Septentrion. Jaargang 20
(1991)– [tijdschrift] Septentrion–
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![]() ![]() Antwerpen paraissait pour la première fois. La centenaire appartient à la presse catholique qui se taille en Flandre 75% du tirage cumulé de tous les journaux, bien qu'il n'y ait plus qu'un tiers de Flamands à voter pour le parti catholique. La Gazet van Antwerpen avec son édition malinoise, la Gazet van Mechelen, atteint un tirage de 190 000 exemplaires qui la classe deuxième journal catholique de Flandre après les journaux du groupe De Standaard. C'est l'imprimeur Jan Baptist Napolitaan van Os (1847-1911) qui prit l'initiative de lancer le journal. Le Meetingpartij (Parti du meeting), qui regroupait les libéraux radicaux, les catholiques et les pro-flamands et devint progressivement le nom sous lequel le parti catholique opérerait jusqu'à 1914, ayant essuyé une défaite électorale, on se rendit à l'évidence qu'il manquait quelque chose au parti: un quotidien populaire. Payant de sa personne, l'impatient imprimeur Van Os, lança tout seul la Gazet van Antwerpen; il la confiait toutefois dès janvier 1892 à un comité qui fonderait en 1894 la société anonyme De Vlijt (Le zèle), qui édite toujours le journal. Catholique, flamand et social, tels sont les piliers sur lesquels la Gazet van Antwerpen et à partir de 1890 la Gazet van Mechelen reposent depuis cent ans déjà. Le caractère catholique prédominait à l'origine, ce qui rendit d'abord le journal très dogmatique. Il suivait strictement le magistère de Rome et les directives de l'épiscopat belge. Ce lien avec l'episcopat existait encore dans les années 60, mais dans la lutte pour la néerlandisation de l'université catholique de Louvain qui se déchaîna à la fin de la décennie, le journal s'opposa à l'épiscopat. De nos jours il n'est plus question, pas plus que pour les autres journaux catholiques du reste, de la moindre dépendance vis-à-vis des autorités ecclésiastiques. Mais on se pliait encore fidèlement à l'autorité de Rome jusque dans les années 60. Les tendances progressistes qui agitaient l'Église ne recevaient pas de tribune dans le journal, bien au contraire. Cela aussi a bien évolué aujourd'hui. En particulier par l'ouverture développée au cours des deux dernières décennies, le journal a prêté une oreille plus attentive aux mutations à l'oeuvre dans la communauté catholique de Flandre. Grâce aussi à l'actuel rédacteur en chef Lou de Clerck (o1937) l'élément doctrinaire purement catholique a évolué de nos jours en large vision chrétienne du monde. Flamand, le journal l'a également toujours été, mais, dans les débuts, c'était plutôt en sourdine. Le conseil d'administration donnait aux rédacteurs, dans les années d'avant le changement de siècle, le conseil ‘de ne pas écrire d'articles virulents sur la question flamande’. Après la première guerre mondiale, le journal soutenait déjà le programme minimal du Mouvement flamand. La revendication des maximalistes, à savoir l'autonomie de la Flandre et la fédéralisation du système politique belge, le journal ne la soutint pas jusqu'à la seconde guerre mondiale. Après la guerre la position flamande se radicalisa: on plaida, sans évoquer le fédéralisme, une certaine décentialisation. C'est quand la lutte pour l'émancipation flamande culmina dans les années 70, que l'option flamande se manifesta le plus clairement. Au cours de cette période, le journal se trouvait en première ligne sur les barricades dans la lutte qui devait conduire à la partition de la maison belge. Le troisième fil conducteur du journal est son option sociale. Il ne s'agit pas d'un journal catholique pour travailleurs, ce rôle étant joué par Het Volk, journal qui s'appuie sur le syndicat catholique. Mais la Gazet van Antwerpen a toujours plaidé la mise en oeuvre d'une démocratie socio-économique et une harmonieuse entente entre employeurs et travailleurs. Bien que la Gazet van Antwerpen soit un journal national au regard de l'information offerte, elle connaît une diffusion essentiellement régionale. Plus de 80% des lecteurs habitent la province d'Anvers. De ce point de vue, le journal est loin de se trouver seul. Het Belang van Limburg est surtout lu dans la province du Limbourg et Het Volk est surtout diffusé dans les provinces de Flandre-Occidentale et Orientale. La diffusion régionale est à la fois le point fort et le point faible de la Gazet van Antwerpen. Elle a grandi en mettant l'accent sur la région d'Anvers, mais cette focalisation freine également une possible croissance, bien qu'il faille ajouter que la fédéralisation de la Belgique ait accru l'importance d'Anvers, la plus grande agglomération de Flandre, et que la puissance d'attraction d'une mégalopole ouvre également des perspectives à un journal. ■ Werner Duthoy (Tr. J. Fermaut) 100 jaar Gazet valt Antwerpen (Cent ans de ‘Gazet van Antwerpen’), N.V. De Vlijt, Anvers, 1991, 199 p. |
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