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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1 (1881)

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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1

(1881)–Edmond Vander Straeten–rechtenstatus Auteursrechtvrij

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V
L'imprésario.

Qui ne connaît l'ancien facteur de rhétorique de nos villes? Poëte et directeur de la société, il portait une devise anagrammatique, distribuait les rôles aux acteurs et rédigeait les programmes des concours publics.

Le facteur de rhétorique de nos villages, celui surtout qui se trouvait à la tête des sociétés éphémères, est bien plus pittoresque.

Il était à la fois auteur, comédien, directeur, régisseur, répétiteur, metteur en scène, costumierGa naar voetnoot(1), machiniste,

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magasinier, souffleur et chef d'orchestre, car il y avait un semblant orchestre à la plupart des représentations. C'était, en somme, la cheville ouvrière de toute l'association, et le terme de factotum, substitué à celui de facteur, lui eût convenu à bien plus juste titre.

Il avait reçu au collége une teinture des langues anciennes, de l'éloquence et de l'art dramatique, ou avait hérité de son père une instruction similaire, doublée de quelques notions musicales assez superficielles, qui lui permettaient de toucher grossièrement de l'orgue, d'accompagner tant bien que mal le plain-chant, et de psalmodier à la manière des routiniers de village.

Il faisait le plus grand cas de son bagage scolastique, qu'il croyait le nec plus ultra du savoir.

Peu fécond et inventif de sa nature, il fouillait dans les annales du pays, scrutait les légendes, compilait les livres de poétique, dévalisait les pièces des auteurs en vogue, les ajustait au patois de la localité, à la convenance de ses acteurs, et les saupoudrait de tout ce que son goût fantaisiste lui suggérait de pensées bizarres. C'était plus qu'un traditore, c'était un pirato.

Il se livrait avec ardeur à la rimaillerie, maniait dextrement le chronogramme, l'anagramme et l'acrostiche, tant simple que complexe, avait le tic ou plutôt la rage de la cryptographie et de vingt autres tours de force semblablesGa naar voetnoot(1).

Il se mettait au courant du mouvement théâtral des villes, suivait de près celui des villages, et formulait les lettres de convocation, les programmes des représentations, les bulletins des concours solennels, les compliments en vers que l'on nommait welkomwensch, ou souhait de bienvenue.

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Il fréquentait assidûment la cure, la mairie et le château voisin. Il s'érigeait en protecteur, en soutien et en représentant de l'art dramatique; vrai oracle, on le consultait en diverses circonstanees, et ses avis étaient généralement écoutés. Il citait toujours, à l'appui de ses opinions, une strophe de Cats ou une scène de Vondel.

Il était affranchi, à ce titre, du droit de péage prélevé sur les rivières à traverser. Très-souvent les villages qu'il desservait étant séparés par des cours d'eau, ses allées et venues continuelles l'eussent ruiné inévitablement, sans l'intervention de la commune ou de la province.

Dès le dimanche matin, aux jours de spectacle, il était si pressé d'exhiber son costume d'acteur, qu'il parcourait tout le village, tantôt dans l'accoutrement d'un apôtre, tantôt avec les insignes d'un empereur. Quand il pouvait ameuter autour de lui une foule de curieux, sa joie ne connaissait plus de bornes. Son entreprise, du reste, n'en allait que mieux; c'était un appât offert aux spectateurs. Rarement, ceux-ci résistaient à la tentation.

Un amateur de goût lui eût dit que ses vers étaient médiocres, il l'eût dénoncé partout et livré à la vindicte publique. Tout le village eût retenti de ses doléanees, il se fût posé en victime, il se fût cru diffamé, persécuté, jalousé, démonétisé.

A la première représentation venue, sa pancarte eût renfermé une devise ostensible, à bout portant, à peu près conçue ainsi: ‘Tout censeur est un niais,’ et une autre devise en écriture cryptographique, accessible seulement aux initiés et rédigée d'un ton plus tranchant encore, le tout en rimes et en alexandrins, pour imprimer plus d'énergie à sa philippique. Facit indignatio versum.

Improvisateur adroit, il savait profiter de la moindre circonstance qui s'offrait, pour lancer, à l'adresse d'un per-

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sonnage influent, un couplet gracieux ou une tirade flatteuse. Facétieux de sa nature, il égayait les entr'actes irrégulièrement prolongés par mille quolibets de son cruGa naar voetnoot(1). Inutile d'ajouter que le tout était assaisonné de pantomimes excentriques.

Car un grand amour-propre était son mobile, et l'on sait que, semblable à ce mets dont parle Ésope, l'amourpropre est la source de tout bien et de tout mal. Mais, quel est le comédien qui n'ait pas la vanité pour mobile? Pour la plupart, n'existe-t-elle pas en raison inverse du talent?

Donc, ce que notre rimeur faisait était bien fait. En tête de son aréopage, du reste, figuraient le curé, le maire, le receveur, tous gens portés à l'indulgence, champions obstinés de la routine, adversaires prononcés de toute innovation, plus soucieux de la quantité que de la qualité, toujours armés d'une formule sententieuse, applicable au gros des incidents de la vie et suppléant pour eux à la saine appréciation des faits.

Il se persuadait parfois, grâce à eux, qu'il fallait laisser crier la basse jalousie; que c'était une bonne chose que d'ameuter la tourbe des envieux; que le mérite triomphait toujours de la cabale.

Sa journée entière était prise. Un talent qui se présentait sous des faces si divergentes, devait, on le conçoit, se multiplier en quelque sorte à l'infini pour suffire à tous les besoins. Sa mission de propagandiste s'étendait d'ordi-

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naire à deux ou trois villages. Que disons-nous? Il desservait parfois une demi-douzaine de ces petites monarchies.

