La fondation Ecrivains/Ecole/Société
Au printemps de 1988, pour son inlassable souci d'amener la jeune génération à lire (ou à continuer à le faire) la Stichting Schrijvers School Samenleving (fondation Ecrivains/Ecole/Société) s'est vu attribuer le Prix J.H. Gottmer. La fondation, qui existe depuis quinze ans, peut être considérée comme un ‘courtier littéraire’ qui sert d'intermédiaire entre les écrivains d'une part et les écoles, bibliothèques, institutions littéraires et ‘cafés littéraires’ (devenus très populaires ces dernières années) d'autre part. Les écrivains sont de plus en plus souvent invités à se produire en public. En 1987, la fondation a envoyé 379 écrivains faire oeuvre de ‘conversion’: à eux tous, ils meublèrent cent quarante-quatre semaines, donnant des conférences ou animant des ‘ateliers d'écriture’ ou autres projets ‘lecture et écriture’. Cela représentait grosso modo trois mille heures de travail de plus qu'en 1981, et mille de plus qu'en 1986. Cette croissance explosive entraîna des soucis financiers pour la fondation. Le bureau qui reçoit tous les ans quelque 700.000 florins (soit 12.600.000 francs belges ou 2.100.000 francs français) de subventions du Ministère du Bien-être, de la Santé publique et de la Culture, fut forcé en 1988 de réduire de moitié le complément d'honoraires des auteurs; dorénavant, c'est au demandeur de supporter la majeure partie des frais du passage de l'auteur à l'école, à la bibliothèque ou dans la société. Margreet Ruardi (o1951), directrice de la fondation depuis huit ans, fait de la promotion de la lecture
auprès des jeunes gens le centre de gravité de sa politique. Les chiffres les plus récents fournis par le Sociaal en Cultureel Planbureau (Bureau de planification sociale et culturelle) lui inspirent bien du souci quant à la tâche qui incombe à son bureau: sur l'ensemble de la consommation médiatique des jeunes, le temps consacré à la lecture a baissé en dix ans de 37 à 21%. Les écrivains - gens par nature timides - réussiront-ils, au moyen de déclamations devant des troupeaux de potaches amenés et entassés dans des salles de gymnastique, à convaincre la jeune génération que la lecture est aussi délectable que l'audition de musique ou le spectacle de la télévision? C'est évidemment toute la question. Mais la directrice ne perd rien de son optimisme: ‘De toute évidence, un fil ininterrompu court des troubadours à cette fondation’.
Diny Schouten
(Tr. J. Fermaut)