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Septentrion. Jaargang 16

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Genre
non-fictie
sec - letterkunde

Subgenre
tijdschrift / jaarboek


In samenwerking met:

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Septentrion. Jaargang 16

(1987)– [tijdschrift] Septentrion

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Les Antilles néerlandaises formées des six îles: Aruba, Bonaire, Curaçao, Saba, Saint-Eustache et Saint-Martin.


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Introduction à la littérature néerlando-caraïbe

La parution de l'édition encyclopédique d'Alain Rouch (Gérard Clavreuil, Littératures nationales d'écriture française; Afrique, Caraïbes, Océan Indien, Bordas, Paris, 1986), dans laquelle les auteurs caraïbes d'Haïti, de la Guadeloupe et de la Martinique sont amplement présentés, constitue un magnifique exemple de l'intérêt que la France attache à sa littérature d'outre-mer.

Le classement des auteurs caraïbes dans la ‘Littérature française’ pose d'emblée un problème d'appartenance: dans quelle mesure la littérature de la région caraïbe, même si elle est d'expression française, peut-elle être située dans les différents courants de la littérature française? Ne serait-il pas préférable de renoncer au critère linguistique pour privilégier l'évolution historique, de remplacer l'expression ‘Littérature française des Antilles’ par la dénomination ‘Littérature caraïbe en français’? Dans les Caraïbes mêmes et partout où l'on s'intéresse à cette région, on en est venu à parler, ces dernières années, d'une littérature caraïbe unique qui s'exprime dans beaucoup de langues(1). Ces considérations ne sont pas uniquement une question de terminologie, car elles sont en rapport avec le point de vue du critique littéraire: celui-ci se place-t-il dans une perspective européenne ou se base-t-il sur des critères caraïbes?

Pour un auteur de la région des Caraïbes (nous entendons par là la région de l'archipel des Caraïbes et des pays voisins comme la Guyane, le Surinam, la Guyane française et Bélize), le choix de la langue est souvent délibéré: ou bien une langue européenne comme le français, l'anglais, l'espagnol, le néerlandais ou bien le créole, l'anglais ouest-indien, le sranan tongo au Surinam et le papiamento aux Antilles néerlandaises. Il arrive souvent qu'un auteur utilise plusieurs langues successivement, parallèlement ou même en les mélangeant. Il en est ainsi des écrivains de Curaçao qui se servent tour à tour du néerlandais, du papiamento et de l'espagnol; de même les Surinamiens écrivent en néerlandais et en sranan tongo. Il faut se rendre compte que le néerlandais, surtout aux Antilles néerlandaises, n'a jamais été senti comme une langue du terroir; malgré son statut officiel, il est toujours resté une langue étrangère, imposée.

La région caraïbe a connu un développement historique parallèle, du moins dans ses grandes lignes: peuplement d'origine indienne, extermination de celui-ci, arrivée des explorateurs, des conquérants et des colonisateurs européens, économie de plantation et d'esclavage, émancipation des esclaves, puis afflux de travailleurs contractuels originaires d'Asie, et influence néo-colonialiste de l'Europe et de l'Amérique du Nord, accompagnée ou non d'une indépendance politique finale(2). L'histoire se reflète dans la thématique de cette littérature multilingue.

De nombreuses similitudes se dessinent aussi entre les auteurs et leurs oeuvres. Notons l'absence de tradition de lecture, la focalisation sur la métropole européenne où les oeuvres sont publiées et où résident le gros des lecteurs et souvent les auteurs eux-mêmes. Les métropoles de Londres, de Paris et d'Amsterdam fonctionnent comme des centres où se rencontrent les activités culturelles caraïbes.

Ces concordances historiques et actuelles permettent de parler d'une littérature caraïbe unique qui s'est de plus en plus orientée vers sa propre société de façon qu'il n'est pas possible de l'interpréter sans en connaître le contexte historique et culturel(3).

Malgré les différences linguistiques, la litté-

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rature caraïbe présente une évolution semblable des points de vue formel et thématique. C'est ce que je vais esquisser sommairement ici pour le domaine néerlandophone.

