il obtint, à l'université d'Etat de Gand, une licence en sciences psychologiques et pédagogiques (1968), de même qu'une licence d'histoire de l'art et de musicologie (1970). D'abord professeur de flûte au conservatoire communal de Bruges durant une quinzaine d'années, il est, depuis 1972, professeur de flûte à bec, de flûte traversière et de musique de chambre au Lemmensinstituut à Louvain. Il y enseigne également la psychologie de la musique et s'y est vu confier aussi les fonctions de coordonnateur pédagogique. Depuis 1981, il est également professeur de flûte à bec au conservatoire de Gand. A signaler aussi qu'il fut pendant quelque temps maître de conférences dans les sections pédagogiques des conservatoires de Gand et de Bruxelles.
Comme flûtiste, Patrick Peire a joué dans plusieurs ensembles (parmi lesquels on pourrait citer le Collegium Aureum). A l'heure actuelle, il est toujours actif au sein du Telemann Barokensemble dont il fut lui-même le fondateur. En sa qualité de musicologue, il publia des articles dans diverses revues et établit la partition de plusieurs oeuvres telles que la Brockes-Passion de Telemann et le Requiem de Campra.
Mais, ces dernières années, c'est surtout à ses activités de chef d'orchestre que Patrick Peire doit sa notoriété auprès des mélomanes. En 1970 il fonda le
Collegium Instrumentale Brugense, petite formation qui se proposait de se consacrer surtout à la musique baroque ancienne. En 1971 fut créée, sous la direction de Geert Claeys, la chorale
Westvlaams Vocaal Ensemble (Ensemble vocal de Flandre occidentale) et, dès cette même année, on put assister à un concert de Noël réalisé en collaboration par les deux formations. Voyant presque immédiatement leurs prestations - tant communes que dissociées - couronnées de succès, les deux ensembles devaient dans la suite accroître petit à petit leurs effectifs, s'offrant par là les moyens d'aborder un répertoire plus
Patrick Peire (photo Jef Coudenys, Veldegem).
vaste. En 1972, ils se produisirent ensemble au Festival de Flandre et enregistrèrent la même année un concert à la BRT (
Belgische Radio en Televisie - la télévision flamande). En 1974, on les rencontre pour la première fois à l'étranger, plus précisément à Oostburg (aux Pays-Bas) pour l'exécution du
Messie de Händel. Ils se rendent ensuite à Paris pour y participer au Festival Estival (1975), puis au grand-duché de Luxembourg (1976), à Cologne (1977), et en Bulgarie (1977). Entretemps, Patrick Peire avait également pris la direction du
Westvlaams Vocaal Ensemble, ce qui allait permettre une collaboration encore plus homogène sur le plan stylistique.
Au terme de quinze ans d'activités, la liste des concerts prestigieux donnés par le seul Collegium Instrumentale Brugense et par les deux groupes jumelés, se révèle d'une ampleur impressionnante. Elle comprend, entre autres, des tournées dans plusieurs pays européens, des enregistrements réalisés dans les studios d'un grand nombre de stations de radio ou de télévision, tant à l'étranger qu'en Belgique, des commandes officielles (émanant entre autres de la C.E.E.), des enregistrements de disques (pour les maisons Erato, DGG, Eufoda, EMI).
Il va sans dire que cette longue série de succès est due pour l'essentiel au dynamisme de Patrick Peire, incarnant à la perfection la compétence, l'ardeur au travail et l'autorité intellectuelle. Sous sa direction, le choeur et l'orchestre se sont spécialisés dans la musique des xviie et xviiie siècles, ayant réussi à élaborer pour cela une palette sonore entièrement originale. Patrick Peire résume ainsi ses idées de base en la matière: ‘La façon dont on aborde la musique ancienne est plus importante que le choix des instruments. Se familiariser avec la vision esthétique de l'époque, y associer l'étude de la notation et de la pratique musicales d'alors, voilà un mode d'approche parfaitement valable, croyons-nous, si l'on cherche à comprendre une oeuvre d'art dans toutes ses dimensions.’ Pour ce qui est de la musique vocalo-instrumentale, il attache une importance capitale au rapport texte/musique. La prosodie, la symbolique du texte, la façon dont celles-ci ont été ressenties par le compositeur, ce sont précisément ces éléments-là qui doivent fournir au chef d'orchestre sa principale source d'inspiration. Sur le plan musical, ces mêmes éléments contiennent en germe certains moyens techniques (modulations, rythmique, chromatique) auxquels, durant des siècles, la musique n'a cessé de recourir pour exprimer toutes sortes de sentiments ou d'états d'âme. Transmettre aux auditeurs cette rhétorique musicale dans le respect total de l'oeuvre et de son style, voilà ce qui, aux yeux de Patrick Peire, constitue - beaucoup plus que le recours obligatoire aux instruments d'époque - la condition sine qua non de
l'interprétation ‘authentique’, si souvent l'objet des controverses que l'on sait. Toutefois, si les instruments sont modernes, on n'en continue pas moins d'appliquer les techniques de jeu en usage au xviiie siècle, ce qui signifie, par exemple, que les instruments à cordes renoncent au vibrato et aux positions aiguës génératrices de pulsions rythmiques. Cette spécialisation est devenue en quel-