Gedoemde dichters(1957)–Paul Rodenko– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 148] [p. 148] Le sablier Suspends ton coeur aux trois piliers, Suspends ton coeur les bras liés, Suspends ton coeur, ton coeur qui pleure Et qui se vide au cours de l'heure Dans son reflet sur un marais. Pends ton coeur aux piliers de grès. Verse ton sang, coeur qui t'accointes A ton reflet par vos deux pointes. Les piliers noirs, les piliers froids Serrent ton coeur de leurs trois doigts. Pends ton coeur aux piliers de bois Secs, durs, inflexibles tous trois. Dans ton anneau noir, clair Saturne, Verse la cendre de ton urne. Pends ton coeur, aérostat, aux Triples poteaux monumentaux. Que tout ton lest vidé ruisselle: Ton lourd fantôme est ta nacelle, Ancrant ses doigts estropiés Aux ongles nacrés de tes pieds. VERSE TON âME QU'ON éTRANGLE AUX TROIS VENTS FOUS DE TON TRIANGLE. Montre ton coeur au pilori D'où s'épand sans trêve ton cri, Ton pleur et ton cri solitaire En fleuve éternel sur la terre. Hausse tes bras noirs calcinés Pour trop compter l'heure aux damnés. Sur ton front transparent de corne [pagina 149] [p. 149] Satan a posé son tricorne. Hausse tes bras infatigués Comme des troncs d'arbre élagués. Verse la sueur de ta face Dans ton ombre où le temps s'efface; Verse la sueur de ton front Qui sait l'heure où les corps mourront. Et sur leur sang ineffaçable Verse ton sang intarissable. Ton corselet de guêpe fin Sur leur sépulcre erre sans fin, Sur leur blanc sépulcre que lave La bave de ta froide lave. Plante un gibet en trois endroits, Un gibet aux piliers étroits, Où l'on va pendre un coeur à vendre. De ton coeur on jette la cendre, De ton coeur qui verse la mort. Le triple pal noirci le mord; Il mord ton coeur, ton coeur qui pleure Et qui se vide au cours de l'heure Au van des vents longtemps errés Dans un reflet sur un marais. Vorige Volgende