Oeuvres complètes. Tome XVIII. L'horloge à pendule 1666-1695

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III.¹⁾
Maniere de faire qu'en montant l'horloge elle ne discontinue point son mouvement, dont les horlogers se servent sans en scavoir rendre raison.

[Fig. 119.]

CC [Fig. 119 et Fig. 120] est la roue dentee sur la quelle est posee la fusee, qui s'y enfonce un peu. Le cercle pp est de fer, et rivè a la fusée, ayant les dents d'arrest en dehors, que la piece Q empesche de tourner a droite. Le mesme cercle pp a des dens en dedans qui engrainent dans le pignon s, attachè sur la roue CC. La roue dd, qui est attachée a la virole nn, engraine aussi dans le pignon s. Et l'axe court aa tient attachè a cette virole. Lors qu'on tourne cet axe à droite et avec luy la roüe dd; le pignon s tourne a gauche, et fait tourner de mesme le cercle dentè pp, avec la fusée qui y est attachée. ce qui fait remonter la corde sur la fusée, le cercle CC demeurant en repos avec son axe bb.

La resistence que trouvent les dents du pignon s à faire tourner à gauche la fusée, qui attire le tambour par la corde qq; cette resistence dis je fait queles dents opposees du mesme pignon s doivent souffrir une pareille pression par les dents de la roüe dd, qui tourne a droite. la quelle pression fait effort sur la roüe CC (parce que le pignon s y est attachè) pour la faire tourner à droite. Et ainsi la Roüe C travaille pour faire aller l'horloge pendant que la fusee remonte le ressort, en tournant à gauche.

Si le cercle dentè interne de pp est double de la roue dd, l'horloge se remontera avec la moitiè de la force²⁾ d'un remontoir ordinaire et en recompense le nombre des

1) Manuscrit F, p. 175.

2) Ici il s'agit, peut-on dire, d'un moment. Il en est de même plus loin.

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tours que fera la clef sera aussi double de l'ordinaire. Il arrivera aussi que les dens de la roüe CC agiront avec plus de force que lorsque l'horloge va, et cela dans la raison de 3 à 2. Car si la roüe CC fait effort, lors que l'horloge va, comme si elle estoit tiree au point g [Fig. 121] par le poids X, Et que gh soit une balance ayant les bras egaux gm, mh; il faudra un poids Y egal a X pour tenir la balance en equilibre. Le poids X est l'effort du grand ressort qui tire la fusee. Y la force qu'il faut aux dents de la roüe dd pour faire tourner le pignon s en sorte qu'il fasse tourner le cercle pp. Mais comme le poids Y n'agit qu'a la moitiè de la distance du centre b de ce que fait le poids X, il adjoute seulement une partie de force aux deux parties que [ca]use le poids X a l'action de la roue CC.

Ainfi cette force devient a celle du remontoir ordinaire comme 3 a 2, car en montant l'horloge a l'ordinaire il ne faut au point g que la force pour attirer le poids X¹⁾. Mais la difficultè qui procede de l'engrenage des dents fait qu'elle devient quelquesois double et plus. Il paroit au reste par cette explication que tant que la roüe dd est plus petite a raison de la roue interne pp, la force de la roue CC en remontant surpasse moins sa force en allant. Et que l'on remonte d'autant plus facilement mais avec plus de temps ou de tours.

1) On lit encore en marge: ‘La force pour remonter est a la force ordinaire comme bh a bg. la force des dents de la roüe CC en remontant est augmentée selon la raison de bg + bh à bg’.