Van Gogh et le Brabant
Inaugurant ainsi sa remise à neuf, le Noordbrabants Museum (Musée du Brabant septentrional), établi dans la ville néerlandaise de Bois-le-Duc a présenté, sous le titre de Van Gogh en Brabant (Van Gogh et le Brabant), une exposition des tableaux et des dessins d'Etten et Nuenen.
Vincent van Gogh s'était lancé dans le commerce d'art à Londres et à Paris: l'aventure fut un fiasco. Il n'acheva pas les études de théologie qu'il avait entreprises en 1877 et décida de devenir pasteur dans le Borinage, où il partagea l'existence misérable des mineurs. Mais il ne tarda pas à s'apercevoir que ce n'était pas non plus la voie qu'il voulait suivre.
Au début des années quatrevingt, Vincent van Gogh décida de se faire peintre: la peinture lui permettrait également de donner quelque chose aux hommes. Il ne peindrait pas seulement des fermiers, mais tous les gens du peuple: une peinture de l'âme, car l'art, selon Van Gogh, devait parler à l'âme, avant même que le peintre se fût saisi de son pinceau.
Van Gogh, après avoir vagabondé en France, en Angleterre et en Belgique, revint aux Pays-Bas, au presbytère de son père à Etten. Il suivit un certain temps les cours d'Anton Mauve à La Haye. Mais il ne tarda pas à se brouiller avec son professeur, et, après un bref séjour en Drenthe, il revint au presbytère de son père, à Nuenen cette fois.
Ces années brabançonnes, appelées pour plus de commodité la période hollandaise de Van Gogh et situées de 1881 à son départ de Nuenen pour Anvers en 1885, furent les années d'apprentissage de Van Gogh. Au cours de ces années brabanconnes, Van Gogh devint le peintre par excellence du monde paysan, le peintre des Mangeurs de pommes de terre et d'une quantité de semeurs et d'hommes à la bêche.
Les coryphées de la peinture paysanne étaient Jean-François Millet et Jules Breton, mais aussi Anton Mauve. ‘Millet a un évangile’,
Vincent van Gogh, ‘Paysanne assise’.
disait Van Gogh, qui comparait un tableau de Millet à un sermon où l'art l'emportait sur la religion. Dans la deuxième moitié du
xixe siècle, le pays ne cessa pas de se dépeupler. Les facteurs socio-économiques de l'industrialisation croissante inspiraient la nostalgie: le monde des aïeux était en train de disparaître. C'est précisément au cours de cette période que naquit le genre paysan, la peinture rustique. Pour Van Gogh l'intérêt pour le monde rural allait de pair avec l'intérêt pour la religion. Impressionné par la beauté des tisserands et des fermiers et de leur attachement à la terre, il pratiquait une peinture teintée de pastorat. Mais son oeuvre révèle que l'ambition de devenir peintre de genre l'emportait largement sur l'envie de devenir un prédicateur soucieux de social.
‘Le Brabant c'est quand même le Brabant, et la patrie quand même la patrie’, écrivait Van Gogh, alors instituteur auxiliaire en Angleterre, dans une lettre à son frère Theo. Il trouvait la vie de paysan ‘indescriptiblement belle’. Retourné en Brabant, il s'exerça au dessin, copiant souvent Millet parce qu'il voulait devenir illustrateur, travaillant