 235.
voetnoot5
Il veut leur imposer silence, sub gravi poenâ, quant aux questions abstruses et inutiles, et spécialement sur le mode de la présence de Christ dans la S. Cène: p. 349.
voetnoot6
‘Die beyde Cardinal... samptt iren hellischen Vatter, dem Bapst, werden die decreta ires gottloser conciliabuli vortsetzen:’ p. 294. ‘Die papisten werden die protestirenden Stende selbst in einander verhetzen, dasz sie sich ausmatten und selbst fressen musten:’ p. 329.
voetnoot1
La lettre 73.
voetnoot2
T. III. p. 109.
voetnoot3
Il en est souvent question: par ex. p. 193.
voetnoot4
La guerre de la Suède contre le Danemark, de 1563 à 1570, sembloit le prélude de plus vastes desseins: le Landgrave écrit en 1564: ‘man mourmelt von einer seltzamen Handel, als solten Schweden, Lottringen, und etzliche vorneme evangelische fürsten im Reich in tractatibus stehen deutsch und ander kriegsvolck auffzuprengen und Denmarck ein bancket zu schencken:’ p. 328. La discorde entre les Protestants lui faisoit craindre des conséquences funestes pour la Réforme. ‘Darüber würd totus orbis erschüttet werden:’ l.l. ‘Es würde dem lauff des Heiligen Evangelii einen mercklichen schaden zufügen:’ l.l. Ailleurs il nomme cette lutte ‘cruentum, perniciosum et civile bellum.’ p. 407. - La Duchesse de Parme écrit en 1561 que le Roi de Danemark a ‘peu sçavoir que, quelque practicque que l'on aye mené à l'encontre de luy, le Roy d'Espaigne n'y a jamais voulu donner l'oreille, ains conserver l'amitié inviolablement:’ p. 111. Même Philippe II s'efforça de détourner la Duchesse de ses desseins; p. 254. Et l'Empereur écrit à Granvelle; ‘que deusse conseiller la Duchesse à mouvoir chose préjudiciable au repos publicque, soit par guerres, practicques, ou aultrement, plustost que par l'amiable voye, je ne fus oncques de l'opinion, ni le seray encores:’ p. 255. Granvelle étoit également contraire à la chose: neanmoins plus tard il paroît avoir été ébranlé: p. 301, in f.
voetnoot1
La France et l'Espagne se la disputoient. La lettre 36 est trèscurieuse sous ce rapport.
voetnoot1
T. III. p. xxxviii-xlii.
voetnoot2
En 1827 M. Ranke n'ose décider si Don Carlos est mort de mort naturelle ou s'il a été décapité: ‘Genug, in so unglückseligen Verhältniszen lebte Philipp, dasz er von seinem Sohne sterben oder ihn tödten lassen muszte:’ Fürsten u. Völk. I. p. 129. - M. von Raumer, en 1831, se fondant sur de nouveaux manuscrits, n'a plus aucun doute: ‘Er und die Königinn sind natürlichen Todes gestorben, und niemals hat auch nur das geringste Liebesverhältnisz zwischen ihnen statt gefunden:’ Briefe aus Paris, I, 157. Voyez T. III. p. 187, sq. p. 195.
voetnoot3
Viglius écrit: ‘on parle de la venue de notre Prince, au lieu du Roy, mais je ne le croy, ni ne seroit ce qui convient:’ p. 292. Longtemps il eut la parole embarrassée: Granvelle écrit, en 1564, d'après des lettres d'Espagne: ‘maintenant il parle beaucoup plus expéditement qu'il ne souloit par le passé:’ p. 301. M. de Chantonay écrit, en 1565: ‘on dist que nostre Prinche est asteure sy morne, sy mélancolique et pensif qu'il ne prent plésir à chose quy soit:’ p. 347. Voyez aussi la Lettre 119.
voetnoot1
‘Erat, supra quam credere posteritas facile queat, incredibilis cum veneratione observantiàque in Caesarem voluntas:’ van der Haer, de init. tumult. p. 58.
voetnoot1
‘Wenn man im J. 1567 die Somme, für welche so viele Besitzthümer Philipps II verpfändet waren, auf 35 Millionen Duc. berechnet, so fällt davon bei weitem der gröszte Theil auf Karls Rechnung:’ Ranke. F.u.V. I. 346. ‘Karls Mittel waren erschöpft. Es ist leicht möglich dasz diese Erschöpfung zu seinem Entschlusse (das Reich nieder zu legen) beigetragen:’ l.l. p. 347. Le Comte Louis de Nassau écrit en 1566 que les Pays-Bas ayant ‘librement accordé à sa M. de grandes et excessives aides...., ce fust cause que, jugent sa M. n'estre possible de se pouvoyr plus longuement maintenir, et qu'ilz avoient plus fait que ne pouvoient porter, se délibéra de s'en aller en Espaigne:’ ci-après, II. p. 446.
voetnoot2
‘Nicht leicht wird ein Fürst seinen Thron unter miszlichern Verhältnissen bestiegen haben, als Philipp.... In dem ihm zugleich an niederländischen, mailändischen und neapolitanischen Grenzen gefährliche Kriege drohen, - findet er alle Hülfsmittel erschöpft, die Quellen der regelmäszigen Einkünfte aufgezehrt, die Lande mit Schulden beladen, die Zinsen drückend, den Credit schwach’ Ranke, l.l. p. 355.
voetnoot1
Les Princes Protestants d'Allemagne voyoient toujours Philippe II prèt à leur tomber dessus. ‘Der argwohn und verdacht damit die protestirende Fürsten und Stende die kön. M. mit dem Pabst einer bundtnüs verdencken, ist noch unerloschen:’ p. 132. Aussi se rejouissent-ils de chaque embarras qui lui survient: les nouvelles touchant les troubles dans les Pays-Bas, écrit le Landgrave Guillaume à son père, ‘geben mir die hoffnunge es sollen die grosse potentaten mit iren eigenen undertänen so viel zu schaffen bekommen dasz sie uns zu reformiren vergessen:’ p. 165. Ils songent même par fois à le prévenir ‘den vorsprung einemen und Brabant anfallen:’ p. 156. - Le Roi avoit en Allemagne de nombreux pensionaires; p. 67, 104. ‘Plusieurs sécretaires des princes,’ écrit le Prince d'Orange, ‘sont pensionaires des princes estrangiers:’ p. 367. On peut croire que Philippe désiroit la ruine de tout Souverain Evangélique; mais il y a loin de là à des projets positivement hostiles. Il souhaite fort mettre fin à ces soupçons: p. 65, in f. Et le Cardinal de Granvelle écrit qu'il est faux que le Roi ‘veuille mouvoir, pour la Religion ou aultrement, quelque chose contre les Princes Protestans, et qu'il est véritable que, ny à Trente, ny ailleurs, ne s'est oncques négocié chose quelconque quand à l'exécution du Concile à l'endroit [des Princes] Protestans:’ p. 248.
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Voyez, spécialement sur la dernière partie de son règne et sur ses rapports avec l'Angleterre et la France, T. VII. p. 87-89.
voetnoot3
M. Ranke écrit: ‘er ward ein groszer Beförderer und Vermehrer der Entzweiung der Welt:’ Fürst. u. V. I. 124. Ce jugement me paroit sévère et même injuste.
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II. 353.
voetnoot2
Comme Charles-Quint, il sut résister plus d'une fois à l'influence et aux ordres du Pape. ‘Er gebot (in 1561) jedweden zu züchtigen, wer die Dreistigkeit habe, irgend ein Decret ohne seine Billigung im Reiche bekannt zu machen:’ Ranke, F.u.V. I. p. 277. Il fit occuper Rome par ses soldats en 1557, sous le Pontificat de Paul IV: ce Pape, ennemi juré de l'Autriche, disoit que ‘le roy Philippe tenoit de race de vouloir ruiner le St. Siège et le confondre entièrement:’ l.l. II. p. 297. Le Roi eut plusieurs démêlés avec Pie V: ‘so devot Philip II auch war, so hat er doch einmal den Papst erinnern lassen er möge nicht erproben was ein aufs Aeuszerste gebrachter Fürst zu thun vermöge:’ l.l. II. 357. Le Landgrave Guillaume se flatte, qu'ayant appris à connoitre les vues du Clergé, il commencera bientôt à douter de l'autorité du Pape: ci-après, p. 411. - En cédant au Pape, le Roi songeoit sans doute aussi à ses propres intérêts: ‘seine Macht in Spanien war zum groszen Theil auf geistliche Interessen gegründet:’ Ranke, l.l. II. 337. Puis il ne vouloit pas que ses disputes avec le Pape préjudiciassent en aucune façon aux intérêts de l'Eglise: ci-après, p. 288, in f. et sq.
voetnoot1
‘Die Geschäfte des weitlaüfigsten Reiches versammelten zich sämmtlich an seinem Tische... Die Bittschriften, die Briefe, die an ihn einliefen, die Berathungen seiner Minister, die geheimen Berichte kamen hier sämmtlich in seine Hand. Sein Arbeit und sein Vergnügen war, sie zu lesen, zu bedenken, zu beantworten, zu expediren: ... so war er der allerthätigste Geschäftsmann von der Welt.’ Ranke, F.u.V. I. p. 118.
voetnoot2
Le Prince d'Orange atteste qu'en sa présence et en celle de plusieurs autres Seigneurs, Charles-Quint dit à son fils que, ‘s'il ne retenoit cet orgueil d'Espaigne, il prévoyoit bien qu'il seroit cause de la ruine entière de ce pays:’ Apologie chez Dumont, V.I. p. 391b. A sa première venue dans les Pays-Bas ‘et esse et videri omnibus Hispanus; parce loqui nec nisi Hispanice: publico libenter abstinere, et quasi ex abdito venerationem intendere:’ Strada, I. 80.
