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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1 (1881)

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Le théâtre villageois en Flandre. Deel 1

(1881)–Edmond Vander Straeten–rechtenstatus Auteursrechtvrij

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VI
Les acteurs et les actrices.

S'imagine-t-on des campagnards en veste et en sabots, quittant la bêche et la charrue, pour aller étaler sur la scène leur figure brunie par le soleil et leurs mains gercées par un travail rude et opiniâtre?

Sans doute ils avaient pour chefs de file des confrères ayant appris au collége, non-seulement la littérature dramatique, mais encore la pratique de l'art même. C'étaient, avec les instituteurs et les hommes lettrés de la localité, les principaux interprètes des pièces exhibées, et, quand on parvenait à rencontrer un ouvrage où ce petit noyau de sommités villageoises pouvait, à l'exclusion de tout autre auxiliaire, déployer son talent relativement satisfaisant, tout allait pour le mieux, on le devine. Là où ils

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étaient clair-semés, que penser d'une exécution à laquelle parfois trente ou quarante acteurs coopéraient?

Nous avons entendu de ces interprètes de l'art de Melpomène, et ces échantillons, sauf quelques exceptions rares, n'offrent rien de bien séduisant.

En thèse générale, voici ce qu'il nous est permis d'établir, quant à la tragédie: déclamation languissante et empathique, parfois bruyante à l'excès; gestes embarrassés et irréguliers; physionomie froide et sans caractère, ou, par un contraste choquant, mimique grimacière et convulsive; intelligence très-vive du rôle, mais incapacité absolue de le traduire autrement que par échappées instinctives, grosso modo, comme on dit. Il en est à qui on eût pu appliquer ces vers, pendant qu'ils lâchaient les écluses du sentiment:

 
Tout à coup leurs sanglots en tonnerres éclat(ai)ent,
 
Ils pouss(ai)ent des soupirs qui les chênes abatt(ai)ent.

Pour la comédie et pour la farce, où le campagnard se sentait beaucoup plus à l'aise: observations curieuses de la vérité dans le caractère, portraits allant jusqu'au réalisme outré; peintures des classes bourgeoises et inférieures plus réussies que les charges s'adressant aux classes élevées; de la gaieté, une gaieté turbulente et franche, à revendre; beaucoup de lourdeur à côté d'un esprit souvent narquois, et énormément de grotesque à côté du naturel le plus charmant.

Tel est le bilan de l'acteur campagnard.

Il faisait parfois de la commedia dell'arte à sa manière. L'occasion s'en offrait soit par le dialogue lui-même, soit par une entrée manquée ou un changement de décor opéré après coup. Alors que d'improvisations! Mille saillies, aussi hardies qu'imprévues, enrichissaient le canevas

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de la pièce apprise. Ce genre, apporté d'Italie en France, a dû exister de bonne heure en Flandre, pays d'observation patiente, de causticité sensée et d'expansion cordiale.

La nature seule, il faut le dire, contribuait à ce résultat. Certes, de la comédie régulière il a fallu passer à la comédie improvisée; mais l'inspiration seule, guidée par le hasard, faisait le reste, et aucun exercice à priori ne suppléait à l'inexpérience. Plus d'un acteur villageois a créé ainsi, devant nous, des scènes entières sur une simple donnée. Et dire que l'approbation d'un public sympathique, ce puissant stimulant du comédien, lui faisait défaut alors!

Fortement imbu de l'esprit national, l'acteur campagnard adorait son village, son foyer, sa langue. Ces exercices déclamatoires lui rappelaient les exploits glorieux de ses ancêtres; il s'obstinait à s'y complaire, de préférence à tout autre amusement. N'est-ce pas là un fait honorable à enregistrer?

Un poëte français, De Caux de CappevalGa naar voetnoot(1), s'exprime ainsi, au sujet de la représentation d'une tragédie à Bruxelles, vers le milieu du xviiie siècle: ‘Pendant les dernières campagnes (de Louis XV), je me souviens d'avoir vu représenter à Bruxelles, par les écoliers du collége (lequel?), une tragédie latine: c'étoit la Mort d'Absalon. La pièce fut jouée dans tout le goût du pays... Bienheureux Flamands, vous admirâtes et l'ouvrage et l'exécution! Mais nous éprouvâmes, nous autres Français, tout le malheur d'avoir des oreilles pour entendreGa naar voetnoot(2).’ Quelles oreilles?

