pas transformés en parias de la société, parce que le public était bien instruit des risques.
L'étranger appréciait qu'on fournît des seringues propres aux drogués, principaux propagateurs potentiels du virus, afin de réduire le danger de contagion mutuelle. C'est à l'hôpital AMC d'Amsterdam qu'on avait jeté les bases de cette politique d'information et des représentants d'organisations d'homosexuels y avaient pris une part active. Ces associations craignaient en effet que les homosexuels n'encourent les foudres du public et elles sont effectivement parvenues à éviter cette mise au pilori. Le Gezondheidsraad (Conseil Sanitaire) néerlandais, organisme officiel chargé de donner des avis en matière médicale, déconseillait et déconseille toujours le dépistage obligatoire. Il continue à viser une information la plus claire possible. Du point de vue épidémiologique, le sida est très différent de la tuberculose par exemple, qui présente des risques de contagion bien supérieurs. En outre, à en croire le Conseil, l'isolement des patients et des séropositifs n'entraînerait que des effets négatifs.
Pourtant, voici que le ver du doute s'installe, surtout chez les personnes concernées professionnellement par des séropositifs. C'est pourquoi on a lancé au printemps une nouvelle campagne d'information destinée à ceux que leur métier amène à côtoyer des séropositifs ou des malades du sida. Mais cela n'empêche que les médecins réclament de plus en plus à cor et à cri un dépistage obligatoire. Naguère ce genre de propos était plus ou moins tabou. Dorénavant, les tenants de l'information réaliste qui faisaient la une dans les médias commencent à s'aviser qu'ils perdent du terrain. On les accuse de mener la politique de l'autruche. Parmi ceux qui clament avec le plus de force ce genre de reproche, se distingue tout particulièrement le professeur B. Smalhout, réputé grand pourfendeur de chapelles et de cénacles. Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. ‘Les séropositifs qui transgressent les règles en matière de relations sexuelles doivent être saisis au collet. La société doit être protégée contre un comportement aussi dangereux’, proclame Smalhout qui souligne que c'est ainsi qu'on a toujours agi par le passé.
En attendant, il s'avère que bien des médecins testent leurs patients pour se prémunir contre les risques encourus lors d'opérations. Ce faisant, ils passent outre aux recommandations du Conseil Sanitaire. Cette même institution a proposé récemment au gouvernement d'introduire un dépistage chez les nouveau-nés et les appelés du contingent afin de pouvoir établir le degré de diffusion du virus du sida. Le gouvernement a rejeté cette suggestion, par la voix de Monsieur Dees, secrétaire d'Etat à la santé, mais on se demande de plus en plus nettement combien de temps encore on pourra échapper à ce genre de mesures.
Paul van Velthoven
(Tr. J. Fermaut).