Karst Woudstra, metteur en scène aux Pays-Bas
‘J'aime le théâtre, les acteurs et le public. Pendant des années, j'ai été guide dans des autocars pour initier les gens à la beauté et à la signification de l'art. C'était formidable quand j'y parvenais. L'art a un effet libérateur énorme et permet de placer les choses dans une perspective incroyablement large.’
Karst Woudstra (o1947), dramaturge, traducteur, directeur et metteur en scène, avait eu 36 métiers avant d'être gagné définitivement par le théâtre. Un soir, une représentation de Torquato Tasso de Goethe, dans une mise en scène de Peter Stein, lui a ouvert les yeux ‘comme si j'étais enfermé dans un rêve’. Il suivait la compagnie comme un groupie, parlait avec les acteurs et témoignait son admiration. Cet amour du théâtre ne l'a plus quitté. A la fin des années 60, il commença peu à peu à travailler comme dramaturge et traducteur (‘quand on traduit, on va toujours en apprentissage chez les grands écrivains’). En 1980, sa première pièce fut un véritable succès et dans les années 70 il devint également metteur en scène.
En 1982, après deux mises en scène couronnées de succès à Amsterdam pour la compagnie de répertoire la plus prestigieuse des Pays-Bas, il fut nommé, tout à fait inopinément, directeur artistique de cette troupe. Il était chargé de donner un nouvel élan au théâtre dans la grande salle car la compagnie était agonisante. Néanmoins, le pas était trop grand, on avait de trop grands espoirs à son sujet et après deux ans, il se retrouvait sur le pavé. Acclamé au début par la presse et engagé comme jeune talent prometteur, il se voyait maintenant dénigré par ce même monde du théâtre. Désillusionné, Woudstra partit pour la Belgique où il fit des mises en scène pour différentes compagnies.
Actuellement, on le retrouve sur la scène néerlandaise. En tant qu'auteur, avec ses dernières pièces, qui figurent régulièrement au répertoire, et en tant que metteur en scène de représentations de la compagnie De Korre (Le Chalut) à Bruges, où il s'est entouré d'un groupe d'acteurs.
Le père de Karst Woudstra, d'origine frisonne, était dramaturge amateur et metteur en scène. Sa mère n'aimait pas le théâtre. L'enfant était malheureux dans cette atmosphère tendue et quitta le domicile à l'âge de seize ans. Après avoir terminé ses études du lycée classique en cours du soir, il se mit à étudier les langues scandinaves, mais, déçu du niveau intellectuel de l'enseignement universitaire, il partit pour la Suède. Il y rencontra Lars Norén, à présent un dramaturge célèbre aux Pays-Bas, mais à l'époque totalement inconnu. Ils avaient beaucoup d'affinités intellectuelles. Woudstra lui trouvait du talent et traduisit une de ses pièces en néerlandais (De Vorstenlikker - Le Lécheur des princes). La représentation connut un grand succès et la percée de Norén fut effective. Woudstra est demeuré son traducteur officiel. Le thème du conflit entre parents et enfants revient dans les pièces de Woudstra comme dans celles de Norén. Dans la première pièce Hofscènes (Scènes de la Cour), mise en scène en 1980 par Gerardjan Rijnders, il s'agit de la relation difficile entre Philippe II et son fils Carlos. Een pond begraven (Enterrer un chien) de 1989, joué par le Nationale Toneel à La Haye, est une comédie, qui est toutefois imprégnée d'angoisse et de honte. Il s'agit de deux frères. Le premier est le type même du jeune homme qui réussit et le second, instable, soupçonne son père d'avoir failli pendant la guerre. Après la mort de leur père, ils en finissent une fois pour toutes avec le passé. Dans
De linkerhand van Meyerhold (La main gauche de Meyerhold, 1989) quatre frères essaient, après la mort de leur mère, de se réconcilier avec le passé.