voetnoot3
‘Im Jahre 1554... zeigte er zich bescheidener und leutseliger, er gab gern Audienz und genügende Antworten:’ Ranke, F.u.V. I. 115. Mais M. Ranke croit que c'étoit uniquement par intérèt et calcul: l.l. - M. Bilderdijk suppose que le Roi n'ayant pas dans les Pays-Bas cet ascendant si utile et même si nécessaire à un Souverain, étoit embarrassé, et que ce sentiment lui donnoit de l'aigreur; tandis que, si un des Seigneurs eût eu le bon esprit de le mettre à son aise, il eût facilement gagné sa confiance et son affection: Gesch. des Vad. VI. p. 11.
voetnoot1
II. 443, 447, 487.
voetnoot2
p. 426.
voetnoot3
Par ex. lors qu'après la destruction de son Armade, par la tempête, revoyant son Amiral, il lui dit: ‘Je vous avois envoyé combattre les hommes, et non pas les vents et les flots.’ Ce fut aussi une belle parole, celle qu'il adressa à une Dame qui se tenoit sur les marches de l'autel; ‘ce n'est là,’ dit-il, ‘une place, ni pour vous, ni pour moi:’ Ranke, F.u.V. I. 122.
voetnoot4
‘Es ist klar dasz die Politik an dem Verfahren Carls V in Luthers Sache den gröszten Antheil hatte.’ Ranke, Deutsche Gesch. I. 489.
voetnoot5
‘Roi catholique, il se croyait responsable envers Dieu du salut de ses sujets; les sectaires étaient, à ses yeux, des criminels pries que des empoisonneurs et des assassins, puisqu'ils tuaient les âmes; sa charité s'émouvait, en faveur des victimes, et non des coupables, et sa sévérité s'excitait par sa pieté même:’ de Gerlache, l.l. I. 97. ‘Es werden ihm die Fortschritte seiner Macht und die Fortschritte der Religion, identificirt, und in jenen sieht er diese... Wenn er England zu erobern, wenn er die Krone von Frankreich an seinen Neffen und an seine Tochter zu bringen sucht, so überredet er sich, er thue das zum Besten der Welt, ja zum Heile der Seelen:’ Ranke, F.u.V. I. 123.
voetnoot1
Procès des Comtes d'Egmont et de Hornes, II. p. 349 (Lettre du 6 mai 1566).
voetnoot2
p. 56.
voetnoot3
Il y a quelques détails sur Marie Stuart, p. 352.
voetnoot4
L. 58a.
voetnoot5
L. 61a.
voetnoot6
p. 339.
voetnoot1
‘Es war eine Mischung von Verachtung und Ingrimm, mit der man diese fremdgebornen halbbarbarischen Herrscher im Lande sah:’ Ranke, F.u.V. II. 102.
voetnoot2
En Sicile il y avoit, pour le moins, ‘58 Familiën Sicilianischer Baronen, welche alle catalonischen Geblütes waren:’ Ranke, F.u.V. I. p. 257. A Naples, ‘hatte die aragonesische Faction der Baronen dreymal den Sieg für ihre Könige davon getragen und dafür eine ausgezeichnete Stellung empfangen:’ l.l. p. 265. Il en étoit de même dans le Milanois.
voetnoot3
Philippe de Hesse écrit en 1558: ‘da nun die Spanier widderumb Lust hetten eine Reformation in Deutschland, und, wie sie es hievor fürgenommen, ein blutbad über die Teutschen anzurichten, sie werden es so leichtlich nicht anfahen können noch vermügen:’ v. Rommel, Philipp d.G. III. p. 208. - Voyez plus tard les tentatives de l'Empereur Rodolphe II. T.V. p. 424, sq.
voetnoot1
Surtout sous Philippe II. - Un de ses secrétaires écrit en 1563 au Prince d'Orange: ‘Ir Ma. registrirt die Stende diser drey Königreich weit anderst und mehr als etwa Kay. Ma. gethan; dörffen schier nichts wider ir M. mauchzen:’ p. 192.
voetnoot2
‘Von den drey Ständen, welche früher dem Könige Widerstand geleistet, ging nun jene Unterwürfigkeit, jene Ruhe aus, welche Castiliën in diesem Jahrhundert so auszeichnete:’ Ranke, F.u.V. I. 239.
voetnoot1
Mornay disoit avec vérité: ‘le Roi d'Espagne en tout ce qu'il possède, n'a rien plus beau, plus riche, plus poli que les Pays-Bas; rien qui ait plus nui à la France:’ et l'on ne s'étonnera pas s'il ajoute: ‘rien qui la puisse plus accommoder en toutes sortes.’ Mém. I. p. 364.
voetnoot2
‘Majestate Imperatoriâ paullatim imminutâ, ea quae Imperatores possederant Dominia in manus Episcoporum, Ducum, Comitum devenerunt, qui etsi nexu cum feudali, tum allodiali adstricti Imperio manebant, tamen jura Superioritatis Territorialis pleno jure sibi vindicârunt:’ Kluit, Primae Lineae Collegii Diplomatico-historico-politici (Lugd. B. 1780), p. 78. Cet ouvrage du célèbre Kluit est peut-être le meilleur qui existe sur la Constitution des Pays-Bas. - Déjà au 12e siècle ‘waren de Graafschappen ten eenemale van aard veranderd, en verre van, naar de oorspronkelijke beteekenis des woords, in een ambt of eene persoonlijke bediening te bestaan, erfelijke bezittingen geworden van hoog en laag regtsgebied en andere koninklijke en heerlijke regten, gedeeltelijk met grondeigendom verbonden:’ Nyhoff, Gedenkwaardigheden uit de Gesch. v. Gelderland, I. p. v.
voetnoot3
On avoit coutume de les nommer: ‘rechte Landsheer, rechte geboren Landsheer, natuurlijke Heer, natuurlijke en erflijke Heer, souvereine Prinse en Vorst:’ Kluit, l.l. p. 78.
voetnoot1
Voyez, par ex., sur le Traité d'Augsbourg en 1548, T. II. p. 501.
voetnoot2
Charles-Quint ne tarda pas à voir les difficultés de ce projet: ‘Moribus, linguâ, institutisque et, ut inter finitimos, aemulatione discrepantes populi ad unam regiminis formam aegre omnes coerceri posse videbantur:’ Strada, I. 33.
voetnoot3
On s'en apperçut bientôt; et alors on chercha des moyens ‘pour rompre cette généralité:’ II. 450.
voetnoot4
‘Licentiae interdum quam libertati propiores:’ Strada, I. 31.
voetnoot1
Notre histoire sous les Ducs et Comtes a été étrangement défigurée. Aux causes indiquées ci-dessus (p. 16*, sqq.) ajoutons la défaveur extrême qui, par les horreurs de la guerre contre Philippe, rejaillit sur le pouvoir Monarchique, même durant les temps antérieurs à cette lutte. Tout acte d'autorité parut de la tyrannie, toute rebellion sembla légitime; il n'y eut pas jusqu'aux atrocités et aux fureurs du peuple à Gand et à Bruges qui acquirent un caractère de grandeur et de force. A mesure que les institutions se modifièrent, on voulut retrouver le présent dans le passé; on s'efforça de justifier et d'ennoblir le gouvernement républicain, en lui cherchant une antique origine. Les plus beaux traits de nos Annales furent effacés. On ne se souvint plus, ni de Florent V assassiné par les Nobles et victime de son zèle pour le peuple; ni de toute cette antique Maison de Hollande, si glorieuse et si populaire; ni de Guillaume le Bon, auquel ses sujets offrirent le double de la somme qu'il leur demandoit et qui alors ne voulut rien accepter, sachant que leurs bourses lui étoient ouvertes; ni de Philippe de Bourgogne, Prince puissant et magnifique, mais dont le plus beau titre est d'avoir été également surnommé le Bon et le Père de la Patrie. Sous l'impression des opinions républicaines cette série de Souverains devint une succession d'usurpateurs et de tyrans; foulant aux pieds les Contrats et les Privilèges, qui formoient, disoit-on, la base unique de leur pouvoir. - Le Droit Divin fut transféré du Monarque aux Etats. Voici à cet égard un passage curieux d'une Déclaration du Comte Jean de Nassau en 1578. ‘Die Staten van den Lande zijn dieghene die Godt Almachtig uyten Volcke verkiest ende roept om immediate naest Hem te verkiesen eenen Coninck ofte Gouverneur, Wetten en Statuyten te ordonneren, mitsgaders zekere ordre en beleyt van de Gemeente ofte Republicke:’ v.d. Spiegel, Onuitg. St. I. 71. Conformément à de telles idées les Etats de Hollande affirment hardiment en 1587 que ‘dit Land van Holland en Zeeland sedert 800 jaren geregeert is by Graven en Gravinnen, den welken by den Edelen en Steden, representerende de Staten van denselven Lande, de heerschappie en souverainiteit derselver Landen wettelyk is opgedragen en gedefereert geweest:’ Bor, II. 921. C'est un anachronisme de huit siècles. Nos historiens répétèrent à l'envi ces erreurs. Toute la science de Grotius ne l'empêcha pas de venir, dans son traité de Antiquitate reipublicae Batavae (qu'on s'étonne de voir citer encore de nos jours comme une autorité) se briser contre le même écueil.
voetnoot1
Non pauciores 30 hominum millibus:’ Str. I. 76.
voetnoot1
Le Prince d'Orange, écrivant en 1576, parle de ‘la déffiance naturelle que la pluspart de nostre nation ont de la nation Françoise:’ T.V. p. 446.
voetnoot2
‘Les pays d'Embas ont comporté les plus grands frais, oyres que la guerre ne fust commencé à leur occasion:’ p. 73. Cependant le Prince d'Orange, en 1559, fait mention ‘des grandes et excessives sommes que le Roi avoit tiré de ses autres pays et royaulmes pour la deffence et tuition de ces Bas Pays:’ p. 45.
voetnoot3
‘Inter magnas mercatorum atque urbium opes una egebat Nobilitas:’ v.d. Haer, p. 123.
voetnoot4
v.d. Haer, p. 114. Et ci-après, p. 39.
voetnoot5
Quand Philippe II eut accepté le Concile de Trente, ‘les Seigneurs dirent que c'estoit chose pour plus peser et prendre advis des Chevaliers de l'Ordre:’ I. 290. Le maintien de la Religion leur étoit spécialement recommandé: II. 40.
