De Franse Nederlanden / Les Pays-Bas Français. Jaargang 1986
(1986)– [tijdschrift] Franse Nederlanden, De / Les Pays-Bas Français–
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La recherche dans le Nord-Pas-de-Calais Histoire et perspectives
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I. Une histoire mouvementée pour un passé solidea) Les quatre phases: création, suppression, regroupement, éclatement.L'Université de Douai, fille de l'Université de Louvain, fut fondée par décision de Philippe II, Roi d'Espagne pour enrayer les progrès de l'hérésie aux Pays-Bas. Solennellement inaugurée le 5 octobre 1562, l'Université comprenait cinq facultés: Théologie, Droit Canon, Droit Civil, Médecine et Arts. La révolution française supprima, par décret du 15 septembre 1793, de nombreuses universités provinciales dont l'Université de Douai qui comptait alors 1.700 étudiants. Si Napoléon, en 1806, fait de Douai le siège de l'Académie et crée une Faculté des Lettres, il faut attendre 1817 pour que s'ouvre la Société des Sciences de l'Agriculture et des Arts de Lille qui préfigure la Faculté des Sciences dont Louis Pasteur sera en 1854 le premier Doyen. Nommé en 1823, F. Kuhlman, le plus jeune professeur de chimie, enseignera pendant 30 ans à l'Ecole Supérieure pour les Sciences et développera parallèlement une industrie chimique dont chacun connaît le développement et l'essor ultérieurs. Il ne fait aucun doute que le succès de cette école, qui était alors financée par la ville de Lille, a été pour beaucoup dans la décision d'implanter la Faculté des Sciences à Lille et non à Douai avec les autres établissements. | |||||||||||||||||||||||||||||
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Camille Guérin et Albert Calmette.
Par la suite, furent créées la Faculté de Droit, en 1865, à Douai et la Faculté de Médecine et Pharmacie à Lille, en 1875. Parallèlement, le congrès des Catholiques du Nord-Pas-de-Calais, de 1873, décidait la création de ‘cours libres’ dès 1874, qui grâce à la loi du 12 juillet 1875 sur la liberté de l'enseignement supérieur, allaient se transformer en Facultés Catholiques de LilleGa naar eindnoot(1). L'Université Catholique de Lille est l'Institution de Droit Ecclésiastique (Universitas Catholica Insulensis) qui rassemble, autour des cinq Facultés, les Instituts et Ecoles qui en sont issus. Elle a été érigée en Université pontificale par une bulle de Pie IX en date du 16 décembre 1876. Selon des statuts établis par le Saint-Siège, le conseil supérieur se compose des évêques du ressort académique. De même, en cette fin du xixè siècle, l'enseignement supérieur prend son essor dans la région et voit successivement la création de: - l'Institut Industriel du Nord (I.D.N.) en 1872, - l'Ecole des Arts et Métiers (E.N.S.A.M.) qui s'implante à Lille le 20 mars 1881, - l'Ecole Supérieure de Commerce (E.S.C.), en 1892. Deux autres établissements de recherche sont également fondés dans la région en 3 ans. C'est d'abord la station de biologie marine d'Ambleteuse, en 1894, puis l'Institut Pasteur de Lille, sous la direction du Docteur Calmette alors âgé de 30 ans. La | |||||||||||||||||||||||||||||
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première pierre de cet institut fut officiellement posée le 20 novembre 1895. La naissance de l'Université de Lille se fit en deux temps. En 1887, grâce à un important soutien financier de la ville de Lille, l'ensemble des Facultés régionales d'Etat fut regroupé à Lille. Pour marquer la concurrence sévère qui avait autrefois animée les Facultés de Douai et de Lille, l'Université de Lille prit la devise de ‘Universitas Insulensis olim Duacensis’ (Université de Lille autrefois de Douai). Enfin, le décret du 10 juillet 1896 officialisa l'Université de Lille. La région possédait alors les bases de son développement culturel et scientifique ultérieur. Il apparaît clairement à travers les luttes d'influence entre les villes de Douai et Lille, les Universités et les Ecoles