De Franse Nederlanden / Les Pays-Bas Français. Jaargang 2014
(2014)– [tijdschrift] Franse Nederlanden, De / Les Pays-Bas Français–
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Jérôme Verdonck en de Grote Oorlog
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[Frans]Dans les derniers jours d'août 1914, Jérôme VerdonckGa naar eind1 quitta, en compagnie de sept autres jeunes, le village de Boeschèpe (Nord) pour la caserne de Dunkerque. La semaine suivante il avait vingt ans et devait donc partir à la guerre. Verdonck était un fils de paysan de ‘la Schreve’.Ga naar eind2 Les Verdonck habitaient en France, mais la famille comptait autant de membres du côté belge de la frontière, à Westoutre et à Reningelst. À la maison, on parlait le flamand, mais Jérôme étudia en français. Il fut novice, séminariste et, en 1914, il était déjà titulaire du ‘baccalauréat en lettres’. Il fut pourtant simple soldat. Il fit ses classes dans le 43e régiment d'infanterie à Limoges. Vers la fin de l'année, il fut incorporé dans une unité combattant sur le front. Et pas n'importe quelle unité, le 156e regiment | |
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[Nederlands]aan het front. En niet zomaar een eenheid, het 156ste Régiment d'Infanterie uit Toul, zogenaamd een régiment disciplinaire, d.w.z. een regiment dat solide genoeg was om ook een aantal gevangenen in zijn rangen op te nemen. Dat regiment lag als onderdeel van de 39ste infanteriedivisie einde 1914 op luttele kilometers van zijn geboortestreek, in de saillant van Ieper. Tijdens de oorlog werd Verdonck tweemaal heel dicht bij huis ingezet: begin 1915 bij Ieper, in april en mei 1918 in de ‘Bataille des Monts de Flandre’ (de Kemmelslag). Dat was bijna letterlijk op schootsafstand (ca. 5km) van de ouderlijke hoeve die vader Charles in april 1918 nog altijd uitbaatte. Toen het 156ste RI met de trein in Poperinge aankwam, trok Jérôme met enkele ![]() | |
[Frans]d'infanterie de Toul, ce qu'on appelle un régiment disciplinaire, c'est-à-dire un régiment assez solide pour accueillir dans ses rangs un certain nombre de détenus. Unité de la 39e division d'infanterie, ce régiment était déployé à la fin de 1914 à peu de kilomètres de sa terre natale, sur le saillant d'Ypres. Au cours de la guerre, Verdonck se trouva à deux reprises positionné tout près de chez lui: début 1915 aux environs d'Ypres, et en avril - mai 1918 dans la ‘bataille des monts de Flandre’ (la bataille du mont Kemmel). C'était presque, littéralement, à portée de tir (environ 5 km) de la ferme familiale que son père Charles exploitait encore en avril 1918. Quand le 156e RI arriva par le train à Poperinge, Jérôme partit immédiatement pour Boeschèpe avec quelques hommes de sa section, afin d'aider son père à se réfugier à Watou. Entre 1915 et 1918, Jérôme Verdonck fut également présent sur presque tous les grands théâtres d'opérations en France: Artois, Champagne, Verdun, Argonne, Chemin des Dames, Somme. Il fut blessé à Neuville-Saint-Vaast (Artois) en mai 1915 et, entre 1915 et avril 1918, monta en grade, de simple soldat à lieutenant. Chose étonnante, quelques-uns des officiers dont il fit la connaissance début 1915 étaient toujours présents à la fin avril 1918. Le lieutenant-colonel Fresnais de Coutard avait été nommé, le 16 décembre 1914, commandant du régiment. Le sergent-major Houdard fut promu lieutenant dans la 3e compagnie le 2 janvier 1915, et le sergent Wuyam, souslieutenant quelques jours plus tard. Tous les trois figurent encore dans le récit que | |
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[Nederlands]mannen van zijn sectie meteen naar Boeschepe om zijn vader te helpen vluchten naar Watou. Tussen 1915 en 1918 was Jérôme Verdonck ook aanwezig op bijna alle grote fronten in Frankrijk: Artois, Champagne, Verdun, Argonne, Chemin des Dames, Somme. Hij raakte gewond bij Neuville-Saint-Vaast (Artois) in mei 1915 en klom tussen 1915 en april 1918 op van gewoon soldaat tot luitenant. Opvallend is dat enkele officieren die hij begin 1915 leerde kennen, einde april 1918 nog altijd aanwezig waren. Luitenant-kolonel Fresnais de Coutard was op 16 december 1914 bevelhebber van het regiment geworden. Sergeant-majoor Houdard werd luitenant in de 3de Compagnie op 2 januari 1915, en sergeant Wuyam enkele dagen later onder-luitenant. In Verdoncks relaas van het tweede deel van de Kemmelslag (25 april - 5 mei 1918) figureren