La télévision aux Pays-Bas
Une chaîne de télévision pour les diverses confessions chrétiennes, une autre pour le libéralisme et une troisième pour la socialdémocratie ou, en termes plus modernes, pour le courant politique et social qu'on qualifie de ‘libertin de gauche’ et au sein duquel la pensée sociale de gauche s'accole aux préoccupations écologistes grâce à une glu ou l'on retrouve les concepts de progressisme, de modernisme et de liberté. De nos jours le spectre politique ne présente plus la simplicité de jadis, ce qui n'a pas empêché Marcel van Dam (o1938), président de la VARA, de proposer, lors du jubilé (65 ans) de cette association de radio et télédiffusion, un plan de répartition des trois chaînes néerlandaises entre les trois courants politico-sociaux mentionnés ci-dessus.
Curieuse proposition en effet, qui, si elle devenait quelque jour réalité, doterait les Pays-Bas d'un système de télédiffusion susceptible d'inspirer aux historiens et sociologues toute une série d'ouvrages de référence. La tripartition de la télévision publique soulèverait l'intérêt du monde entier et qui sait si elle ne serait pas, d'ici quelques décennies, saluée comme un système qui fait droit à chacun et reflète à merveille la pluriformité de la société. Qui sait si les doctes, dans un quart de siècle, ne constateront pas que cette coloration vieillotte des chaînes, inspirée de principes idéologiques, aura brisé, au sein des modestes Pays-Bas, la puissance niveleuse de la télévision commerciale qui domine partout à travers le monde entier.
A ce jour aucun homme politique n'a encore salué avec enthousiasme cette - sérieuse - proposition de Marcel van Dam, discrétion tout aussi étonnante que le plan lui-même. Le monde politique néerlandais tient à la télévision publique. Ou pour mieux dire, il chérit et chouchoute son organisation, calquée maintenant encore sur
une pilarisation (compartimentage idéologique) issue de la répartition idéologique traditionnelle de la population et dont les partis politiques eux aussi tirent leur légitimité. Les liens étroits tissés au cours de l'histoire entre les partis politiques et les associations émettrices engendrent des devoirs. Aussi les pouvoirs publics néerlandais ontils protégé la télévision publique, sans l'ombre d'une réticence critique et sans la moindre réserve, contre tous les assauts des puissances malignes extérieures, qui, armées de la technique satellitaire la plus moderne et gavées de revenus commerciaux, ne respectaient plus aucune frontière.
On fit des concessions, il y a des années déjà, lorsque la première concurrence commerciale, à partir d'un navire-station ancré en mer du Nord, se tailla une place sur le marché de l'écoute et de la publicité. Veronica et la Tros, deux associations de radio et télédiffusion d'Hilversum, procèdent de radios commerciales opérant hors du cadre légal. On les a délicatement introduites dans le système, bien qu'elles ne satisfissent pas au critère traditionnel de représentativité d'un courant spirituel.
Dès avant la guerre, ce système avait déjà doté les Pays-Bas d'une radio catholique, d'une protestante, d'une petite radio protestantelibérale, d'une radio socialiste (la VARA de Marcel van Dam) et d'une libérale. Plus tard une petite radio protestante-évangélique vint encore s'y ajouter. C'est au prorata du nombre de leurs membres qu'on dote ces associations de radio et