Olivier Messiaen (o1908).
entend une musique ou lit une partition, il voit intérieurement des couleurs (avec l'oeil de l'esprit) qui bougent au son de la musique.
Les couleurs jouent ensuite un rôle important dans Couleurs de la cité céleste de 1963, sa première grande oeuvre religieuse en vingt ans, et soudain sa créativité se déchaîne: toute une série d'oeuvres comparables grandioses, qui ne sont d'ailleurs pas des musiques liturgiques, mais dont le sujet est toujours le mystère et le mysticisme.
La ville d'en haut est comme une sorte de finale en condensé de cette série, particulièrement instructive dans sa structure en chaîne de blocs complets et bien délimités, et mises à part les parties pleines de fantaisie pour piano et xylophone, d'une magnificence résolument statique, avec un développement majestueux, fastueux et puissant, - un rituel fascinant.
On remarque comme la combinaison de trombones et de xylophones semble propre à Messiaen alors qu'à l'origine elle n'est pas du compositeur lui-même, et se trouve être une idée très réussie de Heinrich Strobel, le commanditaire du festival de Donaueschingen. Dans un premier temps, Messiaen avait été peu inspiré par cette combinaison d'un trio double de trombones et de xylophones, mais en fin de compte, il considéra que les trombones convenaient pour évoquer une sonorité apocalyptique et que les xylophones semblaient tout à fait qualifiés pour faire parler les oiseaux. Dukas, son professeur, avait déjà attiré son attention sur les oiseaux: ‘Ce sont de grands professeurs!’ et à partir de 1935, Messiaen applique son ‘style oiseau’ dans La Nativité du Seigneur: ‘Malgré ma profonde admiration pour la musique populaire, je pense que dans aucune musique humaine, aussi inspirée soit-elle, on ne peut trouver de mélodies et de rythmes d'une liberté aussi souveraine que dans le chant des oiseaux’. ■
Ernst Vermeulen
(Tr. W. van den Brul)