Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

Lettre DCCXXXI.
Le Prince d'Orange au Gouverneur de Bommel. Réprimande sur la manière dont il a licencié quelques soldats.

*_** Les villes de Bommel et de Buren avoient depuis 1572 fait

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⁺cause commune avec la Holl. et la Zél. - Après la Pacification de Gand les Etats de la Gueldre revendiquèrent leurs droits, De là des différends qui furent de longue durée. Apparemment le Gouverneur auquel cette Lettre est adressée, ne dépendoit pas du Prince: on ne céda sur ce point que plus tard; et dans l'Instruction aux Députés des Etats vers le Prince pour l'affaire de Bommel, en date du 8 août, on lit: ‘Om syn Exc. eenichsins te bejegenen mochte geleden worden dat syn Ex^tie de stad Bommel durch enen particulieren Gouvetneur oft Stadholder liet bewaren met sulcken garnisoen als syn Exc. raetsaem sullen bevinden en dat deselve Gouverneur S. E. sonderlinge vereedt sy:’ Bondam, III. 126.
Le S^r de Hafte est sans doute Thierry van Haeften, S^r de Gameren, signataire de la Confédération des Nobles, et banni par le Duc d'Albe. Il se distingua en 1572. ‘Hy bewerkte dat Bommel sich voegde aan de zyde van Oranje: die hem in hooge achtinge hieldt, en het krygsbevel over die stad, waar by te voren Amptman was, toebetrouwde:’ te Water, V.d. Edelen I. 435.
La Lettre dont ceci est le brouillon, aura été écrite en avril (p. 64), ou peut-être déjà vers la fin de mars; car le i avril le C^te de Culembourg écrit au Prince: ‘Ayant entendu le bon retour de v. Exc. au pays de Hollande, je n'ay sceu laisser de dépescher le porteur de ceste... Comme j'entens que v. Exc. auroit quelque mal contentement de ceux de Bommel, à l'occasion d'aucunes choses passées, j'envoie joinct à ceste par escript ce que, quant à ma personne, j'en ay peu cognoistre’ (*MS.). Et déjà quatre mois auparavant le 5 janvier; ‘J'ai reçu le message que m'avez envoyé par Nivelt et les autres voz Députez. Or, quant au point dont desirez par vos lettres que tiendrois la bonne main vers le Magistrat de Bommel, j'ay en ce faict selon vostre désir’ (*MS.).

Mons^r le Gouverneur de Bommel! Le S^r de Hafte, ensamble les souldas de sa compaignie, sont venus plaindre de moy que, aiant jà servi au païs et à moy l'espasse environ de cinq ans, où ils espèrent avoir faict le debvoir de gens de bien et de honeur en plusieurs expédi-

+ 1577. Avril.

[p. 80]

⁺tions, je les aurois si ignominieusement faict casser, hors de toutte manière et usance de guerre, surquoy leur ay respondu qu'ilx ne me doibvent tenir pour si légier, ni si éngrat¹ devers les souldas qui je sçay et cognois avoir faict au païs et à moy fort bon service, que je vauldrois user de cette fasson en leur endroit, et que je les povois asseurer n'en n'avoir jammais donné aulcune charge ny ordonnance à person de le faire. Or ilx in'on dict que vous leur avés commandé de déchirer incontinent leur enseigne et se tenir pour cassé; ce que ne peus sinon trouvé² estrange, à cause que je ne vauldrois, à l'appétit d'aultre, venir en ce bruit d'ester ingrat, et user devers les souldas de ceste fasson inusité, mesmes vers ceulx quilx n'ont espargné corps ny bien pour pourchasser l'avancement de ceste cause, entandis que aultres estiont à leur aise; d'aultre part aussi que je n'estois si long³ hors du païs que l'on me l'eusse bien peu et deu communiquer, puisque c'est ung affaire qui me touche, et non pas à vous, qui est cause de vous prier que en ces choses semblables vous ne vous melliés et me lessiés faire⁴, et me ferés plaisir: et, si ceulx de Bommel désirent quelque chose, qu'ilz viennent, et je leur donneray toujours tel responce qu'ilx auront occasion de se contenter, et ce n'est pas le chemin de attirer de⁵ gens de bien⁶, ny lesser une bonne renommée, car porrat advenir (ce que Dieu ne veuille) que en aurons ancores plustost affaire que l'on ne pens.

+ 1577. Avril.

1 ingrat.

2 trouver.

3 loin.

4 mon office et je ne vous empescheray en ce qui vous est enchargé; raturé. Ceci encore semble prouver que le Gouverneur ne lenoit pas sa charge du Prince.

5 des.

6 desquelx Dieu doint que n'aions plus tost affaire; raturé.