La peinture flamande au Prado
Du xve au xviie siècle la peinture flamande connut une période de grand rayonnement. Les noms des principaux peintres de cette époque (Van Eyck, Bosch, Brueghel et Rubens) sont universellement connus. C'est en Belgique que doit se rendre en premier lieu celui qui veut voir les oeuvres de ces maîtres et de leurs contemporains. Hors des frontières de ce pays c'est surtout en Espagne que l'on trouvera de nombreuses oeuvres flamandes.
Sous la domination espagnole sur la Flandre, d'étroits contacts se nouèrent entre les deux pays. L'art flamand étant fort au goût des Espagnols, il fut acheté en grande quantité. Les princes habsbourgeois notamment avaient une grande admiration pour les peintres des ‘Pays-Bas espagnols’.
Quinten Metsys, ‘Vieille femme qui s'arrache les cheveux’, panneau, 55 × 40.
Les collections royales constituent le noyau du Museo Nacional del Prado à Madrid. Pratiquement tous les grands noms de l'école flamande y sont représentés. Rien moins que logique était donc le choix de consacrer à ce musée un volume de la collection Flandria Extra Muros, qui présente l'art flamand hors de Belgique.
Dans l'introduction de La peinture flamande au Prado Matías Díaz Pádron, conservateur du musée, décrit la naissance de la collection. Sont ensuite étudiées 94 oeuvres du Prado. Divers spécialistes de la peinture des Pays-Bas du Sud ont rédigé les textes qui, malgré leur caractère succinct, apportent beaucoup d'informations. Les auteurs se perdent rarement en d'obscures considérations scientifiques et se limitent aux données les plus importantes concernant le peintre et son oeuvre. Ce sont surtout les caractéristiques visuelles, telles que la composition ou l'explication de la scène représentée qui font l'objet d'une attention particulière. De ce fait ces textes constituent une aide piécieuse dans l'étude des nombreuses oeuvres abordées. Chacune est reproduite en couleurs magnifiques et souvent accompagnée de quelques vues détaillées.
Les 94 peintures sont placées dans l'ordre chronologique et en feuilletant l'ouvrage on obtient une bonne impression de l'évolution de la peinture flamande depuis le xve siècle au xviie siècle inclus. Partant des primitifs, parmi lesquels on trouve Rogier van der Weyden (vers 1400-1464) et le Maître de Flémalle (actif entre 1410 et 1440), on arrive aux peintres du xvie siècle. Anvers détrône alors Bruges. Durant cette période, des artistes comme Jan Gossaert (vers 1478-1532) et Quentin Metsys (1466-1530) conjuguent la tradition picturale du xve avec les influences de la Renaissance italienne. Après un recul au cours de la seconde moitié du xvie siècle, dû notamment aux luttes religieuses persistantes, un nouveau sommet est atteint au xviie siècle avec Rubens (1577-1640) et son école.
La peinture flamande au Prado donne une remarquable image de l'excellence et de la diversité des peintres flamands. Grâce surtout aux très belles reproduiions, ce livre captive durablement l'attention du lecteur et souligne le caractère exceptionnel de la peinture flamande. ■
Edwin Buijsen
(Tr. Sp. Macris)
a balis, m diaz padron, c van de velde, h vlieghe éd, La peinture flamande au Prado, Flandria Extra Muros, Fonds Mercator, Anvers, 318 p.