La littérature néerlando-caraïbe est produite dans les Antilles néerlandaises qui sont formées de six îles: Aruba, Bonaire et Curaçao face à la côte vénézuélienne et Saba, Saint-Eustache et Saint-Martin ‘sous le vent’ ainsi que le Surinam. A quelques interruptions près, ces derniers pays sont restés de 1634-1667 à 1954 des possessions coloniales néerlandaises. A partir de 1954, ces trois pays ont formé un royaume unique doté d'une autonomie interne ainsi que d'une défense et d'une politique étrangère communes. Depuis 1975, le Surinam est entièrement indépendant; depuis 1986, Aruba constitue un territoire autonome au sein du Royaume des Pays-Bas.

La littérature était d'abord orale dans cette région. Au Surinam furent conservés des restes d'anciens récits indiens, ainsi que des chansons et des contes Nanzi (à comparer à Lapin) tributaires d'une tradition africaine et conservés par les esclaves comme patrimoine culturel(4).

La littérature écrite débuta à la fin du xviiie siècle par ‘la littérature des planteurs’, inspirée des associations européennes de poètes et par quelques oeuvres occasionnelles de poètes coloniaux souvent anonymes. Ces derniers avaient été à l'école des grands modèles de la littérature européenne qu'ils traduisaient ou adaptaient. Formes et thèmes étaient entièrement européens; l'influence locale n'était guère décelable(5).

Après l'émancipation qui n'a eu lieu qu'en 1863 (Angleterre 1833, France 1848), certains auteurs se mirent aussi à écrire dans leur langue vernaculaire. C'était le cas de Johannes King et de J.S. Corsen. Il faudra avancer de plusieurs décennies dans le xxe siècle pour que la littérature néerlandaise devienne importante aux points de vue quantitatif et qualitatif. On peut d'ailleurs en dire autant de la littérature caraïbe dans son ensemble. A l'exception d'Haïti qui, indépendante depuis 1804, connut un développement précoce, la littérature caraïbe de qualité ne put éclore dans cette région qu'au xxe siècle.



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Cola Debrot (1902-1981) (photo Jan Snoek).


Les premiers auteurs importants, créateurs d'une oeuvre riche, sont Cola Debrot (1902-1981)(6) et Albert Helman (o1903). Le premier devint célèbre par la publication de la nouvelle Mijn zuster de negerin (1935, traduit en français sous le titre: Ma soeur noire). Lié d'amitié avec L.F. Céline, il habita quelques années en France où se situent son oeuvre Bid voor Camille Willocq (Prie pour Camille Willocq, 1947) et certaines parties de Bewolkt bestaan (Nébuleuse existence, 1948). Le second a composé une oeuvre abondante, encore inachevée, dont De stille plantage (La plantation tranquille, 1931) décrit la fuite de la famille huguenote De Morhang qui, après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, se réfugia aux Pays-Bas, afin de s'y embarquer pour le Surinam, où

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elle allait fonder une plantation de ‘paix et de justice’. Les deux auteurs s'inscrivirent d'abord dans l'actualité littéraire européenne, mais plus tard ils furent considérés comme les précurseurs d'un mouvement littéraire indigène.

Après ces deux précurseurs les plus importants, vinrent une série d'auteurs qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, allaient s'attacher à scruter et à approfondir leur propre société. Ce sont surtout des poèmes, mais aussi quelques romans de valeur qui furent publiés, dont certains dans des revues comme De Stoep (Le seuil, 1940-1951) et les Antilliaanse Cahiers (Les cahiers antillais, 1955-1967). Des multiples noms qui émergèrent à ce moment-là, je ne retiendrai que quelques-uns des plus importants à titre d'illustration. Les nombreux auteurs qui préférèrent exprimer leur identité à travers les langues senties comme ‘propres’ tels le sranan tongo et le papiamento, ne seront pas pris en considération ici.

Le théâtre connut un développement important dans les langues vernaculaires et était constitué d'oeuvres originales, mais plus souvent de traductions et d'adaptations de pièces de la littérature mondiale: Shakespeare, Molière, Shaw, Wilde et autres. En réalité, l'art dramatique est l'expression littéraire la plus démocratique et celle qui touche le plus grand public dans les langues populaires; le théâtre caraïbe en néerlandais n'a jamais vraiment décollé.

