Hitler en het politieke lot van België. (Hitler et le sort politique de la Belgique.)
Le sous-titre de l'ouvrage en indique la portée et les limites précises: la question royale et le régime d'occupation, de la capitulation du 28 mai à l'entrevue de Léopold III et d'Hitler à Berchtesgaden le 19 novembre 1940.
Les Allemands, dès le 28 mai, ont mis le château de Laeken à la disposition de Léopold III. Celui-ci s'y installe avec son cabinet. C'est là que Léopold III reçoit l'ambassadeur d'Italie, le cardinal Van Roey et de nombreux hommes politiques belges. C'est là que ses hommes de confiance, Capelle, le général Van Overstraeten, Fredericq et l'ex-ministre De Man, exercent leur office d'informateurs et de conseillers.
En face du groupe royal, les secrétaires généraux, émanation sans éclat du gouvernement légal disparu. Plus loin, et dans un exil volontaire, Pierlot et ses ministres. Plus près, - trop près, - le régime allemand d'occupation.
Il faut garder en mémoire tous ces éléments, tous à la fois pour mesurer la complexité du problème national en 1940. Ne parlons ici que des Belges, pour souligner leur accord tacite, sauf en de rares exceptions, sur ce point: la Belgique a perdu la guerre, la victoire allemande est irréversible. C'est alors la commune conviction du roi, du cardinal, de Pierlot et de Spaak, des hommes politiques et de la haute finance de Bruxelles. Plus tard, l'espoir renaîtra et certains ne se rappelleront même plus leur défaitisme.
Au lendemain de la capitulation, l'idée de contacts politiques avec l'occupant ne scandalisait pas tout le monde. Beaucoup, - et des meilleurs, - avaient de bonnes raisons pour préparer l'avenir ou, du moins, pour s'y adapter avec souplesse.
Léopold III n'a-t-il vraiment posé aucun acte politique après sa décision de rendre les armes? Ses avocats l'ont prétendu, mais certains faits donnent à réfléchir. Dès la fin du mois de mai, le roi s'est déclaré disposé à rencontrer Hitler. Il a fait appel, en juin, à la collaboration allemande pour obtenir que l'or de la Banque nationale ne puisse passer de France en Grande-Bretagne. Au début de juillet, les journaux belges publient le manifeste de De Man, dont le texte avait été soumis au roi. Peu après, par l'intermédiaire de son chef de cabinet, Léopold III propose aux secrétaires généraux de se donner un chef qui coordonnerait leurs activités: il suggérait le nom de l'industriel Bekaert, mais l'administration allemande s'opposa au projet. Enfin et surtout, Léopold III a eu avec Hitler un entretien incontestablement politique, ce qui n'exclut pas de louables intentions et, particulièrement, des intentions humanitaires.
L'entrevue de Berchtesgaden n'est peut-être pas le point le plus important du dossier royal, mais le plus contesté. M. De Jonghe, qui a lu tous les documents publiés et aussi beaucoup de documents inédits, a admirablement reconstitué la chronologie de cette entrevue historique.
Tout commence le 31 mai, lorsque le roi donne son accord de principe, renouvelé le 26 juin, pour une rencontre avec le maître du moment. Hitler a d'autres soucis et il n'a pas encore fixé sa politique à l'égard de notre pays: il attend. Marie-José vient voir son frère à Laeken en septembre: elle circule librement puisqu'elle est la princesse héritière de l'Italie fasciste. Léopold III la charge d'une mission auprès d'Hitler. Marie-José est reçue par le Führer le 17 octobre, Léopold le 19 octobre. A cette dernière date, le roi des Belges croit encore au destin prestigieux de l'Allemagne: sinon, pourquoi aurait-il demandé à Hit-