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Il y a certainement de la mauvaise foi dans ces lignes, et le ton railleur qui y prédomine, dénote que, de tout temps, les Français ont tenu à ridiculiser nos institutionsGa naar voetnoot(1); mais, au fond peut-être, le jugement émis par De Caux était véridique et équitable.

Qu'eût dit le chantre du Parnasse françois, s'il avait assisté à une représentation dramatique, dans l'une ou l'autre de nos localités rurales? Qu'eût-il dit surtout, s'il avait vu nos campagnards endosser le costume de

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Sara, de Marie Stuart, de sainte Rosalie, voire même de la Vierge? Car, à peu d'exceptions près, les actrices formaient une association particulière, et ne pouvaient, pour de bonnes raisons sans doute, prêter leur appui aux représentations composées d'hommes.

La coutume toutefois n'aura paru étrange et ridicule qu'à ceux qui ignoraient l'histoire. Elle nous apprend, en effet, que les rôles de femmes furent joués par des hommes à Paris, avant 1681, date de la première représentation du ballet le Triomphe de l'amourGa naar voetnoot(1). Une femme figura, par extraordinaire, dans les pièees de Thomas Morus et de Liederick De Buck, représentées à Berchem, en 1725 et 1732. Puis, au concours dramatique des Fonteynisten de Courtrai, où l'Alzire de Voltaire fut exhibée, des actrices de Moorseele remplirent exceptionnellement les rôles de femmes. Cela se voit dans l'ancien Gilden-Boeck de la chambre de SottegemGa naar voetnoot(2).

On a sans doute cru devoir insister sur cette particularité, parce qu'elle était assez insolite. Riccoboni, en parlant de nos spectacles, dit aussi: ‘Rarement, il y avait des femmes; c'étaient des hommes qui en prenaient les habits.’

Nous sommes loin de l'époque où l'on stipula, comme dans la chambre suprême de Gand: la Fleur de Baume, érigée par l'archiduc Philippe, des articles réglementaires du genre de ceux qui suivent: ‘que la chambre serait composée de quinze rhétoriciens et d'un nombre égal de jeunes hommes obligés d'apprendre l'art de la poésie; que, lorsque cette chambre et les quinze jeunes hommes qui y étaient agrégés, se rendraient aux concours proposés, ils

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pourraient, en vertu de la suprématie de la chambre, représenter leur drame ou jeu de moralité, sans être obligés de tirer au sort; qu'enfin pour honorer, dans cette chambre, d'une manière plus particulière, Notre Seigneur et la sainte Vierge Marie, on y admettrait quinze femmes, en mémoire des quinze joies de la Vierge.’

C'était l'usage du temps, dit Cornélissen, de mêler ainsi le profane et le sacré. Nos ancêtres étaient galants et religieux, mais religieux sans austérité. Leur galanterie puisait souvent ses lieux communs dans la Bible, et c'étaient la beauté de Rachel, la modestie d'Esther, la force de Judith, dont les poëtes du temps embellissaient leurs maîtresses; mais, de son côté, la religion, pour ajouter à la solennité de ses fêtes, empruntait souvent le secours de la mythologie, et, quelquefois, dans nos processions, les muses grecques donnaient le bras aux vertus cardinales. Le goût peut réprouver cette alliance; mais cette idée - d'associer quinze jeunes auditeurs de la rhétorique à un nombre égal de jeunes personnes, et cette autre idée d'associer ces jeunes personnes aux joies de la rhétorique, en mémoire des quinze joies de la Vierge, n'offrent-elles pas quelque chose de gai et de riant à l'imagination?

