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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1 (1881)

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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1

(1881)–Edmond Vander Straeten–rechtenstatus Auteursrechtvrij

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II
Origine et extension du mouvement théâtral.

On tomberait dans une grande erreur si l'on pensait que les localités rurales de la Flandre ne se sont éprises que tardivement du goût théâtral. On sait, au contraire, que ce goût y florissait de temps immémorial concurremment avec l'activité industrielle.

La raison en èst simple. Les divertissements scéniques tenaient au génie même du peuple flamand, qui savait y attacher des idées aussi frappantes que profondes. Sa vie intellectuelle se reflétait dans la moindre cavalcade, à laquelle venaient d'ordinaire s'associer des représentations allégoriques et des figures traditionnelles.

On a cru voir dans ces cavalcades mêmes l'origine des associations dramatiques. Selon toute apparence, les cham-

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bres de rhétorique en Flandre ont une double origine. Elles procèdent à la fois des cérémonies liturgiques et des sociétés de tir. Les premières engendrèrent les mystères, les deuxièmes donnèrent naissance aux jeux de moralité. Les unes et les autres remontent à une époque trèsreculée.

Il est notoire que les prêtres, qui aujourd'hui anathématisent, parfois avec raison, la comédie et les comédiens, furent les premiers qui se donnèrent en spectacle, dans leurs églises, pour l'interprétation des cérémonies liturgiquesGa naar voetnoot(1).

‘Ce furent les ecclésiastiques de nos églises chapitrales, dit M. Ed. Van Even, qui, au xiie siècle, instituèrent les soi-disant mysteriespelen, lesquels, aux grandes fêtes de l'année, furent joués dans l'église ou au cimetière. A la Toussaint, ils représentaient ordinairement le Jugement dernier; à la Noël, la Naissance du Christ ou les Trois Rois; vers Pâques, la Passion ou la Résurrection de Notre-Seigneur; à la fête de la Vierge, l'Ascension, etc. Les fêtes patronales des villes et des églises se célébraient communément par la représentation d'une pièce retraçant la vie du patron choisi.

Tous ces ouvrages furent originairement élaborés par des ecclésiastiques. Plus tard ces représentations se répandirent tellement, que des laïcs durent s'y adjoindre, et c'est ainsi qu'elles dégénérèrent insensiblement en un

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mélange de profane et de sacré, au point qu'elles furent défendues par les statuts synodaux d'Utrecht, en 1293. En Belgique cependant, elles furent maintenues jusqu'au xve siècleGa naar voetnoot(1).’

Non contents de célébrer la Passion avec tout l'appareil d'une pièce scénique, ils sortirent de leur temple et exhibèrent leurs mystères en pleine rue, en pleine place publique. A Audenarde, les Frères mineurs donnèrent, à partir de 1405, des représentations pantomimiques, en s'aidant de rouleaux où se trouvaient inscrites des maximes et des allégories. Ils se firent conduire autour de la ville sur des traîneaux, auxquels étaient attelés les jeunes religieux du même ordre. Le clergé continua ces représentations jusqu'à ce qu'il se vît détrôné par les laïcsGa naar voetnoot(2).

D'autre part, les gildes de tir jouèrent d'abord ellesmèmes des pièces dramatiques, avec tous les attributs d'une véritable association de rhétorique, tels que rois, doyens, syndics, fous, blasons, bannières. Leurs membres

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se nommaient gesellen, comme les compagnons qui aidaient les prêtres à jouer des mystèresGa naar voetnoot(1).

Elles saisissaient ordinairement l'occasion d'un tir solennel, pour donner leurs joyeux ébattements, bouffonneries grossières auxquelles les fous prenaient une part très-importante.

Le nombre des spectateurs devait être immense. Outre l'engouement des populations flamandes pour les exhibitions scéniques, il y avait, dans les diverses sociétés, une vive émulation, qui les portait à se contrôler réciproquement. Du reste, les invitations étaient nombreuses, et les moyens de propaganda multiples.

On peut, par induction, juger de ce que devait être une assemblée pareille. Un des personnages fictifs du poëme si curieux de Martin Le FrancGa naar voetnoot(2), l'Adversaire, nous en fournit le moyen, dans le passage suivant, où, en parlant des Puys d'Amour, qu'il désigne sans cesse, dans son rôle, comme des conciliabules dignes de mépris, il dit à son interlocuteur:

 
Va-t-en aux festes à Tournay,
 
A celles d'Arras et de Lille,
 
D'Amiens, de Douay, de Cambray,
 
De Valenciennes, d'Abbeville:
 
Là verras-tu des gens dix mille
 
Plus qu'en la forest de Torfolz,
 
Qui servent par sales, par viles,
 
A ton dieu, le prince des folzGa naar voetnoot(3).
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Qu'était-ce dans les villes flamandes les plus florissantes sous les ducs de Bourgogne, et particulièrement dans celles adonnées, avec une véritable passion, à la culture des arts libéraux? Les campagnards allaient avidement voir ces représentations, et l'influence qu'elles exercèrent sur les esprits incultes dut être considérableGa naar voetnoot(1).

En 1428, les villages de Hulste, Herzeele, Loo, Harlebeke, Iseghem, Boesinghe, Asper et Syngem, furent représentés au tir de la société de Saint-George à Audenarde. Sans nul doute, des gesellen van den abatemente accompagnèrent ces gildes pour en rehausser l'éclat et pour faire diversion aux exercices monotones du tir. En 1433, c'était le tour de Liedekerke et de Ruysselede. En 1561, un concours s'ouvrit à Sottegem, à la fois pour le théâtre et le tir. Grammont s'y renditGa naar voetnoot(2). Pareille fête où Thielt assista, eut lieu, en 1562, à AeltreGa naar voetnoot(3).

Insensiblement, ces gesellen se fractionnèrent pour constituer une association particulière. C'est ainsi que débutèrent la plupart des sociétés de rhétorique de la Flandre.

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Une étude assidue des registres de la comptabilité communale nous a donné cette conviction. C'est aussi l'opinion de plusieurs érudits, et notamment de M. Ed. Van Even, qui s'est occupé spécialement des associations dramatiques du BrabantGa naar voetnoot(1).