Les poètes R. Dobru (1935-1983)(7) et Shrinivâsi (o1926)(8) traduisirent surtout le sentiment national et la conscience d'appartenir à une même culture multiforme. Oda Blinder (1918-1969)(9) et Charles Corsen (o1927)(10) explorèrent leur for intérieur et leur position personnelle dans la société. Frank Martinus Arion exprima la situation de l'Antillais

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Oda Blinder (1918-1969) (Foto-archief Sticusa Amsterdam).




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Charles Sickman Corsen (o1927) (Foto-archief Sticusa Amsterdam).


dans le monde. Il débuta avec Stemmen uit Afrika (Voix africaines, 1957), oeuvre qui fut le seul écho néerlandais à la poésie française de la négritude qui vit le jour dans les années trente (cf. Cahier d'un retour au pays natal (1939) d'Aimé Césaire).
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Tip Marugg (o1923) (Foto-archief Sticusa Amsterdam).


Les auteurs blancs Tip Marugg (o1923)(11) et Boeli van Leeuwen (o1922)(12) traitèrent dans leurs romans de la situation de l'Antillais blanc qui jadis était le maître de maison, mais se trouve désormais dans une situation d'infériorité à l'égard de la majorité de couleur, tant par le nombre que par le statut. Les deux auteurs recherchent vainement l'intégration et leur échec fait que leurs personnages principaux sont très solitaires dans leur propre société.

Léon Henry Ferrier (o1940)(13), Bea Vianen (o1934)(14) et Frank Martinus Arion (o1936)(15) explorent la situation de l'homme caraïbe dans son propre pays et dans sa culture face à l'héritage colonial aliénant qui reste une source de problèmes même à l'époque actuelle à cause de la diversité des races et des cultures et de la si faible estime pour les valeurs propres. Les auteurs sont tous trois très critiques. Arion et Ferrier acceptent leur société tandis que Vianen la refuse catégoriquement.



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Frank Martinus Arion (o1936) (Foto-archief Sticusa Amsterdam).


Edgar Cairo (o1947)(16), Astrid Roemer (o1947)(17), Rabin Gangadin (o1956)(18) et Bea Vianen décrivent, dans le genre ‘roman de migrants’, la situation que l'homme caraïbe occupe vis-à-vis de la métropole en tant qu'immigré appartenant à une minorité dans une société européenne hostile. Pourtant, chaque auteur refuse le retour au pays d'origine. Déjà un peu plus âgés, René de Rooy (1917-1974)(19), Jules de Palm (o1922)(20) et Hugo Pos (o1913)(21) produisirent des oeuvres du genre mémoires dans lesquelles ils jettent un regard rétrospectif sur leur jeunesse et sur un épisode définitivement révolu de l'histoire de leur pays; leur vision est tour à tour amère et nostalgique.

Enfin, je pourrais nommer un grand nombre d'auteurs de second plan. Leur oeuvre est souvent assez limitée. Edward de Jongh (o1923) échappe à cette médiocrité par son roman sur les marginaux de Curaçao intitulé De boog (L'arc, 1981).

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En confrontant cet aperçu rapide à l'histoire littéraire des autres régions caraïbes, on retrouve grosso modo le même développement thématique. D'abord la littérature coloniale cadrait entièrement avec le développement européen; des figures intermédiaires apparaissent ensuite, appartenant aussi bien au monde européen qu'aux Caraïbes; enfin les auteurs modernes choisissent de plus en plus leur propre voie. Dans le quatrième chapitre de son oeuvre Les damnés de la terre (1961), Franz Fanon a évoqué, dans d'autres termes certes, le même cheminement pour caractériser l'ensemble de la littérature du tiers monde(22).

La littérature néerlando-caraïbe témoigne de la volonté de cerner avec de plus en plus d'acuité l'homme de la société caraïbe. Il s'ensuit que l'emploi de la langue européenne entre de plus en plus en conflit avec la problématique même qui ne correspond plus au développement littéraire de la métropole. Aussi l'auteur a-t-il du mal à capter l'attention de ses lecteurs potentiels qui se trouvent dans cette même métropole. Les auteurs néerlandocaraïbes sont dès lors confrontés à un défi de taille: créer, à partir des dilemmes entre les correspondances et les différences linguistiques et culturelles, des oeuvres qui non seulement satisfassent leur conscience d'auteur, mais réussissent aussi à toucher en même temps leur propre public très restreint aux Caraïbes et un public beaucoup plus large en Europe. Ils doivent faire entendre leur voix dans leur île et dans le vaste monde alentour.