voetnoot1
Le Comte Louis de Nassau vante extrêmement les premières années du gouvernement de Philippe dans les Pays-Bas; probablement pour faire ressortir d'autant plus le contraste; toutefois on ne sauroit révoquer en doute la vérité de cet éloge: II. 447.
voetnoot2
Il ne fut pas très-scrupuleux à cet égard: II. 9.
voetnoot3
Les Chefs de l'opposition en étoit eux-mêmes indignés. Le Prince d'Orange se hâta de sévir contre les briseurs d'images. M.M. de Montigny et de Berges trouvoient que ‘tant de Seigneurs et personages principaux ne devoient souffrir semblables actes:’ II. 362. Louis de Nassau condamnoit aussi la violence du peuple: p. 213, sq.
voetnoot1
T. II. p. 7. De même, en composant la Maison de Don Carlos, ‘on ne y ast volu admettre ung seul de par dechà, ny d'autre nation que de la sienne propre:’ p. 346.
voetnoot2
‘In his provinciis nata et educata, earum idiomata tenebat:’ v.d. Haer, p. 102.
voetnoot3
Dans une Lettre du 6 mai 1566 à la Gouvernante, le Roi écrit: ‘Ny au faict de l'administration de la Justice, ny en celluy de la Religion, j'ay prins aultre pied que celluy y a tenu en son temps l'Empereur, mon bon Seigneur et père: soubs lequel les subjects n'ont matière de dire qu'ils ne soyent esté heureux et bien maintenuz:’ Procès des Comtes d'Egmont et de Hornes, II. 348. Et les Nobles Confédérés, s'adressant en 1566 à la Gouvernante, font un aveu bien remarquable: ‘Nous ne doubtons poinct que tout ce que sa M. a par ci-devant et maismement astheure de nouveau ordonné, touchant l'inquisition et l'estroicte observation des placcars sur le faict de la religion, n'ait eu quelque fondement et juste tiltre, et ce pour continuer tout ce que feu l'Empereur Charles avoit à bonne intention arresté:’ ci-après, II. 80, sq. - En quittant les Pays-Bas, le Roi fit dire aux Etats qu'il se rappeloit constamment ‘quae discedens Ordinibus audientibus Caesar imperâsset, quibusque de rebus moriens testamento studiose cavisset:’ v.d. Haer, p. 103.
voetnoot1
Même en Allemagne la liberté de religion étoit extrêmement restreinte, et ne consistoit qu'à pouvoir librement quitter le Pays: II. p. 353.
voetnoot2
On peut en juger par l'impression que firent les prêches publics en 1566, même sur l'esprit des Seigneurs qui favorisoient la Réforme. Le Prince d'Orange ne les aimoit point: II. 158. Il ne les permet pas dans sa ville de Bréda: p. 273. M.M. de Montigny et de Berges recommandent ‘d'oster les presches avant la venue de sa M.’ p. 365.
voetnoot1
D'après M. Ranke, ‘ein Königlicher, nur ein mit geistlichen Waffen ausgerüsteter Gerichtshof:’ Fürst. u Völk. I. 241. On s'y opposoit en Espagne en 1519. Ranke, D.G. I. 471.
voetnoot2
‘Ne se pouvant (comme on l'avouoit en 1566 dans le Conseil d'Etat)’ exercer l'office Episcopale sans sçavoir la vie et conduicte de ceulx qui leur sont commis:’ Procès d'Egmont, II. 340.
voetnoot3
Le Conseil d'Etat le reconnoissoit: seulement il croyoit que ‘voyant maintenant le peuple tant abhorrer icelle, il en fauldroit user, comme le médecin faict des maladies, baillant la médecine par aultre moyen plus agréable au patient:’ Procès d' Egmont, II. 311. Il est vrai qu'en 1550 on avoit changé le nom odieux d'Inquisiteurs en celui de Ministres Ecclésiastiques.
voetnoot4
‘Prétendre que ces pontifes seraient les instruments et les suppôts de l'inquisition espagnole, était absurde et contradictoire, puisque l'inquisition même eût été destructive du pouvoir de l'épiscopat, juge naturel en matière de foi:’ de Gerlache, l.l. I. p. 39.
voetnoot1
On avoit tenté d'introduire l'Inquisition d'Espagne à Naples sous Charles-Quint: mais le Vice-Roi fut obligé de donner une promesse par écrit qu'il n'en seroit plus jamais question: Ranke, F.u.V. I. 269. A Milan en 1563 on échoua pareillement: l l. p. 295. On n'eût guères, après cette double leçon, hasardé la chose dans les Pays-Bas. Le Conseil Privé avoit raison de déclarer en 1566 ‘que sa M. ne veult aulcune nouvelleté et moins l'introduction de l'Inquisition d'Espaigne, selon que les mauvais faisoyent courir le bruict, mais tant seulement garder et entretenir ce que par le passé avoit esté ordonné avecq si grande délibération et solemnité:’ Hooper, Mémorial, p. 59. Les mots ont beaucoup d'empire sur les masses; et le mot d'Espagne, ajouté à celui d'Inquisition, produisit un effet merveilleux. Le Prince d'Orange se défend d'avoir contribué à cette excitation: Bor, I. Byv. p 9. L'aveu des Confédérés II. p. 81) est peu en harmonie avec leur Compromis: T. II. p. 3. - Voyez aussi l.l. p. 18, 36.
voetnoot1
En 1575 Hopper, écrivant au Roi, nomme l'administration du Duc d'Albe ‘un très-exécrable gouvernement:’ T.V. p. 229.
voetnoot2
Notre Tome VI fait voir qu'on a jugé son caractère et ses actes avec des préventions extrêmes.
voetnoot3
‘Es ist ein Irrthum, wenn man glaubt Philipp II habe in de’ ‘flandrischen Sache nichts zu versuchen gewuszt als Gewalt:‘ Ranke, F.u.V. I. 126.
voetnoot4
Il y avoit entr'eux une grande familiarité durant la vie de l'Empereur Ferdinand: p. 129.
voetnoot1
L'orgueil s'allie aisément à des manières populaires. ‘Innata comitas innoxiaque nobilitati popularitas:’ Strada, I. 40.
voetnoot2
Delà beaucoup de jalousie et de disputes entre lui et le Prince d'Orange: p. 177, 415.
voetnoot3
D'après Granvelle, un des plus sincères, des plus ouverts (‘uno delos mas claros:’ p. 129), des plus traitables, des plus accessibles à la raison: p. 152.
voetnoot4
Il déclare en 1564 ‘que ce n'estoit point à Granvelle que l'on en vouloit, mais au Roy, qui administre très-mal le public et mesmes ce de la Religion:’ p. 247.
voetnoot5
Il hésite, il vacille (II. 43, 422); il étoit opposé à la persécution, ayant ‘tousjours soutenus que le chastoy et sang n'ont profité:’ I. 374. Mais il n'étoit pas le même à Bruxelles et à Madrid: en Espagne il montre un grand désir de satisfaire à la volonté du Roi, spécialement quant au maintien de la Religion: p. 383.
voetnoot6
p. 104.
voetnoot1
D'après le Seigneur de Chantonay, ‘un des plus dangereux:’ p. 426. Il fait brûler des Protestants: p. 130. On l'envoya deux fois en Espagne, afin de faire connoître les griefs; p. 137. Voyez la Lettre 220.
voetnoot2
Epoux d'Eléonore de Montmorency (Lettre 60 et T. III. 291).
voetnoot3
‘Nullus ex proceribus Belgis de quo esset major spes:’ Languet, Epp. secr. I. 77.
voetnoot4
Il dénigroit la Reine de Hongrie auprès du Roi, ‘usant de remarcable ingratitude, ayant esté nourry de la dicte Dame, comme elle eust peu faire de son propre fils.’ p. 39. Quand il fut envoyé en Espagne pour exposer au Roi les doléances du pays, le Comte de Bréderode écrit: ‘le Marquys est plus que souffyssant pour cest effect... M. d'Egmont est bon syngneur, mès cestuy dict Marquys est aultre homme pour anffoncer jusques aus abymes les affaires:’ II. 107. Voyez aussi ci après, p. 230, 239, 267, 332. ‘Magna ejus apud vulgus laus existebat, gravitas in moribus, prudentia in consiliis, religionis Catholicae verum studium, Regis observantia, patriae libertatisque, quod ferebatur, summus amor:’ v.d. Haer, l.l. p. 231.
voetnoot5
Guillaume de Croy, Seigneur de Chiévres, avoit été Gouverneur de Charles-Quint.
voetnoot6
II. 423.
voetnoot1
V. 459. sqq. VI. 142, sq. - La Duchesse, sa femme, étoit fille du Seigneur de Comines.
voetnoot2
‘Regiarum partium cum quatuor paterni animi filiis studiosissimus:’ Strada, I. 34. Granvelle le nomme entre ceux auxquels le Roi peut surtout se confier (ci-après, p. 129, in f.) écrivant plus tard qu'il ‘monstre tousjours zèle au service du maistre:’ p. 272.
voetnoot3
‘Supremus rei tormentariae magister:’ Strada, I. 37. Le Roi peut compter sur lui: p. 129, in f..
voetnoot4
Né en 1517; vient en 1543 dans les Pays-Bas; Gouverneur de Namuren 1549; défend courageusement, mais en vain, la ville d'Yvoy en 1552: p. 4. - Il avoit été marié à Marguerite de Bréderode: il se remaria: p. 131.
voetnoot5
‘Il avoit lessé de hanter Granvelle ung an devant les Seigneurs:’ p. 373.
voetnoot1
p. 230.
voetnoot2
p. 331.
voetnoot3
p. 372. Il accusoit les Etats de vouloir faire république: p. 267. ‘Les Etats de Brabant vouloient tout faire et tenir le Roy subject:’ l.l.
voetnoot4
Il écrit à Granvelle: ‘l'on s'estrange fort de moy..., de quoy me treuve fort satisfaict;... povés disposer de ma personne et biens:’ (p. 347) et un des confidents du Cardinal lui fait savoir qu' ‘Aerschot demeure ferme comme un rocq.’ p. 413.