Les jeunes filles des campagnes, au lieu de broutiller dans leur ferme ou dans leur atelier, se constituaient donc en gildes pour la représentation de pièces théâtrales, la plupart empruntées à l'histoire sainte et parsemées de morceaux de musique qui en faisaient de véritables opéras. Leur factotum était d'ordinaire une institutrice. Le violon du maître d'école guidait leurs voix incertaines et leur serinait les airs nouveaux. En dehors des solennités théâtrales, leurs cantiques faisaient le charme des veillées des ateliers.

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En 1766, une troupe de virtuoses en jupons, les Rymconstminnende jonge dochters, donna à Moen la tragédie de Marguerite de Cortonne, et, en 1787, une autre troupe joua à Nieuwenhove la pièce: La mort de Boèce. Reste à savoir comment on se sera tiré d'affaire pour le costume masculin. A Meulebeke, la pièce de Cosmophila fut interprétée, en 1737, par les Jonge Dochterkens. Il n'y ent qu'un rôle d'homme, celui du Christ. Un petit garçon faisait l'office gracieux de l'ange. Signalons encore les Leerzuchtige minnaressen, à Sottegem, en 1781Ga naar voetnoot(1).

Chose plus singulière encore! Certaines actrices, usurpant les fonctions d'imprésario, dirigeaient les pièces et faisaient les convocations. Citons, à ce sujet, une lettre qui ne manque pas de piquant:

‘Achtbaere minnaeren,
Betrouwe als dat Ul. in kennisse zyt in de begroetingh in het argument van Joachim tot Nukercke, om op den eersten meye toekomende ons tonneelstuck te komen aenschouwen; dat dese broederlycke liefde en begroeting aenstaende synde, soo ist dat wy verzoeken Ul. te laeten vinden op den bestemden dagh, ten 11 uren voor middagh, ter herberghe in de Smesse tot Nukercke lanxt den steenwegh, waerop wy Ulieden aldaer sullen komen afhaelen met alle teecken van eere, waerop wy Ul. versoecken tydelyck. In de meyninghe blyve, in afwagting van antwoorde,
Ul. D. Isabelle Clara..., directrice van 't spel Joachim tot Nukercke, par ordre des acteurs.
Nukercke, 23 april 1797.’

Adresse: ‘Eersame, eersame constminnaeren van rethorica ofte directeur van 't spel Angela, in de Spoele tot Eticove. Francq.’

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L'incise: par ordre des acteurs, est superbe.

Que si l'on se demandait d'où ces directeurs et ces directrices recevaient l'impulsion et d'où ils tenaient leur mission, il nous faudrait nommer encore le curé, le maire et le seigneur du château voisin, l'une des principales forces agissantes.

Sans aborder ici en détail la question de l'influence religieuse et politique, qui se résoudra d'elle-même par l'examen des différentes pièees représentées, il convient de constater que la châtellenie d'Audenarde, par exemple, une des plus fortes en population, en industrie et en associations dramatiques et littéraires, était enveloppée dans un réseau de plus de cent cinquante seigneuries, la plupart occupées ou possédées par la première noblesse du pays. Elles guidaient l'esprit public dans les crises politiques. D'elles partait l'initiative de toutes grandes manifestations patriotiques. Elles faisaient, en un mot, la pluie et le beau temps, dans toute l'étendue de leurs domaines.

On comprend quel secours leur apportaient ces vulgarisateurs de la langue flamande, ces propagandistes de l'esprit national, ces missionnaires de la civilisation campagnarde: auxiliaires plus puissants, en effet, que le prône même, où le prêtre ne parle qu'à l'intelligence, tandis que nos acteurs s'adressaient à la fois à l'esprit, au coeur, à Imagination, aux yeux, aux oreilles, par les exhibitions scéniques: mente, calamo, voce. Un poëte du tempsGa naar voetnoot(1) l'a dit:

 
Het speeltooneel maakt dan de menschen zoo ervaaren
 
In godsgeleerdheid, dat men kerk en school kan spaaren.
 
Geen leeraars zyn 'er meer van nooden; 't speel
 
Leert alles;'t is Gods kerk, der zielen lustprieel.
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Aussi étaient-ils désirés, choyés, fêtés, admis à la table du seigneur, et réclamés pour leurs soirées.