ze nog alle drie. Al verdwenen ze ook allen tijdelijk uit het regiment door o.a. verwondingen. Net als Verdonck hadden ze tijdens hun lange verblijf aan het front ook promotie gemaakt. Fresnais was kolonel en bevelhebber van de infanterie van de hele 39ste DI, Houdard en Wuyam kapitein van een compagnie. Verdonck zelf was nieuwbakken luitenant, verantwoordelijk voor een halve compagnie. Maar voor sommigen liep het geluk op zijn einde. Tijdens de grote Duitse aanval van 29 april 1918 over een breed front tussen Belle (Bailleul) en Ieper, kwam de 7de compagnie van Jérôme Verdonck in verlegenheid. Gelukkig kwam op de achtergrond, ‘au pas gymnastique’, schrijft Verdonck, de 3de compagnie hen | |
[Frans]fit Verdonck de la deuxième partie de la bataille du mont Kemmel (25 avril - 5 mai 1918). Encore qu'il soit arrivé à chacun d'entre eux de disparaître temporairement du régiment, entre autres pour blessure. Comme Verdonck, ils étaient montés en grade durant leur long séjour sur le front. Fresnais était colonel et commandant de l'infanterie de toute la 39e DI, Houdard et Wuyam étaient capitaines de compagnie. Verdonck lui-même était lieutenant frais émoulu, responsable d'une demi-compagnie. Mais pour certains, la chance allait tourner. Pendant la grande offensive allemande du 29 avril 1918 sur un front étendu de Bailleul à Ypres, la 7e compagnie de Jérôme Verdonck se trouva en difficulté. Heureusement, la 3e compagnie arriva de l'arrière ‘au pas gymnastique’, écrit Verdonck, pour les dégager. ‘Cette compagnie était commandée par le capitaine Oudard (sic), un novice jésuite et dont la bravoure était légendaire à la division. Il trouva la mort quelques mois plus tard dans l'Aisne.’ Louis Houdard fut tué, effectivement, le 28 mai 1918 à Vailly (Aisne). On retrouve l'information chez un autre lieutenant du 156e RI, le poète et prosateur tragique de Carcassonne, Joë Bousquet. Un an et demi durant, il combattit sous les ordres de Houdard dans la 3e compagnie. Bousquet fut grièvement blessé à Vailly et resta cloué dans son lit jusqu'à sa mort en 1950. C'est là qu'il devint poète. Dans D'une autre vie il écrivait: ‘***Je n'ai jamais vu, ni ne verrai évidemment jamais, d'homme aussi parfaitement noble, aussi extraordinairement humain que Louis Houdard. Quand | |
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[Nederlands]ontzetten. ‘Cette Compagnie était commandée par le capitaine Oudard (sic), un novice jésuite et dont la bravoure était légendaire à la division. Il trouva la mort quelques mois plus tard dans l'Aisne.’ Louis Houdard werd inderdaad gedood op 28 mei 1918 in Vailly (Aisne). Dat vinden we terug bij een andere luitenant van het 156de RI, de tragische dichter en prozaïst Joë Bousquet uit Carcassonne. Anderhalf jaar lang vocht hij onder Houdards bevel in de 3de Cie. In Vailly werd Bousquet zwaargewond, en bleef als gevolg daarvan tot aan zijn dood in 1950 aan zijn bed gekluisterd. Daar werd hij schrijver. In D'une autre vie schreef hij: ‘Je n'ai jamais vu, ni ne verrai évidemment jamais, d'homme aussi parfaitement noble, aussi extraordinairement humain que Louis Houdard. Quand on m'a rapporté, le 27 mai à 7 heures du soir, le sang aux lèvres et la colonne vertébrale brisée, Louis Houdard n'a pas esquissé les gestes rituels que je l'avais tant de fois vu faire sur les mourants et sur les morts. Il ne me cachait cependant pas qu'il me croyait au seuil de l'agonie. Sachant que je ne priais jamais, il m'a dit à l'oreille: “vous prierez pour moi.” Puis m'a embrassé sur la bouche, a rassemblé des survivants et, quelques heures après, à l'aube, blessé de nouveau, a commandé la retraite, refusant qu'on l'emmène. Il a vidé son pistolet sur les Allemands qui voulaient le prendre, a été assommé à coups de crosse et jeté dans la Vesle.’ Even tragisch maar minder literair beschreven was het lot van Frenais de Coutard zoals hierna duidelijk wordt. | |