voetnoot5
P. 131, p. 345. Le conseiller Hopperus écrit en 1576 au Roi: ‘j'ay veu par mes yeulx au Conseil d'Estat qu'il at esté ung des premiers excitateurs de ces troubles’ (V. p. 374); mais Mansfeldt changea bientôt d'opinion, ou du moins de conduite. II. 39. Son fils, le Comte Charles, aussi vaillant que son père, fut encore plus variable que lui: II p. 7, p. 192.
voetnoot6
p. 130.
voetnoot7
En 1564 on parloit déjà d'une ligue entre Granvelle, Berlaymont, Aerschot, et Aremberg: p. 267. ‘Berlaymont dit qu'Aremberg est encore piz avec les Seigneurs que luy:’ l.l.
voetnoot1
Ils avoient ‘la moyenne Noblesse à leur cordelle:’ p. 426.
voetnoot2
‘J'ay beu à vostre santé:’ p. 307. ‘J'espèr que après un drunck il vous en ressouvyendrast:’ p. 374. ‘Je m'an voye boyre ung bon trect ce dyner à vous et à vostre frère Adolff:’ p. 376. ‘Reguardé de ne boyre trop d'eau:’ p. 397. ‘Je vous prye me mander sy l'eau vous semble aussy bonne que le vin:’ p. 397.
voetnoot1
Parlant du retour présumé de Granvelle, il écrit: ‘l'on dict icy pour certayn que le rouge est sur son retour et seroit desjà aryvé à Namur, où Berllemont l'est allé recepvoyr; le dyable après eus deux, seroyt ungne belle chasse:’ p. 305. A l'égard des concessions de Madame de Parme: ‘La nécessyté faict la truye troter, et... asseurés vous qu'elle nous brasse le chaudyau sans sucre. Je vous prye d'y pansser meurement, que nous ne nous coupyons la gorge de nostre mesme couteau.4’ II. p. 255. - En parlant de ses ennemis, il leur souhaite d'être brûlés vifs et s'exprime ainsi: ‘Mon Dieu, le beau feu que ce fust esté! je n'eusse eu peur d'aultre chose que la fumée de ce feu ne fust esté sy infectée de la distylatyon que eu fayct ce frit de tant de meschantes carongnes d'ommes que ceux quy fussyont esté espryns de la fumée, n'eussyont tous eu la peste:’ II. 254.
voetnoot2
‘Ceux d'Utrecht menassent me mestre à feu ma vylle et ma méson; s'yl s'y jouent, je leur an ferey ung tell qu'il se pourront chauffer pour tout l'yver:’ p. 304.
voetnoot3
p. 305, 308.
voetnoot4
T. III. p. 170. - Morillon l'appeloit l'antechrist: II. 254. M. de Montigny écrit: ‘J'ai toujours craint pour lui une mauvaise fin, pour la vye qu'il menoit.’ T. III. p. 61. - Bilderdijk dit: ‘dus eindigde die fraaie Held dien men in later tijd zoo belachlijk... vergood heeft:’ Hist. des Vad. VI. 79. Et M. de Gerlache l'appelle le Clodius du parti: vain léger, audacieux, expéditif, toujours pour les moyens violens;... au dessous de sa position:’ Hist. du Roy. des Pays-Bas, I, p. 60.
voetnoot5
Il avoit servi dans des missions diplomatiques: p. 126: ainsi ‘imbeu des affaires d'Angleterre:’ p. 261. Du reste peu estimable: p. 205, 327.
voetnoot1
‘Il avoit laissé de soy-mesme le Conseil d'Estat:’ p. 261.
voetnoot2
‘La levadura de todas estas alteraciones:’ p. 177.
voetnoot3
p. 268.
voetnoot4
Morillon, au sujet des plaintes du Comte d'Egmont et d'autres, ajoute: ‘Ceci vient de l'escole de Renard, qui est souvent près des Seigneurs:’ p. 248. Granvelle parle aussi d'inventions renardesques: p. 246. D'après le Comte de Schwartzbourg, Renard étoit ‘bien fin pour eux:’ p. 416.
voetnoot5
Granvelle écrit en 1564: ‘il est trop renard pour se laisser attirer en Espagne:’ p. 262. Mais il reçut un ordre positif: p. 310, sq.
voetnoot6
‘Freyherr von Landsberg und berühmter Kaiserlicher General... Er starb auf seine Güter in 1584, im 62en Jahre. Man hat von ihm eine kleine Schriftde bello contra Turcas gerendo: 2.o Kriegsdiscours von Bestellung eines gantzen Kriegswezens: 3.o von Regierung des H. Röm. Reichs und Freystellung der Religion:’ Jöcher, Gelehrten-Lexicon, IV. 315. De la Noue, en écrivant ses observations sur la guerre contre les Turcs, commence ainsi: ‘il seroit mieux séant à quelques excellens Capitaines, comme... L. Schvende Allemand... de discourir des moyens pour réprimer la puissance des Turcs:’ Discours, p. 544.
voetnoot1
C'est le jugement de Languet: ‘Prudentiâ et rei militaris peritiâ superat quotquot ego novi:’ ad Sydn. p. 141. Et ailleurs: ‘Ejus viri juvat meminisse, tnm propter ipsius virtutem et candorem..., tum quia video propemodum ea evenire quae mihi praedixerat, ex iisdem quidem causis, sed mutatis tantum personis:’ ad Camerar. p. 20.
voetnoot2
aant.Selon Granvelle, Schwendi lui avoit fait ‘grand domage:’ IV. p. 36*.
voetnoot3
p. 282, sq. Il n'oublie pas de saluer les Seigneurs: p. 297. - Bollwiler écrit de lui au Cardinal: ‘on pouvoit bien appercevoir qu'il tenoit pour vos malveillants des Payz d'Embas:’ p. 283.
voetnoot4
p. 296, 313, 339.
voetnoot5
Toutefois les Protestants, dans leurs démêlés en Allemagne, n'avoient pas eu à se louer de lui: v. Rommel, Philipp der Gr., III. 277, 306. Pfister, Herzog Christoph, p. 313.
voetnoot6
Surtout les Lettres 48, 92, 96, 98, 120.
voetnoot7
Voyez Tom. VII, p. 228 et 231.
voetnoot8
Né en 1529, mort en 1583.
voetnoot9
Ayant épousé le 18 nov. 1560 sa soeur Catherine de Nassau.
voetnoot1
On le croyoit même en état d'assister les Papistes en France: ‘Dicunt Rhingravium jam in Germaniam ablegandum ut... curet adduci equitem a Schwartzburgensi: ajunt enim eum hoc promisisse, quod miror:’ Lang, Ep. secr. II. 219.
voetnoot2
Après une conversation fort intéressante entre lui et le Seigneur de Chantonay, celui-ci écrit à Granvelle: ‘Je cognoys bien l'umeur du Conte, qui est fin et caut et cortesan:’ p. 413.
voetnoot3
Voyez, par ex., la Lettre 31.
voetnoot4
Encore en 1575 le Comte Jean écrit au Prince d'Orange que le Comte de Schwartzbourg ne veut pas ‘die sache gründlich erforschen, lesen, und ausz Gottes wort judiciren:’ V. p. 157.
voetnoot5
Le 10 janvier à Dillenbourg. - Il paroit avoir été petit de stature:’ T. III. p. 320. ‘Ein Männlein:’ ci-après, p. 165.
voetnoot6
p. 29.
voetnoot7
Par ex. T. II. p. xii, sqq. IV. p. xlvi-lv, et p. 399. - V. Reyd, qui l'avoit connu personnellement, le dépeint par quelques traits fort caractéristiques: ‘Hij was wel ter tale, minlijk in het omgaan en om der menschen hart tot zich te trekken; voorts nuchteren, van weinig slaap, altijd onverdroten om te arbeiden, hetzij met zinnen of ligchaam, en bovenal Godvreezende. Hij zou de vermaardste krijgsman van zijn tijd geworden zijn; want hij had beide scherpzinnig verstand in aanslagen, en schier al te veel stoutheid in het vechten, en zonderling gezag om te gebieden.’
voetnoot1
Comme étant le Chef de la Maison de Nassau: p. 47. Le Prince l'envoie vers le Duc de Saxe (p. 93.) et auroit bien voulu en faire son Lieutenant en Bourgogne: p. 131. Il tâcha de lui faire donner la charge importante de Capitaine-Général de la Westphalie (p. 181.) et mit en train un projet de mariage: p. 145.
voetnoot2
Il étoit bien informé des affaires de France (p. 354); beaucoup de Princes Allemands lui vouloient du bien. Tantôt le Landgrave de Hesse le vouloit pour compagnon de voyage en Suède (p. 151, 154, 165), toutôt Schwendi le désiroit pour compagnon d'armes en Hongrie: II. 77. Il se met ‘en malaise et fâcherie’ pour le Prince, en garantissant une dette: p. 185.
voetnoot3
Après un service que le Prince lui avoit rendu, il écrit: ‘ne vous sçauroys asses remercier tant que viveray, et cercheray tout le moyen de le déservir avecques ma peau:’ p. 146.
voetnoot4
Bréderode prend avec lui un ton fort léger. Voyez, par ex., le commencement des Lettres 94 et 96, et la plaisanterie p. 397.
voetnoot5
Il travaille tous les jours, excepté le dimanche, p. 150. Il prie Dieu ardemment: l.l. Il est zélé pour la Réforme. Il craint qu'on ne force son frère Henri à des cérémonies superstitieuses: ‘nolumus eum, hac in aetatis juditiique sui imbecillitate, ullis contra conscientiam praeceptis teneri:’ p. 205. Voyez aussi p. 234, 398, 403. Même en 1566 il n'étoit pas encore Calviniste: ‘der Calvinismus reisset an aller örten mit gewalt ein, weisz in der wahrheit nicht wie man inen wehren mag:’ II. p. 215. ‘Der Calvinismus, ausz mangell gueter Lehrer, reiszt an vielen örten ein:’ p. 307. De même p. 403.
voetnoot1
Elle avoit eu Loyola pour confesseur: Strada, I. 51.
