de pouvoir autrement importants, et elle fut enfin domptée par Charles Quint qui punit sévèrement sa ville natale après une révolte en 1540. Ses dirigeants, la corde au cou, furent obligés de demander pardon à l'empereur. C'est la raison pour laquelle les Gantois sont, aujourd'hui encore, appelés ‘stroppendragers’ (ceux qui portent la corde au cou).
Le règne de Jacques van Artevelde est la période la plus célèbre de l'histoire de Gand. Du fait de la guerre entre la France et l'Angleterre, la ville se trouvait dans une situation difficile. Le comté de Flandre, dont Gand faisait partie, était un fief de la couronne française et le comte de Flandre devait donc obéissance au roi de France, mais par ailleurs la production textile flamande, et surtout gantoise, dépendait des importations de laine anglaise. En 1337, Gand, sous la direction de Jacques van Artevelde, se rallia au camp anglais. En 1340, le roi d'Angleterre fut même reçu en roi de France sur le marché du Vendredi à Gand. Mais, en 1345, Artevelde fut victime des luttes internes entre tisserands et fouleurs. Ces conflits violents ainsi que la rupture de la solidarité avec les villes de Bruges et Ypres, renforça la position du comte. Néanmoins durant un certain nombre d'années, le comté de Flandre vécut en fait éclaté en trois cités libres qui ne concédaient au comte qu'un pouvoir symbolique. Gand joua également un rôle de premier plan dans la révolte protestante contre l'Espagne. En 1577, un coup d'État eut lieu, instaurant une direction calviniste qui dura sept ans, jusqu'à ce qu'en 1584 Farnèse vînt y mettre fin. Mais même durant cette période, Gand gardait sa liberté de manoeuvre. Guillaume d'Orange ne réussit jamais à convaincre la ville de soutenir la politique des états généraux.
Le patrimoine artistique de la ville a beaucoup souffert des conflits religieux. Au cours de la révolte iconoclaste (1566) surtout, nombre d'oeuvres d'art furent détruites, notamment deux panneaux de Hugo van der Goes, le seul des Primitifs Flamands à être né et avoir grandi à Gand. Le célèbre Lam Gods (Agneau mystique) des frères Van Eyck fut sauvé parce qu'on put le cacher à temps dans la tour de la cathédrale Saint-Bavon.
L'histoire de Gand est étroitement liée à celle de l'industrie textile. Au xiiie siècle, la ville devint un des principaux centres industriels d'Europe. A la suite de l'émigration, estimée à plus de dix mille artisans, après la chute de la république calviniste, la ville connut une importante récession au xviie siècle. Mais dès le xviiie siècle, Gand évolua de nouveau du statut de petite ville de province à celui de ville industrielle de niveau européen. Malgré les temps troublés et les profonds changements sociaux, Gand connut, dès la période française (1794-1814), un développement industriel considérable. Lievin Bauwens (1769-1822) importa en contrebande d'Angleterre, avec l'aide du gouvernement français, un certain nombre de machines nouvelles pour filer, tisser et imprimer le coton. En 1798 il commença luimême à produire à l'aide de ces machines dans l'ancien Couvent des Bonhommes à Passy près de Paris, et en 1800, il créa sa propre entreprise à Gand. Ce fut pour la ville le début de la révolution industrielle. La même année Bau-