L'imprésario était aussi secrétaire de la mairie, maître d'école ou clerc d'église, ou tout cela à la fois, comme on le voit encore aujourd'hui. Plus rarement il était menuisier, barbier ou liedzanger. Le liedzanger, on le sait, était le portrait affaibli du minnezanger, et allait de bourg en bourg, de village en village, chanter des couplets sur les événements du jour, muni d'un violon criard, d'un tambourin insonore, livré tout entier à son inspiration, et vendant, au moyen de feuilles volantes, le produit de son facile talent de rimeurGa naar voetnoot(1). Plus rarement encore, il faisait le métier de joueur de marionnettes.

Notre imprésario donnait ses leçons le soir, après les travaux des champs. Quand ses élèves étaient tisserands, il s'approchait de leur métier, et pendant que la navette glissait sur la trame, il s'ingéniait à stéréotyper dans leur mémoire les passages marquants de leur rôle. Si la versification était bien rhythmée, le mouvement cadencé du métier leur servait d'accompagnement mesuré.

Le plus souvent il était payé, cela se comprend, en pommes de terre, en blé, en viandes fumées, provisions précieuses pour la morte saison, c'est-à-dire pour l'hiver, que redoutait principalement notre imprésario rustique.

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Aussi n'avait-il garde de se laisser prendre au dépourvu, comme la cigale du bon La Fontaine.

Il s'intitulait componist, compositeur, terme qui se rapproche de celui que Marc Van Vaernewyck a employé pour arrangeur, compilateur:

 
Alle artificiael zinnen, die lesen uut minnen
 
Dees curte verhalicheyt,
 
Weinscht den compositeur, vry van ghetruer,
 
Gheluc met zalicheytGa naar voetnoot(1).

Personnage étrange, en un mot, être bizarre et multiforme, dont le type est à peu près effacé aujourd'hui, et dont il serait difficile de trouver l'équivalent dans les autres contrées civilisées de l'Europe.

Le portrait que nous venons d'esquisser pourra paraître exagéré. Il est loin pourtant d'être une création fantaisiste, car les éléments qui ont servi à sa composition ont été recueillis de la bouche même des plus vieux facteurs villageois de la Flandre. Il est pour ainsi dire tracé sous leur dictée. Nous avons tout laissé subsister, jusqu'au ton d'ironie narquoise qui caractérisait le récit. Il s'applique naturellement aux directeurs de scènes érigées dans des localités peu populeuses et peu civilisées. Les imprésarios des gros villages ressemblaient davantage à ceux des villes. Il est donc inutile de s'en occuper. C'est à eux plutôt que s'adresse l'appréciation suivante, qui nous semble exacte de tous points:

‘Nos littérateurs et nos poëtes flamands étaient des

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hommes sans ambition, écrivant par délassement et pour charmer leurs loisirs, travaillant tout le jour pour gagner le pain quotidien et élever honorablement leur famille... Le démon de la politique ne les faisait pas sortir de la sphère où Dieu les avait placés à leur naissance, et parce qu'ils savaient manier la plume ou la parole, ils ne se croyaient pas pour cela obligés de conduire le monde...

On était alors à la fois poëte et peintre en bâtiments comme Van Reckem, ou imprimeur comme P. Labus, ou médecin comme De Swaen, ou marchand comme Bertein, ou avocat comme Servais et De Breyne, ou maître d'école comme Stevens et ModewyckGa naar voetnoot(1).’

voetnoot(1)
‘Betaelt aen Jacobus Crispyn, ter rekeninghe van 't maecken van het vindel, tot lib. 1-16-0 par.’ Guldenbouck précité de la société de Saint-Sébastien à Petegem, année 1769. On verra figurer tout à l'heure ce Jacques Crispyn dans la lista des facteurs.
voetnoot(1)
On en donnera plus loin des spécimens caractéristiques.
voetnoot(1)
L'imprésario de Nederbrakel, à la fin du siècle dernier, jouait le rôle de Putiphar dans la tragédie de Joseph. Voulant tromper les ennuis du public impatienté de la longueur des entr'actes, il poussa sa tête à travers le rideau en papier peint, et, après avoir exécuté force grimaces, il dit mystérieusement aux spectateurs: ‘Regardez-moi bien, je suis Putiphar, intendant du Roi; il n'y a qu'un personnage plus élevé en grade que moi!’ Là dessus une pantomime grotesque. Et le public de rire.
voetnoot(1)
‘Comme les trouvères et les minnesängers, dit M. de Coussemaker, les liedzangers sont musiciens; ils chantent, s'accompagnent du violon et composent même des airs; mais l'art chez eux, c'est l'instinct: leur maître, c'est la nature. Ils s'abandonnent à leur inspiration, sans songer ou se douter qu'il existe des règles.’ Chansons populaires des Flamands de France. Introduction, p. vi.
Quant au ménétrier, nom corrompu de ménestrel, c'était un musicien de danses de village et de noces champêtres, qui avait parfois aussi l'emploi d'égayer les habitants des communes en jouant de ses instruments pendant toute la durée des foires. Il en sera question plus loin.
voetnoot(1)
M. Snellaert l'applique aux liedzangers dont il a été question plus haut: ‘Het schynt, dit-il, dat voor het midden der achttiende eeuw, rondzwervende dichters (componisten heeten zy zich zelven) en zangers op de vliegende blaedjes hunnen naem niet stelden. Sedert omtrent den patriottentyd vindt men die blaedjes gewoonlyk door Componist of Zanger erkend, het gevolg misschien van politie-maetregelen.’ Willems, Oude vlaemsche liederen. Inleiding, p. lx.
voetnoot(1)
De Baecker, Les Flamands de France, dans le Messager des sciences, de 1850, p. 476.

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