Des restes de cette doub e réunion se voyaient encore, au siècle dernier, dans c rtains villages, notamment à Petegem, en 1764, où la gilde de Saint-Sébastien conserve un registre, dit GuldebouckGa naar voetnoot(2), qui offre le passage caractéristique que voici:

‘Le 29 avril, le 13 et le 16 mai 1764, la gilde (de Saint-Sébastien) représenta le martyre des saints Marc et

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Marcellin, du saint chevalier Sébastien, notre patron, sous le règne tyrannique de l'empereur romain Dioclétien, et la fin malheureuse dudit empereur, avec la devise: Non conabitur, etc.Ga naar voetnoot(1).’

Ce qui se passait dans les villes avait lieu également dans les campagnes. Les scènes jouées à l'ombre du beffroi, se représentaient au pied de chaque modeste clocher de village. Nulle part, pendant le moyen âge, les divertissements scéniques n'obtinrent plus de splendeur et ne jouirent d'une faveur plus soutenue qu'en Flandre, véritable fourmilière de gildes industrielles, religieuses et récréativesGa naar voetnoot(2).

Au fort de l'industrie, la population exubérante des villes se répandit dans les faubourgs et inonda la campagne. Une lettre de Philippe de Lalaing, capitaine d'Audenarde, adressée à la reine-gouvernante, en 1538, élève à quatorze mille le chiffre des ouvriers vivant de l'industrie de la tapisserie à Audenarde et dans sa banlieue. Un autre

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document porte ce nombre à vingt mille, en y comprenant toutes les localités suburbaines situées dans un rayon de deux lieues.

Vers cette époque, on compte sept chambres de rhétorique à Audenarde. Ces associations atteignirent un haut degré de célébrité dans le pays. On place communément Anvers et Audenarde parmi les villes belges où la poésie et les représentations théâtrales étaient cultivées avec le plus de succès.

Un littérateur contemporain, juge très-compétent en la matière, Marc Van Varnewyck, Gantois de naissance, formule ainsi son opinion sur le talent dramatique des Audenardais: ‘En y songeant bien, dit-il, nulle part en Flandres le louable art de la rhétorique n'est cultivé avec plus de succès (qu'à Audenarde). Cela se voit à sa cavalcade, qui brille au-dessus de toutes les autres. L'adresse qu'on y déploie est exceptionnelle.’

 
Nieuwers in Vlaendren, als men wel imagineert,
 
En wert bet gheobserveert Rhetorica ghepresen;
 
Dat blyct an haren ommeganc, die boven al floreert:
 
Die gheschictheyt in die conste es daer uutghelesenGa naar voetnoot(1).

L'une des sept sociétés d'Audenarde, organisée dès l'année 1464 sous le nom de compagnons de l'Arbre sec, appartenait proprement au village de Bever, faubourg populeux de la ville. Elle joue, en 1549, un ébattement

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devant l'hôtel de villeGa naar voetnoot(1). Une autre apparaît presque en même temps au village de Leupeghem, situé à l'extrémité opposéeGa naar voetnoot(2). Elle participe au concours dramatique ouvert à Audenarde en 1564, à côté des villes de Courtrai, Thielt, Poperinghe, Roulers, Renaix, Deynze, Bruxelles, et elle reçoit, à son entrée, de la part du magistrat, cinq canettes de vin.

Dans toutes les cités circonvoisines, le même développement s'opère. A Gand, on trouve les compagnons de l'ébattement dès 1431, à Caprycke, en 1451. Vers la seconde moitié du xve siècle, Gand possède cinq chambres de rhétorique. Alost en fournit deux, Courtrai trois, dont la plus ancienne remonte à 1401Ga naar voetnoot(3). Le goût de la scène avait son foyer partout où florissaient le commerce et l'industrie. Il était naturel que la population, après une journée de labeur, cherchât à se délasser agréablement au théâtre. Ce qui nous reste des anciens ébattements porte l'empreinte de la joie, de la prospérité, de l'enthousiasme.

La société de Bever, prés d'Audenarde, donne une nouvelle preuve d'existence à la fête rhétoricale de Grammont, qui se célèbre en 1548. Audenarde, Ypres, Alost, Louvain, Bruxelles et Ninove s'y trouvent comme ‘villes fer-

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méésGa naar voetnoot(1),’ et Renaix, Bever, Edelaere près d'Audenarde, Sottegem et Salardingen y prennent part en qualité de communes ruralesGa naar voetnoot(2). Sottegem, à son tour, ouvre un concours dramatique, en la même année, et Grammont tient à honneur d'y participerGa naar voetnoot(3). Les comptes d'Alost signalent des danseurs à l'épée, vraisemblablement accompagnés de comédiens, à Sottegem, en 1486Ga naar voetnoot(4).

Borst, que nous verrons encourir la censure, apparaît à l'horizon en 1483. Petegem-lez-Deynze prélude à la vie scénique et littéraire dès 1427, et peut-être avant, par un mystèrede Notre-Dame, exhibé le troisième jour de Pâques. Les gesellen jouent encore, en 1475, la facétie du Masscheroenne (mascaron?), et, en 1598, la légende de GriseldisGa naar voetnoot(5). A Deynze même, on signale, en 1513, des gesellen de

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Landegem, qui y viennerit célébrer, par des divertissements scéniques, la fête du mardi gras. Ils ont pour associés des danseurs à l'épéeGa naar voetnoot(1).

Si, de la Flandre orientale, nous nous dirigeons vers la Flandre occidentale, nous y voyons le mouvement théâtral prendre une extension plus considérable, à raison peutêtre des renseignements plus abondants qui se sont offerts à nos investigations.

Citons les associations de: Stalhille, en 1407, Iseghem, en 1427, Coolscamp, en 1461 et 1462, Ruysselede, en 1480, 1484 et 1522, Swevezeele, en 1518, Hooghlede, en 1562, toutes mentionnées dans les comptes communaux de Thielt, à l'occasion de représentations données par ces glides dans la cité flamande; celles de Ramscapelle, en 1491, 1495, 1496, 1498, 1499, 1500, 1523, 1524, 1529; Adinkerke, en 1495, 1551; Zevecote, en 1495, 1496, 1498, 1499, 1510, 1511, 1516 (Spade bedocht), 1526, 1527, 1531, 1532, 1533; Saint-Pierre-Capelle, en 1495, 1496, 1498; Oostdunkerke, en 1499, 1504, 1510, 1511, 1512, 1516 (Art van bestiere), 1519Ga naar voetnoot(2), 1526; Couckelaere (Wilt van geeste), en 1516, 1520, 1521, 1530, 1531, 1533, 1534; Handzaeme, en 1526; Mannekensvere, en 1529, 1530, 1531, 1532, 1533, 1534, 1538; Leffinghe, en 1530, 1531, 1532, 1533, 1547, 1549; Slype, en 1505, 1540, 1542, 1549; Alveringhem et Isenberghe, en 1551, toutes gildes qui se rendent à Nieuport, souvent deux fois l'an, pour y contri-

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buer à l'embellissement de la procession de la localité et notamment à celle du Saint-SacrementGa naar voetnoot(1).