d'Ingénieurs, l'enseignement laïc et l'enseignement catholique, que ces institutions étaient profondément inscrites dans le milieu socio-économique régional. L'Université connut un développement régulier quoique gravement perturbé par les deux conflits mondiaux qui ravagèrent notre région. A partir de 1955, il devint évident, en particulier au Recteur Debeyre que le développement nécessaire de l'Université était dangereusement freiné par l'étroitesse des locaux. C'est ainsi qu'après une longue période de regroupement au centre de la ville, l'Université éclata progressivement à sa périphérie. En 1955, les Facultés de Médecine et de Pharmacie s'installent auprès de la Cité Hospitalière au sud de Lille. Puis en 1965, la Cité Scientifique s'ouvrit aux étudiants dans la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq. En 1972, ce fut au tour des Facultés de Droit, Lettres, Sciences Humaines et Sociales de s'installer sur un second campus à Villeneuve d'Ascq. L'accroissement des besoins de formation dans la région devint tels qu'en 1978 l'Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis vit le jour. Depuis quelques années, cette ouverture des grands centres intellectuels vers l'ensemble de la région s'est encore accentuée. Aujourd'hui la région dispose de 5 Universités et de 16 Ecoles d'IngénieursGa naar eindnoot(2). Il faut noter que la ville de Villeneuve d'Ascq est devenue le nouveau centre intellectuel et scientifique de la région avec l'implantation de deux campus universitaires, cinq écoles d'ingénieurs, de l'Institut National de | |||||||||||||||||||||||||||||
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Inauguration de la première unité I.N.S.E.R.M.
la Recherche Agronomique et de l'Antenne Nord de l'Institut Textile de France. | |||||||||||||||||||||||||||||
b) Un exemple dans l'histoire régionale: la recherche médicaleGa naar eindnoot(3).La recherche médicale régionale démarra en s'appuyant sur l'oeuvre pasteurienne, Pasteur ayant été nommé doyen de la Faculté des Sciences de Lille à l'âge de 32 ans. Les principales orientations qui marquent et expliquent les thèmes actuellement développés dans la région furent données par les grands Maîtres qui lui succèdèrentGa naar eindnoot(4). Le renom de la Faculté de Médecine de Lille était tel que ceux-ci furent nombreux. Le Professeur Lambling écrivit à Lille, en 1911, le premier précis de biochimie en langue française. Le 1er juillet 1966, le ministre de la Santé inaugura à Lille, dans le prolongement de cette oeuvre, la première unité I.N.S.E.R.M.Ga naar eindnoot(5) dans notre régionGa naar eindnoot(6). Dès son origine, la Faculté de Médecine de Lille s'est orientée vers la recherche en parasitologie (Lille 1894). Dans cette tradition, une unité I.N.S.E.R.M. de ‘Biologie et immunologie parasitaires fongiques’ fut créée à Lille, suivie en 1977 d'une unité d'‘Immunologie et biologie parasitaires’, dirigée par le Professeur Capron, et reconnue par l'ensemble de la commu- | |||||||||||||||||||||||||||||
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nauté scientifique internationale. L'oeuvre scientifique féconde d'A. Calmette et C. Guérin a permis la mise au point de la vaccination antituberculeuse par un bacille bovin de virulence atténuée, le B.C.G. (Bacille Calmette-Guérin). La discipline histologique dans notre région a été marquée par la personnalité extraordinaire du Professeur Laguesse qui a fait des recherches importantes sur la structure du poumon (Lille 1901). Mais la pièce maîtresse de son oeuvre reste la démonstration de l'existence d'une sécrétion interne par les amas interacineux du pancréas qu'il qualifia ‘d'endocrines’. La découverte de l'insuline fut le couronnement de ses travaux. Le mot ‘endocrine’ qu'il forgea fit fortune! Ce vocable devait conquérir ses titres de noblesse en servant de base à une science nouvelle: l'endocrinologie dont personne n'ignore plus aujourd'hui la puissance médicale. Depuis 1962, les recherches régionales se sont