Skiplinks

  • Tekst
  • Verantwoording en downloads
  • Doorverwijzing en noten
Logo DBNL Ga naar de homepage
Logo DBNL

Hoofdmenu

  • Literatuur & taal
    • Auteurs
    • Beschikbare titels
    • Literatuur
    • Taalkunde
    • Collectie Limburg
    • Collectie Friesland
    • Collectie Suriname
    • Collectie Zuid-Afrika
  • Selecties
    • Collectie jeugdliteratuur
    • Basisbibliotheek
    • Tijdschriften/jaarboeken
    • Naslagwerken
    • Collectie e-books
    • Collectie publiek domein
    • Calendarium
    • Atlas
  • Periode
    • Middeleeuwen
    • Periode 1550-1700
    • Achttiende eeuw
    • Negentiende eeuw
    • Twintigste eeuw
    • Eenentwintigste eeuw
Les ailes rouges de la guerre (1916)

Informatie terzijde

Titelpagina van Les ailes rouges de la guerre
Afbeelding van Les ailes rouges de la guerreToon afbeelding van titelpagina van Les ailes rouges de la guerre

  • Verantwoording
  • Inhoudsopgave

Downloads

PDF van tekst (0.50 MB)

Scans (6.78 MB)

ebook (2.78 MB)

XML (0.14 MB)

tekstbestand






Genre

poëzie

Subgenre

gedichten / dichtbundel


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Les ailes rouges de la guerre

(1916)–Emile Verhaeren–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

Vorige Volgende
[pagina 63]
[p. 63]

La ferme des marais d'or

[pagina 65]
[p. 65]

La ferme des marais d'or

 
Dépensant tous pour leur richesse ou leur besoin
 
Mille efforts solidaires,
 
Ils habitaient de père en fils le même coin,
 
En Flandre, sur la terre.
 
 
 
Les yeux de leurs défunts, les yeux de leurs vivants
 
- Depuis combien d'années? -
 
Regardaient tous passer les mêmes pluie et vent
 
Sur leur plaine ordonnée.
 
 
[pagina 66]
[p. 66]
 
Les sentiers des taillis reconnaissaient leur pas
 
Quand, au soir des dimanches,
 
Ils revenaient en écartant du bout des bras
 
Toujours les mêmes branches.
 
 
 
Quelle aïeule jadis encrassa le mur blanc
 
Avec sa main calleuse?
 
Quel dos avait laissé aux lattes du vieux banc
 
Son empreinte anguleuse?
 
 
 
Aux jours sereins des renouveaux, quand il fallait
 
Ensemencer la terre
 
Pour l'assoler dûment, le fils se demandait
 
Ce qu'eût voulu le père.
 
 
 
Les morts n'étaient point morts: on les sentait remplir
 
Eux seuls, tout le silence;
 
Et la ferme vivait, non de leur souvenir,
 
Mais de leur existence.
[pagina 67]
[p. 67]
 
Or, il se fit, un jour,
 
Quand la guerre soudaine incendia les bourgs
 
Et les villes en Flandre,
 
Que cette terre où les vivants et où les morts
 
Avaient mis leur sueur, leur travail et leur cendre,
 
Dut subir la bataille et affronter le sort.
 
 
 
L'obus fendit bientôt les arbres de la route
 
Qui bifurque là-bas, vers Pervyse et Nieuport;
 
L'étable au large toit prit feu et brûla toute;
 
On en sauva les boeufs en leur couvrant le front
 
D'un sac profond,
 
Pour qu'ils ne vissent rien de l'énorme épouvante;
 
Un shrapnell tua net la plus vieille servante;
 
La huche, le pétrin, l'âtre, le banc de bois
 
Furent dispersés tous à la fois
 
Et la muraille
 
Où l'aïeul, trait pour trait,
 
Etait représenté dans un cadre à portraits,
 
Subit la rage et la fureur de la mitraille.
[pagina 68]
[p. 68]
 
Tenant leur dernier né serré contre leur chair,
 
Haletantes et hagardes,
 
Des femmes se portaient du côté de la mer;
 
Des chariots chargés de meubles et de hardes
 
Se succédaient par les chemins;
 
Des vieillards s'éloignaient en plaignant leur village
 
Et leurs petits enfants s'agrippaient à leurs mains
 
Sur ces routes, par où fuyaient les attelages.
 
 
 
Dans la ferme des beaux marais,
 
Nul ne suivit ceux qui partaient:
 
Les poings serrés et le coeur brave,
 
Dans la ruine et ses amas,
 
On se terrait, près des soldats,
 
Au fond des caves.
 
 
 
Là-bas,
 
Serpentaient à travers une dune ébréchée
 
Les premières tranchées.
 
Aux heures des combats brusques mais enragés,
[pagina 69]
[p. 69]
 
On partageait le pain, la haine et le danger;
 
Les gamins se glissant dans l'ombre à ras de terre,
 
Apportaient la gamelle aux postes militaires
 
Et parfois la grenade où la mort fermentait.
 
