avait bien préparé avec le peintre Maurice De Vlaminck. Il en est resté quelques splendides réminiscences dans ses dernières oeuvres. Il mourut le 4 janvier 1952 et fut enterré à Jabbeke. Une sculpture de George Minne orne son tombeau.
En 1959 fut organisée à Anvers une rétrospective particulièrement réussie. Pour la première fois, trois cents peintures et sculptures réunies permettalent de mesurer toute la gloire et la reconnaissance qui lui étaient dues.
‘Je ne peins pas comme je vois, mais comme je crois avoir vu.’ Karel Van de Woestijne cite ce mot clé qui nous facilite en même temps l'approche de l'expressionnisme, le courant artistique dans lequel on a classé l'oeuvre de Permeke.
Les Trois Paysannes (1930) de Constant Permeke.
L'expressionnisme est un art de sentiment, d'engagement personnel et de réflexion sur les choses qui entourent le peintre. L'artiste voit un sujet qui lui semble digne d'intérêt, mais il le peint comme il le sent, il le charge de sa méditation personnelle, de sa révolte ou de son élan. C'est ce qu'a fait Permeke après être parti d'un impressionnisme qui sacrifiait surtout à la lumière et aux effets lumineux. Il évolua vers l'expressionnisme tel qu'il l'avait rencontré chez Albert Servaes d'abord, probablement par l'intermédiaire de revues artistiques qui lui parvenaient en Angleterre. Après la première guerre mondiale, il fut confronté plus directement avec l'expressionnisme dans les oeuvres de ses amis qui, surtout aux Pays-Bas, avaient connu Heinrich Campendonc et Le Fauconnier. S'il s'est engagé dans cette direction expressionniste, c'est peut-être parce qu'il pressentait que l'expressionnisme allait devenir un courant tout nouveau et original, mais également parce que cette forme d'expression artistique correspondait de façon optimale à ses propres conceptions artistiques et surtout à sa propre vision de la vie.
C'était sans nul doute une nature exubérante, d'une vivacité extrême. Comme la plupart des peintres, il a fait des autoportraits. Toutes ses oeuvres sont les composantes de cet autoprotrait. Ses paysages, ses figures paysannes, ses marines phénoménales, ses nus particulièrement raffinés, ses dessins inégalables, tout découle de cette même source vitale. Le désir d'éternité et le dépit que lui inspirent le sort humain et la mutilation de l'homme sont à l'origine d'une dualité qui se traduit dans ses figures et dans ses effets lumineux. Il a constamment dominé son oeuvre, ou plutôt le résultat de son travail. Il voulait s'y reconnaître. Les déformations qui autrefois lui ont valu de graves critiques et railleries, ne seraient-elles pas l'extériorisation d'une dualité intérieure, d'une forte révolte et d'un immense attendrissement?
Son oeuvre est typiquement flamande du fait des sujets qu'il a traités: des types de pêcheurs, des paysans et des paysannes, des scènes de village et la mer. Son oeuvre nous appartient parce que son coloris correspond aux images d'un paysage, d'un regard obscur, de la violence d'une mer déchaînée que nous portons en nous durant toute notre vie. Est-ce un lyrique? Il y a sans doute dans son oeuvre des éléments plus ludiques, plus généreux et plus doux que chez un Marcel Gromaire, par exemple. D'un autre côté, les paysages et les scènes de village d'un Maurice De Vlaminck par exemple, sont plus vigoureux et plus détaillés. Un autre aspect de son art est le côté humanitaire de ses peintures et de certaines de ses statues. Même lorsqu'il ne le peint pas, l'homme n'est jamais absent de son oeuvre. Sa nature primitive englobe aussi bien des hommes primitifs qui luttent et résistent que des gens pleins de bonne volonté et d'enthousiasme. Il a intercepté le drame de l'univers dans de petits faits, dans des occupations quotidiennes, dans la lutte pour le pain quotidien et pour la vie au niveau du village. De Verloofden (Les Fiancés), De Vreemdeling (L'étranger), Moederschap