orientées vers une discipline charnière entre l'endocrinologie et la neurobiologie, la neuroendocrinologie. La recherche cancérologique a été initiée à Lille par le Professeur F. Curtis qui fut à son époque (1905 à 1930) le ‘Maître de la Cancérologie’. Ensuite, dès 1936, le Professeur O. Lambret, le concepteur de la Cité Hospitalière, a souhaité associer dans cet ensemble les activités hospitalières, universitaires et de recherche (c'était le Centre Hospitalier Régional Universitaire du Nord). Il a fallu attendre plus de 20 ans pour que ce concept régional puisse devenir l'occasion d'une redécouverte au niveau national et permette la création en France des Centres Hospitalo-Universitaires (C.H.U.). L'Institut de Recherche sur le Cancer de Lille fut le premier élément opérationnel de cet ensemble en 1941. Il est aujourd'hui dirigé par le Professeur Biserte. De plus, depuis quelques années, une autre unité I.N.S.E.R.M., spécialisée dans ce domaine et dirigée par D. Stehelin, s'est installée à l'Institut Pasteur de Lille. De nos jours, dans la région, l'I.N.S.E.R.M. a un effectif total de plus de 350 personnes qui se répartissent dans les 8 unités et un service commun. | |||||||||||||||||||||||||||||
II. Un potentiel en plein essora) Le déséquilibre relatif.Le potentiel régional de recherche est relativement faible (4 à | |||||||||||||||||||||||||||||
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Nombre de formations C.N.R.S. dans la région.
5% du potentiel national) en comparaison de l'importance industrielle du Nord-Pas-de-Calais (8 à 9% de l'industrie française), mais ce sous-développement a été jusqu'en 1975-1976, à l'image de la sous-scolarisation caractéristique de notre région. Ce potentiel se trouve principalement dans les grandes structures suivantes: - les Universités (y compris les Instituts Universitaires de Technologie, I.U.T.), - l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (I.N.S.E.R.M.), - l'Institut National de la Recherche Agronomique (I.N.R.A.), - Le Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S.), - les Ecoles d'Ingénieurs et les Centres Techniques. Le C.N.R.S., qui couvre l'ensemble des domaines scientifiques, dispose dans la région d'une quarantaine de laboratoires. Environ 120 chercheurs et autant d'ingénieurs, Techniciens et Administratifs du C.N.R.S. travaillent dans ces laboratoires qui regroupent au total plus d'un millier de personnesGa naar eindnoot(7). L'I.N.R.A., installé dans la région depuis une dizaine d'années seulement, dispose de quatre laboratoires travaillant dans les domaines du Génie Industriel Alimentaire (G.I.A.), de l'économie rurale, de la biotechnologie et de l'analyse des sols. Les Universités régionales ont en particulier la double fonction d'assurer la formation et de développer une Recherche de haut niveau. Plus de 2.000 personnes participent à cette mission. Dans le domaine de la formation à et par la recherche, la région | |||||||||||||||||||||||||||||
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est marquée par son histoire et sa situation géographique. De par sa tradition industrielle, le monde socio-économique régional a toujours favorisé la formation d'ingénieurs et techniciens au détriment de la formation universitaireGa naar eindnoot(8). C'est ainsi que 10% des ingénieurs français sont formés dans la région. De plus, bien que possédant la cinquième université française, la région Nord-Pas-de-Calais n'en demeure pas moins très largement sous-scolariséeGa naar eindnoot(9). Cette sous-formation se retrouve très nettement au niveau de la formation à et par la recherche où seulement 10,5% des étudiants de la région sont en 3ème cycleGa naar eindnoot(10), alors que ce pourcentage est de 15% au niveau national. Ce phénomène est aggravé par la proximité de la région parisienne. La relation entre la faiblesse des effectifs en 3ème cycle et les postes non pourvus, c'est à dire occupés par des enseignants extérieurs à la région, est évidente (cf. tableau).