Certains théâtres permanents fonctionnaient dans les châteaux mêmes, et les représentations étaient dirigées par les chapelains, concurremment avec les facteurs. Le mot d'ordre qu'ils recevaient, était exécuté à la lettre, avec une docilité toute passive; et, pour qu'aucun doute n'eût pu planer sur leur empressement à exécuter la consigne donnée, ils faisaient graver les armes du seigneur sur le programme d'invitation, le surchargeaient d'inscriptions symboliques, et en offraient la dédicace audit seigneur, quand ils ne l'adressaient pas à Dieu même, à la sainte Trinité ou au patron de la paroisse. Ceux qui auraient voulu se soustraire à ces obligations, n'auraient point été tolérés. Sur plus d'un programme inexécuté, on trouve cette note marginale: ‘Pièce non jouée, parce que Monseigneur y a mis obstacle.’

Les difficultés provenaient parfois du clergé lui-même, pour des motifs autres que les égards dus au culte et le respect réclamé pour les bonnes moeurs, comme le fait suivant le démontrera.

Au commencement de l'année 1761, de jeunes rhétoriciens de la seigneurie d'Appels et de la franchise de TermondeGa naar voetnoot(1), désirant représenter en scène la tragédie de Charles Stuart, à la cour d'un certain André Vandekeer, s'adressèrent, à cette fin, à l'autorité communale de cette ville, en lui offrant, à l'appui de leur requête, le livret de la pièce en question. Cette requête porte:

Aen heer ende wet der stadt Dendermonde,
‘Supplierende verthoonen reverentelyck de respective jonckheyt der prochie ende vry heerelyckhede van Appels, aelmede
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degone woonende in het vry deser stadt, dat sy van intentie syn te gaen spelen het spel van Carel Steuart, koninck van Engelandt, dies de verthoonplaetse sal wesen op den hof van Andreas Vandekeer, binnen de geestelycke jurisdictie op het voorseyde vrye deser stadt; ten effecte van welcke sy, met het indienen deser, den boeck van het selve spel aen UEdele sullen behandigen. Ende gemerct sulcx niet en vermagh te gebeuren sonder consent ende permissie, oorsaecke sy hunnen toevlucht syn nemende tot UEdele, deselve seer oodtmoedelyck biddende gedient te wesen de supplianten op desen te permitteren het gemelde spel op het vry deser voorseyde stadt te moghen verthoonen. 't Welck doende, etc. Onderteeckent Van Deule.’

Autorisation fut donnée par le magistrat et par le clergé de la localité:

‘Heer ende weth al gesien, consenteren voor soo vele hun aengaet dat het spel in desen vermelt verthoont worde ten plaetse daerby geexpressert. Actum in 't collegie, den 31 january 1761, ende was onderteeckent C.L.A. Anne.’
‘Attente perlegi tragediam Caroli Steuart, et nihil catholicae ac orthodoxae fidei ac bonis moribus contrarium inveni. Dabam hac 15 martii 1761. Subsignatum erat L.E. Schellekens, pastor collegiatae B.M. Virginis Teneramundae.’

Consulté à son tour, le curé d'Appels n'opina pas de même. Il dépeignit Charles Stuart comme le protecteur des huguenots en France, et il releva les termes injurieux que renfermait la pièce contre le Saint-Siége. Et, comme ce roi fut décapité par Cromwell, le curé d'Appels vit, dans ce fait, un mauvais exemple qui amena des révolutions en Russie, en Suède, en Portugal, et même, en ce dernier pays, des attentats contre les souverains. Les rhétoriciens ayant persisté dans leur projet, en dépit des observations qui leur furent soumises, et en invoquant très-sensément le placard du 27 septembre 1663, le curé

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s'adressa, dans sa perplexité, au conseil fiscal de Malines, en ces termes:

