André Vlerick (1919-1990): un promoteur de la croissance économique en Flandre
André Vlerick, décédé le 3 décembre 1990 à l'âge de 71 ans, a joué un rôle assez unique dans l'essor économique de la Flandre, et ce à double titre: en tant que promoteur, au sein du gouvernement belge, de la vague d'investissements belges et étrangers de la fin des années 60 et du début des années 70, et en tant que mentor de plusieurs générations de jeunes managers formés dans son institut de management.
Toutefois, sa carrière fut bien plus éclectique: il a coordonné l'aide américaine à la Belgique au lendemain de la deuxième guerre mondiale, a été professeur d'économie, a vécu en qualité de ministre des Finances l'effondrement du système des cours de change fixes dit de Bretton Woods, a été directeur d'une société d'investissement et président du conseil d'administration de la banque flamande Kredietbank.
‘Dries’ Vlerick était issu des milieux du textile de la région de Courtrai, racines ouest-flamandes auxquelles il se référait volontiers. Pendant la deuxième guerre mondiale, il fit des études de droit, d'économie et de philosophie à l'Université catholique de Louvain,
André Vlerick (1919-1990).
formation qu'il compléta par un passage à Cambridge (1946) et à Harvard (1953). Il effectua son stage au barreau de Louvain, fut assistant du professeur d'économie et ancien premier ministre Gaston Eyskens (1905-1987) à l'Université catholique de Louvain, épousa Cécile Sap, fille de l'ancien ministre et ancien propriétaire du quotidien flamand
De Standaard et, avant d'avoir atteint la trentaine, fut nommé directeur général du plan Marshall pour la Belgique. Nommé professeur à l'Université d'État de Gand en 1953, il y fonda en cette même année son école postuniversitaire de management, le
Seminarie voor produktiviteitsstudie en -onderzoek (Séminaire d'étude et de recherche sur la productivité), qui deviendrait par la suite un institut indépendant de l'université, dit aujourd'hui l'
Instituut professor Vlerick voor management (Institut de management professeur Vlerick). Dans les entreprises, les ‘Vlerick-Boys’ et ‘Vlerick-girls’ devinrent un concept et une référence. Actuellement, l'école de management gantoise compte plus de 4 000 anciens étudiants.
Vlerick retrouva Gaston Eyskens en 1968: il devint son ministre-secrétaire d'État à l'Économie régionale. Se fondant sur les lofs d'expansion économique de 1959 et de 1966, qui, grâce à des subsides de l'État, permettaient d'inciter des entreprises à investir dans des zones peu industrialisées et de reconversion, il réussit à attirer en Flandre toute une série d'entreprises multinationales au nom prestigieux. Son objectif était de réaliser annuellement des investissements de l'ordre de 40 milliards de FB (soit 6 milliards de FF), et il y parvint, nonobstant des préoccupations écologiques naissantes.
Il ressort de données fournies en 1973 par le ministre des Affaires économiques Willy Claes en réponse à une question parlementaire que dans la période 1968-1972, 356 entreprises étrangères sont venues s'installer en Belgique. Claes n'a pas mentionné la répartition par région, mais la grande majorité de ces entreprises se sont indubitablement établies en Flandre. Ces implantations représentaient 30 000 emplois nouveaux (et leur nombre s'est encore accru dans les années ultérieures, à l'occasion d'investissements d'extension). Dans la même période ont été octroyés 5,4 milliards de FB (soit 0,8 milliard de FF) d'allocations d'intérêt et de primes au capital. Aucun des successeurs de Vlerick ne pourrait se glorifier d'un tel succès, mais il est vrai qu'ils sont tous venus après les glorieuses années 60.
Dans le gouvernement Eyskens Il (janvier 1972-janvier 1973), il fut promu ministre des Finances. Il n'aurait pu choisir de meilleur moment: la situation des finances publiques était confortable, de sorte qu'il était en mesure de rembourser le solde de la dette extérieure. Sur le plan international, il a vécu quelques-unes des années les plus mouvementées de l'histoire des finances, de la dévaluation du dollar par le président Nixon jusqu'à la transition vers un système de cours de change flottants.
Entre-temps, il était également devenu sénateur coopté, ce qu'il resterait jusqu'en 1978.
Il était également membre du conseil d'administration de la Vlaams Economisch Verbond (Fédération économique flamande),