Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572

[p. 380]

Lettre CCCXLV.
Le Prince à la Princesse d'Orange. Il la prie d'avoir des ménagements envers le Landgrave Louis.

⁺Ma femme, ma mie. J'ay receu vostre lettre ce devant disner et entendu par icelle comme vous avez esté logé à Gissen et receu à Marp.¹; de quoy certes suy mary, néantmoins je pens asseurément qu'il est plustost procedé par nonchalance, que mauvaise affection que Mons^r le Lant. Lud.² et Madamme sa femme⁽¹⁾ nous portent, et espère que le trouverez ainsi, parquoy le moins que vous pourrez faire semblant de vous en resentir et ester mal content, me semble le meilleur; car en l'estat où nous sommes maintenant, il fault un peu prendre pacience, mesmes avecque ceulx quilx nous peuvent aider à nous retirer de nos infortunes. Quant à ce que m'escrives de vouloir partir demain pour vous trouver à Siegen⁽²⁾, oires que je vous puis asseurer sur mon honeur, que ne serés pas seulement bien venu à mon frère au dit Siegen, mais issi et par tous ses maisons, tels comme ils sont; toutesfois puisque Mons^r l'Electeur de Saxe et Mons^r le Landgr. de Hessen ont trouvé bon que demeurissies quelques jours avecque Mons^r le Landg. Lud. à Marpurg, le trouverois fort bon que le fissies, affin que par là ils ne puissent prendre quelque occasion de malcontentement et ne penser

+ 1570. Mai.

1 Marpurg.

2 Ludwig.

(1) sa femme. Hedwige de Wurtemberg.

(2) Siegen. Anne, dont l'humeur étoit assez changeante, paroît, dans son dépit, avoir oublié ses précédentes résolutions: voyez p. 355.

[p. 381]

⁺que l'on ne vouldroit suivre leur conseil, car vous¹ ce quil nous importe de les tenir maintenant contents, mesmement astheure où ilx ont enterprins de mener nos affaires à bonne fin, si vous demeurés²

+ 1570. Juin.

1 vu (?).

2 La lettre ne paroît pas terminée.