Signalons encore la société de Middelkerke, qui joue une moralité à Ostende, en 1548, à l'ommegang de saint PierreGa naar voetnoot(2); celle de Meulebeke, dont le souvenir nous est conservé, de 1569 à 1574, dans un livre où certes on ne s'aviserait point d'aller le chercherGa naar voetnoot(3). On représente, entre autres à Meulebeke, une moralité: Sagesse et Folie, et cinq tragédies à grand spectacle: Noé, Nabucodonosor, David, Salomon et la Reine de Saba, le tout sous la direction da célèbre peintre Charles Van Mander, auteur desdites pièces, et originaire de la localité.

Furnes, à l'exemple de Nieuport, aspire, de bonne heure, à rehausser ses ommegangen de la présence des gildes de rhétorique circonvoisines. Entre toutes, la commune d'Oostdunkerke se distingue par son assiduité. En 1451, ses archers représentent, pendant la procession du derdach may's (3 mai), le Martyre de saint Sébastien, pièce que nous avons vu reprendre, trois siècles après, à Petegem près d'Audenarde. A partir de 1500, elle se rend presque chaque année à la même procession, et en 1520 elle y joue, dans l'après-midi, un mystère, qui lui vaut un régal de quatre canettes de vin.

Ramscappelle y exhibe, en 1491, une représentation de

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la Paix, van den payse. Les gildes de tir d'Adinkerke, de Wulpen, Boesinghe, Coxyde, Avecappelle, Bulscamp, Eggewaerscappelle, Ghistelles, y apparaissent fréquemment, précédées sans doute d'une troupe de bouffons s'ébattant durant le cortége, ou jouant sur des tréteaux improvisés des farces de leur cruGa naar voetnoot(1). Loo va embellir la procession de la sainte croix, le 14 septembre 1514. Ce village, jadis une petite cité florissante, apparaît, avec ses ghesellen van den abatemente, dès 1422. Deux confréries: les Groenaers et les Royaers s'y signalent en 1443. Une troisième association se joint à elles en 1450. Loo n'était pas tout à fait étranger à Furnes, puisque d'ancienne date il y venait participer aux carrouselsGa naar voetnoot(2). Les Groenaers de la même commune sont signalés à Furnes le 18 mars 1525.

Beveren, près de Courtrai, Reninghe et Commines arrivent, avec une troupe nombreuse de rhétoriciens, à Menin, en 1560, et y donnent des ébattementsGa naar voetnoot(3).

Si les villages contribuaient à l'embellissement des fètes urbaines, en revanche les villes tenaient parfois à honneur de présider à celles de la campagne, comme le fit Ypres en 1500, lors de l'ommegang de Roosebeke, commune limitrophe, où eut lieu en même temps la réinstallation d'une confrérie de la ViergeGa naar voetnoot(4). Le cas est rare et

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mérite d'être signalé. Il est vrai qu'il ne s'agit là que d'une solennité purement religieuse.

Quel genre de pièces originales ces associations naissantes débitèrent-elles sur leurs scènes publiques? On verra plus loin, à propos du landjuweel de Gand, ce qu'étaient, au commencement du xvie siècle, les moralités. Pour les farces, si les villes peuvent, à défaut de preuves directes, nous fournir quelques inductions vraisemblables, il faut croire que ce genre d'exhibitions scéniques n'était point si recommandable sous le rapport de la morale. Un langage effronté s'y mêlait aux épanchements les plus heureux du bon sens, de la malice et de la gaieté. C'était, pour ainsi dire, une école de scandale, au lieu d'être une école de moeurs. Ajoutez-y une pantomime licencieuse, qui procédait plus, il est vrai, d'un entraînement du jeu, que d'un calcul de perversité. Pièces immondes, en un mot, qui souillaient à la fois les yeux et les oreilles des spectateurs, qui encourageaient, par des éclats de rires insensés, le jeu malhonnête des acteurs.

Le peuple y retrouvait la peinture de ses moeurs grossières, l'expression de ses sentiments dépravés, l'écho de son langage trivial. Les théâtres de campagne, qui empruntaient leur répertoire à ceux des villes, n'auront pas été affranchis de ces excitations à la débauche. La plupart des pièces auront été recherchées avec soin et anéanties rigoureusement.

Nous n'en voyons plus que des traces affaiblies, où généralement la naïveté domine, dans le recueil intitulé: Het nederlandsch kluchtspel van de veertiende tot de achttiende eeuw, de J. Van Vloeten. Aussi les rigueurs de

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l'Église s'expliquent-elles jusqu'à un certain point, et elles se justifient en beaucoup d'endroits. Même un grand nombre de scènes du Mystère de la Passion se traînaient dans les lieux communs de l'obscénité, et le dialogue des personnages subalternes empruntait au langage populaire une quantité d'images licencieuses et de mots orduriers.

Aucun renseignement direct ne nous est parvenu sur la vie active des premières sociétés, car les anciens comptes de nos villages flamands sont généralement détruits. Il faut donc procéder par voie de comparaison, et les registres de la comptabilité de Damme, dont une série nombreuse existe aux Archives générales du royaume, vont nous être d'un grand secours. Damme, déchue au xve siècle au rang de ville de troisième ordre, se trouvait au centre du mouvement que nous venons d'indiquer par quelques dates, et formait plutôt un gros bourg qu'un centre d'activité commerciale et industrielle.

Or, nous verrons bientôt les grandes villes se donner la main dans toutes les solennités littéraires et dramatiques (le cas s'est déjà présenté à la fète de Grammont, en 1548), et les bourgades et les villes ouvertes fraterniser avec les villages, impuissantes qu'elles étaient, dans leur orgueil, à tenir une place respectable parmi les cités d'importance. Une sorte de fédération s'organisa entre les villes de rang inférieur et les localités rurales, et cette fédération, nous la signalons encore dans les affaires purement ecclésiastiques.