voetnoot2
‘S'il est en pouvoir humain, elle eust mieux achevé l'oeuvre que personne aultre:’ VI. p. 342. D'après l'opinion du Conseiller d'Assonleville ‘elle fut venue merveilleusement bien à propoz pour diriger et perduire à la fin ceste besogne. Elle est Princesse d'auctorité, prudence et expérience, studieuse de la raison, auctorité du Roy, et du bien du pays.’ l.l. p. 373. Elle ne savoit pas toujours dissimuler: Viglius parle des ‘mines qu'elle monstroit.’ I. p. 269. Et Louis de Nassau, racontant la manière dont elle avoit reçu une députation des Nobles Confédérés, écrit: ‘elle s'est mise en une telle colère contre nous qu'elle a pensé crever:’ II. 178.
voetnoot3
Alexandre vint en 1566 dans les Pays-Bas. Le Seigneur de Chantonay écrit: ‘certes jusques à maintenant nihil est in homine; je ne sçay que ce sera avec le temps:’ p. 394.
voetnoot1
Charles-Quint écrivoit, en 1545, à Philippe II: ‘Je suis assuré que personne n'entend mieux les affaires de mes Etats que Granvelle, particulièrement celles qui concernent l'Allemagne, la Flandre et les deux Bourgognes, et les négociations à faire avec les Rois de France et d'Angleterre: il m'y a servi et il m'y sert encore actuellement avec utilité... Je sais qu'il n'a rien oublié pour former son fils l'Evêque d'Arras et je compte que les soins qu'il a a pris de ce jeune homme répondront à son attente:’ Mém. de Granv. I. 179. Et, lors de son décès: ‘mon fils, je suis extrêmement touché de la mort de Granvelle; car nous avons perdu, vous et moi, un bon lit de repos:’ l.l. 180.
voetnoot2
Le Prince d'Orange écrit: ‘wir haben mit einem schlawen und listigen vogell zu thun:’ p. 259. Schwendy parloit de lui fort honorablement; et disoit qu'il devoit ‘aller à Rome, pour y devenir Pape:’ p. 283. Voyez les sages conseils à Viglius: p. 272, 323, sq. En général ses Lettres sont parfaitement écrites.
voetnoot1
Le Landgrave Guillaume écrit: ‘Es mag sich die Kön. M. zu Hispanien wol fürsehen dasz der Cardinal derselben in iren erbländenn nicht ein spiell anrichte, wie er Keyser Carolo vor zeitten im Reich einen lermen angerichtet hat:’ p. 170.
voetnoot2
p. 163.
voetnoot3
p. 239. Et le Prince d'Orange, étoit-il moins étranger que Granvelle? Voyez l.l. - Le Landgrave Guillaume de Hesse écrit qu'en remplacement du Prince et d'Egmont, le Roi enverra ‘andere ausz Hispanien, doch Niederländer, nemblich den Cardinal von Grandvel und den Herzogh von Arschott:’ Lettre 123.
voetnoot4
‘La nation Castillane procure de partout usurper le tout et comporte mal que aultres que eulx soyent employés aux charges, oyres que souvent ils ne donnent pas fort bon compte de celles auxquelles l'on les employe:’ p. 72.
voetnoot1
T. VI. p. lxxx. En 1579 ‘il ne se mesle des affaires d'Espagne, pour éviter l'envie et la jalousie de ceulx d'icy:’ VII. p. 90. ‘On fait entendre aux villes... et à plusieurs de la Noblesse aussy, que je tasche de les soubmettre aux Espaignols, qu'est faulx, et n'y pensay oncques, ny eusse choisy ma retraicte par delà, sy je pensoys que cela eust dû advenir:’ I. p. 237.
voetnoot2
‘Lorsqu'on voulut faire entretenir aux Pays-d'Embas un terce de douze mil Espagnols..., je dis que l'on feroit bien d'en parler avec feu sa M. Impériale, qui connoissoit les pays, que je suis asseuré l'eut rabrouhé et rejetté:’ p. 75. ‘J'en heus lors le maulvays grey, de quy depuis a cogneu que j'avoy raison de soustenir le contraire, et vélà comme je veulx leur soubmettre les pays:’ p. 238.
voetnoot3
‘Pour ce qu'ils dient que je les veulx soubmettre aux Espagnols, je vouldroys qu'ils me dissent quy j'ay avancé en charge du pays de la dite nation; il ne s'en trouvera ung seul.’ p 239.
voetnoot4
‘Qui trouva les expédients pour donner la commodité pour les embarquer, quy fit les lettres pour y persuader le Roy? mais cela s'oblye:’ p 238.
voetnoot5
p. 170. Il écrit au Roi: ‘puisque vous êtes le Seigneur de tous, il est bon que vous agissiez de manière à faire connoître que vous les considérez comme vos enfants, et que vous ne tenez pas les Espagnols seuls pour légitimes:’ p. 153.
voetnoot6
En 1564 il écrit: ‘il n'y a quy que ce soit des Seigneurs, quy plus hardiement et résoluement que moy voulust employer sa personne et sa vie pour le sousténement de la liberté et privilèges du pays.’ p. 238.
voetnoot1
‘C'est un point que les Castillans, en leur pays, et aultres d'Espagne ont aultant pour recommandé, quoy qu'ils disent de leur affection envers leur maistre, que ceulx des Pays-d'Embas dé leur,... témoin ce que tous les jours l'on voit aux Royaumes d'Aragon, de Valence, Catalongne, et le mesme au Royaume de Naples, ny partant sont tenus les Siciliens pour rebelles, ni se doibt pour ce le Prince irriter contre eux.’ p. 77.
voetnoot2
p. 56 et 76.
voetnoot3
‘Il fault du mol avecque le dur et retirer aucuns des moings coulpables, et des coulpables ceux qui se voudroient réduire’: IV. p. 35*. ‘J'ay tousjours escript... pour procurer que le tout se peult tost et paisiblement accomoder, et ne m'en repentz:’ T. VI. p. 411.
voetnoot4
Il en appelle au Roi: ‘V.M. sait mieux que personne si je cèle le bien qu'ils peuvent faire:’ p. 128. ‘Sa M. peut le dire en toute vérité et sa M. le sait:’ p. 169. ‘On donne à entendre mille choses qui ne sont jamais entrées dans mon esprit; par ex. que le Prince d'Orange auroit commis un crime de lèse-Majesté.’ p. 203. Aussi Chantonay répondoit-il au Comte de Schwartzbourg; ‘pour ce qu'il disoit que Granvelle avoit escript beaucoup de plainctes contre le Prince, que c'estoient abus, et mesmes quant à la Religion; car je sçavoye’ ajoute-t-il, ‘que en ce cas mesme, avec occasion, il avoit faict bon tesmoingnage de luy par escript:’ p. 415.
voetnoot5
En 1560, le mariage du Prince avec une Luthérienne étant probable, Granvelle écrit au Roi: ‘Jamais je n'ai vu chose qui m'ait donné soupçon contre lui; au contraire.’ p. 52 ‘En ce qui concerne la religion tous ceux du Conseil s'évertuent, et certes, avant tous, le Prince d'Orange et le Comte d'Egmont ont montré, en tout ce qui jusqu'à présent a pu se connoître, une très-bonne volonté:’ p. 53. ‘Il montre en toutes choses un très-grand désir de servir v.M.:’ p. 65. En 1561, quand le mariage fut décidé: ‘j'espère encore, vû la bonté et la vertu du Prince, que tout ceci ne suffira point pour le détourner de la vraie religion:’ p. 70. ‘Même en 1562: ‘du Prince on ne sauroit dire qu'il soit gaté quant à la religion, et je n'ai rien oui sur quoi je pourrois fonder cette opinion:’ p. 131. Il se plaint seulement de ce qu'il n'enseigne pas à son épouse la vraie doctrine. l.l.
voetnoot1
‘Je ne veulx délaisser de supplier v. Alt. qu'elle tienne tousjours regard à l'auctorité du maistre, et joinctement à la sienne, et de ceulx qui luy succéderont après en la charge; à la religion, que tous les jours vad de pis en pis;... et aussi que la justice soit auctorizée, libre et esgale, comme il convient; puisque sans ce les Royaulmes et Estatz ne se peuvent longuement.... soubstenir:’ p. 312. Voyez aussi p. 257, in f. et sq.
voetnoot2
Rappelant ses conseils pacifiques à l'égard des Pays-Bas, il écrit: ‘J'en ay tousjours escript à sa M. propre et à ses ministres, quoy qu'en puisse advenir, franchement et rondement, pour la vérité et pour son service:’ VI. p. 411. ‘L'on pensoit que avec une grande crainte de tant de morts, forces et violences, que tout se pouvoit faire; que je contredis... usant en ce de ma rondeur et sincérité accoustumée:’ p. 75. Voyez VII. p. 568.
voetnoot1
Il est fort réservé dans ses soupçons: ainsi, par ex., au moment même où les Seigneurs l'ont enfin forcé à quitter le pays, il dit, en parlant de ceux qui voudroient amener un bouleversement: ‘ils ont leurs fins et desseins peult-estre bien différent de ce que les Seigneurs entendent; car je veux croyre d'eulx qu'ils ne les pourteroient en ce, comme ils font, car ce seroit contre leur debvoir:’ p. 237. ‘J'ay tousjours dict que je tenoye pour certain qu'en la Ligue qu'ont faict ces Seigneurs des Pays-Bas, il n'y a point de mal pour le présent, ny chose contre sa M.:’ l.l.
voetnoot2
Granvelle écrit à Viglius: ‘Ma théologie ne dict pas que l'on doibve souffrir de sorte que par souffrir vous donniez moyen à vos ennemys de vous pis faire:’ mais du reste ‘je sçay fort bien quod Domino vindicta et je pense jusques à ores vous avoir donné assés à cognoistre que je l'entends ainsy, et Dieu m'est tesmoing que je pardonne, pour Son service et Luy obéyr, fort vouluntiers tout le passé:’ p. 287 et 288. Et à M. de Chantonay, son frère: ‘Je n'ay vouleu en façon quelquonque imputer à nul des Seigneurs ces termes et démonstrations de resentement dont ils ont usé en mon endroict...; et vous avés assez congneu que je me suis tousjours tenu en ces termes, disant à tous ceulx qui m'en ont parlé, que, quoyque les Seigneurs fussent abusez,... si ne laisseroy-je pourtant de tousjours leur porter respect, et de leur faire plaisir et service, voulsissent ou non, en tout ce en quoi j'en pourroye avoir le moyen:’ p. 423. - A son départ, il avoit intention de rendre visite à Orange et Egmont: p. 417.