[Frans]on m'a rapporté, le 27 mai à 7 heures du soir, le sang aux lèvres et la colonne vertébrale brisée, Louis Houdard n'a pas esquissé les gestes rituels que je l'avais tant de fois vu faire sur les mourants et sur les morts. Il ne me cachait cependant pas qu'il me croyait au seuil de l'agonie. Sachant que je ne priais jamais, il m'a dit à l'oreille: “vous prierez pour moi.” Puis m'a embrassé sur la bouche, a rassemblé des survivants et, quelques heures après, à l'aube, blessé de nouveau, a commandé la retraite, refusant qu'on l'emmène. Il a vidé son pistolet sur les Allemands qui voulaient le prendre, a été assommé à coups de crosse et jeté dans la Vesle.’ Tout aussi tragique mais décrit sur un mode moins littéraire fut le sort de Frenais de Coutard, comme on peut le constater ci-après. Jérôme Verdonck a décrit à trois reprises son expérience de la bataille du mont Kemmel. Une première fois alors qu'il était encore sous les drapeaux, dans une lettre au curé de Neuve-Église, Achiel Six, qui lui avait demandé les informations qu'il pourrait fournir sur la bataille du mont Kemmel. Le récit est clair et direct, rédigé dans une langue qui trahit la pratique des rapports militaires. Peu de temps après, Jérôme Verdonck put quitter l'armée et poursuivre sa formation sacerdotale. Il resta cependant attaché à l'armée, parvint au grade de capitaine de réserve et fut à nouveau appelé en 1939. En 1922, Jérôme fut ordonné prêtre et il allait terminer une carrière féconde au sein de l'Église catholique comme chanoine et curé doyen honoraire de Steenvoorde. Pour ses | |
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[Nederlands]Jérôme Verdonck beschreef driemaal zijn wedervaren in de Kemmelslag. Een eerste maal terwijl hij nog in het leger was, in een brief aan pastoor Achiel Six van Nieuwkerke, die hem gevraagd had naar informatie die hij zou kunnen geven over de Kemmelslag. Het relaas is helder en direct, gesteld in een taal die de omgang met militaire rapporten verraadt. Korte tijd later kon Jérôme Verdonck het leger verlaten en zijn priesterstudie voortzetten. Hij bleef niettemin gehecht aan het leger, klom op tot de graad van kapitein in het reserveleger en werd ook nog opgeroepen in 1939. In 1922 werd Jérôme priester en hij zou een vruchtbare loopbaan in de katholieke kerk beëindigen als kanunnik en ere-pastoor-deken van Steenvoorde. In de laatste jaren van zijn leven trok hij zich terug op de ouderlijke hoeve, waar hij opnieuw over zijn oorlogservaringen schreef. Een typoscript van de Kemmelslag bestaat zowel in het Frans als in het Nederlands, beide zeker door Jérôme Verdonck zelf geschreven, maar onduidelijk is in welke taal het eerst. De inhoud is exact dezelfde maar het woordgebruik verraadt af en toe dat het niet om een letterlijke vertaling gaat, maar om een opnieuw vertellen in de andere gebruikstaal. Dit verslag is wijdlopiger, met meer details en beschouwingen, maar feitelijk nog zeer gelijklopend met de eerste versie, ook al wijken tijdstippen soms licht van elkaar af. De tekst is vooral persoonlijker en toont beter de impact die de ervaring maakte op de auteur. Het opschrijven heeft geen grote literaire bedoelingen, maar is een vastleggen van een oorlogservaring die | |
[Frans]dernières années, il se retira dans la ferme de ses parents, où il reprit la rédaction de ses expériences de guerre. Un texte dactylographié relatant la bataille du mont Kemmel existe, en français comme en néerlandais, les deux versions étant indiscutablement de la main de Jérôme Verdonck, mais sans qu'on sache trop laquelle des deux fut rédigée la première. Le contenu en est exactement le même, mais le style révèle de temps en temps qu'il ne s'agit pas d'une simple traduction, mais d'une nouvelle narration, dans l'autre langue. Cette relation est plus circonstanciée, comporte davantage de détails et d'observations, mais reste dans les faits très similaire à l'ancienne, malgré quelques légers écarts ponctuels. Le texte est surtout plus personnalisé et montre mieux l'impact de cette expérience sur l'auteur. La rédaction n'a pas de grandes ambitions littéraires, mais c'est l'expression d'une expérience de la guerre qui a produit une empreinte si profonde que, plus de cinquante ans plus tard, il est encore important de la conserver pour les générations suivantes.
Ci-après suivent quelques extraits des deux manuscrits. Les fragments sont présentés dans l'ordre chronologique, avec indication des sources. (Traduit du néerlandais par Marcel Harmignies) | |
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[Nederlands]zo'n diepe indruk heeft gemaakt dat het ook meer dan vijftig jaar later nog belangrijk is om ze te bewaren voor volgende generaties.
Hierna volgen enkele uittreksels uit beide manuscripten. De fragmenten volgen elkaar chronologisch op telkens met aanduiding van de geciteerde bron. |
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