Ainsi, les communes rurales de Zantvoorde, Westkerke, Bekeghem, Roxem et Ettelgem, se trouvèrent représentées, par leurs chefs spirituels, peut-être par tout leur personnel d'église (lequel personnel jouait des mystères), aux réjouissances bruyantes, aux fêtes licencieuses du

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Pape des FousGa naar voetnoot(1) d'une ville voisine, Oudenbourg, où ‘le collége entier’ de l'eglise banqueta avec le prieur de l'abbaye Saint - Pierre et les notables de l'endroit, en 1465.

Ces considérations donnent un prix infini aux extraits inédits que nous allons analyser. Ils peuvent servir de point de repère, ou, si l'on veut, de type aux anciennes associations rurales sur lesquelles nous n'avons malheureusement que des dates. Nous nous en tiendrons à la première moitié du xve siècle: la deuxième moitié, moins ignorée ailleurs, en procède directement.

Les comptes de Damme commencenten 1391. Jusqu'au xve siècle, il ne s'y trouve rien concernant la matière que nous traitons, hormis la mention de l'écolâtre de Damme, Jean de Bontal (aussi Bottael), qui reÇoit, à titre de gages, la somme de deux livres deux sous parisis. Les écolâtres présidaient, on le sait, à la représentation des mystères liturgiques.

1400. A la fête des Rois, les prêtres de Notre-Dame jouent un mystère dans l'église. Trois jours après, des gesellen van den spele reçoivent quatre canettes de vin. C'est apparemment aux ecclésiastiques, aux chantres et aux enfants de choeur qu'il est fait allusion, à l'occasion d'une deuxième représentation du mystèreGa naar voetnoot(2).

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1401. Jean le fou reçoit un nouvel habit de drapGa naar voetnoot(1).

1411. Les prêtres et ‘les autres compagnons’ jouent le mystère de la Résurrection dans l'egliseGa naar voetnoot(2).

1417. Même exhibition, au mois d'avril, et fête célébrée, à cette occasion, par les acteurs susdits.

1418. Le 8 août, des gesellen de Bruges viennent exécuter des danses à l'épéeGa naar voetnoot(3).

1421. Au mois d'avril, les ‘compagnons de l'église’ et ‘d'autres’ représentent le mystère de la Résurrection dans l'égliseGa naar voetnoot(4).

1423. Même représentation, à l'aide de compagnons d'emprunt, probablement des bourgeois.

1428. Augmentation d'appointements accordée au maître d'école, Jean Peesteen, en vue de l'empêcher d'aller s'établir ailleurs.

1431. Vander Ameyde, écolâtre. La moitié de ses appointements est supportée par le curé de Ruysselede.

1433. Des compagnons jouent, par ordre du bourgmestre, le mystère de la Passion et celui de la Résurrec-

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tion. De grandes dépenses y sont consacrées. Le 19 avril, au soir, les ecclésiastiques exhibent le même drameGa naar voetnoot(1). Le mot hier, ici, appliqué aux premiers acteurs, permet de croire qu'ils étaient étrangers à la ville. Le lieu de la scène n'est plus mentionné.

La même année, au mois d'août, des acteurs, encore étrangers à la ville, croyons-nous, représentent le mystère des Douze Tribus d'Israël. Au soir des gesellen jouent un ‘bon ébattement’ devant la demeure de Jacques Nieudoncx, probablement le bourgmestreGa naar voetnoot(2).

Voilà la naissance de la farce ou de la comédie; voilà aussi les exhibitions scéniques produites hors de l'enceinte de l'église. Peut-être s'agit-il ici de compagnons appartenant aux gildes de tir. Dès 1396, nous en constatons trois à Damme: les groten scotters ou grands tireurs, les jonge scotters ou jeunes tireurs, et les scotters van den handboge ou tireurs à l'arc.

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A l'égard du mot ébattement, qui trahit une origine française, il signifie, d'après Cornélissen, que les rhétoriciens de plusieurs localités se réunissaient, dans les grandes solennités et dans les fêtes publiques, et, sur un sujet tantôt choisi, tantôt imposé, se provoquaient, s'esbattaient, faisaient des efforts pour vaincre.

1438. Des gesellen de Bruges, joints à ceux de Damme, représentent, le 23 février, un wagenspel ou jeu de chariotGa naar voetnoot(1).

1442. Les confrères de la gilde du Saint-Esprit, à Bruges, envoient leur charte d'invitation au concours qu'ils ont organisé pour l'exhibition de mystères et d'ébattementsGa naar voetnoot(2).

1443. Ceux de Nieuport en font autantGa naar voetnoot(3). Le scribe emploie exceptionnellement l'expression spelen van rethoriken. A ce sujet, nous relèverons l'erreur que commet Van Duyse en rapportant, indirectement s'entend, le mot de rhétorique aux jeux floraux, dont la fameuse académie prit, en 1536, le titre de collége de rhétoriqueGa naar voetnoot(4).

1449. Fête de l'Évêque des Innocents, célébrée, le 29 décembre, par les écoliers de la maîtriseGa naar voetnoot(5).

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1450. Le 6 avril, les gesellen de l'église représentent ‘une moralité’ de la Résurrection. Le 5 juin, ‘des compagnons’ jouent un mystère ‘à personnages’ à la procession du Saint-Sacrement, et le 21 juin, ils exhibent ‘une moralité’ sur un chariotGa naar voetnoot(1).

1451. Le 6 février, ils donnent une représentation au marché. Le 22 du même mois, des compagnons joyeux, gesellen van genouchte, exécutent des exercices à l'épée. Le 14 mars, nouvelle exhibition au marché; le 26 avril, la Résurrection, jouée par les gens d'église; à la Fête-Dieu, représentation donnée pendant l'ommegangGa naar voetnoot(2).

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1452. Représentation du mystère de la Résurrection par le clergéGa naar voetnoot(1).

1453. Le 16 août, fêtes à Damme à l'occasion de la paix. Concours d'ébattement, où les rhétoriciens de Bruges et de Nieuport remportent des prix. Concours de danse et de chant. Illumination et distribution gratuite de vinGa naar voetnoot(2). Salaire accordé au droogen joncheer, le bouffon traditionnel de la localité.

1454. Le 4 mars, ‘certains joyeux compagnons’ de Bruges, viennent donner des ébattements, et le 25 du même mois, le clergé exhibe encore, dans l'église, la RésurrectionGa naar voetnoot(3).