voetnoot3
La Correspondance en offre un exemple frappant. En 1563, environ trois mois avant son départ, à l'époque où les Seigneurs, et le Prince d'Orange surtout, l'avoient offensé de bien des manières res et lui rendoient le séjour dans les Pays-Bas presqu'insupportable, Granvelle intercédoit à Rome en sa faveur. Le Prince étoit menacé de perdre sa Principauté par le courroux du Pape: alors (c'est ainsi que Granvelle raconte sa démarche dans une lettre confidentielle) ‘je dépeschay moy-mesmes à l'Ambassadeur et advertyz Madame de Parme, afin que avec la première occasion elle fit le semblable, et toust après en escripvis aussi au Roy mon maistre, l'exhortant à faire de son coustel que il fit les offices requis pour empescher ce desseing:’ p. 423. Trait de générosité d'autant plus remarquable qu'il demeura secret: ‘Je n'en fiz oncques semblant au Prince ny aux siens; mais bien m'en pourroyent donner tesmoignages leur Majesté et Altèze et l'Ambassadeur:’ l.l.
voetnoot1
Delà ses besoins pécuniaires et ses sollicitations indiscrètes. Charles Quint lui écrit en 1552: ‘A ce que dites que n'avés merced ni ayuda de costa, c'est bien merced et ayuda de costa, quand on a bons bénéfices, et pensions, et traitements, dont on se peut bien entretenir:’ de Gerlache, l.l. I. p. 47.
voetnoot2
De Besançon, il écrit à ses amis: ‘je fayz icy bonne et joyeuse chière:’ p. 428. ‘Il fault procurer de tirer profit de ce en quoy les adversaires procurent faire dommage; vélà ma philosophie, et procurer avec tout cela de vivre le plus joyeusement que l'on peult, et se rire du monde, des appassionnez, et de ce qu'ilz dient sans fondement:’ p. 240.
voetnoot3
Il ne vouloit pas voir ‘extendre la Joyeuse-Entrée contre raison, au préjudice de l'auctorité du maistre, pour corrompre et perdre la justice, et consentir à ce que Brabant et, soubs Brabant, les aultres pays soient tirannisés... J'aymeroys mieulx que mon Prince me tirannisa ung petist que non que, se perdant son auctorité, plusieurs nous tyrannisassent et le Pays, que seroit bien avoir perdu les privilèges et la liberté:’ p. 237.
voetnoot1
Il supplie la Duchesse de Parme de n'y point consentir: ‘si se fera à l'auctorité de sa M. une playe sans remède et dont v. Alt. aura, tant qu'elle sera au gouvernement, resentement, et, plus de trente ans après, ceux qui auront le gouvernement après elle:’ I. p. 246; voyez aussi V. p. 32. - Il s'opposoit à la suprématie du Conseil d'Etat. Hopperus raconte que, dans une conversation avec Egmont, celuici ayant dit: ‘de bono Reipublicae tantum agi; eamque in unius manu esse non debere; hoc se non posse perpeti:’ lui Hopperus avoit répondu: ‘quantum ego videam, non videri mihi Cardinalem hoc agere ut solus imperet, sed potius ut omnes, ad quos ea res pertinet, in suam quique partem vocentur:’ Epistt. Hopp. ad Viglium p. 55.
voetnoot2
Après avoir dit qu'il ne désire nullement rentrer dans les Pays-Bas, il ajoute: ‘sy le Roy commande, ores que ce fust pour entrer en ung feug, je y obéiray, quoy qu'en doibve advenir, ... et est la teste dure assez, quand je veulx entreprendre quelque chose, et puis souffrir avec patience et pourter la peyne quand je m'y détermine, et suis nourry en ces agitations et traverses, nec animum despondeo’: p. 311.
voetnoot3
Le Prince d'Orange disoit que c'étoit un Seigneur de beaucoup de mérite: p. 299. Le Comte d'Egmont croyoit ‘qu'il y auroit bien moyen de le rejoindre avec Granvelle’: p. 289. ‘Le Prince se radoucit envers Granvelle’ (p. 327) et en Espagne Egmont ‘parle fort honorablement du Cardinal et ne souffroit que l'on en parlast aultrement:’ p. 415.
voetnoot1
p. 413. - Il est à remarquer que Schetz, d'abord un des antagonistes les plus violents du Cardinal, lui écrivoit en oct. 1565: ‘en matière de finances les affaires sont au mesme estat que v.S. les a laissé, ou, s'il y a changement, c'est empirant:’ p. 424. - Granvelle étoit extrêmement laborieux: p 416.
voetnoot2
Viglius lui écrit: ‘Nostre Seigneur a doué v.S. de magnanimité et prudence pour andurer l'iniquité des malvueillans et pourveoir à leurs machinations, et, facent-ilz ce qu'ilz veulent, si ne sçaurontilz oster dé coeurs des gens de bien l'opinion qu'ilz ont de voz vertuz et mérites pour l'avancement du service de la République:’ p. 269. Et Granvelle déclare: ‘Je n'ay jamais prétendu chose, quelle qu'elle soit, à l'encontre des Seigneurs au respect de mon particulier, mais seullement que le maìtre fût servy et l'estat publique conservé avec seurté et tranquillité, mais l'on n'a pas bien pris que j'aye voulu soubstenir l'autorité du maître, pour ce que l'on vouldroyt lui donner la loy et reigle, et non la recepvoir de luy:’ p. 251.
Les fausses accusations contre Granvelle ont été accréditées, non seulement par nos historiens, mais encore par d'autres et spécialement par Strada. L'auteur des Mémoires de Granvelle (Paris, 1753), du reste son plagiaire constant, lui reproche d'avoir ‘deshonoré le cardinal, n'ayant d'autre engagement que d'exalter le Duc de Parme:’ II 132. Strada a donné lieu à ce soupçon. Il impute à Granvelle le séjour des Espagnols (‘Non differendam navigationem conficiebant omnes, praeter unum Granvellanum, qui ... ad extremum ... et quidem, ut videri voluit, haud gravate consensit:’ I. 105, sq.) bien à tort sans doute: voyez p. 185*. Puis la non-réussite du mariage du Prince d'Orange avec une fille de la Duchesse de Lorraine (I. 87); tandis qu'il avoit conseillé cette union. Strada rapporte que le Duc d'Albe avoit, à la prière du cardinal, conseillé au Roi de l'appeler en Espagne (citant une lettre d'Armenteros écrite en Octobre 1563); tandis que le Duc donnoit, le 20 du même mois, un conseil diamétralement opposé: ci-après, p. 176. Il nomme celui ci, un ancien ami de Granvelle (p. 163), tandis, qu'au sû de tous, cette amitié ne fut jamais intime. Il explique les fautes commises en 1564 et 1565 par la mauvaise volonté des cardinalistes (‘cardinalitii haec segnius curabant, vel Margaritae nonnihil offensi, vel ut absentiam cardinalis ostentarent simulque desiderium hominis elicerent:’ I. 155); tandis qu'il est évident que leur influence étoit nulle. Enfin il dit: ‘Belgae ex uno Granvellano Hispanorum omnium simultates experti sunt:’ I. 82); tandis que Granvelle ne fut, ni ennemi des Belges, ni ami des Espagnols.
voetnoot1
L. 110a, 114a, 117a.
voetnoot2
p. 104.
voetnoot3
p. 392.
voetnoot4
p. 417.
voetnoot5
‘Au lieu que les Espagnolz accroissent leurs bien au service du Roi, je n'y veulx pas fondre le mien.’ p. 425.
voetnoot6
Aussi conseilloit-il à son frère de ne pas se rendre victime de son zèle: ‘n'estant chief des affaires, je ne me voudroye mesler de tenir la main à ce que les autres fissent ce qu'ilz doibvent:’ p. 393.
voetnoot7
Il écrit au Cardinal avoir dit au Comte de Schwartzbourg ‘qu'il pouvoit estre bien asseuré que, si j'eusse sceu vous faire déplaisir, ny je ne fusse entré en la maison des Seigneurs, ny les eusse receu en la mienne, pour le moins de si bon cueur:’ p. 417.
voetnoot1
‘Véritablement,’ écrit le Cardinal, ‘le plus long séjour de M. de Chantonnay en France n'estoit plus convenable selon la hayne qu'avoient conceu contre luy les Huguenotz qu'estoient retournez en crédit, et la Royne-mère pour leur respect:’ p. 252.
voetnoot2
Sur M. de Champagny, autre frère de Granvelle, voyez T.V. p. 487.
voetnoot3
‘Fort opposé à la réunion des Etats-Généraux: p. 269. Plus tard il crut qu'il falloit y souscrire, pour ne ne pas y être plus ouvertement contraint: II. p. 239. De même, quoiqu'il eut en horreur jusqu'à la liberté de conscience dans les maisons particulières (II. p. 145; III. 36), il sentoit la nécessité de modérer l'inquisition et les placards: II. p. 39.
voetnoot4
p. 329. in f. ‘Je vouldrois bien, pour toutes mes peines de l'âge passé, avoir quelque peu de temps pour compter avec nostre Seigneur mon escot, avant que je desloge de ceste vie:’ p. 291.
voetnoot5
l.l.
voetnoot6
‘Non animus est abrumpere, ains chercer tous moyens de l'obtenir avec le bon gré du maistre:’ p. 292. ‘Certes je ne suis de si bas cueur que je ne voulsisse jusques au bout assister la république et religion:’ p. 319.
voetnoot7
Une apoplexie le mit pour quelque temps hors d'état de prendre part aux affaires: p. 340. En 1566 il rentra en crédit auprès de la Gouvernante, au moins jusqu'à un certain degré: II. p. 279.