En conclusion, la recherche régionale repose principalement sur la recherche universitaire et médicaleGa naar eindnoot(11). | |||||||||||||||||||||||||||||
b) Les rôles de l'Etat et de la Région.Les rôles respectifs de la Région et de l'Etat ont été complètement bouleversés à partir de 1982. Avant cette date, la recherche scientifique était du seul ressort de l'Administration centrale, qui a porté depuis quelques années une attention croissante à ce domaine, pour aboutir en 1981 à la création du Ministère de la Recherche et de la Technologie. Toutefois, dès 1976, l'ensemble de la recherche régionale a bénéficié de l'appui décisif du Conseil Régional qui lui a consacré pour son développement une part de plus en plus importante de son budget. A titre indicatif, en 1982, environ la moitié du budget d'équipement de l'Université des Sciences et Techniques de | |||||||||||||||||||||||||||||
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Universités:
![]() ![]() ![]() ![]() ● Fédération Universitaire et Polytechnique de Lille □ IUT ■ Ecoles d'ingénieurs et de commerce ▽ Unité INSERM ▲ Autres organismes dont Centres Techniques △ Formations propres ou associées au CNRS Implantation des organismes de recherche dans la région Nord-Pas-de-Calais. Lille (U.S.T.L.) provenait des crédits du Conseil Régional. En 1981, les Assises Régionales de la Recherche et de la Technologie révélèrent le potentiel Recherche de la région. L'image persistante d'une région en crise reposant sur une industrie traditionnelle masquait en grande partie ce potentiel de recherche de haut niveau jusque là peu ouvert au monde socio-économique. Suite à ces Assises Régionales, la région Nord-Pas-de-Calais a mis en place un Comité Consultatif Régional de la Recherche et de la Technologie. L'une des conséquences de cette prise de conscience de l'importance de la ‘puissance scientifique’Ga naar eindnoot(12) pour l'avenir d'un pays fut le vote en juillet 1982 de la loi d'orientation et de programmation pour la Recherche et le Développement Technologique. Le premier objet de cette législation fut de programmer la montée en puissance de l'effort public de Recherche et de Développement Technologique pour que l'effort national de recherche soit porté de 1,8 à 2,5% du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) d'ici 1985. Cette loi marque un | |||||||||||||||||||||||||||||
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tournant pour la politique de la recherche en France. La recherche est dorénavant répartie selon quatre catégories distinctes:
Ces programmes mobilisateurs, au nombre de sept, reçoivent un très large écho dans la région, plus particulièrement dans les domaines suivants:
Dans la loi de juillet 1982, le rôle de la région dans le développement de la recherche est reconnu; elle peut définir et développer des pôles technologiques et veille au décloisonnement de la recherche. La région est associée à l'élaboration de la politique nationale et détermine des programmes pluri-annuels d'intérêt régional. Pour ces programmes, la région peut passer des conventions avec l'Etat et les organismes de recherche et d'enseignement. La mission des établissements publics nationaux de recherche a elle aussi évolué. Dorénavant, on reconnaît et renforce, en dehors des missions traditionnelles de recherche et enseignement, les actions de valorisation des résultats de la recherche, de diffusion des connaissances scientifiques et de formation à et par la recherche. De plus, à la fin de l'année 1982, furent nommés par le Ministre, des Délégués Régionaux à la Recherche et à la Technologie (D.R.R.T.). Ces Délégués doivent veiller à la réalisation de la politique définie dans la loi énoncée ci-dessus et plus particulièrement à la mise en oeuvre de la dimension régionale. | |||||||||||||||||||||||||||||
c) Les atouts régionaux? La conjonction des forces.La recherche régionale possède aujourd'hui de nombreux atouts tant humains qu'au niveau des structures. Au niveau des | |||||||||||||||||||||||||||||
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Micromanipulateur ophtalmologique mis au point à l'U.S.T.L. dans le cadre du pôle G.B.M.
