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Keetje (1919)

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Genre

proza

Subgenre

roman


© zie Auteursrecht en gebruiksvoorwaarden.

Keetje

(1919)–Neel Doff–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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[pagina 72]
[p. 72]

[XVII]

Les foules m'ont toujours inspiré une terreur panique. Un grand enterrement ou un déploiement militaire me faisaient faire un détour pour les éviter.

Pour les processions seules, j'osais m'arrêter, mais elles ne m'attiraient que parle côté beauté. Les bannières brodées, les surplis plissés et les chapes pourpres à fleurs d'argent, les petites filles en blanc, les fleurs qu'on effeuillait, et jusqu'à la Vierge de bois avec son manteau, ses ors et ses dentelles, juchée sur des tréteaux et portée sur les épaules des hommes, me remplissaient d'admiration. Mais les fidèles, avec leurs cierges, et la foule qui suivait me faisaient l'impression d'un ramassis de dégénérés; ils m'inspiraient un grand dégoût: jamais je n'eus le désir de me joindre à eux.

Un dimanche, sur le parcours d'une procession de sainte Gudule, Eitel voulut me faire m'agenouiller; lui avait ôté son chapeau, bien qu'il fût protestant.

- Mais je ne te comprends pas, lui disais-je après.

[pagina 73]
[p. 73]

- Ah! la foule m'a entraîné...

 

***

 

Un soir, un immense cortège d'ouvriers débouchait Place Royale, avec des musiques et des drapeaux rouges. Les torches éclairaient leurs figures de coulées de cuivre.

Nous nous étions arrêtés, Eitel et moi, pour les voir passer. Bientôt l'on donna deux coups sur la grosse caisse, et la musique joua la Marseillaise: toute la foule entonna ce chant. J'en avais déjà entendu des bribes, je n'en connaissais pas les paroles; mais ma gorge se serra, je me mis à fredonner et à taper des pieds en mesure, et tout d'un coup j'emboîtai le pas. Mon ami me tire par le bras, je me dégage d'une secousse; je prends le bras d'un ouvrier et, chantant la Marseillaise sans paroles, mais comme soulevée de terre, je suis la foule.

Eitel marchait à côté de moi, sans me donner le bras, pâle, le chapeau dans les yeux et le col relevé.

Par l'étroite rue de la Colline, nous pénétrâmes sur la Grand'Place. Je croyais entrer dans un lieu enchanté: tout l'or des maisons scintillait... Mais soudain, par une des ruelles, des gendarmes à cheval débouchèrent et se je-

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[p. 74]

tèrent sauvagement au milieu de nous. Nous chantions toujours ce chant de volcan qui gronde. Les musiciens se débandèrent; des hommes furent foulés sous les chevaux, des cris de douleur s'élevaient. Comme dispersée par l'ouragan, la foule tourbillonnait sur la place.

Eitel me souleva d'un bras par la moitié du corps et m'appliqua l'autre main sur la bouche, parce que je continuais à chanter par bravade. Il monta quatre à quatre les perrons d'une des grandes maisons de la place et me déposa au fond d'une salle d'estaminet à faro.

Une heure après, la place était vide. Nous rentrâmes en nous querellant.

- Je t'ai suivie pour te sauver, je sentais que tu te serais laissé tuer au milieu de cette populace. Toi qui as peur des foules, quand c'est la populace qui se soulève, tu changes... tu es avec eux.

- Ce n'était pas de la populace, c'étaient des ouvriers: celui à qui je donnais le bras sentait le cuir.

- Oh oui! ils sentent bon!... tu es indécrassable, je l'ai vu ce soir.

- Et toi donc qui, l'autre jour, as ôté ton chapeau pour cette pitrerie religieuse... c'est bien pis.

Et, cessant de le tutoyer:

[pagina 75]
[p. 75]

- Du reste, ce que je fais ou ce que je sens ne vous regarde pas.

Nous boudions pour de bon et ne dîmes pas un mot en nous déshabillant. Au lit je mis le drap entre nous et me couchai contre la ruelle pour ne pas le toucher.

Je ne pus dormir, je me tournais et retournais. Je sentais toujours l'odeur de cuir de mon compagnon de foule; j'entendais le galop des chevaux et les cris du peuple piétiné, et toutes les maisons dorées de la Grand'Place se mouvaient devant moi.

Vers le matin, je me calmai, et je pensai qu'Eitel avait cependant été chic, lui, un monsieur qui savait le latin et le grec, de m'avoir suivie pour veiller sur moi; que, sans lui, fanatisée comme j'étais par ce chant, j'aurais peut-être été piétinée aussi sous les chevaux. Je sentais craquer mes os et mon ventre se défoncer...

Rétrécie de peur, je m'approchai de mon amant et lui grattai tout doucement la tête. Il se retourna vers moi.

- Ah! ma jolie petite bête! fit-il, en m'étreignant.


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