voetnoot1
Il vivoit ‘sous la puissance de ses maitres et gouverneurs:’ Apologie, chez Dumont, V.I. p. 392a.
voetnoot2
‘Dès le berceau j'avois été nourri dans la religion:’ Apol., l.l.
voetnoot1
‘Sexto Septembris die:’ Pont. Heuterus.
voetnoot2
‘Nicht sogleich stellten sich die Meinungen fest und noch lange liesz sich eine Vergleichung der streitigen Lehren hoffen; - erst um das Jahr 1552 waren alle Versuche hierzu vollständig gescheitert:’ Ranke, F.u.V. II. p. 235.
voetnoot3
Sous Clément VII (1523-1534), jaloux des libertés de l'Italie, Rome avoit été saccagée par les troupes Impériales: Paul III, de la Maison Farnèse (1534-1549), penchoit constamment vers la France: Paul IV, Caraffa, (1549-1555) suivit la même politique.
voetnoot1
‘Der Kaiser konnte nicht beabsichtigen die Protestanten dem Papst so geradehin aufs neue zu unterwerfen; er bediente sich vielmehr ihrer Bewegung um diesen damit in Schach zu halten:’ Ranke, F.u.V. II. p. 120.
voetnoot2
Mélanchthon avoue: ‘adsentiuntur justificari homines fide et quidem in eam sententiam ut nos docemus:’ Ranke, F u.V. II. 161. Bucer dit, que dans les articles sur lesquels l'on est tombé d'accord, tout est compris ‘was dazu gehöre um vor Gott und in der Gemeinde gottselig, gerecht, und heilig zu leben:’ l.l. La chose échoua, moins par l'opposition de Luther que par celle des Catholiques zélés, ennemis de l'Empereur et de sa politique. ‘In Rom, Frankreich, und Deutschland erhob sich unter den Feinden Carls V, unter den, sey es im Wahrheit oder zum Schein, eifrigsten Catholiken, eine scharfe Opposition wider das vermittelnde Vorhaben desselben:’ l.l. p. 167.
voetnoot3
Par ex. le Landgrave de Hesse écrit en 1540 à l'Archevêque de Lund: ‘der Pabst musz reformirt werdenn....; wollen die Welschen inen für ein Gott anbeten, mugen sie thun; wir konnens aber nit loben:’ v. Rommel, Phil. d. Gr. III. p. 88. Et ci-dessus, p. 145.
voetnoot4
Le mariage des prêtres et la Communion sous les deux espèces y étoient permis. ‘Es schien den Catholiken mehrere Ketzereien zu enthalten,’ dit M. Arnoldi, Gesch. der N.-Oran. L III. 1. p. 193. ‘Hic liber, quum pleraque Catholicae Ecclesiae consentientia, sed contraria tamen nonnulla contineret (quippe a Catholicis haereticisque conscriptus) neutris, ut accidere solet, partibus satisfecit:’ Strada, I. p. 19.
voetnoot1
‘Er wünschte auf den Reichstag zu Speyer Deutschland zu beruhigen, und versprach in einem Decret dasz alles was die Religionspartheyen beträfe, auf dem alten Fusz bleiben solle.’ Henry, Leben Calvins, II. p. 271.
voetnoot2
Calvin lui écrit à cette époque: ‘Bis jetzt, Kaiser, hat man dich nicht gegen uns gewinnen können, wenn man dir auch, so zu sagen, den Degen in die Faust gab, du hast stets deine Gelassenheit behalten:’ Henry, II. p. 281.
voetnoot3
Filius heretici non debet succedere:’ Apol., p. 386b.
voetnoot4
La participation du Prince aux cérémonies du Papisme leur causa une douleur amère et un désappointement cruel: ‘der Vatter des Prinzen hat offentlich gesagt er sey woll inn der Religion ertzogen, aber inn den Nidderlanden gar gewendet wordenn.’ v. Rommel, l.l. III. p. 326.
voetnoot1
‘Omnium quae retro exstiterunt et quae forte sunt futurae, laudatissima domi, prudentissima in imperio Regina:’ v.d. Haer, de initiis tum. p. 60.
voetnoot2
‘Während des Reichstags zu Augsburg, da die Confession übergeben wurde, liesz sie in ihrer Wohnung evangelisch predigen; selbst auf der Jagd las sie in der Bibel. Der Pabst verklagte sie bei dem Kaiser, dasz sie die schmalkaldischen Bundesverwandten unterstützte und die Verbindung der Katholischen verhindere.’ Pfister, IV. p. 278. - La Lettre de Charles-Quint, par laquelle en 1530 il insiste sur ce qu'elle accepte le Gouvernement des Pays-Bas, montre qu'il n'étoit pas sans inquiétude sur ses opinions. Il revient sur ‘les propos que eusmes à nostre partement touchant la foy;’ il l'exhorte à ne pas souffrir auprès d'elle des hérétiques: ‘sy d'aventure en amenyez quelque ung qui fut entaché, et qui infecta les Pays-Bas....; vous en auryez la charge:’ Gachard, Anal. Belg. p. 385. - En 1545 le Réformateur Myconius écrit à Calvin: ‘die Königin Maria hat ihren Capellan nicht vertheidigen können:’ Henry, Leben Calvins, II. 332.
voetnoot3
Aussi en 1576, lorsqu'il étoit question pour le Prince d'y retourner, après une absence de plusieurs années, il écrit qu'il a un grand désir de ‘revoir sa chère patrie et jouir de la bonne compagnie de ses meilleurs amis et frères, où de sa jeunesse il a esté nourri:’ T. VI. p. 158.
voetnoot4
Voici la Lettre que le Comte Guillaume de Nassau écrivit à ce sujet, le 9 juillet 1549, à l'Evèque d'Arras (elle se trouve à Besançon dans les Mémoires de Granvelle et M. Duvernoy a eu la bonté de m'en donner une copie).
‘Reverende ac Illustris Princeps, Domine observande! Ex Reverendissimo Domino Archiepiscopo ac Principe Electore Coloniensi, domino meo gratioso, cognovi Vestrae Celsitudinis fratrem tertio natum filio meo Principi Auraicensi ac morum ac vitae gubernatorem ac instructorem prefici. Quo sane nuntio magis gratum ad meas pertingere aures haud potuisset. Rogo itaque V.C. quam obnixe ut dictus filius meus, quam primum id fieri poterit, fratris discipline ac fidei comittatur, quo tenera adhuc ejus aetas, que jam ad quevis addiscenda est apta ac apposita, optimis moribus rebusque civilibus, tam pacis quam belli tempore necessariis, Principeque vero dignis formetur; oroque insuper ut Vestra Celsitudo cum domino parente causam Catzenelnbogen sibi in posterum commendatam esse velit, quo ea, [que] jam dudum ad multa tempora, legibus silentibus, protracta fuit, pro aequitate sua, felicem et laetam tandem catastrophen sortiatur. Nam pars adversa, spretis Imperialibus Executorialibus, dudum antea promulgatis, etiam de prediis, nuper Augustae adjudicatis nihil omnino fructuum admodiatoribusque hactenus exolvit, sed ex more quem obtinet antiquo antiquas et usitatas tergiversationes quibus judicatum eludere possit, querit ac satagit. Ea in re V.C. me et filium meum sibi obligabit ad regratificandum ut quam maxime.... Omnem meam operam et studia offero paratissima. Sigenae, 9 Julii anno 49.’
Wilhelm Graff zu Nassaw.
Il est très-curieux de remarquer les rapports intimes du Prince avec les Granvelle, spécialement avec l'Evêque d'Arras: ‘Granvellanorum in se studium ita Orangius excipiebat ut Legationes, caeterarum rerum negotia, si quae publica cum Atrebatensi inciderent, summâ animorum consiliorumque concordiâ procuraret; de rebus privatis, nisi auctore Atrebatensi, rem graviorem nullam constitueret; peregre Bruxellam adveniens, saepenumero prius apud Atrebatensem quam domi ex equo descenderet; multâque, Atrebatensi vel impedito, vel absente, ejus in aedibus libertate uteretur:’ v.d. Haer, p. 126.
voetnoot1
‘L'Empereur m'honora grandement, m'ayant nourri et fait de sa Chambre l'espace de neuf ans:’ Apol., p. 388b.
voetnoot1
Née ainsi que lui en 1533, fille unique et héritière de Maximilien Comte de Buren, fameux entre les Capitaines de Charles-Quint et mort en 1548.
voetnoot2
p. 15.
voetnoot3
‘Audivi rem domesticam sic splendide habuisse ut ad ordinarium domus ministerium haberet 24 Nobiles, pueros vero Nobiles (Pagios nominamus) 18; culinam sic calentem ut ad minuendam familiae impensam uno fuerint ab eo die dimissi 28 Magistri coci. Quam rem miranti hoc mihi dicere memini virum honestum nomine Coels, Bruxellensem, qui domum Orangii Bruxellis ad custodiam procurabat; vixque ullum fuisse totâ Germaniâ Principem qui non ibi suos haberet cocos, quibus ex eâ scholâ domi uteretur:’ v.d. Haer, de initiis tumult. p. 182.
voetnoot4
p 40.
voetnoot5
‘J'avois plus à la teste les armes, la chasse, et autres exercices des jeunes Seigneurs que non pas ce qui estoit de mon salut:’ Apol., p. 392a.
voetnoot6
‘Je vous asseure, écrit-il, que ne souhaite autre chose que d'être aimé comme je vous aime; car, après Dieu, je pens que vous estes la mieulx aimée:’ p. 21.
voetnoot1
p. 59. On écrivit de la Hesse à une Dame de la Cour de Saxe: ‘Nachdem ein erschrecklich geschrei durch fyller hern länder were gegangen, als sult der printz sein Gemal erstochen haben, was sulcher erdichten reden mucht ursache sein:’ à quoi elle répondit: ‘ich kann nicht wissen was sulche erlogen Leutt zu sulchen geschwynden Loygen verursacht, denn des wuszte ich gewysz und vor war, dasz ein gar freundliche holdselige Ehe were yn fester Libe und trawbt:’ Hist. Tasch. 1836, p. 98. Nous n'entreprendrons pas de réfuter sérieusement une calomnie à laquelle même les antagonistes du Prince n'attachoient pas la moindre foi; mais, quant à la justesse de l'épithète ‘holdselige,’ il nous sera permis d'en douter.
