Médias
‘Knack Magazine’ fête ses 20 ans
Knack Magazine, le seul hebdomadaire de Flandre, existe en 1991 depuis deux décennies. Sur la couverture du premier numéro, qui parut le 18 février 1971, figurait un portrait de Paul Henri Spaak (1899-1972) en compagnie de sa perruche. L'article vedette se trouvait alors tout à la fin du magazine, ce qui, à l'évidence, avait pour but d'obliger le lecteur à lire l'ensemble du périodique avant de se plonger dans cet article. Le choix de P.H. Spaak était un peu curieux, étant donné que Knack avait pour vocation de couvrir l'actualité. Lors de la célébration du vingtième anniversaire, l'éditeur avoua que des raisons commerciales avaient motivé le choix de Spaak, qui avait été une personnalité d'envergure internationale, mais avait déjà disparu, en 1971, de la scène politique. Un journaliste du NRC-Handelsblad, quotidien néerlandais, observa qu'il y avait de meilleures façons de coller à l'actualité, faisant ainsi allusion au slogan publicitaire de Knack.
Un chroniqueur du quotidien flamand De Standaard parla, à propos de Knack, d'hebdomadaire flamand à l'allure moderne et fit remarquer que sa forme et son contenu étaient encore loin de se valoir. L'auteur de cet article, Frans Verleyen (o1941), deviendrait quatre mois plus tard environ le rédacteur en chef de Knack. Il était déjà le cinquième - le premier numéro en ayant même été dépourvu -, car comme l'écrivit alors un journaliste, Knack changeait de rédacteur en chef comme de chemise. Depuis, Verleyen est resté. En général, la presse n'était pas optimiste quant à l'avenir de Knack, mais la ‘jalousie de métier’ n'était sans doute pas étrangère à cette réaction.
Le premier numéro fut tiré à 50 000 exemplaires. Knack se défendait absolument d'être un hebdomadaire d'opinion et avait au contraire l'ambition d'être un hebdomadaire d'information indépendant de tout courant ou parti politique ou idéologique. Cette option, audacieuse à l'époque, se révèle aujourd'hui judicieuse puisque les quotidiens s'engagent eux aussi peu à peu dans cette voie. Les grandes questions idéologiques ont quasiment été résolues et le compartimentage de la société est passé de mode. Knack a anticipé cette évolution, et cette vigilance contribua à définir son image et à assurer son succès. Les grands modèles dont il s'inspira furent Newsweek, Time et Der Spiegel. Ce genre de magazines n'existait pas en Flandre et, si Knack n'eut que peu de concurrents à ses débuts, aujourd'hui il détient même un monopole dans tout le royaume. Pendant les premières années de son existence, l'hebdomadaire intellectuel de gauche De Nieuwe et l'hebdomadaire Spectator existaient encore. L'hebdomadaire de gauche Vrijdag était pratiquement condamné dès sa naissance. De Nieuwe provoqua sa propre perte à la fin des années 70 en rabâchant à propos de la réforme de l'État et disparut quelques années plus tard. Quant à Spectator, il était trop terne pour rivaliser avec Knack et le mouvement ouvrier catholique interrompit sa publication parce qu'il devait déjà consentir d'importants investissements pour assurer la survie du quotidien
Het Volk. Pendant quelque temps, Knack parut être menacé par un nouveau magazine, Topics, un hebdomadaire d'inspiration relativement droitiste, mais celui-ci était d'un niveau qualitatif insuffisant pour pouvoir marcher sur les talons de Knack. Au demeurant, Topics dut être déclaré en faillite en raison d'une mauvaise gestion. Humo, un magazine au ton rafraîchissant, vif et téméraire qui récolte autant de succès que Knack, est surtout, bien qu'il compte beaucoup d'intellectuels parmi ses lecteurs, un guide télé-radio et n'est donc pas un véritable concurrent de Knack.
La réussite de Knack dont le tirage actuel se chiffre à 135 000 exemplaires, est aussi et peut-être surtout celle de son éditeur, le Roularta Media Group. Cette société, à l'origine une entreprise éditant des ‘toutes boîtes’, contrôle actuellement le marché des journaux publicitaires en Flandre. C'est au moment où la conquête de ce marché lui était presque acquise que le Roularta Media Group lança le Knack Magazine. Au départ, des efforts importants durent être consentis, mais, même au début de son existence, la survie de Knack ne fut jamais mise en péril grâce aux puissantes assises financières du groupe et à la promotion commerciale avisée et soutenue du périodique. Hormis Knack, cette société édite aussi un magazine financier, Trends, ainsi qu'un magazine sportif, et est très bien implantée en Belgique francophone également grâce aux pendants français de ces trois publications. La conception de Knack, fort proche de celle d'un quotidien, atteste que cet hebdomadaire souffre du manque de concurrence. Et en ef-