1455. Le 6 avril, les ‘compagnons du choeur de l'église de Notre-Dame’ jouent le mystère de la Résurrection; le 13 du même mois, ainsi que le 8 septembre,

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de joyeux rhétoriciens, étrangers à la ville sans doute, donnent des ébattements au marché, le 28 octobre, ils organised une nouvelle représentation sur la place publiqueGa naar voetnoot(1).

1456. Le 26 mars, mystère de la Résurrection. Le 27 mai, le clergé joue un mystère ‘devant le Saint-Sacrement,’ sans doute à l'occasion de la fête de l'AscensionGa naar voetnoot(2). Mention du droogen joncheer de la localité, dit Laurens metten bellen, Laurent aux grelotsGa naar voetnoot(3).

Les comptes communaux de Loo compléteront, au deuxième volume, cette série, un peu monotone, de faits

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officiels. Le lecteur aura ainsi un spécimen de scénologie villageoise embrassant quatre siècles, sans compter une foule d'autres notices destinées à en retracer les variantes curieuses.

voetnoot(1)
G. Nieuwenhuys, auteur d'une sorte de répertoire encyclopédique, attribue également au clergé une bonne part dans l'introduction des jeux scéniques: ‘Les chambres de rhétorique, paraît-il, doivent leur origine aux prêtres, qui voulurent que le peuple fût instruit de l'histoire sainte au moyen de représentations scéniques. Non-seulement chaque ville importante, mais aussi les plus grands villages avaient une ou plusieurs de ces chambres, où l'on s'occupait de poésie et où l'on convoquait d'autres chambres à des concours.’ Algemeen woordenboek, au mot Rederykers.
voetnoot(1)
Landjuweel van Andwerpen, in 1561, p. 10. M. Van Even a voulu dire sans doute xvie siècle, comme l'insinue la note qui suit, empruntée aux comptes d'Ostende de l'année 1518: ‘Ghepresenteert den eersten in lauwe, wesende mandach, die van den rhetoricke van deser stede, ter cause dat zy inde nieuwe kercke een spel vanden gheboorte Ons Heeren ghespelt hadden, ij kannen wyns, xxxij s. par.’
voetnoot(2)
Dans certaines localités, les drames bibliques se jouèrent assez tard dans les églises, mais pas au delà du xvie siècle. A Grammont, on donne encore un mystère, dans l'église, en 1548: ‘By den zelven burchmeester noch betaelt den prinche ende dekins vanden rhetorycke van dat hemlieden by scepenen toegheleyt was over dat zylieden speelden 't spel van Missias inde kercke, metgaeders noch een ander, vi lib.’ Comptes de la ville de Grammont.
Les mêmes registres indiquent clairement la participation du clergé de la localité aux représentations des mystères. Un exemple suffira; il est de l'année 1416: ‘Ghegeven ter feeste in Onser Vrouwen daghe, als de priesters 't spel speelden vanden messeganghe van Onser Vrouwen ende van Ons Heeren geboorte, te hulpen te hueren coste waert; overal xvi st.’
voetnoot(1)
M. Snellaert assigne l'origine des chambres de rhétorique ou des sociétés littéraires, à ces derniers, soit qu'ils ne se réunissent que momentanément, soit que déjà au xive siècle, à l'instar des arbalétriers et autres corporations, ils se fussent constitués en société ou confrérie. ‘Je suis tenté de croire, dit-il, que les arbalétriers, très-florissants à cette époque, ont appelé les gezellen à égayer, par des jeux scéniques, des fêtes qui duraient quelquefois plusieurs jours.’ Histoire de la littérature flamande, pp. 72 et 73.
voetnoot(2)
Martin Le Franc écrivit le Champion des Dames vers le milieu du xve siècle.
voetnoot(3)
Goujet, Bibliothèque française, ix, p. 215.
voetnoot(1)
‘De guldebroeders van 's Helichs Gheest gilde alhier verchierende de processie met diversche vertoghingen uyter heylige scrifture, waerduere diversche lieden van buyten alhier vergaderen; in hooscheede ghepresenteert ix lib. xij s. par.’ Comptes de la ville d'Oudenbourg, année 1560.
voetnoot(2)
‘Betaelt, by ordonnance van scepenen, de ghuldebroeders vander rhetorycke ende de ghuldebroeders van Ste Sebastiaens gulde, over dat hemlieden toegheleyt es gheweest om te reysen naer Zotteghem, daer vele schoone prysen te winnen waeren met spelen ende schieten, volghende den inhoudene vander quaerte, de somme van viij lib.’ Comptes de la ville de Grammont, année 1561.
Voici encore un extrait qui prouve l'étroite union des tireurs et des rhétoriciens: ‘Ghepresenteert den coninc ende 't gheselscip van sint Jooris ghilde van Oosthende, die hier quamen scieten ende ghenouchte bedriven, twee kannen rynsch, te ix s., comt xxxvj s.’ Comptes de la ville d'Oudenbourg, année 1504.
voetnoot(3)
Comptes de la ville de Thielt, année 1562, résumés dans les Jaerboeken de la Rhétorique de Thielt, mis en lumière par M. Alph. De Vlaminck, p. 119.
voetnoot(1)
‘Zy (de tooneelmaetschappyen) ontstonden, naer alle waerschynlykheid, uit schuttersgilden, wier geheelen inrigtingvorm zy overnamen.’ Voy. le journal De Eendracht, 1848, no 15.
voetnoot(2)
En voici le titre complet: Guldebouck van de gulde van Ste Sebastiaen, competerende de guldebroeders van Peteghem by Audenaerde, daer gheannoteert staen 'tvermoghen ende octroy van de selve gulde verleent by syne Conelicke Mat van Spaignien, synde alhier oock geannoteert de costuymen ende conditien die de guldebroeders moeten observeeren ende onderhouden, welcke guldebroeders alhier ook sullen worden ghestelt met name ende toename; desen bouck vernieuwt in 't jaer Ons Heeren sesthienhondert sessentnegentich.