![]() Microsonde réalisée par les partenaires du G.I.P. Instrumentation.
hommes, leur jeunesse est le principal atout, la plupart des directeurs de laboratoires ayant entre 35 et 50 ans, ce qui est l'assurance d'un certain dynamisme. Ces hommes n'ont ces responsabilités que depuis une dizaine d'années et redonnent l'élan quelque peu disparu. La chance inouïe de la région est que ce dynamisme se trouve en phase avec la prise de conscience nationale et le soutien régional, ce qui s'est concrétisé lors du contrat de Plan Etat-Région. L'importance du chapitre consacré au développement scientifique et technologique est révélatrice de la dimension de la recherche régionale. Au niveau des structures, il est important de noter que l'aspect pluridisciplinaire est apparu depuis longtemps dans notre région (à titre d'exemple, l'U.S.T.L. regroupe les sciences, l'économie, la gestion, la géographie et la sociologie). Cela a donné naissance à des ‘Pôles de recherche et de développement technologique’ reconnus au niveau national et capables de couvrir l'ensemble des préoccupations des plus fondamentales aux applications industrielles. Le premier date de 1979 dans le domaine du Génie Biologique et Médical (G.B.M.) et regroupe une quarantaine de laboratoires qui comprennent des physiciens, chimistes, biologistes, cliniciens et ingénieurs. Aujourd'hui, les pôles de recherche régionaux couvrent une dizaine de domaines: | |||||||||||||||||||||||||||||
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Les actions de rattrapage prévues dans le cadre du IXème Plan et la conjonction des forces précédemment exposées - jeunesse, volonté de la région, haut niveau scientifique - devraient porter leurs fruits, même si aujourd'hui il n'est pas possible d'en évaluer précisément l'impact. | |||||||||||||||||||||||||||||
III. Liaison Recherche-Industrie: la redécouverteL'industrie régionale a été pendant longtemps tournée vers les industries lourdes telles que le charbon, le textile ou la sidérurgie. Or, en France, six branches industrielles concentrent les 3/4 du potentiel industriel de recherche et développement, ce sont les secteurs de l'électronique, de la construction automobile, de la chimie, de l'énergie, de la pharmacie et de l'aéronautique. On peut estimer que les travaux effectués dans les laboratoires industriels régionaux ne représentent que 3% du total national. Dans le même ordre d'idée, sur les 10.000 brevets enregistrés chaque année par l'Institut National de la Propriété Industrielle, seules 300 à 400 demandes proviennent de la région. Face à ces chiffres, quelque peu pessimistes, quelques groupes tels que C.D.F.-Chimie, Roquette ou Rapidase, peuvent être considérés comme des points forts de la recherche industrielle française. De plus, une remarquable capacité d'innovation émane des P.M.E.-P.M.I. régionales. | |||||||||||||||||||||||||||||
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![]() VAL, le métro automatique de Lille, fruit de la collaboration Université-Industrie.
