Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VI 1577-1579

† Lettre DCCCLXI.
Le Prince d'Orange au Comte Jean de Nassau. Affaires de Gueldre; maladie dangereuse du Comte de Bossu.

*_** Le Comte de Bossu mourut le 21 déc. Le Prince en fut extrêmement affligé. ‘Bysonder was de Prince daer seer rouwig om, die hem om syne vromigheid seer beminde. Hy was een seer vriendlyk en bequaem Heer geweest, seer bemint onder de Nederlandse Heeren: Bor, 25^b. - Il semble avoir été attaché

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⁺au Prince (voyez par ex. T.V. p. 565, in f.), qui, par sa recommandation, lui rendit souvent de grands services. Encore le 24 sept. les Etats de Hollande avoient accordé au Comte, comme marque de reconnoissance, ‘oock op het ernstig schryvens en versoek van syne F.G.,’ une pension annuelle de 5000 livres. Résol. des Et. de Holl. 1578, p. 510.
De Thou rapporte qu'on croyoit Bossu prêt à abandonner les Etats: ‘et tunc a suis minus desideratus quod cum aliis proceribus in Philippi partes transiturus videbatur:’ Histor. l. 66. p. 276^a. Le Comte aura vu sans doute avec peine les injustices envers les Catholiques; toutefois nous n'avons trouvé aucun indice de ce dessein. - Strada ajoute (p. 43) que d'après l'opinion de plusieurs, le Prince d'Orange bâta sa mort. On se prodiguoit, de part et d'autre, des accusations pareilles (ci-dessus, p. 454; ‘Mottae Dominus insidiis ab Orangio, submisso percussore, petebatur:’ Str. II. 6). En genéral Strada observe ‘saepe incerta spargi et plerumque atrociora credi’ (l.l.); et, en ce cas-ci n'oublions pas que la défense est une injustice envers ceux que leur vertu met à l'abri du soupçon. S'il falloit plaider une telle cause, cette Lettre suffiroit pour décider le procés.
Strada raconte encore que, d'après un Mémoire de certain serviteur du Prince de Parme, le Prince d'Orange, se trouvant chez le Comte de Bossu au moment où celui-ci alloit recevoir le viatique, manifesta insolemment son dédain: l.l. Que répondre à des absurdités pareilles, si ce n'est que la calomnie devroit au moins tenir compte du caractère de ceux qu'elle attaque!

Monsieur mon frère. En ceste instant j'ay receu advertissement comme le Prince de Parme ast mandé à l'Embassadeur de l'Empereur de se vouloir trouver à Rurmonde, et que là il espéroit de le veoir et traicter avecque luy; or comme par celà il semble qu'il ast quelque practique ou entreprinse sur le pais de Geldres, il serat mervilleusement bon d'y pourveoir en temps, faisant en toute diligence marcher ung 8 ou 10 compaignies de

+ 1578. Décembre.

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⁺ceulx qui sont esté devant Deventer, les repartissant en la ville de Venlo, Wachtendonck, Strael, et Geldres, car il fault mieulx un peu de dépence, que se perder⁽¹⁾ de tout. - L'on m'ast aussi anvoié une certaine requeste⁽²⁾ présenté par aulcungs Barons, nobles, et villes de la duchée de Geldres, dont vous amvoie copie, par où l'on voit bien de quelx humeurs qu'i sont, et que, si bientost n'est proveu¹, que beaucoup de mal en porroit ensuivre. Je vous prie me mander souvent de vos novelles, mesmes quel ordre vous avés donné pour les dit plasses si-desus dénommés, et si vous sçaviés à parler de ceste requeste, il serat bon de se bien enquester de où elle vient, et si ceulx sur le nom desquels elle ast esté présenté, l'avouent ou point. Il me semble estrange qu'ilx ne le nous ont premièrement donné à cognoistre, et crains que serat la mesme demenée d'Arthois⁽³⁾. Les affaires d'issi, Dieu merci, sont en fort bon train, moiennent qu'il n'y vienne changement. Nous sommes issy en la plus grande tristesse du monde pour la grande maladie de M^r de Boussu. L'on me mande qu'il y ast bien peu d'espoir de sa vie. Certes le païs perderoit beaucoup à ung tel personage. J'espèr que Dieu ne nous fouldrat² tant affliger. A tant me recommenderay très-affectueusement à vostre bonne grâce .... De Gent, le 18^me de décembre 1578.

+ 1578. Décembre.

(1) perder. Le conseil n'étoit pas superflu. L'ennemi s'empara bientôt de la ville de Stralen.

(2) requeste. Voyez p. 508.

1 pourvu.

(3) Arthois. Voyez p. 501 et 521, sqq.

2 voudra.