‘Myne heeren,
Op den 8 deser, is my gepresenteert eene tragedie, om op den theater publiquelyck in myne prochie vertoont te worden, van Carel Stuart zynde Carel den eersten coning van Engelandt, Scotlandt, ende Irlandt, die men weet grooten vervolger geweest te zyn van de roomsche geloovige in syne rycken, ende grooten protecteur der huguenotten in Vranckryck. De kettersche ende injurieuse expressien aen den roomschen Stoel konnen daer uytgelaeten worden; maer alsoo de substancie der selve tragedie bestaet hierin, dat door Cromwel ende complicen den geseyden coning tot Londen op het scavot gebylt is, apprehendere ick dat in sulck vertoog geretraceert wordt een der quaede exempelen die in onse eeuwe aengeleydt hebben tot revolutien in Ruschlandt, Sueden, Portugal, ende self tot attentaten op het leven van de coningen van Vranckryck ende Portugal. Daer tusschen, niet tegenstaende dese reflexien aen de spelders gedaen, blyven de selve aenhouden dat ick favorable censure soude geven, om in conformiteyt van het placcaet van Syne Majesteyt, in date 27 7ber 1663Ga naar voetnoot(1), de voornoemde tragedie konnen te exhiberen. Dus bidde ootmoedelyck my in dese perplexiteyt gelieven te vereeren met een wordeken antwoordt van UE. sentiment dies aengaende, om my te versekeren van geene reproche. In alle verwachtinge van de versochte antwoordt, blyve met alle respect ende submissie, myne heeren, van UE. Edelheden
Den ootmoedighsten en onderdaenighsten dienaer,
P. Siré,
persoon en pastor van Appels.
Appels, 12 meert 1761.’

La réponse ne se fit pas attendre, et, le texte du sus-

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[p. 92]

dit placard invoqué, elle fut, comme on le pense bien, défavorable aux intéressés. En voici la teneur:

‘Mynheer,
Alsoo UE. oordeelt dat de tragedie waervan in UE. brief van 12 deser mentie wort gemaekt, representeert de quaede exempels daerby vermelt, soo gelooven wy dat UE. niet allenelyck en magh, maer selfs, inghevolghe het placaert van 27 7bre 1663, moet refuseren de approbatie ende censure dies questie; ende waert saecken dies niet tegenstaende de voorseyde tragedie wierde gherepresenteert, sult soo goet zyn van ons daervan te informeren. Ondertusschen blyven, Mynheer,
UE. onderdaene dienaeren de Raeden fiscaelen van haere Majesteyts grooten Raede,
H. Slabeeck, de Wapenaert d'Erpe.
Mechelen, 14 meert 1761.’

Suscription: ‘Mynheer, Mynheer Siré, pastoor van Appels, etc. tot Appels.’ - Sur un billet détaché et de la même main: ‘Il me paroît que tout est ici en règle.’

Restait l'opinion du doyen d'Alost. Elle peut se résumer ainsi:

Les attentats contre la vie des souverains sont nombreux en ce siècle. Il en faudrait purger l'histoire. Le placard est formel, quant à l'interdiction de la tragédie, d'autant plus que la garnison de Termonde se compose, en grande partie, de soldats imbus de la réforme, laquelle a été, de tout temps, antimonarchique.

Or, c'est sur ce fait que pivote principalement l'ouvrage. Les rhétoriciens ayant choisi, pour lieu de leurs représentations, un local exempt de toute juridiction, tant ecclésiastique que civile, et, de plus, situé dans le diocèse de Gand, leur affaire ne me concernerait en aucune façon, si ces rhétoriciens n'appartenaient pour la plupart au diocèse de Malines, d'où relève le district d'Alost, et ne constituaient autant de brebis, avides de se soustraire à l'autorité

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de leur pasteur légal et annihilant en quelque sorte la subordination des places contiguës.

D'ailleurs, les acteurs ont fixé leurs séances aux fêtes principales de l'Église, s'exposant par là à ne pouvoir les observer convenablement, à cause des soins attentifs que réclament les préparatifs de leurs représentations.

Les curés des paroisses voisines craignent, à juste titre, que leurs ouailles n'accourent en grande foule à ces exhibitions scéniques et ne négligent, par ce fait, les services divins.