Ce registre était la propriété de M. Jean Steyaert, secrétaire de la commune de Petegem et amateur d'antiquités, décédé en 1861. De temps immémorial, y lit-on, la gilde de Saint-Sébastien avait l'habitude de figurer dans l'ommeganck du village. L'empereur de la confrérie tenait, pendant un an, le collier traditionnel, keten of kalsbandt, et était exempt de toutes impositions, sa vie durant. La charte d'octroi a été renouvelée le 12 février 1636, par lettres patentes datées de Bruxelles.
La signification du collier en question a été fort bien déterminée dans le travail de M. Alph. Vandenpeereboom sur les Ghildes, qui a paru dans le tome ier des Annales de la Société Historique, etc., d'Ypres. Voy. encore nos Aldenardiana, t. ii, au chapitre: de Kerselaarsche Kranseling.
Le collier était parfois la propriété du magistrat de la localité, comme le prouve l'article suivant emprunté au chapitre: Juwelen toebehoorende der stede, des comptes communaux de Loo, année 1476: ‘Eenen halsbant van den keyser van St Jooris ghilde wesende in der handen van Bartelmeus Vander Zwyne, als keyser van der voorscrevene ghilde.’
voetnoot(1)
“Op den 29en april, 13en en 16en meye 1764, is door onse gildebroeders verthoont geweest de martelisaetien van Marcus en Marcellianus, alsmede de martelie van den heylighen ridder Sebastianus, onsen patroon, onder de tirannye van den roomschen keyser Diocletianus, alsoock des keysers rampsalighen onderganck, alwaer voor rymstoffe staet als volght: Non conabitur, enz.”
voetnoot(2)
L'extrait suivant donne, en raccourci, le programme de l'une de ces fêtes: ‘'s Disendaechs in de Sinsche daghen, xxviijen dach van meye xciii, was den paix van Vranckericke t'Ypre uutegheroupen, die te Senlis ghesloten was den xxijen dach vander selver maend. Uut welker cause ghepublyert bi die van Ypre te vierne; mids welken ende ter eere ende blyscepe vanden zelve paise, was ghemaect een groot vier, voor scepenenhuus vander Zale, van ve plovytsen, die costen metten mutsaerden dertoe dienende, xij lib par.; de vrauwen 'snavons ghegheven een bancquet, 'tvier te makene, een scaffault om spelen, caeckouken ende al datter toediende, coste vij lib. par. Item, waren in prysen ghegheven, te wetene: den ghonen die best bamenten zoude, drie cannen wyns, ende de ghene die 'tbeste stomme personnaige spelen zoude, twee cannen wyns; comt v lib. par.; t'samen xxiiij lib.’ Comptes de la châtellenie d'Ypres, année 1493, fo 57.
voetnoot(1)
Des ghesellen d'Alost font, en 1605, façonner à Audenarde les cos tumes dont ils ont besoin pour la cavalcade annuelle de leur cité:
‘By ordonnantie, es noch betaelt aen Michiel de Riddere, over d'oncosten by hem gedoocht aen de ghesellen vanden Werfve, om huerlieder habyten ende figueren van duyvels, hoofden ende rocken, jegens den ommeganck te doen makene tot Audenaerde, mits dat d'aude versleten waren by lanckhede van tyde..... xlvij lib. iii st. p.’ Comptes de la ville d'Alost, du 1er mai 1605 au 31 avril 1606.
voetnoot(1)
‘De schole van retorycke in Bevere, voor dat zy een esbattement voor de stedehuus ghespeelt hebben, up den heleghen Sacraments dach t'savons, xlviii st. par.’ Comptes de la ville d'Audenarde, année 1549. Voy. aussi notre Notice sur André Vander Meulen, poëte flamand du XVe siècle, p. 9.
voetnoot(2)
Voy. la Kronyk der Rederykkamers van Audenaerde, de Vander-Meeksch, p. 84.
voetnoot(3)
La date de 1427, fournie par quelques écrivains, est inexacte, car des gesellen jouent, pour la première fois, à la procession de Courtrai, sous la direction de Guillaume de Sinay, en 1401. ‘In 'shelich Sacramends daghe, ghesent Willemme van Senay en sinen ghesellen, die ommeghinghen metten sacramente en daer spelden een spel, vj cannen roets wyns, te ix s. de canne; valent mits draghene, lvj s.’ Comptes de la ville de Courtrai, année 1401.
voetnoot(1)
‘Als cameren vanden goeden ende beslotene steden.’ Comptes de la ville de Grammont, année 1548. Voy. nos Aldenardiana, t. i, p. 114.
voetnoot(2)
‘Van ghelycken zoe es noch gesconcken ende ghepresenteert aen de cameren van de prochien, te weten: Ronsse, Bevere, Ballien, beede buyten Audenaerde, Sotteghem ende Salaerdinghen, de welcke ooc alle t' saemen zeer triumpheantelick ende in grooten ghetaele ghecompareert ende huerlieder entree deden, sulcx dat hemlieden, van weghen alsboven, elc bysonder toeghelegt was vier cannen rinsch ende vier cannen roets wyns, ten prise voorscreven. Loopt over al xxxvj lib. par.’ Comptes de la ville de Grammont, année 1548.
voetnoot(3)
‘Betaelt Pieter Pryeels, volghende de lastinghe van scepen, ter causen van dat hy verleyt ende betaelt heeft, binnen de prochie vanden lande van Sotteghem, vanden verteerden aldaer ghedaen by den retherosynen, dekens ende ghezwornen deser stede, metgaders diverssche ander notable mannen die aldaer waeren omme spelen, ten beschryven van de voornoemde van Sotteghem, ach ter volghende huerlieder lotinghe als boven, elcx ghelaeghe van quaden costen, xviij lib. par.’ Id., même année.
voetnoot(4)
‘Ten tyde als Jan Vander Beke zine maeltyt gaf, ter causen van zinen eersten scependomme, quamen daer spelen over de zweerden zekere ghesellen van Zotteghem, den welcken ghegheven was in hoofscheden xx st.’
voetnoot(5)
Comptes de la ville de Deynze, cités par M. Vanden Abeele, dans sa Geschiedenis der stad Deinze, p. 194.
voetnoot(1)
C'est par erreur que Landegem est porté au catalogue de M. Schoppens, d'Anvers (no xxj, p. 36), comme figurant dans les Deuchdelyke solutien ghesolveert by vele ingenieuse componisten van diversche cameren van Rhetorycken. Gedruct Thantwerpen by Gielis Vanden Rade (1574). Ce village n'y est mentionné en aucune façon. On n'y voit que ceux de Berchem et de Merxem, qui appartiennent à l'ancien Brabant.
voetnoot(2)
