A Monsieur Louis Aragon
Cher ami et Mystificateur,
Je reçois à l'instant votre missive, datée 9 juillet - et vos poèmes. Je suis en prison, naturellement, et peu apte cependant à exprimer des choses visibles sur votre oeuvre: voulez-vous m'en excuser?
Je me contente de vivre béatement à la manière des appareils photographiques 13 Х 18 - C'est une façon comme une autre d'attendre la fin. Je prends des forces et me réserve pour des choses futures. Quel beau pêlemêle, voyez-vous, sera ces à-venir et comme l'on pourra tuer du monde!!!...J'expérimente aussi pour ne pas en perdre la coutume, n'est-ce pas? - mais dois garder mes jubilations intimes, car les émissaires du Cardinal de Richelieu...
J'avais bien dit que ce pauvre G. Apollinaire écrivait, vers la fin, dans la ‘Bayonnette’ - encore un qui ne s'est pas ‘pendu à l'espagnolette de la fenêtre’ mais il était déjà lieutenant trépané, n'est-ce pas, et on le décora - Well.
On lui laissera peut-être le titre de précurseur - nous ne nous y opposons pas.
Il y a surtout des mouches plein le soleil, et des gamelles douteuses bourdonnantes - Il me faudrait des bons complets de serpillère vert d'eau, un gilet blanc de barman - et ces femmes à la dissolvante odeur de linge sale parfumé...
Et vous, cher ami?