Il apparaît donc que les collaborations Recherche-Industrie sont capitales dans le développement des technologies nouvelles. Ainsi l'U.S.T.L. réalise annuellement en moyenne 20 MF de contrats de recherche avec le milieu économique. Afin d'encourager ce mouvement de modernisation, différentes structures ont été mises en place. C'est ainsi qu'un Groupement d'Intérêt Public (G.I.P.) en ‘Instrumentation et Spectrométrie’ est né dans la région. Cette nouvelle structure juridique, autorisée par la loi de juillet 1982, permet d'associer des industriels régionaux à des laboratoires de recherche publique (C.N.R.S., U.S.T.L.), afin de développer de nouveaux produits. La réunion géographique des différentes composantes est un atout majeur pour aboutir à la commercialisation. Répondant aux mêmes préoccupations, une technopôle est actuellement à l'étude. Des ateliers-services en microinformatique fonctionnent dans plusieurs établissements régionaux. Ces structures répondent aux demandes des P.M.E.-P.M.I., régionales qui souhaitent introduire ou développer l'usage des microprocesseurs, mais dont les capacités financières ou en personnel ne permettent pas de mener à bien ce projet isolément. De plus, l'U.S.T.L., en collaboration avec la région, a développé une | |||||||||||||||||||||||||||||
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Centrale d'Evaluation et de Faisabilité Economique (C.E.F.E.) dont les principales fonctions sont l'identification des produits transférables issus de la recherche, les études de marché, les relations avec les entreprises et la gestion de ces projets. Il faut noter à ce sujet que l'U.S.T.L. est la seule université française à délivrer un diplôme de haut niveau dans ce domaine (3e cycle de Gestion de Projets). Ce diplôme est reconnu au niveau européen et est comparable aux meilleurs diplômes anglo-saxons. Le G.B.M. s'est très fortement développé dans le Nord-Pas-de-Calais, depuis 1975. A la base de ce développement, la création par l'I.N.S.E.R.M. des Centres de Technologie Biomédicale (C.T.B.), dont celui de Lille fut le prototype, permit l'essor du Pôle G.B.M. Le C.T.B. effectue principalement des recherches finalisées dont les retombées directes sur le monde socio-économique régional sont importantes. Encouragé par ce dynamisme, l'I.N.S.E.R.M. a mis en place depuis peu de temps une direction de la valorisation de la recherche centralisée à Paris. Le C.N.R.S. a été le précurseur dans ce domaine en créant en 1982, la Direction pour la Valorisation et les Applications de la Recherche (D.V.A.R.) dont la principale mission est de favoriser l'utilisation des résultats des recherches du C.N.R.S. par l'industrie française. Cette mission peut prendre différentes formes allant de l'opération de collaboration entre un industriel et un laboratoire à la détection d'un produit ou procédé mis au point par un chercheur pour un usage interne et susceptible d'utilisation dans un marché suffisamment large. Pour mener à bien cette mission, la D.V.A.R. a dans les régions des correspondants qui sont les Chargés de Mission aux Relations Industrielles (C.M.I.). A travers l'ensemble de ces initiatives, il apparaît que nous redécouvrons la liaison Recherche-Industrie qui existait auparavant. Comme le rappelle C. de DuveGa naar eindnoot(13): ‘Pasteur, que l'on célèbre à juste titre pour ses contributions à nos connaissances fondamentales, a, en réalité, consacré le plus clair de ses efforts à résoudre des problèmes très concrets en rapport avec la fabrication de l'alcool, la brasserie, la production des vers à soie, l'élevage des poules et du bétail et pour finir, la prévention et la | |||||||||||||||||||||||||||||
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Image de la Recherche. Exposition et animation scientifiques organisées à Lille en 1982 par le C.N.R.S. Plus de 40.000 visiteurs prirent ainsi contact avec la recherche régionale.
