Hugo Claus (o1929) lors de l'enregistrement de ‘Het Sacrament’.
temps et d'action. Tout se joue dans le presbytère du curé Heylen, surnommé Deedee. Une fois par an, les membres de la famille s'y réunissent pour commémorer la mort de leur mère par une messe, une visite au cimetière et un repas bourguignon. Le cinéaste introduit ses personnages de façon concise et précise, grâce notamment à sa maîtrise talentueuse du dialogue. Dans l'aprèsmidi et le début de la soirée ‘l'agréable’ réunion familiale dégénère. Pour chasser l'ennui, tous sont invités à prendre part aux charades. La boisson libère les tensions cachées entre les membres de la famille. Le conflit se cristallise autour de Claude, le fils instable d'Albert. L'admiration de celui-ci pour le curé, tout comme celle de Natalie, la ménagère, est sans bornes. Par contre, Claude, qui se sent déjà rejeté à cause de ses penchants homosexuels, ne trouve pas la moindre affection auprès de Deedee. A l'aide de sa foi, Deedee s'est blindé contre ‘la vie’. Chacun des autres membres de la famille a, lui aussi, d'une façon ou d'une autre, masqué ses frustrations et ses angoisses. Comme cela se passe dans chaque clan familial, on exclut celui qui n'en fait pas vraiment partie. En l'occurence, l'étranger parmi le groupe est le Bruxellois Gigi (interprété par Marc Didden, metteur en scène notamment de
Brussels by Night - Bruxelles la Nuit). En fin de compte Deedee se décharge de son impuissance et de sa culpabilité sur celle qui lui est la plus proche: Natalie.
En tant que régisseur, Claus amène ses acteurs, qui sont bien choisis, à évoquer d'authentiques types flamands des années 50. Grâce à la théâtralité de la construction, à la mise en scène et à la photographie de Gilberto Avezedo, qui collabora également à Vrijdag (Vendredi, 1980), un autre film de Claus, il réussit à donner une dimension intemporelle et symbolique au caractère réaliste du drame familial.
Si la production cinématographique européenne a une fonction propre, c'est-à-dire si elle veut conserver son caractère particulier, il lui sera nécessaire de réaliser des films que le cinéma américain est incapable de produire, malgré ses budgets bien supérieurs. Avec Het Sacrament, Hugo Claus, poète, romancier, dramaturge, peintre et cinéaste, n'a pas seulement confirmé son talent à multiples facettes, mais aussi la valeur de la production cinématographique flamande. Reste à voir si sa production à petit budget bénéficiera de moyens de promotion suffisants pour s'imposer au niveau de la consommation médiatique internationale.
Wim de Poorter
(Tr. Fl. Corbex-Buvens)