Les zwaerdespeilders de cette localité les accompagnaient.
voetnoot(1)
Comptes de la ville de Nieuport. Plus rarement les villes s'entr'aidaient pour leur ommegang. Ce n'est qu'incidemment que nous avons rencontré l'exemple suivant, dans les comptes d'Alost de 1488: ‘Den rethorisienen van Ghend die t'Aelst speelden, in 't ommegaen vander processie, een scoon spel, iiij kannen van gheliken wijn, xl s. vj den.’
voetnoot(2)
‘Ghepresenteert die van Middelkercke, over een spel van zinnen, by hemlieden ghespeelt, vier cannen. Noch van een esbatement, ooc vier cannen; compt xlij s.’ Comptes de la ville d'Ostende, année 1548.
voetnoot(3)
Voy. le deuxième volume de Van Mander, p. 236, édition de 1764, et Michiels, Histoire de la peinture flamande, 1re édition, préface, p. 22.
voetnoot(1)
Comptes de la ville de Furnes, aux années indiquées. Les sotternien portaient déjà le nom de farces au commencement du xvie siècle, comme l'atteste l'extrait suivant, emprunté aux comptes de la ville d'Oudenbourg de 1540: ‘Die van 's Helichgheest guide alhier, spelende ter coninc feeste van der wet een farse so commedie, gheschoncken in hooffscheden, xiiij s. par.’
voetnoot(2)
‘Den xxvjen der zelve maent [lauwe] den gesellen van Loo, hier commende steken met loeten ende vannen, ij kannen ghelyc prys; comt xxxvj s.’ Comptes de la ville de Furnes, année 1455.
voetnoot(3)
Voy. plus loin. Comptes de la ville de Menin, année 1560.
voetnoot(4)
‘Den xiven dach van hoymaent xve, ten ommeganghe van Onser Vrauwen van Roosebeke, trocken de bailliu, diversche schepenen ende d'ontfanghere ende dat ter comtemplacie van den ghildebroeders ende uut causen van den nieuwen upstelle vander selver ghilde, ende was by bovenghenomden verteert de somme van iij lib. ij st.’ Comptes de la châtellenie d'Ypres, année 1500.
voetnoot(1)
‘Te costen ghedaen als ons ledich vader de ezelpaeus, mynheere de prelaet ende prioor van Sinte-Pieters in Oudemburch, 't gheheele collegie vander kercke, mynheere de deken van Oudemburch ende andre prochiekerken, te wetene: Zantvoorde, Westkerke, Begheem, Ronuxem ende Ettelghem, ende meer andre notable persoonen, die metter stede quamen eten, ende den voorscreven ledich vader de ezelpaeus ghezelscip deden. Overal xviij lib. xvij s.p.’ Comptes de la ville d'Oudenbourg, année 1465. Voy. La Musique aux Pays-Bas avant le XIXe siècle, t. I, p. 64.
voetnoot(2)
1400. - ‘Eerst den xiijen dach in laumaent, ghesend den priesters van Onser Vrauwen kerke die in spil spelden in de vorseyde kerke, iiij kannen wyns van iiij gr. den stoop, ghevult te Denys Betyns, ghedreghen te Pieters Meys, xxxij s.
‘Den xviijen dach in laumaent, ghesent den gesellen van den spele, iiij kannen wyns van iiij gr. den stoop, ghevult te Quintins Sceerers ghedreghen te Pieters Meys, xxxij s.’
voetnoot(1)
1401. - ‘Van Hannekine 't sot's frocke, vij lib. iij st.’
voetnoot(2)
1411. - ‘Den xixsten dach in de zelve maend (april), ghesent den priesters ende andren ghesellen vander kerke, doe zy ghespeelt hadden in de voorseide kerke Ons Heeren Verrisenesse, ij kannen wins van iij nieuwen gr. de stoop, ghevullet te Bette Stevins ende ghedreghen te Willem Scapinhaerst, valent xij st.’
voetnoot(3)
1418. - ‘Den vjsten in de zelve maend (ougstmaend), ghesonden sekere gesellen die van Brueghe hier quamen ende spielden met zwerden, hier achter de stede, ij kannen wins van iiij gr., val. xvj st.’
voetnoot(4)
1421. - ‘In de zelve maend (april), ghepresenteert de ghesellen van den kerke ende andre, doe zy 't spel ghespeelt hadden, in de kerke, van Ons Heeren Verisenesse, iiij kannen wins van vij gr. de stoop, ghevullet te Lauwers 's Coninx ende ghedroncken te Victor Bertolfs, val. lvj st.’
voetnoot(1)
1433. - ‘Ghegheven bi beveilne van burchmeesters den gesellen die hier speilden Ons Heeren Passie ende zine Verrisenisse, mids den grooten cost die zy hadden, hemlieden ghegheven in hoosschede, vj lib. par. honds, val. nieux v lib. v. st.
Item, den zelven dach (xixen in april), 's navons ghepresenteert den priesters ende andre gesellen die speilden t'spel van Ons Heeren Passie ende zine Verrissenisse, t'hulpen van haerlieder costen, vj kannen wins, ten zelven prise, ghevullet te Jans Vander Lee ende ghedronken in Sente Jans huus, daer zy haerlieder maeltyt hielden, iij lib. viij st. vj den.’
Ces extraits et les suivants ont une apparence d'identité; mais, en les comparant attentivement, on y voit des différences, qui, quoique peu accusées, n'en méritent pas moins d'être signalées.
voetnoot(2)
1433 - ‘Den viijen dach in de selve maend (ougst), ghepresenteerd de ghesellen die hier speilden een spel van den xij geslachte van Israël, hulpen van haerlieder maeltyt, vj kannen wins te viij gr. de stoop, ghevullet te Vrancke van Aelst ende ghedronken in 't cabaret, maken iiij lib. xvj st. par. houds, val. nieux iiij st.
Den selven dach 'navons, ghepresenteert den gesellen die hier ghespeilt hadden een goed abatement voor Jacob van Nieudoncx, iiij kannen most, ten zelven prise, ghevullet ten zelven ende ghedronken in 't cabaret, iiij lib. par. houds, val. nieux, iij lib. x st.’
voetnoot(1)
1438. - ‘Den xxiijen dach in de zelve maend (spuercle), ghepresenteert den ghesellen van Brugghe ende van den Damme, die hier, ute goeder ghenouchten, een waghenspel speilden, iiij kannen romenijen van vj gr. den stoop, gevullet te Tristram Biesen ende ghedregen in de Zwane, xlviij st.’
voetnoot(2)
1442. - ‘Ghegheven eenen geselle van Brugghe die hier de copie van den lettren brochte op 'thuutgheven van spelen ende abatementen, die men te Brugghe doen zode up te prisen vooren ghestelt bi den gesellen van den Heleghen Gheest aldaer, te drinckghelde, xl. st par.’