‘Seer edele en aghtbaere Heeren,
Den pastor van Appels heeft UE., by brieve van date 12 meert 1761, verthoont hoe aen hem van wegens syne parochiaenen was gevraeght syne censure over eene door hun te representeren tragedie van Carolus Stuart, koning van Engelandt, door syne rebelle ondersaeten gebyldt, en de selve niet wel en konde approberen, terwylen in de selve verbeeldt worden de attentaeten van de ondersaeten tegen hunnen wettigen souveryn, in dese droeve eeuwe maer al te veel naergevolght, selfs door particuliere, gelyck in korte jaeren namentlyck tegen de koningen van Vranckeryck en Portugael; welke exempels, waer het mogelyck, selfs niet dienden plaetse te vinden in de historien, om noydt naergevolghd te worden in de volgende eeuwen. UE. hebben gelieven gedient te wesen aen den voorseyden pastor te antwoorden, by missiven van den 14 der selver maendt, dat sy gelooven dat hy niet alleenelyck en magh, maer self, ingevolge het placaet van 26 7bre 1663, moet refuseren de approbatie en censure dies questie: welcke resolutie van UE. met soo veel te meerder equiteyt van UE. gegeven was, om het naerburigh garnisoen van Dendermonde, bestaende uyt een groodt deel gereformeerde, welcke van oudts strydigh geweest hebben aen de monarchien, waerop, gelyck UE. bekent is, heel de spil van de revolte van Cromwel met de syne tegen Carolus Stuaert drayedde.
De voorseyde parochiaenen van Appels, voorsiende de moyelyckheyt van 't wegens hunnen pastor, hadden sigh geaddresseert aen het magistraet van Dendermonde, ende (naer vele ommeweghen, de welcke myns ondersoecks niet en syn) hebben eyndelyck
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geresolveert de selve tragedie te exhibeeren buyten de stadt van Dendermonde, op eene plaetse dewelcke exempt is soo van de geestelycke als werelycke jurisdictie van Appels.
Alhoewel dese saecke scheynt my eygentlyck niet aen te gaen, terwylen de verthoonplaetse is onder de diocese van Gendt, en vervolgens buyten het district van Aelst, nochtans sullen UE. gelieven attentie te maecken dat sy my niet teenemael extrinsecque en es, terwylen bynaer alle de verthoonders of acteurs der tragedie syn parochiaenen van Appels, welcke prochie is onder het artsbischdom van Mechelen, en district van Aelst, vervolgens schaepen die de censure en oordeel van hunnen wettighen herder ontvluchten; het gene scheynt te wesen tegen alle goedt order, en bequaem vruchteloos te maecken de noodige subordinatie, namentlyck op plaetsen contigue aen verscheyde, so werelycke als geestelycke, jurisdictien.
Boven dien sullen UE. gelieven in attentie te nemen dat de acteurs gestelt hebben, onder andere daeghen om hunne geseyde tragedie te verthoonen, den 30 april, 11, 17 en 21 mey, op welcke daegen, desen jaere, respectivelyck vallen de feestdaeghen van Ons Heeren Hemelvaert, den tweeden Sinxendagh, van de Alderheyligste Dryvuldigheyt, en het Alderheyligste Sacrament, welcke besondere feestdaeghen niet al te religieuselyck sullen konnen onderhouden worden van menschen die het hoofd vol hebben van hunne rollen ende andere preparativen tot hun spel. Voorders de pastoors van de omliggende prochien, onder het district van Aelst resorterende, voorsien dat hunne parochiaenen van alle kanten sullen loopen om de voorseyde tragedie te sien, met versuymenisse van de goddelycke diensten en peryckel van menigvuldige sonden.
Terwylen den voorseyden pastor van Appels, volgens UE. orders, waer 't saecken niet tegenstaende het UE. door hem verthoonde, de voorseyde tragedie wierde gherepresenteert, UE. daer van soude moeten informeren hebben, en hy vreesde, waer het saecken hy sulks per se dede, voordere moyelyckheden te rencontreren. Soo is 't dat ick de eere hebbe van UE. het voorgaende kenbaer te maecken, en oodtmoedelyck te bidden daerinne, volgens UE. voorsinnigheyt en goetduncken, gelieven te voorsien, met de parochianen van Appels te verbieden de voorseyde tragedie te representeren, en tot dien eynde hunne parochie te verlaeten of ten minsten te excipieren de voorseyde besonderste feestdaeghen, of met andere middelen, dewelcke aen UE. discretie
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laet, die met alle eerbiddigheyt sigh teeckent, seer edele en achtbaere heeren,
UE. oodmoedighsten ende onderdaenigsten dienaer,
P.F. de Pomyne,
landtdeken van het district van Aelst.
Aelst, 27 april 1761.’

