On ignore l'auteur des cartons, mais il doit figurer parmi les artistes anversois, sans pouvoir être identifié avec précision.
Les verdures furent tissées entre 1554 et 1568, puisqu'au cours de cette dernière année Jan van Tieghem, dont le monogramme est tissé sur les bordures, quitta la capitale des Pays-Bas méridionaux à cause de ses convictions religieuses. Ces oeuvres sont devenues une encyclopédie animale, servant de décoration au palais royal. Comme l'ornementation de la grotte au jardin de la villa Médicis à Città di Castello, elles remplaçaient le jardin zoologique, instruisant les visiteurs, avides de connaître le monde de la science des animaux. Les suites du château du Wawel sont la somme des connaissances scientifiques, représentées de façon fastueuse et raffinée. Néanmoins il est regrettable que l'auteur ne suive aucun plan précis et synoptique dans son étude intéressante; de ce fait elle se répète assez souvent, ce qui nuit à la compréhension de sa rédaction.
Le chapitre suivant traite des tapisseries grotesques. Mlle M. Piwocka les subdivise en deux groupes, d'après le motif central et la décoration des bordures. Le premier groupe est composé de pièces qui doivent être posées sous les fenêtres, sur les bancs ou sièges; l'autre groupe rassemble les tapisseries monogrammées SA (Sigismund-Auguste) et les portières blasonnées.
L'auteur s'efforce de définir le grotesque, de déterminer son origine et son succès. Elle s'attarde alors à la décoration grotesque, figurant sur les bordures des tapisseries du Wawel; ensuite aux pièces dont le motif central représente également des grotesques. Dans certains cas elle essaie même d'interpréter une représentation déterminée. Mais jusqu'à présent il lui a été impossible de dater avec précision ces chefs-d'oeuvre et d'attribuer leurs cartons à un maître précis. Toutefois, nous ne pouvons nous rallier à certaines de ses allégations, e.a. lorsqu'elle écrit que jusqu'à la fin du XVIIIe siècle l'on tissait des tapisseries grotesques (p. 358). De plus, nous ne pouvons considérer la pièce aux armes de Korczak et les tentures aux armes de Pologne et de Lituanie avec des figures allégoriques comme tapisseries grotesques.
A la page 377 commence alors la rédaction de Mme Schneebalg-Perelman, ayant comme titre: ‘La tapisserie flamande et le grand témoignage du Wawel’. Elle crut probablement bien faire en débutant ici avec l'histoire de la tapisserie. Après s'être longuement attardée à la technique du tissage, elle discute de différents centres où naguère des tapisseries furent tissées, mettant l'accent sur l'importance des ateliers de Bruxelles. Quatre pages à peine sont consacrées ensuite aux commandes du roi polonais Sigismund-Auguste; du rôle qu'auraient éventuellement joué les marchands-tapissiers dans cette transaction, il n'est guère question. L'auteur essaie alors, à la faveur des marques reproduites sur les bordures de ces tentures, de retrouver l'auteur des différentes suites. Nul doute pourtant qu'on ne puisse se rallier à toutes ses interprétations mais la place manque ici pour détailler ce problème. En guise de conclusion, l'auteur démontre l'importance de la collection de tapisseries du Wawel.
Le dernier chapitre fut publié sous le nom de M.A. van de Walle. Six pages à peine y sont consacrées à un croquis de la vie culturelle et artistique aux Pays-Bas au moment de la confection de ces tapisseries.
Un catalogue de toutes les tapisseries du Wawel, un index et une bibliographie conçue par chapitre et chaque fois divisée en bibliographie générale et en bibliographie complémentaire parachèvent l'ouvrage. Il en résulte que différentes publications sont reprises jusqu'à quatre et cinq fois, tandis que d'autres importantes études n'y sont même pas mentionnées.
Cette édition commémorative de la Banque de Paris et des Pays-Bas est incontestablement une belle publication, qui à divers points de vue, peut être considéré comme un livre soigné et très richement illustré. Elle contribuera certainement à une meilleure connaissance et peut-être à une plus grande appréciation de l'art de nos tapissiers flamands. Il est pourtant regrettable que toutes les tapisseries du château de Cracovie n'y soient pas reproduites.
La reproduction intégrale de cette collection se rapprocherait plus du but exprimé dans l'introduction du livre où on lit: ‘Les auteurs espèrent faire de cet ouvrage le corpus des tapisseries du Wawel, c'est-à-dire une publication constituant une source sûre et par conséquent fort utile, voire précieuse, pour les recherches scientifiques à venir’ (pp. 28-29). Mais tout ceci ne change rien au fait que cette publication bien que très coûteuse, soit une acquisition précieuse pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'art flamand et pour tout bon bibliophile.
Erik Duverger, Gand
Les Tapisseries flamandes au château du Wawel à Cracovie sous la direction de Jerzy Szablowski, 506 pages, 92 illustrations en couleurs pleine page, dont 42 planches de tapisseries entières et 50 planches de détails; 44 illustrations en noir et blanc. Prix: 2.900 FB. Mercatorfonds N.V., Anvers.