voetnoot(3)
1443. - ‘Ghegeven in hoofscheden eenen bode van den Nieuport, de welke hier quam becondeghen zeker prizen die daer te winnene waren met spelen van rhetoriken, xx st.’
voetnoot(4)
Verhandeling over den drievoudigen invloed der rederykkameren, p. 45. Le mot rhétoricien a aujourd'hui une signification bien différente. Nous l'employons pour rendre exactement le sens de rederijker. Rabelais, on le sait, a forgé le terme ironique de rhétoriqueur.
voetnoot(5)
1449. - ‘Den xxixsten dach van december, ghepresenteerd den bisschop vander scole, 'sburchmeesters zuene, dese waerf, te zynre feeste, ij kannen wyns van vij gr. de stoop, ghevult t'Aelfraets, te Joos Mans ghedronken, vj st. iiij den. gr.’
voetnoot(1)
1450. - ‘Den vjen dach van april naer Paeschen, ghepresenteerd den gesellen van der kercken die doe speilden een moraliteit vander Verissenisse Ons liefs Heeren, ij kannen wyns, te iiij gr. den stoop, comt xvj st.
Den iiijen dach van wedemaent, 'twelcke was den helegen Sacraments dach ghepresenteerd den gesellen die een spel van personnagen speilden daer 'thelige Sacrament leed, ij kannen wyns, te vj gr. den stoop, comt xxiiij s.
Den xxjen dach van der voorseide maend, ghepresenteerd den gesellen van der stede die eene moraliteit up eene waghenie speilden, ij kannen rynsche wyns, te vj gr. den stoop, xxiiij st.’
voetnoot(2)
1451. - ‘Vjen in de zelve maend (sporcle), ghepresenteerd den ghesellen die een (spel) speilden up de maerct, ij kannen rynschs wyns, te vj gr. den stoop, draecht xxiiij st.
Xxijen in de zelve maend, ghepresenteerd den gesellen van ghenouchten, spelende metten zweerden, ij kannen rynsch wyns, te vj gr. den stoop, comt xxiiij st.
Xiiijen in de zelve maend (maerte), ghepresenteerd den gesellen die een spel speilden up de maerct, iiij kannen rynsch wins, te vj gr. den stoop, comt xliiij st.
Xxvjen in de selve maend (april), ghepresenteerd den gesellen vande kerken die eene moraliteit speilden ter eeren van den Verissenesse van Onsen Heere, iiij kannen rynsch wyns, te vj grooten den stoop, xlviij st.
Xxiiijen van wedemaent, 'twelke was Sacrements dach, ghepresenteerd den gesellen die speilden voor 'thelige Sacrament, ij kannen rynsch wyns, te vj gr. den stoop, xxiiij st.’
voetnoot(1)
1452. - ‘Xen in de zelve maend (april), ghepresenteerd den gesellen vander kerken die speilden de Verrissenesse van Onser Heere, ij kannen wyns, te viij gr. den stoop, xxxij.’
voetnoot(2)
L'extrait, relatif à cette fête, est un véritable tableau des moeurs de l'époque. Il contient les particularités suivantes: prêches, sonneries, procession générale, messe chantée, distribution de pain, de vin et de viande aux pauvres, banquet à l'hôtel de ville, feux de joie, musique instrumentale et vocale, danses. Le voici en entier:
1453. - ‘Xvjen in ougst, betaelt van costen ghedaen bi overeendraghene vander gheheelre wet, ter eeren van Gode, van onzen gheduchten heere ende in bliscepen van den paise, van predekene, ende van ludene t'eenre processie generale, van eenre ghezongerder messe, ende van orghelne ter zelvere, van xxx provenden van brode, van wine ende van vleessche ghedeelt den aermen, van eenre maeltyd ghehouden in scepenen camere, daer waren de balliu, wethouders ende notable vander stede, van trompene, van pipene, ende van prisen ghegheven dien van Brugghe, vander Nieupoort ende van eldre die hier camen esbatementen, van prisen ghegheven van scoonst vierne, van dansene ende van zinghene, ende eenre pipe wyns danof elc drincken mochte zonder cost, in 't gheheele vj lib. x st. gr. lxxviij lib.’
voetnoot(3)
1454. - ‘Iiijen in dese maent (maerte), ghepresenteert zekere gesellen van ghenouchten van Brugghe, die hier quamen speelen esbatementen, ij kannen wyns petau, te iiij gr. de stoop, xvj st.
Xxiiij in april, ghepresenteert de gesellen die hier alhier in de kerke ghespeelt hadden Ons Heeren Verissenesse, iiij kannen wyns van petau, te iiij gr. den stoop, ghedroncken te meester Aelbrechts, xxxij st.’
voetnoot(1)
1455. - ‘Den vjen dach van april anno lv, ghepresenteerd den gesellen van den choore in Onser Vrauwen kerke in den Dam, die de Verissenesse van Ons Heeren speelden, ij kannen wyns van Gascoenge, van v. gr. den stoop, ghevult ter weduwe Van Bayeren, ende twee kannen wyns van poitau, van iiij gr. den stoop, ghevult te Symoens de Latre ende gedreghen te meester Aelbrechts, val. xxxvj st.
Den xiij dach van april, ghepresenteerd den gesellen van ghenouchten die hier speelden esbatementen, up de Corenmaerct, ij cannen wyns van Gascoengen, van v gr. den stoop, ghevulth te Symoens de Later, xx st.
Viijen in septembre, ghepresenteerd den gesellen die hier up te maerct esbatementen speilden, ij kannen wyns van tuwaers, van v gr. den stoop, ghevult te Jacob 's Brauwers ende ghedroncken te Pieter Wils, val. xx st.
Xxviijen in octobre, den gesellen van genouchten die hier een spel spelden up de maerct, ij kannen poitaus, van iiij gr. den stoop, ghevult ende gedreghen ter weduwe Van Beyeren, val. xvj st.’
voetnoot(2)
1456. - ‘Xxvjen in maert, ghepresenteirt den gesellen vanden choore die Ons Heeren Verissenesse speelden, ij kannen wyns, een paillette van vj gr. den stoop, een ander van poitau, te v gr. den stoop, valent xxij st.
Xxvijen in meye, ghepresenteirt den gesellen vander kerke die voor 'thelich Sacrement speelden up den Sacraments dach, ij kannen wins, van vj gr. de stoop, xxiiij st.’
voetnoot(3)
Ce personnage sera esquissé plus loin.

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