Le Palais de la Paix a 75 ans
Il y a 75 ans, en 1913, avait lieu l'estivale inauguration à La Haye du Palais de la Paix. La vedette de la cérémonie, qui durerait plusieurs jours et à laquelle assisteraient des centaines de diplomates, de militaires, de politiciens et de savants, était Andrew Carnegie. Ce multimillionnaire américain, réputé être l'homme le plus riche du monde au tournant du siècle, avait voulu construire avec l'édifice susnommé, dont le coût avait été estimé à un million et demi de dollars, un symbole de ce qu'il considérait être ‘la volonté universelle de paix’. Hélas, un an plus tard, le camouflet! 1914: la première guerre mondiale éclatait.
L'idée de l'institution d'un ‘Palais de la Paix’ apparaît pour la première fois au cours de la ‘Conférence de la paix’ organisée à La Haye en 1899; il s'agit d'une suggestion du tzar russe Nicolas II, typique du xixe siècle. (A cette époque, l'arbitrage était considéré comme étant la formule magique de la paix). A l'occasion de ladite Conférence, les 26 pays-participants discutent du rêve de l'instauration d'un centre international pour la justice et la paix, apte à régler des différends internationaux de manière pacifique. Après quelques hésitations, ces personnes optent pour l'institution d'une ‘Cour Permanente d'Arbitrage’ au Prinsengracht de La Haye.
Seulement, le bâtiment est assez exigu, peu commode et peu prestigieux. Grâce à l'idéalisme (et l'argent!) de l'industriel et humaniste américain Andrew Carnegie, on crée en 1904 une ‘Fondation Carnegie’, on met au concours la construction d'un nouveau
Palais de la Paix. Le Français L.M. Cordonnier sera l'heureux élu. Les travaux sont
Le Palais de la Paix à La Haye.
achevés en 1913 et les pays représentés envoient leurs contributions à la décoration.
En 1922, soit 4 ans après la fin de la première guerre mondiale, la ‘Cour Permanente d'Arbitrage’ doit céder plusieurs de ses bureaux à la ‘Cour permanente de Justice Internationale’, en raison de la prépondérance de cette dernière.
La ‘Cour permanente de Justice Internationale’ deviendra plus tard la ‘Cour de Justice Internationale’, telle qu'on la connaît de nos jours. Pendant plus d'un demi-siècle, celle-ci réglera des conflits aussi divers que des requêtes d'indemnisation contradictoires, des infractions aux conventions et des différends frontaliers. Actuellement, les pays en voie de développement font de plus en plus appel à la ‘Cour de Justice Internationale’. Sans être garant de la paix universelle, comme le rêvait Andrew Carnegie, le ‘Palais de la Paix’ rend de sérieux services sur le plan du droit international. Et ce n'est pas son moindre mérite.
Barbara De Coninck