La ferme et tous ses gens âprement combattaient.
 
 
 
Derrière un mur encor debout, dans la nuit noire,
 
Ils avaient ménagé un brusque observatoire
 
Que l'ennemi pendant longtemps ne devina.
 
Sur les taillis voisins son canon s'acharna.
 
Dans le verger traînait le fil télégraphique
 
Qui reliait la ferme au terrain héroïque,
 
Si bien que tous les jours avec un élan fol,
 
Quoique fixée et maintenue au sol,
 
Grâce à ce grand pan de muraille écroulée,
 
Elle se projetait jusqu'au coeur des mêlées.
 
 
 
La nuit, quand la ténèbre était d'argent et d'or,
 
Le fermier s'en venait rendre visite aux morts:
[pagina 70]
[p. 70]
 
Il contournait le mur de l'ancien cimetière,
 
Il parlait longuement, le front contre la terre,
 
Et puis s'en revenait tout en causant encor
 
A quelqu'un d'invisible
 
Qui passait avec lui le seuil du vieux jardin.
 
 
 
Ce fut aux temps tumultueux de la Toussaint
 
Que l'ennemi désabusé enfin
 
Prit la ruine et son grand mur pour cible
 
D'un peuple de canons qui tonnaient au lointain.
 
Ce qui se maintenait de la poterne blanche
 
Et de l'étable et du fournil et du grenier
 
Fut renversé, dès le matin, sous l'avalanche
 
Des mitrailles de fer et des bombes d'acier.
 
 
 
L'attaque à l'arme nue
 
Se déclancha des deux côtés de l'avenue
 
Qui mène du verger jusqu'aux bords de l'Yser;
 
La baïonnette étincelait comme l'éclair,
[pagina 71]
[p. 71]
 
Frappait, perçait ou se heurtait en un orage
 
De gestes violents et terribles; la rage
 
Sautait des coeurs gonflés et giclait jusqu'aux yeux;
 
Des hommes se mordaient en luttant deux par deux;
 
Sur les fumiers tassés de la cour déjà rouge,
 
Un gamin de quinze ans avait saisi la vouge
 
Et combattait avec cette arme, atrocement.
 
Le flux de la fureur montait à tout moment.
 
L'ivresse de tuer et d'achever sa proie
 
Gonflait chacun d'une âpre et formidable joie
 
Et les rires sonnaient pendant l'égorgement.
 
 
 
Jusqu'au tomber du jour se balança la lutte,
 
Tantôt vers la montée et tantôt vers la chute:
 
On ne savait vers où la maintiendrait le sort,
 
Quand tout à coup, dressant sa géante poitrine
 
Entre deux pans encor debout de la ruine,
 
Le vieux fermier des marais d'or
 
Avec toute sa voix cria: ‘Voici les morts!’
 
Et comme s'il poussait en avant une armée
 
De soldats pour la gloire et l'honneur enflammée,
[pagina 72]
[p. 72]
 
Son geste accompagnait un invincible élan
 
Vers l'ennemi surpris et tout à coup branlant.
 
 
 
Terribles s'abattaient les coups de la mitraille;
 
On ne savait quel dieu redressait la bataille
 
Pour la fixer ferme et debout entre nos mains;
 
Des renforts survenus soutenaient notre droite,
 
Un clairon de rappel éclatait au lointain,
 
Le vent frais et léger traversa le soir moite,
 
L'adieu d'un soleil brusque illumina les deux
 
Et l'orgueil remplaça la haine dans les yeux
 
Victorieux
 
De nos troupiers chantant leur chanson saccadée
 
Avant de s'endormir sur leur terre gardée.
 
 
 
Toute cette nuit-là
 
La présence des morts défendit la ruine;
 
Le fermier leur disait des mots ardents si bas
 
Qu'ils faisaient moins de bruit que l'ombre ou la bruine.
[pagina 73]
[p. 73]
 
Il sentait leur ardeur vivante s'amasser
 
Dans la pierre fendue et le sol convulsé
 
Et son âme comprit que leur sourde puissance
 
Etait le gage désormais,
 
Jusqu'aux jours fermes de la paix,
 
Des invincibles résistances.

Vorige Volgende

Footer navigatie

Logo DBNL Logo DBNL

Over DBNL

  • Wat is DBNL?
  • Over ons
  • Selectie- en editieverantwoording

Voor gebruikers

  • Gebruiksvoorwaarden/Terms of Use
  • Informatie voor rechthebbenden
  • Disclaimer
  • Privacy
  • Toegankelijkheid

Contact

  • Contactformulier
  • Veelgestelde vragen
  • Vacatures
Logo DBNL

Partners

Ga naar kb.nl logo KB
Ga naar taalunie.org logo TaalUnie
Ga naar vlaamse-erfgoedbibliotheken.be logo Vlaamse Erfgoedbibliotheken