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Architecture
Henry van de Velde redécouvert
Henry van de Velde (1867-1957) est reconnu au plan international comme un pionnier du modernisme. Une épitaphe élogieuse qui, cependant, dissimule prudemment son absence dans les anthologies des théories artistiques, du ‘design industriel’ et de l'architecture des xixe et xxe siècles. Van de Velde a été pourtant très présent dans ces domaines de 1890 à 1940 et au-delà. Il a publié des critiques et en 1894, Déblaiement d'art dans lesquels, suivant en cela le mouvement anglais Arts and Crafts, il défendait la revalorisation du métier d'artiste comme seule voie de création d'un style contemporain et universel qui comblerait le fossé social entre l'avant-garde esthétique et les masses populaires. Il continuera à défendre cette conception comme fondateur de la Kunstgewerbeschule à Weimar (1908), comme professeur à l'université de Gand (1925) et comme directeur-fondateur de l'Institut Supérieur des Arts Décoratifs à Ter Kameren près de Bruxelles (1926).
Parmi ses réalisations architecturales les plus prestigieuses, je citerai la villa
Bloemenwerf à Uccle-Bruxelles (1895), l'agencement du Folkwang-Museum à Hagen (1902), l'ancien théâtre du Werbund à Cologne (1914), la bibliothèque de l'université de Gand et le musée Kröller-Müller à Otterlo (1936 et 1937). Ce sont surtout ses esquisses typographiques et ses meubles qui connaissent un grand regain d'intérêt
La villa ‘Bloemenwerf’, construite en 1895.
depuis la réhabilitation de l'Art Nouveau.
S'agit-il ici de ses toutes premières contributions à l'art moderne? Van de Velde est toujours resté un intellectuel d'envergure et un artiste dont la capacité d'assimilation s'est révélée très souple. Toutefois, on a rarement osé encore mettre en lumière un aspect particulier de ses activités. L'exposition au Musée Royal des beaux-arts à Anvers (du 13 décembre 1987 au 14 février 1988), reprise ensuite par le Musée Kröller-Müller à Otterlo (du 12 mars au 1er mai 1988), pourrait bien être un coup d'audace. Toute l'attention y est centrée sur Van de Velde. L'historienne d'art américaine, Susan Canning, a rassemblé environ cent vingt peintures, gouaches et dessins réalisés par Van de Velde entre 1883 et 1895. Il ne s'agit pas vraiment de ses années oubliées mais bien de son oeuvre moins connue de sa période anversoise. De 1882 à 1884, il est l'élève de Charles Verlat à l'Académie d'Anvers. Avec en poche les recommandations du célèbre compositeur et ami de la famille Peter Benoit, il part ensuite pour Paris. Il travaille dans l'atelier du portraitiste mondain Carolus Duran. Dans les peintures rurales de Jean-François Millet, il reconnaît une préoccupation sociale constante. En 1885, il rejoint un groupe de peintres qui trouvent dans la lande de Wechelderzande un Barbizon anversois. Il admire toute sa vie Heymans et opte résolument pour sa peinture de plein air chargée d'émotion. Le jeune artiste encore membre du groupe anversois Als Ick Kan est introduit dans le célèbre groupe d'avant-garde bruxellois Les XX. Plus tard, Van