 

WIM RUTGERS

Adresse: 32, Sabanilla Abao, Aruba.

Traduit du néerlandais par Jean-Pierre Roobrouck.

(1)
donald e. herdeck, Caribbean Writers. A bio-bibliographical-critical Encyclopedia (Auteurs caraïbes. Une encyclopédie critique bio-bibliographique), Washington, 1979, 943 p.
(2)
j.h. parry and philip sherlock, A Short History of the West Indies (Brève histoire des Indes occidentales), New York, 1956, 1976, 337 p.
(3)
wim rutgers, Dubbeltje lezen, stuivertje schrijven (Lire pour deux sous, écrire pour un sou), Oranjestad, La Haye, 1986, 248 p.
(4)
h. van cappelle, Mythen en sagen uit West-Indië (Mythes et légendes des Indes occidentales), Zutphen, 1926, 416 p.
(5)
Encyclopedie van Suriname (Encyclopédie du Surinam), Amsterdam-Bruxelles, 1977, 716 p.
(6)
Les oeuvres complètes paraissent chez Meulenhoff en sept tomes.
(7)
Boodschappen uit de zon (Messages en provenance du soleil), 1982.
(8)
Een weinig van het andere (Un peu de l'autre), 1984.
(9)
Verzamelde stilte (Recueil de silences), 1981.
(10)
Verzamelde gedichten (Poèmes; 1948-1961), 1977.
(11)
Weekendpelgrimage (Pèlerinage du weekend), 1957; In de straten van Tepalka (Dans les rues de Tepalka), 1967.
(12)
De rots der struikeling (La pierre d'achoppement), 1959; Een vreemdeling op aarde (Un étranger sur la terre), 1963; De eerste Adam (Le premier Adam), 1966; Een vader, een zoon (Un père, un fils), 1978; Schilden van leem (Boucliers d'argile), 1985.
(13)
Atman, 1968; El sisilobi of het basisonderzoek (El sisilobi ou la recherche fondamentale), 1969.
(14)
Sarnami, hai, 1969; Strafhok (Cachot), 1971; Ik eet, ik eet tot ik niet meer kan (Je mange, je mange à n'en plus pouvoir), 1972; Het paradijs van Oranje (Le paradis d'Orange), 1973; Geen onderdelen (Pas de pièces détachées), 1979.
(15)
Dubbelspel (Double jeu) 1973; Afscheid van de koningin (Adieu à la reine), 1975; Nobele wilden (Nobles sauvages), 1979.
(16)
A écrit un grand nombre de romans dont Famir'Man Sani/Kollektieve schuld (Famir'Man Sani/Faute collective), 1976; Djari/Erven (Djari/Hériter), 1978; Koewatra Djodjo/In de geest van mijn kultuur (Koewatra Djodo/Dans l'esprit de ma culture), 1979; Jeje disi/Karakters krachten (Jeje disi/Forces de caractère), 1980; Dat vuur der grote drama's (Ce feu des grands drames), 1982.
(17)
Over de gekte van een vrouw (De la folie d'une femme), 1979; Nergens ergens (Nulle part quelque part), 1983.
(18)
Landgenoten (Compatriotes), 1986.
(19)
Verworpen vaderland (Patrie répudiée), 1979.
(20)
Antiya, 1981; Kinderen van de fraters (Enfants des frères des écoles chrétiennes), 1986.
(21)
Het doosje van Toeti (La petite boîte de Toeti), 1985; Oost en West en Nederland (L'est et l'Ouest et les Pays-Bas), 1986.
(22)
Voir aussi Maryse Condé, Tim Tim Bois Sec, Haarlem, 1980, 158 p. (Traduction néerlandaise); beverly ormerod, An Introduction to the French Caribbean Novel (Introduction au roman caraïbe français), Londres, Kingston, Port of Spain, 1985, 149 p.

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Over dit hoofdstuk/artikel

Wim Rutgers

over Cola Debrot

over Oda Blinder

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over Charles Corsen

over Tip Marugg

over Frank Martinus Arion


Jean-Pierre Roobrouck


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