guerison des maladies humaines. En même temps, des hommes de sciences célèbres tels que Kuhlman, Liebig, Bayer... fondaient des empires industriels’. C. de Duve explique clairement comment cette dissociation recherche-application industrielle s'est effectuéeGa naar eindnoot(14). Aujourd'hui nous redécouvrons la nécessité de ce lien et c'est dans cette perspective que les pôles de recherche et de technologie se sont constitués afin de répondre simultanément, ce qui est possible de par leur taille et leur pluridisciplinarité, aux problèmes de formation, de recherche, d'assistance et de transfert technologiques. Nous pouvons dire en conclusion que la situation économique régionale peut être caractérisée de la manière suivante:
Le renouveau de l'économie exige donc la conversion des industries anciennes par l'implantation de technologies nouvelles. Or, celles-ci nécessitent une haute qualité du tissu humain qui ne peut être assurée que par un renforcement de la formation initiale, continue et professionnelle. Le développement de la formation et de pôles de recherche et technologie est donc la priorité régionale pour assurer la mutation économique et technologique qui est indispensable en cette fin du xxe siècle. Si, au siècle dernier, ce sont des hommes tels que Kuhlman qui ont | |||||||||||||||||||||||||||||
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développé des industries lourdes florissantes, il faut qu'aujourd'hui la région puisse compter sur les 4.000 personnes qui travaillent dans les laboratoires pour participer à l'éclosion d'un tissu de P.M.E.-P.M.I. modernes, capables d'assurer la relève. Les termes Recherche-Technologie et P.M.E.-P.M.I. sont peut-être les mots clés en cette fin de xxe siècle. | |||||||||||||||||||||||||||||
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Samenvatting:In 1632 werd de universiteit van Dowaai opgericht, maar in september 1793 weer opgeheven. Vanaf het begin van de 19e eeuw ontstonden in Dowaai en Rijsel nieuwe universiteiten. Aan het eind van de 19e eeuw worden verschillende nieuwe hogescholen in de regio opgericht en de verschillende regionale faculteiten in Rijsel gecentraliseerd. Daardoor kon de regio over een basis voor zijn culturele en wetenschappelijke ontwikkeling beschikken. Vanaf 1960 moet de universiteit uitbreiden. Tegenwoordig beschikt de regio over vijf universiteiten en zestien hogescholen voor ingenieurs. Het centrum verlegde zich van Rijsel naar Villeneuve d'Ascq. Een voorbeeld van de regionale ontwikkeling op onderzoeksgebied is het medisch onderzoek dat op het werk van Louis Pasteur steunde. De biochemie kon tot een centraal onderzoeksterrein worden ontwikkeld. Dat leidde o.m. tot de ontdekking van het insuline. Ook het kankeronderzoek stond centraal, waarvoor een gespecialiseerd centrum ontstond. Tot 1975 was het onderzoekspotentieel van de regio beperkt, o.m. veroorzaakt door de lage scholingsgraad. Het huidige onderzoekspotentieel is vooral te vinden aan de universiteiten, de INSERM, de INRA, de CNRS en de verschillende technische hogescholen. De nadruk ligt bij al deze instellingen op de vorming van ingenieurs en technici. Toch blijkt dat in vergelijking met de andere universiteiten de derde cyclus onderbezet blijft. Sinds 1982 is de rol van de staat en van de regio bij het wetenschappelijk onderzoek drastisch gewijzigd. Meer dan de helft van het budget voor technische ontwikkeling komt nu van het Conseil Régional. Ook wordt sinds die tijd jaarlijks bijna 2,5% van het Bruto Nationaal Produkt voor onderzoek en technologische ontwikkeling gereserveerd. De wet van 1982 erkende ook de regio: zij kan bepalen welke technologische punten meer aandacht moeten krijgen. Tenslotte werd een systeem van Délégués Régionaux uitgewerkt dat het nationaal beleid in de regio gestalte moet geven. Het huidige onderzoek kenmerkt zich door een dynamische en jonge leiding, en een multidisciplinaire aanpak. Een probleem in deze regio is de traditionele zware industrie en het gebrek aan bedrijven die zich op geavanceerde technologie richten. Daarom is het belangrijk de modernisering te stimuleren. Dit kan bewerkstelligd worden door een nauwe samenwerking van het bedrijfsleven met de onderzoekscentra voor de ontwikkeling van nieuwe produkten, het invoeren van nieuwe technieken en de begeleiding van de produkten en de verkoop ervan. Hierbij spelen de organisaties INSERM en DVAR een belangrijke rol. De vernieuwing van de economie vereist een reconversie van de oudere industrietakken en de ontwikkeling van nieuwe technologieën. Daarom is de ontwikkeling van de vorming van personeel en nieuwe onderzoeksdoelen de eerste regionale prioriteit.
(Samenvatting door Wim Trommelmans) |
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