Avis fut donné par les conseillers fiscaux au bourgmestre de Termonde, de ‘faire les devoirs de sa charge.’ Cet avis est formulé dans cette lettre:

‘Monsieur,
Monsieur le curé d'Appels nous aiant consulté, au mois de mars passé, sur le parti qu'il avoit à prendre, à l'occasion d'une tragédie qu'on avoit envie de représenter en sa paroisse, nous lui avons marqué qu'il devoit se conformer à ce sujet au placard du 26 7bre 1663, le prévenant qu'au cas qu'on s'avisât de représenter cette tragédie sans sa censure, il nous en auroit informé d'abord; à ce moment, nous recevons par d'autres mains l'exemplaire cyinclus, par où vous verrez qu'on se propose de représenter la même tragédie, aux jours et à l'endroit plus amplement repris au même exemplaire, et, comme il n'y paroît ni permission ni approbation de qui que ce soit, nous vous remettons ledit exemplaire pour faire, sans perte de tems, les devoirs de votre charge, en conformité du susdit placard; et, au cas que les directeurs de laditte tragédie seroient pourvu des dites approbation et permission, vous aurez la bonté de nous en envoier incessamment des copies. Nous sommes très-parfaitement, Monsieur,
V.A.H. Serre,
les conseillers fiscaux.
Malines, le 28 avril 1761.’

Le magistrat de Termonde put déclarer que le tout était en règle, vu la double approbation qui avait été accordée et par lui et par le clergé, et que, en conformité du placard invoqué, la représentation de la pièce de Char-

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[p. 96]

les Stuart, qui venait d'avoir lieu la veille, 30 avril, était parfaitement légale. Il s'exprime comme suit:

‘Messieurs,
Répondant à celles que vos seigneuries m'ont fait l'honneur de m'escrire le 28 avril dernier, j'ay celluy de dire à l'égard de la tragédie dont l'exemplaire est joint à vos dites lettres, que les acteurs de la même tragédie se sont entièrement conformés à ce sujet au placard du 26 7bre 1663, s'aiant à ce sujet addressé préalablement à moy et au magistrat de cette ville, où ils ont obtenu la permission sur la requête qu'ils y ont présentée le 31 janvier 1871, selon qu'il en apert par la copie ci-jointeGa naar voetnoot(1); de suite ils se sont addressés au curé de cette ville, qui at examiné la ditte tragédie, et n'y a trouvé quelque chose qui seroit contraire ou nuisible à la religion, bonnes moeurs ou à l'État, par conséquent leur a donné la permission également, pour autant que la ditte tragédie se représenteroit sous sa juridiction, de la façon que la première représentation s'en a été faite hier le dernier du mois d'avril. J'espère que vos seigneuries ci trouveront la satisfaction demandée en leurs dittes lettres. Au reste, j'ai l'honneur d'être très-respectueusement, Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
L. Tayart.
Termonde, ce 1r may 1761.’

