pendant jamais au milieu théâtral gantois ni à son public. Néanmoins, il fallut attendre jusqu'en 1965 pour qu'une nouvelle troupe, proprement gantoise, le Nederlands Toneel Gent (Théâtre néerlandais de Gand) pût voir le jour. Au cours de la saison théâtrale 1990-91, le NTG fête son 25e anniversaire avec un répertoire entièrement néerlandais.
Grâce à l'action de la
Gentse Toneelschool (École gantoise du théâtre), de celle des compagnies d'amateurs et surtout d'
Arca, la troupe d'avant-garde la plus importante, le théâtre était resté vivant dans la cité d'Artevelde. L'animateur d'Arca, Dré Poppe (
o1922), fut d'ailleurs le premier directeur du
Nederlands Toneel Gent. Le spectacle d'ouverture,
Marie Stuart de Schiller dans la mise en scène de Georges Vitaly, eut lieu le 9 octobre 1965. Initialement la nouvelle compagnie joua surtout un répertoire adapté à tous les goûts: alternance de pièces classiques, modernes, comédies légères et quelques oeuvres en langue néerlandaise. En même temps l'on travailla péniblement à la réalisation d'un programme cohérent. Néanmoins, malgré ses moyens limités, le NTG réussit, dans des délais assez brefs, à acquérir un profil propre. Bien vite l'accent fut mis sur le théâtre contemporain. C'est surtout le jeune répertoire anglosaxon, de conception souvent réaliste, qui tenait l'affiche dans les années 60 et 70. Ainsi le NTG présenta d'excellentes productions de Harold Pinter, David Storey, Peter Nichols, Simon Gray et d'autres. Dans cette période où le théâtre politique ou militant devenait un courant important dans la vie théâtrale, le NTG mit encore davantage l'accent sur la pertinence sociale des représentations. Les mises en scène convaincantes de pièces de Franz Xaver Kroetz, Slavomir Mrozek, Dario Fo, Martin Sherman et d'autres illustrèrent cette tendance. L'intention sociopolitique apparaissait aussi dans deux projets
extrêmement captivants sur des thèmes en rapport avec le propre passé flamand. En
Le théâtre du ‘Nederlands Toneel Gent’.
1979 le metteur en scène Waltet Moeremans (
o1940) et le dramaturge Frans Redant (
o1945) réalisèrent une adaptation efficace de la volumineuse chronique historique que l'auteur flamand Louis-Paul Boon (1912-1979) consacra au prêtre révolutionnaire Daens qui, au tournant du siècle, tenta avec son
Christene Volkspartij (Parti populaire chrétien) de faire mettre en pratique les principes de Rerum Novarum et, dans sa sollicitude pour le peuple flamand, s'opposa au catholicisme conservateur francophile. Confortés par l'important succès de
Priester Daens, les mêmes auteurs écrivirent quelques années plus tard une pièce du genre revue,
Belgische Cirque Belge, constituée d'une série de tableaux de l'histoire de la Belgique. Dommage qu'il ait été impossible, faute de moyens financiers, de continuer à développer cette sorte de projets.
A partir de 1978-79, Jean-Pierre de Decker (o1945) devint metteur en scène attitré auprès du NTG. Il fut en même temps associé au groupe de direction qui, depuis cette saison, définirait la ligne artistique de la compagnie. Pendant quelques années J.-P. de Decker marquera de son sceau les activités du NTG. En collaboration avec les scénographes Andrei Ivaneanu ou Marc Cnops, il réalisa des spectacles impressionnants, sous-tendus par un concept de mise en scène inventif. Les productions de De Decker excellèrent dans l'utilisation maximale de l'espace théâtral et dans l'expression aiguë, visuelle des données de base ou de l'am-