Quatre cent cinquantième anniversaire des jésuites
Ignace Lopez de Loyola naquit en Espagne en 1491. Il fonda la Compagnie de Jésus en 1540. En 1990-91, les jésuites célèbrent le quatre cent cinquantième anniversaire de la création de leur congrégation et le cinq centième anniversaire de la naissance de leur fondateur. Ce double anniversaire a été marqué en Belgique par une série de manifestations avec, entre autres, une exposition aux Archives nationales de Bruxelles, des conférences et la création à Anvers de la cantate Anima Christi sur une musique de Vic Nees (o1936).
Le joyau de cette exposition à Bruxelles est une lettre, datée du 23 octobre 1555, d'Ignace à Philippe Il exprimant la requête d'une reconnaissance officielle de la Compagnie de Jésus aux Pays-Bas. En 1564, est créée une province indépendante qui, moins d'un siècle plus tard, comptait déjà 1500 membres. Devant ce succès exceptionnel, il fut nécessaire en 1612 de scinder cette province ‘Belge’ en deux: la province Flandro-Belge et la province Gallo-Belge.
L'histoire des jésuites aux Pays-Bas a été très mouvementée. Au xvie siècle, ils furent les leaders de la Contre-Réforme. I'enseignement a constitué un des moyens privilégiés. Le système d'éducation, établi en 1599 pour l'ensemble de l'ordre et après de nombreuses expériences, était en grande partie inspiré par la méthode de Paris et mettait l'accent sur les lettres classiques et la formation d'une élite catholique. Les jésuites ont lancé de nombreuses innovations pédagogiques. En Flandre comme aux Pays-Bas, il existe toujours de nombreux collèges jésuites et à Anvers, les jésuites disposent d'une institution universitaire: l'UFSIA (Universitaire Faculteiten Sint-Ignatius Antwerpen - Facultés Universitaires Saint-Ignace d'Anvers). Aujourd'hui, ils sont évidemment confrontés au problème du manque de vocations (en 1991, on a dénombré trois novices dans la province de Flandre). Ce qui a accru le rôle des laïcs.
Les jésuites ont également joué un rôle important dans l'architecture, plusieurs églises témoignent encore d'un ‘style jésuite’: une forme d'architecture baroque introduite par les jésuites au xviie siècle. L'église Saint-Charles-Borromée à Anvers, Saint-Michel à Louvain, l'abbaye Saint-Pierre à Gand ou l'église Sainte-Walburge à Bruges.
La Compagnie s'est heurtée à de nombreuses résistances et a été interdite dans plusieurs pays, puis dissoute en 1773 par le pape Clément XIV sous la pression des Bourbons. Mais aux Pays-Bas, où le décret de dissolution n'avait pu être annoncé, elle continua d'exister. En 1814, elle est rétablie dans ses droits par Pie VII, mais l'opposition se poursuivit et le roi Guillaume Ier fut le premier prince à l'interdire de nouveau.
Cette opposition ne parvint pourtant pas à empêcher le développement de la Compagnie, d'abord sous l'impulsion du père bruxellois Fonteyne considéré comme le fondateur de la Compagnie aux Pays-Bas et plus tard sous la conduite du Préposé général J. Ph. Roothaan (1785-1853) d'Amsterdam et de son successeur P.J. Beckx (1795-1887) de Zichem.
De nos jours encore, les jésuites continuent à susciter des oppositions. On leur reproche de défendre la théologie de la libération en Amérique du Sud, la politique sandiniste au Nicaragua ou monseigneur Romero au Salvador. Lorsqu'en 1981, le Préposé général Arrupe doit être remplacé, le pape Jean-Paul II remet de l'ordre et à travers la nominaton du père Dezza comme représentant pontifical, les jésuites sont pour ainsi dire placés sous tutelle. En septembre 1983, le Néerlandais Peter Hans Kolvenbach est choisi comme nouveau Préposé général.
Le choix d'Ignace pour une ‘indépendance dans la sujétion’ continuera à conditionner l'histoire de cet ordre. ■
Dirk van Assche
(Tr. M.-N. Fontenat)