Ainsi se termina cette affaire, où le clergé d'Appels, soutenu par le conseil fiscal de Malines, fit de vains efforts pour arrêter l'exhibition d'une tragédie complétement innocente, et dut finalement baisser pavillon devant les autorités civiles de Termonde, mieux avisées que lui, et d'accord, cette fois, avec les autorités ecclésiastiques de la même localité.

voetnoot(1)
Il suivit les armées victorieuses de Louis XV en Flandre et en Hollande, et il écrivit, entre autres, le poëme de la Prise de Berg-op-Zoom, édité en 1747.
voetnoot(2)
Apologie du goût françois, relativement à l'Opéra. Paris, 1754; discours apologétique, p. 19.
voetnoot(1)
On pourrait opposer à cette tirade outrecuidante, ce que consacre Mably, l'auteur des Lettres sur l'Opéra (Paris, 1741), aux acteurs parisiens: ‘Plusieurs de nos opéras nouveaux, dit-il, sont pleins de contresens grossiers qu'on ne pardonneroit pas au dernier comédien de village. Il y a peu de caractères qui ne soient pas violés.’
Plus loin: ‘On se contente aujourd'hui, ajoute-t-il, d'une certaine expression grossière, qui ne peut plaire à des gens de goût. La colère fait toujours beaucoup de bruit; on fatigue la poitrine de tous les acteurs, les oreilles de tout le spectacle et les mains de tout l'orchestre. On appelle délicatesse, une certaine mignardise de chant, qui fait nécessairement perdre de vue à tous les spectateurs la situation de leur héros.’
Son jugement sur les pièces n'est pas moins rigoureux: ‘Quand le hasard conduit les poëtes à une situation touchante, ils la gâtent avec beaucoup d'esprit, et, sous prétexte d'aider le musicien et de le mettre à son aise, ils lui tendent un piége. Nous en avons un exemple dans le ballet des Ages. Je ne sais quel personnage désespéré entre sur le théâtre pour y étaler ses douleurs, et le poëte lui met dans la bouche un joli petit madrigal:
 
Jardins fleuris, qu'arrosent cent fontaines,
 
Bois que font retentir les oiseaux amoureux,
 
Vous redoublez, hélas! mon désespoir affreux.
 
Plus un séjour est doux, plus on y sent ses peines.
 
On veut me séparer de l'objet de mes voeux.
 
J'écoute avec regret, sous ce paisible ombrage,
 
Ruisseaux, votre murmure, oiseaux, votre ramage;
 
Tout devient des tourments pour les coeurs amoureux.
‘Voilà, si je ne me trompe, des vers assez passablement ridicules dans la bouche d'un désespéré, pour que le musicien eût été en droit d'exiger quelque correction. Mais point du tout; il est charmé de trouver une occasion de briller, et il est aussi frivole dans son chant, que le poëte dans ses vers.’
voetnoot(1)
Voyez, entre autres, le Ménestrel du 12 avril 1868, p. 157.
voetnoot(2)
‘Den 11 dito (september 1770), die van het dorp Moorseele, welke hun vrouwpartyen vertoont hebben door vrouwspersoonen.’ Snellaert, dans le Belgisch Museum, iiie deel, p. 9.
voetnoot(1)
A Furnes, on vit arriver, en 1526, une troupe de rhétoriciennes de Bergues St-Winoc, appelées: D'oude zusters van St Winnox-Berghen. Elles participèrent à la procession de la Paix, van den paeyse, et reçurent, comme les autres gildes de rhétorique et de tir, une rasade de vin. Comptes de la châtellenie de Furnes.
voetnoot(1)
A. Pels, Gebruik en misbruik des tooneels. - Amsterdam, 1681, in-4o, p. 19.
voetnoot(1)
Située hors ville.
voetnoot(1)
Il y est dit, en somme: les tragédies, chansons, comédies, refrains, où les saintes écritures sont l'objet de risées, et d'où peuvent résulter des scandales, sont prohibés. Le tout sera visité par le censeur ecclésiastique et par les officiers civils, qui délivreront, s'il y a lieu, leur certificat par écrit. On ne pourra donner des représentations pendant les services divins, sous peine d'amende. Les mimes sont assujétis aux mêmes formalités. Les changements apportés au texte, après examen légal, seront punis de peines arbitraires.
voetnoot(1)
Voy. les deux premières pièces citées. Toutes nous ont été obligeamment communiquées par notre collègue, M. Louis Galesloot.

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