voetnoot2
p. 49. ‘Elle est quelqueffois quinze jours sans sortir de sa chambre, ne sans vouloir avoir compagnie:’ p. 257. ‘Ne prenoit aultre lumière en sa chambre que de la chandelle, tenant par tout le jour ses fenestres fermées:’ p. 386.
voetnoot3
Dans une Instruction du 26 mai 1575, l'Electeur de Saxe et le Landgrave de Hesse font exposer au Comte Jean de Nassau ‘das inen mancherlei fürkommen, als sollte der Prinz seiner Gemahlin zur angegebenen, doch im Recht noch unerwiesenen verbrechung durch sein selbst dergleichen ärgerliches Leben... grosze Ursache gegeben und gleichsam dazu gereizt haben:’ v. Raumer, Hist. Tasch. p. 159 Toutefois la Princesse, ayant déjà bien avant 1571 refusé de suivre son époux, le reproche a rapport évidemment aux premières années de leur union.
voetnoot4
Voyez son billet en style galant et langoureux: p. 67. La sobrieté n'étoit pas le trait distinctif des petites Cours d'Allemagne; Par ex. le Comte de Schwartzbourg fait mention d'un repas chez lui, ‘wo mehr getruncken worden dan gessen,’ et où l'un des convives a été frappé d'apoplexie ‘von einem trunck Malfasir:’ p. 93. - Souvent aussi l'on jouoit gros jeu: ‘der Churfürst sammpt anderen Fürsten haben gar ser gespielt:’ p. 89; et le Prince, de retour d'un voyage en Saxe, éerit être arrivé en bonne santé, ‘combien que ay faict assés de désordre sur le chemin’ (p. 68), et avoir bu si souvent à la santé de l'Electeur de Saxe qu'il en est devenu indisposé: p. 67.
voetnoot1
Il est embarrassé à payer ses dettes: voyez p. 40. ‘Le Prince confessa à la Reine de Hongrie, devant le partement d'icelle pour Espagne, qu'il devoit 800 mille francs lors:’ p. 38. Granvelle ajoute: ‘et la despence qu'il fit depuis pour gaigner crédit et gens, fut beaucoup plus grande.’ l.l. Voyez cependant p. 196. En 1564 il écrit à son frère: ‘Je suis tousjours empêché pour faire mon estat,... et me samble que nous venons de race de ester un peu mauvais mesnagiers en nostre jeune temps; mais, quand nous serons vieu, serommes meillieurs.’ l.l. Du reste il ne soignoit pas mal ses intérêts et ceux de sa famille: p. 400, sq.
voetnoot2
Il semble transporté de joie par des lettres de la Reine Marie, ‘les melieures que je pense qu'el ast escripte toute sa vie à personne, de quelque quallité qu'il puis avoir esté.’ p. 1. Il désire le succès de l'Empereur; ‘car sans cela je voi mavèse apparence de nostre affaire de Catzenelenbogen:’ p. 4. ‘Et ailleurs il souhaite la rupture du Traité de Passau, ‘ce qui nous sera beaucoup plus profitable pour nostre cause de Catzenelenbogen:’ p. 9.
voetnoot3
p. 50. - L'Electeur étoit parfaitement satisfait de ces assurances; seulement il vouloit les rédiger par écrit. La Déclaration présentée de sa part au Prince (p. 102, sq.) donne la mesure des promesses que celui-ci avoit faites. Mais il s'excusoit prudemment: pour plusieurs raisons, il vouloit éviter un engagement solemnel: p. 96.
voetnoot1
On s'en apperçoit, par ex., à la manière dont le Comte de Schwartzbourg lui communique les détails de la conférence de Naumbourg: p. 92.
voetnoot2
Il faisoit dire au Roi que ‘même sans le désir de sa M. et pour le repos de sa propre conscience, il n'en fût jamais venu à se marier avec la Princesse de Saxe, que sous la condition qu'elle vivroit en Catholique’ p. 164. Même il écrit à la Duchesse de Parme: ‘j'ay faict novelle difficulté, quant au point de la religion, et ay demandé avoir déclaration particulière de la damoiselle, pour oster à sa M. et à v. Alt. tout scruppule, et me asseurer aussi de tant plus moi-même.’ p. 54.
voetnoot3
Dans la Principauté d'Orange il prenoit des mesures assez sévères en faveur de l'Eglise Romaine. Il écrit à M. de Chantonnay: ‘je désire singulierement la tranquillité publique,... principallement en nostre vraye et anchienne religion; je faitz tous les office... pour contenir mes subjectzen nostre vraye et anchienne religion’: p. 106. De même il écrit au Pape qu'il a donné ordre de punir de proscription et de confiscation des biens tous ceux qui enseignoient contre la doctrine orthodoxe et Catholique: p. 120. Ainsi encore, en écrivant au sécretaire du Roi une lettre ostensible, il s'exprime sur le triomphe des Catholiques en France en ces termes: ‘das es sich wiederumb zuw der alten religion und besserung schicket:’ p. 132. Toutefois ses Edits étoient rédigés et exécutés de manière à ne pas trop nuire aux hérétiques.
voetnoot4
Il en donna une bien triste preuve dans sa réponse très-inconvenante aux instances de l'Electrice de Saxe touchant la religion de sa nièce: ‘il ne l'occuperoit point de ces choses mélancoliques, mais il lui feroit lire, au lieu des Saintes-Ecritures, Amadis de Gaule et d'autres livres amusants du même genre;’ p. 123.
voetnoot1
Delà ses relations avec Baudouin: p. 403.
voetnoot2
St. Luc, 9, vs. 55, sq.
voetnoot3
Ses enfants furent baptisés d'après le rit catholique: p. 139, 341.
voetnoot4
Il fit des progrès rapides dans la connoissance de la vérité (T. II. p. 455); toutefois, en 1565, il n'avoit pas encore le dévouement de la foi. On n'a qu'à lire la Lettre 113, ou il parle assez dédaigneusement de ceux dont la franchise compromet leurs intérêts terrestres.
voetnoot1
Les Protestants ne se fièrent pas entièrement à lui; et il étoit fort suspect aux Papistes (L. 66a et p. 339).
voetnoot2
Ecrivant à son frère que ‘plusieurs pensent que tout ce que le Duc Erich faict, c'est contre nous aultres,’ il ajoute: ‘si il seroit ainsi, il y fauldra mestre remède et en temps:’ p. 431. Du reste il étoit de l'avis de Schwendy: ‘il fault travailler extrêmement que le peuple au Pais-Bas demeure en repos, et qu'il ne se deshonte et desmande en rien.’ p. 314.
voetnoot3
La ligue de Smalcalde, en 1531, avoit été conclue par des motifs, applicables en partie à ce qui se passoit dans les Pays-Bas. En Ecosse les Nobles prenoient la défense des pauvres Chrétiens. Surtout les rapports de position avec la France étoient frappants. ‘En 1560,’ écrit de Bèze, ‘les façons de faire ouvertement tyranniques, les menaces envers les plus grands du Royaume, le reculement des Princes et des grands Seigneurs, le mépris des Estats du Royaume..., bref le gouvernement violent... esmeut de merveilleuses haines... et fit que plusieurs Seigneurs se resveillèrent, comme d'un profond sommeil... Et commencèrent plusieurs à se rallier ensemble pour regarder à quelque juste défense, pour remettre sus l'ancien et légitime Gouvernement du Royaume. Cela estant proposé aux jurisconsultes et gens de renom de France et d'Alemagne, comme aussi aux plus doctes théologiens, il se trouva qu'on se pouvoit légitimement opposer au Gouvernement usurpé par ceux de Guise et prendre les armes à un besoin pour repousser leur violence, pourveu que les Princes du sang, qui sont naisGa naar voetnoot1 en tel cas légitimes Magistrats, ou l'un d'eux, le voulust entreprendre, surtout à la requeste des Estats de France, ou de la plus saine part d'iceux:’ Hist. des Egl. Réf. p. 249, sq.
voetnoot1
nés.
voetnoot1
Né le 11 juillet 1540, à Siegen. Il avoit fait d'excellentes études à Wittemberg, où même il fut élu recteur de l'Université: Arnoldi, Gesch. der N.-O.L. III. 1 291. ‘Kloek, vroom, en onvertsaegt voor den vijand, seer beleeft en vriendlijk en bemind van eenen iegelijk:’ Bor, Oorspronk der Ned. Beroerten, I. 236a.
voetnoot2
Né le 15 oct. 1550.
voetnoot3
Né le 22 nov. 1535.
voetnoot4
Longtemps il fut très-opposé aux opinions Calvinistes qu'il partagea plus tard: p. 344 et II. 269. - Voyez, quant à son zèle religieux, II. p. 112 et les Lettres 196 et 218; et, sur son caractère et ses mérites en général, T. III. p. xi, sqq. et VII. p. xix, sqq.
voetnoot1
Les soeurs du Prince étoient: Madelaine, née en 1522, du premier mariage du Comte Guillaume; mariée en 1538 à Herman, Comte de Nuenar; † 1567, sans postérité.
Marie, née en 1539, mariée en 1556 au Comte de Berghes; † 1599, sans postérité.
Anne, née en 1541, mariée en 1559 au Comte Albert de Nassau-Sarbrück; mère de 14 enfants; † 1616.
Elizabeth, née en 1542, mariée en 1559 au Comte Conrad de Solms-Braunfels; mère de 14 enfants; † 1603.
Catherine, née en 1543, mariée en 1560 à Gunther, Comte de Schwartzbourg; † 1583, sans postérité.
Julienne, née en 1546, mariée en 1575 à Albert, Comte de Schwartzbourg-Rudelstat et frère du précédent; mère de 6 enfants; † 1605.
Madelaine, née en 1547, mariée en 1567 à Wolfgang, Comte de Hohenlohe; mère de 15 enfants; † 1630.
voetnoot1
Pag. 125*.

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