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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[II]

- Je te ferai poser, une séance, si tu peux rester debout, pendant trois heures au moins, pour une draperie, sans prendre de repos.

- Certes je le puis: je le veux et le ferai.

- Alors déshabille-toi, nous commencerons tout de suite.

Le peintre épingla la draperie sur moi, en m'emmitouflant la tête dans un coin de l'étoffe, formant capuchon. Je pris la pose, debout, le bras gauche sur le dossier d'un fauteuil, le bras droit ramené devant la poitrine avec la main sur le poignet gauche, la tête fortement tournée au-dessus de l'épaule droite. Il prit sa palette, tourna quelques instants autour de moi, et se mit à peindre fièvreusement.

- Surtout ne bouge pas la tête, l'étoffe fait un pli superbe sur la nuque.

J'eus bientôt un torticolis, qui me causait des

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[p. 7]

tiraillements dans toute la tête. Au bout d'une heure, il me dit:

- Mais tu poses admirablement, petite... Il n'y a que les femmes nerveuses pour avoir de l'énergie; plusieurs modèles m'ont mis dans l'embarras avec cette étude, et j'en ai besoin pour mon grand tableau.

- Vous avez remarqué que je suis nerveuse?

- C'est pas long à voir: tes yeux, malgré leur couleur claire, sont inquiets, et tes mains doivent se fermer comme des étaux, quand tu ne veux pas les ouvrir.

J'étais debout depuis deux heures et demie, et j'avais la sensation d'être enfoncée en terre, quand la servante vint dire quelque chose à l'oreille du peintre.

- Saperlotte, quel ennui! je dois achever cette draperie. Si je m'interromps, je ne pourrai retrouver les plis.

- Est-ce pour moi que vous craignez? je ne bougerai pas avant midi, je vous l'ai promis.

- C'est une dame qui veut faire peindre le portrait de sa fille, avant son mariage: elles sont là avec le fiancé. Saperlotte! ma draperie...

- Je ne bougerai pas.

- Alors, faites entrer.

Une dame mûre entra, suivie d'une jeune fille

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[p. 8]

boulotte. Je ne pouvais voir le jeune homme, à cause de ma tête figée de côté. Elles avancèrent et, sans me saluer, me regardèrent de haut en bas. Mon bras et ma jambe nus, sortant de la draperie, attiraient spécialement leur attention. Les dames s'étant reculées un peu, le fiancé s'avança: je pus le voir d'un oeil, et je reconnus Albert: c'était le fils d'un général, je l'avais aimé et l'aimais encore. Mon oeil se riva sur sa figure épouvantée, mais je ne bougeai.

 

Un soir, j'avais rencontré un tout jeune étudiant qui m'avait invitée à aller à la campagne avec lui le lendemain. En descendant du train un autre jeune homme nous attendait: blond, long et mince, avec une figure exquise aux cils dorés recourbés, et une peau très fraîche; ses manières étaient déférentes avec moi, sa voix claire et douce: il parlait le flamand littéraire, nous pûmes donc causer: celui qui m'avait amenée ne parlait que le français, que je commençais à peine à baragouiner. A mesure que nous causions, le jeune homme blond s'étonnait de tout ce que j'avais lu; il l'expliquait à l'autre qui se renfrognait de plus en plus.

Après, il m'avait écrit, et c'est avec lui que désormais je faisais des excursions à la campagne. C'était en hiver: j'étais ordinairement

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à jeun, le dos et les pieds trempés, l'eau déferlant de mon chapeau et de mes jupes, sentant piteusement le chien mouillé quand j'arrivais après une bonne heure de marche, essoufflée, à la gare.

Je le voyais toujours de loin, le cou tendu vers la rue d'où je devais venir. Nous montions en seconde et descendions dans la forêt de Soignes. Alors nous nous enfoncions dans les fourrés.

Je ne lui demandais jamais d'argent, quoique l'autre lui eût dit que je cherchais des hommes dans la rue; mais après, il me conduisait dans une guinguette, où il me régalait de deux petits pains au jambon et d'un verre de bière. Ah! ce verre de bière à jeun!... il me torturait pour le restant du jour.

Je voyais qu'il devinait que c'était mon premier repas; il sentait aussi que je l'aimais; mais les regards qu'il coulait vers moi au travers de ses longs cils me restaient énigmatiques.

En rentrant en ville, il s'esquivait toujours très vite.

Brusquement il ne m'invita plus. Je rencontrai un soir l'étudiant qui m'avait emmenée la première fois.

- Vous avez donné une chaude-pisse à Albert.

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[p. 10]

Et il se mit à rire.

J'ignorais ce que c'était, mais depuis un temps je me sentais malade... Et voilà qu'il était près de moi avec sa fiancée, et moi à moitié nue, exposée à leur inquisition, en une pose ankylosée, et ne le voyant que d'un oeil.

- Regarde donc, Bebert, disait la jeune fille à son fiancé, en montrant la peau de mes bras.

La mère murmura:

- Ce sont des peaux mal lavées qui ont ces grains...

Maintenant, je pouvais le voir de mes deux yeux. Son regard ombré me suppliait. Ils s'éloignèrent pour regarder des tableaux.

Je me sentais ridicule, vile, piteuse, et lui que devait-il penser en me revoyant? Quelle haine et quel dégoût il devait ressentir pour moi qui l'avais rendu malade, qui étais là dans une attitude grotesque que je ne pouvais quitter!... Mes larmes coulèrent, sans que je pusse les cacher, et roulèrent de mes joues sur mon épaule en rebondissant sur la draperie.

‘... Il doit cependant me savoir gré de faire semblant de rien...’

La mère vit mes larmes.

- Elle a peut-être entendu ce que tu as dit de sa peau...

- Crois-tu qu'elle sente cela?

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Ils étaient maintenant derrière moi: je les entendais, mais ne pouvais les voir. Ah! si je voulais cependant lui abattre son bonheur, et lui hurler que ma peau ne l'avait pas dégouté, que dans les fourrés il s'était vautré sur moi, que je l'avais contaminé, et qu'elle en connaîtrait peut-être les suites... Mais je ne bronchai pas, les yeux obscurcis de pleurs.

Ils quittèrent l'atelier sans me regarder.

- Brave petite fille, disait le peintre, ils t'ont suppliciée, ces bourgeois, en parlant de ta peau... Si tu pouvais prendre des bains et te bichonner comme elles, ta peau de blonde serait du satin...

Il reprit sa palette et brossa pendant une demi-heure.

- Voilà, mon enfant, tes cent sous... Attends, je vais t'aider à mettre ta tête droite, et dégourdis un peu tes petites quilles... Tu as me - veilleusement posé: veux-tu poser pour le portrait de cette petite bourgeoise?... Ils ont beau te mépriser, ce seront cependant tes épaules, tes bras et tes mains, que son mari admirera jusqu'à la fin de sa vie dans le portrait de sa fiancée: si je lui collais sa charcuterie à elle, il en aurait honte...


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