Un musée d'art spontané à Bruxelles
A Bruxelles, le long du grand axe qui mène du jardin botanique à la Basilique nationale de Koekelberg, les immeubles à bureaux post-modernes côtoient presque les maisons de maître du début du
xxe siècle, mélancoliques et négligées. Dans une de ces gloires passées, un nouveau musée a été installé récemment. On a utilisé l'infrastructure existante d'une ancienne imprimerie - un vaste atelier avec une galerie - pour y abriter aussi bien la collection permanente que pour y aménager un espace destiné aux expositions temporaires. Le musée est entièrement consacré à l'art naïf et a été baptisé ‘Musée d'art spontané’. Ce musée privé, une asbl, a vu le jour grâce à des moyens limités, beaucoup d'enthousiasme et de travail bénévole, malgré un très grand nombre de difficultés. L'aventure démarra en 1962 à l'initiative de Madame Mimi de Néeff qui, dans une période difficile, était entrée en contact, d'une manière inattendue, avec un peintre naïf, Pierre Lefèvre, dont l'oeuvre témoignait d'un bouleversement palpable. Madame De Néeff nota à ce propos que son oeuvre émouvante, naïve, agressive et parfois ambiguë suscitait non seulement son admiration sincère, mais aussi un sentiment de confusion. Confrontée à tant de simplicité naturelle, elle décida d'aider ce peintre à se faire connaître d'un public plus large. Elle organisa pour lui des expositions dans toutes sortes de centres culturels et de galeries et attira
Marie-Christine Huybrechs, ‘Smulpartij en gastronomie’ (Ripaille et gastronomie), 1981, Musée d'art spontané, Bruxelles.
progressivement aussi d'autres peintres naïfs. Ainsi naquit l'asbl Maison des arts spontanés et naïfs qui trouva un abri dans la Maison des notaires à Bruxelles, où des expositons permanentes étaient organisées. Ensuite se développa l'idée de fonder un musée d'art spontané. La ‘Maison des notaires’ fut échangée contre la ‘Médiatine’ dans une commune de la banlieue bruxelloise, Woluwe-Saint-Lambert, où l'idée d'un musée mûrissait.
Entre-temps, la collection permanente s'était accrue d'achats et de dons et l'initiative était également soutenue par les artistes et la presse. Lorsque l'immeuble du boulevard Léopold II fut disponible, le chemin était ouvert pour un vrai musée. Promouvoir toutes les formes d'art spontané et naïf en essayant de donner aux artistes qui ne se sentent pas à l'aise dans le milieu artistique ordinaire la possibilité de déployer leur talent créateur tout en permettant au grand public d'être sensible aux formes non académiques propres à l'art improvisé, tel est le but de ce musée qui n'est donc pas seulement un espace abritant une collection permanente mais aussi une institution d'accueil